Affichage des articles dont le libellé est Entendement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Entendement. Afficher tous les articles

dimanche 23 août 2020

De la lumière divine

 


Il suffit de lire le psaume 118, pour y voir à chaque verset combien la lumière divine nous est nécessaire dans la conduite de la vie intérieure. Donnez-moi, dit David, l'entendement, afin que je comprenne vos commandements. Et encore : Donnez-moi l'entendement, et je vivrai.
Pour être bien pénétré de cette nécessité, il faut savoir, premièrement, que la raison humaine est étrangement obscurcie depuis le péché originel ; secondement, que la raison la plus éclairée ne suffit pas seule pour nous conduire dans les routes de la grâce, routes dont Dieu se réserve le secret. Comme son intention est que nous marchions toujours en esprit de foi, il ne nous éclaire qu'à mesure que nous avançons, et qu'autant qu'il est besoin. Il ne veut pas que nous voyions devant nous, ni même autour de nous ; mais il nous donne toujours assez de lumières, pour nous convaincre qu'il nous est impossible de nous égarer en le suivant, même au milieu des plus épaisses ténèbres.
La première chose donc que doit faire une âme qui veut être tout à fait à Dieu, est de renoncer à son propre esprit, à toutes les idées qu'elle pouvait avoir auparavant de la vertu et de la sainteté : persuadée que ces idées sont ou fausses ou très-imparfaites ; de ne point prétendre ni se conduire, ni se juger elle-même, ni s'établir juge de la manière dont on la conduit. Cette prétention aboutirait à la remplir de présomption et d'orgueil, à la retirer de l'obéissance, à l'égarer, et peut-être à la perdre : au lieu qu'il est impossible qu'une âme qui a renoncé à son propre esprit, qui écoute Dieu au dedans, et au dehors son directeur, à qui elle se soumet en tout ce qui n'est pas péché manifeste, coure aucun risque de tomber dans l'illusion. Dieu à qui elle se confie, est intéressé à ne jamais permettre rien de semblable ; et cela n'est jamais arrivé.
Ensuite elle doit demander humblement la lumière divine, priant Dieu à tout instant de l'éclairer ; n'entreprendre jamais rien de considérable sans le consulter, et sans prendre l'avis de celui que Dieu lui a donné pour guide. La lumière est d'ordinaire fort abondante au commencement. On la reçoit à l'oraison, à la communion ; l'on est surpris d'entendre les livres qui traitent des voies intérieures, et de voir clair dans des choses où l'on ne comprenait rien auparavant. Cette lumière est sûre et porte avec elle une évidence qui ne laisse aucun lieu au doute. On sent très-bien qu'elle est infuse, et qu'on ne la doit ni à sa pénétration naturelle, ni à son application et à ses efforts. De plus, elle est accompagnée d'une onction qui nourrit, qui élève, qui ravit l'âme, en même temps qu'elle l'éclaire. Comme cette lumière n'est pas le fruit de nos réflexions, il faut la recevoir passivement, sans se permettre de raisonner dessus, sans s'efforcer de la retenir et de la rappeler. Au moment qu'elle est donnée, elle fait son effet ; quand il sera besoin d'en faire usage, Dieu en renouvellera le souvenir, et il saura bien nous la remettre sous les yeux. Mais il ne veut pas qu'on se l'approprie, comme si c'était une science acquise, ni qu'on veuille l'avoir toujours à sa disposition. L'esprit de Dieu ne veut pas être gêné, ni demeurer dans la dépendance de la créature. Il faut donc le laisser aller et venir comme il lui plaît, et croire qu'il ne nous manquera jamais au besoin. On peut quelquefois écrire les lumières qu'on a reçues pour les communiquer au confesseur, quand elles roulent sur des objets particuliers ; mais les écrire pour s'en rafraîchir la mémoire, pour s'en aider même dans l'occasion, c'est ce qu'on ne doit pas faire, et ce qui marquerait une certaine défiance de Dieu. Cela peut avoir lieu lorsqu'on est extrêmement avancé, et que, par le conseil du directeur, on écrit plutôt pour l'avantage des autres, que pour le sien propre.
Il faut se donner de garde aussi, dans ces commencements où l'on est comme investi de lumières, d'en faire confidence à d'autres, sous prétexte de parler de Dieu, ou de s'en servir pour les conduire. C'est une tentation à laquelle il faut résister. Il faut une vocation spéciale de Dieu pour se mêler de diriger le prochain, lorsqu'on n'y est pas appelé par état. De plus, les lumières qui nous conviennent, pourraient ne pas convenir aux autres, parce que les voies sont différentes. Enfin, nous ne tarderions pas à nous épuiser, en nous communiquant ainsi au-dehors. Cela n'empêche pas cependant que, par des propos généraux, on ne puisse porter à Dieu les personnes en qui l'on voit des dispositions, selon les ouvertures qu'elles nous donnent.
L'usage de la lumière divine, tant pour soi que pour les autres, est extrêmement délicat, et suppose une grande mort à soi-même. Voilà pourquoi il ne faut pas s'ingérer d'abord à en faire le discernement, ni prendre pour des inspirations tout ce qui nous vient à l'esprit, sous l'apparence du bien. Satan, dit saint Paul, se transforme en ange de lumière ; il se mêle presque toujours dans les opérations divines, agissant sur l'imagination au moment où Dieu agit dans l'entendement et la volonté. On est donc fort exposé à se tromper sur tout ce qu'on appelle paroles intérieures, attrait, inspiration ; et il faut soumettre tout cela au jugement du confesseur, attendant sa décision pour en faire usage. Agir de son chef en ces rencontres, c'est tomber dans les pièges de l'ennemi.
Pour se disposer à la lumière divine, on doit, autant qu'il est possible, ne rien donner à l'imagination, ne point s'arrêter à son propre esprit, se défier extrêmement de ses réflexions et de son raisonnement. On ne saurait croire combien Dieu se communique peu aux personnes qui veulent toujours réfléchir, toujours raisonner. L'excellent usage de la raison dans les choses de Dieu, est de lui imposer silence devant lui, et de la tenir toujours dans un état d'anéantissement. C'est aux petits, aux enfants, aux simples, que Dieu se communique, loin d'avoir égard aux connaissances acquises, au profond savoir, aux lumières naturelles de l'esprit ; il veut qu'on mette tout cela à ses pieds dans le commerce qu'on a avec lui ; il veut qu'on renonce à tout ce qu'on peut avoir appris d'ailleurs, et qu'on reconnaisse humblement qu'on tient tout de lui. Tel était saint Augustin, le plus grand docteur de l'Église. Il consultait Dieu en tout avec une simplicité d'enfant. Tels ne sont pas bien des gens qui, avec un esprit très-inférieur au sien, s'établissent juges de la conduite de Dieu et de ses opérations dans les âmes. Ils ne veulent pas se persuader, d'après l'Évangile, que le premier pas qu'il faut faire pour comprendre les choses de Dieu, c'est de s'humilier, et d'avouer que de soi-même on est hors d'état d'y rien comprendre ; c'est de le prier, et de recourir à lui comme à la source des lumières.
S'il est vrai, comme le dit Isaïe, que les pensées de Dieu sont plus éloignées de celles des hommes, que les cieux ne le sont de la terre, comment pouvons-nous faire aucun fond sur nos lumières dans les choses spirituelles ? Comment notre esprit n'est-il pas continuellement abîmé devant Dieu ? Pourquoi n'ouvrons nous pas sans cesse, comme David, la bouche de notre cœur pour respirer et attirer en nous l'esprit de Dieu ? Qu'est-ce donc que l'adoration en esprit, sinon cet aveu pratique et continuel que Dieu seul est lumière et vérité, et que nous ne sommes que ténèbres et mensonge. C'est là, ce me semble, l'hommage de l'esprit ; c'est en même temps le moyen infaillible de ne jamais nous égarer.
Disons-lui donc : Donnez-moi l'entendement, afin que je comprenne vos commandements. Il m'est impossible de les bien pratiquer, si je ne les comprends, et je ne puis les comprendre si vous ne m'en donnez l'intelligence. Comment comprendrai-je ce que c'est que vous aimer de tout son esprit, de tout son cœur, de toute sa force ? Quel autre que vous, ô mon Dieu ! peut pénétrer toute l'étendue de ce précepte, et en communiquer l'intelligence à la créature ? Quel autre que vous encore peut me faire comprendre ce que c'est qu'aimer le prochain comme moi même ? Sais-je, puis-je savoir comment vous m'ordonnez de m'aimer moi-même ? Et si j'ignore comment je dois m'aimer, puis-je connaître quel est l'amour que je dois au prochain ? Toute votre loi cependant est renfermée dans ces deux préceptes. Il m'est donc évident, à moins que je ne veuille m'aveugler, que je n'entends rien à votre loi, que je n'y puis rien entendre, si vous ne m'éclairez.
Mais votre loi est la source de la vie, de la vraie vie, de la vie éternelle ; on ne parvient à cette vie, qu'en la pratiquant, et plus on la pratique parfaitement, plus on jouit de cette vie, qui n'est autre que la possession de vous-même. Donnez-moi donc l'intelligence, et je vivrai. Oui, donnez-moi de comprendre la nécessité de votre amour ; donnez-moi de comprendre comment, dans votre amour, est contenu l'amour que je me dois à moi-même, et celui que je dois au prochain. Donnez-moi cette lumière, et, secouru de votre grâce, je pratiquerai votre loi, je la pratiquerai dans sa plénitude, et je parviendrai à la plénitude de la vie. Ainsi soit-il.


