lundi 30 janvier 2017

Culte de la pierre, de l'arbre, et de la source : traditions et origines magiques de ces dieux (4/4)




Extrait de "Les hauts phénomènes de la magie" par le Chevalier Gougenot des Mousseaux :




CULTE DE LA PIERRE, DE L'ARBRE, ET DE LA SOURCE ; PIERRES-DIEUX, ARBRES-DIEUX, SOURCES DIVINES ; TRADITIONS ET ORIGINES MAGIQUES DE CES DIEUX



Auriez-vous encore des doutes sur
l'origine de ces faux dieux ? Ici Shiva
(observez les détails d'allégeance au serpent).
Source
Champollion le jeune, ainsi que nous le redit Champollion-Figeac, tient pour indubitable l'authenticité générale des livres hermétiques ; ce qui nous permet de laisser leurs feuilles se dérouler et nous parler : « — Qui donc es-tu ? dit Thot, c'est-à-dire Hermès Trismégiste, à Pimander, être d'une stature démesurée, qui lui apparaît et l'interpelle. — Je suis la pensée de la puissance divine ; dis-moi ce que tu désires, je serai en tout à ton aide. — Je désire apprendre la nature des choses qui sont, et connaître Dieu, reprend Hermès ; puis il ajoute : ...M'ayant ainsi parlé, Pimander changea de forme et me révéla tout. J'avais alors devant les yeux un spectacle prodigieux : tout s'était converti en lumière ; j'étais saisi de ravissement. Peu après, une ombre effroyable, qui se terminait en obliques replis (Egypte, collect. F. Didot, Champollion-Figeac, p. 139, 140, 441, in-8°, Paris, 1847. Voilà Pimander Dieu lumière et serpent !), et se revêtait d'une nature humide, s'agitait avec, un fracas terrible.
Une fumée s'en échappait avec bruit ; une voix sortait de ce bruit ; elle me semblait être la voix de la lumière, et le verbe sortit de cette voix de la lumière. Instruit par ce verbe effroyable, spectre humide, fumée et serpent, Trismégiste s'adressant à Asclépias (Esculape) : — Sache donc, lui dit-il, quelle est la puissance, quelle est la force humaine.
Car, de même que le Seigneur est le père des dieux célestes, ainsi l'homme est-il l'artisan des dieux qui résident dans les temples, et qui se plaisent dans le voisinage des mortels.
Fidèle à sa nature et à son origine, l'humanité persévère dans cette imitation de la divinité ; et si le Père et le Seigneur a fait à sa ressemblance les dieux éternels, l'humanité fait ses dieux à sa propre ressemblance. — Ne serait-ce point des statues que tu parles, ô Trismégiste ? — À coup sûr, Asclépias, et quelle que soit ta défiance, ne vois-tu pas que ces statues sont douées de sens, qu'elles sont animées d'esprit, et qu'elles opèrent une foule de prodiges ? Comment donc méconnaître leur prescience de l'avenir, puisqu'elles le révèlent par la voie des sortilèges, par la bouche des devins et par les visions ? Ne les voit-on pas atteindre et frapper l'homme par des maladies, ou le guérir ? Ne sais-tu pas que l'Égypte est l'image du ciel, le miroir des évolutions du ciel, ou plutôt le temple de l'univers ? Un temps viendra pourtant où l'on reconnaîtra que vainement l'Égypte a honoré d'un culte fidèle la divinité ! Leurs plus saintes cérémonies tomberont dans l'abjection et dans l'oubli !... »
« Hermès, dit saint Augustin qui rapporte ce passage, semble prédire le tempe où la religion chrétienne puisera dans sa vérité et sa sainteté cette puissance qui ruine les mensonges de l'idolâtrie et de la magie ; mais il parle en homme séduit par les prestiges des démons (Cité de Dieu, liv. VIII, chap. 23. — Trismégiste sait que « les démons sont partout en ce monde, et qu'aucun lieu n'est exempt de leur présence ». Il dit que « les uns tirent de Dieu leurs lumières, ou que, s'infusant dans l'homme, ils le poussent à l'homicide, à l'adultère, au sacrilège et à tous les crimes. » Pimander, Trism., chap. ix. id., Asclép., chap. ix). » — « Écoutez, reprend Hermès, quoi qu'on essaye de publier à la gloire de l'homme, c'est une merveille au-dessus de toute merveille qu'il ait pu inventer et créer une divinité... Il est vrai que l'incrédulité de nos ancêtres s'égara, et qu'ils tombèrent dans de profondes erreurs au sujet de l'essence et de la condition des dieux, car ils délaissèrent le culte du Dieu véritable. Cependant, c'est en s'acheminant dans cette voie ténébreuse qu'ils ont trouvé l'art de se faire des dieux. Impuissants à créer des âmes, ils ont évoqué celles des démons ou des anges pour les introduire dans les statues consacrées, et pour les rendre présentes aux mystères, afin de communiquer par elles aux idoles la faculté de bien faire ou de nuire. »
