Le Saint Curé d'Ars |
Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :
En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu.
Cet exercice consiste en deux points, c'est-à-dire, en deux actes : l'un de l'entendement, et l'autre de la volonté. Celui de l'entendement doit marcher le premier, comme étant toujours requis et toujours présupposé pour la production de quelque acte de volonté que ce soit. Or, ce premier acte consiste à considérer que Dieu est présent partout, qu'il remplit tout l'univers, qu'il est tout en tout, et tout en quelque partie et en quelque créature que ce soit, et à faire ensuite un acte de foi sur cette pensée : c'est en effet une vérité que la foi nous propose. Il n'est pas loin de chacun de nous, dit l'Apôtre ; car nous vivons en lui ; et c'est en lui que nous avons le mouvement et l'être. Il ne faut pas que vous pensiez que Dieu est loin de vous, ou hors de vous ; il est au dedans de vous-même. « Je cherchais hors de moi, Seigneur, disait saint Augustin, celui qui était au dedans de moi. » Dieu est présent en vous et au-dedans de vous, d'une manière plus réelle que vous n'y êtes vous-même. C'est lui qui donne la vie à tout ce qui vit, la force et le mouvement à tout ce qui se meut, et l'être à tout ce qui respire. Il conserve toutes choses par le pouvoir de sa présence ; et sans le secours continuel de cette présence, toutes choses cesseraient d'être et retomberaient dans le néant. Considérez donc que vous êtes tout rempli de Dieu, tout environné de Dieu, et comme nageant en Dieu.
Si je monte au Ciel, disait David (Ps 138), vous y êtes, si je descends dans les enfers, je vous y trouve ; et si je vole jusqu'aux extrémités de la mer, avec la même vitesse que les rayons de l'aurore se portent d'un bout de l'horizon à l'autre, c'est votre main qui me conduit.
Il faut au reste se souvenir que pour se mettre en la présence de Dieu, il n'est pas nécessaire de se le représenter à notre côté, ou en tel et tel endroit déterminé, ni de se l'imaginer sous telle ou telle forme.
Mais comment faut-il, me dira-t-on, que nous considérions Dieu comme présent ? En formant simplement un acte de foi sur cette vérité, et présupposant qu'il est effectivement présent, puisque la foi nous le dit, sans vouloir d'ailleurs approfondir de quelle façon cela se fait. C'est ainsi que le pratiquait Moïse qui, au rapport de Saint Paul considéra Dieu tout invisible qu'il est, et l'eut toujours présent à l'esprit, comme s'il l'eut vu.
Quand on parle à quelque ami dans l'obscurité de la nuit, on ne songe qu'à jouir de son entretien, et du plaisir qu'on a de savoir qu'il est présent, sans s'arrêter à se le figurer dans l'imagination ; de même nous devons nous arrêter simplement à considérer que Dieu est présent, et nous contenter de jouir du fruit que nous pouvons recueillir de cette présence.
Tout ce que nous venons de dire regarde le premier acte, qui est celui de l'entendement ; mais ce n'est pas ce qu'il y a de principal dans le sujet que nous traitons : non seulement il faut occuper l'entendement à considérer Dieu comme présent, mais il faut exercer ensuite la volonté à l'aimer, et à s'unir avec lui ; et c'est en cela que consiste principalement l'exercice de cette présence, ainsi que nous le ferons voir dans l'article suivant (Des actes de la volonté dans l'exercice de la présence de Dieu).
Reportez-vous à Dieu est présent partout, Simple et courte méthode d'oraison mentale, Méditation sur la présence de Dieu, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Trois temps pour l'examen particulier, Combien sont mal fondées les plaintes de ceux qui se disent incapables de méditer, Jésus maudit ce que le monde estime et De la cause des distractions dans l'oraison et des remèdes que l'on peut y apporter.