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dimanche 12 juillet 2020

Du monde


Saint Benoît dans la grotte,
après avoir quitté le monde
Qu'est-ce que le monde ? et que doit-il être à un chrétien ? Deux questions bien intéressantes pour quiconque veut être tout à fait à Dieu, et mettre son salut en sûreté.
Qu'est-ce que le monde ? C'est l'ennemi de Jésus-Christ, c'est l'ennemi de l'Évangile. C'est cet assemblage de personnes qui, attachées aux choses sensibles et y mettant leur bonheur, ont en horreur la pauvreté, les souffrances, les humiliations, et les regardent comme les véritables maux qu'il faut fuir, et dont il faut se garantir à quelque prix que ce soit ; qui font au contraire le plus grand cas des richesses, des plaisirs, des honneurs ; qui les tiennent pour les véritables biens ; qui les désirent, qui les poursuivent avec une ardeur extrême, sans aucun choix dans les moyens ; qui se les disputent, se les envient, se les arrachent les une aux autres ; qui ne se considèrent ou ne se méprisent mutuellement qu'autant qu'elles en ont ; qui fondent, en un mot, sur l'acquisition et la jouissance de ces biens tous leurs principes, toute leur morale, tout le plan de leur conduite. L'esprit du monde est donc évidemment opposé à l'esprit de Jésus-Christ et de l'Évangile. Jésus Christ et le monde se condamnent, se réprouvent réciproquement. Jésus-Christ, dans sa prière pour ses élus, déclare qu'il ne prie pas pour le monde ; il annonce à ses Apôtres et, dans leur personne, à tous les chrétiens, que le monde les haïra, les persécutera, comme il l'a haï et persécuté lui-même. Il veut qu'à leur tour ils fassent une guerre continuelle au monde.
Dans les premiers siècles de l'Église, où presque tous les chrétiens étaient des Saints, et le reste des hommes plongé dans l'idolâtrie, il était aisé de faire le discernement du monde, et de connaître ceux qu'on pouvait fréquenter, et ceux qu'on devait éviter. Le monde, ouvertement déchaîné alors contre Jésus-Christ, se distinguait à des marques non équivoques. Depuis que des nations entières ont embrassé l'Évangile, et que le relâchement s'est introduit parmi les chrétiens, il s'est formé peu à peu au milieu d'eux un monde où règnent tous les vices de l'idolâtrie, un monde avide d'honneurs, de plaisirs et de richesses ; un monde dont les maximes combattent directement les maximes de Jésus-Christ. Mais, comme ce monde professe extérieurement le christianisme, le discernement en est devenu plus difficile. Le commerce en est devenu aussi plus dangereux, parce qu'il déguise sa mauvaise doctrine avec plus d'adresse, qu'il la sème avec plus de ménagement, qu'il met en usage toute sa subtilité pour la concilier avec la doctrine chrétienne, et que, dans ce dessein, il affaiblit, il adoucit tant qu'il peut la sainte rigueur de l'Évangile ; et, d'un autre côté, il cache avec soin tout le venin de sa morale. De là un danger de séduction d'autant plus grand qu'on ne l'aperçoit pas, et qu'on n'est pas en garde contre lui ; de là un certain esprit de composition et d'accommodement, par lequel on tâche d'accorder la sévérité chrétienne avec les maximes du siècle sur l'ambition, sur la cupidité, sur la jouissance des plaisirs : accord impossible, tempéraments qui aboutissent à flatter la nature, à altérer la sainteté chrétienne, et à former de fausses consciences. On ne saurait croire jusqu'où va ce désordre, même parmi les personnes qui se piquent de piété et de dévotion : désordre, en un sens, plus difficile à corriger que celui qui résulte d'une conduite ouvertement mondaine et criminelle, parce qu'on n'en veut pas convenir, et qu'on se fait illusion sur ce point.
Si l'on veut vivre ici-bas sans participer à la corruption du siècle, il n'y a qu'un parti à prendre, qui est de rompre absolument avec le monde par le cœur, et d'entrer dans les sentiments de saint Paul, qui disait : Le monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour le monde. Oh ! les belles paroles ! et que le sens qu'elles renferment est profond ! La croix était autrefois le supplice le plus infâme, le supplice des esclaves. Lors donc que l'Apôtre dit que le monde est crucifié pour lui, c'est comme s'il disait : J'ai pour le monde le même mépris, la même aversion, la même horreur que pour un vil esclave mis en croix pour ses crimes : je ne puis en soutenir la vue, il est pour moi un objet de malédiction, avec lequel toute liaison, tout commerce, tout rapport m'est interdit.
Il n'y a rien d'outré, rien que de juste et de légitime dans ce sentiment de saint Paul, qui doit être celui de tout chrétien ; et la raison en est évidente : le monde a crucifié Jésus-Christ, après l'avoir calomnié, insulté, outragé ; il le crucifie encore tous les jours ; il est donc juste que le monde à son tour soit crucifié pour le disciple de Jésus-Christ ; il est juste que le disciple ait en horreur l'ennemi capital de son maître, de son Sauveur, de son Dieu. Aussi le renoncement au monde est-il une des promesses les plus solennelles du baptême, une condition essentielle sans laquelle l'Église ne nous eût pas admis parmi ses enfants. Pense-t-on à cette promesse ? Pense-t-on aux obligations qu'elle renferme ? Examine-t-on jusqu'où doit aller ce renoncement ? Le renoncement du chrétien à l'égard du monde doit aller aussi loin que le renoncement du monde à l'égard de Jésus-Christ. Cette règle est claire, et l'on ne saurait se tromper à cette mesure. Il n'y a plus qu'à en faire l'application, et à la faire dans toute son étendue. Le monde a son évangile ; il n'y a qu'à le prendre d'une main, et l'Évangile de Jésus-Christ de l'autre ; il n'y a qu'à comparer sur les mêmes objets leur doctrine et leurs exemples ; il n'y a qu'à opposer Jésus-Christ en croix, dans la souffrance, dans l'opprobre, dans la nudité, au monde entouré et enivré d'honneurs, de richesses et de plaisirs, et se dire à soi-même : À qui suis-je ? À qui veux-je être ? Voilà deux ennemis irréconciliables qui se font la plus cruelle guerre. Pour qui veux-je me déclarer ? Il m'est impossible d'être neutre, ou de prendre parti pour tous les deux. Si je choisis Jésus-Christ et sa croix, le monde me réprouve. Si je m'attache au monde et à ses pompes, Jésus-Christ me rejette et me condamne : y a-t-il à balancer ? Est-on chrétien si l'on hésite un instant ? Mais si l'on s'est rangé une fois sous l'étendard de la croix, n'est-il pas évident que le monde devient dès ce moment un ennemi avec lequel il ne faut plus faire ni paix ni trêve ? Que cela va loin, encore une fois ! et que les chrétiens seraient saints, s'ils étaient bien pénétrés de la grandeur de leurs engagements !
Il ne suffit pas que le monde soit crucifié pour nous, il faut consentir encore à être nous-mêmes crucifiés pour le monde ; c'est-à-dire que le monde nous crucifie comme il a crucifié Jésus-Christ, qu'il nous fasse la même guerre qu'il a faite à Jésus-Christ, qu'il nous poursuive, qu'il nous calomnie, qu'il nous outrage avec la même fureur ; qu'il nous ravisse enfin les biens, l'honneur, la vie même. Et non-seulement il faut consentir à tous ces sacrifices plutôt que de renoncer à la sainteté chrétienne, mais il faut s'en faire un sujet de joie et de triomphe. Il faut que le disciple se glorifie d'être traité comme son maître : S'ils m'ont persécuté, disait Jésus-Christ à ses Apôtres, ils vous persécuteront aussi. La chose est immanquable. Le monde ne serait pas ce qu'il est, ou les chrétiens ne seraient pas ce qu'ils doivent être, s'ils échappaient à la persécution du monde.
Nous cherchons souvent à nous rassurer sur notre état ; nous voudrions savoir si nous sommes agréables à Dieu, si Jésus-Christ nous reconnaît pour les siens. Voici un moyen bien propre à nous éclairer, et à fixer toutes nos inquiétudes : voyons si le monde nous estime, nous considère ; s'il parle bien de nous, s'il nous recherche. Si cela est, nous ne sommes point à Jésus-Christ. Au contraire, s'il nous censure, s'il nous raille, s'il nous calomnie, s'il nous fuit, s'il nous méprise et nous hait, oh ! le grand motif de consolation ! oh ! la grande raison de croire que nous appartenons à Jésus-Christ !
Voyons donc une bonne fois devant Dieu ce que le monde est par rapport à nous, et ce que nous sommes par rapport au monde. Sondons nos dispositions intérieures, étudions les sentiments les plus profonds de notre cœur : nous y trouverons sûrement de quoi nous humilier et nous confondre ; nous trouverons que les maximes du monde ont laissé de profondes traces dans notre esprit, et qu'en bien des rencontres délicates nos jugements se rapprochent encore des siens ; nous trouverons que nous sommes jaloux de son estime, et que nous redoutons ses mépris ; que nous sommes bien aises de cultiver et d'entretenir certaines liaisons, et que nous verrions avec peine qu'on se retirât de nous ; que nous avons, en plusieurs occasions, des ménagements, des égards, des respects humains qui nous gênent, nous resserrent et nous tiennent dans une espèce de contrainte et de dissimulation. Nous trouverons, en un mot, que nous ne sommes pas assez déclarés pour Jésus-Christ et contre le monde.
Mais ne nous décourageons pas : triompher pleinement du monde, le braver, le mépriser, trouver bon qu'à son tour il nous brave et nous méprise, n'est pas l'ouvrage d'un moment. Exerçons-nous dans les petites occasions qui se présentent : si Dieu nous aime, il ne nous en laissera jamais manquer ; et, par les petites victoires, préparons-nous aux grands combats. Rappelons-nous au besoin ces paroles de Jésus-Christ : Ayez confiance, j'ai vaincu le monde. Prions-le qu'il nous aide à le vaincre, ou plutôt qu'il le vainque lui-même en nous, et qu'il détruise dans notre cœur le règne du monde, pour y établir le sien.


