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mardi 15 décembre 2020

L'épée et le chapeau ducal portés à la procession le jour de Noël


Louis VII reçut l'armure sacrée


LETTRE AUX ENFANTS DES CATÉCHISMES DE PERSÉVÉRANCE


Rome, 26 décembre.


Hier, mes enfants, en vous entretenant de la nuit de Noël, j'ai omis un détail qui a certainement son intérêt, et je vais tâcher de réparer aujourd'hui cette omission.
Au milieu des prélats qui précédaient le Pape à son entrée solennelle dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, l'un d'eux portait en grande cérémonie, sur un coussin de velours, une espèce de chapeau posé sur une superbe épée à poignée d'or. Je demandai ce que c'étaient que ces deux objets, et ce qu'ils signifiaient ? — On me répondit que c'étaient l'épée et le chapeau que le Pape a coutume de bénir tous les ans durant les fêtes de Noël, et qu'il envoie ensuite en présent à quelque prince chrétien.
Cette réponse ne m'ayant pas satisfait, je me proposai de prendre de plus amples informations, sitôt que j'en aurais le loisir, et je vais vous dire en quelques mots le résultat de mes recherches.
Je devrais avant tout vous faire la description des deux objets mystérieux dont je vous entretiens, et du chapeau surtout ; car vous devez être bien étonnés, à propos de procession, d'entendre parler d'épée et surtout de chapeau. Franchement je n'ose faire cette description, de peur de mal réussir, et de ne pas trouver au moins d'expressions qui rendent ce que j'ai vu. Je me contente de vous dire que, quoique ce chapeau ait une forme très-singulière, il a quelque analogie avec les casques anciens, tels qu'on les portait du temps de Henri II et de François Ier, et qui n'étaient point en métal comme ceux que nous voyons maintenant à nos dragons ou à nos cuirassiers. C'est une espèce de cône arrondi à larges bords : l'intérieur en est tout doublé de soie blanche, et l'extérieur est recouvert d'une étoffe de velours rouge bordé d'or, et orné de perles.
Voilà pour la description. Mais que viennent faire ce casque, cette épée, dans une procession et surtout dans une procession de Noël ? C'est ce que je vais vous dire. — Durant tout le quatorzième siècle et une partie du quinzième, les Souverains Pontifes furent souvent menacés dans leur capitale de Rome par les Turcs, qui tentèrent plusieurs fois de répandre dans tout l'Occident le nom et la religion de Mahomet. Trop faibles pour résister à des ennemis si puissants, les Papes avaient recours aux princes chrétiens ; c'étaient tantôt l'empereur d'Autriche, tantôt le roi de Hongrie ou celui de Bavière qui venaient les défendre. Sur la fin du quatorzième siècle, comme les attaques des Turcs devenaient plus terribles, et qu'il fallait presque chaque année les repousser du territoire, le Pape Urbain VI, qui régnait alors, fixa que tous les ans une armure complète serait bénie le jour de Noël, et que cette armure serait envoyée, en signe de reconnaissance ou en signe de supplication, au prince qui aurait généreusement défendu l'Église, ou à celui dont on voulait réclamer la protection, et qui devrait embrasser, l'épée à la main, la sainte cause de Dieu (L'on sait les noms de plusieurs princes auxquels les Souverains Pontifes envoyèrent l'armure sacrée. Dans les siècles reculés Urbain VI l'envoya à Fortiguerra, président de la République de Lucques, Nicolas V au prince Albert, frère de l'empereur Frédéric, Pie II à Louis VII, roi de France). Je n'ai pas besoin de faire remarquer que cette solennité et cette bénédiction furent fixées au jour de Noël, et qu'elles furent placées sous les auspices de la Crèche, en mémoire de la victoire de l'enfant Jésus sur le cruel Hérode, dont les Turcs imitaient les méchants desseins.
Quand les invasions et les attaques des Turcs eurent cessé, les Papes crurent devoir conserver un usage qui rappelait tant de souvenirs, et qui devait contribuer à confirmer l'attachement des princes chrétiens pour le Saint-Siège ; seulement, au lieu de l'armure complète, dont le prince devait se revêtir à la guerre, on ne conserva plus que le casque et l'épée, qui forment les deux insignes les plus nobles de l'armure d'un guerrier. — Telle est l'origine de la particularité des fêtes de Noël à Rome, que je viens de décrire.
On portait autrefois en procession l'armure complète, pour faire apprécier à tous les chrétiens le cas que le Pape faisait du présent qu'il allait envoyer ; c'est dans la même pensée que maintenant le casque, qu'on appelle aussi le chapeau ducal, et l'épée (L'expression italienne consacrée pour le casque et cimiero, pour l'épée stocco), sont portés en procession, et demeurent exposés sur un coin de l'autel durant tout l'office.
C'est avant-hier au soir, avant les matines de Noël, que le Pape, en présence de tous les Prélats de sa maison, après s'être revêtu de l'aube et d'une simple étole blanche, a béni l'épée et le chapeau.
Les prières qui accompagnent cette bénédiction sont si belles, que je ne puis m'empêcher de vous en citer un passage :
« Jésus-Christ, souverain Seigneur de toutes choses, daignez bénir ce casque et cette épée pour la défense de votre sainte Église.. Que la bénédiction que nous leur donnons les fasse servir à la protection des faibles et des opprimés, et à l'anéantissement des méchants... Ô Dieu ! faites que celui qui va être ceint de cette épée, consacrée par votre bénédiction, protège et défende toujours votre sainte cause, et gardez-le vous-même et protégez-le par la force de cette épée contre les ennemis qu'il aura à combattre... »
Encore un détail, qui se rapporte à notre sujet. On m'a dit qu'autrefois, lorsque le prince auquel le présent était destiné se trouvait à la bénédiction, on lui présentait d'abord l'épée qu'il ceignait par-dessus la cotte d'armes dont il était revêtu, puis le casque dont il se couvrait, et qu'il assistait ainsi armé aux prières de la cérémonie. Le soir, à l'office des matines, il devait aussi paraître revêtu de son armure, que recouvrait un grand manteau blanc, et faisait publiquement lecture d'un passage de la Sainte Écriture, où l'auteur inspiré, après avoir raconté les guerres et les combats que le peuple de Dieu a sans cesse à soutenir contre ses ennemis, annonce les vengeurs que la Providence ne manque jamais de lui envoyer. Avant de faire cette lecture, le prince se découvrait, puis, debout, frappait trois fois la terre de son épée nue, et la remettait dans le fourreau après l'avoir trois fois secouée en l'air, comme pour prendre à témoin le ciel et la terre par un triple serment qu'il ne porterait pas en vain cette épée, dont il était armé pour la défense de l'Église et de la justice.
Adieu, mes enfants. On m'a dit que cette année le présent du Saint-Père est destiné à un prince d'Allemagne. — Vous seriez peut-être bien heureux et bien justement glorieux de recevoir un semblable présent ; demandez au petit Enfant-Jésus, qui a si bien vaincu le démon sur la paille de sa crèche, de vous donner la force de le vaincre durant toute l'année qui commence. Il faut pour cela avoir un casque plus étincelant et une épée plus vaillante que toutes les épées et tous les casques qui ont jamais été donnés aux princes de la terre.

