dimanche 29 juillet 2018

La réalité des apparitions angéliques


La Cuisine des Anges (Murillo)


Extrait de "La réalité des apparitions angéliques" Par le R.P. D. Bernard-Marie MARÉCHAUX :

Le diable est une trombe qui renverse tout sur son passage ; l'ange, une brise légère qui se contente de relever sur leur tige les plantes alanguies. Le diable fait irruption auprès des saints comme le brigand de nuit qui frappe et qui tue, ou comme le vaurien des rues qui persiffle et qui ricane ; l’ange descend à leurs côtés, comme le rayon de lumière qui filtre d’en haut, ou plutôt comme l’ami qui cherche l'intimité et qui parle bas pour n’être pas entendu au-dehors. Il est aisé de reconnaître la présence du diable au vacarme qu'il fait, aux coups qu’il décharge sur les amis de Dieu, aux blessures qu’il leur inflige ; les suaves réconforts, produits par l'assistance des anges, ne laissent pas de vestiges appréciables à l’œil charnel.
Néanmoins j’estime que, même sans faire appel à l’autorité des divines Écritures, il est très possible de prouver la réalité des apparitions angéliques, à savoir par les simples témoignages recueillis dans la vie des saints. Maintes fois en effet, les anges apparaissent publiquement ou quasi publiquement.
En ce cas, ou bien ils se montrent sous une forme éclatante et lumineuse, décelant tout d'abord leur nature, ou bien ils revêtent l’apparence humaine, soit d’un messager, soit d’un guide, soit d’un pauvre ; leur disparition subite à un moment donné fait voir qu’on a eu affaire à des esprits célestes.
Ce genre d’apparitions, dûment établi, emporte avec lui une réalité physique. Parfois les anges ne se montrent pas à tous les yeux ; mais des chants célestes ou des odeurs paradisiaques trahissent leur présence qui n'est aperçue que des saints.
Outre ces signes, j'invoquerai comme probant le témoignage des grands saints, lorsqu’ils nous disent : J’ai vu les anges, un esprit céleste s’est montré à moi. Ainsi que je l’ai fait observer en ce qui concerne les faits démoniaques, il est des témoignages qui s’imposent par eux-mêmes, par l’autorité de la bouche qui les prononce.

(...)

M. l’abbé Ribet, dans sa Mystique divine, a une très belle dissertation sur les anges comme objet de visions. Il fait observer tout d’abord que ce qui est le mieux accommodé à la nature angélique, ce sont les visions intellectuelles ou tout au moins imaginatives. Les premières même sont, rigoureusement parlant, les seules qui soient proportionnées et connaturelles à l’immatérialité de ces purs esprits ; et toutefois elles sont rares, car par le fait même qu’elles sont en parfait rapport avec la nature de l’ange, elles conviennent moins à la nature sensible de l’homme à qui ces manifestations s’adressent.
On en trouve des exemples dans sainte Thérèse : elle voit la très sainte Vierge escortée par une multitude d’anges, non sous une forme sensible, mais par un simple regard de l’esprit, parce que, nous dit-elle, la vision était intellectuelle.
Les visions imaginatives des anges, rem arque le même auteur, sont plus multipliées ; et la subtilité avec laquelle ils s’insinuent dans nos facultés sensitives montre bien quelle est l’immatérialité de leur nature. Ainsi fréquemment ils apparaissent en songe, comme ils firent à saint Joseph et à d’autres saints personnages de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament.
Viennent en troisième lieu les visions corporelles des esprits célestes qui font proprement l’objet de cette étude. Elles montrent jusqu’où va l’extrême condescendance des anges. Ces pures intelligences daignent pour ainsi dire s’humaniser, afin d’entrer de plain-pied en relations avec nous. Mais il importe d’indiquer brièvement comment se produisent les manifestations physiques des anges ; car on pourrait se faire à leur sujet des idées fausses. Les esprits angéliques puisent dans les éléments matériels de quoi apparaître à nos yeux, soit sous une forme aérienne par une condensation de l’air ambiant, soit dans un corps analogue aux nôtres qu'ils constituent en un clin d’œil par une opération très subtile. Mais remarquons-le bien, même s’il s’agit d’un corps solide et pourvu de ses organes, ils ne l’animent pas, ils ne l'informent pas, comme fait notre âme vis-à-vis du corps qui lui est conjoint en unité de nature. En un mot, il n’y a pas union substantielle entre l’ange et son corps d’emprunt, mais seulement union accidentelle : il se contente de le soutenir et de le gouverner par le dedans, sans le compénétrer jusqu'à l’intime, sans en être le principe vital, sans le rendre proprement vivant. Cet aperçu sommaire d’une question très intéressante suffira pour le moment à éclairer mon sujet.
Ces visions corporelles des anges ont-elles été nombreuses ? Sans aucun doute. Celles que je rapporterai ne sont qu’une minime partie des manifestations angéliques que l'on pourrait relever dans la vie des saints.