(Extrait du Manuel des âmes intérieures)


Reportez-vous à Du cœur humainSur les trois mots qui furent dits à saint Arsène : Fuyez, taisez-vous, reposez-vous, Faiblesse et corruption du cœur humain, De l'amour du prochain, De l'esprit de Foi, Du directeur, De la fidélité aux petites choses, Aveuglement de l'homme, Remèdes à l'amour-propre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'emploi du temps, Ce que Dieu nous demande, et ce qu'il faut demander à Dieu, Commerce : Image de la vie spirituelle, De la liberté des enfants de Dieu, Instruction sur la Grâce, Instruction sur la Prière, Sur la sainteté, De la Crainte de Dieu, Conduite de Dieu sur l'âme, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Litanies de l'amour de DieuSoupir d'amour vers Jésus, Prière de Sainte Gertrude, Élan d'amour, Prière, Acte d'amour parfait, de Sainte Thérèse d'Avila, Prière de Saint Augustin, pour demander l'amour divin, Motifs et marques de l'amour de Dieu, De l'amour parfait, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Se conformer en tout à la volonté de Dieu, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Instruction sur la Charité, Méditation sur l'excellence de la Charité, Prière pour demander la charité, De la force en soi-même et de la force en Dieu, De la consommation en la Grâce, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la croix, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, De la Simplicité, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des Vertus, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De l'Union avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Le Paradis de la Terre, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la paix du cœur, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la véritable Sagesse, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Avis important pour ceux qui ont des peines d'esprit, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Sur la vie nouvelle en Jésus-Christ, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la vie parfaite, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Des moyens de parvenir à la vraie et solide vertu, Idée de la vraie Vertu, De la vraie et solide dévotion, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir, Pour bien faire l'oraison et pour en tirer le fruit qu'on a lieu d'en attendre, En quelque état que vous soyez, rendez respectable, par vos sentiments et votre conduite, votre titre de Chrétienne, En quoi consiste l'exercice de la présence de Dieu, De la doctrine de Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Des Conseils Évangéliques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin.
















