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lundi 18 octobre 2021

Le Dragon, persécuteur de l'Église


« Le Dragon, précipité en terre, se mit à poursuivre la femme et à la persécuter (Apocal., ch. XII, v. 13). » Quelle est donc cette femme, demanderons-nous ? C'est la femme par excellence ; Mère du Fils par excellence ; la femme dont il fut dit au Dragon lui-même, après sa victoire dans l'Éden : « J'établirai la guerre entre toi et la femme, entre ta race et la sienne ; elle t'écrasera la tête, et toi tu essayeras de lui déchirer le talon. Voulez-vous la connaître ? Prêtez l'oreille à la voix des siècles passés et des siècles présents : tous répètent le nom de Marie.
Mais comment Marie, dont le passage ici-bas s'est accompli en quelques années, d'une manière obscure aux yeux du monde, dans un coin obscur de la Palestine, peut-elle être l'objet d'une persécution aussi durable que les siècles, aussi étendue que le monde ? — Marie est la femme immortelle ! Quarante siècles avant sa naissance, elle vivait dans Ève ; et Satan le savait. Depuis dix-huit siècles, elle vit dans l'Église ; et Satan le sait encore.
Marie, en effet, vit dans l'Église, sa fille et sa ressemblance. Nous disons sa fille ; car le sang divin qui a enfanté l'Église est le sang de Marie. Aussi l'Apocalypse nous dit-elle que « le Dragon irrité contre la femme, alla faire la guerre à ses autres enfants qui gardent les commandements de Dieu, et qui demeurent fermes dans la confession de Jésus-Christ (Ibid., v. 17) » — Nous disons sa ressemblance : Comme Marie, l'Église est vierge et mère tout ensemble ; vierge, jamais l'erreur ne l'a souillée : mère, elle enfante autant de Christs, qu'elle enfante de chrétiens : Christianus alter Christus. Ainsi la femme, objet de la haine du Dragon, c'est l'Église, ou plutôt Marie, vivant dans l'Église.
Ce qui caractérise le plus cette haine, c'est l'implacabilité. Impuissance d'aimer, nécessité de haïr ; voilà, en effet, le mystère de la vie de Satan.
Cette haine satanique s'est incarnée dans l'humanité vivante. Elle a changé de nom avec les différentes époques ; elle s'est appelée le césarisme, la haine du christianisme, le sensualisme et le rationalisme. Aujourd'hui elle s'appelle d'un nom qui renferme tous les noms : c'est la Révolution, c'est-à-dire cette chose qui porte au cœur comme l'essence de sa vie, la haine de l'Église. « Mon idée, s'écrie-t-elle, est toujours la même ; mon idée, c'est Voltaire du haut de son piédestal ricanant sur les ruines du christianisme ; c'est l'humanité nouvelle, redisant, ou plutôt pratiquant la parole du maitre : écrasons l'infâme ; c'est moi-même enfin, étouffant dans mes bras mon éternelle ennemie, l'Église catholique. » La haine de l'Église, c'est le point de ralliement de toutes les opinions, de toutes les sectes, de toutes les écoles, de toutes les presses, de toutes les doctrines dites révolutionnaires. La haine de l'Église, c'est l'essence même de ce sombre génie qui ébranle aujourd'hui le monde et menace de le briser, c'est l'universelle protestation de Satan contre le Verbe et contre Marie.
Le défenseur de Marie et de sa postérité, dans laquelle elle vit, est toujours celui qui fut le défenseur de ses ancêtres. Lorsque Dieu le juge utile pour le salut de ses enfants, saint Michel « descend du ciel avec une longue chaîne (Apocal., ch. II), il lie le Dragon et le jette dans l'abîme, qu'il scelle sur lui afin qu'il ne séduise plus les nations. Lorsque le temps est accompli, il le délie de nouveau, pour un peu de temps, jusqu'au jour où il le jettera dans l'étang de soufre et de feu, où la bête et les faux prophètes seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles. »
Telle la mission que l'Église a toujours attribuée spécialement à saint Michel. On peut le constater par les prières de sa liturgie et par le témoignage des auteurs ecclésiastiques.
Écoutons en particulier Hugues de St-Victor, dans un sermon pour la fête du grand Archange. « Ayons une grande confiance dans saint Michel et ses Anges. Nous chantons dans la solennité de ce jour : La mer a été agitée, la terre a tremblé là où l'Archange Michel descendait du ciel. La mer : ce sont les démons ; la terre : ce sont les hommes de mal. Les démons sont représentés par la mer, parce que, comme elle, ils sont pleins d'amertume, gonflés et toujours en mouvement. Les méchants sont représentés par la terre, parce qu'ils méprisent les choses du ciel pour s'attacher à la boue. Mais là où Michel descend du ciel, la mer est agitée, la terre tremble ; car cet Archange met un frein aux tentations des démons et à la perversité des méchants pour délivrer les fidèles de Jésus-Christ. »
Bossuet constate l'universalité de cette croyance et l'appuie de sa grande autorité.
« Il ne faut point hésiter, dit-il, à reconnaître saint Michel pour défenseur de l'Église, comme il l'était de l'ancien peuple après le témoignage de saint Jean (Apocal., XII, 7), conforme à celui de Daniel (X, 13, 21 ; XII, 1). Les protestants, qui, par une grossière erreur, croient toujours ôter à Dieu tout ce qu'ils donnent à ses Saints et à ses Anges dans l'accomplissement de ses ouvrages, veulent que saint Michel soit dans l'Apocalypse Jésus-Christ même le prince des Anges, et apparemment dans Daniel le Verbe conçu éternellement dans le sein de Dieu ; mais ne prendront-ils jamais le droit esprit de l'Écriture ? Ne voient-ils pas que Daniel nous parle du prince des Grecs, du prince des Perses, c'est-à-dire sans difficulté, des Anges qui président par l'ordre de Dieu à ces nations ; et que saint Michel est appelé dans le même sens le prince de la synagogue, ou, comme l'Archange saint Gabriel l'explique à Daniel, Michel votre prince ? et ailleurs plus expressément : Michel, un grand prince, qui est établi pour les enfants de votre peuple ? Et que nous dit saint Gabriel de ce grand prince ? Michel, dit-il, un des premiers princes. Est-ce le Verbe de Dieu, égal à son Père, le créateur de tous les Anges, et le souverain de tous ces princes, qui est seulement un des premiers d'entre eux ? Est-ce là un caractère digne du Fils de Dieu ? Que si le Michel de Daniel n'est qu'un ange, celui de saint Jean, qui visiblement est le même dont Daniel a parlé, ne peut pas être autre chose. Si le Dragon et ses Anges combattent contre l'Église, il n'y a point à s'étonner que saint Michel et ses Anges la défendent (Préface sur l'Apocalypse). »
Telle a toujours été la croyance de l'Église. Aussi lorsque la persécution se fait sentir, lorsque la tempête menace d'engloutir la barque de Pierre, tous, matelots et passagers se tournent vers le glorieux Prince de la milice céleste.
Chaque année, au nom du pape, le cardinal vicaire convie le peuple romain au pied des autels de l'Archange. Voici en quels termes il le faisait il y a quelques années : « Si, d'un côté, les impies de notre temps ont osé mettre en honneur le prince des ténèbres dont ils se sont faits les fils et les imitateurs ; les fidèles se sont, de leur côté, attachés à relever la vénération et la confiance que l'Église catholique a toujours placées en l'Archange saint Michel, le premier vainqueur de l'esprit du maudit.
« Or, depuis que la lutte de la pensée rebelle au Très-Haut s'est ravivée, depuis que l'enfer a redoublé ses ténébreux efforts contre les soutiens des raisons divines, on a vu se répandre plus universelle et plus solennelle la préparation à la fête du saint Archange. Et cette préparation nous est ordonnée par le Saint-Père cette année (1868), car nous n'avons pas moins besoin qu'autrefois d'être protégés par le glorieux triomphateur des démons.
« L'invincible chef des légions angéliques veut voir et reconnaître ses braves soldats au pied de ses autels, comme il y vit jadis autour de sa bannière les Anges armés contre l'orgueilleux Lucifer. Pressons-nous confiants sous les ailes de saint Michel, et implorons ses grâces afin qu'il chasse Satan du monde comme autrefois il le chassa du ciel ! Nunc judicium est mundi, nunc princeps hujus mundi ejidietur foras. »
Cet appel du Pontife romain est fondé sur l'expérience des siècles. Mais énumérons, pour la gloire de l'Archange, quelques-unes de ses marques de protection.
Satan, après avoir vu tomber Babylone, centre primitif de son empire et du vieux monde, avait choisi Rome, centre d'un monde nouveau. De cette nouvelle Babylone, comme l'appelle saint Pierre, il régnait en maître sur l'univers, et dans son insolent orgueil il avait osé proposer à Jésus les royaumes de la terre, en échange des adorations que celui-ci voudrait lui rendre. Insensé qu'il était ! ces royaumes, il allait les perdre, et cette capitale, d'où il allait être expulsé, allait devenir la métropole de l'Église.