(Extrait du Manuel des âmes intérieures)


Note : Les commençants, emplis du zèle de leur conversion, se donnent pour mission de convertir tout le monde (l'intention est très louable, bien que souvent mêlée d'amour-propre), mais la chute est souvent rude. Ils se répandent au-dehors dans une joie débordante, et s'épuisent par leurs tentatives infructueuses. Si vous êtes un nouveau converti, rentrez en vous-même, et ne faites aucune imprudence. Nous savons aussi d'expérience que le démon cherche toujours à contrer les inspirations divines, qu'il est capable même de vous murmurer des paroles de consolations, des pensées rassurantes, pour vous empêcher d'agir selon la volonté de Dieu. Prudence donc, gardez la prière et le recueillement pour discerner.


Reportez-vous à De l'enfance spirituelleVérités fondamentales touchant la vie intérieure, De la paix de l'âme, De la vie de l'âme, Du repos en Dieu, Sur l'Amour de Dieu, De la confiance en Dieu, De la prière continuelle, Dieu seul, Sur les réflexions dans l'oraison, De la pensée de l'éternité, Sur la pensée de la mort, Sur les paroles du Psaume LXXXll : Je suis devenu, en votre présence, comme une bête de somme, et je suis toujours avec vous, Marthe et Marie, De la pureté d'intention, Le prix d'une âme, De la Providence de Dieu sur ses enfants, De la générosité, De l'anéantissement, Du moi humain, Conduite à tenir à l'égard des tentations, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, Des tentations, Du directeur, Du cœur humain, Du monde, Faiblesse et corruption du cœur humain, Aveuglement de l'homme, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour du prochain, De l'esprit de Foi, De la fidélité aux petites choses, Sur les trois mots qui furent dits à saint Arsène : Fuyez, taisez-vous, reposez-vous, De l'emploi du temps, Ce que Dieu nous demande, et ce qu'il faut demander à Dieu, Commerce : Image de la vie spirituelle, De la liberté des enfants de Dieu, Instruction sur la Grâce, Instruction sur la Prière, Sur la sainteté, De la Crainte de Dieu, Conduite de Dieu sur l'âme, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Litanies de l'amour de DieuSoupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, Élan d'amour, Prière, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Prière de Saint Augustin, pour demander l'amour divin, Motifs et marques de l'amour de Dieu, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Se conformer en tout à la volonté de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Charité, Méditation sur l'excellence de la Charité, Prière pour demander la charité, De la force en soi-même et de la force en Dieu, De la consommation en la Grâce, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la croix, De la Simplicité, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis important pour ceux qui ont des peines d'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la vie nouvelle en Jésus-Christ, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens de parvenir à la vraie et solide vertu, Idée de la vraie Vertu, De la vraie et solide dévotion, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, En quelque état que vous soyez, rendez respectable, par vos sentiments et votre conduite, votre titre de Chrétienne, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin.















