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jeudi 11 novembre 2021

COMBIEN LA PRIÈRE EST UTILE AUX ÂMES DU PURGATOIRE


Char funèbre de Napoléon

La prière de celui qui s‘humilie pénètre les cieux. (Eccli. XXXV, 21)

Le grand docteur saint Jérôme, après avoir décrit la sépulture donnée par saint Antoine à saint Paul, premier ermite, dans une petite fosse recouverte simplement avec du sable, réprouve le vain luxe de ceux qui ambitionnent pour leurs parents ou pour eux-mêmes la pompe des funérailles mondaines, prodiguant le brocart, les tentures précieuses, les cierges, le marbre choisi, les mausolées magnifiques, à des cendres misérables, et veulent encore que du haut de la tribune ou de la chaire, retentisse l'éloge du défunt en termes éloquents. « Pourquoi, dit-il, tant de riches draperies ? pourquoi cette ambition, vivant encore au milieu du deuil et des larmes ? Est-ce que les cadavres des riches ne peuvent se décomposer que dans la soie et l'or ? Cur mortuos vestros auratis obvolvitis vestibus? cur ambitio inter luctus lacrymasque non cesset ? An cadavera divitum nisi in serico putrescere nesciumt ? » Voilà pourtant de quoi on se préoccupe, beaucoup plus que de secourir l'âme par la prière et les œuvres saintes ! On témoigne de la sorte ses sentiments de regret et d'affection, et l'on ne songe point qu'ainsi exprimés ils ne servent de rien aux morts et nuisent trop souvent aux vivants. Comme une simple aumône, une courte prière, vaudrait mieux que tout cela ! comme elle serait plus charitable et plus utile !
Un grand seigneur de Venise envoya une somme importante en écus d'or au Père Paul Montorfano, prieur des Théatins, afin qu'il fit célébrer dans son église un service funèbre en faveur des ancêtres de la famille. Le religieux, attentif aux règles de simplicité qui sont la loi de la vie monastique, fit la chose avec plus de dévotion que de magnificence, mais toutefois fort convenablement. Il paraît que cela ne fut pas suffisant pour le chrétien mondain ; car il envoya au Père un messager se plaindre de la parcimonie apportée dans une fonction pour laquelle la famille faisait une telle dépense. Le prieur vit bien qu'il avait affaire à un cœur plus séduit par les vanités de la terre que touché des lumières de la foi ; cet aveuglement lui fit de la peine, et il cherchait en lui-même comment il pourrait le guider et amener ce seigneur à des sentiments plus dignes de la piété. Il avait lu quelque part une leçon de ce genre donnée autrefois, dans une circonstance semblable, à un fidèle animé des mêmes pensées, et il espéra que DIEU lui accorderait de la renouveler, puisque son bras est toujours aussi puissant et son oreille aussi attentive à nos demandes : « Non est abbreviata manus Domini, neque aggravata est auris ejus est non exaudiat (cette histoire a été raconté ici-même). »
Plein de son idée, il prend le messager par la main et le conduit dans une chambre voisine, où il tire d‘un secrétaire la somme intacte qu'il avait reçue ; le papier qui l'enveloppait n'avait pas même été touché ; puis il se met à écrire sur une autre feuille le psaume De profundis, et commande à un frère qui l'accompagnait d'aller lui chercher une balance. Quand elle est apportée, il place la somme dans l'un des plateaux, le psaume dans l'autre : Ô merveille ! c'est le plateau de l'or qui cède. Deux fois on tente l'épreuve, deux fois elle donne le même résultat. L'envoyé, saisi de crainte, fait avec précipitation le signe de la croix ; puis il se met en route pour aller retrouver son maître, impatient de lui conter un phénomène si surprenant. Celui-ci n‘en fut pas moins frappé : il bénit la divine Providence de lui avoir fait comprendre par cette voie miraculeuse combien la plus simple oraison du cœur l'emporte sur tous les trésors du monde. Dès ce moment, il professa une vénération plus grande pour le P. Montorfano, lui fit demander pardon de ses plaintes inconsidérées, et lui promit qu'à l'avenir il raisonnerait plus en chrétien et saurait estimer à leur valeur les pompes de la vanité.
En témoignage de l'événement, on fit peindre un tableau où l'on voyait le religieux la balance à la main et tout le reste de l'histoire.
Il ne faudrait pas conclure de là, au reste, que de courtes prières soient suffisantes pour tirer les âmes de leurs tourments expiatoires ; elles sont bien supérieures à l'or, cela est vrai, mais l'or n'est rien devant le Seigneur. La sainte épouse de JÉSUS-CHRIST, Ursule Bénincasa, du même ordre des Théatins, l'avait compris, elle qui pour leur délivrance s'était offerte aux souffrances les plus cruelles. Sa sœur Christine étant à l'agonie, Ursule s'apitoyait sur sa position, au point de vue surtout des épreuves qui vraisemblablement allaient purifier sa vertu dans le purgatoire. Comme elle avait appris que plusieurs personnes charitables ont souffert elles-mêmes pour ceux qui devaient être tourmentés dans l'autre vie, sainte Catherine de Sienne entre autres, elle se résolut à imiter cet exemple. Elle conjura donc Notre-Seigneur de lui imposer ici-bas les peines qui attendaient sa sœur expirante. Celle-ci expirait en effet. À l'instant Ursule fut ravie en esprit ; et, quand elle revint à elle, elle s'écria : « Je vous rends grâces, ô mon DIEU, pour cette grande miséricorde que vous avez faite à ma sœur Christine, de la délivrer en considération de ma prière. » Et elle invita toutes ses compagnes à chanter avec elle le Te Deum. Il n'était pas achevé, qu'elle fut assaillie d'affreuses douleurs, qui ne la quittèrent plus jusqu'à la mort. — Voilà jusqu'où peut aller le dévouement aux pauvres âmes, et comment on a le sentiment de ce que réclame la divine justice pour leurs offenses. La prière est excellente, mais elle doit être accompagnée aussi de bonnes œuvres, et surtout de pénitences courageusement embrassées.

On a fait sur l'histoire du P. Montorfano ces jolis vers latins, que nous tenons à conserver :

« Aurum pars trutinæ, schedulam pars caetera pensat :
Tollitur illa gravis, dùm levis ista cadit.
Nimirum schedulæ pietas dat candida pondus
Quod fallax auro detrahit ambitio :


L'un des plateaux reçoit l'or, l'autre le léger papier :
le premier, tout pesant qu'il est, s'élève, le papier sans
poids l'emporte. C'est que la douce piété donne au billet
la pesanteur qu'il ôte à l'orgueil humain. »

(D. Jos. Silos, Histor. 0rd. Theatin, livre XV. Année 1580 ; P. Bagata, Vita B. Ursuloe Benincasa, 2e part. c. 6).

