Affichage des articles dont le libellé est Druidisme. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Druidisme. Afficher tous les articles

dimanche 29 janvier 2017

Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source : traditions et origines magiques de ces dieux (3/4)



Extrait de "Les hauts phénomènes de la magie" par le Chevalier Gougenot des Mousseaux :



CULTE DE LA PIERRE, DE L'ARBRE, ET DE LA SOURCE ; PIERRES-DIEUX, ARBRES-DIEUX, SOURCES DIVINES ; TRADITIONS ET ORIGINES MAGIQUES DE CES DIEUX



Mais le moment arrive de nous éloigner de l'arbre-dieu pour nous retourner encore vers la pierre divine ou spirite, qu'il est temps pour nous d'envisager dans ses affinités et ses rapports avec le culte du serpent. Car serpent, culte du vieil homme, et magie, voilà trois termes qui s'allient, qui s'entre mêlent, qui se glissent, qui se faufilent sans cesse l'un dans l'autre, et qu'il est rarement inutile de reconnaître et démêler.

Le premier acte de magie, ou de spiritisme, et par conséquent de fourberie démoniaque, s'accomplit dans le paradis terrestre, et le serpent y sert au démon de médium ou d'instrument spirite.
Aussi « la cosmogonie phénicienne considère-t-elle le serpent comme le plus pneumatique des animaux (Matter, Histoire critique du gnosticisme, etc., deuxième édition, vol. II, p. 167. Paris, 1843) », ce que nous pouvons traduire, en langage moderne, par le plus spirite ; car le mot pneuma veut dire esprit. Et le souverain des dieux, Jupiter, est serpent ; il l'est en tous lieux, en même temps qu'il est pierre beth-el, pierre phallus et arbre !

