lundi 29 février 2016

En quoi consistent la bonté et la perfection de nos actions et de quelques moyens pour les bien faire



Abraham et les trois anges (Sebastiano Ricci)


Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :



Il s'agit maintenant d'examiner en quoi consiste la bonté de nos actions, afin que par là nous puissions mieux connaître le moyen de les bien faire. Or je dis qu'elle consiste en deux choses : la première et la principale, est que nous agissions purement pour Dieu. La seconde, que nous fassions tout notre possible pour les bien faire.
Il ne suffit pas que votre intention soit pure et droite, que vous disiez que vous agissez pour Dieu ; il faut encore que vous tâchiez de faire ce que vous faites du mieux qu'il vous sera possible. Que le premier moyen, pour donner du mérite à nos actions, soit donc de les faire purement pour Dieu : de cette sorte, quoique les hommes ne nous regardent pas, le seul désir que nous aurons de plaire à Dieu, sera cause que nous nous efforcerons de faire les choses dans toute leur perfection.
Pour le second moyen, qui, comme nous avons dit, consiste à faire notre possible pour les bien faire, si nous voulons le mettre efficacement en pratique, faisons ce que les saints nous conseillent, marchons toujours en la présence de Dieu.
Sénèque disait (Seneca, Ep. 25,) que, quand on avait envie d'être vertueux, et de bien faire toutes choses, on devait s'imaginer qu'on était toujours devant quelque personne respectable, et s'accoutumer à ne rien dire et à ne rien faire que ce qu'on dirait et ce qu'on ferait en sa présence. Que si cela peut suffire pour nous obliger à bien faire nos actions, de quelle utilité et de quel avantage ne sera-ce point de se mettre sans cesse Dieu devant les yeux, et de songer à tout moment qu'il nous regarde ? cela est fondé sur les principes de la foi, et les divins oracles : Les yeux du Seigneur, dit l'Écriture (Eccli. 23. 28.), sont plus clairvoyants que le soleil ; ils regardent toutes les voies des hommes, et la profondeur de l'abîme, et pénètrent dans les endroits les plus cachés du cœur de l'homme.
Quelques-uns disent que, pour marcher en la présence de Dieu, selon l'esprit de l'Évangile et des saints, il faut tâcher de faire si bien toutes nos actions, qu'elles puissent paraître devant Dieu, et qu'elles n'aient rien d'indigne de sa présence. Il semble que saint Jean nous l'ait voulu faire entendre dans l'Apocalypse (Apoc. 4. 8.), lorsque parlant des quatre animaux qu'il vit devant le trône de Dieu, il dit : que, dedans et dehors, devant et derrière, et de tous côtés, ils étaient pleins d'yeux, pour signifier sans doute que ceux qui veulent parfaitement servir Dieu, et l'honorer comme il faut, doivent apporter une grande circonspection à ne rien faire qui puisse les rendre indignes de sa présence. Il faut que vous soyez tout pleins d'yeux dedans et dehors, pour prendre garde à vos actions, à vos démarches, à vos regards, aux choses que vous dites, à celles que vous écoutez ; enfin à ce que vous pensez, à ce que vous aimez, et à ce que vous désirez ; afin que dans toute votre conduite, il n'y ait rien qui puisse blesser les yeux de Dieu, en la présence de qui vous êtes.
Plusieurs saints disent que c'est dans ce même sens qu'on doit entendre ces paroles du Sauveur : (Luc. 18. 1.) Il faut toujours prier, et ne se relâcher jamais ; et celles de S. Paul (Ad Thess. 5. 17.) : Priez sans cesse ; et ils ajoutent que c'est toujours prier, que de faire bien tout ce que l'on fait. S. Augustin, sur ces paroles du Psalmiste (Aug. sup. illud. Ps 54.) : Je célébrerai vos louanges tout le long du jour, nous dit : Voulez-vous savoir un bon moyen pour louer Dieu tout le jour ? Faites bien tout ce que vous ferez, et vous le louerez continuellement. On prie sans cesse, dit S. Hilaire (Hil. sup. Ps 1. 2.), lorsque par des œuvres agréables à Dieu, et toujours faites pour sa gloire, toute la vie devient une oraison continuelle : vivant ainsi jour et nuit selon la loi, la vie ne sera autre chose qu'une méditation continuelle de la loi. Saint Jérôme écrivant sur ce verset (Hier, in illud. Ps. 148.) : Soleil et lune, louez le Seigneur, et que la lumière et toutes les étoiles le louent, demande comment le soleil et la lune, la lumière et les étoiles peuvent louer Dieu ? en ne manquant jamais, répond-il lui-même, à ce qui est de leur devoir, et satisfaisant sans cesse aux obligations qu'il leur a imposées dans le moment de leur création : ce service continuel qu'ils rendent, est une louange perpétuelle qu'ils lui donnent : de sorte donc que celui qui s'acquitte bien des devoirs de son état, et qui fait bien les choses les plus ordinaires, où sa profession l'engage, celui-là loue toujours Dieu, et est toujours en oraison.
Cette doctrine se peut confirmer encore par ces paroles du Saint-Esprit dans l'Ecclésiastique (Eccli, 35 1. 2.) : Celui qui observe la loi, multiplie l'oraison : c'est un sacrifice salutaire que de garder les commandements, et de se retirer de toute sorte d'iniquité. De quelle perfection n'est-il donc pas de nous appliquer à bien faire chaque action, puisque par là nous multiplions l'oraison, nous marchons toujours en la présence de Dieu, et nous lui offrons un sacrifice, qui lui est aussi agréable que méritoire pour nous ?








dimanche 28 février 2016

La perfection consiste en des choses si aisées, que cela doit nous encourager extrêmement à l'acquérir



Le sermon sur la montagne (William Brassey Hole)


Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :



Si l'on ne pouvait arriver à la perfection que par des voies sublimes et difficiles, de grandes élévations d'esprit et des méditations profondes, vous pourriez vous excuser sur votre incapacité. Si l'on vous obligeait de prendre tous les jours une rude discipline, de pratiquer un jeûne rigoureux, vous pourriez alléguer la faiblesse de tempérament.
Aussi ce n'est pas ce que l'on exige de vous ; votre perfection ne dépend que de bien faire les mêmes choses que vous faites tous les jours ; il n'est pas besoin d'y ajouter d'autres œuvres. Qui ne s'encouragera donc à l'acquérir cette perfection, puisqu'elle est tout-à-fait à notre portée, et qu'elle consiste en des choses si faciles et si ordinaires ? Dieu disait à son peuple, pour l'exciter à le servir, et à observer sa loi (Dt 30, 11-13) : Le commandement que je vous fais aujourd'hui, ne consiste pas en une chose qui soit au-dessus de vous, ni qui soit fort éloignée, ni qui soit dans le Ciel, de sorte que vous puissiez dire : Qui de nous autres pourra monter au Ciel, pour nous l'apporter, afin que nous l'entendions, et que nous puissions l'accomplir ? Ce n'est pas non plus une chose qui soit au delà des mers, pour qu'on puisse dire aussi : Qui de nous passera les mers pour l'aller chercher, afin que nous puissions et comprendre et exécuter ce qui nous est ordonné ? Mais c'est une chose qui est proche de vous ; un précepte dont on vous entretient souvent, que vous avez souvent dans la bouche, et dont l'exécution ne dépend que de votre cœur. Nous pouvons en dire autant de la perfection dont nous parlons ; et c'est aussi le moyen dont saint Antoine se servait pour y exhorter ses disciples. Les Grecs, dit-il, qui s'adonnent à l'étude de la sagesse, entreprennent de longs voyages par mer et par terre, endurent beaucoup de fatigues, et s'exposent à de grands dangers pour l'acquérir ; mais vous, pour acquérir la vertu, qui est la véritable sagesse, vous n'avez que faire d'aller si loin, ni d'essuyer tant de périls ; Il ne faut pas même sortir de vos cellules, car c'est là que vous la trouverez ; ou plutôt (Lc 17, 21) le royaume de Dieu est au dedans de vous-même. C'est dans les choses qui vous sont les plus familières, et que vous faites tous les jours, que consiste toute votre perfection.




