vendredi 30 novembre 2018

Pour que le nom de Dieu soit sanctifié, pour que son règne arrive, et pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel, secourons les âmes du Purgatoire




Méditation pour le 30 novembre


CONCLUSION



« Vous avez sauvé une âme, dit saint Augustin, vous avez prédestiné la vôtre ; » animam salvasti, animam tuam proedestinasti. Et le Saint-Esprit nous fait cette promesse dans Isaïe : Si vous assistez les pauvres avec effusion de cœur, et si vous remplissez de consolation l'âme affligée, le Seigneur vous tiendra toujours en repos, il remplira votre âme de ses splendeurs. Aussi saint Paul plaçait tout l'espoir de son salut éternel en ce qu'il procurait le salut des antres ; ce qui lui faisait écrire à ses disciples de Thessalonique : Quelle est notre espérance et la couronne de notre gloire ? N'est-ce pas vous qui l'êtes devant le Seigneur J.-C.
Or, ne pouvons-nous pas appliquer ces divers textes au zèle pour la délivrance des âmes du purgatoire ? Quand par nos efforts, par nos prières, par nos aumônes, nous aurons hâté l'entrée dans le ciel de quelqu'une de ces âmes chéries de Dieu, ne sera-ce pas pour nous un motif puissant d'espérance ? N'est-ce pas à nous que s'adressent ces paroles du Sauveur : Heureux ceux qui sont miséricordieux, parce qu'ils obtiendront miséricorde ? Cette dévotion est le fruit de cette sublime charité dont parle saint Paul : Sur toutes choses revêtes-vous de la charité, qui est le lien de la perfection. Quand j'aurais une foi capable de transporter les montagnes, quand je parlerais le langage des Anges, si je n'ai pas la charité, je n'ai rien — Pesez bien ces dernières paroles : Si je n'ai pas la charité, je n'ai rien. Or, si nous négligeons, si nous délaissons les âmes du purgatoire, avons-nous la charité ? Si, après avoir lu cet ouvrage, qui, malgré ses nombreux défauts, nous donne une idée des souffrances de ces âmes, des motifs et des moyens de les soulager ; si, après avoir acquis ces lumières, dont la privation nous rendait peut-être excusables, nous continuons à ne rien faire pour nos frères souffrants, pouvons-nous nous rendre le témoignage que nous avons la charité ? Pouvons-nous, la main sur la conscience, nous flatter que nous aimons Dieu de toutes nos forces, que nous aimons notre prochain comme nous-mêmes ? Où donc serait la preuve de cet amour, si l'œuvre la plus agréable à Dieu et la plus utile à notre prochain nous trouve insensibles ; si, pouvant si aisément procurer la gloire de Dieu et le plus grand soulagement à nos frères, nous n'en faisons rien ?... Mais ne nous appesantissons pas sur cette pensée ; c'est sans doute inutile, puisque tous les lecteurs de cet ouvrage n'ignorent plus les immenses avantages attachés à la dévotion pour les âmes du purgatoire ; l'intérêt de la gloire de Dieu, l'intérêt de ces saintes âmes, et notre propre intérêt ; la charité, la justice, la reconnaissance ; tout se réunit pour faire aimer et pratiquer cette dévotion. Le peu de développement donné à ce sujet, si intéressant et si vaste, suffit pour inspirer à tout fidèle la résolution de s'occuper fréquemment de la pensée du purgatoire, dans le double but d'y porter du soulagement et de s'instruire à la vue de ces tourments infligés par un Dieu juste et saint, pour la satisfaction des moindres péchés. La prière pour les morts et la méditation des peines du purgatoire doivent nous faire prendre la ferme résolution de profiter de ce temps de miséricorde, de ces jours de propitiation que nous accorde la bonté divine, pour expier les peines temporelles dues à nos péchés : expiation si facile en cette vie ! tandis qu'en l'autre la justice seule règne, et exige une satisfaction entière avec la dernière rigueur ; le coupable ne pouvant plus ni mériter, ni rien offrir qui puisse adoucir sou malheureux sort.
Nous seuls, nous pouvons venir à son secours ; et, n'oublions pas qu'en satisfaisant pour ces âmes souffrantes, nous n'y perdons rien pour nous-mêmes, puisque par là nous nous préparons des protecteurs, des amis près de Dieu, dont il nous obtiendront les secours qui nous sont nécessaires dans cette terre d'exil et de combats. Offrons donc tous les jours, pour ces frères de l'église souffrante, le sang du divin Rédempteur, qui est répandu encore tous les jours sur nos autels pour eux. Recourons sans cesse au moyen si efficace des indulgences que l'Église permet d'appliquer à ces saintes âmes : prions et faisons des bonnes œuvres avec l'intention de satisfaire pour ces membres souffrants de Jésus-Christ : oh ! de quelle reconnaissance ne seront-ils pas pénétrés après leur délivrance ? Notre charité pour eux ne sera-t-elle pas récompensée au centuple ?
Tous les motifs présentés dans cet ouvrage ne suffisent-ils pas pour faire embrasser à tout chrétien cette dévotion ? hé bien ! en voici un dernier à la portée de tout le monde, et qui doit lever tout doute et ne laisser aucun prétexte à l'esprit le plus opiniâtre, au cœur le plus insensible. La prière la plus digne de notre vénération, la plus agréable à Dieu, est sans doute l'Oraison Dominicale, puisque c'est Jésus-Christ lui-même qui l'a composée et l'a apprise à ses disciples. Or, voici les trois premières demandes de cette prière du Sauveur : Que votre nom soit sanctifié, — que votre règne arrive, — que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. N'entrons-nous pas dans l'esprit de ces trois demandes en priant pour les âmes du purgatoire ? En travaillant à leur obtenir quelque soulagement, à hâter le moment où elles pourront glorifier Dieu dans le ciel, ne travaillons-nous pas à faire sanctifier son nom, à avancer l'époque de l'établissement de son règne dans ces âmes comblées de ses grâces, et à procurer l'accomplissement de la volonté divine ? Et, si ces demandes ne sont pas une simple formule, mais nous imposent l'obligation de faire tout ce que nous pouvons pour produire ce qu'elles expriment, ne devons-nous pas en conclure que l'Oraison Dominicale contient un précepte, pour ainsi dire formel, de prier pour les âmes du purgatoire ? Du moins cette dévotion est un moyen sûr et infaillible de prouver à Dieu que nous désirons que son nom soit sanctifié dans ces saintes âmes, en leur procurant la gloire céleste ; que son règne arrive pour elles, et que sa volonté divine s'accomplisse, en les faisant jouir du bonheur pour lequel elles ont été créées, et en unissant par cette prière l'église de la terre, l'église militante avec les deux autres églises, souffrante et triomphante. Qu'il est bon, qu'il est doux à des frères d'être unis, s'écrie le Psalmiste : union en Dieu, établissement de son règne, gloire de l'adorable Trinité : telle est la fin de la prière pour les morts ; tel est le but que nous mous proposons en la faisant ; et tel est, par conséquent, un des moyens efficaces de prouver à Dieu que nous ne nous bornons pas à exprimer machinalement les désirs que contiennent les trois premières demandes du Pater, mais que nous voulons travailler réellement à procurer sa gloire en hâtant, par tout ce que nous faisons pour les morts, le moment où ils jouiront du bonheur éternel.
Tâchons donc, chacun comme nous le pourrons, d'entrer dans l'esprit des trois premières demandes de l'Oraison Dominicale, en secourant les âmes du purgatoire par le saint sacrifice de la messe, par la prière, par les indulgences, par les bonnes œuvres : souvenons-nous qu'en travaillant pour elles, c'est pour Jésus Christ que nous travaillons, puisqu'il nous dit : Je vous le dis en vérité, autant de fois que vous avez rendu ces devoirs à l'un des moindres de mes frères, soit sur la terre, soit dans le lieu d'expiation, c'est à moi-même que vous les avez rendus. — Et quelle sera la récompense de cette charité ? Tressaillez, âmes touchées de compassion pour vos frères souffrants, tressaillez de joie ; car voici la sentence que votre juge suprême prononcera : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde !


Exemple


Nous sommes heureux de pouvoir, en finissant cet ouvrage, offrir à la jeunesse un modèle qu'elle s'empressera sans doute de suivre : c'est l'intéressant et pieux Hyacinthe Lecudon, mort en 1819 à l'âge de 16 ans : sa vie a été publiée dans les Souvenirs des petits séminaires, ouvrage dont on ne saurait assez recommander la lecture aux jeunes gens.
« Le soulagement des âmes détenues dans le purgatoire avait toujours été pour Hyacinthe une de ses plus chères dévotions ; il s'en occupa dans sa dernière maladie, jusqu'à s'oublier entièrement lui-même en faveur de ces pauvres âmes. Un de ses amis étant venu le voir lui demanda s'il voulait qu'on fit pour lui des prières particulières. « Non, répondit-il, je ne crains pas la mort ; mais qu'on prie pour les âmes du purgatoire. » Un autre jour, quelques congréganistes lui apprirent qu'on avait récité pour lui l'office de la sainte Vierge : « Qu'on a grand tort ! s'écria-t-il. On ferait bien mieux de prier pour les âmes du purgatoire. Je n'y souffre pas encore ; et peut-être avant que je meure pourriez-vous en délivrer quelqu'une. Il sera temps de penser à moi quand je serai à leur place. »
Quelques heures avant sa mort, il entretenait encore ses amis de l'état douloureux où sont les âmes du purgatoire. En parlant des flammes qui les tourmentent et les purifient, « je mériterais bien, d'y être précipité, disait-il, mais (en montrant avec un air de satisfaction l'image de la sainte Vierge qui était sous ses yeux) la bonne mère... ah ! elle est si bonne qu'elle me fera sauter par-dessus. » »
Inspice et fac secundùm exemplar ; regardez et faites selon ce modèle.


Indulgence applicable aux morts. — Indulgences accordées à perpétuité à tous les Fidèles qui dans l'intention d'honorer d'une manière particulière Jésus, Marie, Joseph, donneront à manger à trois pauvres, avec un cœur contrit et repentant,
Indulgence de sept ans et sept quarantaines pour chaque fois.
Indulgence plénière, si le même jour, s'étant confessé et ayant communié, on prie selon les intentions de l'Église.
Indulgence de cent jours pour chacun des domestiques de la personne qui fait cette œuvre de charité, pourvu qu'ils y contribuent, soit par leurs services, soit même par leur simple présence.
(Rescrits du 13 juin 1815)






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