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mercredi 27 mars 2019

Saint Joseph, patron et modèle des âmes intérieures



Extrait de "Pouvoir de Saint Joseph", par le R. P. Huguet, Mariste :




Saint Joseph pouvait-il faire autre chose que méditer les choses du Ciel ? (S. Athanase)


La vie intérieure consiste essentiellement dans le recueillement de l'esprit, dans la vigilance sur tous les mouvements du cœur et dans une constante union de l'âme avec Dieu ; c'est l'heureuse disposition d'une âme qui, retirée des objets extérieurs et sensibles, s'occupe continuellement des grands objets de la foi, et met toute son application à s'avancer dans les voies de la perfection. Telle a été la vie de saint Joseph et les dispositions habituelles de son âme. Il eut au plus haut degré le don de contemplation, dit saint Bernardin de Sienne.
« Dieu semble avoir confié spécialement aux soins de saint Joseph toutes les âmes recueillies, en récompense de la vie cachée et tout intérieure qu'il a menée dans la maison de Nazareth. Vous toutes, âmes chrétiennes, qui tendez à la vie intérieure, abandonnez-vous à la direction de ce grand Saint, et soyez assurées qu'il vous conduira au terme de la carrière où vous êtes entrées. »
Ce saint Patriarche ayant eu plus de part que les autres saints au mystère ineffable de l'Incarnation, il a reçu une communication plus abondante des douceurs et des richesses cachées dans cet adorable mystère, et le pouvoir d'y introduire les âmes intérieures. Grand Dieu, ouvrez-nous l'intérieur admirable de Joseph ; introduisez vos enfants dans cette École de silence, de recueillement, de prière et d'amour, afin que, dégoûtés de tout ce qui est extérieur, ils reviennent pour jamais de ce malheureux enchantement des choses de ce monde, qui les éloigne de vous, qui vous bannit de leur cœur, et qui les prive des richesses ineffables de votre royaume intérieur. Conduit par vous-même, ô mon Dieu ! je pénètre dans le cœur du plus cher et du plus familier de vos amis. Quel calme de toutes les passions ! Quel silence de toutes les puissances de l'âme ! Quelles lumières se répandent dans son esprit ! Quel torrent de délices inonde son cœur !
Sa vie est une oraison continuelle : il s'élève sans peine à la contemplation de vos plus sublimes mystères. Toujours uni à vous par la pensée de votre présence et le vif sentiment de votre amour, il vous voit, il vous connaît, il vous adore et tout le reste disparaît à ses yeux.
Sainte Thérèse, cette âme si éclairée dans les voies de Dieu, cette âme formée par saint Joseph à la vie intérieure, nous dit que l'humanité de Jésus-Christ est la porte qui nous introduit dans le sanctuaire de la divinité. S'il en est ainsi, qui pénétrera jamais plus avant que Joseph dans cet océan de lumière et d'amour, lui qui n'a cessé d'admirer, de contempler et d'aimer ce Verbe incarné, qui l'a vu de ses yeux, touché de ses mains, nourri du fruit de ses sueurs ! Oh ! combien a-t-il profilé de l'avantage qu'il eut de converser si longtemps et si familièrement avec Jésus et Marie, et de se trouver à la source des grâces ! Quels furent les merveilleux effets de la présence visible de Dieu sur le cœur de Joseph ? En cela plus heureux que ne le fut jamais aucun saint, ses sens et les objets extérieurs dont ils étaient frappés, ne servaient qu'à augmenter son recueillement et à lui inspirer une nouvelle ferveur. S'il voyage, c'est avec Jésus, dont il dirige tous les pas ; s'il prend un repas frugal, c'est en la présence de Jésus, qui mange lui-même à la table de Joseph, et le nourrit intérieurement de sa Divinité ; s'il exerce sa profession, c'est dans la compagnie de Jésus, c'est en partageant son travail avec Jésus, c'est en recevant même les services de Jésus ; s'il parle, c'est à Jésus et à sa sainte Mère ; s'il écoute, ce sont les accents de la voix de Jésus qui lui donne le doux nom de Père.
Saint Joseph fut élevé au plus haut degré de foi, puisqu'il eut une connaissance presque expérimentale des plus profonds secrets de Dieu, conversant familièrement avec Jésus et sa très-sainte Mère. La vue continuelle de ses divins objets le tenait dans un profond recueillement, le séparait de toutes les choses de la terre et servait de fondement et de matière à cette sublime contemplation, à ce doux ravissement dans lequel son esprit était toujours absorbé ; de telle sorte qu'il n'avait d'application aux choses extérieures, qu'autant qu'il en fallait pour vaquer aux soins de sa sainte Famille.
Ses lumières et ses connaissances allaient toujours croissant, à la vue des merveilles dont il était témoin. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait élevait sa foi, et nourrissait sa piété d'une viande plus exquise que celle des patriarches et des prophètes, des apôtres et des autres saints. Il pénétrait dans l'intérieur de sa très sainte Épouse et dans celui du divin Enfant. Il avait entre ses mains le plus précieux trésor que le Ciel puisse confier à un homme. Son emploi le mettait dans un rang supérieur au ministère des Anges, et le pouvoir qu'il avait sur le Fils unique de Dieu lui donnait un avantage le plus glorieux et le plus doux qu'une créature puisse désirer.
