vendredi 9 août 2019

Le Saint Curé d'Ars dans sa conversation : Pensées de M. Vianney sur les joies de la vie intérieure



Fête de Saint J. M. B. Vianney, Curé d'Ars


(9 août)





Continuons à suivre les enseignements du Saint Curé d'Ars durant ce mois d'août :




Extrait de "Esprit du Curé d'Ars, M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation" (1864) :



Une autre fois, le Curé d'Ars parlait des joies de la prière et de la vie intérieure : c'est un sujet qu'il n'abordait jamais sans que son cœur entrât aussitôt en fusion : « Être roi, disait-il, triste place ! on est roi pour les hommes !... mais être à Dieu, être à Dieu tout entier ! Être à Dieu sans partage : le corps chaste, une âme pure ! Oh ! il n'y a rien de si beau ! » Et les pleurs étouffaient sa voix.
« La prière, disait-il encore, voilà tout le bonheur de l'homme sur la terre. Ô belle vie ! belle union de l'âme avec Notre-Seigneur ! L'éternité ne sera pas assez longue pour comprendre ce bonheur... La vie intérieure est un bain d'amour dans lequel l'âme se plonge... Elle est comme noyée dans l'amour !... Dieu tient l'homme intérieur comme une mère tient la tête de son enfant dans ses mains pour le couvrir de baisers et de caresses... »
« Je pense souvent à la joie des apôtres, quand ils revirent Notre-Seigneur. La séparation avait été si cruelle ! Notre-Seigneur les aimait tant ! Il était si bon avec eux ! Il est à présumer qu'il les embrasse en leur disant : La paix soit avec vous ! C'est ainsi qu'il embrasse notre âme, quand nous prions. Il nous dit encore : La paix soit avec vous ! »
« On aime une chose à proportion du prix qu'elle nous a coûté. Jugez par là de l'amour que Notre-Seigneur a pour notre âme, qui lui a coûté tout son sang. Il est affamé de communications et de rapports avec elle. Le temps lui dure de la voir, de l'entendre... »
« Il y a deux choses pour s'unir avec Notre-Seigneur et pour faire son salut : la prière et les sacrements. Tous ceux qui sont devenus saints ont fréquenté les sacrements et ont élevé leur âme à Dieu par la prière. Il faut, dès le matin, en s'éveillant, offrir à Dieu son cœur, son esprit, ses pensées, ses paroles, ses actions, tout soi-même, pour ne servir qu'à sa gloire. Renouveler les promesses de son baptême, remercier son ange gardien, lui demander sa protection à ce bon ange, qui est resté à côté de nous pendant notre sommeil. »
« Il y a de bons chrétiens qui ont l'habitude de se dire : “Je ferai aujourd'hui tant d'actes d'amour de Dieu, tant de sacrifices...” J'aime bien ça... »
« Il faut demander souvent, le long du jour, les lumières du Saint-Esprit. Oh ! que nous en avons besoin pour connaître notre pauvre misère ! Il faut dire un Pater et un Ave pour la conversion des pécheurs, pour les âmes du purgatoire... répéter souvent : “Mon Dieu, ayez pitié de moi !” comme un enfant qui dit à sa mère ! “Donnez-moi un morceau de pain..., tendez-moi la main..., embrassez-moi !...”
“Celui qui ne prie pas est comme une poule ou une dinde, qui ne peuvent s'élever dans les airs. Si elles volent un peu, elles retombent bientôt et grattant la terre, elles s'y enfoncent, s'en couvrent la tête et semblent ne prendre plaisir qu'à cela. Celui qui prie, au contraire, est un aigle intrépide, qui plane dans l'air et semble toujours vouloir se rapprocher du soleil. Voilà le bon chrétien sur les ailes de la prière. Oh ! que c'est beau, la prière ! L'homme qui est en grâce avec Dieu n'a pas besoin qu'on lui apprenne à prier, il connaît la prière naturellement, parce qu'il connaît ses besoins.”
“Union avec Jésus-Christ, union avec la Croix : voilà le salut. La marque distinctive des élus, c'est l'amour, comme la marque des réprouvés, c'est la haine. Aucun réprouvé n'aime un autre réprouvé, le frère déteste son frère, le fils son père, la mère son enfant et cette haine universelle se concentre sur Dieu : voilà ce que c'est que l'enfer. Les saints aiment tout le monde ; ils aiment surtout leurs ennemis... Leur cœur embrasé de l'amour divin se dilate à proportion du nombre des âmes que le bon Dieu met sur leur chemin, comme les ailes de la poule s'étendent à proportion du nombre de ses petits.” »