« Je ne sais, reprend saint Augustin, si les démons eux-mêmes, étant conjurés, en confesseraient autant que cet homme ! ... En vérité, n'est-ce pas la puissante volonté de Dieu qui le contraint à dévoiler l'antique erreur de ses pères !... »
Mais, bien que se constituant le fabricateur de ces dieux qui sont les princes des arts magiques, l'homme n'en était pas moins possédé par son ouvrage. — En les adorant, il entrait en vaniteux subalterne dans la société, non de stupides idoles, mais de perfides démons. Que sont en effet les idoles, sinon des objets qui, suivant la parole de l'Écriture, ont des oreilles pour être sourdes, et des yeux pour ne point voir ?
Mais les esprits immondes, liés à ces statues par cet art criminel, et engageant dans leur société les âmes de leurs adorateurs, les avaient réduites à une misérable servitude, dont le salaire se payait en saturnales qui, trompant l'esclave par quelques heures de fausse puissance, lui mettaient à la bouche ce cri de l'orgueil aveuglé : Je commande au maître !
Que si les arts magiques donnaient à l'homme, et tout juste en mesure suffisante pour le décevoir, la puissance d'enchaîner les Esprits (voir en cet ouvrage la bulle de Sixte-Quint, des esprits liés à des bagues ou à d'autres objets), d'animer la pierre ou le bois des statues, de leur arracher des oracles, ou de contraindre à prophétiser les dieux ou les médiums de l'Égypte, bêtes ou plantes, serpents et crocodiles, bœufs et chats, oignons et carottes ; que si cette puissance démoniaque, descendue des hauteurs de l'âge antédiluvien, avait éclaté dès le temps des premiers héritiers de Cham, en Égypte ; que si, sans s'affaiblir en se laissant aller au fil des siècles, elle avait fleuri dans le monde entier ; que si elle régnait encore à Rome à l'époque de Tertullien, rapportant parmi les phénomènes sur lesquels s'était blasé le vulgaire, les oracles rendus par les trépieds, les tables et les chèvres ; de quoi nous étonner si, traversant le moyen âge et les temps de la renaissance, cette force intelligente parvint jusqu'à nos jours tantôt languissante, demi-morte et honnie, tantôt reprenant vigueur et glorifiée, selon qu'il lui importait de s'effacer ou de resplendir ? Mais revenons à nos statues animées et divines, ne nous écartons point prématurément d'un sujet d'une telle importance, et, nous laissant glisser le long des siècles d'Hermès à Porphyre, jugeons par la durée subsistante encore de la croyance à l'animation des simulacres, quelle en fut la force et l'expansion.
Il n'y a point à s'étonner, dit le philosophe Porphyre, prenant en pitié l'imbécillité des incrédules, si les hommes les plus grossiers ne voient dans les statues que des pierres et du bois. Ainsi ceux qui n'ont point la connaissance des lettres n'aperçoivent-ils que la pierre dans les stèles chargées d'inscriptions, et que le tissu du papyrus dans les livres. Mais les dieux qui habitent ces statues savent se manifester au besoin. Saint Athanase dit donc avec raison que la pierre et le bois séduisaient les hommes qui les adoraient, grâce aux prestiges des démons qui s'en étaient emparés !

(...)

Ni saint Augustin ni Lactance n'hésitent à nous entretenir de ces statues parlantes, oraculaires, prestigieuses, qui ne sont qu'une des preuves sans cesse répétées des facultés et de l'astuce des démons appliqués à perdre la race des hommes, en se substituant au culte du vrai Dieu. « S'appliquant sans relâche à accabler les hommes de maux sans nombre, ils trompent ces âmes faibles et insensées, dit Eusèbe , par les mouvements qu'ils ont imprimés aux statues des hommes morts, consacrées par les générations antérieures, et offertes à leur vénération ; ils les ont égarés par les oracles qu'ils ont rendus et par les guérisons de maladies dont ils avaient préalablement frappé leurs corps ; ils les ont fascinés au point de se faire prendre tantôt pour de véritables dieux, et tantôt pour les âmes des héros déifiés !
