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samedi 24 décembre 2016

Quo graviora, Lettre apostolique de Sa Sainteté le Pape Léon XII





QUO GRAVIORA


Lettre apostolique de Sa Sainteté le Pape Léon XII


Condamnation de la Société dite des Francs-Maçons

et des autres Sociétés secrètes


(13 mars 1826)




LÉON, ÉVÊQUE.
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU.



Pour en conserver le perpétuel souvenir.

Plus sont grands les désastres qui menacent le troupeau de Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur, plus doit redoubler, pour les détourner, la sollicitude des Pontifes Romains auxquels, dans la personne de saint Pierre, prince des apôtres, ont été conférés le pouvoir et le soin de conduire ce même troupeau. C’est à eux, en effet, comme étant placés au poste le plus élevé de l’Église, qu’il appartient de découvrir de loin les embûches préparées par les ennemis du nom chrétien pour exterminer l’Église de Jésus-Christ (ce à quoi ils ne parviendront jamais) : c’est à eux qu’il appartient tantôt de signaler aux fidèles et de démasquer ces embûches, afin qu’ils s’en gardent, tantôt de les détourner et de les dissiper de leur propre autorité.

Les Pontifes Romains, Nos prédécesseurs, ayant compris qu’ils avaient cette grande tâche à remplir, veillèrent toujours comme de bons pasteurs, et s’efforcèrent, par des exhortations, des enseignements, des décrets, et en exposant même leur vie pour le bien de leurs brebis, de réprimer et de détruire entièrement les sectes qui menaçaient l’Église d’une ruine complète. Le souvenir de cette sollicitude pontificale ne se retrouve pas seulement dans les anciennes annales ecclésiastiques, on en retrouve d’éclatantes preuves dans ce qui a été fait de nos jours et du temps de nos pères par les Pontifes Romains, pour s’opposer aux associations secrètes des ennemis de Jésus-Christ ; car Clément XII, Notre prédécesseur, ayant vu que la secte dite des Francs-Maçons, ou appelée d’un autre nom, acquérait chaque jour une nouvelle force, et ayant appris avec certitude, par de nombreuses preuves, que cette secte était non seulement suspecte mais ouvertement ennemie de l’Église catholique, la condamna par une excellente constitution qui commence par ces mots : In eminenti publiée le 28 avril 1738, et dont voici la teneur : (lire).

Cette Bulle ne parut pas suffisante à Notre prédécesseur d’heureuse mémoire, Benoît XIV, car le bruit s’était répandu que Clément XII étant mort, la peine d’excommunication portée par sa Bulle était sans effet, puisque cette Bulle n’avait pas été expressément confirmée par son successeur. Sans doute il était absurde de prétendre que les Bulles des anciens Pontifes dussent tomber en désuétude si elles n’étaient pas approuvées expressément par leurs successeurs, et il était évident que Benoît XIV avait ratifié la Bulle publiée par Clément XII. Cependant, pour ôter aux sectaires jusqu’au moindre prétexte, Benoît XIV publia une nouvelle Bulle commençant ainsi : Providas, et datée du 18 mars 1751 ; dans cette Bulle, il rapporta et confirma textuellement et de la manière la plus expresse celle de son prédécesseur. En voici la teneur : (lire).

Plût à Dieu que ceux qui avaient le pouvoir en main eussent su apprécier ces décrets autant que l’exigeait le salut de la religion et de l’État ! Plût à Dieu qu’ils eussent été convaincus qu’ils devaient voir dans les Pontifes Romains, successeurs de saint Pierre, non seulement les pasteurs et les chefs de l’Église catholique, mais encore les plus fermes appuis des gouvernements et les sentinelles les plus vigilantes pour découvrir les périls de la société ! Plût à Dieu qu’ils eussent employé leur puissance à combattre et à détruire les sectes dont le Siège Apostolique leur avait découvert la perfidie ! Ils y auraient réussi dès lors ; mais, soit que ces sectaires aient eu l’adresse de cacher leurs complots, soit que, par une négligence ou une imprudence coupable, on eût présenté la chose comme peu importante et devant être négligée, les Francs-Maçons ont donné naissance à des réunions plus dangereuses encore et plus audacieuses.

On doit placer à leur tête celle des Carbonari, qui paraîtrait les renfermer toutes dans son sein, et qui est la plus considérable en Italie et dans quelques autres pays. Divisée en différentes branches et sous des noms divers, elle a osé entreprendre de combattre la religion catholique et de lutter contre l’autorité légitime. Ce fut pour délivrer l’Italie et les autres pays, et spécialement les États du Souverain Pontife, de ce fléau qui avait été apporté par des étrangers dans le temps où l’autorité pontificale était entravée par l’invasion, que Pie VII, Notre prédécesseur d’heureuse mémoire, publia une Bulle, le 13 septembre 1821, commençant par ces mots : Ecclesiam a Jesu Christo. Elle condamne la secte dite des Carbonari sous les peines les plus graves, sous quelque dénomination et dans quelque pays qu’elle existe. En voici la teneur : (lire).

Il y avait peu de temps que cette Bulle avait été publiée par Pie VII, lorsque Nous avons été appelé, malgré la faiblesse de nos mérites, à lui succéder au Saint Siège. Nous Nous sommes aussitôt appliqué à examiner l’état, le nombre et la force de ces associations secrètes et Nous avons reconnu facilement que leur audace s’était accrue par les nouvelles sectes qui s’y sont rattachées. Celle qu’on désigne sous le nom d’Universitaire a surtout fixé notre attention ; elle a établi son siège dans plusieurs universités, où des jeunes gens, au lieu d’être instruits, sont pervertis par quelques maîtres, initiés à des mystères qu’on pourrait appeler des mystères d’iniquité, et formés à tous les crimes.

De là vient que si longtemps après que le flambeau de la révolte a été allumé pour la première fois en Europe par les sociétés secrètes, et qu’il a été porté au loin par ses agents, après les éclatantes victoires remportées par les plus puissants princes et qui Nous faisaient espérer la répression de ces sociétés ; cependant, leurs coupables efforts n’ont pas encore cessé : car, dans les mêmes contrées où les anciennes tempêtes paraissaient apaisées, n’a-t-on pas à craindre de nouveaux troubles et de nouvelles séditions que ces sociétés trament sans cesse ? N’y redoute-t-on pas les poignards impies dont ils frappent en secret ceux qu’ils ont désignés à la mort ? Combien de luttes terribles l’autorité n’a-t-elle pas eu à soutenir malgré elle, pour maintenir la tranquillité publique ?

