Depuis le jour où Marie reçut les derniers adieux de Jésus sur la montagne des Oliviers, elle ne regarda plus le reste de ses jours mortels que comme un long et triste exil : séparée de l'unique objet de son amour, tous ses vœux, toutes ses pensées, tout son cœur fut dans le ciel ; étrangère sur la terre, cachée aux yeux des hommes, inconnue au monde, morte à toutes les créatures, elle se plaignait chaque jour de la durée de son pèlerinage ; plus unie à son divin Fils par les efforts vifs et continuels d'un cœur qui s'élevait sans cesse vers le ciel, qu'attachée à la terre par les faibles liens qui l'y retenaient encore, elle s'écriait souvent dans l'amertume de son âme : Eh ! n'y a-t-il pas assez longtemps que je languis ici-bas, et que je pleure dans cette vallée de larmes, loin du Bien-aimé de mon cœur ! Enfin les longs jours de son pénible exil s'achèvent : l'amour rompt tous ses liens ; elle meurt ; mais la mort n'est pour elle que la fin de ses soupirs, la consolation des amertumes de sa vie, le commencement de son bonheur et de sa gloire ; elle retrouve Jésus-Christ qu'elle avait perdu ; elle revoit ce cher Fils dont elle était depuis si longtemps séparée ; et qui pourrait dire les douceurs ineffables de cette réunion si longtemps désirée ! qui pourrait raconter les transports du cœur de Marie à la vue de son Fils glorieux, immortel, et se préparant à lui découvrir les richesses incompréhensibles de sa gloire et de sa divinité !
(Manuel des petits séminaires)
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