Quand le batelier de Génézareth, conduit par son Ange, fit son entrée dans Rome, l'enfer tout entier frémit de rage et ramassa toute sa puissance pour tenter un suprême effort. Saint Pierre venait avec le don des miracles. Satan résolut d'opposer aux œuvres de Dieu le prestige des siennes, au vrai surnaturel un surnaturel faux, les apparences du miracle au miracle lui-même. Comme autrefois il avait opposé ses magiciens à Moïse, il opposa Simon, surnommé le magicien, à saint Pierre. Jamais peut-être la puissance de Satan ne se montra aussi grande. Les livres des écrivains contemporains sont remplis du récit des prodiges vraiment incroyables par lesquels il séduisait les multitudes. On le saluait déjà comme un dieu, lorsque, à la prière de l'apôtre, l'Archange le précipita du haut des airs où il s'était élevé soutenu par les démons. L'enfer était vaincu.
Ce qu'il n'avait pu faire par ses prodiges, Satan l'essaya par la force. Alors commença une guerre telle que n'en ont jamais enregistré les annales de l'humanité. elle dura 250 ans. Dire tout ce qu'il y eut de cruauté et de rage de la part des suppôts de Satan ; de tortures endurées, de sang répandu de la part des victimes, n'est pas possible. On put croire un instant que l'Église allait être noyée dans le sang chrétien. Mais il entrait dans les desseins de Dieu de cimenter l'édifice de son Église avec le sang des martyrs ; Satan, sans le savoir, faisait l'œuvre de Dieu ; et dans le temps qu'il se préparait à chanter victoire sur les ruines du christianisme, saint Michel s'en allait chercher un guerrier encore païen, Constantin, lui donnait la croix pour étendard et le conduisait à Rome après une brillante victoire (tous les témoignages historiques s'accordent à dire que ce fut un Ange qui apparut à Constantin. Nous l'avons vu dans le chapitre précédent. Deux cités privilégiées en ce monde par-dessus toutes les autres ont été providentiellement destinées dans le temps à être le centre du mouvement religieux qui ralentit jusqu'aux rivages de l'éternité. Le sceau de l'élection divine, les miracles, les ont marquées toutes deux. Jérusalem vit à l'approche du peuple choisi, précurseur du soleil de justice, s'arrêter sur ses murailles à la parole de Josué, le soleil matériel de notre monde physique. À vingt siècles de distance, une croix apparut lumineuse et rayonnante, dans les splendeurs du ciel, aux yeux d'un conquérant qui devait incliner la majesté séculaire de la Rome païenne devant l'immortalité de la Rome chrétienne. Telle est la prise de possession souveraine de ces deux cités élues.). Satan était vaincu au cœur même de sa citadelle. Dans le même temps, ses temples s'écroulaient, ses adorateurs l'abandonnaient, sa civilisation corrompue et corruptrice disparaissait sous les ruines de son empire.
Saint Michel était victorieux. Écoutons plutôt Bossuet, commentant le chapitre XIIe de l'Apocalypse :
« Il y eut alors un grand combat dans le ciel... Comme le démon prévoyait qu'il lui restait peu de temps, et que les Gentils, qui se convertissaient en foule, lui feraient bientôt perdre l'empire romain, il fait ses derniers efforts contre l'Église ; les Anges de leur côté, combattent avec plus de force. — Michel et ses Anges, le Dragon avec ses Anges : chaque troupe avait son chef. — Michel, un grand prince qui est le défenseur de votre peuple. On voit donc ici que saint Michel est le défenseur de l'Église, comme il l'était de la Synagogue.
« Ceux-ci furent les plus faibles, et leur place ne se trouva plus dans le ciel. Cette chute leur arriva lorsque Galère Maximien, qui était le premier auteur de la persécution, fut contraint lui-même au lit de la mort, par une horrible maladie où l'impression de la vengeance divine paraissait toute manifeste, de faire un édit pour donner la paix à l'Église, l'an 311 de Notre-Seigneur ; et que cet édit fut appuyé par Constantin, qui croissait tous les jours en puissance.
« Et j'entendis une grande voix dans le ciel. C'était un chant d'actions de grâces des saints pour la victoire remportée sur l'idolâtrie, et la paix donnée à l'Église par Constantin. — L'accusateur de nos frères, qui les accusait... devant... Dieu :  on peut entendre ici les calomnies que le démon inspirait aux païens contre les fidèles ; mais ce mot, devant... Dieu, nous renvoie à ce qui se passa en la personne de Job, lorsqu'il fut livré à Satan, qui se vantait de venir à bout de sa constance. Ainsi, pour éprouver la patience de son Église, Dieu permettait aux démons de lui susciter des persécuteurs.
« Malheur à la terre et à la mer ! Malheur à tout l'univers et à tous les hommes ! Et la cause de ce malheur de toute la terre, c'est, poursuit saint Jean, que le diable y est descendu plein d'une grande colère contre l'Église, qu'il va persécuter avec une nouvelle fureur.
« Sachant qu'il lui reste peu de temps : ce qu'il jugeait aisément par les conversions qui se multipliaient, par les acclamations même des Gentils à l'honneur des chrétiens et de leur Dieu ; et enfin parce que Constantin, si favorable à l'Église, s'avançait manifestement à la souveraine puissance plus que tous les autres empereurs qui étaient alors. Saint Jean nous déclare ici très expressément que cette implacable colère, qui fait faire au démon les derniers efforts contre l'Église, est un malheur de tout l'univers ; et plus encore des persécuteurs que de l'Église persécutée : car, encore qu'elle ait beaucoup à souffrir, à cause que le démon déchargera sur elle cette grande colère dont il est plein, ceux dans lesquels il opère, et dont il fait des instruments de sa fureur, sont dans un état sans comparaison plus déplorable. »
Chassé de Rome, Satan n'a cessé de rôder jour et nuit autour des remparts de cette vielle éternelle afin de la surprendre, et de la faire de nouveau sa capitale. C'est pour cela que dans sa haine infatigable, tantôt par les hérésies, tantôt par les schismes, toujours par les scandales, il s'est efforcé d'enrôler sous sa bannière des multitudes révoltées et de les conduire à l'assaut de l'Église. (...)
Jamais ce rôle de défenseur de l'Église n'a été plus évident que dans les luttes contre l'Islamisme. (...) Jamais lutte n'a été plus longue et plus terrible ; elle dure depuis l'an 600, et elle a fait couler plus de sang qu'aucune autre. Nulle part, l'Église n'a éprouvé plus de résistance pour la conversion des âmes et la diffusion des bienfaisantes lumières de la foi. Bien des fois même, elle a vu son existence en péril ; mais l'Archange est chaque fois venu d'une manière visible lui apporter le secours de sa défense.
Il n'entre pas dans notre plan de montrer dans un tableau d'ensemble ce qu'il a fait à chaque époque, comment il a lié et délié tour à tour le Dragon infernal, quels ennemis celui-ci a suscités à l'Église aux différents âges de son existence, et comment saint Michel en a triomphé. Il suffit d'étudier l'histoire, pour constater que toujours, partout, et sous toutes les formes, Satan multiplie ses attaques. Nous dirons dans les chapitres suivants quelles sortes de secours particuliers le grand Archange apporte toujours à l'Église.
Mais avant, constatons que, parfois, ce secours a semblé se faire attendre. C'est que, ici comme partout, nous devons voir le doigt de Dieu. À l'Église, il faut des héros, des martyrs ; il faut des âmes illustres, illustres animas ; il faut des hommes généreux qui se fassent briser, immoler pour la justice, interfecti propter justitiam. Or, c'est la guerre qui fait les héros. La paix énerve les courages et amollit les cœurs ; c'est la plainte que faisait entendre saint Cyprien, au milieu de la paix dont l'Église jouissait de son temps. Mais la guerre secoue la torpeur des peuples, relève les âmes, retrempe les caractères. Voilà le secret de la vie de l'Église, toujours jeune et toujours belle : la souffrance est le sang qui porte la vie dans tous ses membres. Semblable au géant de la fable qui, chaque fois qu'il touche la terre, prend de nouvelles forces, l'Église, après chaque persécution, se relève toujours plus forte, plus brillante et plus radieuse.
Oui, Ô Église de Jésus-Christ, vous vivez et vous vivrez jusqu'à la fin des siècles, sans que les portes de l'enfer puissent jamais prévaloir contre vous ! Que les impies se réjouissent, qu'ils frappent à coups redoublés le roc inébranlable, qu'ils annoncent avec grand éclat sa ruine prochaine ! Les insensés ! ils accomplissent, sans le savoir, la promesse du divin fondateur. Mais leur tâche finie, ils se briseront, comme leurs devanciers, contre l'épée du glorieux vainqueur de Satan et contre la pierre qu'ils essayent de renverser.