mardi 2 juin 2020

LA CONFESSION : QUALITÉS QU'ELLE DOIT AVOIR




LA CONFESSION


QUALITÉS QU'ELLE DOIT AVOIR



Les qualités requises pour une bonne confession peuvent se réduire à trois : L'intégrité, la sincérité, et la simplicité.
L'intégrité consiste à se confesser et du nombre de ses péchés, et de toutes les circonstances qui changent l'espèce du péché : car tout cela doit diriger le ministre dans le jugement qu'il forme de la conscience d'un pécheur. Pour ce qui est du nombre, il faut le déclarer à peu près comme on le pense, après un sérieux examen, en ajoutant ces paroles : plus ou moins. Si l'on a été dans une longue habitude, on marque le temps qu'elle a duré, et combien on y tombait de fois par semaine. Quant à ce qui regarde les circonstances, on doit les déclarer, lorsqu'elles changent l'espèce du péché, ou qu'elles en augmentent la malice. Car vous devez vous faire connaître aussi criminel que vous l'êtes : or, vous l'êtes plus ou moins, selon la sainteté du lieu où vous avez péché ; selon votre caractère, ou le caractère de la personne à l'égard de qui vous avez péché ; selon la connaissance et la volonté délibérée, avec laquelle vous avez péché ; selon les motifs que vous vous êtes proposés en péchant, ambition, haine, vengeance ; selon les suites et les pernicieux effets que vous avez causés, scandales, dommages ; selon les moyens que vous avez employés, mensonges, calomnies, violences. Au reste, le défaut d'intégrité ne rend point la confession nulle ou sacrilège, si l'oubli est involontaire ; car dès-lors les péchés sont pardonnés : reste seulement l'obligation de les confesser, lorsqu'ils reviendront à la mémoire, dans les confessions suivantes.
La sincérité vous oblige, dans l'aveu que vous faites de vos fautes, à n'en retenir aucune volontairement ; ce qui serait mentir au Saint-Esprit. Pour vous précautionner contre cette malheureuse honte, dont il n'y a qu'un esprit faible qui soit capable, et qui peut être la source de bien des sacrilèges, faites les considérations suivantes. La personne à qui vous vous confessez est un homme sujet aux mêmes faiblesses, ou à d'autres aussi grandes : si c'est un homme de bien, il ne l'a peut-être pas toujours été, et dès-lors il sait le besoin qu'il eut autrefois lui-même de compassion : s'il l'a toujours été, l'esprit de Dieu, dont il est rempli, ne lui peut inspirer que bonté et miséricorde. C'est un homme accoutumé à entendre des pécheurs, pour qui par conséquent il n'y a rien de nouveau et d'extraordinaire ; un homme qui, sachant la faiblesse qui entraîne dans le péché, et la honte qu'on éprouve lorsqu'il faut accuser une faute, admirera plus la force de la grâce dans votre aveu, qu'il ne sera indigné de votre fragilité. Le ministre même de la pénitence peut assurer que, si quelque chose est propre à lui inspirer de l'affection pour un pénitent, c'est que celui-ci le juge capable d'une confidence, que longtemps il n'a pas eu le courage de faire à tout autre. Enfin, c'est un homme obligé au secret par toutes les lois naturelles, divines et humaines ; sans que jamais nulle raison, ni de près, ni de loin, puisse l'autoriser à manifester la moindre de vos fautes. D'ailleurs, qu'on exagère tant qu'on voudra la peine de se confesser, celle où jette le parti contraire est encore plus grande : en effet, quel état plus triste que celui d'une personne qui a encore de la religion, et qui cache ses fautes au sacré tribunal ? « Je suis mal avec Dieu, et je n'en puis douter. Voilà toutes mes confessions et mes communions, faites depuis ce jour-là, qui sont autant d'énormes sacrilèges, et toutes mes bonnes œuvres perdues. Encore si j'évitais la nécessité de confesser ce péché ; mais il faudra en venir là ; et, outre l'embarras d'une revue de tant de temps, qu'aurai-je gagné, qu'une nouvelle honte ? car, et ce péché dissimulé, et tant d'autres que j'ai eu l'humiliation de dire, il faudra de nouveau les accuser tous ensemble. » Ne vaut-il pas mieux s'armer de courage, et secouer ce poids énorme, sous lequel on cache un triste désespoir ? Ah ! qu'on est alors soulagé ! qu'on est bien dédommagé de sa peine ! on ne craint plus rien ; on n'a plus à revenir sur le passé. Tous ceux qui en ont fait l'expérience en conviennent.
La simplicité de la confession n'est autre chose que l'attention à retrancher tout ce qui est inutile, et le soin de s'expliquer nettement, dans l'exposition de ses fautes. Point de ces longues narrations, où l'on perd le temps en de vains discours ; point de ces accusations qui intéressent la réputation du prochain ; point de ces déclarations ambiguës, où l'on enveloppe et l'on adoucit son péché. Ne nommer ni ne désigner personne, sans nécessité ou utilité ; parler ingénument, n'ajouter, ne retrancher rien ; accuser comme certain, ce qui est certain, et confesser comme douteux, ce qui est douteux ; enfin, répondre avec beaucoup de simplicité à toutes les interrogations d'un confesseur sage et discret : telle a toujours été la disposition des saints, et c'est aussi la voie la plus sûre pour acquérir une paix véritable.
Ici il faut résoudre une question importante, pour les âmes timorées, à cause des suites d'une pénible perplexité.
Si elles n'accusaient que des fautes légères, sans avoir regret d'aucune de ces fautes, qu'arriverait-il ? Elles rendraient le sacrement nul, faute de matière sur laquelle tombât l'absolution ; et il n'y aurait que la bonne foi avec laquelle elles se confesseraient, qui pût empêcher le sacrilège. Or, pour obvier aux scrupules que ceci pourrait faire naître, dans le doute si on a eu la contrition des fautes légères, les docteurs et les maîtres de la vie spirituelle conseillent de ne manquer jamais d'accuser en général, ou, si l'on veut, en particulier, à la fin des confessions ordinaires, quelque faute grave de la vie passée, dont on puisse être comme certain d'avoir un vrai regret, avec une résolution forte et déterminée de ne jamais y retomber. Ces péchés déjà confessés, sans être une matière nécessaire, sont toujours une matière suffisante de l'absolution ; ou, si l'on aime mieux, l'absolution présente est une confirmation de la première absolution qu'on a reçue. Mais il faut faire, sur cette accusation des fautes graves déjà confessées, trois remarques qui méritent attention.
La première, que nous venons d'indiquer, c'est qu'il n'en faut point confesser de la sorte, qu'on ne puisse vraisemblablement s'assurer qu'on en est repentant ; ainsi les péchés les plus graves, et ceux dont le souvenir cause plus de peine et de confusion, sont ordinairement ceux qu'il faut confesser.
La deuxième, qu'il est bon de s'accuser tantôt des uns, tantôt des autres. Par ce moyen, dans l'espace d'une année, après plusieurs confessions, on aura fait comme une revue de toute la vie, et on en aura moins de besoin dans des temps de maladie, et aux approches de la mort.
La troisième, qu'il ne faut pas que ces accusations du passé empêchent de s'exciter, autant qu'il se peut, à la douleur des péchés présents ; car on doit toujours se souvenir que les péchés, dont on n'a pas un regret proportionné à leur nature et à leur matière, ne sauraient être pardonnés, même dans le sacrement ; de sorte que le sacrement se trouverait sans effet, à l'égard de tous les péchés commis depuis peu, que l'on doit principalement avoir en vue, quand on vient souvent à confesse, afin de s'en repentir et de s'en corriger.


(Extrait de Manuel du Pénitent ou conduite pour la Contrition)



Reportez-vous à Litanies de l'âme pénitente, La satisfactionLe ferme propos, Moyens d'acquérir l'amour de Dieu, Quels moyens prendrez-vous pour acquérir, conserver et augmenter en vous l'amour de Dieu ?, Première Condition que doit avoir la Contrition, soit parfaite, soit imparfaite : Intérieure, Deuxième Condition que doit avoir la Contrition, soit parfaite, soit imparfaite : Surnaturelle, Troisième Condition que doit avoir la Contrition, soit parfaite, soit imparfaite : Souveraine, Quatrième Condition que doit avoir la Contrition, soit parfaite, soit imparfaite : Universelle, Méditation sur la pénitence du cœur, Première Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Acte de Foi, Deuxième Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Sentiments de Crainte de Dieu, Troisième Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Sentiments de Confiance en Dieu, Quatrième Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Acte d'Amour de Dieu, Cinquième Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Détestation du péché, Sixième Disposition pour recevoir la grâce de la Justification : Résolution de devenir meilleur, Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (1/6), Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (2/6), Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (3/6), Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (4/6), Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (5/6), Troisième Motif de Contrition : La Bonté de Dieu (6/6), Conduite pour la Contrition, Premier Motif de Contrition : La Majesté de Dieu, Deuxième Motif de Contrition : La Justice de Dieu, Instruction sur la Contrition, Prière pour obtenir de Dieu miséricorde, Instruction sur la Grâce, De l'examen de conscience, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Cinq points dans l'examen général de la conscience, Trois temps pour l'examen particulier, Prière à Saint Louis de Gonzague pour demander la contrition, Bien choisir le sujet sur lequel on doit faire l’examen particulier, Combien l'examen de notre conscience est important, Méditation pour la Fête de Sainte Marie-Madeleine, Prière pour obtenir la persévérance dans le jeûne et la pénitence, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur le souvenir des jours que l'on a passé dans l'oubli de Dieu et de ses devoirs, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Méditation sur la pénitence du cœur, Psaumes de la Pénitence, Méditation sur la mort dans le péché, Méditation sur la confiance qu'un Chrétien doit avoir en la miséricorde de Dieu, Hymne du Carême, Méditation sur la réparation du péché, Méditation sur l'expiation du péché, Méditation sur la miséricorde de Dieu, Exercice pour la confession, Litanies de Sainte Marie-Madeleine, Méditation sur la promptitude et la vivacité de la vraie pénitence, Méditation sur la vraie pénitence, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur la confession, Réponse à quelques doutes touchant la Pénitence, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Qu'il est très-utile d'ajouter quelques pénitences à l'examen particulier, Les peines du Purgatoire conformes aux fautes commises La conversion renvoyée au soir de la vie conduit l'âme à la cruelle faim du Purgatoire, Troisième méditation de préparation à la mort : Que me présenteront le passé, le présent et l'avenir ?, Instruction sur la Prière, Explication du premier commandement de Dieu, Explication du deuxième commandement de Dieu, Explication du quatrième commandement de Dieu, et Explication du cinquième commandement de Dieu.
















