Voici, mon Dieu, le jour où vous m'avez appelé du néant à l'être, et, par la grâce de mon baptême, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Quelles actions de grâces pourrais-je vous rendre pour un si grand bienfait ? Le jour où je devins enfant de Dieu n'est-il pas le plus beau de mes jours, et puis-je l'oublier jamais ? Mais, ô mon Dieu ! une pensée se présente à mon esprit et l'effraie. Quand on demanda pour moi l'honneur d'être chrétien, on répondit que je m'engageais au service d'un Maître dont je devais toujours accomplir les commandements, imiter les exemples et soutenir les intérêts. On m'interrogea sur la sincérité de ma foi ; je dis que je croyais fermement tout ce que l'Église croit. On me signifia la loi de ce divin Maître, et je promis de la garder fidèlement. On me montra la Croix comme l'étendard sous lequel je devais me ranger ; je l'ai reçue sur ma poitrine et sur mon cœur pour dire que je l'aimais, sur mes épaules pour dire que je voulais la porter tous les jours de ma vie, et sur mon front pour dire que je n'en rougirais jamais, qu'elle serait toujours ma gloire, mon amour et mon jour. On me déclara que je ne pouvais servir deux maîtres, Jésus-Christ et Satan, et, choisissant le premier maître, je renonçai à Satan, à ses pompes et à ses œuvres ; j'en fis la promesse à la face du ciel et de la terre pour la garder à jamais. Et, à ces conditions, on me revêtit de la robe d'innocence, on versa sur ma tête l'eau qui devait me sanctifier, et on imprima dans mon âme le cachet et le caractère de la très-sainte Trinité, pour m'avertir que je n'étais plus à moi, mais à Dieu.
Prosterné aujourd'hui devant votre adorable Majesté, ô le Dieu de ma vie ! je viens, non plus par une bouche étrangère, mais de mon propre mouvement et de ma pleine liberté, ratifier les engagements que j'ai contractés dans mon baptême, et renouveler publiquement les promesses solennelles qui y furent faites pour moi. Oui, Satan, esprit impur, ennemi maudit, tyran cruel, je te renonce dès à présent, je secoue le joug pesant de ta servitude, et je m'oblige à ne le reprendre jamais, à n'écouter jamais tes suggestions, à ne suivre jamais tes désirs. Dès à présent et toujours, je te détesterai, je te fuirai, je te combattrai. Va, maudit Satan, retire-toi loin de moi ; il est écrit : « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu ; » je ne veux ni de tes pompes ni de tes œuvres. Divin Sauveur, c'en est fait, je suis tout à vous, je m'attache inviolablement à votre service ; jamais je ne rougirai de votre Évangile ni du titre de chrétien.
Trinité Sainte, je vous consacre ma mémoire pour me souvenir de vous et de vos bienfaits, mon esprit pour vous connaître et me connaître moi-même, mon cœur pour vous aimer encore en tout et par-dessus tout, ma volonté pour faire la vôtre comme vos saints Anges, mes yeux pour considérer les merveilles de votre loi, mes oreilles pour entendre votre divine parole, mes mains pour travailler par un esprit de pénitence et de mortification, mes pieds pour marcher dans la voie de vos commandements. Je vous consacre ma santé, ma réputation, mes biens, mes talents ; je ne veux en faire usage que pour vous servir ; je ne veux vivre et agir que pour vous. Vous serez seul, ô mon Dieu ! le principe et la fin, la règle et le modèle de toutes mes paroles, de toutes mes actions, de tous mes sentiments. Je veux tout faire, tout souffrir pour vous ; plutôt mourir mille fois que de commettre un seul péché mortel. Divin Jésus, gravez profondément dans mon cœur d'y être fidèle jusqu'à mon dernier soupir. Ainsi soit-il.
Reportez-vous à Prière pour l'anniversaire de la première communion, Méditation sur l'état d'une âme qui conserve encore la grâce du Baptême et Instruction pour le temps de l'Avent.