(Les Merveilles Divines dans les Âmes du Purgatoire, par le P. G. Rossignoli, de la Compagnie de Jésus)


Reportez-vous à L'intercession des Justes apaise la colère divine, Les souffrances de cette vie ne sont pas comparables à la gloire future, Vivons si pieusement que nous puissions éviter le purgatoire ou, au moins, n’y pas brûler trop longtemps, Le Seigneur révèle les mystères du royaume de la mort, Dieu instruit les vivants sur les mystères de l'autre vie, L'amour du prochain doit s'étendre au-delà de cette vie, Prière pour les morts, Instruction sur la Fête de la Commémoration des Morts, Prière pour le repos de l'âme d'une pieuse mère, L’œil de la justice divine, Plaintes douloureuses des âmes du purgatoire, La crainte du Purgatoire fait taire la volupté, Combien effrayants sont les tourments du Purgatoire, Le Fils de l'homme rendra à chacun selon ses œuvres, Apparitions et Révélations, le témoignage de Saint Thomas d'Aquin sur les âmes du Purgatoire, Protection miraculeuse, Rigueur de la justice divine, Un Purgatoire plus long à qui n'a pas prié pour les morts, Accusations du démon contre les morts, Prière à Marie pour lui demander sa protection à l'heure de la mort, Prière pour obtenir une bonne mort, Supplications à Marie pour les âmes du Purgatoire, La divine Marie et le scapulaire, Suffrages conformes aux bonnes œuvres accomplies pendant la vie, Grand pécheur délivré par une âme du purgatoire, Si vous faites du bien, vos bienfaits vous attireront de grandes grâces, Prière à Marie pour ses parents en Purgatoire, Méditation pour la Fête de Notre-Dame des Anges, Extrait du Sermon sur la Mort de Saint Robert Bellarmin, Reconnaissance des âmes du Purgatoire ou comment les âmes du Purgatoire interviennent aussi pour leurs bienfaiteurs dans les choses temporelles, Bonté des Anges pour les pauvres âmes du Purgatoire, Dévotion aux Saints Anges : Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Valeur du Saint Sacrifice en faveur des âmes du Purgatoire, Le pardon d'une offense soulage les âmes souffrantes, Protection des âmes du Purgatoire, Une âme souffrant le tourment du feu pour avoir écouté plutôt les conseils du sang que ceux de la piété, La dévotion du Saint Rosaire, pour le soulagement des âmes du Purgatoire, Sainte usure de ceux qui appliquent leurs œuvres au soulagement des défunts, Celui qui souffre pieusement ici-bas va tout droit au repos éternel,Reconnaissance des âmes pour leurs bienfaiteurs, Les âmes qui gémissent dans le feu du purgatoire trouveraient leur soulagement dans de petites choses, et on les leur refuse !, Admirable commerce de charité entre les vivants et les défunts, Pour entrer au Ciel il faut être exempt de la moindre faute, Neuvaine pour le soulagement des âmes du Purgatoire, Souffrances des âmes qui ont donné du scandale, Ingratitude des héritiers envers leurs bienfaiteurs ou comment Dieu permet à une âme abandonnée dans le purgatoire de solliciter les suffrages de ses frères, Le Ciel bénit ceux qui prient pour les morts, Les peines du Purgatoire conformes aux fautes commises, Prières pour chaque jour de la semaine, en faveur des âmes du Purgatoire, Les souffrances du Purgatoire, bien que passagères, paraissent extrêmement longues, C'est se délivrer soi-même que de secourir les âmes du Purgatoire, Chapelet des actes de Foi, d'Espérance et de Charité, en faveur des Âmes du PurgatoireComment les prières d'un saint délivrent quantité d'âmes, La Mère de Dieu, Mère des Âmes du Purgatoire, Une âme du Purgatoire rappelée à l'expiation sur la Terre, Le Purgatoire des paroles inconvenantes, La conversion renvoyée au soir de la vie conduit l'âme à la cruelle faim du Purgatoire, Dieu exauce les prières des communautés ferventes en faveur des défunts, Ne pas soulager les défunts par les aumônes, c'est se priver soi-même de grands avantages spirituels, Excellence des suffrages en faveur des morts, La Charité bien comprise nous fait un devoir très-pressant de subvenir aux nécessités des âmes du Purgatoire, Un saint Frère franciscain reconnaît, dans une étonnante vision, un de ses compagnons mort quelque temps auparavant, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Dévotion au Crucifix, Méditation pour le jour des morts, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Premier moyen propre à soulager les âmes du Purgatoire : Le Saint Sacrifice de la Messe, Deuxième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire : Prières, jeûnes, aumônes..., Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, Pour que le nom de Dieu soit sanctifié, pour que son règne arrive, et pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel, secourons les âmes du Purgatoire, Méditation sur la piété envers les morts, toute chrétienne et cependant inutile, La précieuse mort de Saint Philippe Benizi, Première méditation de préparation à la mort : Rends-moi compte de ton administration, Seconde méditation de préparation à la mort : Voici l'époux qui vient ; allez au-devant de lui, Troisième méditation de préparation à la mort : Que me présenteront le passé, le présent et l'avenir ?, Quatrième méditation de préparation à la mort : Les Portes de la mort vous ont-elles été ouvertes ?, Du jugement et des peines des pécheurs, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Méditation sur l'emploi du temps, Méditation sur la conscience, Méditation sur le repos de la Conscience, Méditation sur l’aveuglement de la Conscience, Méditation sur la Préparation à la mort, Méditation sur la pensée de la mort, Méditation sur la justice de Dieu, Méditation sur le Jugement de Dieu, Personne n'est-il revenu de l'Enfer ?, Exercice pour la bonne mort, Méditation sur le désir de la mort, Méditation sur la crainte de la mort, Saint Philippe de Néri : Que faites-vous maintenant ?... Et après ?, La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, Par son nom, le cimetière prêche la résurrection de la chair, Défendre le Cimetière, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Nos devoirs à l'égard du Cimetière, Le Cimetière au XIXe siècle : Le corps chef-d’œuvre de Dieu, Enterrements autour des églises, Immortalité de l'âme, Cérémonies de L’Église et prière pour les morts, L'Univers et la Bible, prédicateurs de la résurrection, car oui, nous ressusciterons !, Comment les peuples païens ont dissipé une grande partie du patrimoine de vérités reçu des pères du genre humain, mais ont conservé le dogme de l'existence et de l'immortalité de l'âme, Méditation sur la fausse sécurité des Pécheurs, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Prière à saint Joseph pour obtenir une bonne mort, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Litanies de la bonne mort, Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.