Il est serpent en Égypte à Carn-ac de Thèbes, de même qu'à Carn-ac de Bretagne, nom qui signifie dans la vieille langue persane le monceau du serpent (Bathurst, etc., Dieu et les dieux, p. 483, etc. Cairn-ac, et maen-ac à côté de Carnac : les pierres du serpent, etc. ib., p. 493). Dans les Indes, sous le nom de Siva, que représente la pierre impudique yoni-lingam, le grand dieu est roi des serpents, race qu'il a vaincue ; et parmi les dieux-démons, figure aux mêmes titres l'horrible Cali, femme et serpent, ainsi que l'Ève des Scythes ; tandis que le Japon nous peint dans la scène de la création un énorme serpent s'enroulant autour de l'arbre — Au Mexique, la divinité Cihua-cohuatl, femme-serpent, est devenue mère, ainsi que la vierge prophétique des druides de Chartres, sans le secours de l'homme ; et c'était sous les traits d'un immense serpent à visage de femme qu'apparaissait aux Mexicains de Xaltocan la déesse Acpaxapo.
Lorsque la nation fut à son déclin, on cessa de la voir ; mais on entendit de temps en temps sa voix répéter au vent du lac ces sinistres paroles : Qu'allez-vous devenir, ô Xaltocamèques ! Je m'abstiens de multiplier indéfiniment les exemples ; mais, en tous lieux, cet animal essentiellement magique et spirite, selon l'expression phénicienne, reçoit un culte, et les dieux dont il porte le nom sont des dieux pierres, bétyles ou arbres. Observons enfin que, dans les religions de l'idolâtrie, les traditions s'adultèrent et se faussent, que l'idée du bien et du mal s'entrecroise et se mélange d'une façon souvent bizarre ; et que le serpent, par exemple, est tantôt, non point image de Dieu comme le serpent d'airain du désert en Israël, mais Dieu véritable, puissant et bon, combattant le mal, tandis que d'autres fois il est démon, il est redoutable et implacable génie.
Ainsi par exemple le mont Mérou est pour les Indiens le nombril, l'axe du monde. À son sommet repose le dieu-pierre, ou bétyle yoni-lingam. Un jour, la montagne immense s'enfonce dans l'abîme des mers ; la terre entière est ébranlée, mais le dieu Vichnou soulève et soutient cette masse, tandis que l'énorme serpent Sécha, ou Vasouki, enlace le globe de ses replis. Accablé de fatigue, le serpent vomit un venin terrible ; mais le dieu bétyle et yoni-lingam Siva, le bon serpent, avale cette bave délétère, et le monde est sauvé.
Depuis le Christ, la secte impie des ophites ou des adorateurs du serpent voyait, dans le serpent d'airain de Moïse guérissant les morsures des serpents venimeux, l'agatho-démon, ou le bon esprit, le Dieu bon de l'Égypte. « La vénération dont le serpent était l'objet dans les temples de ce pays et de la Grèce, et le rôle qu'il jouait dans les mystères, attestaient la puissance tutélaire du génie dont le serpent était l'emblème... Ainsi motivaient-ils le culte, ou plutôt les honneurs qu'ils lui accordaient dans la plus sainte des cérémonies de leur secte, en faisant consacrer leur cène par des serpents qu'ils tenaient dressés à cet effet. C'étaient là les véritables ophites, mais ils étaient en petit nombre ; et l'antique idée qui mettait le serpent en rapport avec le principe du mal semble avoir prédominé dans l'esprit de la majorité, malgré les efforts de ceux qui montraient l'image du serpent dans un sens contraire. »
Or, quiconque voudra suivre dans leur route tortueuse ces dieux, ces déesses, ces génies-serpents, trouvera s'il pousse ses recherches un peu au-delà de la première rencontre, que ces mêmes dieux sont arbres divins, pierres-dieux, beth-el ou bétyles, et le plus souvent à forme obscène. Notre livre de Dieu et les dieux aide et pilote l'investigateur dans sa marche au milieu de ces régions de ténèbres ; car nous avons suivi ce culte jusqu'à sa dégénérescence, jusqu'au sifflement reconnu pour le langage du bétyle pneumatique ou spirite qui porta le nom d'ophite, c'est-à-dire de pierre-serpent.
Les annales de l'antique Amérique nous tracent en caractères assez curieux non seulement, les origines de ce culte hideux, mais ses rapports avec l'initiation Chaldéenne, avec la magie des Chananéens, avec la pierre divine, ou beth-el, revêtue de la forme obscène qui déifiait la débauche et servait d'enseigne aux lupanars, aux mystères du paganisme, aux sabbazies, aux sabbats.
(...)
Mais ce Votan, vers lequel nous amène l'étude des pierres divines et du serpent divin qui nous prépare aux grands phénomènes de la magie, est-il un seul homme ; ou bien plusieurs chefs de migrations successives nous apparaissent-ils sous ce nom ? Sur ce point, nous attendons encore la lumière ; mais ce qui nous semble être constant, c'est que, le titre de Quetzo-Cohuatl, devenu générique, est décerné presque en tous lieux à un personnage que nous rencontrons sous plusieurs noms synonymes chez un grand nombre de peuples américains. Il exprime à la fois et le rang suprême du chef et sa race, qui est celle des magiciens, géants ou serpents dont nous allons voir nos druides, instruits eux-mêmes par les Chananéens, s'arroger également le titre (Voir dans mon livre Dieu et les dieux, publié en 1854, le serpent et les dracontia, ch. l, p. 488 ; Carnac, ou la montagne du serpent, Stone-Henge, etc., et le bal des géants). Les attributs de l'empire, du sacerdoce, de la divinité, semblent donc s'unir dans la personne du chef de la migration, qui, soit à tort, soit à raison, nous est représenté comme un puissant navigateur et magicien issu de Cham par la ligne Hévéophénicienne.
Ses pères ont fui devant Josué, et il nous décrit le voyage des chânes ou chivim (Kivim ou Hivim, avec l'H fortement aspirée), c'est-à-dire de ceux qui se nomment serpents. Ses ancêtres avaient probablement traversé l'Afrique avant d'atteindre l'Océan ; et l'historien Procope, De bello vandalo, confirmé par saint Augustin, nous a décrit les deux piliers où se lisaient, vers les colonnes d'Hercule, cette inscription phénicienne, ou des Chananéens, devenue si célèbre : Nous sommes les fils de ceux qui fuirent devant le brigand Jésus, fils de Navé (lire Cartas, p. 55 ; et, ailleurs, ces hommes serpents auraient peuplé les Canaries et Cuba, — sans rien dire de l'Atlantide, si elle exista ; lire à ce sujet Carli, Lettres améric., Paris, 1792, et autres écrits. — M. Berthelot, savant voyageur, observe une frappante ressemblance entre les noms de lieux et de personnes dans la langue des Canaries et chez les Caraïbes, p. 50, ib.). Les chefs d'immigrations successives, que le nom de Votan couvre peut-être, se donnaient comme des descendants de Cham, afin d'établir par le fait de cette origine l'illustration de leur provenance. Je suis Cham, disaient-ils, ou chivim. Je suis de la race de Cham le serpent, puisque je suis chivim. Je suis couleuvre, puisque je suis chivim. Or, d'après les commentateurs les plus savants de nos livres saints, les chivims, c'est-à-dire les hivims, ou Hévéens, descendaient de Heth, fils de Chanaan. Et ces noms signifiaient qu'ils étaient les hommes-couleuvres ou serpents adorateurs du serpent, adorateurs de la pierre divine parlante et sifflante, que nous voyons se confondre si souvent avec le serpent dont elle porte quelquefois le nom, et dont l'histoire va nous conduire à la source des faits merveilleux que nous craindrions d'introduire dans nos pages avant d'y avoir préparé l'esprit du lecteur par cette échappée vers les plus lointains horizons (lire Cartas, p. 51, 78, etc. — Ophis signifie serpent ; on verra dans mon livre Dieu et les dieux, 1 854, que la pierre divine ou magique se nomme quelquefois ophite).
L'un de ces Votans, le premier du nom, aurait visité la grande ville et vu sortir de terre la grande maison de Dieu que construisait le grand roi, Salomon ! C'était l'époque de l'essor des flottes de ce puissant monarque et de son voisin Hiram. Votan fournit à ce prince les plus précieux renseignements sur les hommes, les animaux et les plantes, l'or et les bois précieux de l'Occident, ce dont Salomon discourut dans son ouvrage qui renfermait l'histoire des merveilles de l'univers ; mais le chef, c'est-à-dire le serpent navigateur, ne découvrit point à Salomon le secret de sa route, mystère scrupuleusement conservé par les hommes de la race Chananéenne. De Jérusalem, Votan se rendait à la cité antique, où il visitait les ruines d'un grand édifice que les hommes avaient érigé par le commandement de son aïeul, pour atteindre de la terre aux cieux ; et c'était là que chaque peuple avait reçu la langue qu'il devait parler !
Venant de pénétrer dans les lieux mystiques de la tour de Babel, ainsi désignée, on me fit passer, dit-il, par un souterrain qui traversait la terre, et se terminait à la racine des cieux. Ce chemin était un trou de couleuvre, un ahugero de colubra, et j'y fus admis parce que j'étais fils de couleuvre.
Clément d'Alexandrie traduit le mot géants par serpents ; et, ces monstres de taille et de cynisme que la Bible nous décrit au pays de Chanaan , nous les retrouvons de toutes pièces à la tête des colonies antiques et policées de l'Amérique. Votan — que ce personnage soit historique ou fabuleux — était l'un de ces chefs redoutés, rois, magiciens et pontifes, écrivant son histoire. Or, dans cette Amérique où nous abandonnons, dès qu'on le voudra, le personnage douteux de Votan, mais où nos yeux viennent d'être frappés d'exemples si nombreux et si saillants du culte de la pierre lsraélito-Chananéenne, le culte du serpent, si fréquemment uni à celui de la pierre-dieu, se rattache à des chefs de colonies, dont le nom renfermait celui du serpent, ou plutôt de la couleuvre.
Aussi ne devons-nous point nous étonner si nous le voyons se reproduire avec une telle fréquence dans les noms de localités, de villes et de personnes. Rois, pontifes, et portant à ce titre les attributs et le nom de leurs dieux, les souverains de cette race étaient, à la fois, ainsi que les chefs de l'Égypte et du Pérou, soleils, fils du soleil et serpents (Papyrus, et voir l'uréus sur la tète de ces personnages égyptiens. — Nunez de la Vega dit que le Nin, ou Imos, des Tzendales était le même que le Ninus des Babyloniens. On sait que ce prince, et selon d'autres Bel, ou Baal, son père, recevait, comme le Nin des Tzendales, les hommages des peuples sous la figure d'un serpent. Cette image était chez les Phéniciens et les Chaldéens celle sous laquelle on représentait le soleil, dont la plupart des rois du monde antique prétendaient tirer leur origine, ainsi que le firent en Amérique les Votanides, qui en prirent le nom comme un titre royal. Cartas, p. 52). Leur système social était une combinaison monstrueuse admettant la barbarie des sacrifices, le despotisme effréné des chefs, l'impureté dans la vie domestique et le dévergondage sacré dans les rites religieux. S'adonner à toutes les turpitudes de Sodome et de Gomorrhe, c'était honorer le dieu-soleil-et serpent que figure souvent la pierre, et que certaines villes, telles que Panuco, honoraient publiquement à l'exemple des adorateurs de la pierre naturalisée de l'ancien monde idolâtre, sous la forme Priapique la plus éhontée. Aussi le reproche le plus général que les populations adressaient à ces serpents, fils de serpents ou géants que leur avait envoyés la terre Chananéo-africaine, était-il le terme tzocuilli. Or ce mot signifie à la fois piquer, ainsi que pique le serpent, saigner, et commettre le vice sodomique.
Remarquons, d'ailleurs, chemin faisant, que non seulement en Amérique partout où s'arrêtent ces prêtres magiciens, chefs de colonies, mais en Europe même et jusque dans le pays que nous habitons, le prêtre est serpent comme son dieu lui-même, avec lequel il se confond, qu'il représente et qu'il mime, tantôt s'aidant du masque et tantôt des prestiges de l'art magique pour en revêtir la forme. Oui, les prêtres-dieux de ces dieux pierres et arbres sont géants et serpents ; et, de plus, jusque dans les traditions populaires qui se tiennent encore debout, ce double souvenir s'attache aux monuments de leur culte, que ces monuments soient temples ou pierre isolée (monolithe).
Je suis serpent, car je suis druide, s'écrient en étalant leurs titres d'honneur les prêtres de nos régions Celto-Britanniques ; et, parmi les légendes des saints qui évangélisèrent l'extrême Occident, à peine en saurions-nous dire une seule où ces héros chrétiens n'aient à combattre le grand dragon, c'est-à-dire le démon suscitant des monstres et des illusions magiques, ou surexcitant son sacerdoce. Lorsque le christianisme commence le cours de ses conquêtes, on voit donc ces prêtres serpents lutter avec fureur, ou céder, fuir en vaincus, se dérober dans les lieux écartés, dans leurs trous de couleuvre, dans leurs antres prophétiques, et chercher la sécurité de l'apostolat occulte dans les ténèbres. Sinon, c'est que la main des apôtres du Christ leur arrache, en les convertissant, les crocs et le venin de l'erreur ; c'est que l'eau du baptême noie ces monstres, traînés vers le fleuve ou la rivière baptismale par l'étole sacrée que le missionnaire ou l'évêque leur passe au cou pour les attacher et les dompter.
Ces prêtres dragons, ces druides ont pris soin, d'ailleurs, de rappeler dans leurs œuvres, avec leur nom de serpent, la force de néants, la puissance et les dons surhumains qui les caractérisent. « Je suis un druide, je suis un prophète, je suis un serpent, je suis un architecte, répètent à l'envi ces pontifes, constructeurs de monuments dont les simples masses parcellaires épouvantent les mathématiques de nos ingénieurs modernes ! »
Et nous ne quitterons point ce terrain sans y consigner une double observation : la première, c'est que la pierre pneumatique, c'est-à-dire spirite ou divine, revêtit souvent lorsqu'elle était isolée, et dès une antiquité très-haute, la forme naturelle, ou symbolique, du dieu : ce que nous avons vu dans les figures réelles du phallus, ou dans ses formes adoucies, telles que le cône, le cippe, l'obélisque.
— La seconde, c'est que les pierres réunies pour former des temples ou des monuments imitèrent, dès les origines les plus insondables du culte, la configuration de la divinité.
Le temple devint la figure hiératique du dieu, son hiéragramme, selon l'expression de Bathurst, c'est-à-dire le dessin sacré qui traçait et répétait son nom dans sa forme.
Nous serons sobre d'exemples et de preuves, notre livre de Dieu et les dieux les ayant multipliés autant que la nouveauté du sujet l'exige ; et nous renvoyons le lecteur à cet ouvrage, qui foisonne de vérités oubliées, ou d'aperçus que nous oserons presque appeler des surprises, éclatant à la gloire des traditions catholiques. Mais nous rappellerons que des champs de Karnac d'Égypte à ceux de Carn-ac de Bretagne, ces deux temples du serpent, dont le dernier se déroule sous nos yeux, les dracontia ont couvert le sol !
Ainsi se nomment les temples du dragon que la terre adorait, et dont les traces jalonnent les régions de la Grèce et de l'Asie Mineure.
Or, les érudits établissent que les adorateurs de ces temples-serpents étaient les adorateurs de la pierre (Serpent-temples and worshippers of stones. Bathurst, ib., 292). Et de même que, dans l'îlot mallais de Gozzo, sur le passage des navires Chananéens de la Phénicie et de l'Afrique, le temple des Géants, encore aujourd'hui nommé la Giganteja, reproduisit sous la main des serpents-architectes, magiciens et adorateurs de l'arbre et de la pierre beth-el, la figure du chêne ou de l'arbre-dieu ; de même Carn-ac de Bretagne, dont le nom signifie la montagne du serpent, reproduit dans les sinuosités de sa marche, dans ses plis, dans les inégales ondulations de ses monolithes, géants de pierre jadis habités par les esprits ou les dieux des Gaules., la forme et les mouvements de l'éternel reptile.
Que si, de Carn-ac, le touriste archéologue veut bien me suivre au Bal des Géants de Stone-Henge, où j'eus la curiosité de me rendre jadis à la suite d'une promenade en Irlande, le même phénomène hiératique, ou sacré, nous y attend.
En effet, le dieu, le double dieu ne formant qu'une seule et unique divinité, c'est encore ici le même dieu nature ou serpent, et soleil ou Lucifer, nommé Baal. Et l'on ne saurait omettre de remarquer qu'une figure du serpent traversant un orbe solaire, et tracée comme cet orbe par des lignes de pierres divines, écrivait en caractères difficiles à méconnaître, dans le temple qu'elles composaient, l'histoire de la rencontre et de l'union des deux cultes qui se sont disputé le monde ancien, puis qui le possédèrent en commun : l'héliolâtrie, c'est-à-dire le culte sabéiste du soleil, et l'ophiolâtrie, ou le culte traditionnel du plus pneumatique, c'est-à-dire du plus spirite des animaux, le serpent! Voilà donc les dieux de Stone-Henge reconnus pour être à la fois les deux divinités de Babylone et de Delphes : Bel et le dragon, Apollon et Python. Et ces dieux sont comme inséparables, ils sont enchaînés, enlacés l'un à l'autre ; mais la religion du serpent semble avoir le pas sur celle de la lumière astrale ; car, son prêtre, tout prêtre qu'il est du soleil, porte invariablement le nom du dieu-reptile.
Or ce qui nous frappe et que nous devons observer de prime abord dans ce temple du soleil-serpent, c'est encore et toujours le culte de la pierre. Voyez, voyez donc en tête de ses majestueux et admirables débris, figurer la pierre-dieu, le beth-el beth-aven de Chanaan, encore décoré du nom de both-al en Irlande, et que ses caractères ont trahi dès que les archéologues l'ont interrogé.
...Que si, d'ailleurs, nous en croyons Kircher, l'invention de la forme de ces monuments remonterait jusqu'à l'Hermès Trismégiste de l'Égypte, c'est-à-dire jusqu'au prince de la magie postdiluvienne, celui qui enseigna l'art de faire des dieux en spiritisant la pierre, en y faisant descendre des esprits par les paroles évocatoires de la consécration.
Quoi qu'il en soit, devant les masses antiques de Stone-Henge, chaque savant nouveau passe et, comme pour soulager les douleurs de son impuissance, jette, en marquant le pas, ses conjectures sur le monceau de celles qui les ont précédées... Mais une tradition populaire et antique veut que la merveilleuse érection de Stone-Henge remonte au-delà du déluge. Or l'Hermès égyptien est l'un des plus proches descendants de Cham, qui passe pour avoir reçu des fils de Caïn, avant le déluge, quelques-unes des traditions de l'antique magie, et pour les avoir transmises à ses maudits descendants.
Au point de vue de la conception architecturale, et des moyens magiques s'il en fut employé pour l'érection de cette œuvre par ces prêtres qui s'intitulent avec orgueil architectes et serpents, Stone-Henge peut donc, en effet, se relier aux époques antédiluviennes, et la tradition conserver de la sorte une partie de sa valeur. Un fait, d'ailleurs, et des plus importants, dont nous devons la découverte à l'archéologie anglaise, c'est que, quelle que soit la date relativement moderne ou reculée de ce monument antique, la science des mathématiques semble le relier à la race de Sem ou de Cham. En effet « cet ouvrage, nous dit le docteur Stukeley, ne fut construit sur aucune mesure romaine, et c'est là ce que démontre le grand nombre de fractions que donne le mesurage de chaque partie, d'après les mesures européennes. Au contraire, et tout aussitôt, les nombres deviennent ronds dès qu'on le mesure d'après l'ancienne coudée, qui fut commune aux Hébreux fils de Sem, ainsi qu'aux Phéniciens et aux Égyptiens fils de Cham et imitateurs des monuments de pierres brutes et animées. » Le hasard n'est point assez bon mathématicien pour amener de si précises rencontres : tant serait trop !
Ici donc, sur la pierre dieu-maison-de-dieu, devenue chez les Chananéens le beth-aven ou maison de celui qui est le mensonge ; sur la pierre ointe, c'est-à-dire sacrée christ ou messie, mais messie démoniaque, et parallèle à celui qui est le fils de Dieu, le sang coula, le sang ruissela en l'honneur du dieu soleil-et-serpent, ou lumière et nature.
Le sang inonda le Dracontium , répandu de la main de ceux qui s'appelaient serpents, et qui, par ce nom divin et pontifical, se rattachaient à la race pieusement sacrilège et dévergondée des géants, dont le nom n'a point péri ; loin de là, car le langage populaire le joint encore à celui de Baal, le dieu-soleil adoré dans ce temple. Mais ce nom contracté, modifié, réduit au monosyllabe Bel ou Bal, signifia plus tard le bal ou ballet mystique par lequel les fêtes sacrées ou orgiaques honoraient le dieu... Stone-Henge reste donc aujourd'hui debout sous l'une de ces dénominations antiques, celle de Bal-des-Géants, à laquelle prête encore son aspect, mais dont le sens étymologique et religieux est à peu près effacé.