samedi 18 juillet 2020

Du moi humain


Dieu seul a proprement le droit de dire moi et de rapporter tout à lui, d'être la règle, la mesure, le centre de tout ; parce que Dieu seul est, et que le reste n'est que par sa volonté, n'est que pour lui, n'a de prix que celui qu'il lui donne ; et, pris en lui-même, le reste n'est rien, ne vaut rien, ne mérite rien. Cela est vrai dans l'ordre de la nature, et encore plus dans celui de la grâce.
Ce fondement posé, il est aisé de sentir toute l'injustice du moi humain. Cette injustice consiste en ce que l'homme, se considérant en lui-même, s'estime, s'aime et se croit digne d'estime et d'amour ; en ce qu'il s'établit centre de tout, et qu'il rapporte tout à lui ; en ce que l'amour qu'il a pour lui-même et pour ses intérêts est le motif secret de ses pensées, de ses discours, de toute sa conduite. Il s'envisage en tout, il se cherche en tout ; il semble que tout l'univers, que tous les hommes, que Dieu lui-même, ne soient que pour lui ; il n'estime les autres, il ne les aime qu'à proportion de l'estime et de l'amitié qu'ils lui portent : s'il les prévient, s'il les oblige, s'il les sert, c'est pour l'ordinaire son propre intérêt qu'il a en vue ; et, si ce n'est pas l'intérêt, c'est la vaine gloire. Cette estime, cet amour de soi-même se glissent partout, jusque dans le service de Dieu, et sont la source de toutes les imperfections, de toutes les fautes où l'on tombe.
Le moi humain est le principe de l'orgueil, et, par conséquent, de tout péché. Il est l'ennemi de Dieu, qu'il attaque dans son domaine universel et absolu. Il est l'ennemi des hommes, qu'il tourne les uns contre les autres à cause de l'opposition de leurs intérêts. Il est l'ennemi de tout homme, parce qu'il l'éloigne de son vrai bien, parce qu'il le porte au mal, et qu'il lui ôte la paix et le repos.
Anéantissez le moi humain, tous les crimes disparaissent de dessus la terre, tous les hommes vivent entre eux comme frères, partagent sans envie les biens d'ici-bas, se soulagent mutuellement dans leurs maux ; et chacun d'eux regarde dans autrui un autre soi-même. Anéantissez le moi humain, et toutes les pensées de l'homme, tous ses désirs, toutes ses actions se porteront vers Dieu sans aucun retour sur soi ; Dieu sera aimé, adoré, servi pour lui-même à cause de ses infinies perfections, à cause de ses bienfaits ; il sera aimé, soit qu'il console l'homme, soit qu'il l'afflige, soit qu'il le caresse, soit qu'il l'éprouve, soit qu'il l'attire avec douceur, soit qu'il paraisse le rejeter et le rebuter. Anéantissez le moi humain, et l'homme toujours innocent coulera ses jours dans une paix inaltérable, parce que, ni au-dedans ni au-dehors, rien ne pourra le troubler.
Il y a deux sortes de moi humain. Le moi humain grossier, animal, terrestre, qui n'a pour objet que les choses d'ici-bas. C'est celui des mondains, toujours occupés d'eux-mêmes dans la recherche, dans la jouissance ou dans le regret des honneurs, des richesses, des plaisirs de la terre. C'est celui des prétendus sages, qui, par un orgueil raffiné et pour se singulariser, affectent d'être indépendants des préjugés et des opinions vulgaires, et recherchent la gloire par le mépris même qu'ils paraissent en faire. Tous les vices qui avilissent l'homme et qui désolent l'univers sont les enfants de ce moi grossier, qui fait le malheur de la plupart des humains dans cette vie et dans l'autre.
L'autre moi, plus subtil et plus délicat, est le moi spirituel, le moi des personnes adonnées à la piété. Qui pourrait dire combien ce moi est nuisible à la dévotion, combien il la rétrécit et la rapetisse, à combien de travers et d'illusions il l'expose ; combien il la rend ridicule et méprisable aux yeux du monde, censeur malin et impitoyable de tous les serviteurs de Dieu ? Qui pourrait dire encore de combien de misères, de faiblesses, de chutes il est la source ? Comment il rend les dévots minutieux, scrupuleux, inquiets, empressés, inconstants, bizarres, jaloux, critiques, médisants, fâcheux, insupportables à eux-mêmes et aux autres ? Qui pourrait dire combien il traverse et arrête les opérations de la grâce ; combien il favorise les ruses et les embûches du démon ; combien il nous rend faibles dans les tentations, lâches dans les épreuves, réservés dans les sacrifices, combien de desseins généreux il fait avorter ; combien de bonnes actions il infecte de son poison ; combien de défauts il déguise et travestit en vertus ?
Le propre du moi humain, quel qu'il soit, sensuel ou spirituel, est de nous plonger dans le plus pitoyable aveuglement. On ne se voit pas, on ne se connaît pas, et l'on croit se voir et se connaître. Rien ne peut nous ouvrir les yeux, et l'on se fâche contre quiconque entreprend de le faire. On impute à mauvaise volonté, ou du moins à erreur, les avis et les corrections. On a beau nous ménager, et nous dire les choses avec toutes la douceur et la circonspection possible, l'amour-propre blessé s'offense, se révolte, et ne pardonne pas un discours inspiré par le zèle et la charité.
Par le même principe, on se croit en état de se conduire et de se juger soi-même ; on veut même diriger ceux qui sont préposés pour nous gouverner, et leur apprendre comment il doivent s'y prendre avec nous ; on ne se croit bien conduit que par ceux qui nous flattent et qui donnent dans notre sens. Le vrai directeur, celui qui exige la soumission de notre jugement et de notre volonté, qui nous prêche la foi nue et l'obéissance aveugle, est bientôt abandonné comme un tyran des consciences. Quand on nous parle de combattre l'amour-propre, de forcer nos répugnances, de surmonter nos aversions ; quand on nous ouvre les yeux sur de certains défauts chéris ; quand on nous fait toucher au doigt l'imperfection et l'impureté de nos motifs ; quand on nous demande de certains sacrifices, c'est un langage qu'on ne veut point entendre, c'est un joug intolérable qu'on nous impose ; on nous connaît mal, on se trompe, on exagère, on va au delà de la loi, ou même du conseil.
Cependant, il est vrai que toute la sainteté consiste dans la destruction du moi humain. Il est vrai que la morale chrétienne n'a point d'autre but ; que l'objet de toutes les opérations de la grâce est de nous humilier, et d'anéantir l'amour de nous-mêmes. Il est vrai que l'amour de Dieu et l'amour-propre sont comme les deux poids d'une balance, dont l'un ne peut baisser que l'autre ne hausse. Ainsi l'unique moyen de perfection, la grande pratique qui embrasse toutes les autres, est de travailler à mourir à soi-même en toutes choses, de se combattre, de se faire violence en tout et toujours. Et, comme nous ne sommes ni assez clairvoyants, ni assez désintéressés, ni assez habiles dans le choix des moyens, pour entreprendre et pour conduire avec succès une guerre de cette importance, dont notre propre cœur est le champs de bataille, nous n'avons qu'un parti à prendre, qui est de nous donner franchement à Dieu, de nous reposer sur lui du soin de cette guerre, et de le seconder de tout notre pouvoir.
Mon grand ennemi, celui par lequel nos autres ennemis, le démon et le monde, peuvent tout contre moi, c'est moi-même, c'est ce vieil homme, ce funeste rejeton d'Adam pécheur ; c'est cet amour-propre né avec moi, développé en moi avant l'usage de ma raison, fortifié par mes passions, par les ténèbres de mon entendement, par la faiblesse de ma volonté, par l'abus que j'ai fait de ma liberté, par mes péchés et mes mauvaises habitudes. Comment combattre, comment vaincre ce terrible ennemi ? Comment m'y prendre, et par où commencer ? Hélas ! il renaîtra des coups mêmes que je lui porterai ; il s'applaudira de mes victoires, et se les attribuera comme l'effet de ses propres forces. Il se contemplera et s'admirera dans les vertus que j'aurai acquises, dans les défauts que j'aurai corrigés ; il s'enivrera des louanges que les autres donneront à ma piété, il s'enorgueillira même des actes d'humilité que j'aurai faits. Il s'appropriera votre ouvrage, ô mon Dieu ! et vous dérobera la gloire qui vous appartient. Comment ferai-je, encore un coup ? Comment terrasser un ennemi qui dans sa propre défaite trouve le sujet de son triomphe ?
Ah ! Seigneur, chargez-vous vous-même de cette guerre. L'amour-propre n'est mon ennemi que parce qu'il est le vôtre : attaquez-le, domptez-le, écrasez-le ; poursuivez-le jusqu'à l'entière destruction. Je me livre et m'abandonne à vous dans ce dessein ; vous êtes tout-puissant ; ne souffrez pas que je vous résiste ; punissez-moi de la moindre infidélité ; ne me permettez pas le moindre regard sur moi-même, la moindre complaisance du bien qu'il vous plaira de faire en moi, la moindre attache à vos dons, le moindre esprit de propriété. Ne me relâchez pas, ô mon Dieu ! que le vieil Adam ne soit tout à fait détruit en moi, et que le nouvel Adam, qui est Jésus-Christ, ne règne à sa place, et ne m'ait rendu saint de sa propre sainteté. Ainsi soit-il.