(Saint Michel Archange, Protecteur de l’Église et de la France, Sa lutte avec Lucifer dans le passé, le présent et l'avenir, ses apparitions et son culte, Abbé Eugène Soyer, 1879)


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vendredi 15 octobre 2021

Saint Michel, porte-étendard de Dieu



Signifer, porte-signe, porte-étendard, tel est encore le titre que lui donne la liturgie ; on pourrait même ajouter que ce mot est une épithète inséparable du nom de Michel : signifer sanctus Michael ; Michael salutis signifer. — Quel est donc ce signe ou étendard ! — Notre-Seigneur annonçant à ses disciples son dernier avènement, leur dit : « Alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel, et à cette vue tous les peuples de la terre pousseront des cris déchirants (Saint Matth., XXIV). Ce signe est la Croix, disent les saints Pères (Saint Chrysostome, saint Jérôme, saint Bède, etc.) ; et cette Croix qui a été l'instrument de la Rédemption, sera le royal étendard que notre grand Dieu déploiera au grand jour de son triomphe. Saint Michel le portera à la tête des légions angéliques qui accompagneront dans ce jour terrible et solennel le Juge des vivants et des morts (Ekius, Barnabé saladin, etc.). Et cette Croix, s'écrie saint Chrysostome, plus brillante que le soleil, illuminera toute la terre des rayons de sa gloire (Homél., 66, sur saint Matth.). C'est à saint Michel qu'en a été confié la garde sur cette terre. Et à cela rien d'étonnant. Dieu a préposé des anges à la garde du monde matériel ; depuis l'hysope et le brin d'herbe de la vallée jusqu'à l'astre radieux du firmament qui roule avec tant de régularité et de majesté au-dessus de nos têtes à travers des espaces infinis, il a tout confié à leur vigilante protection. Les anges sont partout dans nos églises et dans nos demeures qu'ils préservent contre les attaques de l'esprit méchant. Dieu n'a donc pu faire moins pour la relique la plus précieuse de la terre. C'est saint Michel qu'il a chargé de veiller sur ce précieux dépôt.
Cette mission est très conforme à son caractère. Il a précipité Satan du ciel ; et c'est la Croix qui sur la terre anéantit l'orgueil de Satan. C'est avec cette arme incomparable que le puissant Archange poursuit son ennemi vaincu et retire ainsi les fruits précieux de sa glorieuse victoire ; aussi le représente-t-on transperçant le dragon avec une lance au bout de laquelle est un étendard blanc comme la neige avec une croix incarnadine au milieu.
Cet arbre, cet autel du salut, rougi du sang de l'Agneau, avait été l'objet d'un choix spécial de Dieu dès le commencement. Ce que nous disent les légendes concernant la nature et les différents usages de ce bois précieux jusqu'au jour où on en forma la croix du Sauveur, est-il authentique ? Quel que soit leur peu d'autorité, elles ne servent pas moins à constater le rôle attribué à saint Michel aux différentes époques de l'histoire.
Comme ce grand Archange dut laisser éclater son allégresse et sa reconnaissance pour le choix divin qui confiait à sa garde l'instrument de la rédemption ! — Mais qui dira surtout avec quel saint tremblement il en fit apparaître la lugubre vision au Rédempteur le jeudi saint au soir dans le jardin de Gethsémani ! (C'est ainsi que les peintres représentent l'Ange du jardin de l'agonie ; il tient d'une main la croix, et de l'autre, le calice à la vue duquel l'homme-Dieu s'écrie ; Transeat a me calix iste).
Qui exprimera les sentiments dont son cœur fut rempli, alors qu'il vit reposer sur les divines épaules du nouvel Isaac, le bois du sacrifice ! Nul ne saurait redire ce qui se passa dans son cœur lorsqu'il vit cet arbre arrosé par le sang qui rachetait le monde. Mettez, ardent séraphin, mettez dans nos cours glacés une étincelle de ces flammes d'amour dont vous brûliez alors à la vue de la charité incomparable de Dieu pour nous.
Ce ne fut pas sans une providence spéciale que ce monument inestimable de l'amour infini de notre Dieu fut enseveli, pendant près de trois siècles, au sein de la terre. Il fut ainsi préservé de la main sacrilège des innombrables tyrans qui travaillèrent avec rage à anéantir tout ce qui appartenait au christianisme.
Un jour enfin, en 312, il apparut radieux dans le ciel. C'était saint Michel qui déployait cet étendard et le donnait comme un gage de victoire au célèbre Constantin. In hoc signo vinces, vous vaincrez par ce signe, était-il écrit alentour. Paroles mémorables qui renferment un sens bien profond.
À partir de ce jour, la croix teinte du sang du Rédempteur ne devait plus rester ensevelie sous terre ; elle devait être présentée à la vénération des fidèles. Saint Michel alors suscita sainte Hélène. Il lui révéla qu'elle devait retrouver cette croix dont l'image avait conduit au triomphe son fils Constantin (À Rome, Constantin se fit ériger une statue qui le représentait tenant à la main une lance terminée par un travers en forme de croix. Au bas de la statue étaient inscrites ces paroles : « Par ce signe salutaire, qui est la vraie marque de la force, j'ai délivré votre ville du joug de la tyrannie, et rétabli le sénat et le peuple romain dans leur dignité première et dans leur ancienne splendeur » (Eusébe, Vie de Constantin , liv. I, ch. XLVIII))
L'Église célèbre la mémoire de cette heureuse Invention le 3 mai. Trois siècles plus tard, cette même relique tomba au pouvoir de Chosroès, roi de Perse ; mais l'Archange la préserva de la destruction. Bientôt même il suscita un empereur chrétien, Héraclius, qui la reporta triomphalement à Jérusalem. « Comme il s'approchait de cette ville en grande pompe, un ange ferma les portes de la cité pour lui en interdire l'entrée ; et comme Héraclius en était très étonné, une voix du ciel se fit entendre qui disait que le Roi des rois n'était pas entré ainsi équipé à Jérusalem quand il y était venu afin de souffrir pour tous les hommes, mais bien avec humilité et monté sur une ânesse. Reconnaissant aussitôt son orgueil, l'empereur descendit de cheval, et s'humilia profondément; alors les portes s'ouvrirent d'elles-mêmes devant lui (Durand, Rational, liv. VII, ch. XXIX). » L'Église institua, en mémoire de ce fait, la fête de l'Exaltation de la sainte Croix, qu'elle célèbre le 14 septembre.
Ce fut pour délivrer de la possession des Turcs, cette croix si chère à toute âme chrétienne, que l'Europe catholique organisa les Croisades, œuvre de foi, que saint Michel protégea comme nous le dirons plus tard, mais dont le complet succès fut empêché par les crimes de ceux qui les entreprirent.
Aujourd'hui, après dix-huit siècles écoulés au milieu de révolutions sans nombre, la croix du Rédempteur est encore à la place où elle fut plantée le vendredi saint, alors qu'elle portait dans ses bras le salut du monde. Arbre béni, miraculeusement conservé au milieu d'un peuple ennemi du nom chrétien. « Ô croix ! ô arbre triomphal, vrai salut du monde, je te salue ! entre tous les bois, nul ne t'égale pour la feuille, la fleur et le fruit. — Les rois croient-ils ! l'ennemi cède : avec une croix, guidé par le Christ, un seul homme met en fuite des milliers d'hommes (O Crux ! lignum triumphale, Mundi vera salus, vale : Inter ligna nullum tale, Fronde, flore, germine. Règes credunt, hostes cedunt : Sola cruce, Christo duce, Unus fugat millia. Adam de Saint-Victor, prose pour l'exaltation de la sainte Croix). » Aussi la croix est l'étendard que saint Michel déploie devant les armées chrétiennes, et en même temps l'arme incomparable qu'il leur donne afin de les faire triompher. Tel il apparut aux armées portugaises alors qu'elles combattaient les Maures devant Alcazar en 1217, tel il apparaît aux âmes qui ont à supporter de rudes assauts du démon.
Un auteur (Miekow, Litanies de la sainte Vierge, t. IV, p. 705) raconte que sainte Marie-Madeleine révéla à une sainte religieuse, que tant qu'elle vécut au désert dans une solitude horrible et au milieu de rochers affreux, elle joignit à la contemplation la plus élevée de la divinité, la considération des mystères de la vie et de la Passion du Christ, ce qui lui mérita la protection miraculeuse de saint Michel contre les démons. Dans une visite que lui fit ce prince de la cour céleste, celui-ci planta à l'entrée de la caverne qui lui servait de demeure, une croix mystique, à la vue de laquelle l'esprit tentateur se retira rempli d'épouvante.
Vous viendrez à notre secours, glorieux porte-étendard de notre Dieu, quand nos âmes attiédies auront oublié leur Rédempteur ; vous déploierez à nos yeux, cette croix divine, acte authentique d'un immense amour. Explicat victor crucem, Michael salutis signifer.

(Saint Michel Archange, Protecteur de l’Église et de la France, Sa lutte avec Lucifer dans le passé, le présent et l'avenir, ses apparitions et son culte, Abbé Eugène Soyer, 1879)


