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mercredi 2 septembre 2020

Sur Jésus-Christ

 


Je suis la voie, la vérité et la vie. (En saint Jean)


Ces paroles de Jésus Christ renferment en abrégé les motifs de notre foi, de notre espérance et de notre amour. La vie de l'âme, la véritable vie, la vie éternelle, est l'unique but de l'homme et le désir le plus intime de son cœur. Jésus-Christ nous déclare qu'il est lui-même cette vie et que nous ne serons pleinement, souverainement, éternellement heureux, que par sa possession. Il doit donc être l'objet unique, souverain, invariable de notre amour.
Le moyen de parvenir à cette vie est de connaître et d'embrasser la vérité, et de s'éloigner tant par l'esprit que par le cœur de tout ce qui est faux et mensonger. Or, Jésus-Christ nous dit qu'il est la vérité, la vérité infaillible, la vérité par essence ; et qu'ainsi tout hors de lui, n'est que fausseté et que mensonge. Nous devons donc nous appliquer à le bien connaître, et employer à cela toutes les forces de notre esprit et toute la droiture de notre cœur ; nous devons régler nos jugements sur les siens, nos affections sur les siennes, persuadés qu'il n'y a d'estimable et d'aimable que ce qu'il estime et qu'il aime.
Mais par quelle voie parviendrons-nous à la vérité ? Par Jésus-Christ qui nous assure qu'il est la voie, la seule voie qui puisse nous conduire à la vérité et à la vie. C'est pour nous instruire et nous guider qu'il s'est fait homme, qu'il nous a donné dans sa personne un modèle sensible et proportionné à notre faiblesse, et qu'à ses exemples il a joint des leçons contenues dans les préceptes et les conseils évangéliques.
Voyons donc ce que Jésus-Christ a enseigné. Toute sa doctrine se réduit à l'amour de Dieu et du prochain. Dans l'amour de Dieu est compris l'amour légitime que nous devons avoir pour nous mêmes ; en sorte que, plus nous aimerons Dieu, plus aussi nous nous aimerons nous-mêmes, parce qu'aimer Dieu, c'est aimer notre vrai, notre souverain, notre unique bien. L'amour de Dieu exclut donc essentiellement tout amour des créatures pour elles-mêmes et envisagées comme étant notre bien. Il exclut par conséquent aussi l'amour propre ; c'est-à-dire qu'aucune créature ne doit s'aimer elle-même pour elle-même, ni rapporter à soi l'amour qu'elle a pour Dieu ; car c'est renverser l'ordre qui veut que nous aimions Dieu pour lui-même, et nous en Dieu et par rapport à Dieu. Tout notre amour est donc dû à Dieu, et à Dieu seul? et il doit être le terme de toutes nos affections sans aucune exception. Quel détachement, quelle abnégation, quel désintéressement cet amour n'exige-t-il pas, si l'on veut le pratiquer dans toute sa pureté ! Toute espèce d'amour-propre, quel qu'en soit l'objet, est donc un larcin fait à Dieu ; tout intérêt propre, tout regard sur nous-mêmes, toute vue de notre propre bien, toute recherche de notre excellence ; tout cela souille la pureté infinie de l'amour divin. D'où il suit que, plus une âme est morte à elle-même, plus elle est anéantie, plus aussi elle aime Dieu. Ainsi les croix, les épreuves, les dépouillements de toute espèce, et tout ce qui nous arrache à nous-mêmes, sont les seuls degrés par lesquels on s'élève à l'amour de Dieu. Cette seule vérité bien comprise jette un jour éclatant sur toute la doctrine de Jésus-Christ ; elle nous fait toucher au doigt la conduite de Dieu dans la sanctification des âmes ; elle nous fait voir que tout l'exercice de l'amour divin consiste en sacrifices, et que, plus nous renonçons à nous-mêmes, plus nous nous aimons véritablement. La haine de nous-mêmes que Jésus-Christ nous commande, est donc un véritable amour ; et l'amour de nous-mêmes que Jésus-Christ réprouve est une véritable haine. Haïr son âme dans le sens de l'Évangile, c'est la sauver ; aimer son âme, c'est la perdre.
Quant à l'amour du prochain, Jésus-Christ nous apprend à regarder tous les hommes comme nos frères par la création et par la rédemption ; il nous apprend que tout le genre humain ne compose qu'une seule famille dont Dieu est le Père, dont son Fils unique est le Sauveur, dont le ciel est l'héritage, que tous possèderaient un jour en commun, si tous répondaient aux vues de Dieu. Ainsi nous devons aimer le prochain parce que Dieu l'aime, parce que Jésus-Christ l'aime, et nous ne devons mettre d'autres bornes à cet amour que celles qu'y a mises Jésus-Christ, c'est-à-dire que nous devons être disposés à tout souffrir de sa part, à tout lui pardonner, à lui faire tout le bien qui dépend de nous, jusqu'à donner, s'il le faut, notre vie pour son salut ; car c'est ainsi que Jésus-Christ veut que nous nous aimions à son exemple.
Ce que Jésus-Christ nous a enseigné il l'a pratiqué le premier dans toute la perfection ; il s'est proposé pour modèle, et il en a fait incomparablement plus qu'il n'en exige de nous.
Il nous recommande le détachement des biens de la terre ; et il est né, il a vécu, il est mort dans la plus grande pauvreté. Il n'a jamais rien possédé, ni terre, ni maison, ni argent ; et il a vu partager ses vêtements avant que de mourir.
Il nous recommande le renoncement aux plaisirs de la terre ; et, depuis son berceau jusqu'à la croix, sa vie n'a été qu'un tissu de souffrances : il n'a pas goûté un seul instant de repos sur la terre.
Il nous recommande la fuite des honneurs du monde ; et il a embrassé tous les genres d'humiliations. Il est né dans une étable ; il a vécu d'aumônes pendant sa prédication ; il a travaillé dans la boutique d'un artisan ; il a été calomnié, outragé, persécuté, trahi, renoncé, condamné au plus infâme supplice comme blasphémateur. L'envie, la malignité, le mépris, la dérision, la rage se sont portés contre lui aux plus grands excès ; jamais aucun scélérat, aucune peste publique n'a été traité d'une manière si cruelle, si indigne.
Voilà ce que Jésus-Christ a été sur la terre. Dans toutes les circonstances de sa vie, il n'y en a pas une qu'il n'ait voulue, qu'il n'ait choisie de préférence ; c'est lui-même qui en a composé toute la suite et qui en a ménagé l'enchaînement. Ce choix est le choix d'un Dieu ; c'est donc un choix infiniment sage. Ce choix avait pour but la réparation de la gloire de Dieu ; c'est donc par la pauvreté, par les souffrances, par les humiliations que Dieu veut être honoré. Ce choix avait aussi pour objet le salut du genre humain, et Jésus-Christ en nous sauvant par cette voie, nous a montré ce que nous devions faire nous-mêmes pour nous sauver. Nos croix unies à la croix du Sauveur sont donc le grand moyen, le moyen nécessaire et unique de salut. Enfin ce choix a été pour Jésus-Christ la source du bonheur et de la gloire. Il en sera de même pour tous les élus sans exception ; plus ils auront été pauvres de cœur, plus ils seront riches dans le ciel ; plus ils auront souffert, plus ils seront consolés ; plus ils auront été humiliés, plus ils seront glorifiés : en un mot, plus ils auront été anéantis, plus ils participeront à l'être de Dieu.
Croire tout cela, le pratiquer, y persévérer fidèlement jusqu'à la mort, c'est, selon l'expression de saint Paul, se revêtir de Jésus-Christ, c'est le suivre comme voie, c'est l'aimer comme vérité ; c'est le posséder même dès ici-bas comme vie.
Cette voie est une ; cette vérité est une ; cette vie est une. Qui n'entre pas dans cette voie s'écarte de la vérité et ne vivra jamais de la véritable vie. La voie contraire est une voie de mensonge, qui aboutit à la mort éternelle. Il n'y a pas de milieu, il faut entrer dans l'une ou dans l'autre voie. Heureux ceux qui auront pris Jésus-Christ pour guide et qui auront marché à sa lumière, ils arriveront au même terme. La voie passera, mais la vérité et la vie resteront éternellement.