samedi 9 octobre 2021

Des Tentations qui se présentent à nous sous l'apparence du bien



Saint Bonaventure nous donne un avertissement bien essentiel touchant les tentations. Prenez garde, dit-il, que le démon se déguise quelquefois en Ange de lumière, et qu'il se sert des apparences du bien pour séduire les serviteurs de Dieu. On peut mêler le poison dans une liqueur agréable, dit Saint Jérôme, et l'hameçon est ordinairement caché sous un appât. C'est ainsi que le démon en use : Il tend secrètement un piège dans la voie où marchent les serviteurs de Dieu : s'il les attaquait ouvertement, et en leur montrant le vice à découvert, il les effaroucherait sans doute, et ne gagnerait rien avec eux. Les bons, remarque judicieusement Saint Bernard, ne sont jamais tombés que par l'apparence du bien. Le démon est subtil et adroit, il sait par où il doit attaquer chacun de ceux qu'il tente. Ainsi, pour parvenir plus sûrement à son but, il use de déguisement avec les gens de bien ; il
commence premièrement, reprend Saint Bonaventure, par leur proposer des choses qui sont bonnes en elles-mêmes : il y en mêle ensuite de mauvaises ; après sous l'apparence d'un faux bien, il leur présente des maux véritables : enfin, quand il les voit tellement engagés dans ses filets, que difficilement ils s'en pourraient dégager, il les attaque alors à découvert, et les fait bientôt tomber dans des péchés manifestes. Combien a-t-on vu de liaisons, continue Saint Bonaventure, qui paraissent saintes d'abord, qui l'étaient peut-être en effet, et dans lesquelles on s'imaginait ne rechercher que Dieu, et que l'avancement dans la perfection ! Ce n'était cependant qu'un artifice du démon, comme la suite de ces liaisons funestes l'a bien fait connaître : Nous n'ignorons plus ses desseins, dit Saint Paul. Cette liaison, que l'ennemi du salut nous propose de faire, est d'abord innocente de part et d'autre : le motif même en paraît saint : on ne parle, dans les premières conversations que de Dieu : mais ensuite, comme on se recherche avec empressement, qu'on se voit plus souvent, on mêle sensiblement d'autres intérêts dans les longues conversations qu'on a ensemble : on s'y entretient des sentiments d'amitié qu'on ressent l'un pour l'autre : on cherche à s'en donner des assurances mutuelles, à les confirmer par de petits présents réciproques, et par mille autres marques qu'une amitié sainte ne connaît point. C'est alors que le démon commence à mêler de mauvaises pensées aux bonnes, et à porter au mal, sous l'apparence trompeuse du bien : et c'est ainsi que dans ces sortes de liaisons, et en plusieurs autres circonstances, il séduit une infinité de personnes, et cache artificieusement, sous le masque de la vertu, ce qu'il y a de dangereux et de criminel dans ce qu'il suggère.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Gémissements en la présence de Dieu et de ses Anges d'une âme éprouvée par les tentations, Prière pour demander à Dieu la victoire des tentations, Comment il faut se comporter dans les Tentations contre la foi et Contre la Pureté, Autres remèdes contre les Tentations, La prière est encore un puissant remède contre la Tentation : Prières courtes et ferventes dont on se peut servir dans le temps des Tentations, La défiance de soi-même et la confiance en Dieu, sont des moyens salutaires pour vaincre les Tentations, Ce qui peut surtout nous rassurer dans les Tentations, c'est que Dieu ne permet pas que nous soyons tentés au-dessus de nos forces, Remède contre les Tentations ; premièrement, il ne faut pas se décourager quand elles nous arrivent, Que les tentations sont une leçon salutaire, et pour nous et pour les autres, Les tentations servent à nous mieux faire connaître notre faiblesse, et à nous faire sentir le besoin de recourir à Dieu, Pourquoi Dieu permet que l'on soit tenté ; Avantages réels qui résultent de ces tentations, Que les uns sont tentés au commencement de leur conversion ; et les autres après leur retour à Dieu, Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle, Des tentations, Conduite à tenir à l'égard des tentationsDes tentations et des illusions, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis le plus utile de tous : Priez !, Aspiration dans les tentations, De quelques remèdes contre les tentations de l'impureté, et Quelques autres remèdes contre les tentations d'impureté.













vendredi 10 septembre 2021

Que tous nos discours et nos entretiens doivent être de Dieu ; et de quelques moyens qui peuvent y contribuer



Qu'il ne sorte aucun mauvais discours de votre bouche, dit l'Apôtre ; mais qu'il en sorte de propres à édifier, afin qu'ils inspirent la piété à ceux qui les entendent. Un moyen qui peut beaucoup y contribuer, c'est un véritable amour de Dieu, et un ardent désir des choses du Ciel. Dans ces dispositions, nous ne nous lasserons jamais de parler, ni d'entendre parler de ce ravissant objet (car il n'est jamais fâcheux de s'entretenir de ce qu'on aime ;) nous en ressentirons toujours au contraire un nouveau plaisir et une nouvelle douceur. Considérez avec quelle ardeur un Marchand parle en tout temps et en tous lieux de son commerce et de ses affaires ; et quelle joie il ressent toutes les fois qu'il entend parler de vente, de marchés, de trafic et de débit. Celui qui tient la charrue, dit le Sage, et qui touche les bœufs avec un long aiguillon, qu'il porte en sa main en forme de javelot, il s'entretient de labourage ; il ne parle que de bœufs et de taureaux ; et toute sa pensée est aux guérets et aux sillons. C'est une très bonne marque, quand on aime à s'entretenir de Dieu, et un très-mauvais pronostic, quand on n'y prend aucun plaisir : Ils sont du monde, dit Saint Jean, et c'est pourquoi ils parlent du monde. Saint Augustin, écrivant sur ces paroles de la Sagesse : Vous avez nourri votre peuple de la viande des Anges ; et sans qu'il travaillât, vous lui avez envoyé du Ciel un pain tout préparé ; très-délicieux et accommodé à toutes sortes de goûts, dit que la manne dont Dieu nourrit les enfants d'Israël dans le désert, avait tous les goûts que chacun pouvait désirer ; mais que ce n'était toutefois qu'à l'égard des gens de bien : quant aux méchants, ils n'y trouvaient point, dit-il, le goût qu'ils voulaient ; autrement, ils n'auraient pas souhaité, ni demandé d'autres viandes, comme ils firent. Heureuse la langue, dit Saint Jérôme, qui ne sait parler que des choses de Dieu ! Ne vous arrêtez point, dit Saint Basile, à des discours de bagatelle ; mais arrêtez-vous à ce que vous entendrez dire de l'Écriture Sainte, touchant le salut de votre âme : que tout ce qui aura pour objet les choses du monde, vous soit amer, et que tout ce qui aura rapporta la piété soit plein de douceur pour vous. Un véritable serviteur de Dieu ne saurait souffrir les vains entretiens du siècle, il n'aime à s'entretenir que de Dieu ; c'est ce qui fait qu'un homme qui est véritablement uni à Dieu, n'a pas besoin, dans ses afflictions et dans ses infirmités, de chercher du soulagement et des distractions dans les amusements et les conversations du monde, au contraire, comme ce sont des choses qu'il abhorre, elles font qu'augmenter sa peine ; ce qui le console, ce qui le soulage véritablement, c'est de parler et d'entendre parler continuellement du seul objet de son amour et de ses désirs. C'est aussi un effet ordinaire de la sainteté de ses entretiens, d'embraser les cœurs de l'amour divin, comme l'Évangile nous le rapporte des deux disciples qui allaient à Emmaüs, en s'entretenant de la mort de Jésus-Christ. Ils disaient entre eux : Notre cœur n'était-il pas tout enflammé au-dedans de nous ? On éprouve quelquefois le même effet en soi-même, lorsqu'au sortir de quelque conversation de piété, on se sent plus touché qu'on ne le serait de la prédication la plus pathétique et la plus éloquente.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Qu'il ne sorte aucun mauvais discours de votre bouche, Qu'il faut s'abstenir de toutes paroles de raillerie, et éviter toute contestation avec le prochain, De la Médisance, Méditation sur la MédisanceMéditation sur les péchés de la langueMéditation sur le soin qu'un Chrétien doit avoir de la réputation du prochainCirconstances que nous devons observer en parlant, Vivre dans le recueillement et dans le silence, c'est mener une vie douce et agréable, Le Silence est un moyen efficace pour acquérir la Perfection, Il est difficile, sans l'observation du Silence, de devenir homme d'oraison, Du Silence : Ses avantages et son utilité, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Purgatoire des paroles inconvenantes, Méditation sur les discours immodestes, Méditation sur les péchés de la langue, VIE CHRÉTIENNE : Repas, Récréations, Conversations et Visites, Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !, et Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier.