C'est ainsi que le culte d'une multitude de dieux se revêtit de grandeur et de dignité aux yeux des peuples, qui transportèrent leur pensée des objets visibles aux êtres invisibles que recelaient les statues ! Que dire, en effet, devant cette Hécate à laquelle nous conduit Eunape, et dont le visage accueille nos prières par un sourire, tandis que les flambeaux de son temple s'allument d'eux-mêmes ?
Et que dire encore devant la statue d'Apollon ? Regardez : la voilà qui se sent en veine de rendre des oracles.
Elle se remue, elle s'agite sur son piédestal, et ses pontifes accourent pour la porter ; sinon, la sueur ruisselle sur son corps, et d'elle-même elle s'avance. Ils la chargent sur leurs épaules, et leur mouvement perd aussitôt sa liberté ; car elle les force à marcher tantôt à droite et tantôt à gauche.
Le grand prêtre se présente et l'interroge ; mais elle les emporte en arrière, ce qui signifie qu'elle se refuse à leurs vœux. Non, rassurons-nous, la voici qui se ravise et qui les pousse en avant ; elle se montre donc favorable, car c'est ainsi qu'elle rend ses oracles, et nulle affaire profane ou sacrée n'est entreprise sans que le dieu soit consulté d'après ce rite, qui rend sensible l'action divine. »
Or, pense-t-on que des faits de cette publicité, de cette fréquence et de cette durée, se prêtent aux folles complaisances de l'histoire et à la fourberie de tous les témoins ? Et quiconque étudia sur le vif nos tables parlantes, nos guéridons, nos meubles oraculaires ou pythonisés, ne fut-il pas témoin de phénomènes analogues ? Phénomènes où les illusions que le démon s'exerce à produire ont, comme dans les lieux sacrés des anciens, des procédés « semblables aux amusements des enfants », ainsi que l'écrivait à Julien un des Pères de l'Église.
Des statues animées étaient les dieux de certains Lapons ; et le Loyer, qui nous les décrit, explique le phénomène du mouvement de ces idoles dans des termes d'une concordance trop parfaite avec ceux des grands docteurs de l'Église, pour que sa naïve peinture, et sa droite raison, ne prêtent point quelque force à nos pages.
« Les Pilappiens, — ou Lapons, — dit Gaspard Peucère, vivent de venaison et de pesche. Quand ils alloient, devant leur christianisme, chasser ou pescher, ils conjuroient leurs dieux et taschoient de les faire mouvoir de leurs lieux. Si leurs dieux les suivoient, c'estoit un signe qu'ils leur promettoient un bon succès dans leurs affaires. S'ils résistoient ou ne suivoient qu'à peine, c'estoit un signe que tout ne succéderoit pas bien. Et s'ils ne vouloient aucunement mouvoir de leur lieu, c'estoit alors que les Pilappiens conjecturoient qu'ils estoient faschés contre eux, et les apaisoient de sacrifices et autres cérémonies que Peucère récite. Que ces dieux estoient des idoles et statues, il n'en faut point douter ; et, néanmoins, par enchantements, les Pilappiens pouvoient les rendre mobiles par la force du diable qui y opéroit. Que si le diable opère en une idole massive et la peut mouvoir, pourquoi ne pourra-t-il pas aussitôt ouvrer et besongner en un corps, monstrant ses fonctions par iceluy ? Et quant à l'histoire de ces dieux, ne fait-elle pas croire estre véritable ce que les historiens romains disent estre advenu après la prise de Véïes. »
Lorsque Fleury s'accorde avec l'illustre médecin joséphiste de Haën, qui le nomme le plus sage et le plus exact des historiens ; lorsqu'il nous rappelle le fait d'une statue renversée par un démon qui possédait un jeune homme, d'après l'ordre que le mage Apollonius intime à ce mauvais esprit de se dessaisir de sa proie et de donner ce signe de son départ, le démon qui renversa cette statue n'eût-il pu tout aussi facilement la mouvoir, la faire marcher et parler ?