vendredi 19 février 2016

Méditation pour le vendredi de la première semaine de Carême



Jésus et le paralytique
(Romain Cazes, peintre, Église Bagnères de Luchon, Haute Garonne)



LE VENDREDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE CARÊME


Jour de victoire


PRATIQUE

À votre réveil, demandez à Dieu son esprit de force pour ne donner aucune prise au démon sur votre cœur. Soyez sur vos gardes, car, s'il a le moindre avantage dans les combats qu'il vous livrera, il triomphera de votre faiblesse et vous fera commettre bien des fautes. Soyez donc dans une attention continuelle sur vos pensées, vos paroles, vos sentiments ; sans cela, vous ne remporterez pas la victoire ; et prenez une généreuse résolution de plutôt mourir que de vous laisser abattre.


MÉDITATION

Il y avait à Jérusalem une piscine, auprès de laquelle plusieurs malades étaient couchés, pour attendre que l'ange du Seigneur vint en troubler l'eau, et le premier qui y descendait était guéri. Jean, 5.


1er POINT. Parmi ces malades, il se trouve un paralytique qui souffrait depuis trente-huit ans, et Jésus-Christ le guérit. Ce paralytique est la figure d'une âme languissante et malade depuis long temps de quelque infirmité spirituelle, qui attend tranquillement la grâce de Dieu, sans vouloir faire d'elle-même aucun effort violent pour se procurer la guérison ; elle est trop lâche pour remporter la victoire sur une mauvaise habitude et sur une passion dominante ; elle s'y repose tranquillement, et ne veut point entrer dans la piscine de la pénitence, tant elle a peur de se contraindre et de se faire la moindre violence. Cependant il faut vaincre ou mourir ; on ne peut pas vaincre une attache, une habitude, sans faire violence à son esprit, à son cœur et à sa chair. La langueur ou la paralysie spirituelle n'est-elle point la maladie habituelle de votre âme ? Ne portez-vous pas la tiédeur partout, à la prière, à la parole de Dieu, à la lecture, à vos pratiques de piété, et même aux sacrements ? Quelle violence vous êtes-vous faite pour revenir de cet état dangereux et pour acquérir. l'esprit de ferveur ? Ce n'est point l'aveuglement ? non un aveuglement grossier, causé par une habitude de péchés énormes, mais par une multitude de fautes légères et réfléchies, qui rendent peu à peu le cœur insensible, diminuent la charité, ôtent la tendresse de conscience et conduisent une âme à sa perte par des degrés insensibles.

2e POINT. Voulez-vous guérir ? dit Jésus-Christ au paralytique. Pour obtenir sa guérison, il faut le vouloir efficacement. Car il y a cette différence entre les maladies corporelles et les maladies spirituelles, que dans celles-là il ne suffit pas de vouloir guérir pour guérir efficacement ; mais dans celles-ci il suffit de le bien vouloir. Si après tant de résolutions, tant de promesses et tant de communions, vous êtes aussi mondain, aussi lâche, aussi vain, aussi plein de vous-même, aussi ardent au plaisir, aussi tenace dans vos intérêts, aussi vif dans vos ressentiments, vous n'avez jamais voulu vous vaincre et sortir de votre habitude. Défiez-vous de toutes vos résolutions et de toutes vos promesses : on ne les forme souvent que pour amuser sa conscience, pour calmer ses remords, et pour approcher avec moins de trouble des sacrements à l'abri de ces promesses brillantes. Vous devriez être troublé d'avoir fait tant de communions sans en tirer aucun fruit. La marque d'une pleine victoire sur une mauvaise habitude, dit Saint Augustin, est une habitude de la vertu contraire. Ne vous attribuez pas l'heureux succès de votre victoire, si vous l'avez remportée, mais au Sauveur et à sa grâce. Craignez toujours les attaques de votre ennemi, imaginez-vous entendre Jésus-Christ qui vous dit comme à notre malade : Vous voilà guéri ! ne retombez pas, de peur qu'il ne vous arrive quelque chose de pis.


SENTIMENTS

Venez à moi, Seigneur, mon âme est malade, et elle ne peut guérir que par votre secours. Ouvrez-moi les portes de la piscine de la pénitence, afin que j'y sois lavé et purifié de toutes mes souillures. Ô mon Dieu, ouvrez-moi votre cœur, et ouvrez le mien à votre grâce et à votre amour. S'il est fidèle à cette grâce, s'il est embrasé de cet amour, il sera bientôt victorieux. Je veux combattre, Seigneur, je veux vaincre, quoiqu'il en coûte à ma délicatesse ; je veux guérir à fond de toutes mes misères. Aidez-moi, soutenez-moi, et donnez-moi les forces que vous m'avez méritées par votre sang. Ah ! Seigneur, guérissez-moi comme le paralytique : j'implore votre miséricorde.


SENTENCES

Je suis le Seigneur votre Dieu ; vous avez demeuré avec les Égyptiens, prenez garde de les imiter dans leurs mauvaises habitudes (Levit. 38).

Voulez-vous remporter la victoire sur vos mauvaises habitudes ? que la violence du péché le cède à celle de la pénitence (D. Aug. tract. 49. in Joan).


RÉFLEXIONS

Sueur de sang


Le cœur de Jésus, livré à une excessive douleur dans le jardin des Oliviers, devint le champ de bataille du plus surprenant et du plus rude de tous les combats : combat entre Dieu et la créature, combat entre l'âme et la chair, combat entre la vie et la mort, combat si terrible, que s'il n'en fut pas surmonté, parce qu'il était un Homme-Dieu, et par conséquent invincible, il en fut agité et affaibli de telle sorte, que le sang de ce divin Sauveur, poussé à l'extérieur de sa chair par la violence de sa douleur et par l'excès de son amour, coula avec une si grande abondance, que ses habits en furent pénétrés, et la terre arrosée et ensanglantée.
Jusqu'à ce moment douloureux, Jésus-Christ ne nous avait donné que des larmes : il commence à nous donner du sang. Non content de ces larmes d'eau qui n'étaient sorties que de ses yeux, il verse des larmes de sang de tout son corps, pour se hâter de nous délivrer et de nous ouvrir plus tôt le ciel. Ah ! si l'extérieur du corps de Jésus-Christ était alors un spectacle si touchant, quelle devait être la situation de son esprit, de son cœur et de toute son âme ! Si les portes de ce sanctuaire nous étaient ouvertes, nous y verrions bien des mystères de douleur et d'amour, et nous ne refuserions pas quelques larmes à un Dieu qui, pour nous marquer son amour, nous donne par avance une si prodigieuse quantité de sang, en attendant qu'il répande le reste sur la croix.


PRIÈRE

Soyez-nous toujours favorable, ô mon Dieu ! et augmentez dans nos cœurs la piété et la dévotion ; donnez-nous les secours nécessaires pour vaincre tout ce qui s'oppose à votre amour, et pour vous servir avec fidélité jusqu'au dernier soupir de notre vie, sans jamais nous relâcher dans nos devoirs. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ, votre fils, notre seigneur.