jeudi 2 septembre 2021

Circonstances que nous devons observer en parlant



Mettez, Seigneur, des gardes à ma bouche, et une porte à mes lèvres pour les fermer. Saint Ambroise et Saint Grégoire, parlant des maux divers que cause l'intempérance de la langue, et nous exhortant à l'observation du silence pour les éviter ; font ensuite cette objection : Hé quoi, faut-il donc que nous devenions muets ? Nullement, répondent-ils ; car la vertu du silence ne consiste pas à ne parler point, mais à parler à propos, et à se taire quand il faut ; de même que la vertu de tempérance ne consiste pas à ne point manger, mais à manger sobrement et dans les temps réglés, à ne manger que ce qui est nécessaire, et à s'abstenir de tout le reste. Il y a, disent-ils encore, en rapportant ces paroles de l'Ecclésiaste, un temps de se taire, et un temps de parler ; ainsi il est nécessaire d'user de discernement, pour savoir faire à propos l'une et l'autre de ces choses ; car on peut manquer en ne parlant pas quand il le faut, de même qu'en parlant quand il ne faut pas. Or, ces deux choses, ajoutent-ils, nous sont marquées dans ces paroles du Prophète : Mettez, Seigneur, des gardes à ma bouche, et une porte à mes lèvres pour les fermer. David, dit Saint Grégoire, en demandant à Dieu qu'il mette des gardes à sa bouche, ne lui demande pas qu'il y élève une muraille, afin qu'elle ne s'ouvre jamais : il demande seulement qu'il y mette une porte ; et comme une porte est faite pour être ouverte, et pour pouvoir être fermée quand il est nécessaire, il nous donne à entendre par-là, que nous devons aussi ouvrir et fermer la bouche, selon qu'il en est besoin, et que c'est en cela que consiste l'essentiel de la vertu du silence. Le Sage, dans l'Ecclésiastique, demande la même chose à Dieu : « Qui mettra, dit-il, des gardes à ma bouche, et le sceau de la sagesse sur mes lèvres, afin qu'elles ne me fassent point tomber, et que ma langue ne me perde point ? » Il faut tant de circonstances et tant de conditions, pour ne parler que bien à propos, que ce n'est pas sans raison que le Sage craint que sa langue ne le perde ; et qu'il demande à Dieu le discernement nécessaire pour savoir ouvrir et fermer la bouche quand il le faut ; car il suffit de manquer à une seule circonstance en parlant, pour commettre une grande faute ; et au contraire, pour parler sagement, et ainsi qu'il convient, il est nécessaire que toutes les circonstances s'y rencontrent, et qu'on n'en omette aucune. Il y a cette différence du bien au mal, que pour qu'une action morale soit bonne, il faut que toutes les conditions requises y concourent toutes en même temps, au lieu que pour la rendre mauvaise, il suffit qu'il y en manque une seule.
Saint Basile, Saint Ambroise, Saint Bernard, et plusieurs autres Saints nous marquent les circonstances qui sont nécessaires pour bien parler ; et ils disent que la première et la principale est de bien considérer auparavant ce que l'on veut dire.
C'est le conseil que donne l'abbé Amon, rapporté par Saint Éphrem : « Avant que vous parliez, dit-il, communiquez premièrement avec Dieu ce que vous avez à dire, et les raisons que vous avez de le dire ; et après cela, parlez hardiment, comme un homme qui exécute la volonté de Dieu, qui vous a commandé de parler. » Voilà qu'elle est la principale circonstance pour bien parler ; pourvu que nous l'observions, nous observerons facilement toutes les autres.
La seconde circonstance à quoi nous devons prendre garde, est la fin et l'intention qui nous oblige de parler ; car il ne suffit pas que ce que nous disons soit bon, il faut aussi que la fin que nous nous proposons en le disant soit bonne.
Saint Basile dit qu'il faut en troisième lieu, que celui qui parle, considère et ce qu'il est, et à qui, et devant qui il parle.
La quatrième circonstance, dit Saint Ambroise, est de considérer le temps où il faut parler : car une des principales qualités de la prudence, est de savoir dire les choses dans leur temps : L'homme sage, dit l'Ecclésiastique, ne parlera point qu'il n'en soit temps : mais l'homme léger et imprudent, ne gardera ni temps, ni mesure. Et le Saint-Esprit, au Livre des Proverbes, parlant de ceux qui observent cette circonstance du temps, ajoute qu'une parole dite à propos, est comme des pommes d'or sur un lit d'argent. Mais aussi tout le contraire arrive, lorsqu'on ne garde point cette règle, car alors les meilleures choses perdent leur prix, et deviennent désagréables. Une parabole, dit le sage, ou une parole grave et sentencieuse, sera mal reçue de la bouche d'un fou : car il ne la dit point dans son temps. Cette circonstance du temps consiste encore à n'interrompre personne en parlant ; ce qui est également contraire aux règles de la bienséance, et à celles de l'humilité Chrétienne : c'est mal prendre son temps, que de parler quand une autre parle. N'interrompez personne au milieu de son discours, dit l'Ecclésiastique ; attendez qu'il ait achevé ce qu'il veut dire, et ensuite vous parlerez à votre tour. Ce qu'il ajoute, confirme ce qu'il vient de dire : « Ne répondez rien, dit Salomon, que vous n'ayiez bien entendu ce que l'on vous dit. Celui qui répond avant que d'avoir entendu ce qu'on lui a dit, fait voir qu'il est insensé, et digne de confusion. » Saint Basile donne encore ici un autre avertissement touchant le temps où l'on peut répondre : c'est que quand on adresse la parole à un autre qu'à vous, vous devez garder le silence ; et lorsque vous trouvant dans une compagnie, on y demandera le sentiment de tout le monde en général sur quelque chose que ce soit, si ce n'est point à vous qu'on adresse particulièrement la parole, vous ne devez pas vous charger de répondre pour tous les autres.
La cinquième circonstance que les Saints veulent qu'on observe pour bien parler, regarde la manière de parler ; c'est-à-dire, la composition du visage et le ton de la voix.
Saint Bonaventure comprend, sous cette circonstance, celle de parler avec un visage ouvert et serein, sans faire aucun signe irrégulier de la bouche ou des yeux : sans mouvement violent de la tête, sans gestes outrés. Saint Ambroise et Saint Bernard ajoutent à cette circonstance, que la voix ne doit être ni languissante, ni entrecoupée : qu'elle ne doit rien avoir d'affecté et d'efféminé : mais qu'elle doit être réglée, mâle et grave, comme il convient à un homme de l'avoir. Que s'il ne faut pas que la manière de parler soit languissante ni affectée, aussi ne faut-il pas qu'elle soit dure ni sèche, car, reprend Saint Bernard, comme je ne veux rien de mou ni d’efféminé, soit dans le son de la voix, soit dans la contenance et dans le geste, aussi je n'y veux rien trouver qui sente la rudesse et la grossièreté.
Saint Ambroise dit qu'il faut que les remontrances et les avertissements soient sans aigreur, et sans qu'il y ait rien qui puisse blesser : et il rapporte à ce sujet ce passage de l'Apôtre : « Ne reprenez personne avec rudesse, mais avertissez doucement les vieillards, comme vos pères : les jeunes hommes, comme vos frères, les femmes âgées, comme vos mères : et les jeunes femmes, comme vos sœurs. »
En un mot, il y a tant de circonstances à observer, pour parler comme il convient de le faire, qu'il est très-difficile qu'on n'y fasse quelque faute : c'est donc un excellent remède ou un puissant préservatif de demeurer dans le silence comme dans un port où nous serons à couvert de tous les inconvénients, et de tous les dangers qu'il y a à parler, suivent ces paroles du Sage : « Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde aussi son âme de beaucoup d'afflictions. »
Personne n'ignore ce beau mot, de Saint Arsène, qu'il répétait souvent, et qu'il chantait même quelquefois, ainsi que le rapporte l'Auteur de sa vie : « Je me suis souvent repenti d'avoir parlé, disait-il, mais jamais de m'être tu. Une parole une fois échappée, ne revient jamais. » Saint Jérôme dit, qu'aussitôt qu'une parole est proférée, elle est comme une pierre que l'on ne peut plus retenir, dès qu'elle a été lancée, ni empêcher qu'elle fasse tout le mal qu'elle peut faire, si elle atteint quelqu'un.
Faisons donc une ferme résolution de régler notre langue, et disons avec le Prophète : « J'ai résolu de prendre garde à mes voies, afin que je ne pèche pas par ma langue. » Saint Ambroise, écrivant sur ces paroles, dit qu'il y a des voies que nous devons suivre, et d'autres auxquelles nous devons prendre garde. Nous devons prendre garde aux nôtres, de crainte de  nous y égarer, et de nous y perdre : nous y prendrons garde, conclut ce Saint Archevêque, si nous savons bien nous taire.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à De la Médisance, Vivre dans le recueillement et dans le silence, c'est mener une vie douce et agréable, Le Silence est un moyen efficace pour acquérir la Perfection, Il est difficile, sans l'observation du Silence, de devenir homme d'oraison, Du Silence : Ses avantages et son utilité, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Purgatoire des paroles inconvenantes, Méditation sur les discours immodestes, Méditation sur les péchés de la langue, VIE CHRÉTIENNE : Repas, Récréations, Conversations et Visites, Qu'il ne sorte aucun mauvais discours de votre bouche, Qu'il faut s'abstenir de toutes paroles de raillerie, et éviter toute contestation avec le prochain, Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !, et Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier.