J’ai dit plus haut qu’il était très possible de démontrer la réalité physique des apparitions des anges, même abstraction faite des récits bibliques et évangéliques, avec la simple vie des saints. Mais je n’ai garde de laisser de côté les textes de la sainte Écriture relatifs à ces apparitions ; ils sont trop nettement décisifs pour ma thèse, par la clarté d’évidence qui en ressort, et aussi par leur nombre. Le docte Suarez dit qu’on ne peut mettre en doute la réalité des apparitions angéliques d’après les livres saints, sans aller contre la foi ; car elles sont exprimées en un langage qui exclut toute ambiguïté.
Qu’on me permette ici d’embrasser la théorie des anges en toute son ampleur.
L’existence d’un monde angélique ne saurait être démontrée à priori par une argumentation strictement concluante. Aucun être créé n’a ce caractère de nécessité, d’où l’on puisse inférer la réalité de son existence. Toutefois il est dans l’harmonie d’ensemble des choses que les anges existent, à savoir comme intermédiaires naturels entre Dieu esprit créateur et infini, et la création matérielle de laquelle l’homme, composé de corps et d’âme, est l’unité la plus élevée. En un mot, au-dessous de Dieu qui est, comme disent les Pères, incorporel et incirconscrit, au-dessus de l’homme être à la fois spirituel et corporel, il y a place pour l’être uniquement spirituel qui est l’ange. Il n’est pas, lui, circonscrit dans un corps, mais il l’est dans une essence limitée ; et en cela il diffère profondément de Dieu. Tel est donc le tableau que présente le monde. L’être, dérivant de Dieu source immanente et très pure, tombe, par voie de création, premièrement dans l’ange en qui il se limite aux bornes d’une essence spirituelle, puis dans l’homme où il revêt un caractère mixte, et enfin dans la création purement matérielle où il se condense à différents degrés depuis l’être vivant jusqu’à l’être inanimé.
Mais l’ange n’est pas seulement une note harmonieuse, un anneau étincelant dans l’ensemble des êtres. C’est encore un ministre de Dieu pour le bon gouvernement de l’univers, un instrument des opérations bienfaisantes de la Providence. Car il est dans l’ordre, nous dit saint Thomas après saint Denys, que les êtres inférieurs soient rattachés et comme ramenés à l'Être infini par les créatures intermédiaires.
Saint Grégoire Le Grand dit quelque part : Le Très-Haut se revêt d’un vêtement de beauté, parce qu’il prend autour de lui et associe à son éclat les chœurs des anges qu’il a créés. Les anges sont le vêtement de Dieu ; ils adhèrent à lui et participent à ses mouvements : l’éclat insoutenable de la lumière incréée les compénètre et rayonne au travers de leur pure essence ; il se tempère en quelque sorte en passant par eux, et même se disperse en différents rayons comme la lumière dans un prisme. Les anges, prosternés autour de Dieu dans une adoration béatifique, suivent les indications de sa volonté avec la promptitude de l’éclair, et exécutent ses ordres avec l’énergie d’un feu dévorant. Là où se porte la volonté divine, ils vont, incoercibles dans leur élan ; et leur influence active et constante maintient l’ordre dans la création inférieure. (...)
Du moment où l'homme fut créé, les anges entrèrent en rapport avec lui. Il était des leurs : son âme était la sœur, plus tendre et plus frêle, de ces purs esprits. En quoi consistaient ces rapports ? On l'ignore. Tout porte à croire que les anges prenaient souvent des formes sensibles pour se manifester au premier couple humain, à savoir des formes hum aines, peut-être même parfois des formes animales pleines de noblesse (Ce qui porterait à le croire, c’est que la femme ne semble pas surprise que le serpent lui parle, c’est que parfois les anges apparurent aux saints sous la forme de beaux oiseaux, c'est que les êtres de la création sont pris souvent comme des symboles). La facilité avec laquelle la femme engage la conversation avec le serpent, le chérubin mis à la porte du paradis pour le garder, nous sont des indices que nos premiers parents étaient coutumiers des apparitions angéliques.
Les voilà tombés : vont-elles cesser ? nullement. L’homme déchu, par une grande miséricorde divine, est placé sous la main des anges. Ils sont les médiateurs du Testament ancien, destiné à préparer la venue de Jésus-Christ. Saint Paul nous dit que la loi mosaïque, dans son économie figurative, a été disposée par les anges. (Gal., III, 19.) Lisez le splendide début de l’Épître aux Hébreux : il en ressort que les anges sont les ministres de l’ancienne alliance, alors que Jésus-Christ le propre Fils de Dieu est l’initiateur et le consommateur de la loi nouvelle.
Les anges serviront de tuteurs à l’humanité en état d’enfance. Arrivée avec Jésus-Christ à l’âge adulte, elle les aura comme aides et compagnons. En aucun temps elle ne sera destituée de leur secours.