Cette abondance de lumières dont son esprit était rempli, produisait dans son cœur un amour ardent qui le consumait ; l'amour égalait la connaissance. Il était élevé : Joseph le puisait dans la source même de la miséricorde, de la charité et de la pureté. Il était véhément : tout contribuait à redoubler son ardeur ; la présence de Jésus et de Marie, leurs regards, leurs paroles y ajoutaient à tous moments de nouvelles flammes. Et qui pourrait dire ce qu'opérait dans l'âme de Joseph le saint Enfant, lorsqu'il le portait entre ses bras, qu'il l'embrassait avec autant de respect que de tendresse, qu'il le faisait reposer sur son sein (Les embrassements de Jésus ont une vertu Inestimable. Que j'aime à contempler saint Joseph rentrant le soir, fatigué des travaux de la journée, et le très doux Enfant-Jésus allant au-devant de son Père bien-aimé ! Par un mouvement plein d'amour et de gratitude, il passait ses bras autour de son cou, et lui donnait mille baisers. Une seule de ces rencontres qui furent si nombreuses, eût suffi pour élever son âme à un degré plus sublime que n'auraient pu le faire trente ans de contemplation dans le désert. P.J. Gratien) ? Qui pénétrera dans les profondeurs de ces deux âmes mêlant dans un même foyer les flammes de leur charité ! Les eaux de deux fleuves qui viennent se joindre et couler dans un même lit jusqu'au moment où elles iront se perdre dans le même océan , ne nous donneraient qu'une image imparfaite de l'union de l'âme de Jésus avec celle de son bien-aimé Père. L'amour de Joseph était intime, il jouissait de la plus parfaite familiarité que l'on puisse avoir avec Jésus et Marie, et il avait avec eux des communications et des privautés que personne n'a jamais eues et n'aura jamais. C'est pour cela qu'il est le Père de la vie intérieure et le protecteur spécial des âmes qui ont le courage de se dégager de tout pour ne s'occuper que de Dieu.
Toutes ces faveurs ne servaient qu'à le rendre plus humble et plus rempli de bas sentiments de lui-même. Découvrant parfaitement les grâces dont Dieu l'avait comblé, et ne pouvant ignorer le haut degré où il se voyait élevé, il empruntait les paroles de sa chaste Épouse pour rendre gloire à Celui qui l'avait tiré de sa bassesse, et il redisait, avec la plus vive reconnaissance : Le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses.
C'est ainsi que ce saint Patriarche éprouvait le besoin de s'humilier à la vue des anéantissements du Fils de Dieu. Et comme il est impossible de trouver sur la terre un homme qui ait reçu des honneurs plus solides et plus grands que saint Joseph, il faut avouer aussi que l'amour extrême qu'il a eu pour l'humilité, l'a rendu digne de l'admiration des hommes et des Anges.
Qu'il est rare de voir un homme chargé d'emplois si sublimes, être au-dessus des surprises presque inévitables de l'orgueil, conservant toujours des sentiments très-bas de lui-même, et recherchant autant qu'il le peut la pratique des actions les plus humiliantes ! Et parce qu'il est impossible de trouver un saint sur la terre qui ait reçu des honneurs plus solides et plus grands que saint Joseph, il faut avouer que l'amour extrême qu'il a eu toute sa vie pour l'humilité l'a rendu digne de l'admiration des hommes et des Anges. Car être humble sans mérite, c'est une nécessité, dit saint Bernard ; être humble avec quelque mérite, c'est une vertu, mais être humble avec les prérogatives et la gloire de saint Joseph, c'est un prodige qui l'élève au-dessus de sa propre élévation. De même que l'humilité de la très-sainte Vierge l'a élevée à la dignité de Mère de Dieu, on peut dire aussi, avec saint Bernard, que cette même vertu a élevé Joseph à la dignité d'Époux de Marie. Il convenait en effet d'unir la plus humble des femmes avec le plus humble de tous les hommes.
Il ne nous appartient pas de parvenir au degré sublime de perfection où fut élevé saint Joseph ; mais nous devons tâcher de l'imiter, autant que notre faiblesse nous en rend capables, dans ce culte intérieur et parfait, dans toutes ses dispositions envers Jésus et Marie ; nous devons imiter sa tendre piété, sa ferveur, son recueillement, l'esprit de foi dont il était animé, son esprit d'oraison.
« Un jeune berger, simple et sans lettres, passait sa vie à faire paître ses troupeaux, et il trouvait dans cette humble occupation mille moyens d'avancer dans la perfection. Malgré qu'il ne fît rien d'extraordinaire, et qu'il n'eût pas l'occasion de converser avec des personnes distinguées par leur savoir et leur vertu, il était rempli de toutes sortes de grâces et de dons intérieurs si relevés, qu'il ravissait d'admiration ceux qui le connaissaient.
« Ce jeune berger avait une dévotion toute particulière à saint Joseph , qu'il appelait son protecteur, son maître et son directeur ; il disait que saint Joseph était le maître des âmes qui aiment la vie humble et cachée, comme la sienne l'avait été. »
Âmes pieuses, efforcez-vous, à l'exemple de saint Joseph , de vous sanctifier en remplissant tous les devoirs de votre état avec une grande pureté d'intention, ne cherchant que Dieu seul. Pour obtenir cette grâce si précieuse, adressez-vous à saint Joseph : il vous réserve l'héritage infiniment précieux de la vie intérieure ; il a, suivant l'expression d'un pieux auteur, l'intendance générale sur les âmes dont la vertu est cachée en ce monde. Allez à l'école de Joseph : instruites par ce grand Maître, vous ferez bientôt des progrès rapides dans cette science qui est la vraie science des saints. Il vous servira de guide, il vous introduira dans cette terre promise, où coulent des ruisseaux de délices spirituelles ; vous apprendrez de lui que les moyens d'y parvenir sont : le silence, le recueillement, la prière, la pureté du cœur, la garde des sens, et surtout la mortification des passions et de l'amour-propre.


