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mardi 17 décembre 2019

Des amitiés, par le R.-P. Jean-Joseph Surin



Extrait du CATÉCHISME SPIRITUEL DE LA PERFECTION CHRÉTIENNE, TOME II, Composé par le R. P. J. J. SURIN, de la Compagnie de Jésus :



Des amitiés



Quelles amitiés conviennent aux personnes qui veulent avancer dans la vie spirituelle ?

Elles n'en doivent point souffrir d'autres que celles dont Dieu est le motif et le lien, qui les portent à l'aimer, à le servir et à procurer sa gloire. Pour entendre ceci, il faut savoir qu'on distingue trois sortes d'amitiés parmi les hommes ; les unes sont profanes, les autres purement humaines, et les troisièmes spirituelles et surnaturelles.


Quelles sont les amitiés profanes ?

Ce sont celles que lient ensemble les hommes vicieux et mondains lorsqu'ils s'unissent pour pratiquer le vice, et pour satisfaire leurs passions. Les personnes vertueuses ont en horreur ces sortes d'amitiés, et le Prophète David appelle heureux, l'homme qui sait s'en éloigner.


Quelles sont les amitiés purement humaines ?

Ce sont celles où il n'entre aucun mauvais dessein : les Philosophes en ont fort exagéré la douceur et les avantages. Elles supposent la convenance des humeurs, et sont fondées sur les bonnes qualités qui rendent aimable et qui font que deux personnes s'attachent l'une à l'autre, sans se proposer d'autre fin, que de former une société agréable. Le lien de ces amitiés est l'amour mutuel qu'on se porte ; d'où naît le plaisir qu'on trouve à converser, à se voir, à se communiquer ses affaires et ses secrets, et à s'entretenir sans jamais s'ennuyer d'être ensemble.
Ce serait peu néanmoins, et ces sortes de liaisons ne mériteraient pas le nom d'amitié, si elles n'allaient jusqu'aux bons offices, et aux services mutuels. C'est ce que nous remarquons dans les amis ; ils s'étudient à découvrir ce qui peut faire plaisir à ceux qu'ils aiment ; ils se plaisent à les secourir dans le besoin, à les consoler dans la disgrâce, et à leur procurer tous les plaisirs que la droite raison et la vertu ne défendent point. Telles sont les amitiés humaines, qui tout innocentes qu'elles sont, ne conviennent point à l'homme spirituel.


Quelles sont donc les amitiés que vous appelez spirituelles et surnaturelles ?

Ce sont celles que la grâce forme, et qui ont pour fondement, non la familiarité et le plaisir de se voir, mais les dons surnaturels qu'on reconnaît dans les personnes, la conformité qu'on a avec elles dans la manière de pratiquer la vertu, et le secours qu'on tire de leur conversation, pour aller plus efficacement à Dieu. Toute autre affection est défendue aux hommes spirituels ; ils ne doivent avoir de liaison avec qui que ce soit, qu'autant qu'elle contribue à les perfectionner dans la connaissance, dans l'amour, et dans le service de Dieu. Telle était l'amitié particulière que Jésus-Christ avait avec saint Jean : ce divin Sauveur n'aimait son Disciple, qu'à cause des saintes dispositions, et des dons célestes qui étaient en lui. Telle était celle de saint Paul avec son Disciple Timothée ; de saint François avec saint Ange de l'Ordre des Pères Carmes ; de sainte Catherine de Sienne avec sainte Agnès du Mont-Politien : et tous les Saints qui ont été unis particulièrement, l'ont été d'une amitié surnaturelle, qui n'avait que Dieu pour motif.
La différence qu'il y a entre ces amitiés saintes, et les liaisons particulières qu'on remarque parmi le commun des hommes, consiste en ce que celles-ci ont pour principe quelque attachement naturel, qui embarrasse et qui captive le cœur ; et que celles-là laissent le cœur libre et dégagé. Comme on n'envisage que Dieu de part et d'autre, on est sans gêne et sans contrainte ; l'absence ne cause aucun regret ; et on se revoit avec un plaisir toujours nouveau ; parce que c'est toujours pour le profit spirituel, et pour l'accroissement de l'amour de Dieu, qu'on se cherche et que l'on converse.
Si on veut savoir plus précisément les causes de cette sainte amitié, on peut en rapporter trois. La première est la conformité des sentiments par rapport à la Doctrine. La seconde est l'union des volontés par rapport aux inclinations et aux dispositions morales. La troisième, c'est Jésus-Christ, qui sert comme de milieu pour unir les deux personnes, par la communication que chacune d'elles entretient avec ce Dieu homme. Ayant les mêmes sentiments, les mêmes inclinations, et, le même principe d'amour, qui est Jésus-Christ résidant en toutes les deux, il ne faut pas s'étonner qu'elles n'aient qu'un même esprit, qu'une même volonté, et qu'elles ne fassent, pour ainsi dire, qu'une même chose.
On voit ici la différence qu'il y a entre la charité et l'amitié. L’une s'étend à tous, l'autre n'embrasse que peu de personnes. Par la charité on regarde Jésus-Christ en chacun des hommes, et par l'amitié on l'envisage dans quelques-uns sous le rapport agréable de certaines dispositions qui touchent le cœur et qui le lient. Il est vrai que ces dispositions se trouvent en plusieurs personnes pour qui on n'a que la charité commune, et avec lesquelles on s'unirait particulièrement, si on avait occasion de les pratiquer. La Providence divine, qui a ses desseins, fournit ces sortes d'occasions aux personnes qu'elle veut unir, pour faire servir leur amitié à sa gloire.



