vendredi 2 août 2019

Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur la prière




Extrait de "Esprit du Curé d'Ars, M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation" (1864) :


Voyez, mes enfants : le trésor d'un chrétien n'est pas sur la terre, il est dans le ciel. Eh bien ! notre pensée doit aller où est notre trésor.

L'homme a une belle fonction, celle de prier et d'aimer... Vous priez, vous aimez : voilà le bonheur de l'homme sur la terre !

La prière n'est autre chose qu'une union avec Dieu. Quand on a le cœur pur et uni à Dieu, on sent en soi un baume, une douceur qui enivre, une lumière qui éblouit. Dans cette union intime, Dieu et l'âme sont comme deux morceaux de cire fondus ensemble ; on ne peut plus les séparer. C'est une chose bien belle que cette union de Dieu avec sa petite créature. C'est un bonheur qu'on ne peut comprendre.

Nous avions mérité de ne pas prier ; mais Dieu, dans sa bonté, nous a permis de lui parler. Notre prière est un encens qu'il reçoit avec un extrême plaisir.

Mes enfants, vous avez un petit cœur, mais la prière l'élargit et le rend capable d'aimer Dieu... La prière est un avant-goût du ciel, un écoulement du paradis. Elle ne nous laisse jamais sans douceur. C'est un miel qui descend dans l'âme et adoucit tout. Les peines se fondent devant une prière bien faite, comme la neige devant le soleil.

La prière fait passer le temps avec une grande rapidité, et si agréablement qu'on ne s'aperçoit pas de sa durée. Tenez, quand je courais la Bresse, dans le temps que les pauvres curés étaient presque tous malades, je priais le bon Dieu le long du chemin. Je vous assure que le temps ne me durait pas.

On en voit qui se perdent dans la prière comme le poisson dans l'eau, parce qu'ils sont tout au bon Dieu. Dans leur cœur, il n'y a pas d'entre-deux. Oh ! que j'aime ces âmes généreuses !... Saint François d'Assise et sainte Colette voyaient Notre-Seigneur et lui parlaient comme nous nous parlons. Tandis que nous, que de fois nous venons à l'église sans savoir ce que nous venons faire et ce que nous voulons demander ! Et pourtant, quand on va chez quelqu'un, on sait bien pourquoi on y va... Il y en a qui ont l'air de dire au bon Dieu : « Je m'en vais vous dire deux mots pour me débarrasser de vous... » Je pense souvent que lorsque nous venons adorer Notre-Seigneur, nous obtiendrions tout ce que nous voudrions, si nous le lui demandions avec une foi bien vive et un cœur bien pur. Mais voilà !... nous sommes sans foi, sans espérance, sans désir et sans amour...

Il y a deux cris dans l'homme : le cri de l'ange et le cri de la bête. Le cri de l'ange, c'est la prière ; le cri de la bête, c'est le péché... Ceux qui ne prient pas se courbent vers la terre, comme une taupe qui cherche à faire un trou pour s'y cacher. Ils sont tout terrestres, tout abrutis, et ne pensent qu'aux choses du temps... comme cet avare qu'on administrait un jour ; lorsqu'on lui présenta à baiser un crucifix d'argent : « Voilà une croix, dit-il, qui pèse bien dix onces. »

Dans le ciel, s'il y avait un jour sans adoration, ce ne serait plus le ciel ; et si les pauvres damnés, malgré leurs souffrances, pouvaient adorer, il n'y aurait plus d'enfer. Hélas ! ils avaient un cœur pour aimer Dieu, une langue pour le bénir : c'était leur destinée... Et maintenant, ils se sont condamnés à le maudire pendant toute l'éternité. S'ils pouvaient espérer, qu'une fois ils prieront seulement pendant une minute, ils attendraient cette minute avec une telle impatience, que cela adoucirait leurs tourments.

Notre père qui êtes aux cieux... Oh ! que c'est beau, mes enfants, d'avoir un père dans le ciel !... — Que votre règne arrive... Si je fais régner le bon Dieu dans mon cœur, il me fera régner avec lui dans sa gloire. — Que votre volonté soit faite... — Il n'y a rien de si doux que de faire la volonté de Dieu, et rien de si parfait... Pour bien faire les choses, il faut les faire comme Dieu veut, en toute conformité avec ses desseins. — Donnez-nous aujourd'hui notre pain... Nous avons deux parties, l'âme et le corps. Nous demandons au bon Dieu de nourrir notre pauvre cadavre, et il nous répond en faisant produire à la terre tout ce qui est nécessaire à notre subsistance... Mais nous lui demandons de nourrir notre âme, qui est la plus belle partie de nous-mêmes ; et la terre est trop petite pour fournir à notre âme de quoi la rassasier ; elle a faim de Dieu, il n'y a que Dieu qui puisse la remplir. Aussi le bon Dieu n'a pas cru trop faire, en demeurant sur la terre et en prenant un corps, afin que ce corps devint l'aliment de nos âmes. « Ma chair, a dit Notre-Seigneur, est vraiment une nourriture... Le pain que je vais vous donner, c'est ma chair pour la vie du monde. » Le pain des âmes est dans le tabernacle. Le tabernacle est le garde-manger des chrétiens... Oh ! que c'est beau, mes enfants ! Lorsque le prêtre présente l'hostie et vous la montre, votre âme peut dire : Voilà ma nourriture !... Ô mes enfants, nous avons trop de bonheur !... Nous ne le comprendrons qu'au ciel. Que c'est dommage !!!...



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