Extrait des exercices préparatoires à la consécration à la Sainte Vierge Marie par le Père Dayet :
Suivons (Jésus) d’abord au temps de sa Résurrection, de son Ascension et de la Pentecôte. Que de grâces ont été déversées en ces jours privilégies sur les membres de l’Église naissante ! Grâces de FOI, d’ESPÉRANCE et de CHARITÉ, fortes assises de la vie chrétienne pour les siècles à venir.
Les saintes femmes, que nous avons vues auprès de la Croix et que nous allons retrouver au Tombeau du jardin de Joseph d’Arimathie, s’étaient retirées avec la Sainte Vierge et saint Jean dans une maison de famille, à Jérusalem. Simon-Pierre, en proie à sa douleur, ne tardera pas à les retrouver. Les autres apôtres avaient dû s’enfuir selon toute vraisemblance vers Béthanie, dans la nuit de l’arrestation de leur Maître. Ne voyant plus ni Jean, ni Pierre, ils devaient penser qu’eux aussi avaient été arrêtés, et cela avait décuplé leur terreur panique. Lorsqu’ils apprirent les événements de la journée du Vendredi Saint, leur premier souci fut de se regrouper au Cénacle. Ils y étaient le dimanche de Pâques, croyant bien que tout était fini. Et voici que tout recommence, selon que l’avait prédit le Sauveur.
Demandons à Marie d’entrer, avec toute sa foi restée intacte, dans ce recommencement si calme, si secret, si réservé, pourrait-on dire, qui suivit le succès incontestable des hautes autorités de la nation juive. Nous abordons les trois grands Mystères qui ont renouvelé la face du monde.
LES GRÂCES DES TROIS PREMIERS MYSTÈRES GLORIEUX
S’il est une chose surprenante à première vue, c’est l’étrange difficulté qu’eurent les apôtres à croire en la Résurrection de leur divin Maître. Les saintes femmes, intimement mêlées à ce Mystère, les dépassent incomparablement. Le soir du Vendredi Saint, après avoir suivi les rites de l’ensevelissement, et examiné comment le corps avait été placé, elles ne pouvaient se résigner à quitter le sépulcre. Saint Matthieu (XXII, 61) nous montre Madeleine et Marie-Cléophas assises en face de la lourde pierre qui en fermait l’entrée. Elles finirent cependant par s’éloigner, mais résolues à revenir dès que possible, pour compléter l’embaumement qu’on avait dû faire en hâte avant l’heure commençante du Sabbat.
Ayant religieusement observé ce Sabbat, le plus solennel de l’année, nous les voyons accourir de très bonne heure au matin de Pâques vers le Tombeau avec des aromates et des parfums. Salomé, la mère de Jean, est avec elles. Tout en traversant les rues de la ville, elles s’inquiétaient de savoir qui roulerait la pierre du sépulcre pour leur permettre d’y pénétrer. Elles ignoraient que les Juifs, la veille, y avaient aposté des gardes ; et, d’ailleurs, les gardes épouvantés s’étaient déjà enfuis. Tout était calme dans le jardin quand elles y arrivèrent (Luc, XXIV, 1). Madeleine avance la première. Parvenue à proximité du sépulcre, elle vit que la pierre avait été roulée et que le corps n’était plus là. « On a enlevé le Seigneur du tombeau ! », s’écria-t-elle ; et, sans plus attendre, elle revint en courant vers Pierre et Jean, leur criant à tous deux : « On a enlevé le Seigneur du tombeau ! Et nous ne savons où on l’a mis ! »
Pendant ce temps, les deux autres femmes s’étaient approchées du tombeau ouvert. Elles y entrent et s’assurent qu’il est réellement vide. Soudain, deux anges éblouissants apparurent. « Pourquoi, dirent-ils, cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Le Christ n’est plus ici, il est ressuscité. Voici la place où on l’avait déposé. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre ceci : Il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez, comme il vous l’a dit. Souvenez-vous de ce qu’il vous a dit, étant encore en Galilée, au sujet du Fils de l’homme, à savoir qu’il devait être livré aux mains des pécheurs, être crucifié et ressusciter le troisième jour ».