On doit encore attribuer à ces associations les affreuses calamités qui désolent de toute part l’Église, et que Nous ne pouvons rappeler sans une profonde douleur : on attaque avec audace ses dogmes et ses préceptes les plus sacrés ; on cherche à avilir son autorité, et la paix dont elle aurait le droit de jouir est non seulement troublée, mais on pourrait dire qu’elle est détruite.

On ne doit pas s’imaginer que Nous attribuions faussement et par calomnie à ces associations secrètes tous les maux et d’autres que Nous ne signalons pas. Les ouvrages que leurs membres ont osé publier sur la religion et sur la chose publique, leur mépris pour l’autorité, leur haine pour la souveraineté, leurs attaques contre la divinité de Jésus-Christ et l’existence même d’un Dieu, le matérialisme qu’ils professent, leurs codes et leurs statuts, qui démontrent leurs projets et leurs vues, prouvent ce que Nous avons rapporté de leurs efforts pour renverser les princes légitimes et pour ébranler les fondements de l’Église ; et ce qui est également certain, c’est que ces différentes associations, quoique portant diverses dénominations, sont alliées entre elles par leurs infâmes projets.

D’après cet exposé, Nous pensons qu’il est de Notre devoir de condamner de nouveau ces associations secrètes, pour qu’aucune d’elles ne puisse prétendre qu’elle n’est pas comprise dans Notre sentence apostolique et se servir de ce prétexte pour induire en erreur des hommes faciles à tromper.

Ainsi, après avoir pris l’avis de Nos Vénérables Frères les Cardinaux de la sainte Église Romaine, de Notre propre mouvement, de Notre science certaine et après de mûres réflexions, Nous défendons pour toujours et sous les peines infligées dans les Bulles de Nos prédécesseurs insérées dans la présente et que Nous confirmons, Nous défendons, disons-Nous, toutes associations secrètes, tant celles qui sont formées maintenant que celles qui, sous quelque nom que ce soit, pourront se former à l’avenir, et celles qui concevraient contre l’Église et toute autorité légitime les projets que Nous venons de signaler.

C’est pourquoi Nous ordonnons à tous et à chaque chrétien, quels que soient leur état, leur rang, leur dignité ou leur profession, laïques ou prêtres, réguliers ou séculiers, sans qu’il soit nécessaire de les nommer ici en particulier, et, en vertu de la sainte obéissance, de ne jamais se permettre, sous quelque prétexte que ce soit, d’entrer dans les susdites sociétés, de les propager, de les favoriser ou de les recevoir ou cacher dans sa demeure ou autre part, de se faire initier à ces sociétés dans quelque grade que ce soit, de souffrir qu’elles se rassemblent ou de leur donner des conseils ou des secours ouvertement ou en secret, directement ou indirectement, ou bien d’engager d’autres, de les séduire, de les porter ou de les persuader à se faire recevoir ou initier dans ces sociétés, dans quelque grade que ce soit, ou d’assister à leurs réunions, ou de les aider ou favoriser de quelque manière que ce soit ; au contraire, qu’ils se tiennent soigneusement éloignés de ces sociétés, de leurs associations, réunions ou assemblées, sous peine d’excommunication dans laquelle ceux qui auront contrevenu à cette défense tomberont par le fait même, sans qu’ils puissent jamais en être relevés que par Nous ou Nos successeurs, si ce n’est en danger de mort.

Nous ordonnons en outre à tous et à chacun, sous peine de l’excommunication réservée à Nous et à Nos successeurs, de déclarer à l’évêque et aux autres personnes que cela concerne, dès qu’ils en auront connaissance, si quelqu’un appartient à ces sociétés ou s’est rendu coupable de quelques-uns des délits susmentionnés.

Nous condamnons surtout et Nous déclarons nul le serment impie et coupable par lequel ceux qui entrent dans ces associations s’engagent à ne révéler à personne ce qui regarde ces sectes, et à frapper de mort les membres de ces associations qui feraient des révélations à des supérieurs ecclésiastiques ou laïques. N’est-ce pas, en effet, un crime que de regarder comme un lien obligatoire, un serment, c’est-à-dire un acte qui doit se faire en toute justice, et où l’on s’engage à commettre un assassinat, et à mépriser l’autorité de ceux qui, étant chargés du pouvoir ecclésiastique ou civil, doivent connaître tout ce qui est important pour la religion et la société, et ce qui peut porter atteinte à leur tranquillité ? N’est-ce pas indigne et inique de prendre Dieu à témoin de pareils attentats ? Les Pères du Concile de Latran ont dit avec beaucoup de sagesse (can. 3) « qu’il ne faut pas considérer comme serment, mais plutôt comme parjure tout ce qui a été promis au détriment de l’Église et contre les règles de la tradition. » Peut-on tolérer l’audace ou plutôt la démence de ces hommes qui, disant, non seulement en secret, mais hautement, qu’il n’y a point de Dieu, et le publiant dans leurs écrits, osent cependant exiger en son nom un serment de ceux qu’ils admettent dans leur secte ?

