lundi 21 décembre 2015

Dies iræ ou Prose des Morts


Le Dies iræ (« Jour de colère » en latin), aussi appelé Prose des Morts, est une séquence (ou prose) médiévale chantée, adoptant la forme d'une hymne liturgique. L'inspiration du poème est partiellement apocalyptique. Les prémices de cette séquence sont apparues dès le début du XIe siècle, la version actuelle datant du XIIIe siècle. C'est à cette époque et sous cet aspect qu'elle a été intégrée au corpus grégorien. Le Dies iræ a ensuite été chanté pendant des siècles dans la messe de Requiem (elle peut toujours l'être, mais n'est pas obligatoire, hormis dans le rite extraordinaire de la liturgie romaine). (Source Wikipédia)




Ne dissocions pas la miséricorde de Dieu de Sa justice, et la justice de Dieu de Sa miséricorde.


  Texte original en latin


Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favílla,
 Teste David cum Sibýlla !

Quantus tremor est futúrus,
quando judex est ventúrus,
cuncta stricte discussúrus !

Tuba mirum spargens sonum
per sepúlcra regiónum,
coget omnes ante thronum.

Mors stupébit et Natúra,
cum resúrget creatúra,
judicánti responsúra.

Liber scriptus proferétur,
in quo totum continétur,
unde Mundus judicétur.

Judex ergo cum sedébit,
quidquid latet apparébit,
nihil inúltum remanébit.

Quid sum miser tunc dictúrus ?
Quem patrónum rogatúrus,
cum vix justus sit secúrus ?

Rex treméndæ majestátis,
qui salvándos salvas gratis,
salva me, fons pietátis.

Recordáre, Jesu pie,
quod sum causa tuæ viæ ;
ne me perdas illa die.

Quærens me, sedísti lassus,
redemísti crucem passus,
tantus labor non sit cassus.

Juste Judex ultiónis,
donum fac remissiónis
ante diem ratiónis.

Ingemísco, tamquam reus,
culpa rubet vultus meus,
supplicánti parce Deus.

Qui Maríam absolvísti,
et latrónem exaudísti,
mihi quoque spem dedísti.

Preces meæ non sunt dignæ,
sed tu bonus fac benígne,
ne perénni cremer igne.

Inter oves locum præsta,
et ab hædis me sequéstra,'
státuens in parte dextra.

Confutátis maledíctis,
flammis ácribus addíctis,
voca me cum benedíctis.

Oro supplex et acclínis,
cor contrítum quasi cinis,
gere curam mei finis.

Lacrymósa dies illa,
qua resúrget ex favílla
judicándus homo reus.
Huic ergo parce, Deus.
Pie Jesu Dómine,
dona eis réquiem. Amen.

   

Traduction littérale


Jour de colère, ce jour-là
Il réduira le monde en cendres,
David l’atteste, et la Sibylle.

Quelle terreur à venir,
quand le juge apparaîtra
pour tout strictement examiner !

La trompette répand étonnamment ses sons,
parmi les sépulcres de tous pays,
rassemblant tous les hommes devant le trône.

La Mort sera stupéfaite, comme la Nature,
quand ressuscitera la créature,
pour être jugée d’après ses réponses.

Un livre écrit sera produit,
dans lequel tout sera contenu ;
d’après quoi le Monde sera jugé.

Quand le Juge donc tiendra séance,
tout ce qui est caché apparaîtra,
et rien d’impuni ne restera.

Que, pauvre de moi, alors dirai-je ?
Quel protecteur demanderai-je,
quand à peine le juste sera en sûreté ?

Roi de terrible majesté,
qui sauvez, ceux à sauver, par votre grâce,
sauvez-moi, source de piété.

Souvenez-vous, Jésus si doux,
que je suis la cause de votre route ;
ne me perdez pas en ce jour.

En me cherchant vous vous êtes assis fatigué,
me rachetant par la Croix, la Passion,
que tant de travaux ne soient pas vains.

Juste Juge de votre vengeance,
faites-moi don de la rémission
avant le jour du jugement.

Je gémis comme un coupable,
la faute rougit mon visage,
au suppliant, pardonnez Seigneur.

Vous qui avez absous Marie(-Madeleine),
et, au bon larron, exaucé les vœux,
à moi aussi vous rendez l’espoir.

Mes prières ne sont pas dignes (d’être exaucées),
mais vous, si bon, faites par votre bonté
que jamais je ne brûle dans le feu.

Entre les brebis placez-moi,
que des boucs je sois séparé,
en me plaçant à votre droite.

Confondus, les maudits,
aux flammes âcres assignés,
appelez-moi avec les bénis.

Je prie suppliant et incliné,
le cœur contrit comme de la cendre,
prenez soin de ma fin.

Jour de larmes que ce jour-là,
où ressuscitera, de la poussière,
pour le jugement, l’homme coupable.
À celui-là donc, pardonnez, ô Dieu.
Doux Jésus Seigneur,
donnez-leur le repos. Amen.

   

Traduction plus littéraire


Jour de colère, que ce jour-là
Où le monde sera réduit en cendres,
Selon les oracles de David et de la Sibylle.

Quelle terreur nous saisira
lorsque le Juge apparaîtra
pour tout juger avec rigueur !

Le son merveilleux de la trompette,
se répandant sur les tombeaux,
nous rassemblera au pied du trône.

La Mort, surprise, et la Nature
verront se lever tous les hommes
pour comparaître face au Juge.

Le livre alors sera ouvert,
où tous nos actes sont inscrits ;
tout sera jugé d'après lui.

Lorsque le Juge siégera,
tous les secrets seront révélés
et rien ne restera impuni.

Dans ma détresse, que pourrais-je alors dire ?
Quel protecteur pourrai-je implorer ?
alors que le juste est à peine en sûreté…

Ô Roi d’une majesté redoutable,
toi qui sauves les élus par grâce,
sauve-moi, source d’amour.

Rappelle-toi, Jésus très bon,
que c’est pour moi que tu es venu ;
Ne me perds pas en ce jour-là.

À me chercher tu as peiné,
Par ta Passion tu m’as sauvé.
Qu’un tel labeur ne soit pas vain !

Tu serais juste en me condamnant,
mais accorde-moi ton pardon
lorsque j'aurai à rendre compte.

Vois, je gémis comme un coupable
et le péché rougit mon front ;
Seigneur, pardonne à qui t’implore.

Tu as absous Marie-Madeleine
et exaucé le larron ;
tu m’as aussi donné espoir.

Mes prières ne sont pas dignes,
mais toi, si bon, fais par pitié,
que j’évite le feu sans fin.

Place-moi parmi tes brebis,
Garde-moi à l'écart des boucs
en me mettant à ta droite.

Quand les maudits, couverts de honte,
seront voués au feu rongeur,
appelle-moi parmi les bénis.

En m’inclinant je te supplie,
le cœur broyé comme la cendre :
prends soin de mes derniers moments.

Jour de larmes que ce jour-là,
où, de la poussière, ressuscitera
le pécheur pour être jugé !
Daigne, mon Dieu, lui pardonner.
Bon Jésus, notre Seigneur,
accorde-lui le repos. Amen.











Lire "Abrégé de démonologie" de Jean Vaquié.