Qui me délivrera, Seigneur, de ce corps de péché qui fait ce que je ne veux pas, et qui m'impose une loi contraire à celle de l'esprit ? Qui me délivrera de cette foule de monstres qui m'environnent, et que je déteste ? Mon âme est comme la poussière de la terre exposée au gré des vents, comme une fleur de quelque apparence, que la moindre haleine flétrit, et comme une glace que le moindre souffle ternit. La tempête des tentations comme celle d'une mer agitée, m'inonde de telle sorte, que je ne vois point d'espérance d'échapper, si vous ne me préservez vous-même du naufrage. Mon imagination, ma mémoire, mon esprit et mon cœur sont d'intelligence pour me séduire. Mon corps et mes sens se livrent des combats continuels. Ce sont des ennemis domestiques qu'il est difficile d'attaquer, et encore plus difficile de vaincre. La jalousie du démon va jusqu'à la fureur, surtout contre ceux qui s'engagent à mener une vie angélique dans un corps mortel. Comment après cela, mon Dieu, vous pourrai-je, selon l'avis de l'Apôtre, glorifier dans mon corps tout grossier et terrestre qu'il est ? Cet Apôtre des nations veut que les corps des Chrétiens soient comme autant de chars glorieux où votre Majesté soit continuellement portée comme dans une espèce de triomphe. Grand Dieu, comment pourrez-vous être glorifié dans un corps si impur ? Comment votre Esprit pourra-t-il être porté dans un vase plein de corruption, et habiter dans une maison remplie d'objets capables d'irriter votre colère ? Quelle apparence que vous demeuriez dans les temples remplis d'idoles et d'abominations ? Levez-vous, Seigneur, et dissipez vos ennemis, purifiez le sanctuaire que vous voulez habiter. Soyez ma lumière et ma force, et étouffez dans leur naissance tant de sentiments indignes d'un Chrétien. Purifiez mon imagination des fantômes qui la souillent, des pensées qui la troublent, des désirs qui l'inquiètent. Découvrez-moi la vanité des plaisirs sensuels, les beautés de la chasteté, et la honte du vice contraire. Mais surtout, inspirez-moi assez de vigilance sur moi-même, pour résister dès le commencement de la tentation ; assez de fidélité pour recourir à vous au moment qu'elle me presse ; assez de courage pour la vaincre entièrement. J'implore ici votre assistance, Esprits angéliques, afin que je n'offense jamais la pureté de vos yeux. Placez-vous sur les murs de la Jérusalem céleste et spirituelle pour défendre le troupeau de la gueule du loup infernal, qui ne cesse de tendre des pièges à l'innocence. Sublimes Esprits, Astres brillants du matin, qui avez un accès si facile auprès de la Reine des vierges, obtenez-moi sa protection, et ne m'abandonnez pas dans le combat ; autrement je périrai dans ma misère. Faites-moi souvenir dans les moments critiques, que si on goûte ici-bas quelque volupté passagère, le remords qui l'accompagne, et la tristesse qui la suit, en découvrent bientôt la vanité, que ces plaisirs ne sont qu'imaginaires, et qu'il n'en est point de plus réels et de plus véritables, que ceux que goûtent les âmes pures dans la pratique de la chasteté.
Reportez-vous à Autres Gémissements d'une âme sur ses égarements passés, Prière pour demander à Dieu la victoire des tentations, Qu'il faut se conduire différemment, selon la différence des Tentations dont on est attaqué, Comment il faut se comporter dans les Tentations contre la foi et Contre la Pureté, Des Tentations qui se présentent à nous sous l'apparence du bien, Autres remèdes contre les Tentations, Saint François d'Assise : Qu'il faut traiter le corps avec ménagement pour lui enlever tout prétexte à murmurer, La
prière est encore un puissant remède contre la Tentation : Prières
courtes et ferventes dont on se peut servir dans le temps des Tentations, La défiance de soi-même et la confiance en Dieu, sont des moyens salutaires pour vaincre les Tentations, Ce
qui peut surtout nous rassurer dans les Tentations, c'est que Dieu ne
permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces, Remède contre les Tentations ; premièrement, il ne faut pas se décourager quand elles nous arrivent, Que les tentations sont une leçon salutaire, et pour nous et pour les autres, Les tentations servent à nous mieux faire connaître notre faiblesse, et à nous faire sentir le besoin de recourir à Dieu, Pourquoi Dieu permet que l'on soit tenté ; Avantages réels qui résultent de ces tentations, Que les uns sont tentés au commencement de leur conversion ; et les autres après leur retour à Dieu, Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle, Des tentations, Conduite à tenir à l'égard des tentations, Des tentations et des illusions, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis le plus utile de tous : Priez !, Aspiration dans les tentations, De quelques remèdes contre les tentations de l'impureté, et Quelques autres remèdes contre les tentations d'impureté.
mercredi 9 février 2022
Gémissements en la présence de Dieu et de ses Anges, d'une âme éprouvée par les tentations
jeudi 5 août 2021
Combien de Modestie est nécessaire pour l'édification du Prochain, et utile à notre avancement particulier
La Modestie, dont nous nous proposons maintenant de parler, consiste à composer notre extérieur de manière que tous nos sens soient recueillis : que nos gestes, que nos entretiens, que notre démarche, enfin que tous nos mouvements soient réglés de telle sorte qu'ils puissent édifier tous ceux qui nous aperçoivent, et avec qui nous sommes obligés de vivre.
Et d'abord, comme il est constant que les hommes ne peuvent voir que l'extérieur des objets, rien ne les édifie, et ne les gagne davantage qu'un maintient sage et modeste : et cet extérieur les touche, et les instruit mieux que le vain bruit de l'éloquence.
Quant à nous, C'est le sentiment commun de tous les Saints, que la modestie et le recueillement des sens est un des principaux moyens que nous ayons à notre disposition pour notre avancement spirituel, d'autant que cela contribue beaucoup au recueillement intérieur ; et que comme nos sens sont autant de portes par où le mal peut entrer dans notre cœur, il est nécessaire que ces portes soient exactement gardées, afin que notre cœur puisse être dans une entière sûreté. Saint Jérôme écrivant sur ces paroles de Job : « Les portes de la mort ne vous ont-elles point été ouvertes, et n'avez-vous point vu les portes des ténèbres ? » dit que nos sens sont les portes de la mort, d'autant que c'est par ces organes que la mort du péché entre dans notre âme, suivant ces paroles de Jérémie : La mort est montée par nos fenêtres. Il ajoute que nos sens sont appelés les portes des ténèbres, parce qu'ils donnent entrée aux ténèbres du péché. Saint Grégoire dit la même chose presque dans les mêmes termes, et c'est une façon de parler ordinaire aux Saints, tirée des expressions des Philosophes, qui soutiennent qu'il n'y a rien dans l'entendement, qui n'ait auparavant passé par les sens. Quand les portes d'une maison sont exactement fermées et soigneusement gardées, tout y est en sûreté : mais si on les laisse ouvertes, si personne n'est chargé de veiller à leur garde, et si tout le monde peut y entrer et sortir à toute heure, rien ne sera en assurance dans cette maison, ou du moins on n'y sera ni en sûreté ni en repos. Il en est de même de notre âme : ceux qui auront soin de bien garder les portes de leurs sens , vivront dans la piété et dans la douceur de la paix intérieure ; mais ceux qui négligent d'en garder les avenues, n'auront ni paix, ni repos dans leur cœur. C'est pour cela que le Sage nous avertit de garder notre cœur avec toute sorte de soin, parce que c'est la source de la vie. Or, le cœur se garantit en gardant avec soin les portes des sens, suivant le sentiment de Saint Grégoire, qui dit, que pour conserver la pureté de notre cœur, il faut prendre garde à ne point laisser échapper nos sens au dehors. « Accoutumez vos yeux, dit Saint Dorothée, à ne se point tourner de côté et d'autre sur des choses vaines, et où vous n'avez nul intérêt ; cela ne sert qu'à vous détourner de vos plus saintes occupations, à les rendre infructueuses. Si vous n'avez soin que les portes de vos sens soient bien gardées, tout ce que vous avez amassé en beaucoup de temps et avec beaucoup de peine, s'échappera aisément par-là, et vous vous trouverez les mains vides. On perd bientôt par la négligence, ce que l'une a acquis par la grâce, avec beaucoup de difficulté et de travail. Évitez de trop parler, ajoute encore Saint Dorothée , parce que cela vous détourne des saintes pensées qui pourraient vous venir à l'esprit, et peut étouffer entièrement en vous toute les inspirations du Ciel. »
Les anciens Pères du Désert, au rapport de Cassien, disaient que celui qui voulait acquérir la perfection, conserver la pureté de cœur, et demeurer dans le recueillement d'esprit, devait
être aveugle, sourd et muet. Mais comment pourrons-nous, me dira-t-on, être sourds, muets et aveugles, nous qui avons tant de commerce avec le prochain, et qui sommes par conséquent obligés de voir et d'entendre beaucoup de choses que nous ne voudrions pas ? Le remède à ce mal est de voir ce qui est hors de nous comme si on ne le voyait pas, et d'entendre les choses du monde comme si on ne les entendait point ; de n'y pas laisser attacher notre cœur ; d'en bannir sans différer toutes ces choses-là, sans souffrir qu’elles s'arrêtent un seul moment dans notre mémoire.
On rapporte de Saint Bernard, qu'il avait le cœur tellement attaché à Dieu, qu'il voyait sans voir, et entendait sans entendre : il semblait qu'il eût perdu l'usage des sens. Au bout d'une année de noviciat, il ne put dire si le Plancher de sa cellule était de bois ou de plâtre : il y avait trois croisées vitrées dans l'Église, il ne s'aperçut jamais qu'il y en eût plus d'une.
Il est aisé de conclure de ce que nous venons de dire, combien se trompent ceux qui font peu de cas de ces sortes de choses extérieures, et qui pensent que la perfection ne consiste pas à être modeste dans ses actions et retenu dans ses paroles, mais qu'elle doit consister dans l'intérieur du cœur, et dans la pratique des solides et véritables vertus.
Saint Bonaventure dit à ce sujet que le recueillement intérieur s'acquiert et se conserve par le recueillement extérieur. C'est la garde et la défense du cœur au-dehors ; car, comme la nature ne produit point d'arbres sans feuilles et sans écorce, ni de fruit sans peau, et qu'elle n'a rien formé qu'elle ne l'ait accompagné en même temps de parties qui sont destinées à son ornement et à sa conservation : de même la grâce qui agit conformément à la nature, mais beaucoup plus parfaitement, qu'elle, ne forme point la vertu intérieure dans un cœur, sans y joindre les ornements ou les défenses extérieures ; c'est l'écorce, c'est la peau sous laquelle se conserve la piété, le recueillement intérieur et la pureté du cœur : si l'on ôte ces parties si essentielles, tout le reste ne tardera pas à se corrompre.