(Extrait du Manuel des âmes intérieures)


Reportez-vous à Prière d'une âme qui veut se détacher des vaines affections, De l'anéantissementConduite à tenir à l'égard des tentations, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, Des tentations, Du directeur, Du cœur humain, Du monde, Faiblesse et corruption du cœur humain, Aveuglement de l'homme, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour du prochain, De l'esprit de Foi, De la fidélité aux petites choses, Sur les trois mots qui furent dits à saint Arsène : Fuyez, taisez-vous, reposez-vous, De l'emploi du temps, Ce que Dieu nous demande, et ce qu'il faut demander à Dieu, Commerce : Image de la vie spirituelle, De la liberté des enfants de Dieu, Instruction sur la Grâce, Instruction sur la Prière, Sur la sainteté, De la Crainte de Dieu, Conduite de Dieu sur l'âme, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Litanies de l'amour de DieuSoupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, Élan d'amour, Prière, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Prière de Saint Augustin, pour demander l'amour divin, Motifs et marques de l'amour de Dieu, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Se conformer en tout à la volonté de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Charité, Méditation sur l'excellence de la Charité, Prière pour demander la charité, De la force en soi-même et de la force en Dieu, De la consommation en la Grâce, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la croix, De la Simplicité, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis important pour ceux qui ont des peines d'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la vie nouvelle en Jésus-Christ, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens de parvenir à la vraie et solide vertu, Idée de la vraie Vertu, De la vraie et solide dévotion, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, En quelque état que vous soyez, rendez respectable, par vos sentiments et votre conduite, votre titre de Chrétienne, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin.
















mercredi 3 juin 2020

De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin


Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome I, par le R.P. Jean-Joseph Surin :




De l'Union avec Jésus-Christ



En quoi consiste l'union avec Jésus-Christ ?

Nous ne parlons point ici de l'union qui est commune à tous les amis de Dieu, et qui a pour fondement la grâce sanctifiante : il y en a une plus particulière, qui est le fruit de la solide dévotion et de la ferveur de l'amour ; et cette dernière union est plus ou moins parfaite selon la disposition des sujets. La moins parfaite consiste à tenir son esprit et son cœur élevé vers Jésus-Christ, et à suivre, autant qu'on peut, les mouvements de la grâce. La plus parfaite est celle qui va jusqu'à une liaison si étroite, et une si grande familiarité, qu'il semble que l'homme extérieur aussi bien que l'homme intérieur n'ait plus d'autre vie que celle de Jésus-Christ.


Comment se fait l'union du corps avec l'Homme-Dieu ?

