lundi 31 octobre 2016

Enseignement de l'Église sur le Purgatoire (Méditation pour le 31 octobre)





Extrait de "Le Mois de Novembre consacré au souvenir des âmes du Purgatoire" :



(Méditation pour le 31 octobre)



Enseignement de l'Église sur le Purgatoire


    Pour bien comprendre l'enseignement de l'Église sur le purgatoire, il faut distinguer deux choses dans le péché, à savoir : la coulpe et la peine. La coulpe est l'effet que le péché produit dans l'âme en affaiblissant la grâce sanctifiante ou même en la lui faisant perdre entièrement. Le péché qui affaiblit la grâce sanctifiante s'appelle péché véniel. Celui qui fait perdre entièrement à notre âme la grâce sanctifiante s'appelle péché mortel. Si on jette une goutte d'eau sur un fer rouge ou sur un charbon allumé, on affaiblit l'activité du feu, on produit un petit point noir ; si, au lieu d'une goutte d'eau, on en jette une grande quantité, le fer rouge et le charbon allumé deviennent entièrement noirs. Il arrive dans l'âme quelque chose de semblable quand elle commet des péchés véniels ou des péchés mortels. Ces derniers éteignent en elle la grâce sanctifiante, la rendent hideuse aux yeux de Dieu et de la cour céleste ; le péché véniel affaiblit la grâce, laisse dans l'âme des taches qui déplaisent à Dieu. Ce double effet s'appelle la coulpe du péché.
La peine du péché est la punition que mérite toute désobéissance à la loi de Dieu. Si on pouvait violer une loi humaine impunément, bientôt tout le monde cesserait de l'observer, et le désordre s'introduirait par tout dans la société. Or, il en serait de même des lois divines : il faut aussi qu'il y ait une punition contre ceux qui les enfreignent. Quand on désobéit aux lois humaines, ce sont les juges qui ordonnent que le coupable soit condamné à payer une amende, qu'il soit emprisonné, ou même qu'il soit mis à mort. À l'égard des lois divines, la Providence ne punit pas toujours les coupables dans ce monde, elle leur ordonne de faire pénitence et de se punir eux-mêmes, par une douleur sincère de leurs péchés, et par des privations volontaires et des œuvres satisfactoires : il suffit de lire les Prophètes, l'Évangile, les écrits des Apôtres, des SS. Pères, les décisions des conciles et les vies des Saints, pour se convaincre de l'obligation qui est imposée aux pécheurs de se convertir sincèrement, et d'expier leurs péchés par des œuvres satisfactoires. La foi nous apprend que les pécheurs, qui n'ont pas expié leurs péchés dans ce monde, seront obligés de les expier après la mort, dans un lieu appelé Purgatoire.
    Les pécheurs, qui se sont rendus coupables de péchés mortels, et qui en ont un sincère regret, en obtiennent le pardon en se confessant : l'absolution efface leurs péchés et leur accorde la rémission de la peine éternelle qu'ils avaient mérité de subir dans l'enfer ; mais ordinairement (nous disons ordinairement, parce qu'il y a des pécheurs dont ta contrition est si vire et l'amour qu'ils ont pour Dieu, si fervent, qu'ils obtiennent la rémission de la peine et de la coulpe de leurs péchés ; mais ces exemples sont rares), ils seront obligés de subir dans le purgatoire une peine temporelle, qui sera d'autant plus longue et plus sévère que leurs péchés seront plus nombreux et plus énormes, et qu'ils auront été plus négligents pour les expier. Doctrine très raisonnable et qui devrait faire faire de sérieuses réflexions à tous ceux qui diffèrent de se convertir : outre le danger, auquel ils s'exposent, d'être surpris par la mort et d'aller en enfer, ils se préparent au moins de longs regrets dans le purgatoire.
Les péchés véniels, dont on n'a pas fait pénitence, on peut les expier en purgatoire, et quant à la peine et quant à la coulpe ; mais il faut faire ici une observation essentielle, qui nous fera mieux connaître la nature et l'effet des indulgences : c'est que la peine du péché est remise par les indulgences, tandis que la coulpe ne peut être remise dans l'autre vie que par l'expiation entière des fautes commises. Observation bien propre à nous inspirer la contrition et la douleur sincère des plus petites fautes, puisque nous payerons si cher la négligence que nous mettrions, dans cette vie, à nous en corriger et à en obtenir le pardon.

Les peines qu'on endure dans le purgatoire sont :

la séparation de Dieu, dont on aperçoit les perfections et auquel on voudrait être uni ;
la vue des péchés qu'on a commis, qui excitera des regrets et des remords en empêchant l'âme d'aller au ciel ;
la vue des péchés auxquels on a donné occasion par ses conseils, ses négligences, et qui rendent malheureuses des personnes qu'on aime ;
le souvenir des grâces qu'on a reçues et dont on connaît mieux le prix ;
l'action d'un feu surnaturel qui fait expier à la partie inférieure de l'âme toutes les
satisfactions coupables qu'elle s'est procurées par les sens ;
c'est une réunion de peines si grandes, que saint Augustin les appelle cruelles et inexprimables, et ne craint pas de dire qu'elles sont au-dessus de toutes les souffrances de cette vie (Ps 33) ; saint Cyprien, saint Jérôme, saint Ambroise, saint Césaire d'Arles, saint Grégoire pape, tiennent le même langage ; saint Thomas va plus loin encore puisqu'il dit que les peines du purgatoire sont les mêmes que celles de l'enfer, et qu'il n'y a de différence qu'à raison de la durée ; car elles dureront peu si on les compare à l'éternité des peines de l'enfer ; mais, considérées en elles-mêmes, elles dureront toujours beaucoup. Un quart d'heure, un jour, un mois, un an de douleur dans cette vie paraissent toujours bien longs ; or il n'y a que les âmes les plus ferventes qui puissent espérer de rester si peu de temps en purgatoire ; l'Église autorise les anniversaires de plusieurs années et même de plusieurs siècles ; des auteurs graves pensent qu'il y aura des pécheurs qui resteront en purgatoire jusqu'à la fin du monde. On est moins étonné de cette opinion quand on pense que ceux qui se sont rendus coupables de plusieurs péchés mortels ont par là mérité plusieurs fois les peines éternelles de l'enfer ; or le purgatoire est comme une compensation et une commutation des peines de l'enfer.
La foi ne nous apprend pas où est le purgatoire. Saint Thomas et quelques autres auteurs croient qu'il est dans l'enfer même ou près de l'enfer ; mais le saint docteur ajoute qu'il y a des âmes qui font leur purgatoire dans le lieu même où leurs fautes ont été commises ; ce dernier sentiment est assez conforme à l'opinion qui régnait autrefois parmi les philosophes de l'antiquité (Cicéron, songe de Scipion), et qui règne encore parmi les Fidèles.
    Nous pouvons secourir les âmes du purgatoire et abréger leurs souffrances, en vertu de cette admirable communion des Saints dont il est parlé dans le symbole des Apôtres, et à laquelle la plupart des chrétiens ne font pas assez d'attention. On distingue trois Églises, dont Jésus-Christ est le chef : l'Église triomphante qui est dans le ciel, l'Église souffrante qui est dans le purgatoire, et l'Église militante qui est encore sur la terre. En vertu de la communion des Saints ces trois églises n'en font qu'une : il y a union et communication entre les Fidèles qui sont sur la terre, les Saints qui sont dans le ciel, et les âmes qui sont dans le purgatoire. En vertu de cette union, nous honorons les Saints, qui de leur côté prient pour nous et demandent les grâces dont nous avons besoin ; les âmes du purgatoire prient également pour nous, selon la plupart des auteurs, quand nous prions pour elles et faisons des bonnes œuvres pour obtenir leur délivrance.