Il faut remarquer encore ici une chose bien essentielle ; c'est que comme le recueillement extérieur sert à produire et à conserver en nous le recueillement intérieur, aussi le recueillement intérieur produit infailliblement le recueillement extérieur. Où est Jésus-Christ, dit Saint Grégoire de Nazianze, la modestie y est aussi. Lorsqu'il y a une solide vertu au-dedans de nous, il y a aussi de la gravité, de la modestie et de la retenue dans tous nos mouvements extérieurs.
(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)
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mercredi 3 juin 2020
De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin
Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome I, par le R.P. Jean-Joseph Surin :
De l'Union avec Jésus-Christ
En quoi consiste l'union avec Jésus-Christ ?
Nous ne parlons point ici de l'union qui est commune à tous les amis de Dieu, et qui a pour fondement la grâce sanctifiante : il y en a une plus particulière, qui est le fruit de la solide dévotion et de la ferveur de l'amour ; et cette dernière union est plus ou moins parfaite selon la disposition des sujets. La moins parfaite consiste à tenir son esprit et son cœur élevé vers Jésus-Christ, et à suivre, autant qu'on peut, les mouvements de la grâce. La plus parfaite est celle qui va jusqu'à une liaison si étroite, et une si grande familiarité, qu'il semble que l'homme extérieur aussi bien que l'homme intérieur n'ait plus d'autre vie que celle de Jésus-Christ.
Comment se fait l'union du corps avec l'Homme-Dieu ?
Par la force de la grâce, qui lui donne un sentiment si vif de la présence de Jésus-Christ, qu'il lui semble que son corps et ses membres sont véritablement le corps et les membres de ce Dieu-Homme. Jusque-là, que par son imagination et par ses sens il ne se distingue plus soi-même, il ne sent plus que Jésus-Christ, dans lequel il est comme perdu. C'est apparemment ce que saint Paul a voulu dire par ces paroles : Je vis, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, mais c'est Jésus-Christ qui vit en moi. (Gal. 2, 20)
En combien de manières se fait cette union du corps ?
En deux manières ; l'une passagère, et l'autre permanente et habituelle.
Comment se fait l'union passagère ?
Par une impression de la présence de Jésus-Christ si intime et si délicieuse, que rien n'en saurait exprimer la douceur et les effets. On l'appelle passagère, parce qu'elle ne dure qu'un certain temps, et c'est ordinairement après avoir reçu la sainte Eucharistie. Il semble alors aux âmes dont nous parlons, que Jésus-Christ se répand en elles, qu'il leur communique non seulement son esprit, mais encore sa vie naturelle ; qu'elles n'agissent plus que par lui, comme par le principe de leurs opérations ; de sorte que leurs paroles, leurs prières, leurs actions, même naturelles, leur paraissent venir de ce principe.
Comment se fait l'union habituelle ?
Par une impression qui dure, et qui, devenant ordinaire, rend comme permanent le sentiment de la présence de Jésus-Christ. C'est lui qui donne la force et le mouvement à tout : c'est en lui et par lui qu'on agit, qu'on parle, qu'on désire, qu'on s'attriste ou qu'on se réjouit, sans que l'âme puisse reconnaître en soi d'autre principe de ses actions et de ses divers sentiments, que J.-C. vivant et agissant en elle. Non seulement elle est toujours élevée vers ce divin Maître, mais elle se sent abîmée en lui, jusqu'à ne plus distinguer ses membres, des membres de J.-C. ; ce qui la remplit de sentiments affectueux et de goûts exquis.
Sur quoi fondez-vous ce que vous dites de cette union ?
Sur la doctrine de saint Paul. Nous avons cité au commencement de ce chapitre, ce qu'il dit dans son Épitre aux Galates : il dit encore, parlant aux Corinthiens : Est-ce que vous cherchez une preuve que J.-C, parle en moi ? (Cor. 13, 3) Et pour montrer que l'Apôtre dans ces endroits ne parle pas seulement de la grâce sanctifiante, mais dune grâce spéciale et d'une espèce de résidence de J.-C. ; nous n'avons qu'à comparer les paroles de saint Paul avec ce que nous savons de quelques Saints.
Il est écrit de sainte Catherine de Sienne, que parlant de cette faveur qu'elle recevait de Dieu, à son confesseur, saint Raimond de Pennafort, et que ce Saint ne comprenant rien à ce que lui disait la Sainte, Dieu voulut l'instruire par ses propres yeux, en lui faisant voir un jour le visage de Notre-Seigneur confondu avec le visage de sainte Catherine. C'est S. Raimond qui nous rend lui-même ce témoignage dans la vie de cette Sainte qu'il a écrite. Un auteur de ce siècle, homme sage et plein de piété, a écrit qu'il connaissait une personne sur qui la présence de J-C. faisait une telle impression, qu'elle ne voyait et ne sentait rien en soi qui lui fût propre, et qui n'appartînt à ce Dieu homme ; de sorte que, si on lui parlait de ses mains, elle ne savait que dire ; et que si on parlait des mains de Jésus-Christ, elle montrait les siennes pour celles de ce Dieu-homme, tant elle était absorbée et comme perdue dans le sentiment qu'elle avait de la présence de ce divin Sauveur. Il est inutile de demander si c'est Jésus-Christ résidant réellement, qui produit ces effets merveilleux , ou s'il les opère par la vertu de sa grâce et par la force de l'amour : il suffit de savoir que ces secrets, pour être impénétrables, n'en sont pas moins des faveurs réelles.
Comment se fait l'union spirituelle de l'âme de l'homme avec celle de Jésus-Christ ?
Par une espèce d'application des deux âmes, et par une liaison étroite entre leurs puissances, par le moyen de laquelle les biens renfermés dans la mémoire, dans l'entendement et dans la volonté de J.-C., sont communiqués à la mémoire, à l'entendement et à la volonté de l'homme, de la manière que l'explique sainte Gertrude, lorsqu'elle dit que l'âme de Jésus-Christ est imprimée sur la sienne, comme un cachet de cire.
Comment se fait cette communication de biens à la mémoire ?
Par une connaissance expérimentale, qui ne permet point à l'âme de douter que J.-C. ne réveille ses idées dans le besoin, et ne lui suggère à propos tout ce qui lui est nécessaire quand il s'agit de prier, d'agir, ou de parler pour sa gloire.
Comment se fait la communication d'entendement à entendement ?
Par une participation d'intelligence; l'homme éprouvant, lorsqu'il veut s'appliquer, qu'il se fait dans son esprit comme une effusion de lumière, de discernement et de connaissance, même pour les sciences naturelles. C'est comme une source qui s'ouvre dans l'entendement, et d'où la science et les lumières coulent en abondance, surtout lorsqu'il s'agit de parler. Alors, dit l'Écriture, il répandra comme une pluie les paroles de sa sagesse (Eccl. 39, 9). Notre Seigneur dans l'Évangile, parlant de cet esprit d'intelligence qu'il voulait communiquer aux Fidèles, le compare à des fleuves d'eau vive qui couleront de leur sein, à une source d'eau qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. (Jean. 7, 38 et 4, 14)
Comment est-ce que la volonté de l'homme entre en participation de richesses avec la volonté de Jésus-Christ ?
Par la liaison qui est entr'elles, et par l'écoulement perpétuel de l'amour de J.-C. dans la volonté de l'homme. Ce ne sont que douceurs, que caresses, que désirs ardents de procurer la gloire de Dieu ; et on connaît que ces richesses sont communiquées par Jésus-Christ, qui se rend présent à l'âme, et qui la remplit de telle sorte, qu'elle ne voit, qu'elle ne goûte que lui en toutes choses, et qu'elle se sent incapable d'avoir aucune affection, ni aucun sentiment de joie, qui ne soit de lui et pour lui.
Il y a grande apparence que saint Paul était dans cette disposition, et que c'est ce qui lui a fait répéter si souvent le nom de Jésus dans ses Épitres. C'est sans doute pour la même raison, qu'on trouva ce nom sacré écrit sur le cœur de saint Ignace Martyr. C'est dans un semblable transport d'amour pour notre divin Sauveur, que saint Vincent Ferrier a dit au dernier chapitre du Traité de la vie spirituelle, qu'il viendrait un jour des gens dont toutes les affections, tous les sentiments, toutes les paroles se termineraient à Jésus-Christ. Quelques-uns croient qu'il a parlé en esprit de prophétie, et qu'il avait en vue des hommes qui mettent toute leur gloire à se consacrer au service de Notre Seigneur, et à porter son nom.
Au reste, ces faveurs insignes sont uniquement le partage des personnes, qui s'y disposent par une entière abnégation, et qui, mettant en pratique ce que nous avons dit de la Doctrine de J.-C., méritent qu'il accomplisse en elles cette belle promesse : Je me ferai connaître à lui. (Jean. 14, 21)
Ces communications de la part de Notre-Seigneur , qui s'insinue dans la volonté de l'homme, n'ont-elles jamais d'autre objet que Jésus-Christ ?
Il arrive quelquefois que la personne à qui J.-C. se communique de la sorte, n'a d'autre idée que celle du S. amour, auquel elle attribue toutes ces grâces : elle ne voit qu'amour, elle ne savoure qu'amour, elle est comme perdue et absorbée dans l'amour. C'est pour cela que sainte Catherine de Sienne terminait toutes ses Épitres par ces deux paroles, Jésus Amour, que S. François de Paule avait toujours à la bouche le mot de charité ; que sainte Françoise d'Assise employait dans ses cantiques le mot d'amour, sans ordre et sans mesure. Il s'est trouvé des âmes si occupées et si pénétrées de cette simple vue d'amour qu'elles ne répondaient autre chose à toutes les questions qu'on leur faisait : Qui êtes-vous ? Amour : Que cherchez-vous ? Amour, etc.
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Jean-Joseph Surin (1), Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (2), Des qualités qui sont propres dans la voie extraordinaire, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la voie surnaturelle ou extraordinaire, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'avancement de l'âme et des principaux moyens qui peuvent le procurer, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la nourriture du corps, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des amitiés, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens extérieurs qui aident à acquérir la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens intérieurs qui aident à la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels sont les devoirs de piété dont il faut s'acquitter envers les Saints ?, Des exercices de piété, par le R.-P. 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vendredi 29 mai 2020
Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu'elles arriveront, vous vous souveniez que je vous les ai prédites
MÉDITATION POUR LE VENDREDI D'APRÈS L'ASCENSION
Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu'elles arriveront, vous vous souveniez que je vous les ai prédites. (S. Jean, ch. 16)
I. Considérez que, pour profiter saintement des paroles de Jésus-Christ, consignées dans le saint Évangile, il ne suffit pas de les repasser simplement dans sa mémoire ; mais il faut y appliquer la considération et la méditation de l'entendement, aussi bien que les affections de la volonté, afin que toutes les puissances de notre âme en soient pénétrées, de manière que du souvenir et de la pensée de ces divines paroles, on en vienne à l'effet et à l'accomplissement de ce qu'elles enseignent.