Reportez-vous à Instruction sur le Carême, Méditation sur le Carême : Jésus ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite, Méditation pour le Jeudi de la Passion, Méditation pour le premier dimanche de Carême, Méditation pour le mercredi de la première semaine de Carême, Méditation pour le jeudi de la première semaine de Carême, Méditation pour le vendredi de la troisième semaine de Carême, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Méditation pour le Lundi de la deuxième semaine de Carême, Méditation pour le jeudi de la deuxième semaine de Carême, Méditation pour le lundi de la troisième semaine de Carême, Méditation pour le quatrième Dimanche de Carême, Méditation pour le premier Vendredi de l'Avent, et L'institution du Carême et la manière dont les premiers chrétiens le passaient.








jeudi 18 février 2016

Méditation pour le jeudi de la première semaine de Carême



Le Christ et la Cananéenne (Jean Germain Drouais)



Extrait de "Esprit du R.P. AVRILLON pour passer saintement l'Avent et le Carême" :




LE JEUDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE CARÊME


Jour d'oraison


PRATIQUE

On prie le Seigneur de l'esprit, du cœur et des mains, aussi bien que de la bouche : priez donc toujours, et faites que votre prière mérite par sa ferveur d'être écoutée de Dieu. Faites prier votre esprit par de saintes pensées et par recueillement ; votre cœur, par des sentiments et des désirs ardents d'être à Dieu ; vos mains, par de bonnes œuvres.
Priez avec l'ardeur et l'importunité de la Cananéenne, dans le tumulte et dans la solitude, afin que votre prière puisse parvenir jusqu'au cœur de Jésus-Christ.


MÉDITATION

Jésus étant aux environs de Tyr et de Sidon, une femme cananéenne s'approcha de lui, et lui dit : « Seigneur, fils de David, ayez pitié de moi, parce que ma fille est cruellement tourmentée du démon. »


1er POINT. La femme cananéenne est le plus parfait modèle de la prière que l'Église nous propose. Examinons ses paroles et ses sentiments, et nous apprendrons comment il faut prier. Elle commence sa prière par une double confession : l'une, de sa misère, en demandant miséricorde pour elle, et en reconnaissant qu'elle a besoin d'un secours surnaturel dont elle ne peut se passer ; l'autre, du souverain domaine de Jésus-Christ, qui est la source de tous les biens, et qui a eu le pouvoir de lui accorder tout ce qu'elle lui demande, et elle l'appelle son seigneur. Jésus-Christ passe, et il parait ne pas l'entendre, pour l'humilier. Enfin il parle ; mais c'est pour l'exclure du nombre de ses enfants. Elle élève la voix, elle crie, et le Sauveur l'humilie et la maltraite en la mettant au rang des animaux. Loin de se rebuter et de répondre fièrement, elle acquiesce à tout, tant elle est pénétrée de sa bassesse et de son néant. Non contente d'adorer la personne de Jésus-Christ, elle adore jusqu'à ses refus et à ses duretés. Usez-en de même à l'égard de Dieu ; humiliez-vous, et ne vous rebutez de rien, vous obtiendrez à la fin tout ce que vous demanderez. La Cananéenne sort de son pays pour venir chercher Jésus-Christ parmi une nation ennemie de la sienne. Sortez du grand monde, sortez de vous-même, de vos attaches, de vos langueurs ; courez avec ardeur vers Jésus-Christ ; ne regardez que lui seul, fendez la presse, hâtez-vous, vous ne pouvez vous passer de lui, et vous ne pouvez en être secouru sans le prier. Instruit par une femme païenne, faites-vous une loi de l'oraison, l'habitude s'en formera et le goût vous en viendra. Si vous ne le faites, vous n'aurez jamais ni lumières, ni vertu solide, ni vraie piété, ni amour de Dieu.

2e POINT. A cette humilité si profonde, elle joint une foi très vive : Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David. Ayez pitié de moi, aidez-moi : par là elle confessait sa toute-puissance et sa divinité. Elle ne dit pas d'abord guérissez ma fille ; imitez-la ; demandez d'abord la guérison de votre âme, il vous accordera le reste s'il le trouve à propos. Une ardente charité soutient sa prière, et lui donne des ailes pour aller trouver Jésus-Christ ; elle compte les maux d'autrui au nombre de ses propres disgrâces. La prière est un sacrifice que l'amour rend plus parfait et plus efficace : la charité est comme un feu qui la fait monter jusqu'au trône de Dieu comme un encens d'agréable odeur. Priez encore avec persévérance ; elle ne peut être mise à une plus rigoureuse épreuve que celle de notre néophyte : Jésus ne lui répond pas ; ce silence est bien rude à une âme qui souffre. Les apôtres importants prient Jésus de la renvoyer. Mais cette femme est résolue, à quelque prix que ce soit, de triompher du cœur de Jésus-Christ par sa persévérance : à force de crier, elle obtient ce qu'elle demande. Ne vous découragez jamais : les refus de Dieu ne sont que des délais, et sont nécessaires pour vous apprendre à plus désirer et à mieux prier. Changez vos prières en clameurs : Jésus-Christ a plus envie de vous accorder que vous d'obtenir.


SENTIMENTS

Ô mon âme, une étrangère, une idolâtre, sait mieux prier que vous dès la première fois qu'elle prie. Elle ne connaît Jésus-Christ que par ce qu'elle a entendu dire de lui, et il n'était pas encore mort pour elle : cependant elle quitte son pays, elle le cherche avec une ardeur incroyable ; elle l'adore, le prie, le conjure ; souffre ses duretés avec une patience héroïque, et enfin obtient de lui un miracle. Unissez-vous à cette heureuse et savante néophyte ; parlez à Jésus-Christ avec la même foi, la même soumission, la même ardeur et le même empressement, et dites-lui de tout votre cœur : Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ; vous êtes mon Dieu, mon sauveur, ma lumière ; éclairez mes ténèbres, embrasez mon cœur de vos divines ardeurs, apprenez-moi à vous prier comme je le dois et comme vous le voulez. Mon âme est malade ; ses passions la tyrannisent ; ses ennemis la persécutent : je crie après mon céleste médecin, pour qu'il guérisse toutes mes plaies. Source de miséricorde et de grâces, accordez-moi le pardon de mes péchés, et accordez-moi la vie de la grâce et celle de la gloire.


SENTENCES

Veillez et priez, afin que vous n'entriez point en tentation (Marc.14).

Le secret d'être toujours avec Dieu, et de l'engager à demeurer toujours dans notre cœur, c'est de toujours prier (Div. Isid. de summo bono., c. 3).


RÉFLEXIONS

Jésus abandonné de son père


Pendant que toutes les puissances de l'enfer et de la terre ont conjuré la perte de Jésus, et qu'il est méprisé, persécuté et outragé de son propre peuple, son Père éternel l'abandonne à leur fureur ; il ne le regarde plus, dans ces tristes moments, comme l'objet de son amour et de sa tendresse, mais comme celui de sa colère et de son indignation ; il semble avoir oublié qu'il est un Dieu égal à lui, et qu'il est ce Fils unique et bien-aimé en qui il a mis ses complaisances. Il ne l'envisage que comme un coupable chargé de nos iniquités ; il faut qu'il en porte le châtiment, et qu'il paie pour tous les hommes les dettes immenses dont ils sont redevables à sa justice.
Il est vrai qu'il lui envoie un ange du ciel pour le consoler ; mais, hélas ! quelle consolation pour Jésus-Christ de voir un ange qui lui apporte une croix sanglante et un calice rempli d'amertume ! Il accepte l'un et l'autre avec une profonde soumission à son Père, et parce qu'il nous aime. Il acquiesce à cet abandon rigoureux ; et, pour s'y conformer, il s'abandonne aussi soi-même. Il cède tous ses droits, dit saint Léon ; il ne se donne qu'autant de force qu'il lui en faut pour ne pas succomber à la douleur ; il empêche le rejaillissement de gloire et de bonheur de la Divinité sur son humanité, pour abandonner celle-ci à la peine, à la tristesse, aux ennuis, aux amertumes, aux frayeurs et aux larmes. Voilà ce que son amour lui fait endurer pour nous.