Il n’est pas expressément question des anges dans le récit du Déluge. Mais quand l’Écriture nous dit que la Sagesse gouverna le Juste au moyen d'un bois méprisable (Sap., x, 4), il est hors de doute qu’elle employa à cette préservation le ministère des esprits angéliques ; ils tenaient le gouvernail de l’arche sur les eaux débordées.
Là où leur action tutélaire commence à se manifester d’une manière ininterrompue, c’est à la naissance du peuple de Dieu.
L’apparition visible, tangible, de trois personnages mystérieux à Abraham, est connue de tous. L’un prend le nom du Seigneur ; était-il purement et simplement un ange se présentant au nom du Très-Haut ? C’est la pensée de la plupart des interprètes (beaucoup pensent que les anges sont les auteurs et comme les acteurs des théophanies qui ont eu lieu dans l'Ancien Testament. Ce sentiment a pour fondement principal ce que dit saint Étienne parlant au Sanhédrin, qu'un ange apparut à Moïse au désert de Sina dans la flamme du buisson ardent (Act., VII, 30). Or cet ange tenait la place de Dieu, et figurait la personne de Dieu. D’autres interprètent différemment ce passage, et disent que le mot ange est mis pour le Seigneur lui-même en tant qu’il se manifeste. Ce n’est pas le lieu de discuter à fond la question). Quoi qu'il en soit, ses deux compagnons sont appelés ouvertement des anges. Abraham leur donne à tous les trois l’hospitalité. Les deux anges se détachent, et s’en vont trouver Loth qui les reçoit à son tour ; le peuple de Sodome a vu les deux nobles et beaux étrangers, et médite contre eux des pensées infâmes ; mais les anges le frappent de cécité, et retirent le juste Loth du milieu de la cité vouée aux vengeances divines. (Gen., XVIII, XIX)

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Les anges, qui ont veillé sur les patriarches et qui les ont guidés dans toutes leurs voies, protègent le peuple de Dieu devenu adulte et quittant l’Égypte. Un ange, sans doute l’ange de Jacob, marche avec la nuée à l’avant-garde des Hébreux émigrants ; au passage de la mer Rouge, il se porte à l’arrière-garde pour les défendre des poursuites de Pharaon ; (Ex., xiv, 19) à plusieurs reprises, un ange est annoncé à Moïse comme conducteur du peuple vers la Terre promise : à côté du guide visible Moïse, il y a un guide invisible, l’ange du Seigneur, dont la présence se déclare souvent par des interventions miraculeuses.

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L’ange chargé du peuple de Dieu ne cesse pas son office, quand les Hébreux sont arrivés à la Terre promise. Il apparaît à Josué dans la campagne de Jéricho, sous la forme d’un guerrier, le glaive en main : Je suis, lui dit-il, le chef de l'armée du Seigneur. (Josué, V. XIII, 16) Plus tard, quand la conquête est définitive, il se montre visiblement aux yeux du peuple, et lui adresse de vifs reproches de son peu d’obéissance aux ordres du Seigneur ; à cette prédication d’un nouveau genre, le peuple éclate en sanglots ; et l’endroit où se passe cette scène si remarquable s’appelle désormais le lieu des pleurants. (Jud., II, 5)

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L’histoire sainte ne mentionne pas expressément l’action visible des anges dans la vie si dramatique de David. Mais comment nier que le saint roi ait parlé par expérience, quand il a chanté : « Dieu a commandé à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront dans leurs mains, de crainte que ton pied ne heurte contre la pierre. Tu marcheras sur l’aspic et le basilic ; tu fouleras aux pieds le lion et le dragon. » (Ps. xc) — Sur la fin du règne de David, en punition d’un péché de vanité qu’il avait commis, terrible exemple qu’on ne saurait trop m éditer, un ange extermina par la peste 70.000 Israélites : apaisé par les supplications et par les holocaustes du saint roi, il rem et visiblement l’épée au fourreau. Les anges sont donc les ministres des fléaux de Dieu. (I Paral., xxi)

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Durant la captivité, les saints anges suivent les pieux israélites dans leur exil. On connaît l'histoire de Tobie : l’archange Raphaël sous forme humaine, entre en scène, et accomplit toute une série de touchants prodiges en faveur de cette famille bénie de Dieu : c’est l'action invisible des esprits célestes rendue visible et palpable ; c’est le poème dramatique des anges gardiens.