Voilà comment notre divin Sauveur veut qu'on se rappelle et qu'on se mette en l'esprit ce qu'il a dit.
Voyez comment vous vous acquittez de ce devoir ; et si, par le passé, ces paroles divines ont fait peu d'impression sur votre âme, prenez une nouvelle résolution de les lire et de les méditer avec plus d'attention et d'affection que vous n'avez fait.
II. Considérez que toute l'occupation des saints Apôtres et des Disciples de Jésus-Christ dans le Cénacle, où ils attendaient la venue du Saint-Esprit, était de rappeler en leur mémoire les paroles qu'ils avaient entendues de la bouche de leur divin Maître, de les méditer, de les approfondir, de les graver dans leur cœur, et de s'en entretenir ensemble, pour s'enflammer de plus en plus de son amour, et pour se disposer plus parfaitement à recevoir son Saint-Esprit.
Mettez-vous par affection et par désir en leur sainte compagnie, et bannissant de votre esprit les autres pensées temporelles, appliquez-vous avec plus de recueillement à la prière, à la lecture et aux autres exercices de la vie spirituelle, pendant ce peu de temps qui reste jusqu'à la Pentecôte, afin de vous préparer, par l'exemple des Apôtres, à recevoir plus dignement le Saint-Esprit.
III. Considérez que pour tirer le fruit des paroles de Jésus-Christ, après les avoir gravées dans votre esprit par la lecture et par la méditation, il faut en venir aux effets et à la pratique : il faut voir ce qu'il y a en vous qui ne soit pas conforme à l'enseignement et aux maximes qu'elles contiennent, pour y apporter le remède, en déplorant vos fautes passées et en concevant un nouveau désir et une nouvelle résolution pour l'avenir, de vous conduire en toutes vos actions et en tous vos desseins, selon cette sainte règle ; en sorte que cette divine parole soit comme un flambeau que vous teniez toujours en main pour découvrir les voies assurées de la justice et de la sainteté, dans lesquelles vous devez marcher pour arriver à Dieu. Voyez quelle résolution vous voulez prendre sur ce sujet.
PRATIQUES
1° Faîtes que la prière, la lecture et vos occupations remplissent votre journée.
2° Réparez par là les jours que vous avez perdu dans la dissipation et les illusions de ce monde.

mardi 12 mai 2020
Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (1/6)
TROISIÈME MOTIF DE CONTRITION
LA BONTÉ DE DIEU
Ô bonté infinie de mon Dieu ! pourrai-je jamais retracer à mon esprit les grâces sans nombre, dont vous m'avez comblé ? Je ne puisque me perdre et me confondre, au milieu de la multitude innombrable de vos bienfaits ! Faut-il donc de si grands efforts pour en ressentir l'impression ?...
Un Dieu créateur!... Un Dieu conservateur ! Un Dieu rédempteur ! Un maître bon et libéral envers ses serviteurs !... Un père tendre et compatissant pour ses enfants !... Un ami indulgent et facile ! Que de titres qui devaient l'assurer de mon amour !
1°. UN DIEU CRÉATEUR ! Où était le monde, il y a 6000 ans ? Il n'existait pas.... Où étais-je moi-même ? Je n'étais pas, j'étais un pur néant, et je n'ai été autre chose toute une éternité. Les anges, les hommes, les choses possibles, spirituelles ou temporelles, animées ou inanimées, toutes étaient dans le néant, et se trouvaient dans l'impuissance d'en sortir. J'étais de ce nombre, et bien plus, loin de pouvoir mériter que Dieu me fît sortir du néant, au contraire (par l'abus que je devais faire de toutes les facultés de mon âme et de mon corps, et qu'il prévoyait clairement dans sa lumière infinie) j'aurais mérité qu'il me laissât pour jamais dans le néant, comme une infinité d'autres êtres possibles qu'il pouvait en tirer et qu'il n'en tirera jamais ; cependant, par un pur effet de sa bonté infinie, et par une tendre effusion de l'amour le plus magnifique, au temps, au jour, et au moment qu'il avait prévu dans le cours des siècles divins (Post secula divina, etc. S. Aug.), il se détermina à me choisir parmi la foule des êtres possibles, pour être dans le rang des choses existantes, tandis qu'il en laisse tant d'autres dans l'abîme du néant. Voici, disait-il, celui que, par une prédilection singulière, j'ai choisi parmi tous les autres, afin qu'il glorifie un jour ma bonté. Ô amour immense ! amour incompréhensible ! Je suis confondu. Pourrai-je jamais reconnaître dignement ce bienfait ?... L'éternité tout entière ne pourrait suffire à la reconnaissance ; et moi j'anticipe déjà sur le temps pour vous outrager ! Je donne déjà un libre cours à mon ingratitude ! Ô Dieu ! vous pouviez me faire naître parmi les créatures inanimées ou parmi les animaux privés de la raison ; mais votre amour, dit saint Augustin, m'a distingué de la pierre et de la brute, pour faire de moi une créature raisonnable, créée à votre image et à votre ressemblance ; douée d'entendement, de mémoire et de volonté ; capable de participer à la nature divine, et de jouir d'une éternité immuable de plaisir et de bonheur, si je suis fidèle. Ô mon Dieu ! il faut que l'homme vous soit quelque chose de bien cher pour en user comme vous faites avec lui !
Quoi ! dès l'éternité, vous avez fixé sur moi la majesté de vos pensées, vous m'avez fait capable de vous connaître, de vous aimer ; vous m'avez fait digne de vous ! quoi ! je suis l'image et la gloire de Dieu ! Je suis le chef d'œuvre de ses mains !!! Ô céleste émanation de la Divinité qui es en moi, qui es moi-même ! Grand Dieu ! qu'est-ce que l'homme, et à quelle dignité n'est-il pas élevé, de se voir ainsi l'objet de vos pensées et de vos regards ? Quid est homo, quod memor es ejus (Ps. VIII, 5) ? Ô mon âme, bénis le Seigneur : que tous les attributs, qui sont en toi, bénissent son saint nom. Il est donc vrai que l'homme, qui ne paraît qu'un atome, perdu dans l'immensité des mondes, est plus noble que tout l'univers visible ensemble ; il survivra à la ruine de la terre et des cieux. Ô mon âme, bénis le Seigneur, et jouis de la plus glorieuse de tes prérogatives. Tu es capable de vertus, avec le secours de la grâce ; tu peux non-seulement connaître le bien, mais le faire ; ton cœur peut s'élever jusqu'à la Divinité, pour contempler son amour et bénir sa bonté. Dieu m'a aimé, avant tous les temps, d'un amour éternel ; il m'a préféré à tant d'êtres que sa puissance aurait pu tirer du néant pour les combler aussi de ses bienfaits ; et, au lieu de lui rendre amour pour amour, j'oppose chaque jour à ses bienfaits, froideur, insensibilité, ingratitude... Hélas ! y ai-je jamais bien pensé ? Je me pique d'être si sensible à la générosité d'un ami, à l'affection d'un père, à la tendresse d'une mère : il n'y a que Dieu seul, pour qui tous ces sentiments me sont étrangers !!!...
(Extrait de Manuel du Pénitent ou conduite pour la Contrition)
Reportez-vous à Conduite pour la Contrition, Premier Motif de Contrition : La Majesté de Dieu, Deuxième Motif de Contrition : La Justice de Dieu, Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (2/6), Instruction sur la Contrition, Prière pour obtenir de Dieu miséricorde, Instruction sur la Grâce, De l'examen de conscience, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Cinq points dans l'examen général de la conscience, Trois temps pour l'examen particulier, Prière à Saint Louis de Gonzague pour demander la contrition, Bien choisir le sujet sur lequel on doit faire l’examen particulier, Combien l'examen de notre conscience est important, Méditation pour la Fête de Sainte Marie-Madeleine, Prière pour obtenir la persévérance dans le jeûne et la pénitence, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur le souvenir des jours que l'on a passé dans l'oubli de Dieu et de ses devoirs, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Méditation sur la pénitence du cœur, Psaumes de la Pénitence, Méditation sur la mort dans le péché, Méditation sur la confiance qu'un Chrétien doit avoir en la miséricorde de Dieu, Hymne du Carême, Méditation sur la réparation du péché, Méditation sur l'expiation du péché, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Exercice pour la confession, Litanies de Sainte Marie-Madeleine, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur la vraie pénitence, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur la confession, Réponse à quelques doutes touchant la Pénitence, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier, Les peines du Purgatoire conformes aux fautes commises La conversion renvoyée au soir de la vie conduit l'âme à la cruelle faim du Purgatoire, Troisième méditation de préparation à la mort : Que me présenteront le passé, le présent et l'avenir ?, Instruction sur la Prière, Explication du premier commandement de Dieu, Explication du deuxième commandement de Dieu, Explication du quatrième commandement de Dieu, et Explication du cinquième commandement de Dieu.
lundi 16 décembre 2019
De l'étude des Lettres, par le R.-P. Jean-Joseph Surin
De l'étude des Lettres
Quelles sont les dispositions nécessaires à ceux qui s'adonnent à l'étude des Lettres ?
Ils ont un besoin particulier de mortification, de discrétion, et de pureté d’intention.
Pourquoi la mortification leur est-elle nécessaire ?
Pour réprimer cette ardeur impétueuse, qui accompagne ordinairement l'étude des Sciences. Outre que c'est une occupation honorable, et que le fruit qu'on en tire est fort attrayant ; la curiosité de l'esprit produit bientôt l'empressement, et de-là il arrive que bien des gens qui font profession de vertu, se portent à l'étude avec une application excessive ; qu'ils s'y plongent et s'y abîment, pour ainsi dire, et qu'ils en sont aussi esclaves, que les hommes les plus avares et les plus sensuels peuvent l'être de leurs richesses et de leurs plaisirs.
On ne saurait croire, quels grands préjudices apporte cette application démesurée. Premièrement, elle épuise la vigueur de l'esprit. Secondement, elle captive le cœur, et le rend incapable des fonctions de la vie spirituelle ; parce que le propre de ce grand amour de l'étude, est d'ôter le goût de la présence de Dieu. Ce mauvais effet, qui est particulier à cette passion, lui est aussi commun avec toute autre affection désordonnée, n'étant pas possible qu'on goûte Dieu quand on a de l'empressement pour quelque autre objet. Rien ne prouve mieux combien il importe aux personnes spirituelles de ne s'affectionner à rien de créé. Il est pourtant des goûts naturels et en quelque manière nécessaires qu'on peut avoir, et qui peuvent subsister avec celui qu'on a pour Dieu.