Voilà ce que Nous avons arrêté pour réprimer et condamner toutes les sectes odieuses et criminelles. Maintenant, Vénérables Frères, Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques, Nous demandons, ou plutôt Nous implorons votre secours ; donnez tous vos soins au troupeau que le Saint-Esprit vous a confié en vous nommant évêques de son Église. Des loups dévorants se précipiteront sur vous et n’épargneront pas vos brebis. Soyez sans crainte, et ne regardez pas votre vie comme plus précieuse que vous-mêmes. Soyez convaincus que la constance de vos troupeaux dans la religion et dans le bien dépend surtout de vous ; car, quoique nous vivions dans des jours mauvais et où plusieurs ne supportent pas la saine doctrine, cependant beaucoup de fidèles respectent encore leurs pasteurs, et les regardent avec raison comme les ministres de Jésus-Christ et les dispensateurs de ses mystères. Servez-vous donc, pour l’avantage de votre troupeau, de cette autorité que Dieu vous a donnée sur leurs âmes par une grâce signalée. Découvrez-leur les ruses des sectaires et les moyens qu’ils doivent employer pour s’en préserver. Inspirez-leur de l’horreur pour ceux qui professent une doctrine perverse, qui tournent en dérision les mystères de notre religion et les préceptes si purs de Jésus-Christ, et qui attaquent la puissance légitime. Enfin, pour Nous servir des paroles de Notre prédécesseur Clément XIII, dans sa Lettre encyclique A quo die à tous les Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques de l’Église catholique, en date du 14 septembre 1758 :
« Pénétrons-nous, je vous en conjure, de la force de l’Esprit du Seigneur, de l’intelligence et du courage qui en sont le fruit, afin de ne pas ressembler à ces chiens qui ne peuvent aboyer, laissant nos troupeaux exposés à la rapacité des bêtes des champs. Que rien ne nous arrête dans le devoir où nous sommes de souffrir toutes sortes de combats pour l’amour de Dieu et le salut des âmes. Ayons sans cesse devant les yeux celui qui fut aussi, pendant sa vie, en butte à la contradiction des pécheurs ; car si nous nous laissons ébranler par l’audace des méchants, c’en est fait de la force de l’épiscopat, de l’autorité sublime et divine de l’Église. Il ne faut plus songer à être chrétiens si nous en sommes venus au point de trembler devant les menaces ou les embûches de nos ennemis. »

Princes catholiques, Nos très chers fils en Jésus Christ, pour qui Nous avons une affection particulière, Nous vous demandons avec instance de venir à Notre secours. Nous vous rappellerons ces paroles que Léon le Grand, notre prédécesseur et dont Nous portons le nom, quoique indigne de lui être comparé, adressait à l’empereur Léon : « Vous devez sans cesse vous rappeler que la puissance royale ne vous a pas seulement été conférée pour gouverner le monde, mais encore et principalement pour prêter main forte à l’Église, en comprimant les méchants avec courage, en protégeant les bonnes lois, en rétablissant l’ordre dans toutes les choses où il a été troublé ». Les circonstances actuelles sont telles que vous avez à réprimer ces sociétés secrètes, non seulement pour défendre la religion catholique, mais encore pour votre propre sûreté et pour celle de vos sujets. La cause de la religion est aujourd’hui tellement liée à celle de la société, qu’on ne peut plus les séparer ; car ceux qui font partie de ces associations ne sont pas moins ennemis de votre puissance que de la religion. Ils attaquent l’une et l’autre et désirent également les voir renversées ; et s’ils le pouvaient, ils ne laisseraient subsister ni la religion ni l’autorité royale.

Telle est la perfidie de ces hommes astucieux, que, lorsqu’ils forment des vœux secrets pour renverser votre puissance, ils feignent de vouloir l’étendre. Ils essaient de persuader que Notre pouvoir et celui des évêques doit être restreint et affaibli par les princes, et qu’il faut transférer à ceux-ci les droits, tant de cette Chaire apostolique et de cette Église principale, que des évêques appelés à partager Notre sollicitude.

Ce n’est pas la haine seule de la religion qui anime leur zèle, mais l’espoir que les peuples soumis à votre empire, en voyant renverser les bornes posées dans les choses saintes par Jésus-Christ et son Église, seront amenés facilement par cet exemple à changer ou à détruire aussi la forme du gouvernement.

Vous aussi, Fils chéris, qui professez la religion catholique, Nous vous adressons particulièrement Nos prières et Nos exhortations. Évitez avec soin ceux qui appellent la lumière ténèbres et les ténèbres lumière. En effet, quel avantage auriez-vous à vous lier avec des hommes qui ne tiennent aucun compte ni de Dieu ni des puissances, qui leur déclarent la guerre par des intrigues et des assemblées secrètes, et qui, tout en publiant tout haut qu’ils ne veulent que le bien de l’Église et de la société, prouvent par toutes leurs actions qu’ils cherchent à porter le trouble partout et à tout renverser ? Ces hommes sont semblables à ceux à qui l’apôtre saint Jean ordonne de ne pas donner l’hospitalité, et qu’il ne veut pas qu’on salue (IIe Épître, v. 10) ; ce sont les mêmes que nos pères appelaient les premiers nés du démon.

Gardez-vous donc de leurs séductions et des discours flatteurs qu’ils emploieront pour vous faire entrer dans les associations dont ils font partie. Soyez convaincus que personne ne peut être lié à ces sociétés sans se rendre coupable d’un péché grave : fermez l’oreille aux paroles de ceux qui, pour vous attirer dans leurs assemblées, vous affirmeront qu’il ne se commet rien de contraire à la raison et à la religion, et qu’on n’y voit et n’y entend rien que de pur, de droit et d’honnête. D’abord ce serment coupable dont Nous avons parlé, et qu’on prête même dans les grades inférieurs, suffit pour que vous compreniez qu’il est défendu d’entrer dans ces premiers grades et d’y rester ; ensuite, quoique l’on n’ait pas coutume de confier ce qu’il y a de plus compromettant et de plus criminel à ceux qui ne sont pas parvenus à des grades éminents, il est cependant manifeste que la force et l’audace de ces sociétés pernicieuses s’accroissent en raison du nombre et de l’accord de ceux qui en font partie. Ainsi ceux qui n’ont pas passé les rangs inférieurs doivent être considérés comme les complices du même crime, et cette sentence de l’apôtre (Épître aux Romains, ch. 1) tombe sur eux : « Ceux qui font ces choses sont dignes de mort, et non seulement ceux qui les font, mais même ceux qui s’associent à ceux qui s’en rendent coupables ».