lundi 16 mars 2020

Nous sommes des grands blessés




Il nous est loisible à présent de nous adonner à la connaissance de nos misères. Il y a d’abord celles qui dérivent en ligne directe du péché originel. Ce péché a laissé dans notre être de nature des BLESSURES profondes. Considérons-les l’une après l’autre. Plus nous les connaîtrons, plus nous aurons à cœur de leur appliquer les REMÈDES de l’ascèse chrétienne.

Continuons d’invoquer l’Esprit-Saint et son Épouse immaculée. En raison même de sa préservation du péché originel, Marie – bien plus profondément que nous – est capable de comprendre notre misère morale ; et toute sa maternelle compassion ne demande qu’à nous secourir.


Les BLESSURES du péché originel


Adam, dans l’état d’innocence, ne possédait pas seulement la grâce sanctifiante en son âme ; il jouissait encore, par surcroît, de privilèges magnifiques qui perfectionnaient sa nature et le rendaient plus apte à vivre avec sécurité et joie son rôle de chef du genre humain.

Ces privilèges – dons absolument gratuits – étaient la science infuse, qui le rapprochait des anges ; la maîtrise des passions, c’est-à-dire l’exemption de la concupiscence ou l’inclination au mal ; l’impassibilité, c’est-à-dire l’exclusion de la maladie et de toute souffrance ; l’immortalité, c’est-à-dire l’exemption de la mort corporelle. Le temps de l’épreuve écoulé, Adam devait passer sans heurt du paradis terrestre au paradis céleste. Mais, par sa désobéissance grave, il perdit d’un seul coup et la grâce sanctifiante et tous les privilèges que Dieu lui avait accordés.

Le sacrement de baptême nous rend la grâce sanctifiante avec le droit au bonheur du Ciel ; il ne nous restitue pas les dons préternaturels qui l’accompagnaient. Nous demeurons ainsi dans un état de déchéance, de disgrâce, d’appauvrissement, subissant dans notre nature ce qu’on appelle les blessures du péché originel : l’ignorance, la concupiscence, la souffrance et la mort.

Dans notre intelligence, l’ignorance a remplacé la science infuse. Le premier homme avait reçu de Dieu la révélation des vérités surnaturelles que comportait son état de justice, ainsi qu’un ensemble de connaissances sur les choses nécessaires à la vie, en raison de sa condition de chef et d’éducateur du genre humain. Cette science ayant été perdue, nous devons y remédier par la science acquise. Nous ignorons tout en venant au monde : notre intelligence est aussi nue qu’une plaque de marbre bien lisse où rien n’est gravé, ou qu’un panneau uni sur lequel il n’y a rien de peint. Tout devra commencer par nous venir des sens, et durant notre vie entière il nous faudra apprendre.

Un dur et continuel labeur s’impose, car l’ignorance, surtout celle des vérités importantes pour la direction de notre vie morale et de notre vie spirituelle, n’est pas facilement vaincue. C’est un fait que le plus grand nombre des baptisés se montre rétif à entretenir et développer en eux les enseignements du catéchisme ; On se contente de peu, on ne comprend pas qu’il ne faudrait jamais de déshabituer de l’étude des vérités révélées. Aussi, que de déficiences, que de lacunes, que d’erreurs dans les esprits en matière religieuse !

Même chez ceux qui se portent résolument vers la connaissance de Dieu et des choses divines, qui s’appliquent à réduire autant que possible l’ignorance native par l’intelligence des mystères de la foi et par les clartés provenant des dons du Saint-Esprit, une très grande part d’obscurité demeure. Ils n’avancent qu’à tâtons vers la pleine lumière réservée à la gloire, sachant bien qu’ils se livrent à l’étude d’une science sans fin, mais qui fait leur béatitude ici-bas. « Ô Seigneur, suppliait saint Augustin, que vos Écritures soient toujours mes chastes délices. Que je boive de vos eaux salutaires, depuis le commencement du Livre sacré où l’on voit la création du ciel et de la terre jusqu’à la fin où l’on contemple la consommation du Règne perpétuel de votre Cité sainte ». Saint Augustin était pourtant un grand génie. Que penser alors de nous-mêmes et de nos ignorances humiliantes.

Avec la science infuse, le péché originel nous a fait perdre également la maîtrise de nos passions. La volonté d’Adam innocent, spécialement fortifié par la grâce, maintenait facilement l’ordre parmi les tendances des facultés inférieures. « Telle était la puissance de l’image de Dieu en l’âme, écrit Bossuet, qu’elle tenait tout dans le respect ». Le corps était soumis à l’âme, comme l’âme était soumise à Dieu.

La grâce disparaissant, la maîtrise des passions disparut avec elle. Nos facultés sensitives réclament, impérieusement parfois, leur satisfactions. Nos sens extérieurs, nos regards, par exemple, se portent avec avidité vers ce qui flatte la curiosité ; nos oreilles écoutent avec empressement les nouvelles qui se présentent ; notre toucher recherche les sensations agréables, et cela bien souvent au-delà des limites permises par la loi morale. Il en est de même de nos sens intérieurs : l’imagination nous représente toutes sortes de scènes plus ou moins sensuelles ; la sensibilité convoite des jouissances inférieures ; Tous ces sujets révoltés essaient d’entraîner le consentement de la volonté. C’est la tyrannie de la CONCUPISCENCE, l’inclination violente vers le mal, l’attrait désordonné vers le plaisir défendu.

Assurément, la volonté peut résister ; mais elle-même se ressent de la désobéissance de notre premier père. Elle a peine à se soumettre à Dieu et à ses représentants sur la terre. Elle a des prétentions à l’indépendance : volontiers elle croit pouvoir se suffire ; Aussi, que d’efforts lui faut-il pour vaincre les obstacles qui s’opposent à la réalisation du bien. Que de faiblesse, que d’inconstance dans ces efforts ! Que de fois elle se laisse entraîner par le sentiment et les passions !

Saint Paul (Rom. VII, 19-25) a décrit, en termes frappants, cette déplorable faiblesse : « Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas… Car je vois dans mes membres une autre loi qui lutte contre la loi de la raison, et qui me rend captif de la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis. Qui me délivrera de ce corps de mort ?… (Voir Tanquerey, Précis de théologie ascétique et mystique, N° 74 et 75) ». C’est la lutte de la chair contre l’esprit. Tout fils d’Adam l’expérimente à vif dans son âme. La grâce baptismale, se développant dans une vie chrétienne vraiment vertueuse, corrige, atténue cette propension au péché ; elle ne la guérit jamais entièrement. La maîtrise d’eux-mêmes, presque sans défaillance, que nous admirons chez les saints, est le résultat de luttes héroïques et de patients efforts, soutenus par une grâce puissante.