Par exemple, on peut trouver du goût aux viandes, sans être sensuel ; pourvu qu'on ne s'attache point au plaisir qu'on sent, qu'on en use sans excès, sans avidité, et uniquement pour le besoin. Il en est de même dans e sujet que nous traitons : un homme d'étude peut lire un Auteur avec plaisir, goûter la naïveté de son style, le bon sens qui règne dans ses pensées, l'éloquence avec laquelle il s'exprime, et ce plaisir n'est point déréglé lorsqu'il se contient dans ses justes bornes. Mais lorsqu'il produit un désir ardent, et qu'on n'a ni paix ni repos, jusqu'à ce qu'on ait entre les mains l'Auteur dont on est charmé ; lorsqu'on emploie les jours entiers à le lire, et souvent une partie de la nuit ; lorsqu'on est tenté d'abandonner les exercices de piété, pour vaquer à cette lecture; c'est ce qu'on appelle un goût déréglé, incompatible avec le goût de Dieu : et c'est le troisième préjudice, que porte la trop grande ardeur pour l'étude.
Ce mal est plus commun qu'on ne pense ; bien des gens sages et spirituels ne s'en garantissent pas. Quelle pitié de voir un homme d'une profession sainte devenu esclave de son étude ; en parler continuellement ; y penser toujours ; ne pouvoir s'en arracher qu'avec une douleur extrême ; soupirer sans cesse après son cabinet lorsqu'il a été obligé d'en sortir ; y aller avec une précipitation lorsqu'il lui est permis d'y retourner ; se jeter sur les livres et sur ses écrits ; se plonger dans cette occupation, et y ensevelir, pour ainsi dire, toute l'application de son esprit, et toutes les affections de son cœur : comment accorder une telle avidité avec le goût de la dévotion et le saint exercice de la présence de Dieu.
On dira peut-être que c'est pour Dieu qu'il étudie. Mais outre qu'il n'étudierait pas avec moins de succès s'il le faisait tranquillement, et sans perdre la paix intérieure ; il aurait encore cet avantage, que les pensées de l'étude ne viendraient pas le troubler dans ses entretiens avec Dieu. Car il est à remarquer, que les occupations ordinaires qui sont du devoir, peuvent se présenter à l'esprit, sans détourner de la prière ; parce que le cœur n'y étant point attaché, elles ne l'empêchent pas de s'occuper de Dieu. Mais les pensées qui viennent du cœur, et d'une trop grande attache, quoiqu'elles aient pour objet des choses saintes ou commandées, sont toujours des distractions. Rien n'est donc plus nécessaire à ceux qui étudient, que la mortification, pour prévenir et pour arrêter les mouvements déréglés de cette ardeur impétueuse, qui accompagne ordinairement l'étude.
À quoi sert la discrétion aux gens d'étude ?
Premièrement, à modérer leur travail, pour ne pas ruiner leur santé par une application excessive. Faute de cette précaution, plusieurs se laissant emporter à leur avidité se procurent de fâcheuses incommodités, et quelquefois pour acquérir des connaissances dont ils auraient pu se passer. La discrétion sert encore à mettre de l’ordre dans les études, à s'appliquer avec méthode, acquérant les connaissances l'une après l'autre, et n'entreprenant pas trop à la fois, comme font quelques-uns, qui voulant d'abord tout savoir, n'acquièrent que des idées confuses et ne savent rien à force d'apprendre. Lorsqu'on étudie sans règle, qu'on ne cherche qu'à entasser connaissance sur connaissance, sans se donner le loisir de digérer ce qu'on étudie, et de le ranger dans sa tête, on oublie à mesure qu'on apprend. Le moyen de profiter, est de ne point perdre de temps, d'entreprendre peu à peu, et de se défendre de l'empressement. Il ne faut pas étouffer l'esprit à force de le contraindre et de l'assujettir à la règle ; mais il faut empêcher que le cœur ne s'empresse, parce que la précipitation empêche que les idées ne se gravent dans la mémoire.
En troisième lieu, la discrétion est nécessaire pour faire le choix des matières qu'on doit étudier ; il ne faut point lire indifféremment tous les Livres qui se présentent, mais seulement ceux dont la lecture, en cultivant l'esprit ne porte aucun préjudice à l'avancement spirituel, imitant en cela les brebis qui prennent dans un pâturage les herbes qui leur conviennent, et ne touchent point à celles qui pourraient leur être nuisibles. Les gens curieux ne cherchent qu'à savoir ; tout est bon pour eux, pourvu qu'ils remplissent leur mémoire, et ils ne prennent pas garde que les idées et les connaissances qu'on acquiert sont la nourriture de l'esprit, et qu'une mauvaise nourriture produit toujours des maladies. C'est ce qui a fait dire à saint Bernard, qu'il y a beaucoup de gens qui sont passionnés pour la science, et qu'il y en a peu qui soient attentifs à leur conscience. Multiquoerunt scientiam, pauci conscientiam. C'est pour cela que l'homme spirituel ne veut savoir que ce qui peut contribuer à son salut et à la gloire de Dieu.
Quelle est la troisième disposition nécessaire à ceux qui étudient ?
C'est la pureté d'intention, qui consiste à n'avoir que Dieu en vue. C'est à quoi les hommes spirituels mettent leur principale attention ; ils rapportent leur travail et toutes leurs études à cette unique fin, qui est de connaître Dieu de plus en plus, et de se rendre utiles à son service. Ils défendent soigneusement l'entrée de leur cœur à tout sentiment de vanité, de curiosité et d'orgueil. Ce n'est point le désir d'apprendre, ni l'amour de la science qui leur fait supporter, et qui leur adoucit la peine de l'étude ; c'est le seul amour de Dieu qui les anime et qui les intéresse ; tout le reste leur est indifférent. Ils n'ont garde de tirer vanité de leurs connaissances, quand ils pensent à ce que disait saint Bonaventure, qu'une simple femme sans étude, peut autant aimer Dieu, que le plus grand Docteur du monde.
Puis donc que pour aller à Dieu il faut l'aimer, et qu'on n'est grand à ses yeux qu'autant qu'on l'aime et qu'on le sert ; il ne faut souhaiter d'être savant que pour l'aimer et pour être en état de le servir. Hors de là, il n'y a dans la science que vanité, qu'orgueil, que source d'aveuglement, et on éprouve ce que saint Paul a dit des Savants destitués de charité : Que leur esprit insensé s'est aveuglé, et que ceux qui se disaient sages sont devenus fous.
Ce que nous avons dit dans ce Chapitre convient à toutes sortes de personnes, mais particulièrement aux Ecclésiastiques et aux Religieux, qui sont plus obligés que les autres à ne chercher que Dieu, et à pratiquer l'humilité, qui seule peut guérir l'enflure que cause ordinairement la science.
Extrait de "Vie des Pères, des Martyrs, et des autres principaux Saints, tirées des actes originaux et des monuments les plus authentiques, avec des notes historiques et critiques", par M. l'abbé Godescard :
Saint Jérôme, pour fixer plus facilement les égarements de son imagination, et rompre entièrement sa volonté, joignit aux austérités de la pénitence, la plus pénible de toutes les études, celle de l'hébreu. Il se fit disciple d'un Juif converti, se proposant non-seulement l'intelligence des livres saints, mais d'apprendre encore la prononciation de la langue hébraïque qu'on sait être très difficile. Ce travail lui coûta d'autant plus, qu'il ne s'était occupé jusque-là que d'études agréables. Écoutons-le lui-même décrire les difficultés qu'il éprouva. « Lorsque j'étais jeune, dit-il, quoiqu'enseveli dans le désert, j'étais si tourmenté par la violence de mes passions et par l'ardeur de la concupiscence, que je ne me sentais point assez de force pour y résister. Je faisais ce que je pouvais pour éteindre ce feu par de grandes abstinences ; mais cela n'empêchait pas que mon esprit ne fût continuellement agité par de mauvaises pensées. Pour me vaincre, je me fis le disciple d'un moine, qui de juif s'était fait chrétien ; et moi qui avais tant aimé les sages préceptes de Quintilien, l'éloquence majestueuse de Cicéron, le style grave de Fronton, et la douceur de Pline, je me mis à apprendre l'alphabet, et à étudier une langue dont les mots sont si rudes et si difficiles à prononcer. Il n'y a que moi et ceux avec qui je vivais alors, qui sachions quelles peines, quelles difficultés j'eus à surmonter ; combien de fois je me sentis rebuté, désespérant d'en venir jamais à bout, et combien de fois, après avoir tout abandonné, je recommençai tout de nouveau par l'ardeur que j'avais d'apprendre. Je rends grâces à mon Dieu de ce que je recueille maintenant de cette étude des fruits d'autant plus doux, que la semence en a été plus amère (Ep. 95 ad Rustic. p. 769). »
Il continua cependant de lire les auteurs classiques avec un plaisir et une ardeur qui dégénérèrent en passion. Ce goût excessif pour la littérature profane lui donna enfin des remords ; il s'aperçut que c'était une affection désordonnée qui s'opposait au parfait établissement du règne de Dieu dans son âme ; il vint à bout de la réprimer avec le secours du ciel, comme il le raconte lui-même dans la lettre où il exhorte la vierge Eustochium qui avait embrassé l'état religieux, à ne lire que l'Écriture sainte et les livres de piété. Il rapporte que dans un accès de fièvre brûlante qu'il eut dans le désert, il tomba en syncope, et crut être cité devant le tribunal de Jésus-Christ ; que là on lui demanda quelle était sa profession, et qu'ayant répondu qu'il était chrétien, le juge lui avait dit : « Vous mentez, vous êtes Cicéronien, car les ouvrages de Cicéron possèdent tout votre cœur (Ep. 18, aliàs 22 ad Eustoch. de Virgin.) ; » qu'en conséquence il avait été condamné à recevoir une rude flagellation de la main des anges, et que le souvenir de ce châtiment avait fait sur son âme une impression si forte, qu'il lui en était resté, après sa maladie, un sentiment profond de sa faute. Il promit au juge de ne plus lire d'auteurs profanes. « Et depuis ce temps-là, dit-il, je me suis appliqué à lire les divines écritures avec plus d'ardeur et d'attention que je n'en avais jamais mis dans la lecture des écrivains pour lesquels j'avais été jusque-là si passionné. » Il déclare, à la vérité, que ce n'était là qu'un rêve (Apol. l. I) ; mais il le regarda comme un avertissement du ciel sur une faute incompatible avec l'ardeur que doit montrer pour la perfection tout chrétien ; et principalement un moine.