Enfin, Nous Nous adressons avec affection à ceux qui, malgré les lumières qu’ils avaient reçues, et la part qu’ils avaient eue au don céleste et aux grâces de l’Esprit-Saint, ont eu le malheur de se laisser séduire et d’entrer dans ces associations, soit dans les rangs inférieurs, soit dans les degrés plus élevés. Nous qui tenons la place de Celui qui a déclaré qu’il n’était pas venu appeler les justes mais les pêcheurs, et qui s’est comparé au pasteur qui, abandonnant le reste de son troupeau, cherche avec inquiétude la brebis qu’il a perdue, Nous les pressons et Nous les prions de revenir à Jésus-Christ. Sans doute ils ont commis un grand crime, cependant ils ne doivent point désespérer de la miséricorde et de la clémence de Dieu et de son Fils Jésus-Christ ; qu’ils rentrent dans les voies du Seigneur, il ne les repoussera pas ; mais semblable au père de l’enfant prodigue, il ouvrira ses bras pour les recevoir avec tendresse. Pour faire tout ce qui est en Notre pouvoir et pour leur rendre plus facile le chemin de la pénitence, Nous suspendons pendant l’espace d’un an après la publication de ces Lettres apostoliques dans le pays qu’ils habitent, l’obligation de dénoncer leurs frères, et Nous déclarons qu’ils peuvent être relevés de ces censures, même en ne dénonçant pas leurs complices, par tout confesseur approuvé par les Ordinaires des lieux qu’ils habitent.

Nous usons également de la même indulgence à l’égard de ceux qui demeurent à Rome. Si quelqu’un (ce qu’à Dieu ne plaise !) était assez endurci pour ne pas abandonner ces sociétés dans le temps que Nous avons prescrit, il sera tenu de dénoncer ses complices, et il sera sous le poids des censures s’il revient à résipiscence après cette époque ; il ne pourra obtenir l’absolution qu’après avoir dénoncé ses complices, ou au moins juré de les dénoncer le plus tôt possible. Cette absolution ne pourra être donnée que par Nous, Nos successeurs ou ceux qui auront obtenu du Saint-Siège la faculté de relever de ces censures.

Nous voulons que les exemplaires imprimés du présent Bref apostolique, lorsqu’ils seront signés de la main d’un notaire public et munis du sceau d’un dignitaire de l’Église, obtiennent la même foi que l’original.

Que personne ne se permette d’enfreindre ou de contredire Notre présente déclaration, condamnation, ordre, défense, invocation, réquisition, décret et volonté. Si, néanmoins, quelqu’un se le permettait, qu’il sache qu’il s’attire par là la colère du Dieu tout-puissant et des saints apôtres Pierre et Paul.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, l’année de l’Incarnation de Notre-Seigneur 1825, le 3 des ides de Mars (13 mars 1826), de notre Pontificat l’an II.






Lire "La conjuration antichrétienne" de Mgr Delassus et Réflexions sur les ennemis et la manœuvre de Jean Vaquié.


Écoutez ce sermon pour le 10e Dimanche après la Pentecôte (aller à 2h14).


Reportez-vous à Auspicato concessum, du Pape Léon XIII, sur le Tiers-Ordre de Saint François, Les Catholiques et le vote : L'exemple édifiant du Cardinal Sarto, futur Pape Pie X, Traditi humilitati nostrae du Pape Pie VIII, In Eminenti du Pape Clément XII, Bulle Providas romanorum du Pape Benoît XIV, Multiplices inter du Pape Pie IX, Ecclesiam a Jesu Christo du Pape Pie VII, Prière pour la conversion des francs-maçons et Lettre encyclique du Pape Léon XIII, Qui pluribus du Pape Pie IX, Diuturnum Illud du Pape Léon XIII, sur l'origine du pouvoir civil, Cum ex apostolatus officio du Pape Paul IV, Quod apostolici Muneris du Pape Léon XIII, Histoire religieuse des deux cités, Mirari vos du Pape Grégoire XVI, Libertas Praestantissimum du Pape Léon XIII, Mortalium animos du Pape Pie XI, Par quelles armes battre le Tentateur ? et Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du diable.














vendredi 23 décembre 2016

TRADITI HUMILITATI NOSTRAE, Lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Pie VIII





TRADITI HUMILITATI NOSTRAE


LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE VIII

À TOUS LES PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVÊQUES ET ÉVÊQUES.




À nos vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques.

PIE VIII, PAPE.



Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique.