Tremblantes de crainte, elles s’enfuirent et ne purent rien dire sur le moment aux apôtres, tant leur effroi était grand (Marc, XVI, 8). Cependant, prévenus par Madeleine, Pierre et Jean se rendent en courant au Tombeau. Jean y arrive le premier, mais n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, y pénètre, aperçoit des bandelettes posées à terre, et le linceul soigneusement plié et rangé. Jean entre à son tour : il voit de ses yeux et il croit. Il fut le premier des apôtres à recevoir cette immense grâce (Jean, XX, 8).
Après avoir alerté Pierre et Jean, Madeleine ne tarda point à revenir au jardin du Tombeau. Inconsolée et pleurant de toutes ses larmes, elle se tenait dehors. Et voici qu’une clarté sortit du sépulcre : deux anges vêtus de blanc étaient là, assis l’un à la tête, l’autre aux pieds, où le corps avait été posé. Les anges lui dirent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? – Parce qu’ils ont enlevé mon Maître, et je ne sais où ils l’ont mis ». S’étant retournée, elle aperçoit qui lui dit comme les anges : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Madeleine, pensant au gardien du jardin : « Si c’est vous qui l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez mis, et j’irai le prendre! ».
Jésus se découvre alors en l’appelant de son nom « Maria ». « Ah, Maître, s’écria-t-elle en se précipitant à ses pieds, comme pour le retenir et ne plus le perdre. – Ne me touche point, dit Jésus, car je ne suis pas encore monté à mon Père ». L’heure n’est pas aux effusions ; le plus pressé est d’aller à mes frères et leur annoncer ma Résurrection, ainsi que mon prochain retour à mon Père. Madeleine le comprit et s’empressa d’annoncer aux apôtres, et même aux disciples qui se regroupaient dans la ville, « qu’elle avait vu le Seigneur ». C’est la première Apparition dont fasse mention l’Évangile (Jean, XX, 14-17). Les apôtres et les disciples ne tinrent aucun compte de ce message.
À leur tour, Marie-Cléophas et Salomé reviennent au Tombeau, accompagnées cette fois des autres saintes femmes du Calvaire, celles qui se tenaient un peu à l’écart. Jésus ressuscité se présente à leur rencontre. D’un élan spontané, elles se prosternent devant lui et baisent ses pieds. « Ne craignez pas, leur dit-il, allez dire à mes frères qu’ils aillent bientôt en Galilée, car c’et là qu’ils me reverront ». Ce nouveau message ne trouva pas davantage créance auprès des apôtres (Luc, XXIV, 11). Il faudra que Jésus se manifeste à eux en personne, et encore ils douteront.
Les réponses des deux disciples d’Emmaüs au Voyageur inconnu, qui les aborde le soir de Pâques, nous expliquent cet état d’esprit des amis du Sauveur. Ceux-ci avaient mis en lui toutes leurs espérances, pensant bien « qu’il délivrerait Israël » et lui rendrait son ancienne splendeur. Mais voilà, disait Cléophas, que nos grands prêtres et nos magistrats l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié ; et nous sommes au troisième jour depuis que ces choses ont eu lieu. « Il est vrai, ajoutait-il, que quelques femmes de notre groupe, s’étant rendues de grand matin au Tombeau, n’ont pas trouvé le corps. Elles sont même venues dire qu’elles avaient vu une apparition d’anges qui l’assuraient en vie. Et quelques-uns des nôtres sont allés au Tombeau, et ils ont vu les choses comme les femmes les avaient dites ; mais lui, ils ne l’ont pas vu ! »
Ces esprits droits, entièrement conquis au Christ, attendaient tout au moins une Résurrection éclatante, qui aurait été la revanche immédiate sur ceux qui l’avaient condamné et aussi le rétablissement de l’ancien royaume d’Israël, leur rêve national de toujours. Mais rien n’a changé, les maîtres de l’heure sont les mêmes, tout est donc bien fini.