Extrait de "Introduction à la vie dévote" de Saint François de Sales :


L'ami fidèle est un médicament de vie, et d'immortalité ; ceux qui craignent Dieu le trouvent. Ces divines paroles regardent principalement l'immortalité, comme vous voyez, pour laquelle il faut sur toutes choses avoir cet ami fidèle, qui guide nos actions par ses avis et conseils, et par ce moyen nous garantit des embûches et tromperies du malin ; il nous sera comme un trésor de sapience en nos afflictions, tristesses et chutes ; il nous servira de médicament, pour alléger et consoler nos cœurs dans les maladies spirituelles ; il nous gardera du mal, et rendra notre bien meilleur ; et quand il nous arrivera quelque infirmité, il empêchera qu'elle ne soit pas à la mort, car il nous en relèvera.
Mais qui trouvera cet ami ? Le Sage répond : ceux qui craignent Dieu ; c'est-à-dire, les humbles qui désirent fort leur avancement spirituel. Puisqu'il vous importe tant, Philothée, d'aller avec une bonne guide en ce saint voyage de dévotion, priez Dieu avec une grande instance qu'il vous en fournisse d'une qui soit selon son cœur, et ne doutez point : car quand il devrait envoyer un ange du Ciel, comme il fit au jeune Tobie, il vous en donnera une bonne et fidèle.
Or ce doit toujours être un ange pour vous, c'est-à-dire, quand vous l'aurez trouvée, ne la considérez pas comme un simple homme, et ne vous confiez point en icelui, ni en son savoir humain, mais en Dieu, lequel vous favorisera et parlera par l'entremise de cet homme, mettant dedans le cœur et dedans la bouche d'icelui ce qui sera requis pour votre bonheur : si que vous le devez écouter comme un ange, qui descend du Ciel pour vous y mener. Traitez avec lui à cœur ouvert, en toute sincérité et fidélité, lui manifestant clairement votre bien et votre mal, sans feintise ni dissimulation : et par ce moyen votre bien sera examiné et plus assuré, et votre mal sera corrigé et remédié ; vous en serez allégée et fortifiée en vos afflictions, modérée et réglée en vos consolations. Ayez en lui une extrême confiance mêlée d'une sacrée révérence, en sorte que la révérence ne diminue point la confiance, et que la confiance n'empêche point la révérence ; confiez-vous en lui avec le respect d'une fille envers son père, respectez-le avec la confiance d'un fils avec sa mère ; bref cette amitié doit être forte et douce, toute sainte, toute sacrée, toute divine et toute spirituelle.
Et pour cela, choisissez-en un entre mille, dit Avila ; et moi je dis entre dix mille : car il s'en trouve moins que l'on ne saurait dire qui soient capables de cet office. Il le faut plein de charité, de science et de prudence : si l'une de ces trois parties lui manque, il y a du danger. Mais je vous dis derechef : demandez-le à Dieu, et l'ayant obtenu, bénissez sa divine Majesté, demeurez ferme et n'en cherchez point d'autres, mais allez simplement, humblement et confidemment, car vous ferez un très heureux voyage.



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