Reportez-vous à Culte de la pierre, de l'arbre et de la source (1/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (2/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (4/4), Quand les dieux du paganisme avouent qu'ils ne sont que des démons, État religieux et moral de l'univers au temps de l'établissement du Christianisme, Summis desiderantes affectibus, Bulle apostolique du Pape Innocent VIII, contre l'hérésie des sorcières, Vie de Saint Cyprien et Sainte Justine, Martyrs à Nicomédie, et Exorcisme de Saint Cyprien contre les maléfices, Exorcisme de Saint François de Sales pour les époux dont la fécondité du mariage est entravée par le démon ou par des maléfices, Histoire religieuse des deux cités, La communication de Satan avec l'homme, Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), La religion a été et sera toujours l'âme de la société, Les princes de la Cité du Mal, Le Roi de la Cité du Mal, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Satan veut déformer l'homme afin d'effacer en lui l'image de Dieu, Les efforts incessants de Satan pour se reformer une Cité, Par quelles armes battre le Tentateur ?, Et le Dragon persécuta la femme qui enfanta le fils, Traité de l'Enfer de Sainte Françoise Romaine, L'existence du surnaturel et du surhumain, Les pièges du Diable, Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du Diable, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande Cité du bien, Médiums et faux exorcistes : disciples de Satan, Méditation transcendantale, hypnose et forces démoniaques et Interprétation des rêves : mise en garde.

