Reportez-vous à Aveuglement de l'homme, Sur la vaine curiosité, De la doctrine de la vérité, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de la mémoire, par Le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'entendement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'homme intérieur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'imagination de l'homme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des maladies de l'âme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Spiritus Paraclitus, du Pape Benoît XV, pour le centenaire de la mort de Saint Jérôme, Divino afflante spiritu, du Pape Pie XII, sur les Études bibliques, Providentissimus Deus, du Pape Léon XIII, Acerbo nimis, du Pape Pie X, Sub exitum, du Pape Pie X à l'Institut Catholique de Paris, Conseils pour la lecture spirituelle, Méditation pour le seizième Dimanche d'après la Pentecôte : Que c'est une chose dangereuse que de résister au Saint-Esprit, VIE CHRÉTIENNE : Conduite pour sanctifier les Dimanches et Fêtes de l'année, Des amitiés, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du Recueillement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et VIE CHRÉTIENNE : La prière du Matin, la Bonne Pensée, la Méditation, et la Lecture Spirituelle.

dimanche 27 octobre 2019
De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin
De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ
Qu'est-ce que la vie intérieure ?
C'est une vie fondée sur la foi, conduite par la grâce, et employée aux œuvres de dévotion et de sainteté.
Pourquoi l'appelle-t-on intérieure ?
Parce qu'elle tient l'homme occupé au-dedans de soi-même.
En quoi consiste la vie intérieure ?
En trois choses, qui sont, le recueillement, le renoncement, et la pratique des exercices de piété.
À quoi oblige le recueillement ?
1. À fermer l'entrée de son âme aux objets extérieurs, et à tout ce qui peut détourner l'homme de l'application au-dedans, pour l'occuper aux choses sensibles. 2. À donner une attention particulière à la présence de Dieu. 3. À avoir toujours au-dedans quelque sainte occupation.
À quoi doit s'étendre le renoncement ?
À tous les biens que l'homme peut rechercher avec trop d'empressement ; mais surtout aux biens naturels et extérieurs, qui flattent les sens, et qui contentent la cupidité ; à certains avantages qui regardent l'esprit, dans lesquels il est ordinaire de mettre sa complaisance, tels que sont la réputation, la science ; et il faut même nous défaire d'une certaine attache à nos intérêts spirituels : car jusque dans le soin de la perfection, et dans la pratique de la vertu, nous pouvons nous chercher nous-mêmes ; et le propre de la vie intérieure, est d'affranchir l'homme de toute sorte d'attache et de satisfaction naturelle.
Qu'est-ce que s'employer aux exercices de piété ?
C'est s'occuper continuellement de saintes pensées, et surtout s'appliquer à connaître Notre-Seigneur Jésus-Christ et à lier avec lui une espèce de commerce familier.
Comment peut-on contracter cette familiarité avec notre divin Sauveur ?
En s'instruisant à fond de sa vie, de ses actions, et de tout ce qui le regarde ; de sorte que la mémoire, l'esprit et le cœur en soient remplis. On peut partager la vie de Jésus-Christ en trois temps différents. Le temps de sa venue dans le monde, où sont comprises son Incarnation, sa Naissance et son Enfance. Le temps de sa demeure dans le monde, où l'on doit considérer sa conversation avec les hommes, sa Prédication, ses travaux et ses miracles. Le temps où il a quitté le monde, qui renferme sa Passion, sa Résurrection et son Ascension. Une âme intérieure s'occupe de ces objets, qui conduisent à la connaissance et à l'amour de Notre-Seigneur. Ce sont ces trois temps de sa vie dont il faut parler maintenant en particulier.
Jésus-Christ venant dans le monde
Qu'avez-vous à dire de cette première partie de la vie de N. S. ?
La venue de N. S. dans le monde, comprend tout ce qui s'est fait pour le donner à la terre depuis la conception de saint Jean-Baptiste jusqu'au temps où l'Enfant Jésus de retour de l'Égypte se retira à Nazareth. Pour considérer avec ordre ce saint avènement, il faut d'abord faire attention aux merveilles qui l'ont précédé et qui en ont été comme les préparatifs.
Le premier, qui regarde saint Joseph et la sainte Vierge, renferme les grâces accordées à ce grand Saint, pour le rendre digne d'être l'Époux de Marie ; l'élévation de Marie elle-même à une très-éminente sainteté ; le mariage de ces deux saintes personnes ; la merveille inouïe qu'opéra le Saint-Esprit, lorsque par sa vertu divine il forma le corps de Jésus dans les chastes flancs de Marie, qui devint Mère de Dieu sans cesser d'être vierge ; comme Joseph eut le nom et l'autorité de Père sans préjudice de la virginité qu'il avait vouée, aussi bien que son Épouse.
Un autre préparatif pour la venue du Messie, c'est le choix d'un Précurseur, qui devant servir comme d'aurore pour annoncer le lever de ce Soleil de Justice, devait être le plus grand parmi les enfants des hommes. Aussi ne voit-on que prodiges dans sa naissance et dans sa vie. Il est né de parents saints, qui l'ont mis au monde dans leur vieillesse, ce qui rend sa conception miraculeuse ; son nom est venu du ciel ; sa naissance et ses grandeurs ont été annoncées par un Ange dans le plus saint lieu de l'Univers, qui était le temple de Dieu. Il a été sanctifié et rempli du Saint-Esprit, dès le ventre de sa Mère, et il a signalé sa naissance par un grand miracle, rendant à son père la parole qu'il avait perdue. Dieu avait tellement disposé l'ordre des temps et des événements, que la conception de Jean-Baptiste fut bientôt suivie de la conception de Jésus ; sa naissance, de la naissance de Jésus ; sa prédication, de la prédication de Jésus ; son Baptême, du Baptême de Jésus ; et sa mort, de la mort de Jésus ; afin qu'il accomplît exactement toutes les fonctions de Précurseur, et que la sainteté d'un si grand homme servit comme d'ornement au grand œuvre de l'Incarnation du Verbe, et de la Rédemption des hommes.
Conformément à l'ordre établi, la conception du Précurseur ne précéda que de fort peu celle du Fils de Dieu, laquelle fut rendue illustre par l'Ambassade de Gabriel un de ses premiers Ministres, qu'il députa vers la sainte Vierge ; par le prodige opéré dans cette Vierge incomparable, qui fut Mère et Vierge tout ensemble, par la vertu toute puissante du Saint-Esprit, qui en concourant d'une manière surnaturelle à l'alliance que la nature humaine contractait avec la Divinité dans la personne du Fils, et par le ministère de la Mère, rendit ce Mystère encore plus auguste.
Cette génération inénarrable fut bientôt suivie des effets les plus surprenants ; le Verbe fait chair ayant agi en Sauveur avant que de sortir des flancs sacrés de sa sainte Mère. C'est par elle qu'il commença ses œuvres divines, en la comblant de grâces et en la remplissant des lumières les plus sublimes. Il fit ensuite sentir son pouvoir suprême à son Précurseur, qui tressaillit de joie dans les entrailles d'Élisabeth. Élisabeth même fut remplie du Saint-Esprit au premier abord de Marie ; Zacharie reçut le don de prophétie, et parlant en homme inspiré, il publia en termes très-relevés le Mystère de l'Incarnation. Ces premières opérations de Jésus sont intérieures, et il fallait qu'elles le fussent pour être conformes à son état, qui était caché et obscur.
Ces merveilles n'étaient que des dispositions à ce qu'il y a de plus grand dans le saint avènement de Jésus-Christ ; je veux dire à sa naissance. Le Ciel, la terre, les Anges et les hommes, l'ont honorée à l'envi ; le Ciel, par une nouvelle Étoile ; les Anges par leurs chants d'allégresse ; et les hommes par leurs adorations et leurs hommages. Les louanges du Messie ont été publiées jusqu'à trois fois par les Anges ; avant qu'il fût conçu, par l'Ange Gabriel parlant à la sainte Vierge ; avant qu'il fût né, par le même qui l'appela Sauveur du Peuple, lorsqu'il apparut à saint Joseph ; et enfin après qu'il fût né par une troupe d'Anges, un desquels parlant aux Bergers, lui donna encore le nom de Sauveur.
Et afin que rien ne manquât, et que tout âge et tout sexe contribuât à la gloire de ce saint avènement, la Providence voulut que le jour qu'on présenta Jésus au Seigneur, il se trouvât dans le Temple un saint vieillard et une sainte veuve qui célébrèrent ses louanges, et qui semblaient n'attendre pour mourir que de lui rendre cet hommage. Après quoi le Fils de Dieu disparut aux yeux des hommes pour mener une vie cachée et inconnue jusqu'au temps où il devait encore se montrer au monde, pour faire les fonctions publiques et éclatantes du Sauveur.
Voilà les grandeurs qui ont illustré sa venue ; elles se réduisent à la naissance glorieuse du Précurseur, aux louanges qui furent données par les Anges, à apparition de la nouvelle Étoile, à l'adoration des Mages, et au témoignage que rendirent le saint vieillard Siméon et Anne la Prophétesse.
Les humiliations et les souffrances ont aussi accompagné la venue du Sauveur. Les principales sont, le mariage de sa sainte Mère avec un pauvre Artisan, le trouble et les soupçons de saint Joseph quand il vit la sainte Vierge enceinte ; les incommodités de sa naissance dans le plus grand froid de l'hiver, sans secours, au milieu des ténèbres et dans une étable, n'ayant pu trouver d'autre retraite ; les douleurs et les ignominies de sa Circoncision ; le massacre des saints Innocents ; la fuite en Égypte ; et la cruelle persécution d'Hérode. Il ne faut pas omettre sa captivité de neuf mois dans les entrailles de sa Mère, et la cérémonie humiliante de la Purification.
Les moments les plus remarquables de son saint avènement, sont les quatre où se sont accomplis les quatre principaux Mystères. I. Le moment de son Incarnation. 2. Celui de sa naissance. 3. Celui auquel il reçut l'incomparable nom de Jésus. 4. Celui de son sacrifice dans le Temple, lorsqu'il s'offrit à son Père pour exécuter toutes ses volontés.
La venue de notre Seigneur a été célébrée par trois merveilleux cantiques. Par celui de la sainte Vierge, Mon âme glorifie le Seigneur, etc. Par celui de Zacharie, Béni soit le Seigneur Dieu d'Israël, etc. Par celui de Siméon, Je mourrai maintenant en paix, etc.
Jésus-Christ demeurant dans le monde
Qu'y a-t-il à remarquer dans cette seconde partie de la vie de N. S. ?
Le séjour de Jésus-Christ dans le monde, comprend tout le temps qui s'est écouté depuis sa retraite à Nazareth jusqu'à la veille de sa mort, et il présente d'abord à nos yeux, 1. une vie cachée dans la boutique d'un pauvre Artisan auquel Jésus était soumis, couvrant ainsi sa majesté du voile d'une vile profession et d'une humble dépendance. 2. Une vie publique, qui est de toutes les vies la plus illustre et la plus glorieuse, la plus éclatante en œuvres miraculeuses, et en prodiges de Doctrine, la plus admirable par la sainteté des mœurs, par l'efficace des paroles, et par l'assemblage de toutes les vertus qui répandaient une odeur merveilleuse. 3. Une vie souffrante, qui n'a été qu'une suite de travaux et qu'un tissu de contradictions et d'opprobres, que lui procuraient ses ennemis jaloux de sa gloire.