mardi 31 août 2021

Vivre dans le recueillement et dans le silence, c'est mener une vie douce et agréable


Saint Jérôme

De tout ce que nous avons dit, il s'ensuit une chose digne de remarque ; c'est que mener une vie retirée, où l'on ne veut ni voir, ni parler, ni entendre parler que de choses nécessaires ou utiles au salut, et où on devient sourd, aveugle et muet aux choses du monde pour l'amour de Dieu, n'est pas une vie triste et mélancolique, mais plutôt une vie très-douce et très-agréable ; et d'autant plus douce, que le commerce et la conversation avec Dieu, vers lequel elle nous élève, a incomparablement plus de délices et de charmes, que la vie ordinaire de tous les hommes. « Que les autres, dit saint Jérôme, en jugent comme il leur plaira, car chacun s'en rapporte à ce qu'il sent ; pour moi, je regarde le monde comme une prison, et la solitude comme un Paradis. » Saint Bernard disait pareillement, qu'il n'était jamais moins seul, que quand il était seul ; que c'était alors qu'il se trouvait en meilleure compagnie, et qu'il était plus content, parce qu'il n'y a que le commerce avec Dieu, qui puisse donner un solide contentement à l'âme. Ceux qui ne savent ce que c'est que le commerce intérieur avec Dieu, et qui n'ont point de goût pour la spiritualité et pour l'oraison, trouveront cette sorte de vie triste et mélancolique ; mais cette vie, pour un véritable Chrétien, sera toujours remplie de consolation et de douceurs.
La joie intérieure, selon le sentiment même de la Philosophie païenne, est la seule qui soit solide : l'or le plus pur n'est point celui que l'on trouve sur la superficie de la terre, c'est celui qui est caché dans le fond de ses entrailles, dans ses veines les plus cachées : aussi le véritable contentement n'est point celui que l'on fait ordinairement paraître au-dehors dans ses paroles et dans les mouvements de son visage, car l'âme n'y a bien souvent aucune part ; c'est cette joie pure qui est renfermée au fond du cœur. La véritable joie et le véritable contentement consistent à avoir la conscience pure, à mépriser généreusement tout ce qui est périssable, et élever l'esprit au-dessus de toutes les choses de la terre.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Circonstances que nous devons observer en parlant, Le Silence est un moyen efficace pour acquérir la Perfection, Il est difficile, sans l'observation du Silence, de devenir homme d'oraison, Du Silence : Ses avantages et son utilité, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Purgatoire des paroles inconvenantes, Méditation sur les discours immodestes, Méditation sur les péchés de la langue, VIE CHRÉTIENNE : Repas, Récréations, Conversations et Visites, Qu'il ne sorte aucun mauvais discours de votre bouche, Qu'il faut s'abstenir de toutes paroles de raillerie, et éviter toute contestation avec le prochain, Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !, et Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier.