PRIÈRE

Augmentez, Seigneur, la foi et l'amour de votre peuple, afin que ses prières vous soient plus agréables ; nourrissez son âme de votre divine parole, et donnez-lui votre grâce pour pratiquer de bonnes œuvres. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ votre fils.




Mes paroles sont esprit et vie (Jn 6, 63) et l'on ne doit pas leur donner seulement un sens humain. Il ne faut pas non plus en tirer une vaine complaisance, mais les accueillir en silence, les recevoir avec une humilité profonde et un ardent amour.
Et moi je dis : Heureux l'homme que tu as instruit, Seigneur, et à qui tu enseignes ta loi ! Les jours mauvais lui seront moins pénibles, et il ne sera pas laissé sans ton aide sur la terre (Ps 93, 12-13).
C'est moi, dit le Seigneur, qui dès le commencement ai instruit les prophètes, et jusqu'à présent, je n'ai pas cessé de parler à tous, mais beaucoup restent sourds à ma voix.
La plupart des hommes écoutent de préférence la voix du monde à la voix de Dieu ; ils aiment mieux suivre les désirs de la chair qu'obéir à la volonté divine.
Ce monde qui offre quelques petits avantages temporels, on le sert avec une grande ardeur ; et moi qui promets des biens immenses, éternels, je ne parviens pas à toucher le cœur de l'homme.
Quel est l'homme qui me sert et m'obéit en tout comme on sert le monde et ses maîtres ? Tu entreprends facilement de longs voyages, pour en retirer de maigres avantages, mais pour la vie éternelle, tu hésites à faire un pas. Tu recherches parfois un gain médiocre qui exige de toi de nombreux efforts ; sur une vaine promesse, tu ne crains pas de te fatiguer jour et nuit. Mais pour mériter un bien incomparable, une récompense infinie, un honneur suprême et une gloire sans fin, tu n'acceptes pas d'endurer la moindre fatigue !
(...)

Ce que j'ai promis, je le donne ; ce que j'ai dit, je l'accomplis, si toutefois tu demeures fidèle à mon amour jusqu'à la fin. 
C'est moi qui récompense les bons et éprouve fortement les justes.
Grave mes paroles dans ton cœur, et médite-les profondément : elles te seront très nécessaires à l'heure de la tentation. Ce que tu ne comprends pas tout de suite, tu le comprendras au moment de ma visite.
J'ai deux façons de visiter mes élus : par le sacrifice que je leur demande, et par l'aide que je leur apporte. Et tous les jours, je leur donne deux leçons : l'une pour leur reprocher leurs fautes, l'autre pour les exhorter à avancer dans la vertu. 


(Extrait : La vérité se manifeste en silence à l'intérieur de nous-même - L'Imitation de Jésus-Christ)






Reportez-vous à Instruction sur le Carême, Méditation sur le Carême : Jésus ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite, Méditation pour le Samedi après les Cendres, Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !, Méditation pour le Jeudi de la Passion, Méditation pour le vendredi de la première semaine de Carême, Méditation pour le premier dimanche de Carême, Méditation pour le Lundi de la première semaine de Carême, Méditation pour le Mardi de la première semaine de Carême, Méditation pour le mercredi de la première semaine de Carême, Méditation pour le Lundi de la deuxième semaine de Carême, Méditation pour le mardi de la deuxième semaine de Carême, Méditation pour le jeudi de la deuxième semaine de Carême, Méditation pour le vendredi de la troisième semaine de Carême, L'Année liturgique avec Dom Guéranger : Le Troisième Dimanche de Carême, Méditation pour le quatrième Dimanche de Carême, et L'institution du Carême et la manière dont les premiers chrétiens le passaient.



Lire "L'âme de tout apostolat" de Dom Chautard.











mercredi 17 février 2016

Méditation pour le mercredi de la première semaine de Carême


Jonas exhortant les Ninivites à la Pénitence (Gustave Doré)



LE MERCREDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE CARÊME


Jour d'expiation


PRATIQUE

Regardez-vous aujourd'hui comme une victime d'expiation ; dites à Dieu, avec le roi-prophète : Seigneur, vous ne demandez pas d'holocaustes d'animaux, me voici ; je me substitue en leur place pour faire votre volonté en toute chose, comme vous avez fait celle de votre père céleste. Soyez fidèle à multiplier vos sacrifices, et offrez-les à Dieu pour l'expiation de vos péchés.


MÉDITATION

Les Ninivites s'élèveront au jour du jugement contre cette génération, parce qu'ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas ; cependant nous avons bien un autre prédicateur que Jonas. (Matth., 12.)


1er POINT. Jonas était un inconnu, un fugitif échappé du naufrage, et qui, sans justifier sa mission, poussait dans les airs, au milieu des rues où il passait, cette voix tonnante : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. Les Ninivites étaient sans loi, sans religion, sans écritures et sans prophètes ; cependant ils écoutent avec docilité ce prédicateur, et ils consentent à expier leurs péchés par la pénitence la plus rigoureuse.
Vous êtes dans la vraie religion, vous avez des prophètes, des écritures divines, qui vous apprennent que rien de souillé n'entrera dans le royaume des cieux, et qu'il faut expier vos péchés, ou dans ce monde, par une pénitence qui les égale, ou dans l'enfer, par des flammes éternelles et par des supplices affreux. Vous avez à présent le temps de les expier ; vous ne l'aurez pas toujours : peut-être ne l'aurez-vous pas demain. Quand avez-vous donc résolu de commencer cette expiation ?
Le roi de Ninive descend de son trône, et se met sous la cendre et le cilice ; toute cette grande ville retentit de soupirs et de sanglots ; les plaisirs les plus innocents sont bannis : on jeûne, et on fait jeûner jusqu'aux enfants et aux animaux. Puissance de mon Dieu, voilà votre ouvrage ; mais voilà mes juges qui fulmineront un arrêt de damnation éternelle contre moi, si je ne fais pénitence.

Quand l'esprit impur est sorti d'un homme, il va dans les lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve point. Alors il dit Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti ; il la trouve vide, il rentre et il s'en empare.



2e POINT.
Quand la pénitence est trop faible, le pécheur n'est pas délivré, et Dieu n'est pas apaisé. Il est des péchés pour lesquels il faut des jeûnes rigoureux, des aumônes abondantes, de longues prières, des mortifications continuelles et des larmes amères, sans quoi on ne peut pas obtenir une pleine rémission. De là vient qu'on retombe bientôt dans les péchés dont on était coupable ; l'esprit d'impureté, d'orgueil, d'intérêt, de divisions et de haine rentre dans le cœur, et devient plus fort qu'il ne l'était auparavant. On croit son péché expié quand il ne l'est pas ; on demeure dans une fausse paix qui conduit à l'aveuglement, et souvent on n'est désabusé que quand on n'a plus ni la force ni le temps de faire pénitence.
Pensez, dans toute l'amertume de votre cœur, aux péchés les plus considérables que vous avez commis, à vos mauvaises habitudes, et aux péchés que vous commettez encore tous les jours. Quelle expiation, quel dédommagement et quelle compensation faites-vous à la justice de Dieu ? Cependant il la faut faire absolument, ou dans cette vie ou dans l'autre. Il faut que vous la fassiez vous-même de vos propres mains, sinon Dieu la fera des siennes, et elle sera infiniment plus rigoureuse. Ne balancez pas, prenez le parti le plus sûr.