(Extrait de Les Fêtes de Noël à Rome, par M. l'Abbé V. Dumax)


Reportez-vous à L'Étable de Bethléem dans l’Église de l'Ara-CoeliDescription de la sainte Crèche, Son histoire, Cérémonie de l'Adoration, La Messe de Minuit à Sainte-Marie-Majeure, Les Boutiques de Noël et le Præsepio, Les Pifferari, Regard sur le triple sacrifice du Jour de Noël, Noël, Jour de sainte allégresse, Lumière sur Noël, La crèche, Méditation pour la Fête de Noël : Vous trouverez un Enfant enveloppé de langes, et couché dans une Crèche, Instruction sur la Fête de Noël, Pratique de la Dévotion à l'enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 21e Méditation : Cependant Marie ne perdait rien de toutes ces choses et les méditait dans son cœur, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 22e Méditation : Ils portèrent Jésus à Jérusalem, afin de l'offrir au SeigneurDévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 20e Méditation : Ayant été averti en songe de ne point aller trouver Hérode, ils retournèrent en leur pays par un autre chemin, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 19e Méditation : Se prosternant, ils l'adorèrent ; puis ayant ouvert leurs trésors, ils lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe, Discours aux jeunes époux, du Pape Pie XII, durant l'Octave de l’Épiphanie, le 10 janvier 1940, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 18e Méditation : Voici que l'étoile qu'ils avaient vue en Orient parut, allant devant eux, jusqu'à ce qu'elle vint s'arrêter sur le lieu où était l'enfant, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 17e Méditation : À la nouvelle de la naissance du saint Enfant, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 16e Méditation : Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 15e Méditation : Voici que les Mages vinrent de l'Orient à Jérusalem, Méditation pour le Jour des Rois : Que votre Règne arrive, Instruction sur la Fête des Rois, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages confessent Jésus-Christ devant les hommes, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages à Jérusalem, Méditation pour l’Épiphanie : La vocation des mages prédite et figurée, notre vocation à la foi de Jésus-Christ, Méditation sur l’Épiphanie : Les Rois-Mages, Méditation sur l’Épiphanie : Du ministère de Marie dans la vocation des Gentils à la Foi, Remerciement, offrande et prière au Verbe de Dieu incarné, pour l'Octave de l'Épiphanie, Méditation sur l’Épiphanie, Méditation sur la Nativité, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 14e Méditation : On lui donna le nom de Jésus, Litanies du Saint Nom de Jésus, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 13e Méditation : On lui donna le nom de Jésus, nom qui lui avait été donné par l'ange, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 12e Méditation : Après huit jours, le saint Enfant fut circoncis, Instruction sur la Circoncision, Méditation sur la Circoncision, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 11e Méditation : Les bergers revinrent en glorifiant et en louant Dieu de tout ce qu'ils avaient vu et entendu, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 10e Méditation : Les bergers se disaient les uns aux autres : Allons jusqu'à Bethléem, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 9e Méditation : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 7e Méditation : Tout à coup l'Ange du Seigneur parut auprès d'eux, Salutation à Marie et à Jésus naissant, Litanies du Saint Enfant-Jésus, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1re Méditation : Marie s'étant rendue avec Joseph à Bethléem, le temps de son divin enfantement arriva, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 2e Méditation : Je vous annonce un grand sujet de Joie, il vous est né aujourd'hui un Sauveur, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 3e Méditation : Marie mit au monde son fils premier-né, et l'enveloppa de langes, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 4e Méditation : Marie, après avoir enveloppé de langes le saint Enfant, le coucha dans la crèche, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 5e Méditation : Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 6e Méditation : Il y avait là aux environs des bergers qui veillaient et se relevaient les uns les autres pendant la nuit, pour la garde de leurs troupeaux, Litanies du Saint Enfant-Jésus, et Dévotion au Saint Enfant-Jésus : Prière d'amour et Consécration.