Par la force de la grâce, qui lui donne un sentiment si vif de la présence de Jésus-Christ, qu'il lui semble que son corps et ses membres sont véritablement le corps et les membres de ce Dieu-Homme. Jusque-là, que par son imagination et par ses sens il ne se distingue plus soi-même, il ne sent plus que Jésus-Christ, dans lequel il est comme perdu. C'est apparemment ce que saint Paul a voulu dire par ces paroles : Je vis, ou plutôt ce n'est plus moi qui vis, mais c'est Jésus-Christ qui vit en moi. (Gal. 2, 20)


En combien de manières se fait cette union du corps ?

En deux manières ; l'une passagère, et l'autre permanente et habituelle.


Comment se fait l'union passagère ?

Par une impression de la présence de Jésus-Christ si intime et si délicieuse, que rien n'en saurait exprimer la douceur et les effets. On l'appelle passagère, parce qu'elle ne dure qu'un certain temps, et c'est ordinairement après avoir reçu la sainte Eucharistie. Il semble alors aux âmes dont nous parlons, que Jésus-Christ se répand en elles, qu'il leur communique non seulement son esprit, mais encore sa vie naturelle ; qu'elles n'agissent plus que par lui, comme par le principe de leurs opérations ; de sorte que leurs paroles, leurs prières, leurs actions, même naturelles, leur paraissent venir de ce principe.


Comment se fait l'union habituelle ?

Par une impression qui dure, et qui, devenant ordinaire, rend comme permanent le sentiment de la présence de Jésus-Christ. C'est lui qui donne la force et le mouvement à tout : c'est en lui et par lui qu'on agit, qu'on parle, qu'on désire, qu'on s'attriste ou qu'on se réjouit, sans que l'âme puisse reconnaître en soi d'autre principe de ses actions et de ses divers sentiments, que J.-C. vivant et agissant en elle. Non seulement elle est toujours élevée vers ce divin Maître, mais elle se sent abîmée en lui, jusqu'à ne plus distinguer ses membres, des membres de J.-C. ; ce qui la remplit de sentiments affectueux et de goûts exquis.


Sur quoi fondez-vous ce que vous dites de cette union ?

Sur la doctrine de saint Paul. Nous avons cité au commencement de ce chapitre, ce qu'il dit dans son Épitre aux Galates : il dit encore, parlant aux Corinthiens : Est-ce que vous cherchez une preuve que J.-C, parle en moi ? (Cor. 13, 3) Et pour montrer que l'Apôtre dans ces endroits ne parle pas seulement de la grâce sanctifiante, mais dune grâce spéciale et d'une espèce de résidence de J.-C. ; nous n'avons qu'à comparer les paroles de saint Paul avec ce que nous savons de quelques Saints.
Il est écrit de sainte Catherine de Sienne, que parlant de cette faveur qu'elle recevait de Dieu, à son confesseur, saint Raimond de Pennafort, et que ce Saint ne comprenant rien à ce que lui disait la Sainte, Dieu voulut l'instruire par ses propres yeux, en lui faisant voir un jour le visage de Notre-Seigneur confondu avec le visage de sainte Catherine. C'est S. Raimond qui nous rend lui-même ce témoignage dans la vie de cette Sainte qu'il a écrite. Un auteur de ce siècle, homme sage et plein de piété, a écrit qu'il connaissait une personne sur qui la présence de J-C. faisait une telle impression, qu'elle ne voyait et ne sentait rien en soi qui lui fût propre, et qui n'appartînt à ce Dieu homme ; de sorte que, si on lui parlait de ses mains, elle ne savait que dire ; et que si on parlait des mains de Jésus-Christ, elle montrait les siennes pour celles de ce Dieu-homme, tant elle était absorbée et comme perdue dans le sentiment qu'elle avait de la présence de ce divin Sauveur. Il est inutile de demander si c'est Jésus-Christ résidant réellement, qui produit ces effets merveilleux , ou s'il les opère par la vertu de sa grâce et par la force de l'amour : il suffit de savoir que ces secrets, pour être impénétrables, n'en sont pas moins des faveurs réelles.


Comment se fait l'union spirituelle de l'âme de l'homme avec celle de Jésus-Christ ?

Par une espèce d'application des deux âmes, et par une liaison étroite entre leurs puissances, par le moyen de laquelle les biens renfermés dans la mémoire, dans l'entendement et dans la volonté de J.-C., sont communiqués à la mémoire, à l'entendement et à la volonté de l'homme, de la manière que l'explique sainte Gertrude, lorsqu'elle dit que l'âme de Jésus-Christ est imprimée sur la sienne, comme un cachet de cire.


Comment se fait cette communication de biens à la mémoire ?

Par une connaissance expérimentale, qui ne permet point à l'âme de douter que J.-C. ne réveille ses idées dans le besoin, et ne lui suggère à propos tout ce qui lui est nécessaire quand il s'agit de prier, d'agir, ou de parler pour sa gloire.


Comment se fait la communication d'entendement à entendement ?

Par une participation d'intelligence; l'homme éprouvant, lorsqu'il veut s'appliquer, qu'il se fait dans son esprit comme une effusion de lumière, de discernement et de connaissance, même pour les sciences naturelles. C'est comme une source qui s'ouvre dans l'entendement, et d'où la science et les lumières coulent en abondance, surtout lorsqu'il s'agit de parler. Alors, dit l'Écriture, il répandra comme une pluie les paroles de sa sagesse (Eccl. 39, 9). Notre Seigneur dans l'Évangile, parlant de cet esprit d'intelligence qu'il voulait communiquer aux Fidèles, le compare à des fleuves d'eau vive qui couleront de leur sein, à une source d'eau qui jaillit jusqu'à la vie éternelle. (Jean. 7, 38 et 4, 14)


Comment est-ce que la volonté de l'homme entre en participation de richesses avec la volonté de Jésus-Christ ?

