lundi 13 avril 2020

Méditation : Réflexions sur quelques circonstances de la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ




De la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ



Réflexions sur quelques circonstances de la Résurrection

de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST



Considérez que la Résurrection du Sauveur n’est pas seulement le fondement de notre foi, et de nos espérances, mais qu’elle est encore le modèle de la Résurrection spirituelle de l’âme, et l’image d’une parfaite conversion.
Quelque rude, quelque rebutant que soit le chemin par où Jésus-Christ a marché, le terme où ce chemin l'a conduit, le dédommage pleinement de toutes ses peines.
Repassez sur tout ce que Jésus-Christ avait souffert pendant sa vie mortelle, et dans sa Passion, en quel état pitoyable la mort avait réduit son Corps, et voyez quel changement sa Résurrection y apporte.
Considérez comme celui qui avait été humilié, et couvert d’opprobres, est environné de gloire, déclaré Roi des Nations, et Seigneur de tout l'Univers. Il ne reste plus de ses plaies que de brillantes cicatrices qu’il conserve, pour ranimer nos espérances, et notre foi, pour confondre ses ennemis, et pour servir comme de monuments de sa victoire. Pour un peuple qui a refusé de le reconnaître, pour un Apôtre qui l'a trahi, que de Nations soumises à ses lois ! que de millions de Martyrs qui l’ont confessé en présence des Tyrans, malgré leurs menaces, et les supplices ! Pour une Croix, que d’Autels élevés à son honneur, et sur combien d'Autels cette Croix ! Ce n’est que par la voie des souffrances, et des humiliations que Jésus-Christ est arrivé à cette gloire ; ne sommes-nous pas bien à plaindre, si nous nous flattons de pouvoir y arriver par d’autres voies ?
Jésus-Christ ressuscité a le même Corps qu’il avait auparavant ; mais ce Corps glorieux a des qualités bien différentes.
L'impassibilité met Jésus-Christ hors d'état de souffrir ; quand est-ce que nous expérimenterons cette inaltérable tranquillité d’esprit, cette paix admirable du cœur, cette bienheureuse insensibilité à tous les accidents de la vie : c'est le fruit nécessaire d’une véritable Résurrection.
L'agilité, la clarté, et la subtilité sont les qualités propres du Corps de Jésus-Christ après sa Résurrection ; il n’est plus sujet à la mort. Quand est-ce, ô mon Dieu, que ma Résurrection aura les mêmes Privilèges ? Cependant, si elle est véritable, elle doit avoir de semblables effets.
Expérimentons-nous cette facilité, cette promptitude, et cette ferveur avec laquelle une âme, qui vit d’une vie nouvelle, se porte à exécuter les ordres de Dieu, et à tout ce qu’elle croit pouvoir lui plaire ?
Cette abondance de lumière surnaturelle ; qui éclaire l’entendement, est le fruit de l’Esprit Saint, dont on est animé : notre Résurrection a-t-elle été accompagnée de ces dons ?
Sentons-nous ce dégagement merveilleux qu’opère la vie nouvelle dans l’âme, en l’élevant au-dessus des biens créés, et en la rendant peu susceptible des impressions que font d’ordinaire sur les sens les objets sensibles.
Enfin, les passions sont-elles éteintes, ou moins vives ? Ne goûte-t-on plus que les maximes de Jésus-Christ ? Le cœur n’est il plus occupé que de Dieu ? S’est-on prémuni contre les rechutes ? Tout cela suit nécessairement d’une Résurrection spirituelle : mais fut-il jamais résurrection sans une mort qui précède ; et qui vit encore d’une vie mondaine, peut-il se flatter des fruits de la Résurrection ?
Qu’une âme qui vit d’une vie surnaturelle est ardente au service de Dieu !
Voyez l'empressement de ces saintes Femmes à rendre les derniers honneurs à leur bon Maître ? mais remarquez que ce ne sont que celles qui l’avaient suivi jusques sur le Calvaire, et dont la fidélité avait été à l’épreuve des ignominies de sa Croix.
Que l’amour de Dieu inspire de courage ! et qu’il importe d’être fidèle dans les adversités ! mon Dieu, que vous êtes libéral, que vous êtes prompt à récompenser ceux qui vous aiment avec tendresse ! que notre lâcheté à vous suivre nous nuit !
Saint Jean n’avait jamais abandonné son divin Maître aussi vint-il au Sépulcre le Premier. Qu’une âme pure marche vite ! Il n’y a que l’amour des créatures qui nous fatigue, qui nous appesantit, et qui nous arrête. On languit, on rampe toute sa vie dans la voie de la perfection, et faut-il s’étonner si l’on arrive toujours trop tard, si l’on sent tous les jours de nouvelles peines ?
On se plaint éternellement qu’on n'avance point ; et quels efforts bon Dieu, fait-on pour avancer ? quels sont nos empressements, quelles preuves de notre courage ?
Cent imaginaires difficultés nous arrêtent, mille vains fantômes nous découragent ; on veut, pour ainsi dire, qu'il y ait toujours quelque ennemi terrible à vaincre, quelque pesant fardeau à porter, quelque nouvel obstacle à surmonter : plusieurs n’osent même pas se mettre en chemin, crainte de revenir un jour sur leurs pas. Si ces saintes Femmes, si ces fervents Disciples n’eussent pas eu pour Jésus-Christ plus de fidélité, ni plus de courage que nous, en eussent-ils reçu tant de bienfaits ? Eussent-ils été les témoins de tant de merveilles ?
Voyez dans Magdeleine la vraie image d’une âme véritablement convertie, d’une âme généreuse, et fervente, d’un cœur embrasé de l’amour de Dieu.
Quelle sainte impatience ne lui inspire pas le désir de recevoir Jésus-Christ ! Délibère-t-elle longtemps si elle se mettra en chemin pour le chercher : Croit-elle comme la plupart des âmes lâches, qu’elle le trouvera toujours assez-tôt ? Il fallut toute l’autorité de la Loi pour tempérera son ardeur ; le respect qu’elle eut pour le jour du Sabba, suspendit ses empressements, et son zèle ; mais ce ne fut que pour faire croître l’ardeur de ses désirs.
Que l’amour de Dieu inspire d'empressements, et de vivacité à s’acquitter des devoirs de Religion, et qu’on craint peu les obstacles quand on aime beaucoup !
À peine le jour du Sabbat expire, qu’elle se met en chemin. Elle prévient le lever du Soleil ; son zèle lui sert de guide au travers des ténèbres de la nuit ; consulte-t-elle sa délicatesse ? Écoute-t-elle la timidité naturelle à son sexe, et cent fausses raisons qui se présentent à son esprit pour la dissuader de son dessein ?
Une piété moins solide, un amour de Dieu moins pur aurait été moins généreux, et se serait laissé persuader ; mais on défère peu aux sentiments humains quand on suit les attraits de la grâce. Dieu ne veut point de ces esprits incertains, et irrésolus, qui balancent toujours sur leur conversion. Dieu rejette ces âmes tièdes, ces cœurs timides, qui semblent ne compter que sur leurs propres forces ; ces demi-volontés, qui ne servent qu’à étourdir, et à nous amuser.
Mais peut-être que cette sainte Amante ne prévoyait pas les difficultés, et qu'elle ignorait les obstacles ? Nullement. À peine est-elle en chemin, qu'elle pense à qui pourrait lever la pierre qui couvrait le Sépulcre. Cet obstacle invincible devait faire revenir une jeune femme sur ses pas, un Corps de Garde, une pierre d’un poids énorme, le Sceau d’un Prince étaient de puissantes raisons de n’aller pas plus loin. Oui, à celui qui n’a qu’une foi chancelante, et un amour de Dieu faible, et languissant ; mais à celui qui aime Dieu sans réserve, qui ne cherche que Dieu, la confiance lui inspire un merveilleux courage, et lui tient lieu de tout.
Il est vrai que rien n’engage plus le Seigneur à faire des miracles qu’un amour généreux, et une vive foi. Magdelaine n’est point arrêtée, ni par la crainte de trouver des soldats, qui l’empêchassent d'approcher du Sépulcre, ni par l’impossibilité d’ôter elle seule une pierre que plusieurs hommes ensemble n’auraient pu rouler. Mais à peine s’est-elle déterminée à passer outre, que les soldats sont mis en fuite, et que le Sépulcre est ouvert. C'est ainsi qu’au service de Dieu les plus grands obstacles sont aplanis, les plus rebutantes difficultés disparaissent dés qu'on est résolu de les vaincre, dés que Dieu voit qu’on le cherche avec droiture, avec ardeur, avec courage, et de bonne foi.
Le Seigneur aussi ne tarde guère à se faire sentir à une âme fervente. Jésus-Christ se présente à Magdeleine sous la figure d’un jardinier. Dieu prend plaisir à se cacher : tant il aime à voir croître nos empressements, et notre zèle.
Seigneur lui dit-elle, si vous l’avez enlevé, de grâce enseignez-moi où vous l’avez mis, et je l'emporterai. Elle ne nomme pas même celui qu’elle cherche. Quand on a le cœur plein de quelque chose, on s’imagine que chacun pense à ce qui nous occupe.
Mais une femme seule ; faible, sans secours espère d’emporter un corps si pesant, et de l’emporter contre la défense du Gouverneur, et aux yeux de toute la Ville. L’amour de Dieu n’inspire pas seulement du courage, il donne encore de la force ; et comme ce n’est que sur la grâce qu’on compte, plus on est faible, et plus on est puissant. Dès qu’une âme ne cherche que Dieu, le respect humain tombe, on craint peu de déplaire aux hommes, quand on ne veut plaire qu’à Dieu.
Ô que la persévérance au service de Dieu est libéralement, et promptement récompensée ! Les empressements, le zèle, les désirs, et les larmes de cette sainte Amante obligent le Sauveur à la consoler ; elle le reconnait à la voix. Ô mon Dieu ! quels furent à cet heureux moment les transports d’amour, et les sentiments de respect et de reconnaissance de cette sainte Âme !
On n’expérimente rien de semblable, parce qu'on est lâche au service de Dieu, parce qu’on l'aime peu, parce qu’on ne saurait même assurer véritablement qu’on l’aime. On voudrait être tout à Dieu, c’est-à-dire, qu’on ne le veut pas, mais qu’on le voudrait si Dieu voulait se contenter d’un cœur partagé, si Dieu voulait être servi à notre gré, et non pas selon qu’il le demande, on voudrait arriver à la perfection, mais par la voie qu’il nous plaît. On veut que la prudence humaine serve de guide ; et comme si l’on n’avait à compter que sur ses propres forces, on perd courage à la moindre difficulté.
Stériles désirs, frivole projet de conversion, qui ne servent qu’à s'endormir une âme dans sa tiédeur ! Que gagne-t-on à s’aveugler pour ne pas apercevoir le danger ? On est éternellement irrésolu, indéterminé, comme s’il y avait un autre parti à prendre ; quand on doute en matière de foi, on ne croit pas ; quand on délibère en matière de pénitence on ne se convertit pas.
Ne permettez pas, Seigneur, que ce malheur m’arrive. Ma lâcheté jusqu’ici me donne sujet de tout craindre, mais la confiance que je sens en votre miséricorde me fait tout espérer. J’ai voulu cent fois me mettre en chemin pour vous chercher : et cent fois je suis revenu sur mes pas, effrayé par des difficultés imaginaires, par de vains obstacles ; ma lâcheté, et mon peu de foi ont augmenté ma faiblesse. Un peu plus de confiance en votre bonté m'aurait inspiré plus de force, et m’aurait fait sentir les effets de votre secours. À présent que vous me la donnez cette confiance, et que je sens par votre miséricorde plus de volonté, ce me semble, d'être tout à vous, je ne saurais douter que ma résolution ne soit efficace, et que vous ne soyez en même temps toute ma force, comme vous êtes le seul objet de mon amour : Diligam te, Domine, fortitudo mea.


LECTURE.
On pourra lire le Chapitre sixième du second Livre de l’Imitation de Jésus-Christ.


(Tirée de Retraite spirituelle pour un jour de chaque mois, par le Père Jean Croiset, de la Compagnie de Jésus)


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