Au moment de prendre possession dans la basilique de Latran, suivant l'usage de nos prédécesseurs, du pontificat confié à notre faiblesse, nous vous ouvrons avec joie notre cœur, vénérables Frères, qui nous avez été donnés pour auxiliaires dans une si haute charge par celui qui dispose des emplois comme des événements. Ce n'est pas seulement pour nous une satisfaction et un plaisir de vous déclarer nos intentions et nos sentiments pour vous, mais il est très important pour la religion que nous nous entretenions ensemble pour rechercher les choses qui lui sont et doivent lui être les plus utiles.
En effet, c'est pour nous un devoir que le divin fondateur de l'Église nous a imposé dans la personne de Saint Pierre, de paître, de diriger et de gouverner non seulement les agneaux, c'est-à-dire le peuple chrétien, mais aussi les brebis, c'est-à-dire les pasteurs eux-mêmes.
Certes nous nous réjouissons, et nous bénissons le prince des pasteurs qui a confié la garde de son troupeau à des chefs qui n'ont d'autre soin et d'autre pensée que de conduire dans les voies de la justice tous ceux qu'ils ont reçus de la main de leur père, et qui en éloignent avec sollicitude tous les dangers pour n'en perdre aucun : car nous connaissons parfaitement, vénérables frères, votre foi inébranlable, votre zèle constant pour la religion, l'admirable sainteté de votre vie, et votre rare sagesse. Aussi nous attendons avec confiance tous les avantages que doit procurer à l'Église, à notre Saint-Siège et à nous-mêmes un tel concours d'ouvriers que rien ne saurait confondre. Cet espoir nous fortifie contre la crainte que nous inspire le poids de notre charge ; il nous soutient et nous relève au milieu des sollicitudes amères dont nous sommes accablés : aussi nous nous dispensons volontiers de vous adresser de longs avis pour vous rappeler ce que vous devez toujours avoir sous les yeux pour administrer convenablement les choses saintes et suivre les canons. Pourquoi voudrions-nous exciter votre zèle, alors que de vous-mêmes vous travaillez avec tant d'ardeur ? Nous ne vous dirons pas non plus que personne ne doit se séparer de son troupeau ni le négliger, et avec quelle attention, quelle circonspection vous devez choisir les ministres des autels. Nous aimons mieux adresser des vœux au Dieu sauveur pour qu'il vous soutienne par sa protection toute puissante, et qu'il fasse prospérer vos actions et vos efforts.
Cependant, bien que cet aspect de votre vertu soit une consolation que Dieu nous donne, vénérables Frères, il faut que la tristesse nous accable encore, nous qui au sein de la paix sentons l'amère douleur qui nous vient des enfants du siècle. Nous vous parlons de choses qui sont connues, qui sont manifestes, que nous déplorons tous ensemble, et qu'il faut par conséquent attaquer d'un commun effort pour les réformer et les détruire ; nous vous parlons de ces erreurs innombrables, de ces doctrines perverses à l'aide desquelles on attaque la foi catholique, non plus en secret et avec déguisement, mais publiquement et avec violence. Vous connaissez la ligue criminelle de ces hommes qui font la guerre à la religion au nom d'une philosophie dont ils se proclament les docteurs, et à l'aide de vaines impostures appropriées aux maximes du monde ; c'est surtout contre le siège du bienheureux Pierre, dans lequel Jésus-Christ a établi la force de son Église, qu'ils dirigent leurs coups ; et par suite les liens de l'unité se relâchent de jour en jour : l'autorité de l'Église est méconnue ; les ministres des choses saintes sont un objet de haine et de mépris ; les préceptes les plus sacrés sont violés ; les pratiques saintes sont un sujet de moquerie ; et le pécheur ayant en exécration le culte du vrai Dieu, tous les enseignements de la religion sont assimilés à de vieilles fables et à de vaines superstitions.
Hélas ! il n'est que trop vrai, et nous ne pouvons le dire sans verser des larmes : « Les lions ont rugi contre Israël. Oui, ils se sont réunis contre le Seigneur et contre son Christ, et les impies se sont écriés : Détruisez-la, détruisez-la jusqu'aux fondements. »
Voilà où tend cette horrible conspiration des sophistes de ce siècle, qui n'admettent point de différence entre les diverses professions de foi ; pensent que chaque religion offre à tous un port de salut, et flétrissent d'une tache de légèreté et de folie ceux qui abjurant la religion dans laquelle ils ont été élevés en embrassent une autre, fût-ce même la religion catholique. Prodige horrible d'impiété, qui confond dans les mêmes hommages la vérité et l'erreur, la vertu et le vice, l'honneur et l'infamie ! Les seules lumières de la raison suffisent pour renverser ce système mortel d'indifférence en matière de religion, et nous avertissent que si deux religions diffèrent, et que l'une soit vraie, l'autre est nécessairement fausse, et qu'il ne peut exister aucun accord entre les ténèbres et la lumière.
Ayez soin, vénérables Frères, de vous opposer à ces faux docteurs, et enseignez aux peuples que la foi catholique est la seule véritable, qu'ainsi que le dit l'Apôtre, Il n'y a qu'un Seigneur, qu'une foi, qu'un baptême : que l'on est profane, suivant la parole de Saint Jérôme, si l'on mange l'agneau hors de cette maison, et que quiconque n'entrera pas dans l'arche de Noé périra dans le déluge ; car excepté le nom de JÉSUS « il n'est point de nom accordé aux hommes par lequel nous puissions être sauvés. Celui qui aura cru sera sauvé ; celui qui n'aura pas cru sera condamné.

Il faut aussi veiller sur ces sociétés qui, au mépris des règles les plus salutaires de l'Église, font des traductions nouvelles de la Bible, où, d'après le sens privé, le sens véritable est habilement altéré, impriment ces traductions dans toutes les langues vulgaires, les répandent de toutes parts avec une incroyable prodigalité ; les donnant gratuitement aux plus ignorants, et souvent même y joignant de mauvais petits livres, afin qu'ils sucent un poison mortel là où ils pensent puiser les eaux salutaires de la sagesse. Depuis longtemps le siège apostolique a voulu que le peuple chrétien fût prévenu contre ce terrible écueil de la foi, et a frappé de ses anathèmes les auteurs de ce grand mal. Aussi après les règles publiées par ordre du concile de Trente et par la congrégation de l'Index, il fut encore rappelé à tous les fidèles que les traductions de la Bible, en langue vulgaire ne doivent pas être permises, si elles ne sont approuvées du Siège apostolique, et imprimées avec des notes extraites des saints pères de l'Église. C'est dans ce but que le saint concile de Trente avait décrété pour comprimer les esprits hardis, que personne dans les matières de foi ou de mœurs qui se rattachent à la doctrine chrétienne, ne s'appuie sur sa propre sagesse, et ne détourne à son sens l'Écriture Sainte, ou ne l'interprète contre le sens consacré par notre sainte mère l'Église, ou contre le sentiment unanime des Pères.
Quoiqu'il soit bien évident, d'après ces règles canoniques, que ces entreprises contre la foi catholique étaient réprouvées depuis longtemps, cependant nos derniers prédécesseurs d'heureuse mémoire dans leur sollicitude pour le bien du peuple chrétien, eurent un soin tout particulier de comprimer par des lettres apostoliques les criminelles tentatives de ce genre qui se renouvelaient de toutes parts. Efforcez-vous, vénérables Frères, de soutenir avec les mêmes armes la cause du Seigneur, dans un si grand danger des saintes doctrines, de peur que ce poison ne se répande dans votre troupeau, et ne fasse surtout périr les simples.

Après avoir ainsi préservé des altérations les saintes Écritures vous devez encore, vénérables Frères, tourner vos soins contre ces sociétés secrètes d'hommes factieux qui, dans la haine qu'ils portent à Dieu et aux princes, travaillent avec ardeur à la destruction de l'Église, à la ruine des états et au bouleversement de l'univers, et brisent le frein de la foi pour ouvrir le chemin à tous les crimes. Les précautions qu'ils prennent de cacher sous la foi d'un serment ténébreux leurs assemblées perverses et les projets qu'elles voient éclore, les font fortement soupçonner de ces crimes qui dans les temps malheureux semblaient, pour la désolation de l'Église et des états, sortir du puits de l'abîme. C'est pourquoi ces sociétés secrètes, quel que fût leur nom, ont été frappées d'anathème par les souverains pontifes nos prédécesseurs Clément XII, Benoit XIV, Pie VII, Léon XII, auxquels nous sommes appelé à succéder malgré noire faiblesse. Nous confirmons leurs lettres apostoliques à ce sujet de toute la plénitude de notre pouvoir, et ordonnons qu'elles soient entièrement observées. Nous ne négligerons rien pour préserver l'Église et les étals de la conspiration de ces sectes, après vous avoir engagés à nous aider tous les jours de votre courage, afin que couverts de l'armure du zèle nous soutenions avec force et dans un même esprit notre cause, ou plutôt la cause de Dieu, pour renverser ce retranchement où s'abrite l'impiété hideuse des méchants.