Judith luttant pour la liberté de sa patrie, témoigne qu’un ange l’a ramenée non seulement saine et sauve, mais pure de toute souillure. (Jud., XIII, 20)
Les anges apparaissent à tout moment dans les récits et dans les prophéties de Daniel. Ils descendent avec les enfants dans la fournaise et écartent d'eux les flammes dévorantes ; ils descendent avec le prophète dans la fosse aux lions, et ferment la gueule de ces fauves indomptés ; ils transportent auprès de lui le prophète Habacuc, qui lui présente de quoi manger (Dan. III, 49 ; vi, 22 ; xiv, 32). Daniel, l’homme de désirs, au cœur humble et pur, a la vision d'un ange en tout son éclat ; il en est ébloui, il s’évanouit ; l'ange le rassure et l’introduit dans les conseils des esprits célestes et de Dieu lui-même. (Id., x.)
Nous ne parlons pas des autres prophètes, notamment Isaïe, Ézéchiel, Zacharie, qui mentionnent souvent des apparitions angéliques, parce qu’il est probable que ces visions pour la plupart furent intellectuelles ou imaginatives.
Les livres des Machabées mentionnent fréquemment l’intervention des saints anges. L’impie Héliodore, voulant forcer et piller le temple, est renversé et piétiné par un cavalier mystérieux, tandis que deux jeunes hommes apparaissant tout à coup, le fustigent sans pitié. (II Mach. III, 25-26) Judas Machabée demande au Seigneur qu’il daigne envoyer un bon ange pour le salut d’Israël : confiante prière que Dieu exauce même visiblement. On voit marcher devant lui un cavalier vêtu de blanc, et brandissant des armes d’or. Précédemment déjà, au plus fort d’un combat, les ennemis avaient vu descendre du ciel cinq cavaliers éblouissants : deux d'entre eux se tenaient continuellement aux côtés du héros, écartaient loin de lui les traits meurtriers et lançaient des foudres qui semaient partout la mort et l'épouvante. (II Mach., xi, 6 ; x, 29-30.)
Je n’ai voulu omettre aucun des traits de cette revue d'histoire biblique sur l’assistance des anges elle est intéressante, elle est réconfortante. Si les esprits célestes se sont ainsi prodigués pour la défense du peuple juif, que ne feront-ils pas pour le salut du peuple chrétien ?

Parmi les apparitions que j’ai déjà énumérées, la plupart eurent une réalité extérieure et physique. Il est inutile d’insister là-dessus ; à moins de nier la véracité des saintes Écritures, on doit convenir que maintes fois les anges ont apparu corporellement aux hommes avant Jésus-Christ.
Saint Thomas nous dit que « toutes les apparitions relatées sous l’Ancien Testament furent ordonnées à cette apparition, par laquelle le Fils de Dieu se montra dans la chair. En prenant ainsi des corps dans les temps antiques, déclare le saint docteur, les anges donnèrent à entendre, par d’expressives figures, que le Verbe de Dieu devait prendre un jour un corps humain. » (Sum. theol. I Pars. q. ii art. 2 ad prim.) J'ai expliqué plus haut comment les corps que revêtent les anges ne sont que des corps d’emprunt, et ne leur appartiennent pas substantiellement comme s'ils faisaient partie de leur nature ; au contraire, le corps qu’a pris Jésus-Christ est son vrai corps, il fait partie intégrante de la nature hum aine qu’il s’est appropriée en unité de personne. C’est là une différence essentielle qu’il ne faut pas perdre de vue : elle n’empêche que ces visions passagères de messagers célestes, revêtant extérieurement une forme humaine, n’aient annoncé et figuré d’une manière très expressive la grande et définitive manifestation du Fils de Dieu se faisant homme et vraiment homme comme nous.
Mais ici une question se pose d'elle-même : le Fils de Dieu s’étant fait homme, les apparitions angéliques vont-elles cesser comme n’ayant plus de raison d’être ? Aucunement. Notre-Seigneur n’est pas venu détruire l'ordre naturel, en restaurant l’ordre de la grâce. Sa grande médiation rédemptrice n’a pas annulé la médiation naturelle des esprits célestes. Ils restent toujours les intermédiaires entre l'homme et Dieu Esprit infini. Leur mission s’entrelace harmonieusement dans l’œuvre de la rédemption. « Ils sont, nous dit saint Paul, des intendants spirituels, chargés d’un ministère auprès de ceux qui gagnent l’héritage du salut. » (Héb, I, 14) Cette coopération active au salut des âmes est abondamment marquée dans les pages soit du saint Évangile, soit des Actes des apôtres.
Et d’abord l’Évangile s’ouvre par un prologue tout angélique. C’est un ange qui est chargé de préparer d’une manière immédiate le mystère de l’Incarnation. Ce même ange, à savoir saint Gabriel, avait été envoyé sous l’ancienne loi, à Daniel, l'homme de désirs. Dans une vaste vision, il lui avait révélé les destinées du royaume de Dieu sur la terre ; il lui avait montré la venue prochaine du Saint des saints, qui devait mettre un terme au péché, abolir l’iniquité et accomplir toute prophétie ; il lui avait même donné la date précise de l'apparition du Messie, elle aurait lieu dans soixante-dix semaines d’années.