Reportez-vous à Le Dragon, persécuteur de l'Église, Saint Michel, l'Ange de l'Eucharistie, Satan domine sur toutes les nations par l'idolâtrie, Saint Michel le combat par l'intermédiaire de Moïse, Saint Michel, ange protecteur de l'Église, Sur la terre comme dans le ciel, saint Michel vient avec ses anges combattre Lucifer et ses légions perverses, et prendre soin des élus, Saint Michel, premier des anges, Michael ? sens de ce mot, titre de gloire pour celui qui l'a prononcé, Les Anges dans l'épreuve, Le combat de Saint Michel contre Satan continue sur terre, Quelles sont les plus célèbres apparitions des Anges dans l'Ancien Testament ?, De l'amour que les Saints Anges portent aux hommes, L'Ange à la garde duquel nous sommes confiés, Quels sont les plus excellents parmi les chœurs des Anges ?, Les saints Anges sont-ils bien nombreux ?, Sous quels traits les saintes Écritures nous représentent-elles les saints Anges ?, Prière à saint Michel Archange, Du culte et de la vénération qui est due à l'Archange Saint Michel, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Neuvaine à Saint MichelDu combat des bons Anges contre les mauvaisMéditation pour la Fête des Saints Anges Gardiens, Pieuses invocations à l'Ange Gardien, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Chapelet à Saint Michel Archange, Litanie de Saint Gabriel Archange, Prière à Saint Gabriel Archange, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Prière à Saint Raphaël Archange, Litanie de Saint Raphaël Archange, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Méditation pour la Fête de Saint Raphaël Archange, Lecture du livre de Tobie (12, 7-15) : S'il est bon de tenir cachés les secrets des rois, c'est un honneur que de faire connaître et proclamer les œuvres de Dieu, Méditation pour le 3 Septembre, Saint Raphaël conduisant le jeune Tobie, Manière dont les Anges Gardiens s'acquittent de leurs fonctions envers les hommes, Les Saints Anges, fidèles Gardiens des Temples, Les saints Anges Gardiens montrent le chemin du salut, Apprenez de votre bon Ange la science du salut, De la Dévotion aux saints Anges et de l'esprit d'une Association en leur honneur, C'est en tout temps qu'on a invoqué dans l'Église les Anges et les Martyrs, De l'Excellence de la nature Angélique, La  grâce des hommes, quoique inférieure à celle des Anges, a des avantages qui la relèvent infiniment, De la principale occupation des Anges, qui est de louer Dieu, et de leur Nombre, Saint Raphaël, Modèle de l'Ange gardien préposé à la garde de chaque hommeConfiance de Saint Jean-François Régis en la protection de son Ange gardienDu grand Amour du Père Surin pour les Saints Anges, dans l'union avec notre Seigneur Jésus-Christ, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers les saints Anges, saint Joseph et les autres Saints ; Voyage de piétéSermon du Saint Curé d'Ars pour la Fête des Saints Anges Gardiens : Les anges de ces petits enfants voient sans cesse la face de mon Père céleste, Méditation pour le 2 septembre, Sur les Saints Anges GardiensDes exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels exercices de piété prescrivez-vous à l'honneur des Anges ?Méditation pour le 1er septembre, Les Saints Anges Gardiens, Consécration à tous les Saints Anges, Prières à tous les Saints Anges, Oraison aux neuf Chœurs des saints Anges, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels, Autres pratiques pour honorer plus spécialement les saints Anges, et célébrer les fêtes avec tous les respects possibles, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Converser intérieurement avec les saints Anges, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, et Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien.















mercredi 22 juillet 2020

GRAND CATÉCHISME HISTORIQUE (pour adulte), contenant en abrégé l'Histoire Sainte et la Doctrine Chrétienne, Leçon LII : De la liberté de l'Église, et de la vie Monastique



PREMIÈRE PARTIE



Contenant en abrégé l'Histoire Sainte et la Doctrine Chrétienne



LEÇON LII


De la liberté de l'Église, et de la vie Monastique






Après trois cents ans de souffrances, Dieu donna la paix à son Église sous l'Empereur Constantin, qui embrassa la foi chrétienne. Cette liberté rendit plus solennellement les prières publiques, et les assemblées des fidèles, qu'il fallait souvent faire la nuit et en cachette du temps des persécutions. On fit aussi des édifices plus magnifiques, on augmenta le nombre des ornements et des vases sacrés ; on donna de grandes richesses aux Églises pour l'entretien du luminaire et des bâtiments, et pour la nourriture des clercs et des pauvres. L'on fonda des hôpitaux de toutes sortes, mais en même temps la vertu commença à se relâcher dans le commun des chrétiens. Comme il n'y avait plus de péril à l'être, plusieurs en faisaient profession sans être bien convertis, ni bien touchés du mépris des plaisirs, des richesses et de l'espérance du ciel. Ainsi ceux qui voulurent pratiquer la vie chrétienne dans une plus grande pureté, trouvèrent plus sûr de se séparer du monde, et de vivre en solitude. On les appela Moines, c'est-à-dire, seuls ou solitaires. Les plus parfaits furent en Égypte, où saint Antoine commença à les faire vivre en communauté, et à rendre plus fréquente cette manière de vie, dont quelques particuliers avaient conservé la tradition depuis le commencement de l'Église ; car il y avait toujours eu quelques chrétiens, à qui le désir d'une plus grande perfection faisait pratiquer une vie fort austère, et retirée, à l'exemple de saint Jean-Baptiste et des Prophètes. Les Moines vivaient dans de grands déserts, où ils bâtissaient pour se loger, des pauvres cellules, et ils passaient le jour à travailler, faisant des nattes, des paniers, et d'autres ouvrages faciles, et méditant l'Écriture sainte. Ils jeûnaient tous les jours, ne prenant leur nourriture que vers le soir, et ne vivant la plupart que de pain et d'eau. Ils s'assemblaient pour prier le soir et la nuit. Ils dormaient peu, gardaient un grand silence, et s'exerçaient continuellement à toutes sortes de vertus. Leur travail suffisait, non-seulement pour les nourrir, mais encore pour fournir à de grandes aumônes. Ils obéissaient parfaitement à leurs Supérieurs, quoiqu'il y en eût quelquefois plusieurs milliers sous un même Abbé ; car en peu de temps ils multiplièrent extrêmement. Il y eut des femmes qui embrassèrent aussi cette manière de vie. Dès le commencement du christianisme, il y avait toujours un grand nombre de vierges et de veuves qui se consacraient à Dieu. Et quand l'Église fut en liberté, il s'en forma de grandes Communautés de Religieuses, et dans les villes et dans les solitudes. Il y a eu plusieurs saints qui ont fait des règles de la vie monastique pour les hommes et pour les femmes. Mais celle qui a été la plus suivie en Occident, est celle de saint Benoît, qui vivait en Italie au commencement du sixième siècle.


Fin de la première Partie.




Reportez-vous à Leçon I : De la Création, Leçon II : Du péché, Leçon III : De la corruption du Genre humain et du déluge, Leçon IV : De la Loi de Nature, Leçon V : Du Patriarche Abraham, Leçon VI : Des autres Patriarches, Leçon VII : De la servitude d’Égypte, Leçon VIII : De la Pâque, Leçon IX : Du voyage dans le désert, Leçon X : Des dix Commandements, Leçon XI : De l'alliance de Dieu avec les Israélites, Leçon XII : Des infidélités du peuple dans le désert, Leçon XIII : Des derniers discours de Moïse, Leçon XIV : De l'établissement du peuple dans la terre promise, Leçon XV : De l'Idolâtrie, Leçon XVI : De David et du Messie, Leçon XVII : De Salomon et de sa sagesse, Leçon XVIII : Du Schisme des Tribus ou de Samarie, Leçon XIX : Des Prophètes, Leçon XX : Des Prophéties, Leçon XXI : De la captivité de Babylone, Leçon XXII : Du rétablissement des Juifs après la captivité, Leçon XXIII : De la persécution d'Antiochus et des Macchabées, Leçon XXIV : De l'état où était le monde à la venue du Messie, Leçon XXV : Comment le Messie était attendu des Juifs, Leçon XXVI : De la Naissance de Jésus-Christ, Leçon XXVII : De l'enfance de Jésus-Christ, Leçon XXVIII : De Saint Jean-Baptiste, Leçon XXIX : De la vocation des Apôtres, Leçon XXX : Des miracles de Jésus-Christ, Leçon XXXI : Des vertus de Jésus-Christ, Leçon XXXII : De la Doctrine de Jésus-Christ et premièrement de la Trinité et de l'Incarnation, Leçon XXXIII : De l'amour de Dieu et du prochain, Leçon XXXIV : Des Conseils, de la Grâce et de la Prière, Leçon XXXV : De l'état des Fidèles dans la vie présente, Leçon XXXVI : De la vie du siècle futur, Leçon XXXVII : Des ennemis de Jésus, Leçon XXXVIII : De la Cène de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Leçon XXXIX : De la Passion de Jésus-Christ, Leçon XL : De la mort de Jésus-Christ, Leçon XLI : De la Résurrection et de l'Ascension de Jésus-Christ, Leçon XLII : De la descente du Saint-Esprit, Leçon XLIII : De l’Église de Jérusalem, Leçon XLIV : De la Persécution des Juifs, et de la Conversion des Samaritains, Leçon XLV : De la Conversion des Gentils, Leçon XLVI : De la Fondation et de la Subordination des Églises, Leçon XLVII : De la Tradition, de l'Écriture et des Conciles, Leçon XLVIII : De la ruine de Jérusalem, Leçon XLIX : De la vie des Apôtres, Leçon L : Des Persécutions, Leçon LI : Des Confesseurs et des Martyrs, Du dessein et de l'usage de ce Catéchisme, Première partie du Petit Catéchisme Historique, contenant en abrégé l'Histoire Sainte, Deuxième partie du Petit Catéchisme Historique, contenant en abrégé l'Histoire Chrétienne.















mercredi 15 janvier 2020

Manichéisme, Schisme et Hérésies ; Continuation du culte de Satan au sein du Christianisme


Extrait de "Histoire Satan" par M. l'Abbé Lecanu :


Saint Athanase piétinant Arius
Organisés en société secrète, de même que les gnostiques, les manichéens avaient un triple signe de reconnaissance: la parole, le geste et l’attouchement (Signa oris, manuum et sinus.  (August.) — Manicheorum alter alteri obviam factus, dextras dant sibi ipsis signi causa. (Epiphan.)). A couvert sous les apparences extérieures du christianisme, l’œil vigilant des pasteurs de l’Église avait souvent peine à les discerner, à moins qu’ils ne se trahissent par la manifestation de quelqu’une des superstitions qui leur étaient spéciales, telles que le jeûne du dimanche en l’honneur du soleil.
Leur entêtement pour les pratiques de la magie ne saurait être contesté, nonobstant ce que Beausobre en a dit dans son Histoire de Manichée. Saint Augustin les accuse positivement ; saint Léon dit la même chose des priscillianites (Epist. 91 ad Turb. episc. Hisp), l’une des principales sectes du manichéisme, en particulier, et de toutes en général. Le savant Mosheim n’a pas eu de peine à démontrer que la magie était une conséquence naturelle de leurs principes (Institut. Hist. christ. IIa pars, cap. III. — C. f. August. Hæres. cap. XLVI. — Bayle, Dict. crit., art. Manichée. — D’Herbelot, Bibl. orient., art. Manichée. — Matter, Hist. du Manich, sect. III, ch. III).
Les premiers empereurs chrétiens poursuivirent avec ardeur les restes des superstitions du paganisme, et spécialement les pratiques de la magie. La persévérance de leurs efforts est la meilleure preuve de la persistance de l’abus qu’ils combattaient. Déjà, dès avant la naissance du christianisme, la magie était proscrite parles lois ; mais de funestes exemples venaient trop souvent empêcher l’effet de la législation. Marc-Aurèle avait des enchanteurs à sa suite dans la guerre des Marcomans ; il leur fit consacrer des talismans, qu’il enterra sur l’extrême frontière de l’empire, afin d’y arrêter les ennemis : ce qui prouve que la sagesse et la philosophie ne sont pas la même chose.
En 319 et en 337, Constantin renouvela les édits contre la magie (Lex v, tit. vm. — Lex vi) ; Constantin II en 357. Valentinien, Valens, Théodose les renouvelèrent à leur tour ; Arcadius en ajouta de nouveaux (Lex III, tit. VIII) en 389 ; mais tous la proscrivirent de manière à lui donner plus d’importance, parce qu’ils s’inclinaient devant son pouvoir. Constantin révoqua même en partie ses premières ordonnances, déclarant qu’il n’avait pas entendu proscrire la magie utile, c’est-à-dire celle qui aide à préserver la terre des fléaux du ciel. Constance bannissait les magiciens sous le prétexte que la magie trouble le repos des morts, l’harmonie des éléments et des saisons, détruit les récoltes et cause les épidémies. Était-il plus puissante et plus solennelle recommandation ?
Julien la remit en honneur.
Léon crut lui porter un dernier coup, mais il s’inclinait encore devant son pouvoir (Novella LXV).
Elle existait donc dans toute sa puissance par tout l’empire au quatrième siècle, et des mesures maladroites ajoutaient à son prestige une espèce de consécration légale.
Le manichéisme apparut, la recueillit, l’abrita dans son sein et la grandit de ses propres progrès.
Une femme, nommée Agapé, disciple d’un Égyptien nommé Marc, très-versé dans les secrets de la magie, au rapport de saint Jérôme, et qui avait été disciple de Manès, introduisit le manichéisme en Espagne avant la fin du quatrième siècle. Elle gagna le rhéteur Helpidius, et plus tard le célèbre Priscillien, qui devint fondateur d’une nouvelle secte, et répandit ses pratiques dans toutes les provinces méridionales de la Gaule (Sulpit. Sever. Histor. sacr. 1. II, cap. XLVI. — Iren. 1. 1, cap. IX. — Hieronim. epist. xxix ad Theod. ; — advers. Pelag. ; — ad Ctesiph.).
Il y avait des manichéens à Rome, lorsque saint Augustin y arriva, c’est-à-dire en 383. Le nombre en fut considérablement augmenté lors de la destruction de Carthage, en 439 , parce que beaucoup d’habitants de cette ville, infestée de l’hérésie, vinrent chercher un refuge en Italie. Saint Léon les poursuivit avec tout le zèle dont il était animé, et dissipa leurs assemblées. L’empereur Valentinien joignit ses efforts à ceux du pontife ; mais les persécutions et l’exil, au lieu de détruire la secte, dispersèrent ses éléments et étendirent ses ravages. Les empereurs Justin et Justinien employèrent les mêmes moyens, et arrivèrent aux mêmes résultats (C. f. Maimbourg, Hist. de St Léon, I. 1. — Thomassin, De l’unité de l’Église, t. I, p. 339.— Cod. Justin. lex V, De hæret.). Mais comment faire ?
À la fin du neuvième siècle, les manichéens étaient si nombreux en Arménie, où on les appelait pauliciens, du nom d’un de leurs premiers chefs, qu’ils purent soutenir des guerres longues et sanglantes contre l’empereur Bazile le Macédonien (Cedren. t. II, p. 480 et 541.—Bossuet, Hist. des Var. 1. xi, n° 13).
Pierre de Sicile nous apprend que, tout en se défendant vigoureusement contre ce prince, ils envoyèrent en Bulgarie de nombreux missionnaires, et que l’hérésie y jeta de profondes racines. La Thrace était depuis longtemps infestée (Bossuet, Hist. des Var. 1. xi, n° 14). La même hérésie faisait de grands ravages en Perse, en Syrie et dans la Mésopotamie pendant le règne de l’empereur Anastase ; en Sicile, sous le pontificat de saint Grégoire le Grand (Lambert. Daneau, Notæ in hæres. August. cap. XLVI. — Bayle, Dict. crit. art. Marcion).
Dès le milieu du cinquième siècle, les gnostiques, les ophites et les manichéens des provinces occidentales, confondus dans une même proscription, avaient réuni leurs doctrines et leurs pratiques en même temps que leurs intérêts. Déjà Théodoret ne met plus entre eux aucune différence (Hæret. fabul. I. 1, cap. xxiv).
Les nouveaux mystères ne se tenaient plus en publie, mais ils se continuaient en secret, et dans des réunions moins bruyantes et moins nombreuses. Ce ne furent même plus des mystères à proprement parler ; ce furent des chasses de Diane, des courses de Habonde, des sabbats. Nous retrouverons toutes ces choses au moyen âge.
Nous n’avons pas à écrire l’histoire des persécutions ; cette grande et mémorable page des annales du monde appartient plutôt à l’histoire de l’Église ou même à l’histoire générale. Toutefois il ne faut pas oublier que Satan attaquait au-dehors par le fer et le feu l’œuvre du Christ, en même temps qu’au-dedans par les moyens que nous venons de signaler. La persécution, commencée l’an 64, dixième du règne de Néron, ne devait s’arrêter qu’en 325, lorsque Constantin donnerait la paix à l’Église. Pendant cet intervalle de 260 ans, la société chrétienne n’eut pas un seul jour de paix ou de repos ; il ne se passa pas d’année, de semaine peut-être, que le sang chrétien ne coulât sur un point de l’empire ou sur l’autre, et la persécution redevint générale et furieuse à quatorze reprises différentes, mais si générale et si terrible, que l’on crut plusieurs fois toucher aux temps prédits par l’Évangile concernant la fin du monde, notamment pendant les règnes de Dèce et de Dioclétien. Le nombre des victimes fut si considérable sous le règne de Dioclétien, que l’histoire y a fixé une de ses époques mémorables sous le nom d’ère des martyrs. Quoi qu’en disent les ennemis du christianisme, intéressés à diminuer le plus qu’ils peuvent ses gloires et ses triomphes, s’il n’est pas possible de déterminer même approximativement le nombre des confesseurs de la foi dans cet intervalle de deux grands siècles et demi, il s’éleva certainement à plusieurs millions.
Satan espérait-il noyer le christianisme dans le sang chrétien ? peut-être ; mais, quel que fut le résultat, sa haine contre l’homme était toujours satisfaite, puisque le sang humain coulait à grands flots.
Satan hait-il davantage l’humanité ou le christianisme ? il le sait. Dans cette circonstance, il s’attaqua à l’humanité sous le prétexte du christianisme : il fît imputer aux chrétiens les pestes, les famines, les fléaux, les insuccès dans la guerre, attribuant tous les malheurs à la colère des dieux, irrités des blasphèmes et de l’impiété des chrétiens. Il leur fit imputer les crimes des gnostiques, dont les chrétiens gémissaient plus encore que les païens. Il excita les colères et les jalousies des prêtres du paganisme, qui voyaient leurs temples devenir déserts, leurs oracles réduits au silence : vains efforts, Satan ne pouvait pas, ne devait pas prévaloir ; son triomphe se réduisit au mal qu’il avait fait ; le ciel se peupla de ses victimes, et le sang des martyrs fit germer de nouveaux et plus nombreux chrétiens.

Avant que le christianisme eut révélé au monde l’idée et le sentiment sublimes du divin amour, la magie et le culte des dieux se confondaient en une seule et même chose. Le divin Platon, pour parler le langage de ses disciples, n’appelait pas la magie d’un autre nom que le service divin. C’est Apulée qui en fait la remarque, et il faut voir en quels termes respectueux il en parle lui-même dans son Apologie. Vous accusez quelqu’un d’être magicien, dit-il à son délateur ; mais songez donc que la magie est le culte des dieux, la science des choses célestes, l'art d’honorer les immortels ; qu’elle tire sa noble origine de Zoroastre et d’Oromase, qui l’enseignèrent aux Perses, chez lesquels il n’est pas permis à tout le monde d’être magicien, pas plus que d’être roi ; car la magie est un royal apanage. C’est aussi, et chez tous les peuples, un apanage du sacerdoce, et si c’est un crime d’être magicien, c’est donc aussi un crime d’être prêtre.
Les peuples barbares qui détruisirent l’empire romain n’avaient pas de si hauts pensers, ni tant de science, ni l’art de si bien dire ; mais ces idées étaient les leurs. Dans la Gaule et la Germanie, les druides remplissaient le double rôle de magiciens et de ministres des dieux. Les druides étaient savants dans l’art des conjectures et dans l’astrologie, dit Cicéron (Divinat. lib. i, cap. 41). Tertullien ajoute que ces prêtres passaient des nuits auprès des tombeaux des guerriers et des sages, afin d’y recevoir des inspirations pendant le sommeil. Neuf vierges sacrées faisaient leur résidence dans l’ile de Sein, à l’extrémité occidentale de la péninsule armoricaine, suivant le récit de Pomponius Mêla, et conjuraient les vents et les flots, afin de procurer aux navigateurs une mer favorable. Elles savaient prendre la forme de divers animaux, guérir les maladies par la vertu des enchantements et prédire l’avenir. On les nommait gallicènes ou barrigènes. Diodore de Sicile parle de certains prophètes adonnés à l’auscultation et à l’extipicine, qui immolaient des victimes humaines, pour chercher dans leurs entrailles la révélation de l’avenir. Il assure que ces détestables usages remontaient à des temps
fort reculés, et que les Cinabres les transportèrent dans la Gallo-Grèce (Histor. I. v). Les Gaulois avaient encore les bacères, chargés du soin d’interroger les astres, et les eubages, de celui de consulter les entrailles des victimes et le vol des oiseaux (Athénée, I. VI.—Strabo, Geogr.).
Nul peuple ne les surpassa dans cette dernière science, dit Justin, excepté peut-être les Basques, non moins crédules et non moins superstitieux, ajoute Lampride. Les Gaulois faisaient un si grand cas de l’ornithomancie, que les mouvements de leurs armées étaient toujours réglés sur le vol des oiseaux ; et c’est ainsi que l’une d’elles se trouva conduite jusqu’en Pannonie.
Outre les superstitions qui leur étaient communes avec les Grecs et les Romains sur les préservatifs et les amulettes, ils eu avaient de spéciales, telles que celles qui se rattachaient au gui de chêne et aux œufs de serpent. Le gui de chêne était le grand et tout-puissant préservatif contre le tonnerre et contre les épidémies, l’heureuse et efficace bénédiction des champs, des villages et des maisons. La possession d’un œuf de serpent portait bonheur dans toutes les entreprises (Frey, Admiranda Gall. cap. x.— Plin. Hist. nat. lib. xxix, cap. 3. — Malouet, Voyage en Guyane, art. d’Iracubo).
Les peuples de la Germanie ne le cédaient pas à ceux de la Gaule dans les pratiques de la divination : ils cultivaient l’art des auspices et des sorts ainsi que celui de la rabdomancie. Ils n’entreprenaient aucune affaire importante, sans avoir interrogé le hennissement de chevaux blancs qu’ils nourrissaient en qualité d’oracles dans des prairies sacrées. Ils immolaient des victimes humaines dans le but de consulter leurs entrailles, tandis qu’elles palpitaient encore de la chaleur de la vie, sur les chances de la guerre et l’issue des négociations.
Tout ceci est déraisonnable, atroce ; mais c’est le règne de Satan, toujours et partout le même : destruction de l’homme, abaissement de l’humanité.
Lorsque les peuples d’au-delà du Rhin, Saxons, Bructères, Saliens, Chamaves, Angrivariens, Sicambres et ceux qui formaient la confédération franque, quittèrent les forêts de la Germanie, pour venir chercher en Gaule une autre patrie sur une terre plus féconde et sous un ciel plus clément, ils apportèrent donc de nouvelles pratiques de magie, qu’il faut ajouter à celles que les Gaulois avaient reçues des Romains, et à celles qu’ils tenaient d’eux-mêmes.
Ils apportèrent, entre autres, l’art des runes, si cultivé parmi la plus grande partie des nations du Nord.
Il y avait les runes victorieuses, qui donnaient la sagesse, l’esprit, le courage, et préparaient tous les genres de triomphes. Les guerriers les gravaient sur la garde et le fourreau de leur épée, tout le monde les portait écrites sur des carrés de parchemin ; elles devaient être accompagnées de la lettre tyr, deux fois reproduite. [LPS : Les runes furent utilisées par Hitler sous le nazisme, voir par exemple l'emblème de la Waffen-SS] Les navigateurs inscrivaient les runes maritimes et fluviales sur la poupe, le gouvernail, les mâts et les voiles des navires, pour préserver l’équipage et les marchandises de tout fâcheux accident. Ceux qui avaient des procès à soutenir, des querelles à venger, des droits à faire prévaloir, cachaient les runes protectrices dans les tentes qui servaient de prétoire à la justice et jusque sous les sièges des magistrats. Les runes bacchiques, gravées sur l’anse des amphores et sur les gobelets, préservaient les buveurs des surprises qu’on aurait pu leur faire dans l’ivresse ; pour plus de sûreté encore, ils se les traçaient sur la main, et écrivaient la lettre naud sur leur ongle. Les médecins faisaient usage des runes auxiliatrices, pour procurer aux femmes des couches heureuses et faciles ; mais ce n’était que la moindre partie de la science du véritable médecin : il devait posséder à fond le secret des runes corticales, afin de les inscrire convenablement sur l’écorce des arbres et du côté qu’il fallait, pour guérir les maladies, détourner les sorts, lever les enchantements, arrêter les hémorragies, fermer les blessures. Les runes cordiales donnaient le courage aux lâches ; on les inscrivait sur la poitrine, à la région du cœur. Les runes puissantes se tatouaient sur celui des membres dont on devait faire le principal usage : sur les bras, pour le travail ; sur les cuisses, pour la marche (Canciani, Leges barbarorum antiquæ, t. III, p. 91).
Et ces sortes de peintures soulevèrent de nombreuses et énergiques réclamations de la part des prélats pendant les sixième, septième et huitième siècles, sous prétexte qu’elles constituaient une invocation au démon, déshonoraient des membres consacrés par le baptême, et que l’ostentation qu’en faisaient ceux qui les portaient, blessait souvent les lois de la modestie.
Ces pratiques et cent autres pareilles se traînèrent encore misérablement pendant de longs siècles au sein des nations nouvellement converties à la foi chrétienne ; il suffit d’interroger la législation du temps, pour en trouver des preuves nombreuses. En effet, la répression des crimes commis par le moyen de la magie fut un des objets les plus constants de la sollicitude des législateurs. Aussi peu avancés dans les sciences démoniaques que dans la civilisation, les barbares ne connaissaient que la grossière et brutale magie, mais telle quelle ils la connaissaient et en faisaient usage. L’empoisonnement, les vénéfices et les maléfices, les ligatures et les charmes, les sorts et les enchantements, les assemblées de sorciers et des festins abominables, telles sont les pratiques contre lesquelles des codes de lois, si laconiques sur maints autres points, sévissent avec le plus de détails (Collect. de D. Bouquet, t. IV, p. 136.— Canciani, Leges barbarorum antiquæ. — Lindembrog, Codex legum antiquarum, in lege Salica, tit. XXI, XXII, LXVII, etc.).
Si une femme empêche par maléfice une autre femme de devenir mère, elle payera deux mille cinquante deniers d’amende, dit la loi salique dans son titre XXIIe. Si le vénéfice est bu par celui-là même qui l’avait préparé pour un autre, le vénéficiateur survivant sera condamné à deux mille deniers. Celui qui aura jeté un maléfice sur autrui, ou qui l’aura déposé avec des ligatures en un lieu quelconque, subira une amende de deux mille deniers. Si une sorcière a dévoré quelqu’un, dit ailleurs la même loi, elle payera deux cents sous d’amende.
Rien n’est plus curieux que de voir un barbare se railler des autres barbares à cette occasion. Il ne faut pas croire, dit Rbotaric dans le code des lois lombardes, qu’une femme avale un homme tout vivant, car cela est impossible (Nullatenus est credendum, nec possibile est, ut hominem mullier vivum intrinsecus possit comedere. (Lex Rhotaric. cap. CCCLXXIX)). Mais Rhotaric se moquait de ce qu’il ignorait, comme il est arrivé à tant d’autres. Il n’était pas question d’hommes avalés vivants ou entiers, mais de victimes dépecées, rôties et mangées en détail, ainsi que nous le verrons bientôt.
Le sou d’or, dont il est question dans la loi, avait une valeur de quinze francs environ de notre monnaie, suivant l’estimation la plus probable. Deux cents sous représentaient donc environ trois mille francs, somme très-élevée pour une époque où la rareté du numéraire était si grande, comparativement à la nôtre.
Si quelqu’un, continue la même loi, accuse un homme d’être herbourg (Hereburgium), c’est-à-dire strioporteur, ou bien, en d’autres termes, d'avoir porté la chaudière d’airain aux festins des sorcières (Ubi striæ coccinant. On lit ailleurs cocinant, et même concinant. Il s’agit de cette chaudière aux poisons que nous retrouverons plus tard), et qu’il ne puisse pas prouver son dire, il payera soixante-deux sous d’amende. Il paraît qu'alors l’injure était défendue et la diffamation permise, puisque l’accusateur était admis à présenter ses preuves. Le mot herbourg n’est pas encore sorti du langage en certaines provinces ; il est même des familles qui portent un pareil nom.
La loi des Ripuaires contient des dispositions semblables (Lex Ripuar. tit. LXXXVIII). Nous compléterons ce que l’une et l’autre laissent à désirer par un exposé des articles de la loi des Wisigoths sur la même matière (Lex Wisigoth. l. iv et vi, tit. II, n°I, III, IV).
Si quelqu’un, dit-elle, consulte les sorciers, les aruspices ou les devins relativement à l’époque de la mort du prince ou de quelque autre personne, il deviendra esclave, s’il est ingénu, ses biens seront confisqués, et il sera flagellé. S’il est esclave, on lui fera subir diverses tortures, et il sera exilé, pour servir encore comme esclave, dans les pays par delà les mers.
Un ingénu ou un esclave qui aura fait des vénéfices, sera puni du supplice le plus ignominieux, si la mort s’en est suivie ; sinon, il sera mis à la disposition du vénéficié.
Les maléficiateurs, ceux qui causent des tempêtes, ceux qui donnent la folie par l’intervention des démons, seront frappés publiquement de deux cents coups de fouet, et tondus d’une manière déshonorante. On leur fera faire dix fois le tour des champs voisins, et ensuite on les confinera dans la prison. Ceux qui les auront employés, recevront deux cents coups de fouet en présence du public.
L’esclave ou l’ingénu de l’un ou de l’autre sexe qui aura fait des maléfices ou des ligatures contre les hommes ou les animaux, et en général contre tout ce qui se meut de soi-même, contre les champs, les vignobles ou les arbres ; celui qui aura composé, ou seulement essayé de composer des pactes, pour causera quelqu’un le mutisme, des maladies, la mort ou un dommage quelconque en son corps ou en ses biens, sera puni de deux cents coups de fouet publiquement administrés ; il sera ensuite enfermé dans une prison, et ses biens confisqués.
Telles sont les prescriptions des lois des Francs et des Wisigoths relativement à la magie. La loi des Bourguignons garde sur cet article un silence d’autant plus remarquable, que ce peuple était alors le plus civilisé de la Gaule. L’était-il au point d’ignorer la magie ?
Il fallait que ce crime fût alors bien commun, pour demander une telle répression et de telles précautions. Il le devint cependant de jour en jour davantage, si on en juge par les prescriptions législatives des siècles suivants. Il ne se tint pas un concile, une assemblée de la nation, jusqu’au règne de Charles le Chauve, sans qu’il y fut question de la magie, soit pour la réprimer par des lois nouvelles, soit pour faire revivre les lois anciennes.
Le concile d’Auxerre parle des charaudeurs, ou jeteurs de sorts, contre lesquels saint Éloi, évêque de Noyon, devait également s’élever un peu plus tard, et dont nous retrouvons encore la mention sous la plume de Maurice de Sully, évêque de Paris au douzième siècle (Lebeuf, Mém. de l'Acad, des inser. t. XVII, p. 723. — Ducange, Glossar, aux mots Caragii et Caraulæ. Ducange n’a pas compris la vraie signification de ces expressions).
Il n’était douteux pour personne que ces pratiques ne fussent des restes de paganisme. Maurice de Sully l’affirme positivement ; de même un concile de Rouen de l’an 630 environ : « Il faut, disent les prélats, réprimer, ou plutôt détruire entièrement l’usage qu’ont certains bergers, des chasseurs et autres personnes de réciter des enchantements sur du pain, des herbes ou des billets, qu’ils cachent ensuite dans les arbres ou dans les carrefours, afin de guérir leurs animaux, en donnant la mauvaise chance à ceux d’autrui. Il est évident que de telles pratiques sont des restes du paganisme. »
« Nous voulons, disait Childéric III dans une ordonnance de l'an 742, que chaque évêque s’applique à détruire dans son diocèse les usages païens auxquels le peuple se livre encore, tels que les sacrifices profanes en l’honneur des morts, les sortilèges, les divinations, les phylactères, les augures, les enchantements, l’immolation des victimes : il faut abolir tout ce qui reste du paganisme, et en particulier les feux sacrilèges appelés néd rates. » Les mêmes, sans doute, dont il est parlé dans un capitulaire de Carloman de l’an 743, sous le nom de nodfir. La première étincelle avait été obtenue par le frottement de deux morceaux de bois.
La liste serait incomplète, si nous n’empruntions quelques détails au sermon de saint Éloi sur la même matière (Vita S. Eligii (par St-Ouen), II part. cap. xv). « Nous vous conjurons par tout ce qu’il y a de plus sacré, dit le prélat, de vous abstenir des coutumes abomi nables du paganisme ; loin de vous les prestigiateurs, les devins, les fabricateurs de sortilèges et d’enchantements ; les consulter, c’est renoncer au privilège et à la grâce du baptême.
Loin de vous les interprètes des augures et de l’éternuement. Lorsque vous vous mettez en route, ou lorsque vous commencez un ouvrage, n’écoutez pas quel est l’oiseau qui chante ; munissez-vous plutôt du signe de la croix. Ne choisissez pas les jours pour vous mettre en route ou commencer vos entreprises ; tous les jours appartiennent à Dieu, et nous viennent également de sa main libérale. L’attention aux jours fastes et néfastes, aux aspects de la lune ; les impiétés et les farces ridicules des calendes de janvier, les mannequins de vieilles femmes, les mascarades, les jeux folâtres, les tables dressées à l’entrée des nuits, les étrennes, les intempérances qui font partie des réjouissances de cette époque, les bûchers allumés, les chants qu’on prononce en s’asseyant, sont autant de pratiques condamnables. »
Les tables dressées à l’entrée des nuits dont parle ici l’évêque de Noyon, rappellent les repas offerts en plein champ aux déesses Maires et à la déesse Habonde, ou Abondance, si ce n’est le même usage.
L’orateur continue de la sorte : « Que personne, à la fête de saint Jean ou de quelque autre saint, ne fasse des solstices, des circonvallations, des danses ou des charaudes ; que personne ne chante les cantiques du démon. Que personne n’invoque les noms du démon, ni Orcus, ni Neptune, ni Diane, ni Minerve, ni le génie, ni aucun autre être fantastique. »
Littéralement, aucune autre ineptie de ce genre.
« N’observez plus le jeudi, continue le prélat, ni pendant le mois de mai ni dans un autre temps ; il suffit de l’observance des fêtes et des dimanches. Que personne ne suspende des flambeaux ou des objets votifs près des temples, des pierres, des fontaines, des arbres, aux maisons ou dans les carrefours. »
L’usage dont parle ici l’évêque de Noyon fut des plus persistants. Les évêques se virent enfin obligés de faire enfouir les termes et les milliaires ; ils firent ériger des croix à la place des idoles des carrefours ; ils donnèrent le nom de quelque saint aux fontaines consacrées par la superstition, afin de sanctifier, en changeant leur objet, des habitudes qu’ils ne pouvaient détruire.
« Ne mettez point d’amulettes au cou des hommes ou des animaux, dit toujours le prélat, quand même elles auraient été faites par des clercs, ou quand elles contiendraient des passages de l'Écriture ; car tout cela est vain, inutile, diabolique, indigne d’un chrétien. Ne faites plus de lustrations ni d’enchantements sur les champs ; ne faites point passer vos troupeaux entre les deux parties d’un arbre entr’ouvert, ni par des voies souterraines : on pourrait croire que vous les consacrez au démon. Femmes, ne portez plus d’ambre suspendu à votre cou ; n’imprimez plus le nom ou la figure de Minerve sur votre linge ou sur vos étoffes ; invoquez plutôt la bénédiction du Seigneur. Ne criez pas quand la lune s’éclipse. Ne donnez le nom de Seigneur ni au soleil ni à la lune ; ne jurez point par leur puissance. Ne croyez ni à la destinée, ni à la fortune, ni aux thèmes des astrologues. Si quelque infirmité vous atteint, laissez là les devins, les enchanteurs, les sorciers, les prestigiateurs ; ne recourez ni aux phylactères, ni aux fontaines, ni aux arbres, ni aux dieux des chemins, car tout cela ne vous servirait de rien ; ayez recours aux choses saintes et à la miséricorde de Dieu. »
C’est ainsi, pour le dire en passant, que les prélats de l’Église catholique justifiaient d’avance la religion des reproches d’obscurantisme et de superstition qui devaient lui être adressés de nos jours.
En complétant ces détails par les indications d’un capitulaire de Carloman daté de l’an 749, et qui contient une longue et curieuse liste des superstitions de l’époque (cette liste, intitulée Indiculus superstitionum paganicarum désigne jusqu’à trente observances superstitieuses. Canciani l'a expliquée fort longuement ; ce qu’il en dit est aussi curieux que savant, et mérite d’être lu. (Leges Barbar. t. III, p. 88.)
), on voit qu’il se célébrait des mystères dans le silence des forêts, que la fiente des bœufs et des chevaux était employée à l’art divinatoire en certaines circonstances, et la cervelle de plusieurs animaux à des usages magiques ; qu’il se faisait des courses nocturnes aux flambeaux et en haillons ; que les sorciers pratiquaient des enchantements sur des statuettes de pâte ou de chiffons, sur des pieds et des mains artificiels, dans le but de causer des maladies ou la mort à des personnes absentes ; qu’on supposait aux sorcières le pouvoir de commander à la lune, et d’énerver par le moyen de ses influences le courage des plus vaillants guerriers.
Il est à peine quelqu’une de ces pratiques qui ne se trouve mentionnée de nouveau dans les capitulaires de Charlemagne, de Pépin, roi d’Italie, de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve : ce qui prouve de plus en plus leur persistance au sein de la société chrétienne. Les devins, les astrologues, sous le nom de mathématiciens, les sorciers, les enchanteurs, les vénéficiateurs, les augures, les noueurs d’aiguillette, les tempétiers, les invocateurs de démons, les défouisseurs de trésors, y sont nommément désignés. Les philtres, les amulettes, les phylactères, les sorts, l’interprétation des songes, les pactes, les brevets pour guérir les maladies, y sont proscrits sous diverses pénalités, et quelquefois sous peine de mort.
On y trouve une mention positive des pratiques de la cabale (Capitul. Herardi, Turon, episc. anni 858 ; Baluz. p. 1288) et des mœurs de l’ophitisme ; le législateur n’ose même pas désigner en termes trop clairs l’impure mixtion dont les sorciers souillaient l’oblation eucharistique (Capitul. Pippini regis, apud Baluz. p. 540), à l’instar de l’eucharistie des ophites et des festins des manichéens. On y reconnaît l’existence d’engastrimythes, désignés sous le nom de pythons (Capitul. Carol. Mag. anni incerti. Baluz. p. 518). On y trouve la preuve qu’il y avait des antropophages en Europe à une époque aussi avancée. Il ne faudrait pas croire que ce dernier crime ne se trouve signalé dans la loi que comme un souvenir ou par habitude, car un second capitulaire du grand empereur, promulgué en Saxe, en parle d’une manière si explicite, qu’il n’est pas possible d’élever le moindre doute : « Si quelqu’un, y est-il dit, sous prétexte qu’un homme ou qu’une femme sont sorciers, et qu’ils mangent des hommes, les mange lui-même ou les fait manger à d’autres, après les avoir embrochés et rôtis, qu’il soit puni de mort (Capital. Carol. Mag. pro part. Sax. cap. vi. Baluz. t. i, p. 251). » Ainsi parle un des législateurs les plus judicieux de l’époque chrétienne ; et comment supposer qu’en rédigeant un pareil article de loi, il avait en vue des crimes imaginaires (Baluz. Capitul. reg. Franc. Carol. Mag. anni 769, p. 191 ; — ami. 805, p. 428 ; — 799, p. 220 ; — 789, p. 235 ; — incert., p. 518, 929 , 1040 ; — tom. II, ann. 799, p. 242 ; — 789, p. 254 ; — incert. p. 997, 1104. — Pippini reg ann. 793, p. 539, 504 ; — incert. p. 1143. Hludov. Pii, ann. 827, p. 707 incert. p. 713, 961, 1104. — Caroli Calv. ann. 870, p. 230, etc., etc.) ?
Tandis que les nations nouvelles appelées à peupler le champ de l’Église dans les provinces du Nord, se débattaient ainsi dans les liens à demi brisés de leur antique barbarie, de leurs superstitions et des abominables pratiques dans lesquelles Satan essayait de les retenir, le même Satan semait la division au scindes Églises d’Orient et d’Afrique par le moyen des hérésies : donnant ainsi aux peuples incivilisés et grossiers des occupations grossières, et aux peuples philosophes et disputeurs, des arguties et des subtilités perfides pour aliment intellectuel.
Sitôt que le sang chrétien eut cessé de couler à son instigation sur les échafauds, pendant que la gnose grouillait partout dans les bas-fonds du christianisme comme une fangeuse vermine, dès le commencement du IVe siècle, Arius, prêtre d’Alexandrie, dans un accès d'orgueil froissé, et pour se venger en suscitant des troubles, s’avisa d’enseigner que Jésus-Christ n’était pas Dieu. Cette déplorable nouveauté ne s’insinua que trop aisément auprès des grands et des gens sans défiance. L’arianisme s’étendit de proche en proche et gagna une à une toutes les provinces de l’empire. Nous n’entreprendrons pas de tracer sa longue histoire : persécutions, exils, disputes, conciles et anticonciles, guerres déclarées, sang humain versé à grands flots, tel en est l’abrégé. Les troubles durèrent deux siècles, et couvrirent de ruines l’empire d’Orient, l’Espagne, la Gaule, l’Italie, l’Afrique. Si Satan avait triomphé, le christianisme était anéanti, mieux encore que par la gnose, puisqu’il en restait toutes les apparences, la morale et les pratiques, mais en l’absence de la rédemption, qui est le dogme capital, et de l’eucharistie, qui est le dogme générateur.
Pendant qu’Arius enseignait ses erreurs en Égypte, les deux Donat divisaient l’Église d’Afrique par un des schismes les plus funestes qui aient affligé le troupeau de Jésus-Christ, à l’occasion de l’élection d’un évêque de Carthage, nommé Cécilien, qui, par l’exactitude de sa doctrine et de sa vie, avait eu l’honneur de déplaire à quelques personnes trop puissantes.
Bientôt après parurent les macédoniens, qui nièrent la divinité du Saint-Esprit. Hérésie faible et petite dans ses commencements, mais qui s’étendit en se transformant, infesta peu à peu tout l’Orient, et dure encore, puisque c’est, avec la primauté romaine, le point capital qui divise l’Église grecque de l’Église latine. Si les Grecs orthodoxes, comme ils s’appellent, ne nient plus la divinité du Saint-Esprit, ils rejettent du moins sa procession du Verbe divin.
Le cinquième siècle vit les pélagiens, qui rejetèrent la nécessité de la grâce, et, par une conséquence inévitable, la nécessité de l’incarnation et delà rédemption, puisque l’homme pouvait ainsi se sauver sans le secours divin ; les nestoriens, qui divisèrent Jésus-Christ en deux personnes, l’une divine, l’autre humaine, ce qui anéantissait d’autre façon la valeur de la rédemption, puisque la personne humaine ayant seule pu souffrir et mourir, rien n’avait été acquis pour l’humanité, sauf une doctrine toute céleste enseignée par la personne divine. Vinrent ensuite les eutychiens, qui supprimèrent en Jésus-Christ la nature humaine, en l’absorbant dans la nature divine, ce qui rendait impossible toute réalité dans l’accomplissement des scènes douloureuses de la passion du Sauveur. Il ne restait plus qu’une vaine apparence et des ombres au calvaire. Et, dans un cas comme dans l’autre, la Vierge divine perdait son beau titre de Mère de Dieu, puisqu’elle n’avait donné l’être qu'à un homme, selon Nestorius, et qu’elle n’était mère qu’en apparence, selon Eutychès.
Au milieu de ces déchirements, suscités et entretenus par Satan, l’Église d’Orient perdit son unité ; la division succédant sans cesse à la division, les liens de la discipline se relâchèrent, la confiance n’exista plus des fidèles aux évêques, des évêques à leurs patriarches. Elle perdit sa fermeté et son assurance dans la foi, au sein de ce ballottage perpétuel entre des doctrines diverses et multiples : et où la discipline et la foi se relâchent, les mœurs se pervertissent. Or c’est ce qui arriva ; il ne resta bientôt plus que le nom et les apparences du christianisme. Des moines ignorants, disputeurs, orgueilleux, en révolte contre les évêques ; nul zèle pour l’extension de la foi et la correction des mœurs, puisque toutes les attentions étaient appelées vers la dispute ; un peuple ignorant et tournant à tout vent de doctrine, parce qu’il n’attachait d’autre importance à ces changements, que la facilité qu’il y trouvait de s’affranchir du joug des mœurs chrétiennes, telle fut dès lors presque toute cette portion de l’Église qui parlait la langue grecque.
Depuis longtemps le catholicisme était détruit en Afrique : le Vandale Genséric l’avait enseveli sous des ruines et noyé dans le sang ; il n’y restait plus que l’arianisme, qu’il y avait importé et implanté sur des décombres. La population qu’il y laissa , beaucoup moins nombreuse que celle qu’il y avait exterminée, ne tarda pas à perdre, avec la vigueur belliqueuse qu’il lui avait imprimée, les dernières traces de vie et de foi chrétiennes. Jésus-Christ ne pouvait plus reconnaître son Église ici ni là. Le ministre des vengeances divines parut : Mahomet fonda sa religion et son pouvoir en l’an 632.
Genséric avait été l’ange exterminateur de cette Église d’Afrique si grande, si puissante et si belle, mais déjà si divisée au temps du grand évêque d’Hippone, et disposée par là même à recevoir des doctrines plus néfastes encore : elle se laissa, en effet, honteusement salir et profondément gangréner par le manichéisme. Mahomet allait l’être de l’une et de l’autre, en rayant définitivement celle qu’avait fondée Genséric, et en ébranchant vigoureusement l’Église grecque, jusqu’à ce qu’il n’en restât plus que les tronçons.
Ainsi Dieu accorde à l’ange infernal la puissance de tenter, puis la puissance d’exercer la vengeance envers ceux qui ont succombé à ses séductions ; de sorte qu’il est lui-même le vengeur des crimes qu’il a fait commettre.
Les sanglantes querelles et les sacrilèges attentats des iconoclastes achevèrent de semer la division et d’ébranler la foi dans le sein de la malheureuse Église d’Orient pendant le VIIIe siècle ; puis, au IXe, Photius, patriarche de Constantinople, la sépara par un schisme de l’Église d’Occident ; d’où il arriva que le secours puissant des princes de l’Occident lui fît défaut, et que la foi défaillît en même temps au cœur de ses enfants. Aussi les deux tiers échangèrent la croix contre le turban, pour ne pas mourir, et l’autre tiers accepta la servitude dans ses propres foyers.


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