Quant aux deux autres blessures du péché originel, la souffrance et la mort, elles demeurent inéluctables et implacables pour tous. Il nous faut manger notre pain à la sueur de notre front, exposés aux maladies et infirmités de touts sorte ; en attendant de retourner un jour à la terre dont nous avons été pris. Mais ici encore, avec la grâce rédemptrice mise à profit, nous pouvons sanctifier la souffrance et adoucir ce que la mort comporte d’effrayant et de cruel. Rappelons-nous ce que dit le Père de Montfort au sujet de la mort des fidèles esclaves de Marie : elle est douce et tranquille, la Vierge y assiste ordinairement pour les conduire elle-même dans les joies de l’éternité (VD, n° 200).

LES REMÈDES de l’ascèse chrétienne. Connaissant les blessures que nous portons en notre nature humaine, il nous faut non seulement croire au dogme du péché originel, mais en conséquence entretenir en nous d’une manière habituelle une grande humilité d’esprit. Cette humilité sera le premier remède à notre misère native : on ne conçoit pas des êtres déchus qui s’exaltent.

Sans doute, notre nature n’est pas corrompue en elle-même. Les expressions, souvent fortes, de la tradition chrétienne sur la déchéance originelle, doivent s’entendre de l’homme par rapport à sa condition première, non de la nature considérée en elle-même. Celle-ci, même après le péché, n’est pas intrinsèquement mauvaise ; elle garde son libre arbitre, elle est encore capable de quelque bien dans son ordre. Il reste cependant que nous sommes des êtres affaiblis, appauvris, dégradés, défigurés, privés de dons magnifiques : la nature était faite pour la grâce. Qui dit privation dit une chose qui manque, alors qu’elle devrait être ; et, par là même, c’est un mal, c’est un désordre qu’elle manque. C’est un désordre devant Dieu, c’est le désordre du péché originel entraînant toutes les suites que nous avons signalées (Voir Ecclesia (Boud et Gay, 1929), p. 119, 2e colonne). Bien que, personnellement, nous n’en soyons pas coupables, nous devons nous en humilier. C’est l’attitude qui nous convient : elle va nous aider maintenant à mieux connaître les tendances mauvaises qui prédominent en nous et s’opposent à l’acquisition des vertus. Elles sont la cause la plus fréquente de nos péchés actuels.

Ces tendances, appelées communément défauts dominants, ne sont pas autre chose que l’attache à soi-même, enracinée plus fortement dans l’une ou l’autre des trois grandes convoitises qui nous entraînent vers le mal : l’orgueil, la convoitise de la chair et celle des yeux. Il importe de bien les connaître, afin d’être à même de les mieux combattre (Voir Tanquerey, ouvrage cité, n° 818 et suivants).

L’orgueil nous entraîne vers un amour excessif de notre personne. Cet amour se manifeste de plusieurs manières : sous forme d’égoïsme, ou de vanité, ou de présomption, ou encore d’ambition avec désir de dominer.

Certaines natures offrent un égoïsme très accentué, toujours prêt à se montrer : soi d’abord. On ramène tout à soi, on ne se préoccupe et on ne s’inquiète que de soi, on s’enferme en soi comme si on se faisait son centre. On ne pense pas aux autres, on ne s’intéresse pas à eux, on ne sympathise pas. Ce défaut fait beaucoup souffrir l’entourage. Vous ne pouvez rien dire, ni une peine, ni une joie, ni évoquer un souvenir ou raconter vos impressions, sans qu’aussitôt votre interlocuteur, n’en tenant aucun compte, vous ramène à ce que lui-même a vu, connu, éprouvé : moi ceci, moi cela… C’est toujours le moi mis en avant.

D’autres natures sont vaniteuses : elles recherchent l’estime, l’approbation, la louange. La vantardise ne les gêne pas : on parle de soi avec avantage, de son intelligence, de ses capacités, de ses talents, de son savoir-faire ; et aussi de sa famille, de ses relations, de ses succès qui ont toujours dépassé les succès des autres. On aime encore attirer sur soi l’attention par certaines manières d’agir, de se vêtir, de paraître, par un faste qu’on déploie à l’occasion, ou par des singularités qu’on se permet. Maigres satisfactions qui privent l’âme de beaucoup de mérites.

D’autres présentent le défaut de présomption : c’est une confiance illimitée en soi-même, en ses facultés naturelles, en sa science, en sa force, et même en ses vertus. D’où la tendance à s’élever au-dessus des autres, à vouloir faire des choses qui vous dépassent ; et plus encore à vouloir toujours avoir raison, à ne pas reconnaître ses torts, à ne pas tenir compte des avertissements reçus ; à ne pas plier, ne pas céder ; bien plus, à tenir tête envers et contre tout. Et devant une résistance, on s’emporte, on se fâche, on monte parfois jusqu’à la colère qui vous fait perdre le contrôle de vos facultés. Ce défaut, nous l’avons vu, était celui de l’apôtre Simon-Pierre, le chef du collège apostolique. Faute de le reconnaître, il s’est exposé à la tentation sans précautions ni garanties, et il est tombé dans un triple péché grave. Ajoutons, à sa louange, qu’après avoir reconnu et pleuré ses reniements, il est devenu le plus humble de tous, comme l’a témoigné sa mort en croix.

L’ambition et le désir de dominer dérivent de la même source. On aime et on recherche les honneurs, les dignités. On veut arriver aux premières charges ; et pour cela, on se montre flatteur, louangeur, cherchant les bonnes grâces de ceux qui sont haut placés. Quand, en fait, on y parvient, on ne craint pas, pour s’y maintenir, d’éloigner les personnes qui vous gênent et l’on s’entoure d’autres qui vous adulent. L’envie ou la jalousie entre alors en jeu envers quiconque exerce un ascendant, capable de renverser votre situation élevée ou de rivaliser avec les qualités brillantes qu’on admire en soi. On éprouve de la peine en entendant louer les autres ; on s’efforce d’atténuer ces éloges par des critiques malignes.

Tel est le triste étalage du défaut d’orgueil. Comme on le voit, il s’oppose en tout premier lieu à l’esprit d’humilité.

La convoitise de la chair nous porte à aimer le corps plus qu’il ne faut : c’est une tendance très prononcée à se rechercher dans les satisfactions qui l’affectent. Ceux en qui domine cette convoitise ont à lutter plus que d’autres contre la paresse, la gourmandise, et contre les affections sensibles. La paresse fait reculer devant tout effort corporel : le travail assidu, les corvées, les emplois qui réclament un courage persévérant. Par contre, elle se complaît dans ce qui favorise le repos du corps, son bien-être, comme le sommeil prolongé, les bains fréquents, l’usage des parfums, les vêtements légers, les promenades agréables, les visites sans raison. Cette paresse, si elle n’est combattue, expose à bien des tentations.

La gourmandise décèle un abus du plaisir légitime que Dieu a voulu attacher au manger et au boire : soit en prenant de la nourriture ou de la boisson sans besoin, en dehors des repas, pour le plaisir de se satisfaire ; soit en recherchant dans les repas ce qu’il y a de meilleur, les mets les mieux apprêtés, comme le font les gourmets ; soit en prenant une quantité trop grande d’aliments, au risque de compromettre sa santé (combien de maladies proviennent des excès de table !) ; soit encore en mangeant avec avidité, un peu comme les bêtes qui se précipitent sur ce qu’on leur donne. Que de fautes on commet ainsi contre la mortification.