Les bonnes œuvres qu'il faut faire pour obtenir le soulagement des âmes du purgatoire, sont :

faire des prières ;
faire offrir le saint sacrifice de la messe, qui est la plus excellente de toutes les prières ;
faire la sainte communion ;
faire des aumônes ;
jeûner et faire d'autres pénitences ;
gagner des indulgences.

Les motifs qui nous engagent à secourir les âmes du purgatoire, sont :

la compassion, à raison de leurs souffrances ;
l'amitié que nous avions pour elles pendant la vie ;
la reconnaissance : ce sont des pères, des mères, des maîtres, des bienfaiteurs ;
la justice : si nous possédons leurs biens ; s'ils ont fait des fondations ;
l'obéissance à l'Église qui prescrit des prières ;
notre propre intérêt : les âmes prieront pour nous, surtout quand elles seront dans le ciel ; les bonnes œuvres que nous faisons nous sont utiles à nous-mêmes ; elles servent à nous faire craindre le purgatoire et à nous le faire éviter.
    L'on peut invoquer les âmes du purgatoire, et leur adresser des prières : c'est le sentiment de plusieurs théologiens ; et quoiqu'elles ne puissent plus mériter pour elles, quand elles exercent la charité envers nous, en demandant les choses qui nous sont nécessaires, Dieu daigne les exaucer.
Les Saints dans le ciel ne peuvent plus mériter pour eux ; cependant, ils peuvent prier pour nous.


RÉSOLUTIONS

    Si nous devons prier tous les jours pour la délivrance des âmes du purgatoire ; si du moins tel est le vœu de la charité, et telle la pratique des vrais enfants de l'Église, que ne devons-nous pas faire le jour et pendant l'octave de la commémoration des morts ? Sans doute, à l'exemple de la plupart des Fidèles, nous nous préparerons, par la réception des Sacrements, à élever des mains pures vers le ciel pendant cette octave et pendant tout le mois, et à gagner des indulgences plénières et partielles pour la délivrance de ces âmes souffrantes. Prenons donc en ce jour la résolution, et ayons soin de la renouveler chaque jour du mois, d'appliquer à cette intention toutes nos bonnes œuvres, toutes nos prières, nous attachant surtout à réciter celles auxquelles les souverains Pontifes ont accordé d'abondantes indulgences. Choisissons à cet effet les prières qui nous conviennent le mieux entre celles indiquées à la fin de chaque jour. Mais ne nous bornons pas à pratiquer cette dévotion dans le cours du mois de novembre ; la lecture de cet ouvrage, en nous montrant l'état de ces âmes, les motifs et les moyens de les soulager, nous inspirera sans doute la résolution de ne laisser passer aucun jour de notre vie, sans songer à elles et sans les assister.



PRIÈRE

    Père saint ! rien de souillé ne peut entrer dans votre royaume ; votre justice exige que les âmes ne paraissent devant vous que complètement purifiées. Mais, Seigneur, votre bonté nous permet, à nous membres de votre église militante, de venir au secours de nos frères qui expient dans le purgatoire les fautes les plus légères qui les défigurent encore à vos yeux. Maintenant qu'ils ne peuvent plus satisfaire par eux-mêmes, c'est nous, Seigneur, qu'ils implorent et qu'ils conjurent de payer leurs dettes. Recevez, mon Dieu, les prières que nous allons tous vous adresser avec l'Église universelle : recevez le sacrifice de votre Fils qu'elle vous offre pour cette partie souffrante du corps de ce même Fils, pour ces âmes que vous avez aimées de toute éternité. Mais faites aussi, Seigneur, qu'en vous priant pour elles, nous apprenions à vous désirer ardemment, et à soupirer sans cesse après la vie bienheureuse. Par Notre Seigneur Jésus-Christ. Ainsi soit-il.


Invocation à la Sainte Vierge et aux Anges gardiens de toutes les âmes du purgatoire

    Vierge sainte, mère de Dieu et en même temps mère de toutes ces saintes âmes qui vous invoquèrent si souvent dans cette vallée de larmes ; Anges gardiens de tous ces chrétiens qui suivirent si souvent vos inspirations, venez encore à leur secours pour hâter le moment de leur entrée dans la Jérusalem céleste ; excitez tous les Fidèles à s'intéresser aux âmes du purgatoire, et à embrasser cette dévotion si négligée. Que tous comprennent les immenses avantages qu'ils en retireront pour eux-mêmes, en ouvrant les portes du ciel à tant d'âmes, qui ne peuvent les oublier après en avoir reçu un si insigne bienfait. O Mon bon Ange ! je vous en supplie, rappelez-moi fréquemment cette portion de l'Église de Dieu, si digne de compassion, et que je puis secourir si aisément, et cependant si puissamment ! Ainsi soit-il.






Reportez-vous à Prières pour chaque jour de la semaine, en faveur des âmes du Purgatoire, Premier moyen propre à soulager les âmes du Purgatoire : Le Saint Sacrifice de la Messe, Deuxième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire : Prières, jeûnes, aumônes..., Les différents moyens de soulager les morts, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Chapelet de dévotion aux Saintes Plaies, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Méditation sur la piété envers les morts, toute chrétienne et cependant inutile, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les âmes du Purgatoire ont besoin de nos prières, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du PurgatoireQuelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Languentibus in Purgatorio, prose à la Sainte Vierge Marie pour les défunts, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, Les œuvres de miséricorde et Litanie pour les âmes du Purgatoire.













Méditation : Demandez et vous recevrez


La pêche miraculeuse (Raphaël)



MOTIFS DE CONFIANCE DANS LA PRIÈRE

Demandez, et vous recevrez, cherchez, et vous trouverez, frappez, et on vous ouvrira (Luc.11, 9).