Nous avons voulu vous désigner en particulier une de ces sociétés secrètes établies depuis peu pour corrompre les jeunes gens que l'on instruit dans les gymnases et les lycées. Sa tactique consiste à rechercher des maîtres dépravés, qui conduisent les élèves dans les voies de Baal par des maximes contraires aux enseignements de Dieu, parce qu'on sait bien que ce sont les leçons des maîtres qui forment l'esprit et le cœur de ceux qui les écoutent. De là viennent ces progrès affligeants de la licence chez les jeunes gens, qui, repoussant toute crainte de la religion, secouent le frein des mœurs, attaquent la doctrine sainte, foulent aux pieds les lois divines et humaines, et se jettent sans pudeur dans tous les crimes, dans toutes les erreurs. C'est d'eux que l'on peut dire avec le grand Saint Léon : Ils ont pour loi le mensonge, ils n'adorent que les démons et leurs sacrifices sont l'assemblage de toutes les infamies. Repoussez ces maux de vos diocèses, vénérables Frères, et tâchez par la force de votre autorité et par vos conseils que les jeunes gens n'aient pour maîtres que des hommes qui ne se recommandent pas seulement par leur instruction, mais aussi par leur conduite et leur piété.
Veillez surtout et avec plus de sollicitude encore sur vos séminaires, dont la direction vous est exclusivement attribuée par le concile de Trente. C'est là que vous devez trouver des hommes qui joignent à l'instruction de la discipline chrétienne et ecclésiastique, et des principes de la saine doctrine, tant de piété dans la pratique de leurs fonctions divines, tant de science dans l'instruction des peuples, tant de gravité dans leurs mœurs que leur ministère soit respecté par ceux-là mêmes qui ne s'y soumettent pas, et qu'ils puissent, par la force de leurs paroles, ramener ceux qui s'éloignent des sentiers de la justice !
Aussi nous demandons de votre zèle pour le bien de l'Église que vous appliquiez tous vos soins au choix de ceux à qui vous confierez la conduite des âmes, puisque c'est du meilleur choix des pasteurs que dépend surtout le salut des peuples, et que rien ne contribue plus à la perte des âmes que d'avoir pour guides des hommes qui travaillent pour eux et non pour Jésus-Christ, ou qui, peu instruits de la vraie science, sont emportés à tout vent, et ne sauraient conduire le troupeau aux saints pâturages qu'ils ignorent ou qu'ils dédaignent.
Comme les mauvais livres se propagent de toute part en nombre infini, et qu'à leur aide le langage des impies s'étend comme une gangrène dans tout le corps de l'Église, veillez sur votre troupeau, et n'épargnez rien pour le mettre à l'abri de cette peste, la plus dangereuse de toutes.
Avertissez souvent les brebis de Jésus-Christ qui vous sont confiées, comme le faisait notre saint prédécesseur et bienfaiteur Pie VII, que, si elles veulent se sauver elles ne paissent que dans les pâturages où les conduit la voix et l'autorité de Pierre. Dès qu'elle les rappelle ou les détourne qu'elles fuient avec horreur, comme d'un lieu dangereux et pestilentiel, sans s'arrêter aux apparences qui trompent et aux attraits qui corrompent.
Dans le temps où nous vivons, nous avons cru devoir encore recommander instamment à votre zèle pour le salut des hommes une grande sollicitude pour la sainteté du mariage. Que votre peuple apprenne à respecter ce Sacrement auguste, afin qu'il n'arrive rien qui le profane, rien qui souille la pureté de la couche nuptiale, rien enfin qui jette du doute sur l'indissolubilité de ce lien : il n'y a qu'un moyen pour y réussir ; il faut que le peuple chrétien sache bien que le mariage n'est pas seulement régi par de lois humaines, mais par la loi divine ; que ce n'est pas une chose terrestre, mais bien une chose sainte et par suite subordonnée entièrement à la puissance de l'Église. Car l'union conjugale qui n'avait d'abord d'autre but que la reproduction et la perpétuité de l'espèce humaine a été élevée par Notre Seigneur Jésus-Christ à la dignité de Sacrement et enrichie des dons célestes. La grâce a perfectionné la nature, et maintenant la naissance des enfants est moins un sujet de joie que l'offrande que l'on en fait au vrai Dieu pour les élever dans la Religion, et augmenter ainsi le nombre des fidèles. Il est bien constant en effet que cette union du mariage, dont Dieu est l'auteur, est la figure de l'union intime et éternelle de Notre Seigneur Jésus-Christ avec son Église ; et que cette société étroite du mari et de la femme est un sacrement, c'est à dire un signe sacré de l'amour immortel de Jésus-Christ pour son épouse. Il faut donc instruire les peuples sur ce point, leur expliquer ce qui est ordonné et ce qui est défendu par les lois de l'Église et les décrets des conciles, afin qu'ils se conforment à ce qui est de l'essence du Sacrement et évitent avec soin tout ce que l'Église a condamné. C'est ce à quoi nous vous engageons autant qu'il est en nous, et nous nous en rapportons à votre piété, à votre sagesse et à votre zèle.