Les affections ou amitiés sensibles, recherchées pour elles-mêmes, sans autre raison que la satisfaction du cœur, sont toujours dangereuses, car la limite est vite franchie, qui passe du sensible au sensuel, et du sensuel au charnel. On s’attache, on ne surveille pas son imagination, sa sensibilité, ses regards et surtout le sens du toucher. C’est le défaut dominant de certaines natures qui peuvent être très riches, mais qui sont en même temps très faibles. Il faut savoir y mettre ordre dès le commencement, sinon on court au-devant de chutes regrettables. Ces sortes d’affections ne sont permises qu’entre ceux qui ont la liberté et l’intention de s’unir dans l’état du mariage.

La convoitise des yeux incline à l’avarice, que nous entendons ici comme l’attache exagérée aux biens que l’on possède ou dont on peut disposer. On a tendance à garder jalousement son argent une fois acquis. On ne dépense qu’à regret, avec lésinerie. On refuse d’aider les siens, on ne donne rien ou presque rien aux pauvres, et aux bonnes œuvres. Au lieu d’économiser sagement, on capitalise outre mesure par peur de manquer et sans faire confiance au Père des Cieux qui veille sur nos besoins. Ainsi, petit à petit, les yeux se rivent à la terre, comme si on devait y demeurer toujours. Aimons donner, aimons faire l’aumône.

Tous ces défauts ne sont pas des péchés en eux-mêmes, mais ils nous font commettre quantité de fautes, fautes vénielles le plus souvent ; et dans la mesure où nous leur accordons satisfaction, ils se fortifient et deviennent de plus en plus exigeants. Ils peuvent alors nous entraîner aux péchés graves, et même se transformer en habitudes vicieuses tyrannisantes. C’est alors qu’aux suites du péché originel s’ajoutent les suites autrement accentuées des péchés personnels.

Le précepte évangélique du renoncement s’impose. Il nous faut, dit Montfort, « renoncer aux opérations des puissances de notre âme » (VD, n° 81). En ce qui concerne notre INTELLIGENCE, renoncer à ce mal qu’est l’ignorance religieuse. Appliquons-nous à connaître ce qui se rapporte à Dieu, notre fin dernière, et aux moyens de l’atteindre. Cette connaissance est primordiale : il serait déraisonnable de s’occuper des sciences humaines et de négliger celle du salut. Que de baptisés, très instruits dans telle ou telle branche du savoir humain, n’ont qu’une connaissance bien imparfaite des vérités chrétiennes.

Renoncer à cette vaine curiosité, qui recherche avant tout et d’une manière excessive les lectures qui plaisent, comme celles des romans, des journaux et de certaines revues à la mode où l’âme ne trouve rien qui puisse l’élever ou l’enrichir. On fait passer ainsi l’agréable avant l’utile et le nécessaire, on perd un temps précieux, on transforme ce qui devrait être moment de détente en une occupation creuse qui se prolonge et nuit grandement au bon emploi de la journée.

Renoncer aussi et surtout à cette particularité d’orgueil de l’esprit, qui prétend se suffire et s’incline difficilement devant les enseignements de la foi ou les directives du Magistère, comme aussi devant l’obéissance due aux Supérieurs. On raisonne, on critique, on tient à ses propres idées, on ne consulte pas l’autorité, on n’a confiance qu’en son jugement, on traite avec dédain les opinions des autres. On sème ainsi la division, au lieu d’entretenir la paix et la concorde.

En ce qui concerne la VOLONTÉ, qui est en nous la faculté maîtresse, la cause de nos mérites ou démérites, nous devons renoncer à suivre les exigences des facultés inférieures, afin de toujours soumettre parfaitement notre vouloir à celui de Dieu ; ce qui demande bien des sacrifices, en particulier le sacrifice de nos goûts, de nos caprices, de nos empressements naturels.

Renoncer à l’irréflexion qui nous fait suivre l’impulsion du moment, l’emportement ou encore la routine. On ne réfléchit pas avant d’agir, on ne se demande pas ce que Dieu réclame de nous.

Renoncer à la nonchalance, à l’indécision, au manque de ressort moral, toutes choses qui paralysent les forces de la volonté. Il importe d’acquérir, de développer les convictions de foi, qui stimulent notre vouloir et le déterminent à choisir ce qui est conforme au vouloir divin.

Renoncer à la peur de l’insuccès : elle est un manque de confiance, et par là même, elle diminue singulièrement nos forces. Il faut, au contraire, se souvenir qu’avec le secours de la grâce, on est sûr d’aboutir à de bons résultats.

Renoncer aussi à cette autre peur qu’est le respect humain : en craignant les critiques ou les railleries des autres, on s’appuie moins sur le jugement de Dieu, le seul qui compte : on affaiblit ainsi sa volonté.

Quant aux mauvais exemples, nous devons leur résister avec force, car ils nous entraînent d’autant plus facilement qu’ils correspondent à une propension de notre nature. Nous l’avons vu dans nos méditations des Jours préliminaires, c’est Notre-Seigneur que nous devons imiter, non pas le monde.

« Il faut de plus, nous dit Montfort, « renoncer aux opérations des sens de notre corps », c’est-à-dire qu’il nous faut voir comme si on ne voyait point, entendre comme si on n’entendait point, se servir des choses de ce monde comme si on ne s’en servait point » (VD, n° 81). C’est la doctrine de l’apôtre saint Paul dans sa première Épître aux Corinthiens (VII, 29-31).

Il va de soi que nous devons renoncer aux regards gravement coupables, ceux qui sont commandés par de mauvais désirs. Notre-Seigneur les réprouve énergiquement lorsqu’il dit : « Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit point jeté dans la géhenne » (Matth. V, 29). Ce qui ne veut pas dire qu’on doive se crever les yeux, mais qu’il faut savoir arracher son regard à la vue de personnes ou objets qui sont un sujet de scandale.

Mais nous devons encore renoncer aux regards simplement curieux : ils peuvent susciter des tentations ; ils sont toujours cause d’une foule de souvenirs et d’images qui dissipent l’âme, encombrent la mémoire et occasionnent la plupart de nos distractions dans la prière. Purifions nos regards en les reposant sur tout ce qui est de nature à élever notre âme et à nous faire bénir le Créateur.

En ce qui concerne les paroles contraires à la pureté ou à la charité, si nous ne pouvons éviter de les entendre, du moins ne les écoutons pas, ne leur prêtons pas une oreille attentive ; et surtout n’interrogeons pas pour entamer ou prolonger une conversation déjà mauvaise en soi. Il est bien rare que des conversations déshonnêtes ou contraires à la charité ne produisent pas des effets désastreux chez ceux qui les écoutent. Les premières allument des désirs mauvais et provoquent au péché ; les secondes entraînent à des bavardages qui nuisent à la réputation du prochain : on est tant porté à répéter ce qu’on a entendu. Aimons les entretiens qui sont lumière et bienveillance, en même temps que sage délassement.