I. Point. — Dieu exauce toujours nos prières quand elles sont bien faites.

Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez ; frappez, et on vous ouvrira. Il est impossible d'imaginer une promesse plus formelle et plus propre à inspirer la confiance, que celle que
nous fait Jésus par ces paroles : Demandez et vous recevrez. Un Dieu, la vérité éternelle, s'engage à répandre ses biens sur tous ceux qui les lui demanderont. Comment donc expliquer l'indigence spirituelle dans laquelle nous languissons ? Pourquoi sommes-nous dépourvues des dons célestes, puisque notre Jésus en est la source et qu'il s'est engagé à ne point nous les refuser ? Ah ! c'est que nous, ne les demandons pas, ou que si nous les demandons notre prière n'a point les qualités requises pour être exaucée. Jésus veut que non seulement nous demandions, mais que si nous n'avons point été exaucées d'abord, nous insistions par une recherche assidue des grâces que nous sollicitons ; il veut même que nous usions d'une sainte importunité, frappant à la porte de son cœur jusqu'à ce qu'il nous l'ait ouverte pour faire descendre sur nous les faveurs précieuses dont il est le trésor inépuisable, et c'est l'affliger sensiblement que d'abandonner la prière ou d'y manquer d'ardeur. Ô Mon Jésus ! trop souvent je vous ai causé ce déplaisir ; pardonnez-le-moi, je veux à l'avenir vous prier avec tant de ferveur et de persévérance, que vous ne puissiez rien me refuser.


II. Point. — Dieu aime surtout à exaucer les prières qui ont rapport aux choses du salut.

Le Cœur de notre bon Jésus désire tant nous exciter à une sainte confiance, qu'il n'est point satisfait des promesses multipliées, par lesquelles il s'engage à ne jamais rejeter nos prières ; il y joint les comparaisons les plus fortes et les plus touchantes. Est-il un Père parmi vous, dit-il, qui donnât à son fils une pierre lorsqu'il lui demanderait du pain, ou qui lui donnât un serpent lorsqu'il lui demanderait un poisson ? Si donc étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison, votre Père céleste qui est bon, donnera-t-il le bon esprit à ceux qui le lui demanderont (Matth. 6. 9-11). Quel sujet de confiance ! Dieu est notre Père et il est bon. Mais remarquons surtout les dernières paroles de Jésus : votre Père céleste donnera le bon esprit à ceux qui le lui demanderont. Ce bon esprit qui n'est autre que l'Esprit saint, troisième personne de l'adorable Trinité, est l'objet principal de la promesse du Seigneur ; nous sommes donc infailliblement assurés de l'obtenir, si nous le demandons comme il faut, et si nous l'obtenons, nous sommes assurées plus infailliblement encore d'être éclairées, fortifiées dans la pratique des vertus et conduites conséquemment au salut éternel avec facilité et douceur. Je vous rends grâces, ô mon Dieu, de ce que vous m'offrez de si précieux avantages, faites que je me montre toujours soigneuse d'en bien profiter.


Extrait de « Méditations selon la méthode de Saint Ignace » (Tome II).




Pratique : Prier avec plus d'ardeur et de confiance. — Élever souvent dans la journée notre cœur à Jésus pour lui demander le véritable esprit de prière.






Reportez-vous à Méditation sur les différentes manières de prier, Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoi manger, Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux, Confiance en la divine Providence, Secret de paix et de bonheur, par le Père Jean-Baptiste Saint-Jure, Que votre nom soit sanctifié, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, Les embûches du démon et Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir.














Le voeu de Louis XIII et la consécration de la France à la Sainte Vierge Marie






Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre,

À tous ceux qui ces présentes lettres verront, Salut.

Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l'esprit qu'il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d'effets merveilleux de sa bonté, que d'accidents qui nous pouvaient perdre.

Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d'en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l'on vit en même temps la naissance et la fin de ces pernicieux desseins. En divers autres temps, l'artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.

La rébellion de l'hérésie ayant aussi formé un parti dans l'État, qui n'avait d'autre but que de partager notre autorité, il s'est servi de nous pour en abattre l'orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.

Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu'à la vue de toute l'Europe, contre l'espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été dépouillés.

Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet État, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.

Tant de grâces si évidentes font que pour n'en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l'accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu'à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu'à lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n'étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c'est chose bien raisonnable qu'ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

À ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre État, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l'effort de tous ses ennemis, que, soit qu'il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la postérité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l'Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand'messe qui se dira en son église cathédrale, et qu'après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en ladite église à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s'observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de ladite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.

Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume et néanmoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu'à ladite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux officiers de la ville y soient présents ; et d'autant qu'il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons lesdits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait ladite cérémonie et d'y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d'admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse largement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir.

Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l'an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit. 

dimanche 30 octobre 2016

Méditation sur l'oraison dominicale : Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal (Suite du sermon sur la montagne)


La tentation d'Adam (Le Tintoret)



SIXIÈME ET SEPTIÈME DEMANDE DE L'ORAISON DOMINICALE

Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal. Ainsi- soit-il. (Matth. 6. 12)


I. Point. — Nous devons recourir à Dieu dans la tentation.


La sixième demande de l'oraison dominicale offre à nos méditations deux vérités bien importantes. Par ces paroles : ne nous laissez pas succomber à la tentation, nous confessons ne pouvoir, sans le secours de Dieu, résister aux sollicitations des ennemis de notre salut, ni à l'entraînement de notre corruption originelle. Comment en effet pourrions-nous par nous-mêmes remporter de si glorieuses victoires, nous qui ne sommes pas même capables de former une seule bonne pensée ? Cette vérité est certaine ; mais la plupart des chrétiens ne la comprennent pas assez, et de là viennent presque toutes leurs chutes ; car s'appuyant trop sur leurs propres forces et négligeant de recourir à Dieu, ils manquent des secours nécessaires pour résister et vaincre. La seconde vérité qui se présente d'elle-même, quand nous disons : Ne nous laissez pas succomber à la tentation, est celle que nous enseigne l'Apôtre par ces paroles : Dieu est fidèle, et il ne permettra jamais que vous soyez tentés au-dessus de vos forces (1 Cor. 10, 13). Nous ne pouvons, sans le secours de Dieu, vaincre les moindres tentations ; mais avec lui nous pouvons les surmonter toutes, quelque furieuses et quelque prolongées qu'elles soient. Vérité consolante qui doit nous remplir de courage en même temps que de confiance. Ne permettez pas, ô mon Dieu, que ce soit inutilement que je la médite aujourd'hui ; gravez-la dans mon cœur, et faites-moi la grâce de ne m'écarter jamais des règles de conduite qu'elle me prescrit.


II. Point. — Le péché est l'unique mal qu'un chrétien doive craindre.

Délivrez-nous du mal, ainsi soit-il. Par cette dernière demande, nous prions Dieu de nous délivrer du péché et de tout ce qui peut y conduire ; c'est le seul mal qu'un chrétien doive craindre, puisque les croix et les afflictions peuvent être et sont effectivement pour lui des moyens de salut, s'il les reçoit avec soumission aux ordres de la Providence. Oui, la souffrance est un bonheur pour le véritable chrétien : comparant ce qu'elle renferme d'amer avec les biens qui en découlent, il trouve dans ceux-ci une compensation très ample, ou plutôt un avantage hors de toute comparaison. En effet, ta souffrance purifie l'âme, l'affranchit des peines du purgatoire, l'enrichit de mérites, l'unit à Dieu, la rend conforme à Jésus-Christ, lui prépare une récompense magnifique et une gloire immense dans le Ciel. Rentrons en nous-mêmes et voyons si dans le fond du cœur nous estimons les souffrances, si nous les supportons chrétiennement, lorsque la Providence nous en ménage quelques-unes ; voyons surtout si nous craignons le malheur de déplaire à Dieu plus que tous les autres malheurs ; c'est là une des marques auxquelles nous pouvons connaître si nous avons l'esprit de Jésus-Christ ; c'est en nous efforçant d'entrer dans des dispositions si saintes que nous augmenterons en nous, cet esprit qui est le gage du salut, le cachet de la prédestination.