lundi 23 août 2021

Le Silence est un moyen efficace pour acquérir la Perfection



Un Religieux très-savant et très-versé dans spiritualité, disait une chose qui marque bien l'importance du silence, et qui pourra sembler à quelques-uns une exagération, mais qui est néanmoins une vérité constante et très éprouvée : Il disait que pour réformer une Maison religieuse, un Ordre entier, il ne fallait qu'y faire pratiquer rigoureusement le silence. Nous voyons que quand le silence ne s'observe point dans une maison religieuse, elle semble plutôt un lieu profane, qu'une maison régulière : et au contraire, les communautés religieuses où l'on observe le silence, paraissent véritablement des demeures, consacrées à Dieu. On y respire, dès l'entrée, un air et une odeur de sainteté qui édifie : le recueillement et le silence y portent à la dévotion tous ceux qui y arrivent, et leur fait dire avec transport : Le Seigneur est vraiment en ce lieu : c'est véritablement la maison de Dieu et la porte du Ciel. Ce que je dis ici de la totalité d'une Maison religieuse, je le dis aussi de chaque personne en particulier : Où l'on ne fait que parler, dit le Sage, il n'y a que de la misère. Lorsque nous gardons exactement le silence, à peine trouvons-nous sur quoi nous examiner, suivant ces paroles du Saint-Esprit : Celui qui garde sa bouche, garde son âme. Cette vérité n'a pas été ignorée des Païens même ; car un Philosophe de Lacédémone, interrogé pourquoi Lycurgue avait donné si peu de lois aux Lacédémoniens : c'est, répondit-il, que ceux qui parlent peu, n'ont pas besoin de beaucoup de lois. L'observation du silence suffit donc pour réformer chaque personne en particulier, et même pour réformer toute une Maison et tout un Ordre : voilà pourquoi, comme nous l'avons déjà dit, les anciens Pères du Désert faisaient tant de cas de la pratique du silence, et pourquoi tous les Ordres religieux ont compris l'observation du silence dans leurs principaux Règlements. C'est aussi pour cette même raison, dit Denys le Chartreux, que l'Apôtre Saint Jacques nous apprend : « Que celui qui ne pèche point du côté de la langue, est parfait ; et que celui qui croît être religieux, en ne réprimant point sa langue, et en laissant dissiper son cœur de tous côtés, n'a qu'une religion vaine et inutile. »
Que chacun considère ici avec attention, combien nous lui demandons peu de chose pour être parfait ; et combien le moyen que nous lui proposons est aisé à pratiquer. Si vous voulez faire de grands progrès dans la vertu, et acquérir la perfection, gardez le silence : l'Apôtre Saint Jacques vous assure que cela suffit pour vous y faire parvenir. Si vous voulez être homme spirituel et d'oraison, gardez le silence ; les Saints vous promettent que vous le deviendrez immanquablement par ce moyen. Si au contraire vous êtes infidèle à cette pratique, si vous la négligez, jamais vous ne vous rendrez parfait : jamais vous ne parviendrez à être un homme intérieur, un homme d'oraison. En effet, a-t-on jamais vu, un grand parleur être en même temps un homme contemplatif, et adonné à la spiritualité ? On ne voit pas même qu'il fasse un pas dans le chemin de la vertu : Un homme qui ne fait que parler, sera-t-il justifié ?
Albert-le Grand va encore plus loin. Il dit qu'un homme qui n'observe point le silence, est facilement tenté et attaqué par le démon. Il cite à ce sujet ce passage des Proverbes : Un homme qui ne peut s'empêcher de parler, est comme une ville ouverte et sans murailles. Saint Jérôme dit sur ces paroles, que comme une ville qui n'est point entourée de murailles, est continuellement exposée aux incursions des ennemis, et en grand danger d'être pillée ; de même un Chrétien qui n'est point environné du silence comme d'un mur de défense, est toujours exposé aux tentations du démon, et en grand péril de devenir sa proie.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Vivre dans le recueillement et dans le silence, c'est mener une vie douce et agréable, Il est difficile, sans l'observation du Silence, de devenir homme d'oraison, Du Silence : Ses avantages et son utilité, Du Silence, par Saint Vincent Ferrier, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Purgatoire des paroles inconvenantes, Méditation sur les discours immodestes, Méditation sur les péchés de la langue, VIE CHRÉTIENNE : Repas, Récréations, Conversations et Visites, Qu'il ne sorte aucun mauvais discours de votre bouche, Qu'il faut s'abstenir de toutes paroles de raillerie, et éviter toute contestation avec le prochain, Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !, et Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier.














samedi 7 août 2021

Du Silence : Ses avantages et son utilité



Un moyen qui peut encore beaucoup servir à notre avancement, et nous aider efficacement à acquérir la perfection, c'est de réprimer en nous l'intempérance de la langue ; comme, au  contraire, un des obstacles qui peut le plus retarder, et même empêcher notre progrès, c'est de nous relâcher sur cet article. L'Apôtre Saint Jacques nous marque ces deux vérités dans son Épître Canonique : Si quelqu'un, dit-il, ne pèche point en parlant, c'est un homme parfait. Et ailleurs : « Si quelqu'un s'imagine être religieux, et qu'il ne mette point un frein à sa langue, mais qu'il laisse dissiper son cœur de côté et d'autre, sa religion est vaine et inutile. » Saint Jérôme se sert de ce passage, pour nous recommander l'observation du silence. Il assure que c'est sur cette autorité que se fondaient les anciens Pères du Désert, qui étaient si fidèles et si rigoureux en ce point.
Mais pourquoi nous recommander si fort cette pratique ? Qu'elle en peut être la raison ? Est-ce donc un si grand crime de dire une parole inutile ? Y a-t-il d'autre mal à cela que la perte d'un moment de temps que l'on emploie à la dire, et qu'un léger péché véniel qui peut s'effacer par quelque acte de piété ou de religion, par exemple, par le signe de la croix ou avec de l‘eau bénite ? À cela je réponds que puisque l'Écriture Sainte insiste tant sur ce point, il faut qu'il y ait en cela quelque chose de plus que la perte d'un peu de temps, et que ce soit une affaire plus importante qu'elle ne nous paraît. Car le Saint-Esprit n'exagère rien ; il ne pèse point les actions avec de faux poids et de fausses balances. Les Saints et les docteurs de l'Église, à qui Dieu a donné des lumières particulières pour l'intelligence des Mystères des Livres saints, nous détaillent fort au long les avantages qu'apporte l'observation du silence, et les grands inconvénients qui résultent de ce violement.
Saint Ambroise et Saint Jérôme écrivant sur ce passage de l'Ecclésiaste : Il y a un temps pour se taire, et un temps pour parler, confirment cette doctrine. Ils disent que si Pythagore exigeait de ses disciples qu'ils commençassent par être cinq ans sans parler, c'était afin que, durant tout ce temps-là, ils passent oublier les erreurs et les préjugés dont ils avoient été imbus ; que pendant un si long silence, il les trouvait plus disposés à l'écouter, et à se pénétrer des vérités qu'il leur enseignait, et qu'ainsi ils se pouvaient rendre habiles à enseigner par la suite sa même doctrine. Apprenons donc premièrement à nous taire, conclut Saint Jérôme, et n'ouvrons ensuite la bouche que pour parler bien à propos.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


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jeudi 5 août 2021

Combien de Modestie est nécessaire pour l'édification du Prochain, et utile à notre avancement particulier