SENTIMENTS

Oui, Seigneur, Ninive la pécheresse a été détruite selon votre divine parole, et sur ces ruines vous avez édifié une Ninive pénitente. Heureuse destruction ! Ah ! Seigneur, traitez-moi comme Ninive, conservez le pécheur qui va travailler, par sa pénitence, à expier ses péchés, et détruisez en moi le péché et l'inclination au péché. Je veux imiter ce peuple ; je veux vivre dans les sentiments et dans les œuvres d'une expiation sincère et continuelle ; mais je ne le puis sans votre secours. Donnez-moi donc, Seigneur, le véritable esprit de pénitence, de peur que je ne me trompe dans ma pénitence même.
Humiliez mon esprit superbe, donnez-moi une véritable haine pour cette chair pécheresse, afin que je la sauve en la macérant et en la soumettant à l'esprit. Donnez à mon cœur des sanglots, et des larmes à mes yeux, et que ce soit l'amour et la douleur qui les produisent. C'est dans ce moment, ô mon Dieu, que je vais commencer à expier mes péchés, à les pleurer amèrement, et à les quitter pour toujours.


SENTENCES

Vous offrirez tous les jours au Seigneur une victime d'expiation (Ezéch. 29).

Expiez sévèrement, et sans vous épargner, les péchés que vous avez commis, afin que vous puissiez recouvrer ce que vous avez perdu (D. Chr., serm. de Mosy.).



RÉFLEXIONS


Sommeil des apôtres

Ce fut pour Jésus un surcroît de douleur de trouver ses disciples endormis pendant qu'il souffrait la plus cruelle agonie qui fut jamais. Cette lâcheté n'était point pardonnable dans des apôtres qui venaient de lui faire de si belles protestations de courage et de fidélité. Ils savaient l'extrémité du péril où était leur divin maître, ils voyaient sa tristesse, ils entendaient les plaintes et les sanglots que son cœur poussait vers le ciel : c'était la dernière occasion de lui marquer leur amour, et cependant ils dorment au lieu de veiller et de se préparer à défendre au péril de leur vie celui qui allait donner la sienne pour leur amour. Jésus-Christ en fut touché, vient à eux, et leur fait le reproche qu'ils méritaient. Eh quoi ! leur dit-il tendrement, ne pouvez- vous veiller une heure avec moi ? Faut-il qu'un traître surmonte le sommeil pour me perdre, et que vous vous y laissiez abattre, quoique vous sachiez le péril extrême où je me trouve ? Semblables aux apôtres, nous nous endormons souvent sur nos plus importants devoirs, et nous ne veillons que trop pour nous perdre. Nous laissons lâchement échapper les moments précieux de notre salut sans nous faire aucune violence. Réveillés par la fureur de nos passions, nous sacrifions souvent notre sommeil et notre repos à nos désirs les plus injustes et les plus déréglés. Les veilles ne coutent rien quand il est question de travailler pour le monde, et l'on s'endort lâchement quand il faut donner une heure à la prière, à la pénitence et aux bonnes œuvres.


PRIÈRE

Ô Dieu de bonté, c'est avec un cœur contrit et humilié que nous implorons votre divine miséricorde. Soyez-nous favorable, protégez-nous contre les ennemis de notre salut, qui nous attaquent pour nous séduire et nous corrompre. Faites-nous la grâce d'expier nos péchés par une véritable pénitence, afin de mériter la gloire que vous nous avez promise. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ votre fils.




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dimanche 14 février 2016

Méditation pour le premier dimanche de Carême



Tentation du Christ au désert (XVIe siècle)


Extrait de "Esprit du R.P. AVRILLON pour passer saintement l'Avent et le Carême"



LE PREMIER DIMANCHE DE CARÊME


Jour de combat



PRATIQUE


Demandez à Dieu qu'il vous mette lui-même les armes à la main pour combattre vos ennemis, qui sont les siens ; qu'il soutienne votre faiblesse ; qu'il anime votre courage, et qu'il vous donne la victoire. Soyez attentif sur tous les mouvements de votre cœur, sur toutes les pensées de votre esprit et sur toutes les saillies de votre amour-propre. Ne vous permettez rien qui soit imparfait et qui déplaise à Dieu. Combattez votre délicatesse, votre vanité, vos retours sur vous-même, vos vaines joies, et, pour mieux combattre, gardez un grand silence.


MÉDITATION


Jésus fut conduit dans le désert parle Saint-Esprit pour y être tenté du diable ; et il eut faim après avoir jeûné l'espace de quarante jours et quarante nuits. Il y fut tenté de gourmandise, d'avarice et d'ambition ; mais il soutint ces combats en héros divin ; il évinça cet infâme tentateur par trois oracles qui le confondirent et l'obligèrent de prendre honteusement la fuite. Matth., 4.


1er POINT.
Il faut donc combattre, puisque Dieu nous le commande, et qu'il veut bien nous en donner l'exemple. Mais, pour bien combattre et pour remporter la victoire, il faut avoir, comme notre adorable Sauveur, le Saint-Esprit pour guide, l'oraison pour défense, la fuite du monde pour sauve garde, la mortification, le jeûne et le silence pour armes, et la solitude pour champ de bataille. Quand vous auriez acquis toutes les vertus chrétiennes, quand vous seriez parvenu à la plus éminente perfection, il faut toujours combattre et être attaqué, tantôt par ce que les passions ont de plus vif, tantôt par ce qu'elles ont de plus séduisant et de plus flatteur, et ne se laisser jamais abattre. Dieu se plaît à être servi parmi les alarmes ; et ces alarmes produisent toujours la vraie paix à l'âme, lorsqu'on ne s'est laissé ni corrompre par la volupté, ni enfler par la vanité, ni décourager par la douleur.
Les tentations nous empêchent de présumer de nos forces ; nous humilient en nous faisant sentir tout le poids de notre faiblesse ; et c'est par là qu'elles nous sont nécessaires et nous soutiennent dans la grâce et dans une continuelle dépendance de Dieu. Soutenez donc généreusement le combat ; vous serez soutenu vous-même, et mourrez plutôt que de rendre les armes.

2e POINT. C'est une vérité de foi prêchée par l'apôtre, que personne ne sera couronné qu'après avoir légitimement combattu. Jésus-Christ, le saint des saints, le premier des prédestinés, a été tenté, il a combattu, il a été victorieux ; c'est par là qu'il a acquis sa gloire : vous ne manquerez pas d'être attaqué, si Dieu veut vous sauver. Retire-toi de moi, Satan ; c'est ainsi qu'il faut parler avec hardiesse et intrépidité au démon qui nous tente. Est-ce ainsi que vous résistez ? Le démon, dit saint Augustin, néglige de tenter ces âmes indifférentes pour le bien et pour le mal, qu'il est sûr de vaincre quand il voudra les attaquer ; ce sont des sujets qu'il méprise. Prenez donc la résolution de bien combattre ; et pour avoir une heureuse issue de vos combats, revêtez-vous de Jésus-Christ, dit l'apôtre, il sera votre force (Rom. 3). Si vous avez l'avantage sur vos passions et sur le démon, attribuez-lui-en toute la gloire ; si vos yeux se sont détournés des objets dangereux, rendez grâces aux yeux de ce Sauveur expirant sur la croix ; si vos mains n'ont point commis d'injustice, remerciez-en ces mains toutes sanglantes et percées de clous ; si votre cœur ne s'est point laissé percer des flèches impures de la volupté, rendez-en grâces à ce cœur adorable percé d'une lance sur la croix.