Extrait de « Méditations selon la méthode de Saint Ignace » (Tome II).




Pratique : Recourir à Dieu avec beaucoup de confiance, si nous sommes tentées aujourd'hui. — Demander, par de fréquentes oraisons jaculatoires, une vive horreur du péché. — Éviter avec soin les moindres fautes.






Reportez-vous à Jésus crucifié est le Livre des Élus, Leçon XI : De l'Oraison Dominicale, Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés, Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux, Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre, Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, Bienheureux les pacifiques, Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, Jésus maudit ce que le monde estime, Vous êtes le sel de la terre, Vous êtes la lumière du monde, Châtiment du scandale, récompense du zèle, Perfection que Jésus exige de ses disciples, Préceptes sur la charité envers le prochain, Perfection à laquelle nous devons tendre, Soin de cacher les bonnes œuvres, Que votre nom soit sanctifié, Que votre règne arrive, Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour, Pardonnez-nous nos offenses, Demandez et vous recevrez, Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoi manger, Le Christ triomphant des tentations, Prions avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, La dévotion au Très Saint Rosaire, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir et Phénomènes possibles en cas de possession démoniaque et signes de délivrance.














mercredi 26 octobre 2016

Méditation sur l'oraison dominicale : Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (Suite du sermon sur la montagne)


Le pardon du bon larron (James Tissot)



CINQUIÈME DEMANDE DE L'ORAISON DOMINICALE

Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés (Matth. 6. 11).


I. Point. — Nous devons pardonner, car nous avons besoin que Dieu nous pardonne.

La loi chrétienne est une loi d'amour ; il n'est donc pas surprenant que Jésus insiste particulièrement sur le précepte du pardon des injures et nous le présente sous toutes formes, afin de nous porter par toutes sortes de motifs à l'accomplir fidèlement.
Aujourd'hui, il nous autorise à réclamer du Père céleste la même indulgence dont nous aurons usé envers nos frères pour l'amour de lui ; considérons donc combien il nous est avantageux, nécessaire même, de remettre de bon cœur au prochain toutes ses offenses, nous qui avons si fréquemment besoin de la miséricorde du Seigneur. Le juste, a dit le Saint-Esprit, pèche sept fois le jour (Prov. 24. 16) ; que sera-ce donc de ceux qui ne sont pas justes. Sans doute, nous pouvons tous nous écrier avec saint Jean : j'ai péché ,et si je dis que je n'ai point péché, je mens et la vérité n'est point en moi (1 Joan. I. 8). L'expérience de tous les instants ne nous prouve que trop l'excès de notre fragilité. Ce serait donc bien mal entendre nos intérêts que de nous mettre, par nos susceptibilités et nos rancunes, dans le cas de ne pouvoir prononcer ces paroles : pardonnez-nous comme nous pardonnons (Matth. 6. 42). Ne permettez pas, ô mon Dieu, que cette folie soit la mienne ; donnez-moi un cœur généreux, toujours prêt à oublier les injures reçues, et toujours digne d'obtenir de votre bonté infinie la rémission de toutes ses offenses.


II Point. — L'exemple de Jésus-Christ et celui des saints nous engagent à pardonner.

Le pardon des injures est si essentiel à l'esprit du christianisme, que tout dans la religion de Jésus nous en rappelle la nécessité ; non seulement ce divin Sauveur nous y porte par les préceptes les plus formels, les menaces les plus terribles et les conseils les plus pressants ; mais il joint l'exemple aux paroles, pardonnant à ses plus cruels ennemis en toute occasion, et priant pour ses meurtriers au milieu même des affreux supplices qu'ils lui faisaient souffrir. Les saints de tous les siècles ont imité l'exemple de leur divin Maître ; nous lisons des premiers chrétiens qu'au lieu de se venger de leurs persécuteurs et de leurs bourreaux, ils leur obtenaient par leurs prières des grâces de conversion et de salut. Suis-je fidèle à marcher sur leurs traces ? Sais-je rendre le bien pour le mal à ceux qui me font de la peine ? Si je n'ai pas d'ennemis personnels, suis-je zélée à prier pour ceux de l'Église, pour ceux de mes parents, de mes amis, de l'État ? Oh ! quels droits je puis acquérir à la miséricorde du Seigneur, si je sais profiter des occasions précieuses qui me sont offertes de pratiquer le pardon des injures !


Extrait de « Méditations selon la méthode de Saint Ignace » (Tome II).




Pratique : Pardonner promptement et de bon cœur toutes les offenses grandes et petites dont nous pourrions être l'objet. — Prier pour les ennemis de l'Église.




Lire "Le bon larron" de Mgr Gaume.





Reportez-vous à Prière pour les EnnemisLeçon XI : De l'Oraison Dominicale, Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés, Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux, Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre, Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, Bienheureux les pacifiques, Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, Jésus maudit ce que le monde estime, Vous êtes le sel de la terre, Vous êtes la lumière du monde, Châtiment du scandale, récompense du zèle, Perfection que Jésus exige de ses disciples, Préceptes sur la charité envers le prochain, Perfection à laquelle nous devons tendre, Soin de cacher les bonnes œuvres, Que votre nom soit sanctifié, Que votre règne arrive, Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour, Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal, Prions avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, La dévotion au Très Saint Rosaire, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir et Phénomènes possibles en cas de possession démoniaque et signes de délivrance.














mardi 25 octobre 2016

Quod apostolici Muneris, Lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Léon XIII sur les erreurs modernes




QUOD APOSTOLICI MUNERIS


Lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Léon XIII


Sur les erreurs modernes 


(28 décembre 1878)




À tous Nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques du monde catholique, en grâce et communion avec le Siège Apostolique.


LÉON XIII, PAPE.


Vénérables Frères Salut et Bénédiction Apostolique.


Dès le commencement de notre Pontificat, Nous n'avons pas négligé, ainsi que l'exigeait la charge de Notre ministère apostolique, de signaler cette peste mortelle qui se glisse à travers les membres les plus intimes de la société humaine et qui la conduit à sa perte ; en même temps, Nous avons indiqué quels étaient les remèdes les plus efficaces au moyen desquels la société pouvait retrouver la voie du salut et échapper aux graves périls qui la menacent. Mais les maux que Nous déplorions alors se sont si promptement accrus que, de nouveau, Nous sommes forcé de Vous adresser la parole, car il semble que Nous entendions retentir à Notre oreille ces mots du Prophète : « Crie, ne cesse de crier : élève ta voix, et qu'elle soit pareille à la trompette » (1).