Ainsi nous userons de ce monde comme n’en usant pas, sachant que tout y est passager, caduc, éphémère. C’est ce que saint Paul appelle mourir tous les jours ; Quotidie morior (I Cor. XV, 31). Jésus, recourant à une comparaison qui lui est familière, avait déjà dit : « Si le grain de froment ne tombe dans la terre pour y mourir, il reste seul, impuissant à se reproduire ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » (Jean, XIV, 24). Si nous ne mourons à nous-mêmes, explique Montfort, et si nos dévotions les plus saintes ne nous portent à cette mort nécessaire et féconde, nous ne porterons point de fruit qui vaille pour la vie éternelle, nos dévotions nous deviendront inutiles, toutes nos œuvres de justice seront souillées par notre amour-propre et par notre volonté, ce qui fera que Dieu aura en abomination les plus grands sacrifices et les meilleures actions que nous puissions faire. À notre mort, nous nous trouverons les mains vides de vertus et de mérites ; nous n’aurons pas une étincelle du pur amour, qui n’est communiqué qu’aux âmes mortes à elles-mêmes, dont la vie est cachée avec Jésus-Christ en Dieu (VD, n° 81).

Ayons donc le courage, avec la grâce divine, de ne point reculer devant l’austère précepte du renoncement à soi : il est la condition première et indispensable de notre marche à la suite du divin Maître. Mais, comme la grâce divine ne nous est donnée que par Marie, les méditations qui vont suivre – tout en continuant de nous découvrir nos misères – nous montreront quel puissant secours est la Très Sainte Vierge, si nous savons mettre à profit son rôle providentiel de Médiatrice. Loin de nous appuyer sur nos seuls efforts personnels, nous aurons à cœur de recourir continuellement à son aide et intercession. Ainsi, nous entretiendrons et développerons en nous la vertu d’humilité ; et Marie nous sera très présente pour fortifier notre volonté dans la lutte contre nous-mêmes et contre les ennemis qui s’opposent à notre avancement spirituel.

(Père Dayet, Exercices préparatoires à la consécration de Saint Louis-Marie de Montfort)


Lorsque ce pernicieux esprit du monde gouverne une âme, toute conversion semble impossible, la foi étant rejetée de ses derniers refuges. S’il n’y avait dans cette âme que des œuvres de péché, la grâce divine pourrait en triompher encore, car le sang du Christ efface les fautes ; mais il n’y a pas de place pour le repentir, puisque le péché n’est plus l’offense de Dieu et que toute croyance au dogme de la vie future s’est évanouie. Le mondain subit alors cet esclavage de l’esprit qui est le plus effroyable, il vit sous la tyrannie de l’erreur et du mensonge et, dans cette servitude, il n’a plus de goût que pour les choses de la chair (Rom. VIII, 5). Ainsi, dit saint Augustin, « l’homme qui devrait être spirituel, même dans la chair, est devenu charnel même dans l’esprit (De Civitate Dei, lib. XIV, cap. XV) ». (Père Dayet)

Regardons en haut, bien au-dessus des hommes et de nous-mêmes ! Regardons l’adorable et aimable Jésus, la Sagesse éternelle et incarnée, qui nous a rachetés au prix de tout son sang. Rendons-lui grâces de ce qu’il s’est anéanti lui-même, en prenant la forme d’un esclave, pour nous tirer du cruel esclavage du démon. Demandons-lui, par sa sainte Mère, la contrition et le pardon de nos fautes, et offrons-nous généreusement à tous les renoncements qu’exige notre divine appartenance. (Père Dayet)

Voilà le travail de notre purification première. Et cette purification doit être radicale. La tendance la plus funeste pour l’âme serait de vouloir concilier entre elles les choses les plus inconciliables : accommoder Jésus-Christ avec le monde, et s’engager dans une voie de perfection tout en conservant quelque affection pour le siècle. Il n’y a pas d’accord possible. Le choix de l’âme doit être définitif, son élection doit être sans retour. (Père Dayet)

Nos œuvres surnaturelles et méritoires sont tellement le bien de Notre-seigneur, que « Jésus a donné sa malédiction au figuier infructueux (Matth., XXI, 19) et porté condamnation contre le serviteur inutile (Matth., XXV, 24-30) qui n’avait pas fait valoir son talent » (VD, n° 68). L’arbre était le bien du Maître, ainsi que l’esclave et le talent donné ; le Maître était donc en droit d’attendre des fruits de son arbre et des revenus du travail de son esclave. S’il ne les recueille ni ne les perçoit, il se trouve frustré en rigueur de justice, et c’est pourquoi il maudit et il condamne.
« Tout cela, ajoute saint Louis-Marie de Montfort, nous prouve que Jésus-Christ veut recevoir quelques fruits de nos chétives personnes, savoir nos bonnes œuvres, parce que ces bonnes œuvres lui appartiennent uniquement (notre coopération à la grâce étant elle-même le résultat d’une grâce) : creati in operibus bonis in christo Jesu, nous avons été créés pour faire des bonnes œuvres en Jésus-Christ ». Notre régénération est, en effet, une création nouvelle dans le Christ, dont le but est de nous faire produire les œuvres nouvelles que Dieu attend de nous et qui sont en nous le fruit de sa grâce. Ainsi « Jésus-Christ est l’unique principe et doit être l’unique fin de toutes nos bonnes œuvres » (VD, n° 68). Nous lui appartenons entièrement. (Père Dayet)



Reportez-vous à Sur la vaine curiosité, L'inimitié entre Satan et Marie, La terre se couvrit de ronces et d'épines, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur le péché, Je comparerai mes péchés aux péchés d'Adam, et Grand Catéchisme historique, Leçon II : Du péché.














mardi 3 juillet 2018

Méditation sur l'inefficacité de nos prières


Vieille femme en prière (Nicolaes Maes)






1er point. Elle vient de ce que nous demandons à Dieu, 1°, des faveurs préjudiciables à notre salut. L'un lui demande la santé du corps pour vivre dans la mollesse et dans le désordre : l'autre, le succès d'une entreprise, formée par avarice ou par ambition ; et on ose lui faire de pareilles demandes au nom de Jésus-Christ, c'est-à-dire, qu'on veut que ce divin Sauveur se rende le médiateur de nos passions et de nos crimes.


2e point.
Elle vient encore de ce que nous demandons à Dieu, 2°, des faveurs inutiles à notre salut, c'est-à-dire, qui dans notre idée n'ont aucun rapport à notre salut. La règle est que nous devons chercher avant tout, le Royaume de Dieu et sa justice, et c'est toujours ce que nous demandons avec le plus de froideur et de négligence. Les biens temporels tiennent le premier rang dans nos prières ; nous imitons la folie d'un homme qui viendrait importuner le plus grand Roi du monde pour .des bagatelles, des riens, des objets tout-à-fait indignes d'un monarque puissant et magnifique. Ce que vous me demandez, disait autrefois un grand prince, est assez pour vous ; mais ce n'est pas assez pour moi. L'objet répond à la petitesse du sujet qui prie, mais il ne répond pas à la grandeur du maitre qui donne.