samedi 28 janvier 2017

Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source : traditions et origines magiques de ces dieux (2/4)



Extrait de "Les hauts phénomènes de la magie" par le Chevalier Gougenot des Mousseaux :



CULTE DE LA PIERRE, DE L'ARBRE, ET DE LA SOURCE ; PIERRES-DIEUX, ARBRES-DIEUX, SOURCES DIVINES ; TRADITIONS ET ORIGINES MAGIQUES DE CES DIEUX



Saint Boniface abattant le chêne Thor
Du culte de la pierre spirite et divo-démoniaque, sur laquelle nous aurons tout à l'heure un mot à dire encore, passons, et pour un rapide instant, au culte de l'arbre-dieu, que le spiritisme lui associa dès les temps les plus anciens et de la manière la plus intime.
Les premiers autels des patriarches, gazons, beth-el ou pierre brute, s'élevaient à côté d'un arbre sous le dôme épais de son feuillage, dont l'ombre rafraîchissante couvrait et protégeait la source indispensable aux rites du sacrifice.
Le plus historique de tous ces arbres, chênes, hêtres ou térébinthes, que l'histoire des hauts lieux et des bois sacrés nous aide à retrouver partout, ce fut celui d'Abraham à Mambré ; mais le plus classique et le plus connu dans l'antiquité gréco-orientale, c'est le chêne-dieu de Dodone, le Jaoh, c'est-à-dire le Zeus-pater, ou Jupiter des Pélasges Chananéens. Le Jupiter pélasgien, ainsi que le nomme Homère, celui même que nous appelons ailleurs le Jupiter-pierre, ou bétyle, devient donc ici le chêne-Dieu, ou le beth-el végétal. Imitation de l'arbre Abrahamique, il ombrage en tous lieux des sacrifices humains qui rappellent, en le dépassant, celui du patriarche Abraham ; sacrifices quelquefois accompagnés d'anthropophagie sacrée ou de la communion, dont chaque immolation, dans le vieux monde, rappelait, d'une manière prophétique ou traditionnelle, les espèces futures : le pain et le vin. Le sang couvre ces arbres-dieux et les incruste, depuis les plaines de la Scythie jusqu'au fond des Bretagnes et des Gaules, jusqu'à ce redoutable chêne des druides que Maxime de Tyr appelle le Jupiter celtique. Et ces dieux sont réellement animés, ils parlent ; leurs voix sont quelquefois inarticulées ; mais elles se font clairement comprendre, lorsqu'il ne plaît pas au dieu de prendre une forme rapprochée de celle de l'homme, et d'user de la parole humaine.
Le bois qui semble mort et qui provient de leur souche divine parlera lui-même : en effet, le navire Argo, par exemple, le fameux vaisseau de la toison d'or, parle, et rend des oracles. Et pourquoi ? La raison en paraissait bien simple aux peuples policés et savants qui adoraient ces arbres : c'est que Minerve, pour en former le gouvernail, avait mis en œuvre un chêne de la forêt de Dodone. Dans le bosquet de Romové, si fameux dans la Germanie prussienne, on voyait s'élever un chêne sous les rameaux duquel s'étaient évanouies cent générations d'adorateurs ; et, de la tige de ce patriarche des plus chenues futaies sortaient les oracles de la justice. Son tronc renfermait, comme symbole d'une trinité, trois images des dieux principaux ; son écorce dégouttait du sang des victimes, et c'était à son ombre que le grand pontife Germano-druidique, ce patriarche, cet Abraham du Nord, avait établi sa demeure. Les prêtres seuls osaient aborder le lieu sacré que couvrait son feuillage.
L'un de ces arbres-dieux, ou démoniaques, frappa les regards d'un voyageur presque moderne, Pietro della Valle.
Ce dieu végétal était Parreti, que nous pouvons, par conséquent, nommer du nom de son époux, Maha-Deu, c'est-à-dire le grand dieu, puisque la foi des Hindous, semblable à celle des idolâtres de l'antiquité, les confond dans une même personne, ainsi que les dieux Nature-et-lumière Dianus-Diana... Et cet arbre divin, ce grand dieu, notre voyageur le reconnaissait dans ces mêmes régions où il était représenté par la pierre que le peuple y adorait sous la forme sacramentelle du phallus et du ctéis, ou du yoni-lingam, symbole Impudique des mystères et des sabbats.
Or, dans ces vastes contrées, de même que dans la partie de l'Orient la plus rapprochée de l'Europe, de même que dans l'Italie druidique, et jusqu'au sommet du Capitole, la voix de ces dieux-arbres-et-pierres tonnait et se faisait entendre aux plus sourds ; et la divinité renfermée dans ces fétiches se laissait quelquefois apercevoir sous sa forme céleste.
Mille fois, et, d'un bout de la terre à l'autre, ces dieux terribles ont fait sentir leur pouvoir, ont parlé, se sont montrés. L'oreille les entendit, l'œil les vit, la main les toucha.
Aussi, lorsque les soldats de César reçoivent l'ordre, dans les Gaules, de tourner le tranchant du fer contre les arbres-dieux, ces intrépides vétérans pâlissent, on les voit frappés de stupeur. L'électrique et itérative secousse du commandement militaire les ramène cependant à l'obéissance ; ils frappent, mais leurs mains tremblent, ils craignent que le fer ne rebondisse pour se tourner contre eux.
Et, parmi les Gaulois qui les contemplent, les uns gémis sent, mais les autres triomphent ; car, à coup sûr, les dieux outragés vont se venger ! Les spectateurs attendent donc l'éclat d'un courroux qui n'a point coutume de se faire attendre.
Mais, chez tous les peuples un jour arrive où les dieux s'en vont, irrités ou vaincus... et, de nos jours, un spectacle identique d'action divine et de défaillance ; spirite ou démoniaque se reproduisit à la Chine et au Thibet. — Dans ce dernier pays, me dit un évêque dont la parole y répandit les vérités évangéliques, le culte des arbres-fétiches se mêle encore à celui des pierres-esprits ; et ces pierres spirites, ces arbres animés se vengent à coup sûr et cruellement. Ils tuent quelquefois sur le coup ceux qui les profanent. Un de nos missionnaires offrit donc vainement une récompense à des ouvriers pour abattre un de ces colosses de végétation ; car trois individus avaient été frappés de mort pour avoir osé détacher quelques rameaux du corps de ses branches... Il fallut alors que le prêtre du Christ se mît en personne à l'œuvre ; et, sous sa cognée vigoureuse, l'un de ces dieux tomba. Ce fut pour les idolâtres un moment de stupeur ; mais, encouragés par cet exemple, des mercenaires largement rétribués osèrent en abattre trois autres, et les chrétiens du voisinage se chargèrent bientôt de tout le reste. Le Dieu fort se faisait sentir aux dieux-démons, et les condamnait à l'impuissance...
En Scythie, au fond de l'Asie, à Rome, au Capitole, à l'extrémité des Gaules, au plein cœur de l'Amérique, les descendants des trois fils de Noé , mais surtout les Pélasges Chananéens, c'est-à-dire les bandes erratiques issues d'un sang maudit, implantèrent cette même croyance. Ouvrez les yeux et voyez : « Recherchant l'horreur et les ténèbres, les Indiens de l'Amérique centrale aimaient, tout naguère encore, à sacrifier dans les lieux obscurs et dans les grottes que les Gaulois imitent au besoin par le rapprochement de leurs pierres druidiques. — S'il était, au fond d'un précipice, un vieil arbre au feuillage épais, entourant une source de ses racines, et recouvrant quelqu'une de ces pierres consacrées dont les oracles étaient leur loi, vous voyiez rayonner leur visage. » Ainsi, de nos jours encore, l'Irlandais qu'une solide éducation chrétienne n'a point éclairé visite à certaines époques de l'année les sources sacrées, recherchant celles qui s'abritent, comme à Dodone, sous les rameaux d'un vieux chêne qu'ont battu les siècles, ou qui sourdent au pied de l'antique beth-el, de la pierre brute et druidique, à laquelle ils ont conservé son nom primitif.
Incarnation du dieu, qui est la source primitive du pouvoir aux yeux de ces peuples, la pierre et l'arbre divins, ou spirites, devenus pour eux comme inséparables l'un de l'autre, devaient se réunir pour sanctionner par leur union le couronnement des princes. Aussi le Danemark, la Suède, les pays Scandinaves, les îles Britanniques, l'extrême Europe, nous offrent-ils, non moins que les régions du nouveau monde et de l'Asie, de frappants exemples de cette croyance. La coutume de l'Irlande, par exemple, était de placer sur les tumulus représentant les hauts lieux la pierre souveraine qui confère le droit de régner ; et le tumulus d'Usnoach, portant le nom mystique de nombril de l'Irlande, servait de sanctuaire à ce beth-el inaugurateur, placé sous les rameaux d'un chêne sacré. La Suède et le Danemark entourèrent cette pierre si puissante de douze autres pierres, et lui donnent, pour la circonstance, le nom de Lia-Fail. Elle ne diffère que par le nom de celle à qui les mages de la Perse attribuent le même droit d'investiture, en la qualifiant d'Atizoé.
La beth-el, la pierre-christ, c'est-à-dire ointe d'huile, puis de sang, et qui figurait le roi des rois, possédait donc originairement la vertu de communiquer comme par attouchement le droit de souveraineté à l'élu qui devenait sur la terre, grâce à sa ratification, l'image et le représentant du pouvoir !... Et telle fut la durée de son crédit qu'à Scone, en Écosse, lors de la décadence des superstitions antiques, elle fut religieusement enfermée dans le siège où s'asseyaient les rois. Du haut de ce trône-oracle, où elle rendait encore ses consultations, elle figurait comme arbitre de la légitimité du pouvoir ! Si donc elle s'abstenait, au moment voulu, de rendre un son bien connu du peuple, et considéré comme le signe confirmatif de l'élection, le monarque passait pour un prince réprouvé du ciel.
Nous ne saurions terminer cet aperçu sans faire observer que, sur le terrain politique ou social, non moins que sur le terrain religieux, l'arbre suit de près encore la pierre, s'unissant à elle ou la remplaçant, mais ne cessant de représenter tantôt le dieu lui-même, tantôt l'idée de pouvoir divin et de souveraineté. C'est là ce dont nos chênes de justice portèrent un assez long témoignage. Qui de nous ne s'est assis à l'ombre séculaire de quelqu'un de ces arbres, soit auprès des tours croulantes du castel de ses ancêtres, soit au sein de quelque domaine étranger, où les ronces, sinon la charrue, effaçaient la dernière trace du vieux manoir féodal ? Qui de nous, par un jet rapide de la pensée, n'a compté les siècles du chêne antique dans ses rameaux, et ses années dans son feuillage ?... Plus rares seront ceux qui, reliant le souvenir des druides à celui de la justice humaine et divine, ont su rattacher, à l'exemple des peuples les plus anciens de la terre, la pensée de la religion à celle des sacrifices et des supplices... C'est ainsi que de graves autorités nous attestent l'antique usage des Gaulois, « qui pendaient ou crucifiaient les coupables à des chênes, et qui ne se servaient jamais d'un autre arbre, si ce n'est à défaut d'un chêne ». Et pourquoi donc ce privilège du roi de nos forêts ? C'est parce que l'arbre qui devint le symbole du seigneur de la terre, ou du justicier, avait d'abord été l'arbre du Seigneur du ciel, principe de toute justice. C'est parce que la justice divine et la doctrine de la rédemption, si familière à la plupart des peuples anciens, exigeaient naturellement les expiations sanglantes ; et que, pour apaiser le ciel, ils avaient converti les supplices en sacrifices. C'est, enfin, parce que le sacrifice devait s'offrir au seigneur, à la personnification du seigneur, et que, pour les Gaulois et pour tant d'autres peuples, cette personnification était, avec la pierre beth-el, le chêne beth-el, c'est-à-dire le chêne dieu-maison-de-dieu !