Vous comprenez sans peine, Vénérables Frères, que Nous parlons de la secte de ces hommes qui s'appellent diversement et de noms presque barbares, socialistes, communistes et nihilistes, et qui, répandus par toute la terre, et liés étroitement entre eux par un pacte inique, ne demandent plus désormais leur force aux ténèbres de réunions occultes, mais, se produisant au jour publiquement, et en toute confiance, s'efforcent de mener à bout le dessein, qu'ils ont formé depuis longtemps, de bouleverser les fondements de la société civile. Ce sont eux, assurément, qui, selon que l'atteste la parole divine, « souillent toute chair, méprisent toute domination et blasphèment toute majesté » (2).

En effet, ils ne laissent entier ou intact rien de ce qui a été sagement décrété par les lois divines et humaines pour la sécurité et l'honneur de la vie. Pendant qu'ils blâment l'obéissance rendue aux puissances supérieures qui tiennent de Dieu le droit de commander et auxquelles, selon l'enseignement de l'Apôtre, toute âme doit être soumise, ils prêchent la parfaite égalité de tous les hommes pour ce qui regarde leurs droits et leurs devoirs. Ils déshonorent l'union naturelle de l'homme et de la femme, qui était sacrée aux yeux mêmes des nations barbares ; et le lien de cette union, qui resserre principalement la société domestique, ils l'affaiblissent ou bien l'exposent aux caprices de la débauche.

Enfin, séduits par la cupidité des biens présents, « qui est la source de tous les maux et dont le désir a fait errer plusieurs dans la foi » (3), ils attaquent le droit de propriété sanctionné par le droit naturel et, par un attentat monstrueux, pendant qu'ils affectent de prendre souci des besoins de tous les hommes et prétendent satisfaire tous leurs désirs, ils s'efforcent de ravir, pour en faire la propriété commune, tout ce qui a été acquis à chacun, ou bien par le titre d'un légitime héritage, ou bien par le travail intellectuel ou manuel, ou bien par l'économie. De plus, ces opinions monstrueuses, ils les publient dans leurs réunions, ils les développent dans des brochures, et, par de nombreux journaux, ils les répandent dans la foule. Aussi, la majesté respectable et le pouvoir des rois sont devenus, chez le peuple révolté, l'objet d'une si grande hostilité que d'abominables traîtres, impatients de tout frein et animés d'une audace impie, ont tourné plusieurs fois, en peu de temps, leurs armes contre les chefs des gouvernements eux-mêmes.

Or, cette audace d'hommes perfides qui menace chaque jour de ruines plus graves la société civile, et qui excite dans tous les esprits l'inquiétude et le trouble, tire sa cause et son origine de ces doctrines empoisonnées qui, répandues en ces derniers temps parmi les peuples comme des semences de vices, ont donné, en leurs temps, des fruits si pernicieux. En effet, vous savez très bien, Vénérables Frères, que la guerre cruelle qui, depuis le XVIe siècle, a été déclarée contre la foi catholique par des novateurs, visait à ce but d'écarter toute révélation et de renverser tout l'ordre surnaturel, afin que l'accès fût ouvert aux inventions ou plutôt aux délires de la seule raison.

Tirant hypocritement son nom de la raison, cette erreur qui flatte et excite la passion de grandir, naturelle au cœur de l'homme, et qui lâche les rênes à tous les genres de passions, a spontanément étendu ses ravages non pas seulement dans les esprits d'un grand nombre d'hommes, mais dans la société civile elle-même. Alors, par une impiété toute nouvelle et que les païens eux-mêmes n'ont pas connue, on a vu se constituer des gouvernements, sans qu'on tînt nul compte de Dieu et de l'ordre établi par Lui ; on a proclamé que l'autorité publique ne prenait pas de Dieu le principe, la majesté, la force de commander, mais de la multitude du peuple, laquelle, se croyant dégagée de toute sanction divine, n'a plus souffert d'être soumise à d'autres lois que celles qu'elle aurait portées elle-même, conformément à son caprice.

Puis, après qu'on eut combattu et rejeté comme contraires à la raison les vérités surnaturelles de la foi, l'Auteur même de la Rédemption du genre humain est contraint, par degrés et peu à peu, de s'exiler des études, dans les universités, les lycées et les collèges ainsi que de toutes les habitudes publiques de la vie humaine. Enfin, après avoir livré à l'oubli les récompenses et les peines éternelles de la vie future, le désir ardent du bonheur a été renfermé dans l'espace du temps présent. Avec la diffusion, au loin et au large de ces doctrines, avec la grande licence de penser et d'agir qui a été ainsi enfantée de toutes parts, faut-il s'étonner que les hommes de condition inférieure, ceux qui habitent une pauvre demeure ou un pauvre atelier soient envieux de s'élever jusqu'aux palais et à la fortune de ceux qui sont plus riches ? Faut-il s'étonner qu'il n'y ait plus nulle tranquillité pour la vie publique ou privée et que le genre humain soit presque arrivé à sa perte ?

Or, les pasteurs suprêmes de l'Église, à qui incombe la charge de protéger le troupeau du Seigneur contre les embûches de l'ennemi, se sont appliqués de bonne heure à détourner le péril et à veiller au salut des fidèles. Car, aussitôt que commençaient à grossir les sociétés secrètes, dans le sein desquelles couvaient alors déjà les semences des erreurs dont nous avons parlé, les Pontifes romains, Clément XII et Benoît XIV, ne négligèrent pas de démasquer les desseins impies des sectes et d'avertir les fidèles du monde entier du mal que l'on préparait ainsi sourdement. Mais après que, grâce à ceux qui se glorifiaient du nom de philosophes, une liberté effrénée fût attribuée à l'homme, après que le droit nouveau, comme ils disent, commença d'être forgé et sanctionné, contrairement à la loi naturelle et divine, le pape Pie VI, d'heureuse mémoire, dévoila tout aussitôt, par des documents publics, le caractère détestable et la fausseté de ces doctrines ; en même temps, la prévoyance apostolique a prédit les ruines auxquelles le peuple trompé allait être entraîné.

Néanmoins, et comme aucun moyen efficace n'avait pu empêcher que leurs dogmes pervers ne fussent de jour en jour plus acceptés par les peuples, et ne fissent invasion jusque dans les décisions publiques des gouvernements, les papes Pie VII et Léon XII anathématisèrent les sectes occultes, et, pour autant qu'il dépendait d'eux, avertirent de nouveau la société du péril qui la menaçait. Enfin, tout le monde sait parfaitement par quelles paroles très graves, avec quelle fermeté d'âme et quelle constance Notre glorieux prédécesseur Pie IX, d'heureuse mémoire, soit dans ses allocutions, soit par ses lettres encycliques envoyées aux évêques de l'univers entier, a combattu aussi bien contre les iniques efforts des sectes, que, nominativement, contre la peste du socialisme, qui, de cette source, a fait partout irruption.