La Modestie, dont nous nous proposons maintenant de parler, consiste à composer notre extérieur de manière que tous nos sens soient recueillis : que nos gestes, que nos entretiens, que notre démarche, enfin que tous nos mouvements soient réglés de telle sorte qu'ils puissent édifier tous ceux qui nous aperçoivent, et avec qui nous sommes obligés de vivre.
Et d'abord, comme il est constant que les hommes ne peuvent voir que l'extérieur des objets, rien ne les édifie, et ne les gagne davantage qu'un maintient sage et modeste : et cet extérieur les touche, et les instruit mieux que le vain bruit de l'éloquence.
Quant à nous, C'est le sentiment commun de tous les Saints, que la modestie et le recueillement des sens est un des principaux moyens que nous ayons à notre disposition pour notre avancement spirituel, d'autant que cela contribue beaucoup au recueillement intérieur ; et que comme nos sens sont autant de portes par où le mal peut entrer dans notre cœur, il est nécessaire que ces portes soient exactement gardées, afin que notre cœur puisse être dans une entière sûreté. Saint Jérôme écrivant sur ces paroles de Job : « Les portes de la mort ne vous ont-elles point été ouvertes, et n'avez-vous point vu les portes des ténèbres ? » dit que nos sens sont les portes de la mort, d'autant que c'est par ces organes que la mort du péché entre dans notre âme, suivant ces paroles de Jérémie : La mort est montée par nos fenêtres. Il ajoute que nos sens sont appelés les portes des ténèbres, parce qu'ils donnent entrée aux ténèbres du péché. Saint Grégoire dit la même chose presque dans les mêmes termes, et c'est une façon de parler ordinaire aux Saints, tirée des expressions des Philosophes, qui soutiennent qu'il n'y a rien dans l'entendement, qui n'ait auparavant passé par les sens. Quand les portes d'une maison sont exactement fermées et soigneusement gardées, tout y est en sûreté : mais si on les laisse ouvertes, si personne n'est chargé de veiller à leur garde, et si tout le monde peut y entrer et sortir à toute heure, rien ne sera en assurance dans cette maison, ou du moins on n'y sera ni en sûreté ni en repos. Il en est de même de notre âme : ceux qui auront soin de bien garder les portes de leurs sens , vivront dans la piété et dans la douceur de la paix intérieure ; mais ceux qui négligent d'en garder les avenues, n'auront ni paix, ni repos dans leur cœur. C'est pour cela que le Sage nous avertit de garder notre cœur avec toute sorte de soin, parce que c'est la source de la vie. Or, le cœur se garantit en gardant avec soin les portes des sens, suivant le sentiment de Saint Grégoire, qui dit, que pour conserver la pureté de notre cœur, il faut prendre garde à ne point laisser échapper nos sens au dehors. « Accoutumez vos yeux, dit Saint Dorothée, à ne se point tourner de côté et d'autre sur des choses vaines, et où vous n'avez nul intérêt ; cela ne sert qu'à vous détourner de vos plus saintes occupations, à les rendre infructueuses. Si vous n'avez soin que les portes de vos sens soient bien gardées, tout ce que vous avez amassé en beaucoup de temps et avec beaucoup de peine, s'échappera aisément par-là, et vous vous trouverez les mains vides. On perd bientôt par la négligence, ce que l'une a acquis par la grâce, avec beaucoup de difficulté et de travail. Évitez de trop parler, ajoute encore Saint Dorothée , parce que cela vous détourne des saintes pensées qui pourraient vous venir à l'esprit, et peut étouffer entièrement en vous toute les inspirations du Ciel. »
Les anciens Pères du Désert, au rapport de Cassien, disaient que celui qui voulait acquérir la perfection, conserver la pureté de cœur, et demeurer dans le recueillement d'esprit, devait
être aveugle, sourd et muet. Mais comment pourrons-nous, me dira-t-on, être sourds, muets et aveugles, nous qui avons tant de commerce avec le prochain, et qui sommes par conséquent obligés de voir et d'entendre beaucoup de choses que nous ne voudrions pas ? Le remède à ce mal est de voir ce qui est hors de nous comme si on ne le voyait pas, et d'entendre les choses du monde comme si on ne les entendait point ; de n'y pas laisser attacher notre cœur ; d'en bannir sans différer toutes ces choses-là, sans souffrir qu’elles s'arrêtent un seul moment dans notre mémoire.
On rapporte de Saint Bernard, qu'il avait le cœur tellement attaché à Dieu, qu'il voyait sans voir, et entendait sans entendre : il semblait qu'il eût perdu l'usage des sens. Au bout d'une année de noviciat, il ne put dire si le Plancher de sa cellule était de bois ou de plâtre : il y avait trois croisées vitrées dans l'Église, il ne s'aperçut jamais qu'il y en eût plus d'une.
Il est aisé de conclure de ce que nous venons de dire, combien se trompent ceux qui font peu de cas de ces sortes de choses extérieures, et qui pensent que la perfection ne consiste pas à être modeste dans ses actions et retenu dans ses paroles, mais qu'elle doit consister dans l'intérieur du cœur, et dans la pratique des solides et véritables vertus.
Saint Bonaventure dit à ce sujet que le recueillement intérieur s'acquiert et se conserve par le recueillement extérieur. C'est la garde et la défense du cœur au-dehors ; car, comme la nature ne produit point d'arbres sans feuilles et sans écorce, ni de fruit sans peau, et qu'elle n'a rien formé qu'elle ne l'ait accompagné en même temps de parties qui sont destinées à son ornement et à sa conservation : de même la grâce qui agit conformément à la nature, mais beaucoup plus parfaitement, qu'elle, ne forme point la vertu intérieure dans un cœur, sans y joindre les ornements ou les défenses extérieures ; c'est l'écorce, c'est la peau sous laquelle se conserve la piété, le recueillement intérieur et la pureté du cœur : si l'on ôte ces parties si essentielles, tout le reste ne tardera pas à se corrompre.
Il faut remarquer encore ici une chose bien essentielle ; c'est que comme le recueillement extérieur sert à produire et à conserver en nous le recueillement intérieur, aussi le recueillement intérieur produit infailliblement le recueillement extérieur. Où est Jésus-Christ, dit Saint Grégoire de Nazianze, la modestie y est aussi. Lorsqu'il y a une solide vertu au-dedans de nous, il y a aussi de la gravité, de la modestie et de la retenue dans tous nos mouvements extérieurs.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Du Recueillement.













lundi 26 juillet 2021

La Mortification et la Pénitence sont aussi un remède très-efficace contre les tentations de l'impureté


