mardi 10 décembre 2019

Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin



Extrait du CATÉCHISME SPIRITUEL DE LA PERFECTION CHRÉTIENNE, TOME I, Composé par le R. P. J. J. SURIN, de la Compagnie de Jésus :





Des Vertus



Qu'est-ce que la Vertu ?

C'est une habitude de l'âme qui porte la volonté au bien.


Combien y a-t-il de sortes de vertus ?

Il y en a de deux sortes : les Vertus Théologales, qui sont la Foi, l'Espérance et la Charité : les Vertus Morales, dont quatre, savoir, la Prudence, la Justice, la Force et la Tempérance, sont appelées Cardinales, comme étant les principales qui influent dans toutes les autres. Parmi les autres Vertus Morales, la Religion qui regarde le culte divin, tient le premier rang : viennent ensuite la Miséricorde, l'Humilité, la Douceur, la Patience, qui règlent la conduite de l'homme envers le prochain ; la Pauvreté, la Chasteté, l'Obéissance, etc. qui règlent la conduite de l'homme par rapport à lui-même.


À laquelle de ces vertus doit particulièrement s'appliquer une personne spirituelle ?

À la douceur, et cela pour trois raisons. 1. Parce qu'on ne saurait pratiquer cette vertu sans en pratiquer plusieurs autres. 2. Parce qu'elle est dans l'intérieur, comme un puissant ressort qui donne le mouvement à tout. 3. Parce que N. S. l'a proposée à ses Disciples, comme le but auquel ils doivent tendre : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.


Comment justifiez- vous ce que vous dites de la douceur ?

Par le caractère même de cette vertu, qui renferme la plupart des autres. Par exemple, l'humilité se trouve dans la douceur ; l'orgueil ne pouvant compatir avec les sentiments que cette vertu inspire, ni s'accommoder de son langage modeste, et de ses manières insinuantes. Aussi voyons-nous que ceux qui sont véritablement doux sont toujours disposés à céder en tout aux autres, et à leur faire plaisir. On peut dire en général, que la douceur est une vertu qui nourrit et qui fortifie toutes les autres.


En quoi s'exerce la Foi, et quels effets produit-elle ?

Elle nous fait adhérer fortement aux vérités révélées, et nous porte à y conformer nos mœurs. Elle nous fait vivre selon l'esprit, et nous empêche de nous laisser conduire par notre propre sens, et par notre expérience, qui écartent de la pure Foi, et qui ne manquent point d'égarer, quand on les prend pour guides, et qu'on n'a pas soin de rectifier ce que l'on sent, sur ce que l'on croit.


En quoi consiste le parfait exercice de l’Espérance ?

Dans une confiance sans réserve, qui va jusqu'à l'abandon, et qui se repose uniquement sur les soins de la Providence.


Quand est-ce que la Charité est parfaite ?

Lorsqu'on se conforme en tout à la volonté de Dieu, qu'on se sert de tout pour croître en son amour, et qu'on a un soin particulier de s'avancer dans son service, et de procurer sa gloire.


Qu'est-ce que pratiquer la pauvreté Religieuse ?

Se dépouiller volontairement de tous les biens de la terre, user avec modération des choses nécessaires ; fuir l'abondance, et se réjouir quand on manque de tout.


À quoi porte la Chasteté ?

À s'éloigner de tout plaisir sensuel, à se défendre des attraits du plaisir, à garder exactement ses sens, à fuir les occasions où cette vertu pourrait souffrir la moindre atteinte, et à se priver de toute délicatesse qui flatte le corps.


Quelle est la perfection de l'obéissance Religieuse ?

Elle consiste à exécuter promptement les ordres des Supérieurs, en les regardant comme les Lieutenants de Dieu ; à obéir volontiers, et avec une espèce de joie spirituelle ; à soumettre son jugement à celui du Supérieur, avec une déférence aveugle.


En quoi consiste la simplicité Religieuse ?

À n'avoir qu'une simple vue, qui tend toujours au bien, sans envisager jamais le mal. Elle consiste aussi dans un procédé sans déguisement, et accompagné d'une candeur, qui parte d'un cœur droit et sincère.


Quelles sont les vertus et les saintes habitudes qu'on peut appeler les conservatrices de toutes les autres ?

Il y en a particulièrement trois ; l'Humilité, l'Oraison et l'Abstinence. On peut dire que l'Oraison les arrose ; que l'humilité les met à couvert, et que l'abstinence les défend et les conserve, en desséchant la racine des vices qui pourraient les détruire.


Quels devoirs prescrit la vertu de Religion ?

Elle en prescrit cinq, et ce sont les principaux qui regardent le culte divin ; savoir, les Actes d'Adoration, d'Actions de grâces, d'Oblation ; ce qui comprend le sacrifice de Protestation et de Demande.
Nous parlerons de l'Humilité et de la Miséricorde envers le prochain, dans le Chapitre 4. de la quatrième Partie.


Quelles sont les fonctions de la Prudence ?

C'est de nous marquer la conduite que nous devons garder envers nous-mêmes et envers les autres. Envers nous-mêmes, en nous faisant tenir le juste milieu entre le trop et le trop peu ; de sorte que nous ne nous flattions point par délicatesse, et que nous ne nous accablions point par indiscrétion. Envers les autres, en nous apprenant à discerner les esprits, à conseiller et à diriger chacun selon ses besoins ; ce qui est du devoir des Supérieurs et des Directeurs des âmes.