Mais, ce qu'il faut déplorer, c'est que ceux à qui est confié le soin du bien commun, se laissant circonvenir par les fraudes des hommes impies et effrayer par leurs menaces, ont toujours manifesté à l'Église des dispositions suspectes ou même hostiles. Ils n'ont pas compris que les efforts des sectes auraient été vains si la doctrine de l'Église catholique et l'autorité des Pontifes romains étaient toujours demeurées en honneur, comme il est dû, aussi bien chez les princes que chez les peuples. Car l'« Église du Dieu vivant, qui est la colonne et le soutien de la vérité » (4), enseigne ces doctrines, ces préceptes par lesquels on pourvoit au salut et au repos de la société, en même temps qu'on arrête radicalement la funeste propagande du socialisme.

En effet, bien que les socialistes, abusant de l'Évangile même, pour tromper plus facilement les gens mal avisés, aient accoutumé de le torturer pour le conformer à leurs doctrines, la vérité est qu'il y a une telle différence entre leurs dogmes pervers et la très pure doctrine de Jésus-Christ, qu'il ne saurait y en avoir de plus grande. Car, « qu'y a-t-il de commun entre la justice et l'iniquité ? Et quelle société y a-t-il entre la lumière et les ténèbres » (5) ? Ceux-là ne cessent, comme nous le savons, de proclamer que tous les hommes sont, par nature, égaux entre eux, et à cause de cela ils prétendent qu'on ne doit au pouvoir ni honneur ni respect, ni obéissance aux lois, sauf à celles qu'ils auraient sanctionnées d'après leur caprice.

Au contraire, d'après les documents évangéliques, l'égalité des hommes est en cela que tous, ayant la même nature, tous sont appelés à la même très haute dignité de fils de Dieu, et en même temps que, une seule et même foi étant proposée à tous, chacun doit être jugé selon la même loi et obtenir les peines ou la récompense suivant son mérite. Cependant, il y a une inégalité de droit et de pouvoir qui émane de l'Auteur même de la nature, « en vertu de qui toute paternité prend son nom au ciel et sur la terre » (6). Quant aux princes et aux sujets, leurs âmes, d'après la doctrine et les préceptes catholiques, sont mutuellement liées par des devoirs et des droits, de telle sorte que, d'une part, la modération s'impose à la passion du pouvoir et que, d'autre part, l'obéissance est rendue facile, ferme et très noble.

Ainsi, l'Église inculque constamment à la multitude des sujets ce précepte apostolique : « Il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu : et celles qui sont, ont été établies de Dieu. C'est pourquoi qui résiste à la puissance résiste à l'ordre de Dieu. Or, ceux qui résistent attirent sur eux-mêmes la condamnation. » Ce précepte ordonne encore d' « être nécessairement soumis, non seulement par crainte de la colère, mais encore par conscience » et de rendre « à tous ce qui leur est dû : à qui le tribut, le tribut ; à qui l'impôt, l'impôt ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur » (7).

Car Celui qui a créé et qui gouverne toutes choses les a disposées, dans sa prévoyante sagesse, de manière à ce que les inférieures atteignent leur fin par les moyennes et celles-ci par les supérieures. De même donc qu'il a voulu que, dans le royaume céleste lui-même, les chœurs des anges fussent distincts et subordonnés les uns aux autres, de même encore qu'il a établi dans l'Église différents degrés d'ordres avec la diversité des fonctions, en sorte que tous ne fussent pas apôtres, « ni tous docteurs, ni tous pasteurs » (8), ainsi a-t-il constitué dans la société civile plusieurs ordres différents en dignité, en droits et en puissance, afin que l'État, comme l'Église, formât un seul corps composé d'un grand nombre de membres, les uns plus nobles que les autres, mais tous nécessaires les uns aux autres et soucieux du bien commun.

Mais pour que les recteurs des peuples usent du pouvoir qui leur a été conféré pour l'édification, et non pour la destruction, l'Église du Christ avertit à propos les princes eux-mêmes que la sévérité du juge suprême plane sur eux, et empruntant les paroles de la divine Sagesse, elle leur crie à tous, au nom de Dieu : « Prêtez l'oreille, vous qui dirigez les multitudes et vous complaisez dans les foules des nations, car la puissance vous a été donnée par Dieu et la force par le Très-Haut, qui examinera vos œuvres et scrutera vos pensées... car le jugement sera sévère pour les gouvernants... Dieu, en effet, n'exceptera personne et n'aura égard à aucune grandeur, car c'est Dieu qui a fait le petit et le grand, et il a même soin de tous ; mais aux plus forts est réservé un plus fort châtiment » (9).

S'il arrive cependant aux princes d'excéder témérairement dans l'exercice de leur pouvoir, la doctrine catholique ne permet pas de s'insurger de soi-même contre eux, de peur que la tranquillité de l'ordre ne soit de plus en plus troublée et que la société n'en reçoive un plus grand dommage. Et, lorsque l'excès en est venu au point qu'il ne paraisse plus aucune autre espérance de salut, la patience chrétienne apprend à chercher le remède dans le mérite et dans d'instantes prières auprès de Dieu. Que si les ordonnances des législateurs et des princes sanctionnent ou commandent quelque chose de contraire à la loi divine ou naturelle, la dignité du nom chrétien, le devoir et le précepte apostolique proclament qu'il faut obéir « à Dieu plutôt qu'aux hommes » (10).

Mais cette vertu salutaire de l'Église qui rejaillit sur la société civile pour le maintien de l'ordre en elle et pour sa conservation, la société domestique elle-même, qui est le principe de toute cité et de tout État, la ressent et l'éprouve nécessairement aussi. Vous savez, en effet, Vénérables Frères, que la règle de cette société a, d'après le droit naturel, son fondement dans l'union indissoluble de l'homme et de la femme, et son complément dans les devoirs et les droits des parents et des enfants, des maîtres et des serviteurs les uns envers les autres.

Vous savez aussi que les théories du socialisme la dissolvent presque entièrement, puisque, ayant perdu la force qui lui vient du mariage religieux, elle voit nécessairement se relâcher la puissance paternelle sur les enfants et les devoirs des enfants envers leurs parents.

Au contraire, le « mariage honorable en tout » (11) que Dieu lui-même a institué au commencement du monde pour la propagation et la perpétuité de l'espèce et qu'il a fait indissoluble, l'Église enseigne qu'il est devenu encore plus solide et plus saint par Jésus-Christ, qui lui a conféré la dignité de sacrement, et a voulu en faire l'image de son union avec l'Église. C'est pourquoi, selon l'avertissement de l'Apôtre, « le mari est le chef de la femme, comme Jésus-Christ est le Chef de l'Église » (12) et, de même que l'Église est soumise à Jésus-Christ, qui l'embrasse d'un très chaste et perpétuel amour, ainsi les femmes doivent être soumises à leurs maris, et ceux-ci doivent, en échange, les aimer d'une affection fidèle et constante.

L'Église règle également la puissance du père et du maître, de manière à contenir les fils et les serviteurs dans le devoir et sans qu'elle excède la mesure. Car, selon les enseignements catholiques, l'autorité des parents et des maîtres n'est qu'un écoulement de l'autorité du Père et du Maître céleste, et ainsi, non seulement elle tire de celle-ci son origine et sa force, mais elle lui emprunte nécessairement aussi sa nature et son caractère.