Telles sont, vénérables Frères, les choses qui nous affligent le plus vivement dans ce moment, où placés sur la chaire du prince des apôtres nous devons nous sentir enflammés du zèle de la maison de Dieu. Il en est d'autres en grand nombre et bien graves aussi, que vous connaissez bien et qu'il serait trop long d'énumérer ici. Nous est-il possible de retenir notre voix au milieu des dangers de l'Église ? Nous est-il possible de céder à des raisons humaines, ou de nous endormir lâchement et de nous taire lorsque la tunique de notre Sauveur, qui avait échappé à la rage des bourreaux qui le crucifièrent, est aujourd'hui déchirée en lambeaux ? Non, non, nos très chers frères, ce n'est pas lorsque le troupeau est poursuivi à outrance que le pasteur qui l'aime lui refuse ses soins empressés. Nous sommes convaincu que vous en feriez plus encore que nous ne vous demandons, dans votre zèle pour soutenir, étendre et protéger la religion de nos ancêtres pour vos mandements, vos conseils, vos travaux et vos efforts.
Mais dans des temps aussi fâcheux, il faut surtout prier du fond du cœur, et supplier Dieu avec ferveur et persévérance qu'après avoir rétabli Israël de ses blessures, il fasse fleurir partout la religion sainte et accorde aux peuples une paix vraie et durable. Qu'il daigne dans sa miséricorde jeter un regard de propitiation sur les temps de notre ministère et diriger et soutenir lui-même le pasteur de ses brebis. Que les princes puissants et magnanimes favorisent nos travaux et notre zèle, et que celui qui a disposé leurs cœurs à entrer dans les voies de sa justice les fortifie encore par un surcroît de ses dons sacrés, afin qu'ils travaillent avec courage à la prospérité et au salut de l'Église, que tant de malheurs plongent dans le deuil.
Recourons à l'intercession de la très sainte mère de Dieu, Marie. C'est elle qui a détruit toutes les hérésies ; c'est elle que nous saluons de nos hommages sous le titre de secours des chrétiens pour avoir rendu à cette ville de Rome, après tant d'afflictions de tout genre, notre très saint prédécesseur Pie VII. Demandons avec instance au prince des apôtres Pierre et à son compagnon Paul qu'ils nous maintiennent sur la pierre de la foi catholique, et nous préservent de tous les ébranlements et de tous les orages ; qu'ils nous obtiennent ces faveurs du prince des pasteurs, Jésus-Christ notre Seigneur, que nous conjurons de répandre sur vous, vénérables frères, et sur vos troupeaux les dons les plus abondants de la grâce, de la paix et de la joie. Nous vous donnons notre bénédiction apostolique comme un gage de notre affection.

Donné à Rome à Saint-Pierre le 24 mai 1829, la première année de notre pontificat.





Lire "La conjuration antichrétienne" de Mgr Delassus.



Reportez-vous à In Eminenti du Pape Clément XII, Bulle Providas romanorum du Pape Benoît XIV, Multiplices inter du Pape Pie IX, Ecclesiam a Jesu Christo du Pape Pie VII, Prière pour la conversion des francs-maçons et Lettre encyclique du Pape Léon XIII, Qui pluribus du Pape Pie IX, Cum ex apostolatus officio du Pape Paul IV, Quo graviora du Pape Léon XII, Quod apostolici Muneris du Pape Léon XIII, Histoire religieuse des deux cités, Diuturnum Illud du Pape Léon XIII, sur l'origine du pouvoir civil, Mirari vos du Pape Grégoire XVI, Arcanum divinae du Pape Léon XIII, sur le mariage chrétien, Libertas Praestantissimum du Pape Léon XIII, Mortalium animos du Pape Pie XI, Par quelles armes battre le Tentateur ? et Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du diable.














mercredi 1 juin 2016

"In Eminenti" de Sa Sainteté le Pape Clément XII





(Première condamnation pontificale de la franc-maçonnerie,
portée le 28 avril 1738 par Clément XII)


BULLE IN EMINENTI DE CLÉMENT XII


Édictée le 28 avril 1738



CONDAMNATION DE LA SOCIÉTÉ APPELÉE « LIBERI MURATORI » OU « FRANCS-MAÇONS », SOUS PEINE D'EXCOMMUNICATION ENCOURUE PAR LE SEUL FAIT DONT L'ABSOLUTION EST RÉSERVÉE AU SOUVERAIN PONTIFE, SI CE N'EST À L'ARTICLE DE LA MORT.



Clément XII, Évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à tous les fidèles, salut et bénédiction apostolique.

La divine Providence nous ayant placé, malgré notre indignité, dans la Chaire la plus élevée de l'Apostolat pour y veiller sans cesse à la sûreté du troupeau qui nous est confié, nous avons donné tous nos soins autant que le secours d'En Haut nous l'a permis et toute notre application à opposer au vice et à l'erreur une barrière qui en arrête le progrès, à conserver spécialement l'intégrité de la religion orthodoxe et à éloigner des fidèles, dans ces temps difficiles, tout ce qui pourrait être pour eux une occasion de trouble.

Nous avons appris, et le bruit public ne nous a pas permis d'en douter, qu'il s'était formé une certaine société, assemblée ou association, sous le nom de Francs-Maçons ou Liberi Muratori ou sous une appellation équivalente, suivant la diversité des langues, dans laquelle sont admises indifféremment des personnes de toute religion et de toute secte, qui, sous les dehors affectés d'une probité naturelle qu'on y exige et dont on se contente, se sont établies certaines lois, certains statuts qui les lient les uns aux autres et qui, en particulier, les obligent sous les plus graves peines, en vertu d'un serment porté sur les Saintes Écritures, de garder le secret inviolable sur tout ce qui se passe dans leurs assemblées.

Mais comme le crime se découvre lui-même, et que malgré les précautions qu'il prend pour se cacher, il se trahit par l'éclat qu'il ne peut arrêter, cette société, ces assemblées, sont devenues si suspectes aux fidèles, que tout homme de bien regarde aujourd'hui comme un signe peu équivoque de perversion, quiconque s'y fait adopter. Si leurs actions étaient irréprochables, ils ne se déroberaient pas avec tant de soin à la lumière. De là vient que depuis longtemps ces sociétés ont été sagement proscrites par la plupart des princes dans leurs États. Ils ont regardé ces sortes de gens comme ennemis de la sûreté publique.

Ayant donc mûrement réfléchi sur les grands maux qui naissent pour l'ordinaire de ces associations toujours nuisibles à la tranquillité de l'État et au salut des âmes et qui, à ce titre, ne peuvent s'accorder avec les lois civiles et canoniques ; instruit d'ailleurs par la parole de Dieu même, qu'en qualité de serviteur prudent et fidèle, choisi pour gouverner le troupeau du Seigneur, nous devons être continuellement en garde contre les gens de ce caractère, de peur qu'à l'exemple du voleur, ils ne percent la maison et que, comme autant de renards, ils ne se jettent et ne portent partout la désolation, c'est-à-dire qu'ils ne séduisent les simples et ne blessent en secret de leurs flèches les âmes innocentes.