Quels sont les devoirs de la Justice ?

Elle en a deux principaux, qui sont, de rendre à chacun ce qui lui appartient, et d'employer les corrections et les châtiments d'une manière chrétienne, sans perdre de vue la Charité, et en se proposant le véritable bien de ceux que l'on corrige ; en quoi il faut observer trois choses. 1. De punir sans passion. 2. De ne point punir sur-le-champ celui qu'on surprend en faute, mais d'attendre qu'il ait eu le temps de se reconnaître et de revenir à soi. 3. De faire en sorte que la douceur assaisonne la correction, et que celui qu'on punit, puisse comprendre qu'on ne cherche que son amendement et sa perfection.


En quoi se montre la force ?

Dans la souffrance et dans les travaux qu'elle fait supporter avec constance : dans la manière d'agir qu'elle rend généreuse, et capable de surmonter les plus grands obstacles.


En quoi faut-il pratiquer la Tempérance ?

Particulièrement en trois choses. 1. Ne pas se rassasier durant le repas, sortant de table sans avoir accordé, à son appétit tout ce qu'on pourrait, même sans excès, 2. Se retrancher quelque chose de chaque mets, pour réprimer l'avidité de manger. 3. Ne prendre aucune nourriture entre les repas, si ce n'est pour cause d'infirmité, ou de travail extraordinaire. Tout cela est important pour les personnes qui veulent devenir spirituelles.


Quelles qualités doivent avoir les vertus pour être véritables ?

Il faut qu'elles soient chrétiennes, qu'elles soient intérieures, et pour ainsi dire, profondes ; qu'elles soient solides.


Qu'entendez-vous par vertus chrétiennes ?

J'entends celles qu'on pratique par des motifs de Foi, et en vue de Dieu, et non par des motifs humains, à la manière des Philosophes.


Qu'est-ce à dire intérieures et profondes ?

C'est qu'elles ne soient pas superficielles, qu'elles partent de l'intérieur, qu'elles tiennent au fond de l'âme, et qu'on n'imite pas la conduite de ces personnes, qui ne réforment pas leur intérieur, et qui se contentent de quelques pratiques extérieures, sans aller jamais à la racine des vices, par une véritable abnégation.


Qu'est-ce à dire solides ?

C'est-à-dire, qu'elles aient été éprouvées, sans quoi on n'y peut pas beaucoup compter. Nous avons parlé de ces épreuves et de cette solidité des vertus dans le Chapitre 6. de la première Partie.



Reportez-vous à Excellence et nécessité de l'Humilité, Idée de la vraie VertuDe l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie mixte, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la nourriture du corps, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des amitiés, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du Recueillement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du vrai Religieux, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Habits, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph SurinL'obéissance est la fille et l'inséparable compagne de l'humilitéMéditation sur la connaissance des vertus et des vices, VIE CHRÉTIENNE : Repas, Récréations, Conversations et Visites, Méditation sur le Carême : Jésus ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite, Instruction sur le Carême, Méditation sur le véritable jeûne, Méditation sur la Loi du jeûneCatéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (1), Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (2), De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur l'obligation de mener une vie pénitente et mortifiée, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers la Passion de Jésus-Christ, Le Saint Curé d'Ars dans sa conversation : Pensées de M. Vianney sur les joies de la vie intérieure, Saint Joseph, patron et modèle des âmes intérieures, De la vie illuminative, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Dévotion au Sacré-cœur de Jésus : Don de l'Esprit et Vie intérieure, La dévotion au Cœur sacré de Jésus : Réparation, immolation, pénitence, confiance et pur amour, Jésus crucifié est le Livre des Élus, De la réformation de la mémoire, par Le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction pour les personnes qui entrent dans la voie d'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Que les âmes lâches fassent tous leurs efforts pour acquérir la bonne volonté qui leur manque, De l'Oraison et de la Contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Simple et courte méthode d'oraison mentale, De l'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Pénitence et de l'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, De la contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, Les voies du salut, De l'amour du Père Surin pour l'humilité, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De l'amour étonnant du Père Surin pour l'abjection, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De l'amour admirable du Père Surin pour les souffrances, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De l'imagination de l'homme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'entendement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de la colère, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie Purgative, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, En quoi consiste la perfection chrétienne : pour l'acquérir il faut combattre, et pour sortir victorieux de ce combat, quatre choses sont nécessaires, De la sècheresse dans l'oraison, Du devoir des Veuves, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Ce qu'est l'oraison mentale, par le R.P. D. Laurent Scupoli, Clerc Régulier Théatin, Méditation sur la nécessité des progrès dans la vertu, De la Réduction des Hérétiques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'Amour, de la Haine, du Désir et de l'Aversion, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, Pour la direction et la progression spirituelles : Quel chrétien êtes-vous ?, Le souvenir de nos péchés est un moyen propre pour nous aider à supporter avec résignation, toutes les afflictions que Dieu nous envoie, Avis pour la lecture spirituelle, Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (2/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (3/4), et Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (4/4).
.