C'est pourquoi l'Apôtre exhorte les enfants à obéir en Dieu à leurs parents, et à honorer leur père et leur mère, ce qui est le premier commandement fait avec une promesse (13). Et aux parents il dit : « Et vous, pères, ne provoquez pas vos fils au ressentiment, mais élevez-les dans la discipline et la rectitude du Seigneur » (14). Le précepte que le même apôtre donne aux serviteurs et aux maîtres, est que les uns « obéissent à leurs maîtres selon la chair, les servant en toute bonne volonté comme Dieu lui-même, et que les autres n'usent pas de mauvais traitements envers leurs serviteurs, se souvenant que Dieu est le Maître de tous dans les cieux et qu'il n'y a point d'acceptation de personne pour lui » (15).

Si toutes ces choses étaient observées par chacun de ceux qu'elles concernent, selon la disposition de la divine volonté, chaque famille offrirait l'image de la demeure céleste et les insignes bienfaits qui en résulteraient ne se renfermeraient pas seulement au sein de la famille, mais se répandraient sur les États eux-mêmes.

Quant à la tranquillité publique et domestique, la sagesse catholique, appuyée sur les préceptes de la loi divine et naturelle, y pourvoit très prudemment par les idées qu'elle adopte et qu'elle enseigne sur le droit de propriété et sur le partage des biens qui sont acquis pour la nécessité et l'utilité de la vie. Car, tandis que les socialistes présentent le droit de propriété comme étant une invention humaine, répugnant à l'égalité naturelle entre les hommes, tandis que, prêchant la communauté des biens, ils proclament qu'on ne saurait supporter patiemment la pauvreté et qu'on peut impunément violer les possessions et les droits des riches, l'Église reconnaît beaucoup plus utilement et sagement que l'inégalité existe entre les hommes naturellement dissemblables par les forces du corps et de l'esprit, et que cette inégalité existe même dans la possession des biens ; elle ordonne, en outre, que le droit de propriété et de domaine, provenant de la nature même, soit maintenu intact et inviolable dans les mains de qui le possède ; car elle sait que le vol et la rapine ont été condamnés par Dieu, l'auteur et le gardien de tout droit, au point qu'il n'est même pas permis de convoiter le bien d'autrui, et que les voleurs et les larrons sont exclus, comme les adultères et les idolâtres, du royaume des cieux.

Elle ne néglige pas pour cela, en bonne Mère, le soin des pauvres, et n'omet point de pourvoir à leurs nécessités, parce que, les embrassant dans son sein maternel et sachant qu'ils représentent Jésus-Christ lui-même, qui considère comme fait à lui-même le bien fait au plus petit des pauvres, elle les a en grand honneur ; elle les assiste de tout son pouvoir, elle a soin de faire élever partout des maisons et des hospices où ils sont recueillis, nourris et soignés, et elle les prend sous sa tutelle. De plus, elle fait un strict devoir aux riches de donner leur superflu aux pauvres, et elle les effraye par la pensée du divin jugement, qui les condamnera aux supplices éternels s'ils ne subviennent aux nécessités des indigents. Enfin, elle relève et console l'esprit des pauvres, soit en leur proposant l'exemple de Jésus-Christ (16), qui, « étant riche, a voulu se faire pauvre pour nous », soit en leur rappelant les paroles par lesquelles il a déclaré bienheureux les pauvres, et leur a fait espérer les récompenses de l'éternelle félicité. Qui ne voit que c'est là le meilleur moyen d'apaiser l'antique conflit soulevé entre les pauvres et les riches ? Car, ainsi que le démontre l'évidence même des choses et des faits, si ce moyen est rejeté ou méconnu, il arrive nécessairement, ou que la grande partie du genre humain est réduite à la vile condition d'esclave, comme on l'a vu longtemps chez les nations païennes, ou que la société humaine est agitée de troubles continuels et dévastée par les rapines et les brigandages, ainsi que nous avons eu la douleur de le constater dans ces derniers temps encore.

Puisqu'il en est ainsi, Vénérables Frères, Nous à qui incombe le gouvernement de toute l'Église, de même qu'au commencement de Notre pontificat Nous avons déjà montré aux peuples et aux princes ballottés par une dure tempête, le port du salut, ainsi, en ce moment du suprême péril, Nous élevons de nouveau avec émotion Notre voix apostolique pour les prier, au nom de leur propre intérêt et du salut des États, et les conjurer de prendre pour éducatrice l'Église qui a eu une si grande part à la prospérité publique des nations, et de reconnaître que les rapports du gouvernement et de la religion sont si connexes que tout ce qu'on enlève à celle-ci, diminue d'autant la soumission des sujets et la majesté du pouvoir. Et lorsqu'ils auront reconnu que l'Église de Jésus-Christ possède, pour détourner le fléau du socialisme, une vertu qui ne se trouve ni dans les lois humaines, ni dans les répressions des magistrats, ni dans les armes des soldats, qu'ils rétablissent enfin cette Église dans la condition et la liberté qu'il lui faut pour exercer, dans l'intérêt de toute la société, sa très salutaire influence.

Pour Vous, Vénérables Frères, qui connaissez l'origine et la nature des maux accumulés sur le monde, appliquez-Vous de toute l'ardeur et de toute la force de Votre esprit à faire pénétrer et à inculquer profondément dans toutes les âmes la doctrine catholique. Faites en sorte que, dès leurs plus tendres années, tous s'accoutument à avoir pour Dieu un amour de fils et à vénérer son autorité, à se montrer déférents pour la majesté des princes et des lois, à s'abstenir de toutes convoitises, et à garder fidèlement l'ordre que Dieu a établi, soit dans la société civile, soit dans la société domestique. Il faut encore que Vous ayez soin que les enfants de l'Église catholique ne s'enrôlent point dans la secte exécrable et ne la servent en aucune manière, mais, au contraire, qu'ils montrent, par leurs belles actions et leur manière honnête de se comporter en toutes choses, combien stable et heureuse serait la société humaine, si tous ses membres se distinguaient par la régularité de leur conduite et par leurs vertus. Enfin, comme les sectateurs du socialisme se recrutent surtout parmi les hommes qui exercent les diverses industries ou qui louent leur travail et qui, impatients de leur condition ouvrière, sont plus facilement entraînés par l'appât des richesses et la promesse des biens, il Nous paraît opportun d'encourager les sociétés d'ouvriers et d'artisans qui, instituées sous le patronage de la religion, savent rendre tous leurs membres contents de leur sort et résignés au travail, et les portent à mener une vie paisible et tranquille.

Qu'il favorise Nos entreprises et les Vôtres, Vénérables Frères, Celui à qui nous sommes obligés de rapporter le principe et le succès de tout bien.

D'ailleurs, Nous puisons un motif d'espérer un prompt secours dans ces jours mêmes où l'on célèbre l'anniversaire de la naissance du Seigneur, car ce salut nouveau, que le Christ naissant apportait au monde déjà vieux et presque dissous par ses maux extrêmes, il ordonne que nous l'espérions, nous aussi ; cette paix qu'il annonçait alors aux hommes par le ministère des anges, il a promis qu'il nous la donnerait, à nous aussi. Car la main de Dieu n'a point été raccourcie, pour qu'il ne puisse nous sauver, et son oreille n'a pas été fermée pour qu'il « ne puisse entendre » (17).