Le Voyageur qui les écoute leur reproche d’être lents à croire ce qu’avaient annoncé les prophètes concernant le Messie : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît et entrât ainsi dans sa gloire ? » Et au long du chemin, il reprend et commente tout ce qui avait été dit à son sujet dans les Écritures. On connaît la suite du récit de saint Luc. Ce qu’il nous faut surtout retenir, c’est l’argument dont se sert Jésus pour ranimer la foi au cœur de ces disciples découragés, et lui assurer son vrai et solide fondement : l’autorité de la parole divine. Nous devons croire en ce que Dieu a pris soin de nous révéler par ses Prophètes et par son Fils. Bienheureux ceux qui acceptent cette révélation et lui accordent toute leur confiance, quoi qu’il advienne !
Dans ce mystère qui nous occupe, la Sainte Vierge demeure le modèle unique. Elle seule a cru sans défaillance, et les âmes, qui ont cru les premières, sont précisément celles qui l’accompagnèrent jusqu’à la Croix et jusqu’au Tombeau : l’apôtre Jean d’abord, puis Madeleine ; et après Madeleine, Marie-Cléophas et Salomé, avec les autres suivantes de Jésus au temps de ses prédications. Toutes ces femmes ont eu l’insigne privilège de voir aussitôt Jésus ressuscité, et elles ont cru immédiatement. Jean n’a vu que le tombeau vide, mais cela lui a suffi pour croire.
Les autres apôtres, malgré les messages des saintes femmes et malgré le récit haletant des disciples d’Emmaüs, persistaient dans leur incrédulité. Ces derniers, après la révélation de la fraction du pain et malgré l’heure avancée, avaient repris de suite la route de Jérusalem et s’étaient rendus au Cénacle pour communiquer à tous leur joie d’avoir entendu et vu le Christ ressuscité. Les apôtres étaient là, à l’exception de Thomas. Saint Marc fait remarquer qu’ils ne crurent pas non plus la merveilleuse Apparition qu’on leur racontait (XVI, 13). Et voici que, soudain, Jésus lui-même parut au milieu d’eux, dans cette salle dont cependant les portes étaient soigneusement closes, par peur des Juifs. « La paix soit avec vous, leur dit-il, c’est moi, ne craignez point. ». Mais eux, troublés, effrayés, croyaient voir un fantôme. « Pourquoi êtes-vous si troublés, reprit Jésus, et pourquoi laissez-vous des incertitudes s’élever en vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds ; oui, c’est bien moi. Touchez, regardez, rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous constatez que j’en ai ». Et tout en leur montrant ses mains et ses pieds transpercés, il leur reprochait leur incrédulité, leur dureté de cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru à ceux qui l’avaient vu ressuscité.
Avant cette Apparition du Cénacle et celle d’Emmaüs, Jésus s’était montré à Simon-Pierre. Saint Luc nous l’atteste (XXIV, 34), et aussi saint Paul en sa première Épître aux Corinthiens (XV, 5) ; mais nous n’avons aucun détail de cette Apparition. Par humilité, l’apôtre qui avait renié son divin Maître voulut garder le silence sur cette condescendante sollicitude à son endroit. Dès le matin de Pâques il se savait pardonné, puisque nous le voyons accourir au Tombeau avec Jean, après avoir entendu ce que leur rapportait Madeleine. Il y était revenu seul peu après, et ce fut durant ce trajet que le Sauveur dut lui apparaître. On peut se représenter l’apôtre fondant en larmes à la vue du divin Ressuscité, et se jetant à ses pieds, sans oser toutefois les toucher et les baiser. Et Jésus ne lui adressa aucun reproche, mais lui témoigna un amour encore plus grand qu’auparavant.
Après la nuit de son reniement, Pierre avait dû retrouver Jean témoin de sa chute, « et sans doute aussi la Sainte Vierge, à qui il sentait un irrésistible besoin de confesser sa faute et de demander pardon. Il était avide de savoir ce qui s’était passé depuis la condamnation chez Caïphe (Mgr Gay, Mystères du Rosaire, II, p. 201) ». Quel torrent de pleurs aura-t-il versé alors ! Marie lui avait rendu confiance, elle avait prié, elle avait obtenu pour lui cette Apparition privilégiée du matin de Pâques. Pierre fut donc le premier des Apôtres à voir de ses yeux Jésus ressuscité ; Pierre, demeurant toujours le Chef du Collège apostolique et devenant ainsi le premier témoin attitré de la Résurrection du Sauveur. Oui, Apparition privilégiée, comme celle accordée à Madeleine.
