Extrait de "Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ou Nouveau Mois de Jésus" par C.-L. Faucher, prêtre du Diocèse de Clermont :
10e JOUR
Les bergers se disaient les uns aux autres : Allons jusqu'à Bethléem... Ils s'y rendirent donc à la hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, avec l'enfant qui était couché dans une crèche. (Luc. II, 45, 16)
1er Point. Après que les bergers furent revenus de leur première surprise et qu'ils eurent entendu le cantique des anges, ils se dirent les uns aux autres : Allons à Bethléem nous assurer de ce qui est arrivé et voir ce que le Seigneur nous a fait annoncer. Ils se mirent donc aussitôt en chemin, et arrivés à Bethléem, ils trouvèrent, comme l'ange le leur avait dit, Marie avec Joseph, et le saint Enfant couché dans une crèche.
Considérez la promptitude avec laquelle les bergers obéissent à la voix de l'ange : ils se transportent sur-le-champ au lieu qui leur est indiqué. Rien ne les arrête, car il s'agit de trouver leur Sauveur, ce divin Messie promis à leurs pères et attendu avec tant d'impatience depuis plusieurs siècles. Oh ! quand obéirons-nous ainsi à la voix de notre conscience, à la grâce qui nous presse de nous rendre auprès de Jésus, parce que lui seul peut guérir les plaies profondes que le péché a faites à notre âme.
Ô divin Enfant ! quand sera-ce que me quittant moi-même, je commencerai à vous chercher avec ardeur ? Que de moyens vous me donnez pour aller à vous ! Quand aurai-je le courage de correspondre fidèlement à vos divines inspirations ? Je sais, Seigneur, que si je vous cherchais sincèrement, je vous trouverais, comme vous me l'avez promis vous-même. Cherchez et vous trouverez, avez-vous dit ; mais, hélas ! je sais aussi que je ne vous trouverai jamais dans les plaisirs terrestres auxquels je me livre, ni dans les biens d'ici-bas auxquels j'attache mon cœur, ni dans les coupables jouissances qui souillent mon âme et auxquelles je m'adonne, mais bien dans la pauvreté de l'étable et de la crèche, dans la mortification et la pénitence, dans le renoncement à moi-même et dans un dépouillement parfait des choses de ce monde. Voilà ce qui me rebute, et ce qui fait trembler la nature. Ô Jésus ! donnez-moi la force de surmonter ma faiblesse et de briser tous ces liens qui me retiennent loin de vous, afin que je commence à vous chercher par la pénitence et l'amour ; et que vous ayant trouvé, je ne me sépare plus de vous.
2e Point. Considérez avec quelle dévotion et quelle foi les pasteurs entrent dans l'étable de Bethléem, avec quel respect ils adorent le divin Enfant. Quel bonheur pour eux de pouvoir contempler leur Sauveur ! Voyez les présents qu'ils lui font : ils se ressentent de leur pauvreté, ils sont cependant plus agréables à Jésus que les plus riches offrandes des grands de la terre, parce que ce sont des cœurs purs et innocents qui les lui offrent. Voyez quelles saintes ardeurs Jésus allume dans le cœur de ces bons pasteurs ; écoutez comment ils s'entretiennent entre eux dans leur admiration et leur étonnement : Voilà donc, disent-ils, ce Sauveur tant désiré de nos pères. Hélas ! quelle pauvreté ! Non, jamais nous ne nous plaindrons à l'avenir de notre misère ; nous préférerons nos cabanes aux palais des rois ; nous vivrons heureux et contents sous notre chaume, nous glorifiant d'avoir quelque conformité avec notre divin Sauveur. Ô saints pasteurs ! faites-moi part de l'ardent amour qui vous consume, afin que j'adore et que j'aime avec vous ce Dieu Sauveur qui vient nous visiter dans sa miséricorde.
ORAISON JACULATOIRE
Infans Jesu, desiderium gentium, miserere nobis.
Enfant Jésus, le désir des nations, ayez pitié de nous.
PRIÈRE
Enfant Jésus, qui faites la joie et la consolation de tous ceux qui ont le bonheur de vous trouver, excitez dans mon cœur les plus vifs désirs de vous voir et de vous posséder, et que mon âme, comme celle du prophète Isaïe, ne soupire nuit et jour qu'après le bonheur de s'unir à vous (Isaïe, 26) ; car que désirerai-je dans le ciel, et que puis-je trouver hors de vous sur la terre ? N'êtes-vous pas mon souverain bien pour le temps et l'éternité ?