Lire Arbres sacrés christianisés et Sources sacrées.


Reportez-vous à Culte de la pierre, de l'arbre et de la source (1/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (3/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (4/4), Quand les dieux du paganisme avouent qu'ils ne sont que des démons, Histoire religieuse des deux cités, La communication de Satan avec l'homme, L'ascèse diabolique, La religion a été et sera toujours l'âme de la société, Summis desiderantes affectibus, Bulle apostolique du Pape Innocent VIII, contre l'hérésie des sorcières, Les princes de la Cité du Mal, Le Roi de la Cité du Mal, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Satan veut déformer l'homme afin d'effacer en lui l'image de Dieu, Les efforts incessants de Satan pour se reformer une Cité, État religieux et moral de l'univers au temps de l'établissement du Christianisme, Par quelles armes battre le Tentateur ?, Et le Dragon persécuta la femme qui enfanta le fils, Traité de l'Enfer de Sainte Françoise Romaine, Le Diable existe-t-il ?, L'existence du surnaturel et du surhumain, Les pièges du Diable, Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du Diable, Satan est présent dans votre vie !, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande Cité du bien, Médiums et faux exorcistes : disciples de Satan, Méditation transcendantale, hypnose et forces démoniaques et Interprétation des rêves : mise en garde.














Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source : traditions et origines magiques de ces dieux (1/4)


Songe de Jacob (Gustave Doré)


Extrait de "Les hauts phénomènes de la magie" par le Chevalier Gougenot des Mousseaux :



CULTE DE LA PIERRE, DE L'ARBRE, ET DE LA SOURCE ; PIERRES-DIEUX, ARBRES-DIEUX, SOURCES DIVINES ; TRADITIONS ET ORIGINES MAGIQUES DE CES DIEUX



(Lire sur les bethel et les bétyles ma brochure Beth-el, seconde édition, que le savant orientaliste Drach cite, et dont il transcrivit des passages dans son Harmonie entre l'Église et la Synagogue, vol. II, p. 415-6, année 1844. « Les réflexions et les investigations de M. des Mousseaux, dit-il, jettent une grande lumière sur cette matière si intéressante. » Voir, depuis, mon travail bien autrement complet et complexe Dieu et les dieux, édité dix années plus tard chez Lagny, 1854, 1 vol. in-8, 596 pages. Il y a donc plus de vingt ans que j'émis la plupart des idées qui vont suivre)


Aussitôt que la plus ancienne de toutes les histoires, aussitôt que la Bible nous permet de certifier quelque vérité, la pierre brute se présente dans le catholicisme antique, ou judaïque, comme le symbole positif, précis et invariable d'un Dieu seul et unique, envisagé dans la personne du Christ.