SENTIMENTS


Quoi ! mon Seigneur et mon Dieu, je vous vois aux prises avec la plus infâme et la plus odieuse de vos créatures, le démon, et je m'effraie quand il faut vous marquer mon amour et ma fidélité par ces combats où vous ne m'engagez que dans le dessein de me couronner, si je remporte la victoire ! Vous m'avez promis non seulement votre assistance et votre force, mais encore d'être à mes côtés pour m'aider à vaincre. Hélas ! avec tous ces secours, combien de fois ai-je succombé lâchement dans le combat ! Qu'ai-je gagné sur mes défauts et mes anciennes habitudes ? Je n'ai encore rien fait pour l'amour de mon Dieu et pour assurer mon salut. Seigneur, j'avais votre grâce, votre protection, votre exemple, vos sacrements, votre sang, enfin je vous avais tout entier ; et, de tous ces secours, je n'ai rien mis en usage pour ma sanctification. Aidez-moi, je veux combattre, je veux souffrir et remporter la victoire pour mériter la couronne que vous avez promise aux victorieux.


SENTENCES


Personne ne sera couronné, s'il n'a légitimement combattu (2 Tm 2).

Combattre légitimement, c'est mépriser le monde, résister au démon et se dompter soi-même (Div. August. serm. 42).



RÉFLEXIONS


Jésus au jardin des oliviers


Après la cène, Jésus va au jardin des oliviers avec les mêmes apôtres qu'il mena autrefois sur le Thabor ; mais quelle différence entre le Thabor et le jardin des oliviers ! Le Thabor servit de théâtre à sa gloire, et le jardin sert de témoin et de précurseur à ses infamies. Sur le Thabor, sa face était tout éclatante de lumière ; dans le jardin, elle est toute couverte de confusion. Sur le Thabor, le Père Éternel lui donnait des témoignages authentiques de sa tendresse ; dans ce funeste jardin, Jésus-Christ prie, pleure des larmes de sang, pousse des soupirs et des sanglots, et son Père refuse de lui répondre. Là, ce divin Sauveur confortait ses disciples, et soutenait leurs esprits accablés du poids et du brillant de sa gloire ; ici, il a besoin d'être soutenu lui-même, et tout le monde l'abandonne.
Allons en esprit dans ce jardin de mystères et de prodiges, qui renferme notre salut et notre Sauveur ; allons prier avec ce Dieu agonisant, qui prie pour assurer notre bonheur : dans ce jardin de douleur, l'herbe est foulée par les pieds, les genoux, et par le corps prosterné d'un Dieu sauveur ; l'air qu'on y respire retentit du bruit de ses soupirs et de ses sanglots, et la terre est arrosée de ses larmes et de son sang. Allons adorer ces précieux et sanglants vestiges avec des sentiments de compassion, de douleur et de tendresse.


PRIÈRE


Seigneur, que ces jours de jeûne et d'abstinence purifient l’Église et la rendent digne de vos grâces et de votre amour ; accordez-nous la force et le courage de combattre et de vaincre jusqu'à la mort pour obtenir la couronne éternelle. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ.



***


Pratique : Durant le Temps du Carême, prenez le temps de lire les textes propres à chaque jour (nous vous recommandons de vous procurer un missel édité avant 1958).




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mercredi 10 février 2016

L'institution du Carême et la manière dont les premiers chrétiens le passaient



Le Christ dans le désert (Kramskoi)


DE L'INSTITUTION DU CARÊME, ET DE LA MANIÈRE DONT LES PREMIERS CHRÉTIENS LE PASSAIENT
(Extrait de "Esprit du R.P. AVRILLON pour passer saintement l'Avent et le Carême")


Le Carême, ou la sainte Quarantaine, est le nom donné aux quarante jours de jeûne que l'Église nous prescrit pour nous préparer à la fête de Pâques. La sainte pratique de se disposer à cette grande solennité par la pénitence, était reçue dès les premiers siècles de l'Église, et elle nous vient des Apôtres. À l'exemple de Moïse, d'Élie, et surtout de Jésus-Christ, qui avait jeûné quarante jours, les chrétiens ont consacré le même espace de temps au jeûne et à l'abstinence, pour mortifier leurs sens, purifier leurs cœurs, et, par ces moyens salutaires, se disposer à la communion pascale. Le jeûne du Carême était plus rigoureux que celui des autres jours de l'année, parce qu'on ne prenait son repas qu'au coucher du soleil. Ce repas se réduisait à des herbes, des légumes, des racines, et quelqu'autre espèce de nourriture commune, sans aucun apprêt qui flattât le goût. Il n'était permis de manger qu'une fois le jour. Le jeûne et l'abstinence ordonnés par l'Église pendant ce temps-là ,ne se bornaient pas à la privation des aliments ; les fidèles, persuadés que la pénitence devait être universelle, détendaient à tout ce qui mortifiait l'esprit, le cœur et le corps. Le sommeil était moins prolongé, et souvent interrompu par la prière ; les conversations étaient plus rares. On ne s'y entretenait que de Dieu et du bonheur d'apaiser sa colère. On ne s'accordait que les délassements les plus indispensables. On vivait dans la retraite et le silence.
Ce genre de vie, qui nous paraît si pénible et si austère, a été en vigueur dans l'Église pendant plus de dix siècles. La loi du jeûne et de l'abstinence était pour tous sans distinction, et la dispense ne regardait que les particuliers à qui la maladie et l'infirmité en rendaient l'observation impossible. Les princes et les rois se faisaient un devoir de l'accomplir, comme nous le lisons dans l'histoire de Charlemagne.
Les chrétiens, dans la suite, s'étant relâchés de cette première ferveur, l'Église, quoiqu’avec douleur, a permis d'avancer l'heure du repas et de manger à midi ; mais en permettant cet adoucissement, elle veut toujours que ce repas soit frugal, accompagné de l'esprit de pénitence : elle règle le choix et la nature des aliments, et quoiqu'elle n'en détermine point la quantité, elle recommande cependant, plus qu'en tout autre temps, la tempérance et la sobriété, et elle ne regarde point comme de parfaits observateurs de la loi ceux qui recherchent ce qui flatte le goût ; ceux qui se proposent de prendre une nourriture assez abondante pour se garantir de tout ce qui peut nous faire ressentir la faim ou la soif. Le vrai jeûne, selon la doctrine des Saints-Pères, consiste principalement à combattre nos passions, à purifier notre âme de ses souillures. Que l'avare, dit saint Augustin, se détache des biens de la terre ; que la colère cesse de s'irriter ; que le voluptueux châtie sa chair ; qu'on renonce à tout péché.
La collation du soir, quoique maintenant d'un usage presque universel, n'est accordée que par indulgence par l'Église. Elle n'est pas censée empêcher l'unité du repas, qui est de l'essence du jeûne. Nous lisons dans l'histoire de Saint-Charles-Borromée qu'il n'y permettait à ses domestiques qu'une once et demie de pain et un verre de vin.
Quoique cette conduite ne soit pas une loi, elle doit du moins montrer aux fidèles combien ils doivent craindre de satisfaire leur sensualité en s'en éloignant trop, comme ils le font tous les jours.
Combien, en effet, de chrétiens dont la collation est plus forte que l'unique repas qu'on faisait dans la primitive Église ! Alors le tempérament n'était pas plus fort ni plus robuste qu'aujourd'hui ; nos occupations ne sont pas plus pénibles. Ce ne sont pas les forces qui nous manquent, mais la bonne volonté.
Si l'on était bien convaincu de la nécessité de faire pénitence pour fléchir la colère d'un Dieu que nous avons si souvent offensé, et des rigueurs de sa justice que nous devons apaiser, au lieu de s'exempter du jeûne et de l'abstinence sous les prétextes les plus frivoles, on regarderait le saint temps du Carême comme le plus favorable pour fléchir le ciel irrité de nos crimes, et nous réconcilier avec le Seigneur. N'oublions jamais que nous ne pouvons acquitter nos dettes à son égard, que par la pénitence, et que si nous manquons de la faire en ce monde, il faudra l'aller faire dans l'autre d'une manière infiniment plus rigoureuse. À la mort, nous voudrions avoir suivi ces maximes ; faisons-en maintenant la règle de notre conduite. Lorsque nous ne pouvons pas jeûner selon toute l'étendue de la loi, jeûnons du moins en partie, selon que nos forces nous le permettent. En ce cas, affligeons-nous saintement de ne pouvoir imiter la ferveur des fidèles. Substituons des privations proportionnées à notre état ; portons nos croix avec la résignation la plus parfaite, et, dans tous les maux que nous endurons, bénissons celui qui nous les envoie par miséricorde. Prions avec un renouvellement d'attention, avec une humilité plus profonde. Pendant ce saint temps, multiplions nos bonnes œuvres ; que nos aumônes, autant que nos facultés nous le permettront, soient plus abondantes. Faisons-nous un devoir d'écouter la parole sainte ; assistons, autant qu'il nous sera possible, au saint sacrifice de la Messe. Éloignons-nous avec soin des assemblées du siècle, et préservons-nous de tout ce qui pourrait distraire notre esprit de la présence de Dieu. Écoutons sa voix dans la retraite, c'est là qu'il parlera à notre cœur. Si nous lui présentons nos besoins, il s'empressera à y pourvoir ; en lui montrant les plaies de notre âme, médecin charitable, il les guérira.
Ceux qui, à cause de la faiblesse de leur tempérament, sont forcés (après en avoir obtenu la permission de leur pasteur) à faire gras, ne sont pas dispensés par là de la loi du jeûne, si leurs forces leur permettent de l'accomplir. Ils doivent bannir tout ce qui flatte la sensualité, et gémir de ne pouvoir pas se conformer au genre de nourriture des fidèles qui observent l'abstinence.
Ceux à qui des travaux pénibles ne permettent pas de jeûner doivent se rapprocher de la loi et des intentions du législateur, en offrant à Dieu leurs travaux en esprit de pénitence, en mortifiant leurs sens de la manière qui sera la plus convenable. Ils doivent consulter un confesseur éclairé et prudent, qui leur donnera des pratiques salutaires pour vivre pénitents.
Rien de si commun que de trouver des chrétiens qui, sur la plus légère violence qu'il faut se faire, ou d'après la décision d'un médecin complaisant, se font illusion et se croient dispensés de la loi du jeûne et de l'abstinence. Qu'ils sachent que l'Église condamne leur sensualité et leur mollesse, et qu'il n'y a qu'une vraie nécessité qui puisse rassurer leur conscience.
Quoique d'après la décision ordinaire des casuistes, on ne soit obligé à la loi du jeûne qu'à l'âge de vingt-et-un ans, cependant nous ne devons pas oublier que dès que nous sommes pécheurs, nous devons être pénitents. Les pères et mères doivent inculquer de bonne heure cette sainte maxime dans l'esprit de leurs enfants, et les accoutumer à des privations analogues à leur âge et proportionnées à leur tempérament.



CANTIQUE SUR LA PASSION DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST



Au sang qu'un Dieu va répandre,
Ah ! mêlez du moins vos pleurs,
Chrétiens, qui venez entendre
Le récit de ses douleurs.

Puisque c'est pour vos offenses
Que ce Dieu souffre aujourd'hui,
Animés par ses souffrances,
Vivez et mourez pour lui.

Dans un jardin solitaire,
II sent de rudes combats ;
Il prie, il craint, il espère ;
Son cœur veut et ne veut pas.

Tantôt la crainte est plus forte.
Et tantôt l'amour plus fort ;
Mais enfin l'amour remporte,
Et lui fait choisir la mort.

Judas, que la fureur guide
L'aborde d'un air soumis ;
Il l'emporte, et ce perfide
Le livre à ses ennemis.

Judas, un pécheur l'imite
Quand il feint de t'apaiser ;
Souvent sa bouche hypocrite
Le trahit par un baiser.

On l'abandonne à la rage
De cent tigres inhumains ;
Sur son aimable visage
Les soldats portent leurs mains.

Vous deviez, anges fidèles,
Témoins de ces attentats,
Ou le mettre sous vos ailes,
Ou frapper tous ces ingrats.

Ils le traînent au grand-prêtre,
Qui seconde leur fureur,
Et ne veut le reconnaître
Que pour un blasphémateur.

Quand il jugera la terre,
Ce Sauveur aura son tour ;
Aux éclats de son tonnerre
Tu le connaîtras un jour.

Tandis qu'il se sacrifie.
Tout conspire à l'outrager.
Pierre lui-même l'oublie,
Et le traite d'étranger.

Mais Jésus perce son âme
D'un regard tendre et vainqueur,
Et met d'un seul. trait de flamme
Le repentir dans son cœur.

Chez Pilate on le compare
Au dernier des scélérats !
Qu'entends-je ! ô peuple barbare !
Tes cris sont pour Barrabas.

Quelle indigne préférence !
Le Juste est abandonné ;
On condamne l'innocence,
Et le crime est pardonné !

On le dépouille, on l'attache,
Chacun arme son courroux :
Je vois cet agneau sans tache,
Tombant presque sous les coups.

C'est à nous d'être victimes ;
Arrêtez, cruels bourreaux !
C'est pour arrêter vos crimes
Que son sang coule à grands flots.

Une couronne cruelle
Perce son auguste front :
À ce chef, à ce modèle,
Mondains vous faites affront.

Il languit dans les supplices,
C'est un homme de douleurs :
Vous vivez dans les délices,
Vous vous couronnez de fleurs.

Il marche, il monte au Calvaire
Chargé d'un infâme bois :
De là, comme d'une chaire,
Il fait entendre sa voix.

Ciel, dérobe à la vengeance
Ceux qui l'osent outrager.
C'est ainsi, quand on l'offense,
Qu'un chrétien doit se venger.

Une troupe mutinée
L'insulte et crie à l'envi :
S'il changeait sa destinée,
Oui, nous croirions tous en lui.

Il peut la changer sans peine,
Malgré vos nœuds et vos clous ;
Mais le nœud qui seul l'enchaîne,
C'est l'amour qu'il a pour nous.

Ah ! de ce lit de souffrance,
Seigneur, ne descendez pas ;
Suspendez votre puissance,
Restez-y jusqu'au trépas.

Mais tenez votre promesse,
Attirez-nous après vous ;
Pour prix de votre tendresse,
Puissions-nous y mourir tous !

Il expire, et la nature
Dans lui pleure son auteur ;
Il n'est point de créature
Qui ne marque sa douleur.

Un spectacle si terrible
Ne pourra-t-il me toucher ?
Et serai-je moins sensible
Que n'est le plus dur rocher.






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samedi 6 février 2016

Psaume 140 : Seigneur, ne laisse pas mon cœur pencher vers le mal



William-Adolphe Bouguereau - The Flagellation of Our Lord Jesus Christ (1880)


Seigneur, je t’appelle : accours vers moi !
Écoute mon appel quand je crie vers toi !
Que ma prière devant toi s’élève comme un encens,
et mes mains, comme l’offrande du soir.

Mets une garde à mes lèvres, Seigneur,
veille au seuil de ma bouche.
Ne laisse pas mon cœur pencher vers le mal
ni devenir complice des hommes malfaisants.