Par la liaison qui est entr'elles, et par l'écoulement perpétuel de l'amour de J.-C. dans la volonté de l'homme. Ce ne sont que douceurs, que caresses, que désirs ardents de procurer la gloire de Dieu ; et on connaît que ces richesses sont communiquées par Jésus-Christ, qui se rend présent à l'âme, et qui la remplit de telle sorte, qu'elle ne voit, qu'elle ne goûte que lui en toutes choses, et qu'elle se sent incapable d'avoir aucune affection, ni aucun sentiment de joie, qui ne soit de lui et pour lui.
Il y a grande apparence que saint Paul était dans cette disposition, et que c'est ce qui lui a fait répéter si souvent le nom de Jésus dans ses Épitres. C'est sans doute pour la même raison, qu'on trouva ce nom sacré écrit sur le cœur de saint Ignace Martyr. C'est dans un semblable transport d'amour pour notre divin Sauveur, que saint Vincent Ferrier a dit au dernier chapitre du Traité de la vie spirituelle, qu'il viendrait un jour des gens dont toutes les affections, tous les sentiments, toutes les paroles se termineraient à Jésus-Christ. Quelques-uns croient qu'il a parlé en esprit de prophétie, et qu'il avait en vue des hommes qui mettent toute leur gloire à se consacrer au service de Notre Seigneur, et à porter son nom.
Au reste, ces faveurs insignes sont uniquement le partage des personnes, qui s'y disposent par une entière abnégation, et qui, mettant en pratique ce que nous avons dit de la Doctrine de J.-C., méritent qu'il accomplisse en elles cette belle promesse : Je me ferai connaître à lui. (Jean. 14, 21)


Ces communications de la part de Notre-Seigneur , qui s'insinue dans la volonté de l'homme, n'ont-elles jamais d'autre objet que Jésus-Christ ?

Il arrive quelquefois que la personne à qui J.-C. se communique de la sorte, n'a d'autre idée que celle du S. amour, auquel elle attribue toutes ces grâces : elle ne voit qu'amour, elle ne savoure qu'amour, elle est comme perdue et absorbée dans l'amour. C'est pour cela que sainte Catherine de Sienne terminait toutes ses Épitres par ces deux paroles, Jésus Amour, que S. François de Paule avait toujours à la bouche le mot de charité ; que sainte Françoise d'Assise employait dans ses cantiques le mot d'amour, sans ordre et sans mesure. Il s'est trouvé des âmes si occupées et si pénétrées de cette simple vue d'amour qu'elles ne répondaient autre chose à toutes les questions qu'on leur faisait : Qui êtes-vous ? Amour : Que cherchez-vous ? Amour, etc.



Reportez-vous à Méditation sur l'union de l'âme avec DieuDe la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph SurinSur la vie nouvelle en Jésus-ChristLe Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph SurinDe la vraie et solide dévotionDe la réformation de la mémoire, par Le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de la volonté et du fond de l'âme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'entendement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de la colère, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la réformation de l'Amour, de la Haine, du Désir et de l'Aversion, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Réparation de l'Intérieur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du vrai Progrès, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Grâce, Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De quelle manière on doit aider les personnes faibles, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Ordre de la vie spirituelle pour les Directeurs, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des maladies de l'âme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Prière pour demander l'humilité, Du Recueillement, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des secours qu'il faut donner au Peuple dans les Missions, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et prière pour les Missions, Soin que l'état de maladie demande, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la conduite qu'il faut tenir à l'égard des Énergumènes, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (1/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (2/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (3/4), Histoire de la possession des Ursulines de Loudun, et des peines du Père Surin (4/4), Réflexions sur la nature et les forces des Démons, et sur l'économie du Royaume des ténèbres, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Amour du Père Surin pour tout ce que Notre-Seigneur a aimé, et premièrement de sa grande dévotion à la très-sainte Vierge, Du grand Amour du Père Surin pour les Saints Anges, dans l'union avec notre Seigneur Jésus-Christ, De l'amour du Père Surin pour l'humilité, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, SCIENCE EXPÉRIMENTALE DES CHOSES DE L'AUTRE VIE, Acquise par le Père Jean-Joseph Surin, Exorciste des Religieuses Ursulines de Loudun, De l'imagination de l'homme, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour étonnant du Père Surin pour l'abjection, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De la vie Apostolique, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De quelques industries cachées qui conduisent bientôt à la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Réponse à quelques doutes touchant la Pénitence, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Pénitence et de l'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du bon Directeur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du vrai Religieux, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie mixte, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'homme intérieur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'heureux état d'une âme qui a établi sa perfection et sa félicité dans l'acquiescement au bon plaisir de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la conduite des âmes, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'étude des Lettres, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Réponse à quelques doutes touchant l'Oraison, par le R.P. Jean-Joseph Surin, Ce qui s'est observé dans un Ordre Religieux durant le premier siècle depuis son établissement, doit être regardé comme meilleur que tout ce qu'on peut inventer dans la suite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Oraison et de la Contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction pour les personnes qui entrent dans la voie d'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Que les âmes lâches fassent tous leurs efforts pour acquérir la bonne volonté qui leur manque, Ce qu'est l'oraison mentale, par le R.P. D. Laurent Scupoli, Clerc Régulier Théatin, De l'Oraison, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la contemplation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Oraison qui convient à la voie extraordinaire, et Avis nécessaires à ceux qui sont dans cette voie, par le R.-P Jean-Joseph Surin, Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (1), Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin (2), Des qualités qui sont propres dans la voie extraordinaire, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la voie surnaturelle ou extraordinaire, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'avancement de l'âme et des principaux moyens qui peuvent le procurer, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la nourriture du corps, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des amitiés, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la conversation, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens extérieurs qui aident à acquérir la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens intérieurs qui aident à la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels sont les devoirs de piété dont il faut s'acquitter envers les Saints ?, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Quels exercices de piété prescrivez-vous à l'honneur des Anges ?, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Comment faut-il s'occuper des souffrances de Jésus-Christ ?, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Comment faut-il s'exercer en ce qui regarde la Doctrine de Jésus-Christ ?, De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'amour du Père Surin pour la pauvreté, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De la présence de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Du renouvellement de l'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Habits, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie illuminative, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, De l'amour admirable du Père Surin pour les souffrances, dans l'union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ, De la vie Purgative, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, En quoi consiste la perfection chrétienne : pour l'acquérir il faut combattre, et pour sortir victorieux de ce combat, quatre choses sont nécessaires, Du devoir des Veuves, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur la nécessité des progrès dans la vertu, De la Réduction des Hérétiques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De quelques moyens de bien faire l'oraison mentale, et Pour la direction et la progression spirituelles : Quel chrétien êtes-vous ?.