La tentation de Saint Jérôme

C'est avec l'austérité des jeûnes et des veilles, dit Saint Jérôme, qu'il faut repousser les traits enflammés du démon. C'est ainsi qu'il en usait lui-même, et qu'en usait pareillement Saint Hilarion, de qui il rapporte que, quand il se sentait attaqué de pensées et de tentations impures, il se mettait en colère contre son propre corps, et l'apostrophait en lui disant : Malheureux que tu es ! je t'empêcherai bien de te révolter, je t'affligerai par la faim et par la soif ; je t'accablerai de fardeaux et de travail ; je t'exposerai aux plus grandes ardeurs du soleil et aux plus grandes rigueurs de l'hiver, afin que tu sois plus occupé désormais de tes propres besoins, que d'aucune pensée de sensualité. Ce remède nous est expressément recommandé par les Saints ; plusieurs d'entre eux l'ont très-souvent mis en pratique, lors même que la chair ne s'élevait point en eux contre l'esprit.
Il est rapporté dans les Chroniques de Saint François qu'un homme du monde demandant un jour à un Saint Religieux ; pourquoi Saint Jean-Baptiste ayant été sanctifié dès le ventre de sa mère, se retira au désert, et y fit une si austère pénitence. Le serviteur de Dieu lui répondit : Mais vous qui me faites cette question, dites-moi, avant que je vous réponde, pourquoi on jette du sel sur la viande qui est encore toute fraîche. C'est, répliqua cet homme, afin qu'elle se conserve mieux, et qu'elle ne se corrompe pas. Hé bien, reprit le Saint Religieux, je vous dis que Saint Jean-Baptiste, s'est servi du sel de la pénitence, afin que la sainteté se conservât en lui, sans aucune corruption de péché, et que la pureté de sa vie, ainsi que chante l'Église dans son office, ne pût être ternie par le moindre souffle.
Les Maîtres de la vie spirituelle font une le marque bien judicieuse au sujet de ses tentations ; c'est, disent-ils, qu'elles ont deux sources et deux causes bien différentes, qui demandent des remèdes différents. Quelquefois ces tentations naissent du corps même, et du corps elles se communiquent à l'âme, comme il arrive aux jeunes gens, et à ceux qui jouissent d'une santé parfaite, et qui vivent dans la bonne chère. Il faut donc s'en prendre au corps, et le maltraiter, puisque c'est de là que vient la source du mal. Quelquefois aussi les tentations naissent de l'âme, par l'instigation du démon, et se communiquent au corps ; et cela se peut connaître à diverses marques. Premièrement, quand on est plus combattu par des pensées et par les imaginations impures, que par des révoltes de la chair ; ou quand ces révoltes ne sont qu'une suite de ces sortes de pensées, qui sont quelquefois très vives, lors même que déjà la chair est comme morte. Et c'est ainsi que Saint Jérôme, quoique son corps atténué par l'âge et par les austérités, pût à peine se soutenir, ne laissait pas d'être emporté par son imagination au milieu des cercles et des divertissements des femmes Romaines. De plus, quand ces sortes de pensées arrivent, sans qu'on y ait donné lieu dans le temps même que l'esprit est le plus occupé de choses graves et sérieuses, et qu'il y a moins d'occasions qui puissent les faire naître ; quand elles ne respectent ni le temps de la prière ni les lieux saints ; quand elles sont si impétueuses, si étranges et si bizarres, que jamais on n'a ni rien ouï dire, ni rien imaginé de semblable, quand enfin il semble qu'on entende, pour ainsi dire, proférer au-dedans de soi des paroles qu'on aurait horreur de répéter ou d'en garder le souvenir, tout cela fait bien voir que tout ce qui se passe alors dans l'intérieur, vient d'une cause tout-à-fait étrangère et hors de notre cœur ; mais que c'est un effet de la malice et de la persécution du démon, et que notre chair n'y a d'autre part que celle d'être le théâtre de la guerre qu'il nous a déclarée. Il faut, dans ces circonstances, user de remèdes différents des premiers que nous avons indiqués. Tous les Saints conviennent que le remède, qu'il faut y apporter, est de s'imposer quelque occupation louable, qui puisse, en attachant fortement l'esprit, écarter ou effacer toutes les sales images qui se forment dans l'imagination. Ce fut pour se délivrer de ses fantômes impurs, que Saint Jérôme, comme il le dit lui-même, s'appliqua à étudier la langue Hébraïque, dans laquelle il fit de si grands progrès.
Saint Athanase rapporte que Saint Antoine disait souvent à ses disciples : « Croyez-moi, mes Frères, le démon craint les prières des gens de bien ; il craint leurs veilles, leurs jeûnes et leur pauvreté volontaire. » Saint Ambroise appliquant au même sujet ces paroles du Prophète : J'ai couvert mon âme par le jeûne, et je me suis vêtu d'un cilice, dit que le jeûne et les austérités sont de bonnes armes défensives contre toutes les attaques du tentateur. Jésus-Christ nous a enseigné la même chose, lorsqu'après avoir chassé l'esprit immonde que ses disciples n'avaient pu chasser, il leur dit que cette sorte de démon ne pouvait être chassée que par la prière et par le jeûne. Prenez garde qu'il ajoute le jeûne à la prière, comme un moyen très-propre à déconcerter les entreprises de l'esprit impur. Ainsi, quand il arrive que l'on est attaqué d'une tentation d'impureté, ce n'est pas assez d'avoir recours a l'oraison, et de former des actes et des résolutions contraires à cette tentation, il faut encore mater sa chair par des austérités et des mortifications corporelles, en prenant néanmoins conseil de son Directeur ; afin de n'agir en cela, comme en tout le reste, qu'avec prudence.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Quelques autres remèdes contre les tentations d'impureté, De quelques remèdes contre les tentations de l'impureté, Aspiration dans les tentations, Prière à Saint Joseph, Père et Protecteur des Vierges, Moyens pour conserver la chasteté : la garde des sens, et surtout celle des yeux, Excellence de la chasteté, Qu'il ne faut rien négliger en matière de Pureté, Des tentations, Des tentations et des illusions, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Les Tentations sont inévitables en cette vie mortelle, Le malheur du monde dans les dangers où il se trouve et Conduite à tenir à l'égard des tentations.














dimanche 18 juillet 2021

Excellence de la chasteté



« C'est la volonté de Dieu que vous soyez saints, que vous vous absteniez de toutes sortes d'impuretés, et que chacun de vous sache conserver son corps sain et pur... car Dieu ne nous a pas appelés afin que nous fussions impurs, mais afin que nous fussions saints. » Saint Bernard dit que, par le nom de sainteté, l'Apôtre entend parler ici de la chasteté : et Jésus-Christ, dans l'Évangile, nous assure que la chasteté nous rend semblables aux Anges : « Dans la résurrection, dit-il, il n'y aura ni mariés, ni mariées ; mais ils seront tous comme des Anges de Dieu dans le Ciel. » Saint Cyprien instruisant les Vierges, leur parle en ces termes : « Vous commencerez leur dit-il, à jouir dès à présent des biens que vous devez goûter un jour dans la gloire : car tant que vous persévérerez dans l'état de chasteté et de pureté, vous serez semblables à des Anges. » Cassien dit pareillement qu'il n'y a aucune vertu qui rende les hommes aussi semblables aux Anges que la chasteté ; en effet, c'est par ce don de chasteté qu'ils vivent dans la chair comme s'ils n'en avaient point, mais comme de purs esprits, suivant ces paroles de Saint Paul : Vous ne vivez point dans la chair, mais dans l'esprit. Notre avantage est même, en quelque sorte supérieur à celui des Anges : car, comme ils n'ont point de corps, il n'est pas surprenant qu'ils soient purs ; mais que l'homme créé avec une chair mortelle, dont les révoltes occasionnent une guerre continuelle à l'esprit, vive, comme s'il n'avait point de chair, c'est ce qui est sans doute bien plus admirable.
Cette vertu, au reste, est si agréable à Dieu, que le Fils de Dieu ayant formé le dessein de se faire homme, et de naître dans le sein d'une femme, a choisi pour mère une femme vierge, qui avait consacré à Dieu sa virginité : ce sentiment est celui de tous les Pères de l'Église.
L'Écriture Sainte appelle Saint Jean l'Évangéliste, le Disciple que Jésus aimait ; et Saint Jérôme remarque que la raison pour laquelle il était le Disciple bien-aimé, c'est qu'il était vierge. L’Église dit pareillement de lui dans l'office de sa fête, que Jésus l'aimait parce que son éminente chasteté l'avait rendu digne d'être aimé plus tendrement que les autres ; et qu'ayant été appelée à l'Apostolat, lorsqu'il était encore vierge, il avait conservé sa virginité pendant toute sa vie : c'est aussi pour cette raison que quelques-uns lui appliquent ces paroles des Proverbes : « Celui qui aime la pureté de cœur, aura le Roi pour ami, à cause des grâces de son discours. » C'est donc parce qu'il était vierge que le Sauveur l'a aimé jusqu'à le faire reposer sur sa poitrine ; et c'est ce qui lui procura encore d'autres prérogatives sur les autres Apôtres.

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à Moyens pour conserver la chasteté : la garde des sens, et surtout celle des yeux, Prière à Saint Jean, disciple que Jésus aimait, Prière à Saint Louis de Gonzague pour obtenir la pureté d'esprit et de corps, Prière pour obtenir la pureté, Prière pour demander la pureté, et Prière à Sainte Maria Goretti.