Les temps approchent, le cycle mystérieux des semaines de Daniel est près d’être révolu. Après un long intervalle de temps durant lequel toute communication semble suspendue entre le ciel et la terre, saint Gabriel s’ébranle de nouveau ; il vole au temple de Jérusalem, à l’heure où le prêtre fait fumer l’encens devant le Très-Haut. Le prêtre alors de service au temple était un homme juste et craignant Dieu nom m é Zacharie. Il aperçoit l’archange debout, à droite de l’autel des parfums. Il est épouvanté ; mais Gabriel le rassure, et lui apprend la joyeuse nouvelle qu’il sera malgré son grand âge le père d’un enfant de bénédiction destiné à devenir le précurseur du Messie. Zacharie hésite à croire à la parole du messager céleste, il est frappé de mutisme en punition de son incrédulité.
Six mois après, l'archange Gabriel prend de nouveau son essor. Cette fois, il se rend en Galilée, pays peu favorisé par les apparitions célestes ; il entre sous l’humble toit d’un artisan, nommé Joseph ; il va trouver une fille de la race royale de David, qui vit dans la pauvreté, et qui est demeurée vierge sous le voile d’un chaste mariage ; il se présente à elle, avec un respect infini, comme ambassadeur de la très sainte Trinité. Le salut du monde est remis par Gabriel entre les mains de la Vierge : si elle donne son consentement, le ciel va s'ouvrir, et le Sauveur descendra. Marie se trouble dans son humilité, l’archange la rassure ; elle hésite dans son amour de la virginité à accepter l’offre d’une maternité divine, l’archange dissipe ses appréhensions. Le céleste ambassadeur a obtenu gain de cause ; il emporte le consentement de Marie. Celle-ci, par un acte de foi héroïque, attire et s’incorpore en elle le Fils de Dieu.
Remarquons, d’après les saints Pères, qu’en cette entrevue qui décida du grand œuvre de l’incarnation, l’archange Gabriel ne se contenta pas de proposer à la sainte Vierge le sublime office d’une maternité divine ; il fortifia intérieurement son âme, afin qu’elle pût produire plus facilement un acte de foi et d’amour en rapport avec l’offre qui lui était faite, et supporter l’insondable mystère qui allait s’opérer en elle. « Notre fragile nature, dit saint Pierre Chrysologue, est réconfortée en Marie par l’exhortation de l'ange pour soutenir la gloire de la divinité. De crainte que le sable fin du corps humain ne pût supporter un si haut édifice, et que la tige légère de la virginale créature ne rompit sous le fruit du Verbe incarné, la voix de l’ange retentit et chassa toute appréhension, ne craignez pas, Marie ! — Gabriel, enseigne saint Bernard, est appelé la Force de Dieu : soit parce qu’il annonça la descente de la Vertu d'en haut en la personne du Sauveur ; soit parce qu'il eut mission de réconforter la Vierge, naturellement timide, simple et pudique, en sorte que la nouveauté du mystère ne l’effrayât pas. Et c’est ce qu'il fit. »
Cette action rassérénante et réconfortante, exercée par l’archange dans le cercle des puissances sensitives de l’âme virginale de Marie est très digne d’attention ; elle fait ressortir un côté très délicat et très mystérieux de l’assistance angélique, dont les créatures humaines les plus élevées en grâce ne peuvent se passer.
Il serait téméraire de nier la réalité extérieure de la double apparition de l’archange Gabriel à Zacharie et à la sainte Vierge ; il se montre au premier, debout à côté de l’autel de l’encens ; la sainte Vierge se trouble en le voyant, comme si elle voyait un homme. Jamais, croyons-nous, dans toute la tradition catholique, il ne s’est élevé une voix pour prétendre que l’entrevue de saint Gabriel avec la sainte Vierge ait été simplement imaginative. La dignité même du mystère de l’Incarnation, qui est en jeu, semble exiger une apparition physique de l’archange.
La main des anges étant intervenue dans la manière dont s’est noué ce grand mystère, axe central de toute la religion révélée, il s’ensuit logiquement qu’ils ont dû intervenir ministériellement dans tous les développements successifs de l’œuvre rédemptrice. Car l’évolution tout entière d’une chose répond à ses débuts. Et c’est en effet ce qui ressort du saint Évangile. Tous les grands événements qui s’y déroulent sont accompagnés de phénomènes angéliques formant comme le ciel du tableau.
Alors que saint Joseph est angoissé et torturé par la constatation de la grossesse de sa chaste épouse, un ange du Seigneur, peut-être l’archange Gabriel, lui apparaît en songe ; il lui apprend le mystère que la Vertu du Très-Haut a opéré dans le sein de Marie, et l'investit lui-même d’une paternité vis-à-vis du fruit béni qu’elle porte. La tristesse du saint patriarche se change en une profonde admiration, en une vive allégresse. Il est clair ici que la vision est simplement imaginative, elle n’en est pas moins certaine et efficace.