Enfin voulant arrêter le cours de cette perversion et interdire une voie qui donnerait lieu de se laisser aller impunément à bien des iniquités et pour plusieurs autres raisons à nous connues, et qui sont également justes et bien fondées ; après en avoir délibéré avec nos vénérables frères les cardinaux de la Sainte Église romaine et de leurs avis et même aussi de notre propre mouvement et connaissance certaine, et de toute la plénitude de la jouissance apostolique, nous avons résolu de condamner et de défendre comme de fait, nous condamnons et défendons, par notre présente constitution et à perpétuité, les susdites sociétés, assemblées de Francs-Maçons ou désignées sous un autre nom quel qu'il soit.

C'est pourquoi nous défendons très expressément et en vertu de la sainte obéissance, à tous les fidèles, soit laïques, soit clercs séculiers ou réguliers, y compris ceux qui doivent être spécialement nommés, de quelque état, grade, condition, dignité et prééminence qu'ils soient, d'entrer pour quelque cause et sous quelque prétexte que ce soit dans les sociétés ci-dessus mentionnées de Francs-Maçons, de favoriser leur accroissement, de les recevoir ou cacher chez soi ou ailleurs, de s'y faire associer, d'y assister, de faciliter leurs assemblées, de leur fournir quoi que ce soit, de les aider de conseil, de leur prêter secours et faveurs en public ou en secret, d'agir directement ou indirectement par soi ou par autrui, d'exhorter, de solliciter, d'induire, d'engager quelqu'un à se faire adopter dans ces sociétés, à y assister, à les aider de quelque manière que ce puisse être, et à les fomenter ; nous leur ordonnons au contraire de s'interdire entièrement ces associations ou assemblées, sous peine d'excommunication qui sera encourue par le seul fait et sans autre déclaration par les contrevenants dont nous avons fait mention, de laquelle excommunication ils ne pourront être absous que par nous ou par le Souverain pontife pour lors régnant, si ce n'est à l'article de la mort.

Voulons de plus et ordonnons que les évêques, prélats, supérieurs et autres ordinaires des lieux, de même que les inquisiteurs, procèdent contre les contrevenants de quelque grade, condition, ordre, dignité et prééminence qu'ils soient ; qu'ils travaillent à les réprimer et qu'ils les punissent des peines qu'ils méritent à titre de gens très suspects d'hérésie.

À cet effet, nous donnons à tous et à chacun d'eux le pouvoir de les poursuivre et de les punir selon les voies de droit et d'avoir recours, s'il en est besoin au bras séculier.

Voulons aussi que les copies de la présente constitution aient la même force que l'original dès qu'elles seront munies de la suscription d'un notaire public et du sceau de quelque personne constituée en dignité ecclésiastique.

Que personne, au reste, ne soit assez téméraire pour oser attaquer ou contredire la présente déclaration, condamnation, défense et interdiction. Si quelqu'un portait jusqu'à ce point la hardiesse, qu'il sache qu'il encourra l'indignation de Dieu et de ses bienheureux apôtres Saint Pierre et Saint Paul.

Donné à Rome, à Sainte Marie Majeure, l'an depuis l'incarnation de Jésus Christ 1738, le 4 des calendes de mai, de notre pontificat le huitième.


A. Card. PRODATARIUS
Visa de Curia
N. ANTONELLUS
J. B. EUGENIUS





N'en déplaise aux tenants de l'opinion contraire, le diable, au moment de l'initiation maçonnique, a une emprise particulière sur celui là même qui ne croit pas en lui ; emprise qui le constitue son soldat et peut se comparer, toute mesure gardée, au caractère sacramentel de la confirmation. De plus, ce caractère satanique n'est pas effacé par la simple sortie de la secte, mais uniquement par l'absolution qui relève le Maçon de son excommunication. Ces vérités sont absolument nécessaires à connaître, surtout aux anti-maçons ; on les oublie trop facilement aujourd'hui, où deux siècles de maçonnerie ont détruit les croyances surnaturelles les plus fondamentales, principalement en ce qui touche au démon, à son action sur les âmes et jusqu'à son enfer éternel qu'on voudrait rayer du Credo catholique. Il est salutaire à la cause antimaçonnique de pénétrer un peu dans ce monde infernal
. (R.I.S.S., n° 14, 15 août 1932 — Mgr JOUIN)








Voir également
ce film qui décrit parfaitement la secte maçonnique, cette partie du documentaire La franc-maçonnerie disséquée et cette conférence intitulée La Franc-maçonnerie est une secte diabolique.



Lire
"La conjuration antichrétienne" de Mgr Delassus, Réflexions sur les ennemis et la manœuvre de Jean Vaquié, et cet article sur l'exposition à la gloire de la franc-maçonnerie à la Bibliothèque Nationale.



Lire cet article : Mgr Lefebvre refuse de détruire l’Église avec Paul VI.



Écoutez cette présentation du livre "Le décalogue de Satan" !




Reportez-vous à Auspicato concessum, du Pape Léon XIII, sur le Tiers-Ordre de Saint François, Bulle Providas romanorum du Pape Benoît XIV, Multiplices inter du Pape Pie IX, Ecclesiam a Jesu Christo du Pape Pie VII, Prière pour la conversion des francs-maçons et Lettre encyclique du Pape Léon XIII, Qui pluribus du Pape Pie IX, Traditi humilitati nostrae du Pape Pie VIII, Cum ex apostolatus officio du Pape Paul IV, Quo graviora du Pape Léon XII, Quod apostolici Muneris du Pape Léon XIII, Histoire religieuse des deux cités, Mirari vos du Pape Grégoire XVI, Libertas Praestantissimum du Pape Léon XIII, Diuturnum Illud du Pape Léon XIII, sur l'origine du pouvoir civil, Mortalium animos du Pape Pie XI, Méditation sur l'ambition, Par quelles armes battre le Tentateur ? et Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du diable.