Que s'il nous plaît de nous transporter dans les Indes, pays où fleurissent les arts magiques, toute bouche s'ouvrira pour nous apprendre l'arrivée de deux statues miraculeuses de Bouddha, qui jadis avaient converti le royaume de Koustana.
L'une était venue du Kachmire par les airs, à la prière d'un ancien roi qui était allé au-devant d'elle à la tête de son armée. La statue avait suivi le monarque pendant quelque temps ; mais parvenue à la ville de Po-Kia-I, elle s'était arrêtée. Ce fut alors en vain que le roi joignit ses efforts à ceux de ses soldats pour la transporter ailleurs ; car nulle puissance humaine ne put la faire remuer de sa place. La seconde de ces statues s'était placée d'elle-même sur un trône disposé pour la recevoir, etc.. Quelques-uns des simulacres de ce pays possédaient des vertus miraculeuses. L'un d'eux passait pour opérer des cures infaillibles.
Le malade collait une feuille d'or à l'endroit du corps où se faisait sentir la souffrance, et sa guérison était immédiate.
En Amérique, le magicien Ahcunal étant devenu roi d'Uxmal, le dieu qui l'avait protégé pendant la sage période de son règne, Kiné-Ahau, s'irrita de ses débordements. Une nuit donc, un grand bruit se fit entendre dans son temple, et, le lendemain, les prêtres publièrent que la statue du dieu avait disparu. Le superbe monarque, loin de fléchir, fit faire une statue d'argile et l'enferma dans une fournaise ardente. Elle y resta plusieurs nuits au milieu des flammes, puis s'anima tout à coup au temps marqué par le monarque ; et le peuple, à cette vue, tombant la face contre terre, l'adora ; Ahcunal avait forcé l'esprit du mal à entrer dans le nouveau dieu de terre ; mais, par un autre prodige, il se fit que tous les dieux d'Uxmal disparurent.
Aussi ces adorateurs suivaient-ils, au besoin, l'exemple des Phéniciens, les ancêtres de leur culte, en tenant leurs dieux à la chaîne, comme des chiens de garde, et en les confiant à l'œil des geôliers. Un édifice des plus curieux par sa destination était donc, au Mexique, la prison des dieux, et l'on y enfermait les idoles des peuples vaincus, chacun sachant que, tant que ces divinités resteraient captives, elles ne pourraient aider leurs adorateurs à secouer le joug. En face de ces merveilles, qui couvrent l'espace et remplissent les siècles, il est enfin temps de laisser un Père de l'Église, saint Cyprien , confirmer de sa parole une croyance que le témoignage de leurs propres sens, renouvelé mille fois, avait imposée à tous les peuples de la terre ; écoutons d'une oreille attentive sa parole : « Vos idoles, vos statues consacrées sont la demeure des démons. Oui, ce sont ces Esprits qui inspirent vos devins, qui animent la fibre des entrailles de vos victimes, qui gouvernent le vol des oiseaux , et qui, mêlant sans cesse le faux au vrai, rendent des oracles... et opèrent des prodiges, dont le but est de vous amener invinciblement à leur culte : Ut ad cultum sui cogant. »
Voilà ce que formule saint Cyprien, et sa voix se joint à celle de saint Athanase, de Tertullien, de Minutius Felix, de Lactance, pour inviter les païens à voir de quelle sorte et avec quelle aisance les chrétiens de la primitive Église chassaient les démons du sein de ces oracles, c'est-à-dire y faisaient cesser les signes sensibles qui, parlant à la fois aux yeux, à l'oreille et à l'intelligence de ces idolâtres, les enchaînaient à l'erreur.
La foi baissant, la raison tout naturellement baisse ; aussi les prodiges du sabbat révoltent-ils aujourd'hui la raison de bien des gens. Cependant nous voyons les Esprits animer et transporter jusqu'au bois et à la pierre, leur donner le mouvement et la parole. Nous savons que, dès les âges les plus reculés, il exista, sous le nom de théopée, un art de se faire des dieux et de douer de sens des statues ; un art de leur infuser, avec une âme, le don d'opérer des prodiges ; un art, en un mot, de les lier à un esprit et de leur donner, du sein de la matière inerte, vie, action, puissance ; nous savons que la consécration opérée selon le rite sacerdotal et magique assure le cours irrégulier, mais incontestable, de ces phénomènes sacrés. Il y aurait donc grossière inconséquence à nous étonner de les voir se reproduire avec des modifications qui, sans en altérer la nature, les développent ou les raccourcissent dans les scènes de la magie moderne ou de la sorcellerie sabbatique, auxquelles toutes ces études de détail préparent et familiarisent notre intelligence.