Reportez-vous à Prière pour demander la grâce de bien prier, Méditation sur les différentes manières de prier, Méditation sur le succès de nos prières, Méditation sur l'attention que l'on doit à Dieu dans la Prière, Méditation sur la nécessité de la Prière, Méditation sur les Prières des pécheurs, Méditation sur l'efficacité de la Prière, Méditation sur l'abandon de la prière, Méditation sur les Prières de Jésus-Christ, Méditation sur la présence de Dieu, Méditation sur l'oubli de la présence de Dieu, Méditation sur l'attention continuelle à la présence de Dieu, Méditation sur le soin qu'un Chrétien doit avoir de la réputation du prochain, Méditation sur le mensonge, Méditation sur les mensonges officieux, Méditation sur la sainteté de Dieu, Méditation sur les caractères de la colère passionnée, Méditation sur les caractères de la colère de zèle, Méditation sur la colère, Méditation sur les discours immodestes, Méditation sur les discours impies, Méditation sur la Médisance, Méditation sur les péchés de la langue, Méditation sur la curiosité, Méditation sur les moyens d'éviter les jugements téméraires, Méditation sur la fausseté des jugements téméraires, Méditation sur les prétextes qu'on emploie pour justifier le jugement téméraire, Méditation sur les jugements téméraires, par le défaut d'équité, Méditation sur les jugements téméraires, par le défaut de connaissance, Méditation sur les jugements téméraires, par défaut d'autorité, Méditation sur les défauts qui rendent un jugement téméraire, Méditation sur les bornes que l'on doit mettre à la défiance et aux soupçons, Méditation sur les soupçons, Méditation sur la défiance, Méditation sur la défense de juger le prochain, Méditation sur les Prières que l'on adresse à Dieu pour ses besoins temporels, Méditation sur les dispositions où doit être un Chrétien quand il demande à Dieu des grâces temporelles, Méditation sur la soumission à la volonté de Dieu, Méditation sur le Jugement de Dieu, Méditation sur la justice de Dieu, Méditation sur la connaissance des vertus et des vices, Méditation sur la vraie pénitence, Méditation sur le respect humain, Méditation sur les péchés d'ignorance, Méditation sur l'aveuglement de la Conscience, Méditation sur la passion dominante, Méditation sur les moyens de connaître les passions dominantes, Méditation sur la fuite des occasions prochaines du péché, Méditation sur les divertissements du monde, Méditation sur la grandeur d'âme, Méditation sur l'humilité des Saints, Méditation sur la pratique de l'humilité Chrétienne, Méditation sur l'ignorance de l'homme à l'égard de l'état de grâce, Méditation sur les petites actions de Vertu, Méditation sur l'habitude des fautes légères, Méditation sur l'attache au péché véniel, Méditation sur la distinction du péché mortel et du péché véniel, Méditation sur les jugements du monde, Méditation sur la gloire du monde, Méditation sur l'application aux devoirs de son état, Méditation sur le mérite attaché à la pratique des devoirs de son état, Méditation sur le motif qui doit nous conduire dans la pratique des devoirs de notre état, Méditation sur les dangers propres de chaque état, Méditation sur les vertus qu'on exerce en pratiquant les devoirs de son état, et Méditation sur l’œil qui scandalise.















mardi 27 février 2018

Méditation sur les devoirs des pères à l'égard de leurs enfants


Famille Martin





1er point. Il ne suffit pas de les former pour le monde ; il est encore plus important de les élever et de les former pour le Ciel : 1°, par de fréquentes et solides instructions ; 2°, par de bons exemples, sans lesquels les plus belles instructions seront stériles et infructueuses. Et quel exemple leur donnez-vous, s'ils ne vous voient occupés qu'à jouir des faux biens de ce monde, et à violer toutes les règles de l'Évangile, pour satisfaire mille projets d'ambition et de vanité ? Comment pourrez-vous leur inspirer des sentiments de Religion, s'ils s'aperçoivent que vous ne la pratiquez pas ?


2e point.
Quelles sont les instructions qu'il importe le plus à leur donner ? Elles sont toutes renfermées dans ces paroles, que le Saint-Esprit adresse à tous les pères : Ayez soin, leur dit-il, de faire connaître à vos enfants les saintes Ordonnances du Seigneur, afin qu'ils mettent en lui toute leur espérance ; qu'ils n'oublient jamais les merveilles qu'il a faites en faveur de vos pères, et qu'ils songent nuit et jour à méditer et à pratiquer sa Loi. Tels sont les biens dont il faut leur faire un fonds considérable ; tels sont les trésors qu'il faut principalement s'attacher à leur acquérir. Quelque fortune que vous leur laissiez après votre mort, la meilleure partie de leur héritage sera toujours l'amour et la crainte de Dieu, la charité, la justice, les prières des pauvres, et les bénédictions du Ciel que l'effet, presque infaillible de ces prières, ne peut manquer d'attirer sur eux.




Reportez-vous à Explication du quatrième commandement de DieuDu Devoir des Pères de famille, par le R.-P. Jean-Joseph SurinPrière pour les parentsMéditation sur les prières des pauvres, Méditation sur la Libéralité, Méditation sur les devoirs des riches dans les malheurs publics, Méditation sur le malheur des temps, Méditation sur le goût de la dépense, Méditation sur la charité envers les Pauvres, Méditation sur l'obligation de l'Aumône, Méditation sur l'honneur que l'on rend à Dieu par l'aumône, Méditation sur l'inégalité des conditions, Méditation sur le Luxe, Méditation sur la distinction du nécessaire et du superflu, Méditation sur l'abus des richesses, Méditation sur les richesses, Méditation sur ce qu'un Chrétien doit penser des richesses et des grandeurs du monde, Méditation sur les affaires du monde comparées à celles du salut, Méditation sur le vrai bonheur, Méditation sur le bonheur des Pécheurs comparé à celui des Justes, Méditation sur les moyens de se sanctifier dans le monde, Méditation sur les obstacles que le monde oppose à notre salut, Méditation sur la flatterie, Méditation sur la vaine gloire, Méditation sur l'usage qu'un Chrétien doit faire de ses talents, Méditation sur les petites actions de VertuMéditation sur le mérite des petites actions de vertu, Méditation sur le rapport des actions à Dieu, Méditation sur l'habitude des fautes légères, Méditation sur la négligence à éviter les fautes légères, Méditation sur l'attache au péché véniel, Méditation sur la distinction du péché mortel et du péché véniel, Méditation sur la différence des devoirs, Méditation sur les obligations attachées aux Charges et aux Dignités du monde, Méditation sur l'ambition, Méditation sur la gloire de Dieu, Méditation sur les jugements du monde, Méditation sur la gloire du monde, Méditation sur les dangers du monde, Méditation sur l'application aux devoirs de son état, Méditation sur la fidélité que la Religion nous inspire à l'égard des devoirs de notre état, Méditation sur le mérite attaché à la pratique des devoirs de son état, Méditation sur le motif qui doit nous conduire dans la pratique des devoirs de notre état, Méditation sur les dangers propres de chaque état, Méditation sur les vertus qu'on exerce en pratiquant les devoirs de son état, Méditation sur les défauts qui rendent un jugement téméraire, Méditation sur les soupçons, Méditation sur la défiance, Méditation sur la défense de juger le prochain, Méditation sur la connaissance des vertus et des vices, Méditation sur la vraie pénitence, Méditation sur le respect humain, Méditation sur les péchés d'ignorance, Méditation sur l'aveuglement de la Conscience, Méditation sur la passion dominante, Méditation sur les moyens de connaître les passions dominantes, Méditation sur le détachement des biens de ce monde, Méditation sur le renoncement au monde, Méditation sur l'affaire du salut, Méditation sur la fuite des occasions prochaines du péché, et Méditation sur la recherche volontaire de l'occasion prochaine du péché.