EXEMPLE

Monsieur Augery, avocat au parlement du Dauphiné, se trouvait à Lyon pendant la peste qui affligea cette ville, dans l'année 1638. Il vit un de ses enfants, Théodore Augery, âgé de sept ans, atteint du fléau, avec tous les signes qui présageaient une mort prochaine et inévitable. Dans sa douleur extrême, ce père affligé s'adressa à saint Joseph avec la plus vive confiance, et lui promit, s'il sauvait son fils, d'aller pendant neuf jours entendre la sainte messe en son honneur, dans l'église qui lui était consacrée, d'y faire brûler des cierges devant son image, et enfin, d'y placer un ex-voto, dont l'inscription rappellerait le bienfait dû à son intercession. Cependant, les médecins visitèrent le jeune pestiféré ; ils le trouvèrent dans un état si déplorable, qu'ils le firent porter sur-le-champ au lazaret, ne lui donnant plus que deux heures de vie. L'ordre fut exécuté ; mais à peine arrivé au lazaret, l'enfant se trouve subitement guéri ; et le père, plein de reconnaissance pour son glorieux bienfaiteur, accomplit son vœu, avec de grands sentiments de piété. C'est lui-même, dit le P. de Barry, qui m'a donné un procès-verbal écrit de sa main, et dans lequel sont constatées toutes les circonstances de cette guérison miraculeuse. (De Barry)


PRATIQUE

Invoquez souvent saint Joseph comme le maître et le modèle de la vie intérieure.



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