La chair vive, celle de la bête ou de l'homme, ne pouvait-elle donc être aussi facilement possédée par les Esprits, c'est-à-dire animée de l'esprit de Python, ou pythonisée, que la matière inerte ?... Tertullien nous a rappelé naguère les chèvres divinatrices ; saint Cyprien vient de nous redire que, dans les aruspices, les oiseaux étaient gouvernés dans leur vol par les esprits présidant à la divination ; un aigle fondant du haut des deux s'empressait de recevoir les caresses de Pythagore, et couvrait de ses ailes la tête de ce philosophe dissertant aux jeux Olympiques sur les augures et les signes oraculaires.... Et nous avons vu, de nos jours, les oiseaux de M. Tréfeu, magnétisés selon le rite des idolâtres du Gange, manifester des faits inconnus, deviner les choses secrètes, et répondre à qui les interrogeait, en choisissant du bec les lettres dont se composait leur phrase. Élève des mages de l'Égypte et de la Chaldée, le même Pythagore que nous venons de nommer se sert de la parole humaine pour converser avec des animaux ; il leur inculque et leur fait suivre les leçons de sa fausse sagesse : triste langage, dont la magie seule pouvait lui fournir le secret, dit saint Chrysostome, et bien préjudiciable à l'homme, que ces prodiges ont pour but de corrompre ! langage, enfin, qui nous aide à comprendre l'adoration de la matière inerte, de la plante potagère ou des plus vils animaux, par le peuple d'Égypte, c'est-à-dire par l'un des peuples renommés pour sa science et sa sagesse entre les habitants du vieux monde.
En tout cas, si, de la ligne idolâtrique ou démoniaque, il nous plaît de nous reporter sur la ligne parallèle et divine, ce phénomène des simulacres ou des effigies animées est celui qui, l'an 1796, réveille d'un bout à l'autre la péninsule Italique étonnée, épouvantée, et consolée à la fois du mouvement et de la vie qui, devant les centaines de milliers de témoins et de scrutateurs que lui députe l'Europe, se manifeste dans ses saintes images. L'animation de la matière inerte y démontre une fois de plus et à satiété que des Esprits bons ou mauvais la pénètrent, l'enveloppent, la gouvernent, se font d'elle un masque, un voile sous le couvert duquel ils agissent ; un instrument de langage et de prophétie, un moyen de propager l'erreur diabolique et de créer des cultes sacrilèges, ou de maintenir les fidèles dans la droite voie et de les confirmer dans la foi divine.
Nous avons reproduit, dans le second chapitre de la Magie au dix-neuvième siècle, le récit de ces faits, celui des preuves qui les accompagnent, et de la confirmation que l'Église y donna pour l'institution d'un office spécial et annuel.
Que dire de plus (dans les Bollandistes, et ailleurs, mille faits miraculeux de statues parlantes ou agissantes sont d'une authenticité qui défie toute critique) ?
Et ce qu'il y a de certain, c'est que l'Esprit que nous venons de voir chez les idolâtres pythoniser la statue, la matière inerte et l'animal, c'est-à-dire les médiums de pierre, de bois ou de chair vive, communique à chacun d'eux une partie de ses propres facultés, sa vie, son intelligence, sa science et son mouvement au sein de l'air, où il règne en prince... Ce qu'il y a d'indubitable, c'est que cet esprit est le même qui pythonise le médium humain, qui lui infuse sa science, le don des langues, la connaissance et la vue des choses éloignées ou secrètes ; il est le même qui parle non seulement à nous et en nous, mais par nous, à l'aide de nos propres organes, et lorsque nous semblons parler librement et de nous-mêmes ; il est celui qui voyage à notre profit et nous renseigne sur les faits lointains, tandis que notre âme semble voyager, désertant son corps engourdi ; le même enfin qui se joue du poids de nos corps, qui les élève au-dessus de terre, les transporte et leur imprime dans les champs de l'air une vélocité que ne saurait égaler le vol de la flèche...






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