Aussi la pierre brute et non taillée, celle dont le simple aspect nous dit : Je n'ai point été faite de main d'homme, celle dont la substance indique la solidité, la durée ; cette pierre en un mot que rejetèrent ceux qui bâtissaient, est devenue la tête de l'angle, la clef de voûte de l'édifice religieux et social ! Ce trait d'histoire, si longtemps d'avance écrit par les prophètes, s'accomplit au moment où la pierre devient vivante, étant remplacée par celui dont elle était la figure, et qui, ne conservant d'elle que le nom pour le transmettre à son vicaire, subit dans la chair, au jour de la passion, les insultes du fer que maniait la main de l'homme.
La pierre qui représente le Christ, ou plutôt qui est le Christ, si nous nous reportons aux paroles et aux temps des Écritures (Petra autem erat Christus, Saint Paul, I Corinth., X, 4. — Tu es Petrus, et super hanc petram oedificabo Ecclesiam meam, et portai inferi non proevalebunt adversus eam, saint Matthieu, xvi, 18), est devenue la pierre de l'angle ! et si grand qu'il soit désormais, peuple ou homme, quiconque se heurte contre elle se brise ! ..., Elle-même, au besoin, se détache de la montagne ; elle s'élance comme la foudre pour renverser à son heure tout colosse (Daniel, II, 34) dont s'enorgueillit l'humanité, ou devant lequel les nations tremblent ; et, sous les coups qu'elle lui porte quand elle se meut, tout colosse n'a que des pieds d'argile. Mais laissons parler l'histoire, qui tout à l'heure va déchiffrer à notre profit une magnifique énigme.
Jacob a dormi près de Luza , la tête appuyée sur une pierre. Dieu visite son sommeil par un songe ; un ange lui apparaît. Cet ange, qui n'est point séparé de l'essence divine, mais qui est Dieu, lui dit : Je suis le dieu Beth-el, c'est-à-dire maison de Dieu (Drach et explication, Harmonie, Paris, 1844, vol. II, p. 434-2, etc.). Et Jacob, offrant du vin sur cette pierre, qui représente celui qui est le pain, la fait Christ, ou Messie, c'est-à-dire oint ; car il répand sur elle une huile sainte, et la nomme Beth-el (Genèse, XXVIII, 11-18, et XXXV, 14-15).
Tel sera désormais le nom de cette localité, jusqu'à ce jour appelé Luza. Ce nouveau culte, ce sacrifice manifestement eucharistique s'y continue ; et, plus tard, les Écritures elles-mêmes nous en fournissent la preuve, car nous entendons Samuel dire à Saül : « Vous rencontrerez près du chêne de Thabor trois hommes allant adorer Dieu à Beth-el, l'un portera trois chevreaux », c'est le sacrifice sanglant ; « l'autre trois tourteaux de pain, l'autre une bouteille de vin. » Et ces deux dernières offrandes, qui suivent celles de la chair et du sang, sont le sacrifice non sanglant, qui sous les espèces eucharistiques nous rappellent l'unité dans la trinité (Rois. I, ch. X, v. 3. — Alius tres tortas panis, alius portans lagenam vini, Bible Vence, 1828-9, Paris). Or, cette pierre que j'ai érigée en un monument, monimentum, dit Jacob, est la pierre schetya, c'est-à-dire fondamentale.
Elle existait avant la création du monde ; le monde a été fondé sur cette pierre, et le temple saint fut bâti sur elle (Zohar, p. 1, f. 54, col. 213).
C'est de l'assistance du Puissant de Jacob que vient le pasteur, la pierre d'Israël, celui qui est la manne, le pain de vie (Drach, ib., p. 426-432-3, etc.). Et qui donc est cette pierre ointe ? s'écrie saint Augustin après Jacob , si ce n'est le Christ, chef et source de l'humanité : lapis unctus, caput viri, Christus (Faust, Manich., liv. XII, 16. Drach, ib., 432).
Tournez les yeux vers elle, et le salut viendra. Voyez : le peuple de Dieu meurt altéré dans le désert, mais la pierre va le sauver. Or, qui donne cette pierre à son peuple ? une Marie, vierge et prophétesse, sœur d'Aaron et de Moïse.
Et comment cette pierre sauve-t-elle le peuple lorsqu'elle est frappée par celui qui représente la synagogue, qui frappera le Christ au Calvaire ? Sous les coups, elle laisse jaillir les eaux du salut ; et, suivant désormais les Hébreux dans leurs pérégrinations, cette pierre de vie va leur offrir ses sources d'eau vive (Consequente eos petra, saint Paul, Corinth., x, 4. Hoec est aqua quoe, de comite petra, populo defluebat. Tertul. in baptis., IX. — Drach, ib., p. 446, 423, 435-6). La tradition enseigne, en effet, que cette pierre ne les a jamais quittés. La pierre symbolique les accompagnait donc en tous lieux ; et, quand l'arche sainte manquait dans le sanctuaire, il y avait à sa place une pierre déposée depuis ces jours des premiers prophètes ! Aussi Philon l'Hébreu dit-il : Jéhova a fait sucer à son peuple le miel de la roche et l'huile du plus dur rocher (Drach, ib., 424, 434).

La vigilance de cette pierre ne connaît point le sommeil ; elle a sept yeux ; ce sont les sept yeux, les sept esprits, les sept anges de Jéhova, qui parcourent toute la terre et qui se tiennent toujours en sa présence (Drach, ib., p. 438-9) ! Répétez, répétez son nom, elle est le Christ. Et nous venons de le dire, mais redisons-le de nouveau : le Christ, avant de nous quitter, laisse debout ce nom de pierre, auquel nous voyons quelle symbolique importance toutes les Écritures ont attachée ; il le passe expressément à celui qui va désormais le représenter et devenir la tête, le chef visible et le nerf, la force de son Église militante. Ces notions préliminaires doivent suffire à nous guider sur le terrain que se partagent les religions polythéistes et la magie ; car nous savons maintenant quel est ce dieu Beth-el, ou Dieu-maison-de-Dieu, que nous allons rencontrer à chaque pas sur toute la surface de la terre ; nous savons quelle est cette pierre temple-et-Dieu, que l'antiquité gréco-romaine imite en la nommant bétyle, que l'Irlande druidique appellera both-al, et l'Amérique téocalli (Carli, Lettres améric., Paris, 1792, p. 16, vol. II. Du mexicain Theut calli) ; l'Asie, l'Europe et l'Amérique se trouvant d'accord pour lui donner des noms dont les consonances diverses renferment un sens identique.


BETH-AVEN, PLURALITÉ DES DIEUX.
Au milieu des peuples de la terre, si nous exceptons Israël, que la verge terrible de Jehova relient seul sur la pente qui l'entraîne à la magie et à l'idolâtrie, il ne reste du seul et vrai Dieu que le nom défiguré, que la tradition souvent informe. Les nations, les gentils, gentes, se distinguent du peuple élu par la pluralité des dieux, et par des cultes au fond desquels se retrouvent invariablement le sang humain et la crapule. Car ces dieux, qui pullulent et naissent l'un de l'autre, sont les esprits de l'abîme, et qui les nombrera (Dii gentium doemonia, Ps. 95, v. 5) ?