lundi 1 juin 2020

Méditation pour le Lundi d'après la Pentecôte : La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière




MÉDITATION POUR LE LUNDI D'APRÈS LA PENTECÔTE



La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière
. (S. Jean, ch. 3)



I. Considérez que cette lumière qui est venue au monde, c'est Jésus-Christ, vrai soleil de justice, lequel a éclairé les hommes, non-seulement par les prédications et par les instructions qu'il a faites sur la terre, et qu'il nous a laissées dans l'Évangile, mais encore plus particulièrement par la lumière intérieure de son Saint-Esprit, qu'il nous communique pour nous rendre capables de bien concevoir et de bien entendre les vérités surnaturelles que nous sommes obligés de croire par la foi ; et cette lumière intérieure est le second des dons du Saint-Esprit, qu'on appelle don d'entendement, parce qu'il nous ouvre l'esprit et nous facilite l'intelligence des choses qui surpassent la force du raisonnement humain.
Louez et bénissez la divine bonté d'avoir ainsi pourvu à votre faiblesse, et de vous avoir préparé comme un flambeau pour éclairer votre esprit dans l'obscurité des mystères que vous devez croire. Dites-lui avec David : Ô Seigneur ! donnez-moi cet entendement, afin que j'observe votre loi, et que je la conserve gravée dans mon cœur.

II. Considérez les grands avantages qui reviennent à l'âme vertueuse de ce don d'entendement ; car, par ce moyen, le Saint-Esprit lui déploie et lui montre plus à découvert les plus grands mystères de notre foi ; il lui découvre l'excellence toute divine de la religion chrétienne ; il lui fait connaître le bel ordre de toutes ses parties, et même la justice et la sainteté des voies de Dieu dans la conduite de ses Fidèles. C'est par ce don que les simples, et ceux qui sont les moins versés dans les sciences humaines, deviennent capables de contempler les plus hautes vérités de la sagesse divine, et de concevoir des pensées très saintes sur toutes sortes de sujets.
Que ces considérations vous fassent concevoir une nouvelle estime de cet excellent don, et un nouveau désir de l'obtenir. Dites avec David : Ô Seigneur ! qu'heureux est l'homme que vous instruisez et à qui vous enseignez votre loi.

III. Considérez qu'il y a deux moyens principaux pour obtenir avec abondance cette divine lumière et ce don d'entendement.
Le premier, c'est d'avoir beaucoup de foi, et un esprit très simple et très soumis aux vérités que l'Église nous enseigne ; car dans les choses divines, pour bien entendre il faut bien croire, et comme a dit un prophète, si vous ne croyez comme il faut, vous ne persévérerez point.
Le second, c'est de vous abaisser devant Dieu par un profond anéantissement de vous-même, et marcher en toutes vos voies avec un esprit d'humilité ; car notre Seigneur a déclaré dans l'Évangile, que Dieu cache ses secrets et ses vérités aux sages et aux prudents du siècle, et qu'il se plaît à les révéler aux petits et aux humbles.


PRATIQUES

En demandant l'Esprit saint, demandez encore ses dons, plus précieux que tous les trésors.
Soyez humble et petit devant Dieu, afin que son Esprit se repose sur vous.


(Méditation tirée de La Couronne de l'Année Chrétienne)



Reportez-vous à Méditation pour le Mardi d'après la Pentecôte : Je suis la porte ; celui qui entrera par moi sera sauvéMéditation pour le Dimanche de la Pentecôte : Le Saint-Esprit que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera, Instruction sur le Saint-Esprit, Mission du Saint-Esprit, Instruction sur la Fête de la Pentecôte, Méditation sur la Fête de la Pentecôte : ils furent tous remplis du Saint-Esprit, Méditation pour la veille de la Pentecôte, Veille de la Pentecôte : Je prierai mon Père, et il vous donnera, pour demeurer éternellement avec vous, un autre consolateur, qui est l'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, Méditation pour le Jour de la Pentecôte, Preuves directes de la divinité du Saint-Esprit : noms, attributs et œuvres, Le Dogme de l'unité de Dieu et de la Sainte Trinité, Preuves directes de la Trinité et de la divinité du Saint-Esprit, Le Saint-Esprit dans l'Ancien Testament, promis et figuré, Le Saint-Esprit prédit, Le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament, première création : La Sainte Vierge Marie, Seconde création du Saint-Esprit : Notre Seigneur Jésus-Christ, Troisième création du Saint-Esprit : l’Église, Méditation pour le Dimanche de la Sainte Trinité, Neuvaine préparatoire à la Fête de la Pentecôte : Prière pour demander les sept Dons du Saint-Esprit, Méditation pour le Mercredi après la Pentecôte, Méditation pour le Mardi après la Pentecôte, Méditation pour le Lundi de Pentecôte, XIe Dimanche après la Pentecôte : Réflexions pratiques, Accueillir le Saint Esprit de Dieu, Litanie du Saint-Esprit, Méditation pour la Fête de l'Ascension, Instruction sur la Fête de l'Ascension, Méditation pour le Jour de l'Ascension de Notre-Seigneur, Le Seigneur Jésus fut élevé dans le ciel, et il est maintenant assis à la droite de Dieu, Les Apôtres et les Disciples ayant adoré Jésus-Christ, s'en retournèrent remplis de joie à Jérusalem, Quand le Consolateur que je vous enverrai de la part de mon Père, l'Esprit de vérité qui procède de mon Père, sera venu, il rendra témoignage de moi, Et vous aussi, qui avez été dès le commencement en ma compagnie, vous rendrez témoignage de moi, Je vous ai dit toutes ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez point, Un temps viendra où quiconque vous fera mourir, pensera faire un sacrifice à Dieu, Ils vous traiteront de la sorte, parce qu'ils ne connaîtront ni mon Père ni moi, Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu'elles arriveront, vous vous souveniez que je vous les ai prédites, Méditation pour le Lundi d'après l'Ascension, Méditation pour le Mardi d'après l'Ascension : Jour de recueillement, Méditation pour le Mercredi d'après l'Ascension, Méditation pour le Jeudi d'après l'Ascension, Catéchisme, Leçon II : De la Trinité, Leçon VI : Du Saint-Esprit, et Leçon XXIII : De la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.