« Le cœur des saints est constant comme un rocher au milieu de la mer. »
« Les personnes qui pratiquent la dévotion, qui se confessent, qui communient souvent, et qui ne font pas les œuvres de la foi et de la charité, sont semblables à des arbres en fleurs. Vous croyez qu'il y aura autant de fruits que de fleurs : il y a bien de la différence... »
« Oh ! que ce sera beau, le jour de la résurrection ! On verra ces belles âmes sortir du ciel, comme des soleils de gloire et venir s'unir aux corps qu'elles animaient sur la terre. Plus ces corps auront été mortifiés, plus ils brilleront comme des diamants. »
« Il n'y a de malheureux que les mauvais chrétiens qui abandonnent la prière et les sacrements et croupissent dans le péché ; mais pour les bons chrétiens, il n'y a point de peine... Posséder Dieu, c'est le bonheur des bonheurs. Ce bonheur fait oublier tout le reste. Comme ce bon saint dont je lisais la vie, il y a quelques jours, qui était demeuré ravi en extase, depuis le mardi-gras jusqu'au jour de Pâques, il était revenu juste pour la Résurrection... Ce bonheur fait aussi oublier la souffrance... Une fois le vent avait emporté la peau d'ours dont saint Siméon était couvert. Ne le voyant plus bouger sur sa colonne, on monta : on le trouva gelé. On le plongea dans l'eau chaude pour le faire revenir : “Pourquoi ne m'avez-vous pas laissé ? dit-il. J'étais si heureux !” »
« On n'a pas besoin de tant parler pour bien prier. On sait que le bon Dieu est là, dans le saint tabernacle ; on lui ouvre son cœur, on se complaît en sa sainte présence : c'est la meilleure prière, celle-là.
C'est comme ce bon M. Vidaud (La Vie de M. Gabriel de Vidaud a été écrite par le P. Pouget, de la Compagnie de Jésus) : Il avait coutume de se lever de grand matin et d'aller adorer le Saint-Sacrement dès que l'église était ouverte. Un jour qu'il était dans un château, on fut obligé de l'envoyer chercher trois fois à la chapelle pour le déjeuner : la maîtresse de la maison s'impatientait. À la troisième sommation, il sortit de la présence de Notre-Seigneur, en disant : “Mon Dieu, on ne pourra donc pas rester un moment tranquille avec vous !” Le Curé d'Ars ajoutait en pleurant : “Il était là depuis quatre heures du matin !... Il y a de bons chrétiens qui passeraient toute leur vie ainsi abîmés devant le bon Dieu. Ah ! qu'ils sont heureux !”
Un jour, venant de présider au renouvellement des vœux que les sœurs de Saint-Joseph ont coutume de faire, chaque année, le 2 juillet, M. Vianney sortit de la cérémonie le cœur plein, et ne pouvant contenir sa joie ; elle s'épanchait en de délicieuses paroles : “Que la religion est belle !” disait-il. Que la multitude de votre douceur est grande, ô mon Dieu, à ceux qui vous craignent !... Je pensais tout à l'heure que c'était entre Notre-Seigneur et ces bonnes religieuses, qui sont les épouses de Notre-Seigneur, un assaut de générosité à qui donnerait le plus... Mais c'est toujours Notre-Seigneur qui l'emporte. Les religieuses donnent leur cœur, LUI, donne son cœur et son corps... Pendant que les sœurs disaient : “Je renouvelle mes vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance," je leur disais en leur présentant l'hostie : “Que le corps de Notre-Seigneur garde votre âme pour la vie éternelle !” Puis, prenant occasion de là de s'étendre sur son sujet bien-aimé, il ajoutait : “Si l'on pouvait comprendre tous les biens renfermés dans la sainte communion, il n'en faudrait pas davantage pour contenter le cœur de l'homme. L'avare ne courrait plus après ses trésors, l'ambitieux après la gloire ; chacun quitterait la terre, en secouerait la poussière et s'envolerait vers les cieux. La communion !... Oh ! quel honneur Dieu fait à sa créature ! Il se repose sur sa langue, passe par son palais comme par un petit chemin, et s'arrête sur son cœur comme sur un trône ! Ô mon Dieu ! mon Dieu ! (en s'attendrissant et essuyant ses larmes) il y en a qui ont su apprécier cet honneur. Ainsi, on a vu un saint évêque vouloir lui-même balayer l'église, et se revêtir de son rocher pour vaquer à cette fonction, qui paraît basse, et qu'il estimait, lui, si grande, qu'il se couvrait de ses insignes pour la remplir. Un roi voulait autrefois presser de ses mains les grappes de raisin pour la consécration du calice, et préparer lui-même la farine pour l'hostie.”
“Une communion bien faite suffit pour embraser une âme de l'amour de Dieu et lui faire négliger la terre. Un grand de ce monde, il n'y a pas longtemps, vint faire ici la sainte communion ; il avait trois cent mille francs de fortune ; il en donna cent pour les pauvres, cent à ses parents, et il s'en alla à la Trappe. Un avocat bien savant vint après lui ; il fit une bonne communion, et partit pour aller se mettre sous la conduite de Père Lacordaire. Oh ! une communion sainte, une seule, c'est assez pour dégoûter l'homme de la terre et lui donner un avant-goût des délices célestes !”
Pour dire la messe, il faudrait être un séraphin !...” Je tiens dans mes mains Notre-Seigneur. Je le porte à droite, il reste à droite ! Je le porte à gauche, il reste à gauche !... Si on savait ce que c'est que la messe, on mourrait ! On ne comprendra le bonheur qu'il y a de dire la messe que dans le ciel !... Hélas ! mon Dieu ! qu'un prêtre est à plaindre, quand il fait cela comme une chose ordinaire !... »



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