Comment douter après cela que Jésus n’ait commencé par se manifester à sa sainte Mère ? L’Évangile n’en parle point. L’Évangile n’avait pas à en parler : il rapporte les Apparitions dont le but était de prouver la victoire du Christ sur les tourments et la mort, et par le fait d’obtenir une foi à toute épreuve dans le succès de l’œuvre rédemptrice, malgré les apparences contraires. Marie, nous l’avons dit, n’avait cessé de croire à la Résurrection ; aussi, ne la voyons-nous pas prendre une part quelconque aux préoccupations des saintes femmes touchant l’embaumement du Corps enseveli. Cette attitude avait dû frapper l’esprit observateur et intuitif de l’apôtre Jean ; c’est pourquoi, devant le Tombeau vide, il s’était rendu aussitôt à l’évidence du grand miracle.
Quelle fut la béatitude de Marie en contemplant le Corps désormais glorieux de son Jésus ? Les mots nous manquent pour l’exprimer. C’était bien ce même Corps reçu d’elle, et qu’elle avait vu grandir, souffrir, mourir sur la Croix et porter au sépulcre de Joseph d’Arimathie. Les stigmates y ajoutaient leur preuve impressionnante. Cette Apparition ne ressemblait en rien à celles qui allaient suivre, tant elle les dépassait par sa splendeur, sa douce et sainte intimité, par ses effusions célestes, ses embrassements, ses échanges de tendresse, par ses actions de grâces aussi après tant de souffrances ensemble endurées et surmontées. C’était une joie sublime, intraduisible ; un bonheur surhumain qui dépasse nos conceptions, en même temps qu’une juste et royale récompense de sa foi. Quelle divine leçon pour nous encourager à implorer de Marie cette FOI inébranlable, qui s’appuie avant tout sur la certitude de la parole révélée, en attendant la vision de gloire ! Resurrexit sicut dixit (Antienne du Regina coeli laetare).
Jésus ressuscité avait demandé à ses apôtres de se rendre en Galilée, loin de la crainte des Juifs. Dans cette tranquille contrée, qui fut le berceau de leur vocation, il va les préparer à son départ et leur confier le soin de son Église, où toutes les âmes chrétiennes puiseront l’ESPÉRANCE de le rejoindre un jour.
Déjà, le soir de Pâques, au Cénacle de Jérusalem, il leur avait transmis le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés, les établissant ainsi juges des consciences. Et maintenant, sur les bords du lac de Tibériade, c’est l’investiture solennelle de Simon-Pierre comme Chef de toute l’Église. « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » lui demanda Jésus par trois fois en compensation du triple reniement. « Sois le Pasteur de mes Agneaux... Sois le Pasteur de mes Brebis ». Sois le Pasteur suprême du troupeau entier, fidèles et prêtres à tous les degrés de la hiérarchie.
Après la consécration définitive de la primauté de Pierre, Jésus convoqua ses apôtres sur une montagne de Galilée dont on ne dit pas le nom, peut-être le Thabor. Les « Onze » étaient là, qui entendirent ces paroles : « Toute Puissance m’a été donnée au Ciel et sur la terre. Allez donc enseigner toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur enseignant à pratiquer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle ».
Sublime mission apostolique ! Avant de prendre possession du Ciel, il entend, par se envoyés, prendre possession de la terre : portez à tous les peuples mon Évangile, la « Bonne Nouvelle » du Royaume des Cieux. Puis, à ceux qui croiront en votre parole, communiquez la vie surnaturelle par le Baptême, et les autres sacrements destinés à la maintenir et développer.
Enfin, apprenez-leur à observer tous mes commandements, car il importe de produire, au prix d’efforts persévérants, des œuvres de renoncement, de charité, de sacrifice. Le Ciel est une récompense qu’il faut personnellement mériter. L’Église devient alors pour les âmes croyantes et pratiquantes comme le vestibule du Paradis, la véritable maison de l’Espérance chrétienne.
Cependant, ce n’est pas en Galilée que Jésus entend faire à ses apôtres son adieu terrestre. Il leur enjoint donc de regagner Jérusalem et leur assigne comme dernier rendez-vous ce Cénacle où il les a consacrés ses prêtres et les dispensateurs de son Eucharistie. Nous les y trouvons dix jours exactement avant la Pentecôte, disposés à recevoir ses recommandations suprêmes. Leur prédication devra d’abord s’appuyer sur l’autorité des Écritures. Il fallait que soit accompli tout ce qui avait été dit à son sujet dans la Loi de Moïse et dans les Prophètes et dans les Psaumes : ses souffrances, sa mort en croix, sa résurrection le troisième jour. Ensuite, ils devront proclamer à la face du monde les faits dont ils ont été les témoins, et on croira sur leurs affirmations. Sous peu d’ailleurs, l’Esprit-Saint les revêtira de sa force. Jésus le leur annonce.
Et il les emmena sur la montagne des Oliviers. Là, étendant les mains sur eux, il les bénit et s’éleva au Ciel. Tous le virent monter majestueusement dans les airs : les apôtres, plusieurs disciples, et Marie avec les saintes femmes venues avec eux au Cénacle.
On était à l’heure de midi. Le soleil inondait le firmament. En tranquille triomphateur, à peu de distance du prétoire de Pilate, Jésus retournait à son Père dans le Royaume de l’éternel rendez-vous. « Je vais vous préparer une place », avait-il dit aux siens dans son discours après la Cène (Jean, XIV, 2). Quelle douce et lumineuse invitation ! Comment mieux nous laisser entendre que l’Église, de là-haut, n’est qu’une suite à celle d’ici-bas.
Apôtres et disciples retournèrent à Jérusalem en grande allégresse, note saint Luc (XXIV, 52). Toute crainte avait disparu. Leurs illusions juives, pourtant si tenaces, venaient de s’évanouir. Ils n’espéraient plus dans le relèvement temporel de l’ancien royaume, et comprenaient enfin que Jésus n’était pas venu pour cela. Une autre espérance, autrement grande et belle, emplissait leurs cœurs. Deux anges venaient de leur dire que ce Jésus, enlevé au Ciel, en reviendrait un jour tel qu’ils l’avaient vu monter. Alors, il apparaîtra sur les nuées dans toute sa gloire, pour juger le monde et inaugurer un Règne sans fin. Et puis, Jésus disparu, Marie restait avec eux. Elle avait déjà tant intercédé devant leur lenteur à croire. Elle s’était réjouie avec les saintes femmes des Apparitions merveilleuses qui se succédaient, totalement à l’insu des autorités de la nation. Elle n’ignorait pas leur incalculable portée, malgré la discrétion qui les enveloppait présentement. Elle n’avait cessé d’admirer, de louer, de bénir cette mystérieuse Présence prolongée, tantôt visible, tantôt cachée, du Sauveur au milieu des siens. Si son bonheur avait été grand de voir de ses yeux son Fils ressuscité, plus grand encore fut celui de le voir monter au Ciel avec ce Corps qu’elle lui avait donné pour souffrir et que la Gloire enveloppait maintenant de sa splendeur.
Ô Sagesse victorieuse et triomphante ! pouvait-elle s’écrier en descendant les pentes du mont des Oliviers. Quel contraste avec sa descente du Calvaire, le soir du Vendredi Saint ! Son espérance était déjà comblée dans la Personne du glorieux Ressuscité, en attendant de l’être en sa propre personne. Quel encouragement pour nous à attendre le Ciel, après toutes nos épreuves d’ici-bas, chrétiennement supportées comme l’achat de la béatitude éternelle !