EXEMPLE
Dans les premières années de mon sacerdoce, dit l'abbé Carron, me trouvant à Rennes, je passais dans un des faubourgs de cette ville, lorsque j'entendis sortir d'une étable des cris plaintifs : j'entre, et parcourant ce triste réduit, je m'approche, et vois expirant sur une poignée de fougère un pauvre enfant couvert d'ulcères depuis la tête jusqu'aux pieds. Ô mon fils, lui dis-je aussitôt, que j'ai pitié de vous ! que vous devez souffrir ! ne pourrais-je point vous soulager ? Monsieur, répondit l'enfant d'une voix mourante, mais pleine d'une douceur angélique, pourquoi me plaignez-vous de souffrir ? Je ne suis point à plaindre. C'est pour Dieu que j'endure ces maux, et ils me sont bien doux quand je pense que lui-même a bien voulu mourir pour moi. Mais, mon petit ami, pourquoi donc gémissiez-vous tout à l'heure ? Hélas ! c'est que je me sens mourir, et que je voudrais m'en aller avec le bon Dieu dans mon cœur... J'interroge l'intéressant enfant, il sait les prières du chrétien, il répète plusieurs fois en ma présence d'un accent pénétrant ces paroles : Notre Père, qui êtes dans les cieux. Je cherche alors à descendre dans son âme ; et ravi de sa belle innocence, je trouve un cœur embrasé d'amour envers Dieu ; il me regarde d'un œil plein de larmes, et me demande avec instances que je le fasse communier avant qu'il expire. Je m'empresse de seconder des vœux si ardents, je le fais transporter de sa pauvre chaumière ouverte à tous les vents dans un lieu plus commode. Après quelques courtes instructions, l'enfant de bénédiction sent et comprend toute la grandeur de l'action qu'il va faire ; sa figure, déjà empreinte de la pâleur de la mort, se colore ; ses yeux éteints reprennent toute leur vivacité ; il baise avec amour le crucifix : sur son innocente bouche se recueillent des paroles de feu ; il pleure amèrement les fragilités de l'enfance, il demande avec encore plus d'instances son bien aimé, son Dieu ; enfin arrive le Saint des saints, je le repose sur les lèvres de l'ange terrestre : ses yeux brillent d'allégresse, son cœur palpite d'amour ; il veut parler, et ne peut que sentir : je le laisse quelques instants à ses saints transports ; puis m'approchant de sa couche. Je lui demande : Mon cher enfant, qu'éprouvez-vous donc ? Ô monsieur ! le paradis, oui, le paradis avec toutes ses délices ! je me meurs de joie et de bonheur ! Puis il s'assoupit comme dans un doux sommeil... Sa belle âme avait déjà pris son essor vers le ciel.
PRATIQUE
Pensons souvent au bonheur que Dieu nous réserve dans le ciel, et nous n'aurons que du mépris pour les biens d'ici-bas.
Reportez-vous à Instruction sur la Circoncision, Méditation sur la Circoncision, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 9e Méditation : Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 7e Méditation : Tout à coup l'Ange du Seigneur parut auprès d'eux, Salutation à Marie et à Jésus naissant, Litanies du Saint Enfant-Jésus, Méditation pour la Fête de Noël : Vous trouverez un Enfant enveloppé de langes, et couché dans une Crèche, Instruction sur la Fête de Noël, Pratique de la Dévotion à l'enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1re Méditation : Marie s'étant rendue avec Joseph à Bethléem, le temps de son divin enfantement arriva, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 2e Méditation : Je vous annonce un grand sujet de Joie, il vous est né aujourd'hui un Sauveur, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 3e Méditation : Marie mit au monde son fils premier-né, et l'enveloppa de langes, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 4e Méditation : Marie, après avoir enveloppé de langes le saint Enfant, le coucha dans la crèche, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 5e Méditation : Voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant enveloppé de langes et couché dans une crèche, Dévotion à la Sainte Enfance de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 6e Méditation : Il y avait là aux environs des bergers qui veillaient et se relevaient les uns les autres pendant la nuit, pour la garde de leurs troupeaux, Litanies du Saint Enfant-Jésus, Dévotion au Saint Enfant-Jésus : Prière d'amour et Consécration, Méditation sur la Nativité, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages confessent Jésus-Christ devant les hommes, Méditation sur l’Épiphanie : Les Mages à Jérusalem, Méditation pour l’Épiphanie : La vocation des mages prédite et figurée, notre vocation à la foi de Jésus-Christ, Méditation sur l’Épiphanie : Les Rois-Mages, Remerciement, offrande et prière au Verbe de Dieu incarné, pour l'Octave de l'Épiphanie, et Méditation sur l’Épiphanie.