Qui n'est ravi du spectacle que présente la nuit de Noël ? Le Fils de Dieu naît dans une étable, et son humble naissance met en mouvement le monde angélique. Un ange annonce la bonne nouvelle aux bergers qui montent la garde de nuit sur leurs troupeaux ; une subite lumière les environne et chasse les ténèbres ; et le ciel semble se fondre avec la terre autour de la crèche du nouveau-né, tant il y a de cohortes angéliques applaudissant par leurs cantiques à la grande merveille d’un Dieu petit enfant. (Luc, II, 9-15J
La sainte Famille nous apparaît entourée d’anges qui la servent et qui la protègent. Il en est d'elle comme du peuple de Dieu. À côté du guide visible, autrefois Moïse, maintenant Joseph, se place le guide invisible, l'ange du Seigneur : et le guide invisible dirige le guide visible. Un ange apparaît en songe à Joseph et lui dit de fuir en Égypte : il lui apparaît de nouveau, et l’avertit, comme anciennement Jacob, de retourner dans la terre d’Israël. (Matt. II, 13-29.)
Notre-Seigneur devenu adulte, ne repousse pas le ministère des anges. Par son incarnation, il était descendu au-dessous de la nature angélique (PS. viii ; Héb. II, 7-9) : il s’était mis, en se faisant homme et vraiment homme, en situation, non seulement d’accepter les bons offices des anges, mais même d’en avoir besoin. Et de fait il y eut recours en deux notables circonstances.
La première fut celle de son jeûne et de sa tentation dans le désert. Notre-Seigneur est d’abord aux prises avec le diable : il déjoue ses artifices, il en triomphe, il le chasse ; le diable se retire. Alors, nous dit l’Évangile, les anges s’approchèrent de lui et le servirent. (Mat. IV, 11 ; Marc, I, 13.) En quoi consista ce service des anges ? Ils réconfortèrent la sainte humanité du Sauveur épuisée par le jeûne, éprouvée par les insultes de l’esprit mauvais ; il est probable qu’ils lui présentèrent des aliments.
La seconde circonstance fut la douloureuse agonie du Sauveur. La sainte humanité de Jésus était en proie à la tristesse, à l’épouvante, à un insurmontable dégoût ; elle subissait une dépression de forces telle qu’elle pensait mourir ; elle était à ce point oppressée par une inexprimable angoisse qu’elle suait du sang. En cet état, un ange lui apparut du ciel, la réconfortant. (Luc, xxii, 43.) Cette intervention est infiniment remarquable. La nature angélique vient au secours de la nature humaine, abattue et agonisante ; un ange fortifie Jésus.
Jésus souffrait comme homme, il était sensiblement délaissé par son Père ; son humanité aux abois se rattachait au secours des esprits angéliques. Il ne voulut pas les provoquer à intervenir pour le tirer des mains de ses ennemis, comme il le dit à saint Pierre au moment d’être garrotté (Mat. xxvi, 53) ; mais il accepte le réconfort qui lui vient d’un ange, pour nous montrer qu’aucun homme mortel, pour saint qu’il soit, ne peut se passer du secours des esprits angéliques.
Étant venus en aide au chef, il ne doit pas nous sembler surprenant qu’ils soient appelés à veiller sur les membres. Les anges s’empressent autour de l’Église naissante. Ils sont chargés de lui annoncer, en la personne des saintes femmes et des apôtres, la glorieuse résurrection du Sauveur. Au moment où celui-ci franchit le seuil de son tom beau, parmi la secousse d’un grand tremblement de terre, un ange descend du ciel, et rejette par côté l’énorme pierre qui fermait l’entrée du sépulcre ; puis, tandis que les gardiens terrassés par l’épouvante se relèvent et s’enfuient, il les remplace dans leur office en s’asseyant sur la pierre. Son visage est éclatant comme la foudre, et ses vêtements sont blancs comme la neige ; il rassure bénignement les saintes femmes effrayées à son aspect, et leur donne la première nouvelle de la résurrection. Lorsque celles-ci après avoir transmis rapidement la nouvelle aux apôtres, reviennent au monument, elles y trouvent deux anges, mais à l’intérieur du sépulcre ; ils ont plié les linges formant le linceul du Sauveur, et roulé à part le suaire qui couvrait sa tête sacrée ; saint Pierre rem arque ce détail vraiment suggestif, quand il arrive sur les lieux en compagnie de saint Jean. (Mat. xxviii, 2-8 ; Luc, xxiv, 3-5 ; Joan. xx, 5-6.) Je m’étends avec complaisance sur cette scène évangélique, parce que personne n’osera révoquer en doute l’extériorité de ces apparitions d’anges racontées avec une telle précision.