(Extrait du Manuel des âmes intérieures)


Reportez-vous à L'intérieur de Jésus-Christ, Le malheur du Monde dans son opposition à Jésus-Christ, Sur la vérité, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la doctrine de la vérité, La crèche, L'intérieur de Marie, De l'amour pur, De la jalousie de Dieu, De l'enfance spirituelle, De la lumière divine, Vérités fondamentales touchant la vie intérieure, De la paix de l'âme, De la vie de l'âme, Du repos en Dieu, Sur l'Amour de Dieu, De la confiance en Dieu, De la prière continuelle, Dieu seul, Sur les réflexions dans l'oraison, De la pensée de l'éternité, Sur la pensée de la mort, Sur les paroles du Psaume LXXXll : Je suis devenu, en votre présence, comme une bête de somme, et je suis toujours avec vous, Marthe et Marie, De la pureté d'intention, Le prix d'une âme, De la Providence de Dieu sur ses enfants, De la générosité, De l'anéantissement, Du moi humain, Conduite à tenir à l'égard des tentations, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, Des tentations, Du directeur, Du cœur humain, Du monde, Faiblesse et corruption du cœur humain, Aveuglement de l'homme, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour du prochain, De l'esprit de Foi, De la fidélité aux petites choses, Sur les trois mots qui furent dits à saint Arsène : Fuyez, taisez-vous, reposez-vous, De l'emploi du temps, Ce que Dieu nous demande, et ce qu'il faut demander à Dieu, Commerce : Image de la vie spirituelle, De la liberté des enfants de Dieu, Instruction sur la Grâce, Instruction sur la Prière, Sur la sainteté, De la Crainte de Dieu, Conduite de Dieu sur l'âme, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Litanies de l'amour de DieuSoupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, Élan d'amour, Prière, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Prière de Saint Augustin, pour demander l'amour divin, Motifs et marques de l'amour de Dieu, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Se conformer en tout à la volonté de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Charité, Méditation sur l'excellence de la Charité, Prière pour demander la charité, De la force en soi-même et de la force en Dieu, De la consommation en la Grâce, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la croix, De la Simplicité, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis important pour ceux qui ont des peines d'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la vie nouvelle en Jésus-Christ, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens de parvenir à la vraie et solide vertu, Idée de la vraie Vertu, De la vraie et solide dévotion, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, En quelque état que vous soyez, rendez respectable, par vos sentiments et votre conduite, votre titre de Chrétienne, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin.