jeudi 8 novembre 2018

Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire









Méditation pour le 8 novembre


Sur la peine qu'on endure dans le purgatoire




Le péché souille l'âme qui le commande, et le corps qui l'exécute. Il doit donc être puni dans l'âme et dans le corps, et c'est là, ô mon Dieu ! ce qui s'accomplit par votre justice dans le purgatoire. L'âme spirituelle souffrira, par un effet de votre puissance infinie, des peines sensibles, pour expier les fautes qu'elle aura commises dans les sens qui lui auront servi d'organes, « Celui dont les œuvres auront été imparfaites sera sauvé, dit le grand Apôtre ; mais il sera sauvé comme par le feu (S. Paul, 1. Cor., ch. 3, v. 15). » Et les Pères de l'Église, interprétant ce passage, entendent par ce feu celui qui purifie les justes dans le purgatoire, et nous enseignent que les tourments qu'on y endure surpassent tout ce qu'on peut souffrir de plus rigoureux ici-bas. Je vais, Seigneur, descendre par la foi dans ces brasiers ardents, où mes amis et mes parents gémissent peut-être, afin de compatir aux souffrances de ceux qui les habitent, et de concevoir l'horreur que je dois avoir pour le péché qui vous a contraint de les créer.

I. Le feu de ce monde, ô mon Dieu ! a été allumé par votre miséricorde afin de servir à nos besoins, et cependant nous le regardons, avec raison, comme le plus rigoureux de tous les supplices. Quelle doit donc être la rigueur du feu allumé par votre justice, afin de punir nos offenses et de réparer l'injure faite à votre grandeur infinie, par le péché ? Oui, ce feu surnaturel aura des qualités bien différentes de celui que nous voyons sur la terre. Ce sera un feu qui agira sous votre divine influence, et qui participera en quelque sorte de votre puissance, de votre justice, de votre sainteté. La violence de la douleur nous empêche quelquefois de la sentir dans toute son étendue, parce qu'elle nous fait perdre la connaissance ; un feu ardent se détruit bientôt lui-même, et il ne lui faut pas longtemps pour ôter à ceux qu'il consume le sentiment et la vie ; mais il n'en sera pas ainsi de celui du purgatoire : ce feu participera de votre puissance, il ne se consumera point lui-même. Son activité est toujours égale, et le sentiment de la douleur qu'il produit ne s'affaiblit point en se prolongeant. Il participe encore de votre justice ; il découvre dans l'âme jusqu'aux moindres souillures, et ne laisse rien sans châtiment ; il punit dans la langue les paroles coupables qu'elle a prononcées, dans les yeux, tous les regards qui les ont profanés, dans les oreilles, tout ce qu'elles ont écouté de contraire à votre loi. Oh ! combien l'âme, tourmentée par ce feu terrible, regrette de n'avoir pas réduit son corps en servitude par une mortification générale ! comme elle se reproche d'avoir accordé à ses sens tout ce qui pouvait les satisfaire, au lieu de s'en servir pour pratiquer une pénitence par laquelle il lui était si aisé de se purifier ! Je n'attendrai pas, ô mon Dieu ! d'éprouver moi-même un si redoutable châtiment, pour réparer les fautes que j'ai commises par toutes les portes de mon âme. Je me mortifierai dans mes paroles, dans toute ma conduite, je ne me servirai plus de mes sens que pour votre gloire et pour l'accomplissement de votre volonté. Soutenez-moi, Seigneur, car ma faiblesse est incapable de tout sans votre grâce. Je vous offre, pour l'expiation de mes offenses, et pour le soulagement des âmes qui se purifient dans les flammes, ces légers sacrifices que je suis résolu de m'imposer.

II. Ce qu'il y a peut-être de plus terrible, ô mon Dieu ! dans le feu du purgatoire, c'est l'intelligence et le discernement que vous lui donnez pour reprocher à l'âme les fautes qui l'ont éloignée de vous. Ce feu vengeur de votre sainteté outragée distingue le nombre, les circonstances de toutes les infidélités qui ont été commises ; il rappelle à l'esprit toutes les pensées déréglées, au cœur toutes les affections coupables ; il porte avec lui une lumière pénétrante qui montre à découvert tout ce qu'il y a d'affreux dans le péché, et en fait sentir toute la confusion. Alors, l'âme est déchirée tout à la fois par le désir ardent qui la porte à s'élancer vers vous, et le sentiment de son indignité qui l'accable de honte. Elle ne regarde plus comme de petites choses ces fautes qu'elle excusait avec tant de facilité, et si elle voulait encore se justifier sur la légèreté de la matière, sur sa jeunesse, sur le peu de temps qu'elle a passé sur la terre, le feu vengeur lui répondrait : « Tu n'en as été que plus coupable en refusant à ton Dieu, pendant ce peu de jours, des sacrifices si légers, qui devaient te procurer le bonheur de lui être uni pour l'éternité. » Du moins, Seigneur, si l'on pouvait se dire au milieu de ces terribles souffrances, ce que les Martyrs se disaient autrefois dans les supplices, ce que le chrétien infirme peut encore se dire aujourd'hui sur son lit de douleur : « Les peines que j'endure me rendent plus agréable aux yeux de Dieu ; je lui donne des témoignages de mon amour ; je deviens semblable à Jésus-Christ, et mes souffrances unies aux siennes seront toutes récompensées par une gloire infinie. » Mais on ne peut plus tenir ce langage, quand on est entré dans le règne de votre justice. Les peines sont alors sans aucun mérite, parce qu'elles ne sont plus volontaires, et que Jésus-Christ ne souffre plus avec nous. Cependant, Seigneur, votre miséricorde vous porte à désirer de trouver quelqu'un qui arrête votre bras, en satisfaisant pour ces âmes que vous ne frappez qu'à regret. Eh bien ! me voici prêt à embrasser tous les moyens que votre bonté me présente pour les soulager : les bonnes œuvres, les prières, les sacrements, les indulgences, les occasions de souffrir que votre providence me ménage, et toutes les privations que je pourrai m'imposer.


PRIÈRE

Ô Marie ! vous que l'Église appelle avec tant de raison la consolatrice des affligés et le salut des infirmes, venez au secours de ces âmes souffrantes, et daignez employer en leur faveur votre puissante intercession. Saint Alphonse m'apprend que votre nom suffit pour leur procurer de la consolation lorsqu'il retentit dans le lieu de leurs douleurs, et que vos prières sont comme une douce rosée qui descend dans les flammes pour en tempérer les ardeurs. J'invoquerai donc souvent votre nom, auguste Marie, je ne me lasserai point d'implorer votre bonté pour moi et pour ces âmes affligées, je mettrai entre vos mains tout ce que je ferai pour leur soulagement. Mes péchés me rendent indigne d'obtenir les grâces que je sollicite, mais vos vertus et vos glorieux privilèges vous donnent tout pouvoir auprès de votre Fils, et je serai toujours exaucé en vous prenant pour mon appui. Ainsi soit-il.


Indulgence applicable aux morts. — Ceux qui disent avec dévotion et à genoux le De Profundis et le Requiem aeternam, gagnent chaque fois une indulgence de cent jours. Cette prière doit se dire une heure après l'Angélus, c'est-à-dire à l'entrée de la nuit. — Ceux qui ne savent pas le De Profundis, peuvent dire un Pater et un Ave en ajoutant : « Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que votre lumière luise à jamais sur eux. »
Il y a indulgence plénière une fois par an pour ceux qui l'auront ainsi récitée tous les jours, pourvu que confessés ils communient et prient selon les intentions de l'Église. (Bref du 14 Août 1736 et rescrit du 18 Mars 1781)




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