Jamais je ne goûterai leurs plaisirs :
que le juste me reprenne et me corrige avec bonté.
Que leurs parfums, ni leurs poisons, ne touchent ma tête !
Ils font du mal : je me tiens en prière.

Voici leurs juges précipités contre le roc,
eux qui prenaient plaisir à m’entendre dire :
« Comme un sol qu’on retourne et défonce,
nos os sont dispersés à la gueule des enfers ! »

Je regarde vers toi, Seigneur, mon Maître ;
tu es mon refuge : épargne ma vie !
Garde-moi du filet qui m’est tendu,
des embûches qu’ont dressées les malfaisants.

Les impies tomberont dans leur piège ;
seul, moi, je passerai.












lundi 1 février 2016

Inimitiés entre les enfants de Marie et les esclaves du Diable


Les temps modernes sont dominés par Satan, et le seront plus encore dans l'avenir. Le combat contre l'enfer ne peut être mené par des hommes, même les plus sages. Seule l'Immaculée a reçu de Dieu la promesse de la victoire sur le démon. Nous n'avons pas le droit de nous reposer tant qu'une seule âme reste sous le pouvoir de Satan. Elle cherche des âmes qui lui seront totalement consacrées pour devenir, entre ses mains, les instruments qui vaincront Satan et étendront le Royaume de Dieu dans le monde entier. (Père Maximilien-Marie Kolbe)




Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne ; elle-même t'écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon. (Gn 3, 15)


« C'est principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours jusqu'au règne de l'Antéchrist, qu'on doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent. Il est à propos de l'expliquer ici pour la gloire de la Très Sainte Vierge, le salut de ses enfants et la confusion du diable. [...] Jamais Dieu n'a fait et formé qu'une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusques à la fin : c'est entre Marie, sa digne Mère, et le diable, entre les enfants et serviteurs de la Sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer ; en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie, sa sainte Mère. Il lui a même donné, dès le paradis terrestre, quoiqu'elle ne fût encore que dans son idée, tant de haine contre ce maudit ennemi de Dieu, tant d'industrie pour découvrir la malice de cet ancien serpent, tant de force pour vaincre, terrasser et écraser cet orgueilleux impie, qu'il l'appréhende plus, non seulement que tous les anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même. Ce n'est pas que l'ire, la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles de la Sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées ; mais c'est premièrement parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d'être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l'humilie plus que le pouvoir divin ; secondement parce que Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu'ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés d'avouer, malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme, que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces contre eux que tous leurs autres tourments. Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l'a gagné par humilité ; ce qu'Eve a damné et perdu par désobéissance, Marie l'a sauvé par obéissance. Eve, en obéissant au serpent, a perdu tous ses enfants avec elle, et les lui a livrés ; Marie, s'étant rendue parfaitement fidèle à Dieu, a sauvé tous ses enfants et serviteurs avec elle, et les a consacrés à sa Majesté. Non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la Sainte Vierge et la race du démon ; c'est-à-dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et haines secrètes entres les vrais enfants et serviteurs de la Sainte Vierge et les enfants et esclaves du diable ; ils ne s'aiment point mutuellement, ils n'ont point de correspondance intérieure les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde (car c'est la même chose), ont toujours persécuté jusqu'ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la Très Sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés. Mais l'humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande qu'elle ira jusqu'à lui écraser la tête où réside son orgueil ; elle découvrira toujours ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu'à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle. Mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c'est-à-dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu'elle suscitera pour lui faire la guerre. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l'est à l'égard des autres membres du corps ; mais, en échange, ils seront riches en grâce de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment ; grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu'avec l'humilité de leur talon, en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus-Christ ».



(Saint Louis-Marie Grignion de Montfort - Traité de la vraie dévotion à la Saint Vierge)




Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant – mieux vaudrait que tu sois ou froid ou brûlant. Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche. (Apocalypse 3, 15-16)



Que votre foi soit brûlante et que Notre Sainte Mère vous donne la force de combattre toujours pour que règne la Vérité de Notre Seigneur !



« La mort et la vie se sont livrées sur le calvaire un combat auquel les anges assistaient pleins d'admiration. Dans ce combat, l'auteur de la vie meurt, mais dans sa mort il est vivant et par sa mort il règne. La rançon a été payée, la Rédemption est accomplie, le péché du monde est ôté et le prince de ce monde est vaincu, son règne est fini en principe, mais il faut que le royaume qu'il s'était fait soit reconquis, c'est le magnum prœlium du ciel qui va se poursuivre sur la terre dans les mêmes conditions. Souvent l’Église paraîtra expirante ; toujours dans sa mort apparente, elle puisera une nouvelle vie.
Le duel se livre d'abord entre chaque âme et son tentateur. La Rédemption est universelle, le divin Sauveur a mérité le salut de tous les hommes, mais la justification continuera à dépendre de la volonté de chacun. Les mérites du Christ ne seront appliqués aux individus qu'avec leur consentement et leur coopération*. Le surnaturel redevenu l'apanage de l'humanité doit, comme toujours, être accepté par chacun de ses membres. Avant cette acception, supposée dans l'enfant, effective chez l'adulte, le fils d'Adam est encore sous le joug de Satan, et il y rentre par la répudiation volontaire de l'état de grâce, soit en commettant des actes condamnés par la morale chrétienne, ce qui lui fait perdre l'amitié de Dieu, soit par la résolution de se cantonner dans la nature seule par l'indifférence religieuse. C'est la loi qui a été promulguée dès le commencement au ciel et sur la terre. Elle n'a point changé, elle n'a pu changer avec la Rédemption. La nouvelle source de vie que la lance du soldat romain a fait couler du Cœur de Jésus en croix est ouverte à tous, mais elle ne donne ses eaux qu'à ceux qui viennent les y puiser.
Ce qui est vrai pour les individus, l'est pour les peuples. Appelés par la voix des Apôtres, juifs et gentils se rendirent un à un à cette source, et leur agglomération forma le corps de l’Église.
Pour reconquérir son empire, Satan s'attaqua au corps social comme il s'attaque aux personnes. C'est ce qui avait été dit au commencement et ce que demandait la Sagesse divine : Inimicitias ponam inter semen tuum et semen illius. Après avoir annoncé la Rédemption du genre humain par le Fils de la Femme. Dieu allait faire voir la lutte qui devait suivre entre les deux cités, l'une race du serpent, l'autre race de la Femme bénie.
Le mot hébreu employé par la Genèse pour marquer les attaques du serpent désigne bien les deux genres d'assaut que l’Église n'a cessé d'avoir à subir : les persécutions et les hérésies. Ce mot marque une haine s'exerçant à la fois et par la ruse et par la cruauté. C'est bien là les deux guerres que l'histoire n'a cessé de voir s'alterner, ou même se confondre, depuis les premiers jours jusqu'à ceux où nous sommes. » (La conjuration antichrétienne, Tome III - Mgr Delassus)


* Le baptême est conféré aux enfants des parents qui le demandent pour eux ; à eux ensuite de ratifier ce qui a été fait. C'est ainsi que les choses s'étaient passées au ciel et au paradis terrestre : les anges et nos premiers parents reçurent la grâce sanctifiante au moment de leur création, ils durent ensuite consentir au don qui leur avait été fait.






Pour compléter, écouter la conférence de Jean Vaquié : La postérité du Serpent.



Écoutez également : Le règne du Christ Roi, seule solution pour la France.




Lire "Abrégé de démonologie" et "Réflexions sur les ennemis et la manœuvre" (Lire) de Jean Vaquié, et "La Vierge Marie dans l'histoire de France" et "Lucifer et le pouvoir occulte" du Marquis de la Franquerie.



Voir cette vidéo audio : L’Église assiégée.




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sur le baptême depuis Vatican II.



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