Ce qui doit nous occuper dans sa vie cachée, c'est, 1. Sa contemplation, qui n'était jamais interrompue au milieu d'un profond silence et d'une solitude parfaite, n'étant connu que de deux personnes, et ne cessant de prier pour le salut des hommes. 2. Sa soumission aux ordres de Marie et de Joseph. 3. Son emploi qui était bas et pénible, puisqu'il servait saint Joseph dans le métier de charpentier.
Dans sa vie publique et glorieuse, il faut faire attention à ses œuvres miraculeuses qui sont sans nombre et de toute espèce, aux honneurs qu'il a reçus de la part des hommes. Lorsqu'il parlait en public, il attirait toujours la foule ; des troupes innombrables le suivaient presque partout ; tout ce qu'il faisait, tout ce qu'il disait, était reçu avec applaudissement. Son autorité était si respectée, qu'il chassait du Temple ceux qu'il voulait, sans qu'aucun osât lui résister, quoiqu'ils fussent en grand nombre. Les peuples ont voulu le faire Roi ; on accourait de toute part à sa rencontre ; on montait sur les arbres pour le voir ; on se prosternait à ses pieds, et l'empressement était si grand, qu'on ne lui laissait pas le temps de prendre quelque nourriture.
Les Anges lui ont rendu à leur tour de très-grands honneurs en plusieurs rencontres ; mais en particulier lorsqu'ils vinrent dans le désert lui servir à manger après qu'il eut été tenté. Les démons fuyaient devant lui, et ils étaient contraints de l'appeler le Saint de Dieu.
Le Père Éternel a aussi contribué à l'honorer ; il a fait entendre jusqu'à trois fois, à sa prière, une voix du Ciel, sur les bords du Jourdain, sur le Tabor, et à Jérusalem, où il dit : Je l'ai déjà glorifié, et je le glorifierai encore.
Un grand sujet de contemplation tiré de sa vie publique, c'est son éminente Doctrine. Rien de plus grand, rien de plus sublime, rien de plus saint et de plus parfait, que les Instructions qu'il faisait aux peuples ; rien de plus surprenant que l'abondance et la variété de ces Instructions ; il enseigne toute vérité. Il prononçait ses discours d'une manière pleine de force et de charmes, qui ravissait tout le monde ; on accourait en foule au Temple pour l'entendre ; on relevait avec admiration chaque parole qui sortait de sa bouche, et ses ennemis mêmes surpris de tant de merveilles, ne pouvaient s'empêcher de dire que jamais homme n'avait si bien parlé.
La plupart de ses actions d'éclat appartiennent aussi à sa vie publique ; telles sont ses prédications, son Baptême, ses jeûnes, ses voyages, sa Transfiguration sur le Tabor, les miracles qu'il a faits pour fournir à divers besoins, tantôt en faveur de ses amis et de ses proches, et tantôt en faveur des étrangers, dans les déserts comme dans les villes, sur l'eau, sur les montagnes, dans la Judée et dans la Galilée : (car tout était plein de ses œuvres merveilleuses.)
La troisième chose que comprend son séjour dans le monde, ce sont ses peines et ses souffrances, qui consistent, 1. dans les efforts que la malice de ses ennemis a souvent faits pour le surprendre et pour le calomnier ; 2. dans les contradictions et les résistances qu'il a trouvées au sujet de sa Mission, de sa Doctrine et de ses actions ; 3. dans les injures qu'on lui a faites lorsqu'on l'a traité de fou, de possédé, d'homme sujet au vin ; lorsqu'on a voulu le lapider, le précipiter, l'enchaîner, comme un factieux. 4. On peut mettre au nombre de ses peines toutes les fatigues de sa vie, les incommodités de ses voyages, la faim et la soif qu'il endurait, ses veilles, ses longues oraisons, et son extrême pauvreté.
Jésus-Christ quittant le monde
Qu'y a-t-il à remarquer dans cette troisième partie de la vie de N. S. ?
Elle comprend tout ce qui s'est passé depuis la veille de sa mort, qu'il prit congé de ses amis, jusqu'au jour qu'il quitta la terre pour monter au Ciel ; c'est-à-dire, qu'elle renferme trois grands Mystères, sa Passion ignominieuse, sa glorieuse Résurrection, et son Ascension triomphante.
On divise ordinairement la Passion de Jésus-Christ en cinq parties. La première contient ce qu'il fit dans le Cénacle. La seconde, ce qu'il souffrit dans le Jardin. La troisième, les injures qu'il reçut chez les Supérieurs Ecclésiastiques. La quatrième, ce qu'il endura de la part des puissances Séculières. La cinquième, ce qu'il souffrit depuis sa condamnation jusqu'à sa sépulture.
Dans le Cénacle, il faut faire attention au lavement des pieds, à l'institution de l'Eucharistie, et à l'admirable discours de la Cène : car c'est en ces trois manières qu'il voulut signaler l'adieu qu'il fit à ses disciples. Il leur apprit l'humilité par son exemple, en s'abaissant devant eux jusqu'à leur laver les pieds ; il leur donna un dernier gage de son amour, en faisant de son propre corps une viande pour les nourrir ; il les consola et les instruisit, en leur adressant les plus belles paroles qu'il ait jamais dites.
Ce qu'il y a de plus remarquable de la part du Fils de Dieu, dans cette dernière Cène, c'est d'y avoir souffert la personne insupportable de son traitre ; de l'avoir admis à une action si auguste, à une communication si intime et si amoureuse, malgré la douleur indicible que la présence de ce perfide lui causait. Saint Jean assure qu'il ne put en parler sans s'émouvoir, lorsqu'il déclara à ses Apôtres qu'un d'entre eux le trahirait. Cependant il soutint jusqu'au bout la vue de ce malheureux ; il le reçut à sa table ; il lui lava les pieds, comme aux autres ; il tâcha de le gagner, et il ne fit rien pour se délivrer de sa présence, parce que son heure était venue, et qu'il était bien aise d'entrer par ce cruel déplaisir dans la carrière de ses souffrances.
Entre les paroles admirables de ce dernier entretien du Fils de Dieu, trois me semblent dignes d'une attention particulière. La première, est dans S. Jean : Jésus qui savait que tout lui avait été mis entre les mains par son Père, qu'il était venu de Dieu, et qu'il retournait à Dieu, se lève de table, quitte ses vêtements, prend un linge, verse de l'eau dans un bassin, et commence à laver les pieds de ses Disciples, qu'il essuie avec le linge qu'il avait devant lui. Pourquoi ce récit magnifique des grandeurs du Fils de Dieu, avant que de parler du plus grand exemple d'humilité qu'il ait jamais donné au monde ? Pour nous apprendre que notre Seigneur ne s'était représenté sa gloire, et son pouvoir sur toutes les créatures, que pour donner plus de poids et plus d'éclat à l'action humiliante qu'il allait faire, puisque sachant fort bien qu'il sortait du sein de Dieu, comme son Fils, et qu'il devait retourner triomphant au Ciel, pour y régner à jamais, il voulait néanmoins s'abaisser jusqu'à laver les pieds à de misérables pécheurs.
La seconde parole est rapportée au Chapitre 22 de saint Luc, et par les autres Évangélistes ; elle regarde la trahison de Judas : Voilà que celui qui me livre met la main au plat avec moi. Pour le Fils de l'Homme, il s'en va, selon ce qui est arrêté ; mais malheur à l’homme par qui il sera livré. Pour bien comprendre le sens de ces paroles, il faut entrer dans les sentiments de N. S. , et savoir qu'il se laissait conduire aux ordres de son Père, et c'est comme s'il disait : On trame le dessein de ma mort, je le sais et je pourrais l'empêcher ; je n'ignore de rien de tout ce qui se passe dans ce complot ; cependant j'agis toujours sans avoir nul égard à ce qu'on machine contre moi. Je n'ai point d'autre vue que de remplir les desseins de mon Père ; je m'abandonne à sa conduite, et je sacrifie volontiers mes intérêts et ma vie pour me conformer à ses ordres. On me trahit, et je me comporte comme si je n'en savais rien ; je ne dispose point de moi ; je suis destiné à la Croix, et ma mort est arrêtée dans les Conseils éternels de mon Père ; je n'ai rien à voir à ce qu'il a déterminé ; mon unique affaire est d'obéir.
Voilà ce que nous devons dire, lorsqu'il nous arrive quelque chose de fâcheux de la part des hommes. On songe à me nuire ; on interprète mes intentions en mauvaise part ; on me déchire par des médisances et par des calomnies ; on conspire contre moi, on me trahit. Je ne m'en mets point en peine ; je suis bien aise d'exécuter les arrêts du Ciel ; pourvu que je marche devant Dieu dans la droiture et la simplicité de mon cœur, tout le reste m'est indiffèrent.
Saint Jean rapporte une troisième parole qui mérite toute notre attention. Après que Judas eut reçu le morceau de pain de la main de Jésus-Christ, et qu'il l'eut mangé, Satan s'empara de lui, et cet Apôtre infidèle sortit du Cénacle pour exécuter sa trahison. Alors notre Seigneur voyant que sa mort était conclue, et que rien n'avait pu toucher le cœur de son Disciple perfide, parla en ces termes : C'est maintenant que le Fils de l'Homme est glorifié, et que Dieu est glorifié par lui ; c'est-à-dire, la résolution est prise, je n'échapperai pas à la mort ; en moins de vingt-quatre heures mon sacrifice sera accompli ; me voilà au comble de ma gloire, puisque je vais mourir ; mon Père va être glorifié ; et s'il est glorifié par moi, il est hors de doute que je le serai moi-même par lui. Ce qui est à remarquer dans ces paroles, c'est que notre Seigneur regarde sa mort comme une source de gloire pour lui et pour son Père.
Tout ce que dit notre Seigneur dans ce dernier entretien de sa vie, est digne d'admiration. Il parla à ses Disciples pour leur donner des préceptes, dont le premier et le plus important est de s'entr'aimer, et pour leur faire des promesses dont la principale regarde la venue du Saint-Esprit. Il pria son Père de lui donner la gloire qu'il lui avait promise, et qu'il achevait de mériter par sa Passion ; il lui demanda pour les siens qu'ils fussent parfaitement unis et solidement établis sur le fondement de la charité.