Or les pierres beth-el, que nous venons de nommer, élevées par les patriarches dans les lieux où Dieu parlait et se montrait aux hommes, ont témoigné chez Israël de l'apparition de Dieu et se sont appelées sa maison. À peine donc se sont-elles dressées sur la terre, que l'Ange de révolte, c'est-à-dire le singe de Dieu, — c'est l'expression de Tertullien et de Bossuet, — trace devant elles sa trompeuse et infatigable parallèle. Les mains qui le servent sont nombreuses ; ce sont celles des prêtres-magiciens, patriarches de la religion du mensonge, et, par cela même, premiers medium du spiritisme antique. Des pierres semblables au beth-el Israélite s'élèvent donc sous la direction de ces hommes, en Chanaan, chez les fils de Cham ; et bientôt, avec la fourmilière des dieux nouveaux, elles apparaissent de toutes parts. Mais la pierre, cette fois, n'est plus seulement le témoin (Monimentum, Matzéba) de l'apparition du vrai Dieu. Elle devient, pour exprimer littéralement son nom de beth-el, la maison même et le temple vivant du dieu. Un dieu l'anime et lui donne le mouvement ; la parole rend par elle ses oracles, et s'incarne en elle. La pierre est devenue divine, elle est dieu, mais dieu menteur. C'est pourquoi, contemplant ces phénomènes de l'œil du mépris, Israël laisse tomber le nom de beth-aven sur cette génération nouvelle de beth-el. Ce mot ne veut donc point dire la maison de Dieu, il signifie la maison du mensonge, qui se la donne pour domicile. L'art aidant, et le symbole perdant de sa valeur, elle devient par degrés statue, et celui qui est le mensonge ne cesse point d'y résider. Sous mille noms génériques ou particuliers, les beth-el Israélites, dits both-al en Irlande, et devenus beth-aven ou dieux menteurs, couvent le monde ancien, non moins que le monde postérieurement découvert auquel reste le nom d'Amérique ; et les régions de la Grèce ou du lointain Orient qui les nomment bétyles se prosternent devant elles. Autrefois en effet, avant l'usage des statues, dans les temps les plus reculés, on honorait les dieux sous la forme de pierres brutes (Pausanias, Phares, Achéens) ; et ce culte, nous dit Tacite, avait une raison d'être toute mystique (Ratio in obscuro, liv. II, Hist.) : Pausanias, entre ces nombreuses divinités déchues qu'il a retrouvées, nomme Cupidon, le dieu des appétits érotiques, et l'appelle le plus ancien des dieux (Pausanias, Béotie). Plusieurs de ces pierres conservées dans des églises d'Allemagne, s'y voient encore suspendues aux voûtes (Creuzer, t. I, p. 7) ; et, dans les grandes Indes, le célèbre voyageur Pierre de la Vallée rapporte qu'un nombre considérable de divinités sont adorées sous la forme d'une simple pierre. Dans une multitude de pagodes, la pierre, encore et toujours, revêtant comme les bétyles grecs la forme brutalement impudique du lingam, est adorée sous le nom de Maha-Déva, c'est-à-dire de grand Dieu (Pierre de la Vallée, t. IV, p. 84 ; — Dieu et les dieux, p. 109-295, etc. ; — Abraham Roger, p. 22, etc., Amst.). Au Pérou, chaque village voyait s'élever à son centre une grande pierre, pareille à nos men-hir druidiques, et que les Indiens proclamaient le dieu tutélaire de la localité (Drach. Harm. 2°, p. 447). Le Mexique enfin adorait des dieux-pierres ; et, dans les États Guatemaliens, la cité sainte d'Utlalan renfermait un temple où, près de la fontaine sacrée, se trouvait une pierre à laquelle chaque année les peuples accouraient rendre leurs hommages et offrir leurs sacrifices. Fuentès veut que cette pierre, venue d'Égypte, ait suivi les ancêtres de la nation Quichée... de même que la pierre miraculeuse suivait les Israélites : consequente eos petra (Voir ci-dessus et Mexique, Amérique centrale, Brasseur de Bourbourg, Paris, 1857, p. 124). La pierre magique Chananéenne, après s'être dressée comme en Israël, en témoignage des apparitions d'un Dieu ; après s'être ouverte aux Esprits divins appelés à s'y incarner, prit bientôt un caractère plus céleste. Se liant, s'identifiant avec les astres qui sont eux-mêmes, chez les nations à plusieurs dieux, la maison, le vêtement ou le corps de divinités puissantes, il sembla bientôt que la pierre sacrée descendît véritablement du ciel, comme s'il s'agissait pour elle de légitimer par l'évidence de cette origine la grande et presque universelle idolâtrie du sabéisme (Zaba, troupe armée des cieux) !

Eh quoi ! mais n'était-elle point elle-même un astre complet et divin ? Qui donc osera le nier parmi ses adorateurs ? Sera-ce la multitude de ceux qui la virent voltiger en l'air, et quelquefois, malgré l'énormité de sa masse, pendant des heures, des jours, ou des mois entiers, ce dont Pline, Aristote et Plutarque nous ont laissé le témoignage ? Ainsi se balançait dans notre atmosphère, en dépit de son énorme poids, une immense aérolithe qui se décida le 9 décembre 1858, après un certain temps d'arrêt, à se précipiter à terre dans le voisinage d'Aussun (Haute-Garonne). Ainsi le Connecticut vit-il une de ces pierres vivantes et aériennes, offrant à l'œil un diamètre de dix-huit cents pieds, braver les lois physiques de la pesanteur, lancer, comme un essaim d'enfants sortis de son sein, des myriades de menues pierres sur une zone immense, et non pas tomber cette fois, mais remonter triomphalement vers son point de départ (Lecouturier, Babinet, etc., cités dans M. de Mirville, t. II p. 25, etc., 1863. — Lire des Mousseaux, Beth-el, 2e édition, 1845 ; — Dieu et les dieux, 1854, chap. VII, etc.).

Le vulgaire qui ne juge des astres, comme de toute chose, que parce qu'il en voit, voyait ces parcelles scintillantes, ces pierres étoiles, se détacher du firmament ; rien ne lui semblait plus naturel qu'un spectacle sans cesse renouvelé, dans ces belles nuits d'Orient créées pour le charme des plus pacifiques loisirs ; et dès lors on se répéta de bouche en bouche, on se montra du doigt l'un à l'autre que les étoiles filaient, s'arrêtaient, se balançaient, se promenaient en l'air, selon l'expression de Damnscius (Drach, Harm. 2e, 446), s'agitaient, pullulaient, remontaient ou prenaient pied sur notre globe. On courut, on ramassa sans trop d'étonnement des pierres brûlantes, ou en ignition, à la place que marquait la chute de ces astres.

Venez-voir, s'écriait-on ; accourez et portez témoignage : cette incandescence, cette chaleur que vous sentez en elles n'est-ce pas le feu primordial et divin, n'est-ce pas le feu sacré ? quoi de plus manifeste ? Et qui donc eût osé dire que ces visiteurs célestes s'abaissant jusqu'à nous, tombant, remontant, violant à leur gré les lois inviolables de la pesanteur, n'étaient point des dieux ? Fallait-il méconnaître dans les pierres aérolithes animées la présence divine, parce que le dieu renfermé dans la pierre daignait se dépouiller de ses splendeurs sous les yeux mêmes de l'humanité, comme pour ménager la faiblesse humaine ? C'était donc avec raison que, chez les infidèles, les genoux les plus fiers pliaient humblement en sa présence.

Ces pierres que tout le monde a vues se mouvoir en l'air, ces pierres que l'on dit vivantes, on les appelle du nom grécisé de bétyles. Elles succèdent au Beth-el primitif, à la Matzéba, que les Grecs familiarisés aux prodiges de la magie ont nommée Mysibate, et qui, plantée tantôt par le dieu Uranus, tantôt par quelque autre patriarche du ciel ou de la terre, rend aux hommes ses oracles (Th Lebas, Revue des Deux-Mondes, et Drach, ib., 442 ; Eusèbe, liv. I, x ; Fourmont, t. I, xvi, etc.), prouvant sa divinité par le don de prophétie, par le mouvement, la parole et la puissance.

Portative, menue, remplissant à peine quelquefois le creux de la main, elle est si grande par sa substance, qu'elle représente, jusque sous cet exigu volume, les dieux de premier ordre les plus terribles ; ou plutôt, en la voyant, vous voyez ces dieux. Tels sont Vesta, Cybèle, Jupiter ; et le plus grand, le plus auguste des serments, ce sera Jupiter pierre (Jovem lapidem jurare. Noctes att., liv. I. xxi, etc.). Oh ! si votre bonne foi n'est point sûre d'elle-même, si jamais elle risque de chanceler, gardez-vous de jurer par cette pierre.

Elle est le maître des dieux, et lorsque Saturne son père croit dévorer Jupiter en avalant un caillou, ne vous récriez point. Cet acte, qui semble de prime abord plus convenable pour une autruche que pour un dieu, n'étonne que l'ignorance. Car, la pierre étant la substance habituelle des dieux, quoi de surprenant si les dieux enfantent la pierre (Lire pour ces passages et les suivants, avec les détails innombrables que j'omets, et les autorités qui les prouvent, mes Beth-el, 2e édit., 1845, mais surtout Dieu et les dieux, Paris, 1854. — Voir sur ce travail le savant rabbin converti Drach, ancien bibliothécaire de la propagande, Harmonie, 2e éd., p. 445-6, note, etc. — Mon ami M. de Mirville a souvent cité mon livre Dieu et les dieux, qui est un de ses livres favoris. Voir ce qu'il en dit vol. 1, chap. VII, p. 225-6, 3e édit., et autres volumes. — Ce volume de Dieu et les dieux aide à comprendre un grand nombre de passages de la Bible, et résout, par des monuments et des faits, un grand nombre d'énigmes mythologiques dans le monde gréco-romain, celte, scythe, américain, etc.) ?