Au Cénacle de Jérusalem, où les apôtres, en compagnie de la Sainte Vierge, des saintes femmes et des disciples, commencent leur Retraite de dix jours, la CHARITÉ sera l’âme de cette fraternelle assemblée. Quelle union, quelle ferveur soutenue, quelle persévérance dans la prière, entre ces murs embaumés du souvenir eucharistique ! Quelle unité des esprits, quelle fusion des cœurs autour de la Mère de Jésus ! c’est elle qui concilie et pacifie. C’est elle qu’on vénère et qu’on écoute.
Lorsque Simon-Pierre propose à ses collègues de donner un successeur à Judas, l’élection se passe dans une concorde parfaite, sans l’ombre d’une opposition ou d’une divergence. Mathias est ainsi désigné et reconnu par les « Onze ». Tous les apôtres considèrent Marie comme tenant au milieu d’eux la place du Sauveur monté au ciel. N’est-elle pas aussi leur Mère ? Sa Maternité ne fut-elle pas proclamée du haut de la Croix ? Mère des pasteurs et de fidèles, Mère du Pasteur suprême lui-même, Mère de ces enfants privilégiés, les choisis, les intimes de Jésus, les premiers membres de son Corps mystique !
Combien elle les aime et désire les voir toujours s’aimer les uns les autres, selon le commandement nouveau, comme ils s’aiment en ce moment sous son regard ! C’est pour eux qu’elle prie ; c’est sur eux tous qu’elle appelle la descente de l’Esprit consolateur. Sa pure et belle dilection avive en chacun le désir de recevoir ce divin Paraclet, tant de fois promis par son Fils et dont elle demeure l’Épouse très fidèle et très aimante.
Voilà de longues années qu’Elle-même a reçu sa venue et sa survenue ; mais il faut qu’elle le reçoive encore, ostensiblement cette fois, pour le communiquer à l’Église naissante. Il importe qu’on la reconnaisse dans le plein exercice de ses fonctions maternelles. C’est pourquoi le Livre des Actes nous a signalé expressément sa présence parmi les apôtres et les disciples en prière. Encore quelques jours, et l’Amour personnel du Père et du Fils déversera par eux sa charité sur le monde. Marie les prépare en leur infusant son propre amour. Au matin de Pentecôte, avant que ne s’ouvrent les portes du Cénacle, c’est sur Elle en premier lieu que va descendre l’Esprit-Saint et, par elle, il se répandra dans la plénitude de ses dons sur chacune des personnes présentes.
Alors, sous la poussée du grand souffle venu d’en haut, ce sera l’embrasement des cœurs et le déliement des langues. Plus rien désormais n’arrêtera les apôtres. Dans Jérusalem surprise et étonnée, entendons-les – Simon-Pierre à leur tête – prêcher hardiment le Christ ressuscité d’entre les morts. Et ces milliers de pèlerins, accourus des provinces les plus reculées pour la Fête des moissons, l’une des trois grandes de l’année, les écoutent et les comprennent malgré la diversité de leurs idiomes particuliers. « Nous sommes les témoins de sa Résurrection », disent-ils ; et cette Résurrection fut annoncée par David, son Prophète, de même que sa condamnation et sa Passion (Act., II, 7).
Impossible de leur reprocher d’avoir cru à la légère ou par influence des uns sur les autres. Ils ont été, au contraire, les plus rebelles à croire ; Jésus a dû les gagner et les convaincre un à un, pour ainsi dire. Leur affirmation ne craint aucun démenti. C’est elle qui convertit en masse ces premiers auditeurs : on les croit sur parole, comme le divin Maître le leur avait prédit : on tient la preuve de la Divinité du Christ et de la vérité de son Évangile. C’est elle aussi qui fermera la bouche aux ennemis prêts à reparaître : « Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu ».
Cette puissance de conviction, émanant de l’Esprit qui les enflamme, leur fera braver les menaces, les tribunaux, l’emprisonnement, la mort violente elle-même. Tous finiront par le martyre, heureux de verser leur sang pour les âmes rachetées dans le sang de Jésus. « Il n’est pas de plus grand amour que celui de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jean, XV, 13). Sublime exemple d’amour de Dieu et du prochain. Ainsi, le mystère de la Pentecôte nous apporte cette grâce de parfaite charité, faisant suite aux grâces de foi et d’espérance des deux mystères précédents.
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