En ces jours donc de très heureux auspices, Nous prions ardemment le Dispensateur de tous biens, Vous souhaitant à Vous, Vénérables Frères, et aux fidèles de Vos Églises, toute joie et toute prospérité afin que de nouveau « apparaissent au regard des hommes la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur » (18) qui, après nous avoir arrachés de la puissance d'un ennemi cruel, nous a élevés à la très noble dignité d'enfants de Dieu. Et afin que Nos vœux soient plus promptement et pleinement remplis, joignez-vous à Nous, Vénérables Frères, pour adresser à Dieu de ferventes prières ; invoquez aussi le patronage de la bienheureuse Vierge Marie, immaculée dès son origine, de Joseph son époux, et des saints apôtres Pierre et Paul, aux suffrages desquels Nous avons la plus grande confiance.

Cependant, et comme gage des faveurs célestes, Nous Vous donnons dans le Seigneur, et du fond de Notre cœur, la bénédiction apostolique, à Vous, Vénérables Frères, à Votre clergé et à tous les peuples fidèles.


Donné à Rome, à Saint-Pierre, le 28 décembre 1878, la première année de notre pontificat.

LÉON XIII, Pape.

 

 
Notes

(1) Is., LVIII, 1.
(2) Jud. Epist., V, 8.
(3) Tim., 1. VI, 10.
(4) I, Tim., III, 15.
(5) II, Cor., VI, 14.
(6) Ephes., III, 15.
(7) Rom. XIII, 1-7.
(8) I, Cor., X.
(9) Sap., VI, 3 et ssq.
(10) Act., V, 29.
(11) Hebr. XIII, 4.
(12) Eph. V, 23.
(13) Eph. VI, 1-2.
(14) Ibid. VI, 4.
(15) Ibid. VI, 5, 6, 9.
(16) II Cor., VIII, 9.
(17) Is. LIX, 1.
(18) Tit. III, 4.









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Méditation sur l'oraison dominicale : Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour (Suite du sermon sur la montagne)






QUATRIÈME DEMANDE DE L'ORAISON DOMINICALE

Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour (Matth. 6, 11).



I. Point. — Par la quatrième demande du Pater, nous demandons à Dieu tout ce qui est nécessaire à la vie de notre âme.

Notre-Seigneur nous enseigne à demander à Dieu par ces paroles : donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour, tout ce qui nous est nécessaire pour la vie de l'âme et du corps ; c'est comme si nous lui disions : Seigneur, vous m'avez donné une âme ; je vous demande pour cette âme le pain quotidien de votre grâce sanctifiante que je vous prie de conserver et d'augmenter en moi ; le pain de votre grâce actuelle dont j'ai besoin pour éviter le mal et pratiquer le bien ; le pain de votre parole sainte, me la faisant goûter par le moyen des instructions que j'entends, des saintes lectures et des méditations que j'en fais ; le pain de la prière, m'enseignant à la bien faire par la grâce de votre Saint-Esprit ; le pain de la divine Eucharistie, m'accordant la faveur de m'en nourrir souvent et avec fruit ; voilà ce que nous demandons, quand nous prononçons avec attention et ferveur ces paroles : donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour. Pensé-je, chaque fois que je les répète, à cette signification si étendue et si profonde ? Ô mon Jésus, faites-les-moi dire sans cesse avec le même esprit qui vous animait lorsque vous les avez dictées à vos apôtres, afin que le Père céleste, reconnaissant en moi sa véritable enfant, accueille ma demande avec bonté et m'accorde tous les secours nécessaires à ma faiblesse.


II. Point. — Par la quatrième demande du Pater, nous demandons à Dieu tout ce qui est nécessaire pour la vie de notre corps.

Notre Père céleste, dont la bonté est infinie, ne veut pas seulement que nous lui recommandions les besoins de notre âme ; mais aussi ceux de notre corps ; la quatrième demande du Pater signifie donc encore : donnez-nous, ô Dieu qui daignez nous permettre de vous appeler notre Père, tous les secours, tous les biens temporels nécessaires pour soutenir notre vie et nous mettre en état de remplir avec facilité les devoirs attachés à la position dans laquelle votre providence nous a elle-même placées. Considérons combien notre bonheur est grand : celui que nous avons pour père n'est pas seulement un grand, un prince, un souverain ; c'est Dieu même. Ce Dieu, notre Père, est tout-puissant ; il a pour nous une tendresse qui surpasse infiniment celle de tous les pères de la terre, et il nous enseigne lui-même, par la bouche de son Fils devenu notre frère aîné, à lui recommander tous nos besoins. Bénissons sa bonté, et comprenons en même temps que ce serait lui faire injure que de nous défier de son amour et de ses soins : Une mère ne peut oublier le fruit de ses entrailles ; mais lors même qu'elle l'oublierait, le Seigneur ne l'oubliera jamais (Isa, 49, 13). Si quelquefois il semble refuser à ses enfants des grâces temporelles sur lesquelles ils comptaient, c'est toujours par une conduite pleine de sagesse et d'amour qui leur épargne des occasions de chute, leur ménage des moyens de salut, ou leur apprend à faire de leur côté ce qu'ils peuvent et ce qu'ils doivent pour seconder et mériter l'assistance divine ; mais c'est toujours un Père qui n'éprouve que pour un temps, et n'afflige jamais ses enfants qu'en vue de leur plus grand avantage. Pénétrez-moi, ô mon Dieu, de ces vérités consolantes, et faites-moi la grâce d'y conformer toujours mes sentiments et ma conduite.


Extrait de « Méditations selon la méthode de Saint Ignace » (Tome II).




Pratique : Produire souvent dans la journée des actes de confiance en Dieu et de soumission à ses volontés. Nous appliquer avec soin à mettre ses dons à profit, en remplissant exactement tous nos devoirs.







Reportez-vous à Leçon XI : De l'Oraison Dominicale, Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, Bienheureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés, Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des Cieux est à eux, Bienheureux ceux qui sont doux, parce qu'ils posséderont la terre, Bienheureux ceux qui sont miséricordieux, Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, Bienheureux les pacifiques, Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, Jésus maudit ce que le monde estime, Vous êtes le sel de la terre, Vous êtes la lumière du monde, Châtiment du scandale, récompense du zèle, Perfection que Jésus exige de ses disciples, Préceptes sur la charité envers le prochain, Perfection à laquelle nous devons tendre, Soin de cacher les bonnes œuvres, Que votre nom soit sanctifié, Que votre règne arrive, Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel, Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, Ne nous laissez pas succomber à la tentation, mais délivrez-nous du mal, Ne vous inquiétez point où vous trouverez de quoi manger, Prions avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, La dévotion au Très Saint Rosaire, Degrés des vertus qu'on se propose d'acquérir et Phénomènes possibles en cas de possession démoniaque et signes de délivrance.