Dans la (seconde partie de la Passion, qui comprend ce qui se passa dans la Jardin des Oliviers, il faut faire attention aux souffrances intérieures de Jésus-Christ, et à ce qu'il eut à souffrir de la part de ses ennemis lorsqu'ils se saisirent de lui. Quand le Sauveur n'aurait pas dit qu'il était dans une tristesse mortelle, il suroit aisé de juger de l'excès de sa douleur par l'effet qu'elle produisit ; ce fut une sueur de sang qui sortait de son corps.
Ce qu'il faut remarquer pour notre instruction, c'est que dans cet état de désolation, notre Seigneur ne cherche le remède et l'adoucissement à ses maux que dans l'oraison et la communication avec Dieu. Il s'éloigne de ses Disciples, qui s'endorment au lieu de le consoler dans cette cruelle agonie ; mais le Ciel vient au secours de celui que la terre abandonne, et lui envoie un Ange pour le fortifier. Sa prière a trois qualités ; elle est longue ; il priait de plus en plus ; elle est réitérée ; il fit jusqu'à trois fois la même prière ; elle est accompagnée de résignation ; que ma volonté ne se fasse point, mais la vôtre.
La manière dont il fut saisi ne saurait être plus indigne ni plus cruelle, parce que l'artifice et la violence y concourent également ; l'artifice de Judas, qui le trahit par un baiser homicide, et la violence de la part des Soldats, qui viennent à lui avec éclat et à main armée, comme à un voleur. Ses Apôtres lui font deux affronts insignes, l'un le trahit et les autres l'abandonnent. Il oppose à ces deux affronts, deux insignes traits de douceur ; il reçoit favorablement le traître, et l'appelle son ami ; il prend soin de ceux qui l'abandonnent ; et parlant pour eux à ses ennemis ; puis donc que c'est moi que vous cherchez, leur dit-il, laissez aller ces gens-ci. Cependant, comme les merveilles l'accompagnent partout, il fait deux grands miracles en cette rencontre ; l'un de puissance en terrassant ses ennemis par cette seule parole, c'est moi ; et l'autre de douceur, en guérissant le valet du Prince des Prêtres, à qui Pierre avait coupé l'oreille : en l'un il agit en lion, et en l'autre il se comporte comme un agneau, mêlant ainsi dans toutes ses œuvres la bonté avec la grandeur, la majesté avec l'amour.
La troisième partie de la Passion, renferme ce qui se passa chez les Supérieurs ecclésiastiques, et nous fournit deux grands sujets de réflexions, qui sont la patience et le courage de notre Sauveur. Sa patience fut mise à toutes sortes d'épreuves ; on le chargea de fausses accusations, et il ne dit mot pour se défendre ; on en vint aux injures, le traitant de blasphémateur et d'homme digne de mort ; on le maltraita dans sa personne, lui donnant des soufflets et des coups de poings ; on lui fit de sanglants outrages ; on le couvrit de crachats ; on lui banda les yeux, et le frappant au visage, on lui dit en dérision : Montre que tu es Prophète, qui est-ce qui t'a frappé ? Et pour surcroît d'affliction, le meilleur de ses amis, et le premier de ses disciples, l'abandonna lâchement, et nia qu'il le connût ; mais Jésus, pour toute vengeance, jeta sur lui un regard de miséricorde qui fit passer le repentir dans le cœur de cet Apôtre.
Son courage parut en trois rencontres. 1. Lorsqu'un Officier insolent lui ayant donné un soufflet, en lui disant : Est-ce ainsi que vous répondez au Grand Prêtre ? Il lui répartit hardiment, mais sans aigreur : Si j'ai parlé mal à propos, montrez ce que j'ai dit de mal ; mais si j'ai parlé à propos, pour quel sujet me frappez-vous ? 2. Lorsqu'avec une généreuse liberté, il répondit au Prince des Prêtres : Pourquoi m'interrogez-vous ? Interrogez ceux qui m’ont entendu, sur ce que je leur ai dit. 3. Lorsque le Grand-Prêtre lui ayant demandé s'il était le Fils de Dieu, il répondit qu'il l'était, et qu'ils le verraient un jour, assis à la droite de Dieu, venir sur les nuées du Ciel pour juger les hommes. Il prévoyait bien qu'on lui ferait un crime de cette réponse, et qu'elle lui coûterait la vie ; mais rien ne peut l'empêcher de rendre à sa personne, et à la vérité, le témoignage qui leur est dû. À peine eut-il prononcé ces paroles, Ego sum, je suis le Fils de Dieu, que tout le monde s'écria qu'il était digne de mort ; et il est vrai qu'il mourut pour avoir confessé sa divinité et le Mystère de son Incarnation. Telle fut la troisième scène de la Passion qui renferme l'accusation faite contre J. C. devant le Conseil des Prêtres, sa condamnation et le commencement de son supplice ; car en même temps quelques-uns se mirent à lui cracher au visage, à le lui couvrir, et à lui donner des coups de poing.
La quatrième partie de la Passion, roule sur ce qui se passa chez les Puissances séculières, Pilate et Hérode ; et elle présente à nos yeux trois sortes de spectacles, qui méritent toute notre compassion. Le premier de ces spectacles, c'est de voir le Fils de Dieu, la Sagesse du Père, en présence d'Hérode , qui se moque de lui avec toute sa Cour, et qui le traite comme un fou. Le second, est de le considérer attaché à la colonne, et déchiré de coups de fouets. Le troisième, est de le contempler dans l'état où il était, lorsque Pilate le présenta aux Juifs, en leur disant : Voilà l'Homme, tandis qu'on s'écriait de tous côtés : Crucifiez-le, Crucifiez-le.
Dans le premier de ces états, qui est ignominieux, il est insulté par un Roi, et il est objet de mépris : dans le second qui est douloureux, il est maltraité par un Juge, et il est objet de cruauté : dans le troisième, qui est affreux, il est outragé par la populace, et il est objet de haine. Mais rien n'égale les deux injustices horribles qui furent faites au Sauveur. La première, lorsqu'il fut mis en parallèle avec Barabbas, et que cet insigne voleur, cet assassin l'emporta dans l'esprit du peuple, qui jugea Jésus-Christ, son bienfaiteur, indigne de vivre. La seconde, lorsque Pilate, qui connaissait son innocence, le livra pourtant à la mort, aimant mieux contenter la passion d'une multitude insensée, que de sauver un homme dont il admirait la vertu.
Tout ce qui est contenu dans cette quatrième partie, peut se réduire à deux chefs, qui sont les souffrances de Jésus-Christ, et ses paroles. Il eut à souffrir des accusations injustes. On lui imposa plusieurs crimes ; d'avoir troublé sa nation, d'avoir défendu de payer le tribut à César, d'avoir la qualité de Roi, et celle de Fils de Dieu. Tout cela lui fut objecté devant Pilate, qui le pressa en vain de se justifier. Il fut aussi chargé de plusieurs crimes devant Hérode, et il ne répondit rien. Il eut à souffrir des injures atroces : les Juifs le traitèrent de malfaiteur, et les Soldats l'appelèrent Roi par dérision. Des injures on vint aux opprobres ; il fut méprisé par Hérode, et par tous les gens de sa garde : chez Pilate on lui préféra Barabbas ; on demanda avec de grandes clameurs qu'il fût crucifié : on le traita comme un Roi de Théâtre, le couvrant d'un manteau de pourpre, lui mettant sur la tête une couronne d'épines, et une canne à la main droite ; ensuite on fléchissait les genoux devant lui, en lui disant pour l'insulter, Roi des Juifs, je vous salue ; on lui crachait au visage, on prenait la canne, et on lui en donnait sur la tête. Ces coups, la flagellation, et le couronnement d'épines, sont les tourments qu'il endura chez les Puissances séculières : venons aux paroles qu'il y dit.
Elles sont toutes adressées à Pilate, et marquent une grande générosité, et une admirable liberté d'esprit ; les plus remarquables sont ces trois.
1. Lorsqu'interrogé s'il était Roi, pressé de répondre [car autrement il ne parlait point], il répondit, qu'il l'était, mais que son Royaume n'était pas de ce monde ; c'est-à-dire, qu'il le tenait d’ailleurs, et que son titre venait de plus haut que la terre. Il ne dit point que sa Royauté ne s'étendit pas sur ce monde, mais qu'il ne l'avait pas reçue de ce monde. Non est hinc.
2. Lorsqu'interrogé de nouveau s'il était Roi, après avoir répondu que oui, il prit de là occasion de faire connaître la fin de son Incarnation, et dit qu'il était venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, et que c'était la fonction de sa Royauté sur la terre : Voulant par-là instruire son Juge, qui ayant l'autorité en main, n'osait se déclarer pour la vérité, en défendant l'innocence reconnue. Les termes dont il se sert sont fort énergiques, et renferment un grand sens : C'est pour rendre témoignage à la vérité, que je suis né et venu au monde. Comme s'il disait, que sa naissance éternelle en Dieu aussi bien que sa naissance temporelle dans le monde, tendent à manifester la vérité ; qu'en naissant par voie d'entendement dans l'éternité, il est la vérité produite et manifestée en Dieu ; et qu'il est né dans le temps, pour faire connaître aux hommes la première vérité, dont il est le principal témoin. Il finit cette belle instruction, en ajoutant que quiconque est pour la vérité, écoute sa voix.
3. Lorsque Pilate, pour engager Jésus à répondre, lui eut dit ces paroles : Vous ne me dites mot ? Ne savez-vous pas que j'ai le pouvoir de vous faire crucifier, et que j'ai aussi le pouvoir de vous relâcher ? Jésus lui répartit : Vous ne pourriez rien contre moi, s'il ne vous avait été donné d'en-haut. Ce Juge se glorifiait vainement de son pouvoir : Jésus mortifie son orgueil, en lui apprenant que le pouvoir qu'il avait de le faire mourir, venait d'une Puissance supérieure : et par-là même il l'instruit en quelque manière du dessein du Père Éternel sur la vie de son Fils ; et si ce Juge politique ne s'était pas aveuglé
lui-même, il aurait pu comprendre que cette Puissance supérieure, de laquelle il tenait son pouvoir, résidait dans celui qui lui parlait, et qui avait dit dans une autre occasion : Il est en mon pouvoir de donner ma vie, et il est en mon pouvoir de la reprendre.
Pilate était étrangement surpris ; il ne savait que penser du silence de Jésus-Christ ; et ses paroles lui donnaient encore plus à penser que son silence : l'un et l’autre jetaient le trouble dans sa conscience ; et au milieu de ces divers mouvements dont il était agité, il ne savait quel parti prendre. Mais son penchant à la complaisance, et ses vues politiques étouffaient les impressions salutaires que les paroles de Jésus-Christ faisaient sur son âme, et le déterminèrent enfin à livrer par un crime énorme, et par une indigne lâcheté, le plus innocent des hommes, à la discrétion de ses ennemis.