jeudi 28 mai 2020

Ils vous traiteront de la sorte, parce qu'ils ne connaîtront ni mon Père ni moi




MÉDITATION POUR LE JEUDI D'APRÈS L'ASCENSION



Ils vous traiteront de la sorte, parce qu'ils ne connaîtront ni mon Père ni moi. (S. Jean, 26)


I. Considérez qu'une des principales causes des désordres et des péchés que commettent les hommes, c'est le défaut de connaissance de Dieu ; et ce défaut se rencontre non-seulement parmi les Infidèles, mais aussi parmi les chrétiens.
Combien pourrait-on dire avec raison ce que Jésus dit aux Samaritains, qu'ils adorent ce qu'ils ne connaissent pas ! car s'ils connaissaient comme il faut la puissance infinie de Dieu, à laquelle on ne saurait résister ; son incompréhensible sagesse, à laquelle on ne peut rien cacher ; sa justice très rigoureuse, qui ne laissera aucun péché impuni, il n'y a point de doute qu'ils vivraient et se comporteraient bien autrement qu'ils ne font.
Demandez donc à Dieu la lumière pour le bien connaître de la manière dont il veut être connu de vous, et la grâce de faire un bon usage de cette connaissance.

II. Considérez que ce défaut de connaissance de Dieu qui se trouve dans les chrétiens, provient ordinairement d'un défaut d'attention aux choses de Dieu : on applique tellement son esprit et ses pensées aux choses extérieures, qu'on ne pense presque point à Dieu, ou si on y pense, ce n'est que superficiellement et sans vouloir sérieusement entrer dans les vérités que la foi nous enseigne.
Oh ! que c'était avec raison qu'un prophète disait que la désolation inondait la terre, parce qu'il n'y avait personne qui rentrât en soi-même, et qui appliquât son esprit à penser sérieusement à Dieu !
Voyez si votre âme n'est point comme une terre désolée, à cause de votre peu de récollection intérieure ; et si cela est ainsi, apportez-y le remède.

III. Considérez qu'il y a encore une autre cause d'où provient le défaut de connaissance de Dieu ; c'est la corruption des mœurs et le mauvais ordre de la vie : car le péché obscurcit l'entendement et le remplit de ténèbres ; en sorte que bien que le pécheur ne perde pas la foi, cette foi néanmoins est comme morte en lui : c'est une lampe qui est sous un boisseau, et ainsi il ne faut pas s'étonner si, demeurant dans les ténèbres, il ne reconnaît pas la lumière.
Ôtez donc de votre âme, non-seulement ces ténèbres épaisses du péché mortel, mais même ne permettez point que les moindres nuages du péché véniel y demeurent ; étudiez-vous à conserver votre cœur dans la pureté, et souvenez-vous que Jésus-Christ a dit : Bienheureux sont ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu.


PRATIQUES

La connaissance de Dieu nous rend savants et éclairés.
La connaissance de nous-mêmes nous rend humbles ; demandez l'une et l'autre, et profitez-en.


(Méditation tirée de La Couronne de l'Année Chrétienne)



Reportez-vous à Je vous ai dit ces choses, afin que lorsqu'elles arriveront, vous vous souveniez que je vous les ai préditesMéditation pour la Fête de l'Ascension, Instruction sur la Fête de l'Ascension, Méditation pour le Jour de l'Ascension de Notre-Seigneur, Le Seigneur Jésus fut élevé dans le ciel, et il est maintenant assis à la droite de Dieu, Les Apôtres et les Disciples ayant adoré Jésus-Christ, s'en retournèrent remplis de joie à Jérusalem, Quand le Consolateur que je vous enverrai de la part de mon Père, l'Esprit de vérité qui procède de mon Père, sera venu, il rendra témoignage de moi, Et vous aussi, qui avez été dès le commencement en ma compagnie, vous rendrez témoignage de moi, Je vous ai dit toutes ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez point, Un temps viendra où quiconque vous fera mourir, pensera faire un sacrifice à Dieu, Méditation pour le Lundi d'après l'Ascension, Méditation pour le Mardi d'après l'Ascension : Jour de recueillement, Méditation pour le Mercredi d'après l'Ascension, Méditation pour le Jeudi d'après l'Ascension, Instruction sur le Saint-Esprit, Mission du Saint-Esprit, Instruction sur la Fête de la Pentecôte, Méditation sur la Fête de la Pentecôte : ils furent tous remplis du Saint-Esprit Méditation pour la veille de la Pentecôte, Méditation pour le Jour de la Pentecôte, Preuves directes de la divinité du Saint-Esprit : noms, attributs et œuvres, Le Dogme de l'unité de Dieu et de la Sainte Trinité, Preuves directes de la Trinité et de la divinité du Saint-Esprit, Le Saint-Esprit dans l'Ancien Testament, promis et figuré, Le Saint-Esprit prédit, Le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament, première création : La Sainte Vierge Marie, Seconde création du Saint-Esprit : Notre Seigneur Jésus-Christ, Troisième création du Saint-Esprit : l’Église, Méditation pour le Dimanche de la Sainte Trinité, Neuvaine préparatoire à la Fête de la Pentecôte : Prière pour demander les sept Dons du Saint-Esprit, Méditation pour le Mercredi après la Pentecôte, Méditation pour le Mardi après la Pentecôte, Méditation pour le Lundi de Pentecôte, XIe Dimanche après la Pentecôte : Réflexions pratiques, Accueillir le Saint Esprit de Dieu, Litanie du Saint-Esprit, Catéchisme, Leçon II : De la Trinité, Leçon VI : Du Saint-Esprit, et Leçon XXIII : De la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres.