mardi 11 août 2015

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et la Vie d'Oraison


Extrait des Manuscrits autobiographiques de Sainte Thérèse de Lisieux


« En parlant de visite aux carmélites je me souviens de la première, qui eut lieu peu de temps après l'entrée de Pauline, j'ai oublié d'en parler plus haut, mais il est un détail que je ne dois pas omettre. Le matin du jour où je devais aller au parloir, réfléchissant toute seule dans mon lit (car c'était là que je faisais mes plus profondes oraisons et contrairement à l'épouse des cantiques j'y trouvais toujours mon Bien-Aimé), je me demandai quel nom j'aurais au Carmel ; je savais qu'il y avait une Sr Thérèse de Jésus, cependant mon beau nom de Thérèse ne pouvait pas m'être enlevé. Tout à coup je pensai au Petit Jésus que j'aimais tant et je me dis : « Oh ! que je serais heureuse de m'appeler Thérèse de l'Enfant Jésus ! » Je ne dis rien au parloir du rêve que j'avais fait toute éveillée, mais la bonne Mère M. de Gonzague demandant aux Sœurs quel nom il faudrait me donner, il lui vint à la pensée de m'appeler du nom que j'avais rêvé... Ma joie fut grande et cette heureuse rencontre de pensées me sembla une délicatesse de mon Bien-Aimé Petit Jésus. »

« Ah ! qu'elle était éloquente ma chère marraine ! J'aurais voulu n'être pas seule à entendre ses profonds enseignements, je me sentais si touchée que dans ma naïveté je croyais que les plus grands pécheurs auraient été touchés comme moi et que, laissant là leurs richesses périssables, ils n'auraient plus voulu gagner que celles du Ciel... À cette époque personne ne m'avait encore enseigné le moyen de faire oraison, j'en avais cependant bien envie, mais Marie me trouvant assez pieuse ne me laissait faire que mes prières. Un jour une de mes maîtresses de l'Abbaye me demanda ce que je faisais les jours de congé lorsque j'étais seule. Je lui répondis que j'allais derrière mon lit dans un espace vide qui s'y trouvait et qu'il m'était facile de fermer avec le rideau et que là « je pensais. »  Mais à quoi pensez-vous ? me dit-elle.  Je pense au Bon Dieu, à la vie... à l'ÉTERNITÉ, enfin je pense !... La bonne religieuse rit beaucoup de moi, plus tard elle aimait à me rappeler le temps où je pensais, me demandant si je pensais encore... Je comprends maintenant que je faisais oraison sans le savoir et que déjà le Bon Dieu m'instruisait en secret. »

« Enfin j'avais trouvé le repos... Considérant le corps mystique de l'Église, je ne m'étais reconnue dans aucun des membres décrits par St Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous... La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l'Église avait un Cœur, et que ce Cœur était BRÛLANT d'AMOUR. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les Apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang.. Je compris que l'AMOUR RENFERMAIT TOUTES LES VOCATIONS, QUE L'AMOUR ÉTAIT TOUT, QU'IL EMBRASSAIT TOUS LES TEMPS ET TOUS LES LIEUX... EN UN MOT, QU'IL EST ÉTERNEL !...
Alors dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour... ma vocation, enfin je l'ai trouvée, MA VOCATION, C'EST L'AMOUR ...
Oui j'ai trouvé ma place dans l'Église et cette place, ô mon Dieu, c'est vous qui me l'avez donnée... dans le Cœur de l'Église, ma Mère, je serai l'Amour... ainsi je serai tout... ainsi mon rêve sera réalisé !!!... »

« Mère bien-aimée, voici ma prière, je demande à Jésus de m'attirer dans les flammes de son amour, de m'unir si étroitement à Lui, qu'Il vive et agisse en moi. Je sens que plus le feu de l'amour embrasera mon cœur, plus je dirai : Attirez-moi, plus les âmes qui s'approcheront de moi (pauvre petit débris de fer inutile, si je m'éloignais du brasier divin), plus ces âmes courront avec vitesse à l'odeur des parfums du Bien-Aimé, car une âme embrasée d'amour ne peut rester inactive ; sans doute comme Ste Madeleine elle se tient aux pieds de Jésus, elle écoute sa parole douce et enflammée. Paraissant ne rien donner, elle donne bien plus que Marthe qui se tourmente de beaucoup de choses et voudrait que sa sœur l'imite. Ce ne sont point les travaux de Marthe que Jésus blâme, ces travaux, sa divine Mère s'y est humblement soumise toute sa vie puisqu'il lui fallait préparer les repas de la Ste Famille. C'est l'inquiétude seule de son ardente hôtesse qu'il voulait corriger. Tous les saints l'ont compris et plus particulièrement peut-être ceux qui remplirent l'univers de l'illumination de la doctrine évangélique. N'est-ce point dans l'oraison que les Sts Paul, Augustin, Jean de la Croix, Thomas d'Aquin, François, Dominique et tant d'autres illustres Amis de Dieu ont puisé cette science Divine qui ravit les plus grands génies ? Un savant a dit : « Donnez-moi un levier, un point d'appui, et je soulèverai le monde. » Ce qu'Archimède n'a pu obtenir, parce que sa demande ne s'adressait point à Dieu et qu'elle n'était faite qu'au point de vue matériel, les Saints l'ont obtenu dans toute sa plénitude. Le Tout-Puissant leur a donné pour point d'appui : LUI-MÊME et LUI SEUL ; pour levier : L'oraison, qui embrase d'un feu d'amour, et c'est ainsi qu'ils ont soulevé le monde ; c'est ainsi que les Saints encore militants le soulèvent et que, jusqu'à la fin du monde, les Saints à venir le soulèveront aussi. »




Pratique :
Apprenez à prier mentalement. La prière mentale est supérieure à la prière vocale.




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