La dernière partie de la Passion comprend tout ce qui se passa depuis la condamnation de Jésus, jusqu'à sa sépulture ; et on y voit ce Dieu Homme, 1. Accablé de fatigue dans le chemin qu'il fit depuis Jérusalem jusqu'au lieu de son supplice. 2. Abîmé dans les douleurs sur le Calvaire. 3. Commençant à être glorifié par les choses extraordinaires qui arrivèrent après sa mort. Dans le chemin que fit Jésus-Christ, pour aller jusqu'au Calvaire, il faut considérer la peine excessive qu'il eut à porter sa Croix ; elle fut si grande cette peine, qu'il fallut obliger quelqu'un à la partager avec lui. Il faut faire attention aux différents sentiments que ce spectacle produisit dans ceux qui en furent témoins ; les uns s'en réjouissaient, et les autres s'en affligeaient. Enfin, il faut pénétrer le sens des paroles que dit le Sauveur pendant ce pénible voyage ; elles marquent une grande fermeté d'esprit, et elles sont comme autant de foudres que lance le Fils de Dieu contre les auteurs de sa mort.
Entendant les cris et les pleurs d'une foule de peuple et de femmes qui le suivaient, il se tourna vers elles, et leur dit : Ne me pleurez point, mais pleurez-vous vous-mêmes, et vos enfants ; parce que voilà le temps qui vient auquel les femmes stériles seront estimées heureuses : c'est alors qu'on dira aux montagnes : Tombez sur nous ; car si on fait cela au bois vert, que ne fera-t-on point au bois sec ? Ces paroles n'ont besoin que d'être pesées, pour faire une grande impression. Il n'y a plus qu'à remarquer que le Fils de Dieu, durant tout le cours de sa Passion, a menacé trois fois les hommes de son dernier Jugement, et que par trois fois il les à fait passer, de la vue de son état méprisable et ignominieux, a la considération, de son Avènement redoutable, et plein de majesté.
Sur le Calvaire, Jésus-Christ eut des tourments et des opprobres à endurer, et il y parla plusieurs fois. Ses tourments furent intérieurs et extérieurs. Les premiers eurent pour cause son délaissement de la part de son Père ; le souvenir des péchés des hommes, qui lui furent représentés comme la cause de sa mort ; l'affliction de sa sainte Mère, qu'il vit du haut de la croix, abimée dans la douleur. Ses tourments extérieurs consistent, 1. dans le crucifiement, lorsqu'il fut cloué sur la croix ; lorsque la croix fut élevée, et qu'il demeura suspendu durant l'espace de trois heures, dans une posture violente. 2. Dans la soif étrange qu'il endura, et à laquelle il demanda du soulagement. 3. Dans le fiel et le vinaigre qu'on lui fit boire.
Ses opprobres répondent à ses tourments. Il est crucifié au milieu de deux voleurs. Il meurt par Sentence du Juge, condamné comme un malfaiteur, au châtiment le plus infâme. Il se voit dépouillé de ses habits à la vue de tout un grand peuple. Il est en proie aux railleries et aux blasphèmes des passants, des soldats et des compagnons de son supplice, qui lui insultent, et qui le délient avec insolence de se garantir de la mort.
On rapporte sept paroles proférées par Jésus-Christ sur le Calvaire. La première fut une parole de clémence, par laquelle il priait son Père pour ceux qui le tourmentaient. La seconde est une parole de miséricorde, pour assurer le Paradis à un des voleurs qui étaient à ses côtés crucifiés avec lui. La troisième fut un effet de sa charité, pour donner à sa Mère un Fils adoptif, qui l'assistât dans ses besoins, et à son Disciple favori, la plus digne de toutes les Mères. La quatrième est une marque de son extrême souffrance ; il se plaint à son Père qu'il l'avait délaissé. La cinquième est une preuve de son exacte obéissance. Sachant qu'il avait été prédit de lui, qu'on lui donnerait dans sa soif du vinaigre à boire ; que cette Prophétie n'était pas encore accomplie, et qu'elle ne s'accomplirait point s'il ne parlait ; pour obéir aux ordres de son Père, et pour justifier les Écritures, il s'écria : J'ai soif. Par la sixième, il déclara que tout était accompli ; et ce fut un témoignage qu'il rendit de l'obéissance qu'il avait pratiquée jusqu'au bout, et du plaisir qu'il avait de voir la volonté de son Père accomplie. Comme s'il eût dit : A mon Père soit toute la gloire ; il ne reste rien à faire de tout ce qu'il m'a commandé, mes désirs sont pleinement satisfaits, et je n'ai plus qu'à mourir, afin que rien ne manque à mon obéissance.
Il prononça la septième et dernière parole, pour remettre son âme entre les mains de son Père, afin de finir sa vie comme il l'avait commencée, par une oblation volontaire de soi-même ; avec cette différence pourtant, qu'en venant au monde, il s'offrit à son Père pour souffrir, et que sur le point de mourir, voyant ses souffrances terminées, il s'offre pour entrer dans la gloire qui lui avait été promise. En disant cette dernière parole, il expira. C'est-à-dire, qu'il mourut faisant Oraison, et s'entretenant avec son Père : C'est la disposition où doivent être en sortant de ce monde, les enfants adoptifs de Dieu, à l'exemple de celui qui était Fils par nature, et premier-né entre plusieurs frères.
Ce qui se passa après la mort du Sauveur, est plus glorieux à ce Dieu-Homme , qu'il ne lui est ignominieux. Il est vrai qu'il reçut encore une espèce d'affront de la part d'un soldat qui lui ouvrit le côté d'un coup de lance, pour lui faire rendre ce qui lui restait de sang ; mais il reçut d'ailleurs tant d'honneur de la part de son Père et de la part de ses amis, qui prirent soin de sa sépulture, qu'on peut dire qu'après son trépas, il n'y eut plus que gloire pour lui. Le Ciel s'obscurcit, les pierres se fendirent, la terre trembla, les tombeaux s'ouvrirent, le voile du Temple se déchira, et le Ciel fit alors pour honorer la Mort et la Croix de notre Sauveur, les mêmes prodiges qui éclateront un jour dans la destruction du monde.
Ces prodiges eurent leur effet ; ceux qui avoient été présents à ce spectacle, et qui avoient insulté à J. C. dans son supplice, considérait ce qui venait d'arriver, s'en retournaient, se frappant la poitrine, et rendant témoignage à l'innocence du crucifié. Le Centurion qui avait présidé à l'exécution, reconnaît qu'on vient de faire mourir un homme juste, et qui était véritablement Fils de Dieu. Les soldats qui le gardaient, font la même confession, et semblent travailler à l'envi à rétablir la gloire de celui qui vient d'être puni comme un malfaiteur. Le Juge qui l'avait condamné permet que son corps soit inhumé avec les honneurs ordinaires, et que ceux qui l'ont honoré pendant sa vie, lui rendent les derniers devoirs après sa mort, selon la coutume des Juifs. Ce même Juge avait déjà ordonné qu'on mit sur la Croix, au-dessus de la tête de Jésus, ces paroles : C'est ici le Roi des Juifs, et malgré les remontrances des principaux de la nation, il ne voulut jamais permettre que cet écriteau fût changé.
C'est ainsi que Jésus-Christ est honoré après sa mort, et que le Juge, les Exécuteurs, les Spectateurs de son supplice, tout contribue à faire à sa mémoire comme une réparation publique. Le Disciple perfide y avait lui-même contribué par avance, en confessant son péché. Il est vrai que la mort triomphe de lui pour quelques heures ; mais ce n'est que pour rendre sa Résurrection plus éclatante, et son Ascension plus glorieuse, Nous aurons ailleurs occasion de parler de ces deux Mystères.
En attendant que cette occasion se présente, dites-nous quelque chose qui puisse servir de Sujet de méditation et d'entretien à une personne spirituelle ?
Jésus-Christ en ressuscitant et en montant au Ciel, a fait éclater singulièrement sa puissance, sa bonté, et la gloire de son corps, et c'est ce qui doit occuper les personnes qui méditent sur ces deux Mystères. Il a manifesté sa puissance par la victoire qu'il a remportée sur la mort dans le tombeau, où elle triomphe de tous les autres, par l'épouvante qu'il a jetée parmi les soldats qui gardaient son sépulcre ; par la justice qu'il a exercée dans les enfers, où il est descendu pour lier la puissance des Démons, et pour délivrer les anciens Patriarches de leur longue captivité. Sa bonté a paru dans le soin qu'il a pris de consoler par ses fréquentes apparitions, sa Sainte Mère, ses Apôtres, Magdelaine, et les autres femmes pieuses qui avoient été attachées à lui pendant sa vie. Il a glorifié son corps, par la beauté qu'il lui a communiquée, et par le merveilleux éclat dont il l'a revêtu ; par l'agilité, qui le faisait passer en un instant et sans peine, d'un lieu à un autre ; par la subtilité, qui le mettait en état d'entrer dans les maisons à la manière des esprits, les portes demeurant fermées ; enfin par l'impassibilité et par une vie toute surnaturelle et toute divine, qu'il a menée depuis sa Résurrection. Le Mystère de l'Ascension nous fournit les mêmes sujets de méditation. Jésus-Christ y donne des marques de sa puissance, en s'élevant au Ciel par sa propre vertu. Il y fait paraître sa bonté, en consolant ses Disciples, en leur donnant sa bénédiction, en leur promettant la venue du Saint-Esprit, et son assistance jusqu'à la consommation des siècles. Il y manifesta sa gloire, par la pompe de son triomphe, par l'apparition des Anges, qui annoncèrent aux assistants son second avènement en qualité de Juge, et par la nombreuse compagnie de plusieurs Saints ressuscités, qui montèrent au Ciel avec lui, comme autant d'illustres témoins de ses conquêtes et de ses victoires.
Tout ce que nous avons dit de Notre Seigneur venant dans le monde, demeurant dans le monde, et quittant le monde, sert à entretenir la vie intérieure : c'est en s'appliquant à ces considérations qu'on acquiert une sainte habitude de la présence de J. C., et qu'on entre dans une intime communication avec lui ; ce qui est l'exercice propre d'une âme qui s'occupe dans l'intérieur.
Quel fruit produit cette occupation ?
1. À force de penser à Jésus-Christ, l'âme conçoit pour lui un sentiment de tendresse qui devient dans la suite permanent. 2. Elle acquiert une facilité merveilleuse à se représenter la vie, les actions, et les exemples de ce Dieu-Homme. 3. Elle trouve dans cette occupation un remède toujours présent contre toute sorte de péchés. Et si à la contemplation des vertus de notre Sauveur, elle joint, comme elle le doit, la pratique exacte et constante des vertus qu'elle contemple, et l'usage des exercices de piété, elle est dans le chemin qui conduit bientôt à la perfection de la vie intérieure.
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