Damascius, entre autres témoins, a vu de ses yeux un bétyle se promenant en l'air ; j'étais persuadé, s'écriait-il, que le bétyle a quelque chose de divin ! Isidore le disait plutôt démoniaque ou spiritisé, ajoutant : C'est un esprit qui lui donne le mouvement (Vita Isid. apud Photium, Drach, Harm., 446). Cette expression marquait la décadence du culte, et les bétyles eurent en effet leur éclipse. L'un d'eux, et des plus anciens sinon des plus grands, le vrai sidérite donné par Apollon au Troyen Hélénus, avait le don de la parole ; il lui prédit la ruine de Troie. Lors qu'il refusait de parler, on feignait de vouloir le lancer au loin. De même, au sixième siècle de l'ère chrétienne, le bétyle que porte dans son sein le médecin Eusèbe, ami d'Isidore, s'entête-t-il dans son silence, vous le fichez dans un trou de muraille. Humilié, ravalé à la condition des pierres communes, il s'exprime alors d'une voix sifflante et rappelle ainsi le nom du bétyle ophite, c'est-à-dire de la pierre divine et serpent. Chaque bétyle a donc, suivant les temps, son dieu, son génie ou, comme nos tables oraculaires, jusqu'à son âme ! car, si vous observez l'initié américain, issu des compagnons Chananéens, ou serpents, de quelque Cadmus (Dieu et les dieux, chap. xv ; et plus bas, chap. l, Cadmus), vous le verrez placer entre les lèvres de son ami moribond une pierre ; elle sera toute simple s'il est pauvre, mais précieuse s'il peut se la procurer. Le moribond venant alors à expirer, c'est la pierre qui reçoit son âme : elle y entre, et l'ami trouve ainsi le moyen tout spirite de la recueillir.

La pierre après tout, non contente de prophétiser, se transforme quelquefois et disparaît ; ou plutôt, elle se manifeste sous les traits du dieu qu'habituellement elle couvre et dissimule. Ainsi la pierre de Tohil fait entendre sa voix, que le peuple écoute avec une religieuse terreur. Les prêtres aussitôt tirent du sang de leurs veines pour en oindre cette pierre, et lui sacrifient de nombreuses victimes humaines... Tout à coup, trois jeunes gens sont devant eux ; cette trinité sortie de l'unité parle, et sa parole est un enseignement salutaire (Lire Mexique, Brasseur, p. 574, 135, etc.).

Une autre pierre d'une énorme grandeur, et semblable à celles de nos monuments druidiques, était tombée du ciel non loin de Cencalco ; et près d'elle une vieille était apparue, du plus effrayant aspect ! Qui veut acheter ces banderoles ? s'écriait-elle en agitant des bandes de papier. Et quiconque avait le malheur de recevoir une de ces bandes était saisi par des mains invisibles, et sacrifié sur la pierre. Dans l'Amérique centrale, les traditions Toltèques signalent les fréquentes apparitions nocturnes de cette femme, assise sur une grosse pierre. Empressés de l'apaiser, les Indiens se rendent auprès d'une roche dans le voisinage de Babinal, à l'angle d'un carrefour. On y allume aussitôt un certain nombre de chandelles ; et, jusqu'à ce qu'elles soient consumées, chacun marmotte des invocations étranges (Ib., p. 382. — Hélas ! dans ses précieuses recherches et dans celles même qui concernent le Nagualisme, M. l'abbé Brasseur nous a dit n'avoir examiné aucune de ces questions au point de vue sérieux de la magie. Bien que nos phénomènes modernes le trouvent passablement incrédule, nous nous sommes permis d'attirer pour l'avenir son attention sur les parties de son ouvrage où le Merveilleux se trouve en relief. Son témoignage d'historien nous est d'autant plus précieux, jusqu'ici, qu'il ne le porta point pour les besoins de la cause !). Placés dans les mêmes circonstances, les survivants du culte Celto-Chananéen ou druidique des Gaules avaient, jusque sous Charlemagne et au-delà, conservé le même usage ; et coup sur coup, les capitulaires sévissent contre ces retardataires de la démonolâtrie : « Que nul ne s'avise de consulter les devins ou d'observer les augures ; que nul n'interroge les pythonisses, ou ne se fasse sorcier ou charmeur : qu'il ne se rencontre plus ni faiseurs de ligatures, ni excitateurs de tempêtes ou magiciens ; que partout où ces gens sont saisis on les mène à correction, ou qu'on les condamne. Ainsi soit dit des arbres et des sources ; ainsi des pierres devant lesquelles des insensés viennent dresser des luminaires, ou pratiquer leurs observances. Ordre absolu de déraciner ces détestables coutumes, Dieu les exècre (Lire dans le magnifique recueil des Capitulaires de Charlemagne, LXIII, ann. 789, t. I, p. 235. (...) Voir Ducange. — Calculator est ce que les Romains du temps de Tibère appelaient les mathématiciens, c'est-à-dire les devins). »

Dieux et oracles chez tous les peuples spirites, — car ainsi pouvons-nous dénommer, d'après le langage même des saintes Écritures, les adorateurs des dieux-esprits (Dii gentium daemonia, ps. 35, v 5. Daimon ne veut dire qu'esprit), — ces pierres, grâce à l'esprit prophétique dont elles sont douées, obéissent à la loi du parallélisme qui maintient sans cesse au-dessous de la ligne divine la ligne de l'ordre démoniaque ; et non seulement elles forment le pendant de la pierre beth-el proprement dite, mais elles se rapprochent singulièrement des pierres oraculaires établies à l'usage du peuple que Dieu s'était élu pour le servir selon les rites que fixa Moïse ; rites beaucoup plus anciens peut-être que ce prophète lui-même.




Reportez-vous à Culte de la pierre, de l'arbre, de la source (2/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (3/4), Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source (4/4), État religieux et moral de l'univers au temps de l'établissement du Christianisme, Comment Saint Nicolas abat les temples des idoles et détruit les lieux dédiés aux superstitions païennes, et comment le démon tenta de se venger, Les initiations dans le paganisme, Summis desiderantes affectibus, Bulle apostolique du Pape Innocent VIII, contre l'hérésie des sorcières, Les murs ont des oreilles ou les démons espions, La terre se couvrit de ronces et d'épines, La réalité des apparitions démoniaques, Prières à dire en temps de maladies ou de calamités, Quand les dieux du paganisme avouent qu'ils ne sont que des démons, Histoire religieuse des deux cités, La communication de Satan avec l'homme, La religion a été et sera toujours l'âme de la société, Les princes de la Cité du Mal, Le Roi de la Cité du Mal, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Satan veut déformer l'homme afin d'effacer en lui l'image de Dieu, Les efforts incessants de Satan pour se reformer une Cité, Par quelles armes battre le Tentateur ?, Résultats du spiritisme : la folie et le suicide - Dernier obstacle à l'envahissement satanique : la papauté, Figure biblique de la parfaite dévotion à la Sainte Vierge Marie : Rébecca et Jacob, Et le Dragon persécuta la femme qui enfanta le fils, Neuvaine de protection contre les attaques de magie, Traité de l'Enfer de Sainte Françoise Romaine, Le Diable existe-t-il ?, Passer de l'attrait du laid à l'attrait du beau, L'existence du surnaturel et du surhumain, Les pièges du Diable, Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du Diable, Satan est présent dans votre vie !, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande Cité du bien, Médiums et faux exorcistes : disciples de Satan, Méditation transcendantale, hypnose et forces démoniaques, Interprétation des rêves : mise en garde, Symptômes de possession ou infestation démoniaques, Prière pour la conversion des francs-maçons et lettre encyclique du Pape Léon XIII, Phénomènes possibles en cas de possession et signes de délivrance et Message de Notre-Dame de la Salette.