Le jour de l’Ascension, alors que les apôtres ont encore les yeux fixés dans une posture admirative vers le point du ciel où Jésus a disparu, deux hommes en vêtements blancs, dit le texte sacré, paraissent tout à coup auprès d'eux, et les encouragent par des paroles consolantes. (Act. I, 10.) En ces deux hommes, la tradition chrétienne a toujours reconnu deux anges.
Quand l’Église sort du cénacle, les anges travaillent pour ainsi dire de moitié avec les apôtres : ceux-ci sont-ils emprisonnés, ils brisent leurs fers, ils leur fendent la liberté. (Act. v, 9.) Ils leur ménagent des entrevues avec les gentils. Un de ces esprits célestes avertit le diacre saint Philippe de se rendre sur la route de Gaza où il trouvera l’eunuque de la reine d’Éthiopie (vin, 26). Un autre enjoint au saint et admirable centurion Cornélius d’aller trouver saint Pierre à Joppé (x, 3).
Mais tout à coup l’Église est menacée d’être décapitée en la personne de son chef tombé aux mains d’Hérode : un ange délivre miraculeusement saint Pierre, faisant tom ber ses chaînes, ouvrant devant lui la grande porte de fer qui ferme la ville, et il le rend à l’Église en prière et en pleurs : telle est la soudaineté de la délivrance que l’apôtre croit rêver, et n’a le sentiment de la réalité de ce qui lui arrive que lorsqu’il se trouve dans l'assemblée des fidèles éperdus de joie (xn, 7-12). Cependant la vengeance divine, dont un ange est le ministre, s'abat sur le persécuteur : Hérode meurt en d’horribles convulsions, consumé par les vers. (xii,23.)
Saint Paul n’est pas moins efficacement protégé par les anges ; ils le suivent en toutes ses courses apostoliques ; dans la tempête racontée par les Actes, un esprit céleste apparaît à l’apôtre et lui donne l’assurance qu’aucun mai n’arrivera ni à lui ni aux passagers qui sont avec lui sur le navire en détresse. (Acf. xxvii, 23.)
Tel est le rôle des anges dans la fondation et les premiers développements de l'Église. Ils l’entourent d'une sauvegarde tutélaire ; ils amènent ces changements à vue, qui en un moment la soustraient à la fureur de ses ennemis. Ils ménagent les rencontres des apôtres avec ces enfants de Dieu, comme parle saint Jean, qui étaient dispersés par le monde, et qu’il s’agissait de grouper en une église ; ils veillent sur les jours des hommes apostoliques, et les conduisent heureusement jusqu’au terme providentiel de leur carrière.

La mission des anges, ai-je dit plus haut, est d’ordre naturel, mais ils l’exercent dans un but surnaturel ; chargés d’un idolâtre, ils cherchent par tous les moyens possibles à l’orienter vers la vraie foi, à l’amener au baptême. Les Actes des apôtres nous montrent à plusieurs reprises les esprits célestes se rendant les intermédiaires visibles entre les hommes apostoliques et les païens.
Cette médiation, cette intervention discrète, se continue toujours, quoique invisiblement. Un très ancien document, d’une saveur très particulière, nous la fait voir sous une forme extérieure et palpable. Il s’agit de la conversion célèbre du philosophe saint Justin au deuxième siècle : lui-même nous la raconte comme il suit dans son Dialogue avec Tryphon.
Il s’était adonné à la philosophie, et fréquentait les écoles grecques, espérant y trouver la sagesse. « Étant, dit-il, dans ces sentiments, j’éprouvai le besoin de me retirer dans la solitude et d’éviter le commerce des hommes ; et je partis pour une campagne assez proche de la mer. J’en étais peu éloigné et je me réjouissais par avance d’être en tête à tête avec moi-même, quand je me vis suivi d’assez près par un vieillard d’aspect vénérable, les traits rem plis tout ensemble de gravité et de bienveillance. Je m’arrêtai, et me tournant de son côté, je fixai délibérément sur lui mon regard. Il me dit : Me connaissez-vous ? — Non, répondis-je. — Pourquoi alors me regardez-vous ainsi ? — Je suis étonné, dis-je, que vous m’ayez suivi en ce lieu désert, où je m’attendais à être seul. — Je me trouve, reprit-il, en sollicitude sur plusieurs des miens qui sont partis à l’étranger, et dont j’épie l’arrivée. Mais vous-même, que venez-vous faire ici ? — Moi, dis-je, je me délecte en des promenades solitaires, où il me semble que n’ayant pas d’objet pour me distraire, je m’entretiens plus librement avec moi-même. Ces lieux sont très propices à qui veut philosopher. — Philosopher ? s’exclame l’inconnu. Seriez-vous donc de ceux qui aiment les belles phrases plus que la vérité, qui s’étudient moins à bien faire qu’à bien dire ?... Qu’appelez-vous philosophie ?... La philosophie procure-t-elle le bonheur?... En quoi consiste le bonheur qu’elle promet ?... Quel être est-ce Dieu ?... Est-il une science qui fasse connaître à fond les choses divines et hum aines ? » Étourdi par ces questions, Justin essaya d’y trouver une solution dans les théories de Platon et de Pythagore. À chacune de ses assertions, le vieillard opposait une réfutation brève qui en faisait ressortir la vanité. Il menait la discussion avec une suavité pénétrante et une force inéluctable. Enfin il persuada à Justin de se mettre à l’étude des saintes Lettres, et conclut ainsi : « Avant tout, mettez-vous à prier, à demander que s’ouvrent pour vous les portes de la lumière ; car c’est Dieu, c’est son Christ, qui donne l’intelligence de ces mystérieuses questions sur la sagesse et le bonheur. Ayant ainsi parlé, ajoute le saint, et m’ayant dit bien d’autres choses que ce n’est pas le moment de rapporter, le vieillard me quitta, et je ne l’ai jamais revu depuis. Mais aussitôt un feu s’alluma dans mon cœur, et je me sentis épris d’amour pour les prophètes et les apôtres du Christ. Ayant pris connaissance de leurs écrits, j’y découvris la seule philosophie qui soit vraiment sûre et profitable. Et désormais je ne fus plus philosophe que d'après eux et avec eux. »
Tel est cet entretien justement fameux, qui décida de la conversion de l’apologiste et martyr saint Justin. Son interlocuteur est tout mystérieux ; le grave Tillemont lui-même déclare que ce ne pouvait être qu’un ange ; les Bollandistes sont très catégoriquement du même avis. Le vieillard est en sollicitude sur plusieurs des siens qui sont partis à l'étranger et dont il épie le retour : phrase symbolique, facilement explicable d’après le ministère des anges, lesquels veillent sur les âmes égarées dont saint Justin était l’une, et procurent leur rapatriement dans la vérité.

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Les anges sont les soutiens des martyrs ; les anges sont les gardiens des vierges. Il y a une très spéciale affinité entre la sainte virginité et la nature angélique : les vierges sont des anges dans une chair mortelle, et la virginité est d'autant plus admirable qu'elle constitue en un corps fragile un état céleste. Aussi voyons-nous souvent, dans les pages hagiographiques, les anges descendre familièrement auprès des vierges, comme les abeilles se posent sur les fleurs. — Au temps des persécutions, des juges infâmes, on le sait, s’attaquaient à l’honneur des vierges ; mais alors les anges se tenaient à leur côté pour les défendre soit invisiblement, soit visiblement.
Ils assistaient invisiblement sainte Lucie, et la rendaient telle qu’une colonne immobile, une forteresse imprenable ; ils assistaient visiblement sainte Agnès, dont les très anciens actes, qu’ils soient ou non de saint Ambroise, exhalent un parfum si exquis et si pénétrant.
Une intrigue humaine se mêle au drame tout divin du martyre de sainte Agnès. Le fils du préfet de Rome s'éprend pour elle d’une passion violente ; elle est condamnée par le préfet lui-même à être exposée dans un lupanar. Elle déclare qu’elle est sans crainte ; car elle a avec elle pour gardien de son corps un ange du Seigneur. On la conduit au lieu infâme, ses cheveux croissant tout d’un coup lui font un manteau soyeux ; en rentrant dans le repaire de Satan, elle y trouve l’ange du Seigneur qui attend son arrivée. Des mains angéliques lui ont préparé, à la mesure de son corps, un vêtement d’une éclatante blancheur ; elle s’en revêt. Le lupanar, éclairé d’une lumière céleste, habité par la vierge et l'ange, est devenu un sanctuaire. Des libertins veulent y pénétrer, ils en sortent éblouis. Le fils du préfet, plus audacieux, ose braver l’éclat fulgurant de la lumière, et s’élancer sur la vierge ; il tombe mort à ses pieds. Le préfet accourt éperdu ; sainte Agnès consent à prier pour son fils ; et l’ange du Seigneur ressuscite le jeune homme. (Act. SS., Jan. Tom. II, p. 716)
L’Église a adopté ce récit merveilleux, estimant qu'il répond à l'idéal de la vierge chrétienne ; elle en a tiré l’office de sainte Agnès qu’elle chante à tous les coins du monde. Le révoquer en doute, c’est détruire la physionomie de l’héroïque enfant, telle qu’elle ressort de la liturgie, telle qu’elle nous est transmise par la vénérable antiquité.
L’office de sainte Agnès a pour pendant celui de sainte Cécile non moins rempli de manifestations angéliques. Sainte Cécile a voué sa virginité au Seigneur, et toutefois elle a dû épouser Valérien. La nuit qui suit leurs noces, elle lui fait cette confidence : « J’ai pour ami un ange du Seigneur, qui garde mon corps avec un soin jaloux ; respecte ma virginité, autrement tu exciteras sa colère ; si tu consens à m’aimer d’un amour chaste et immaculé, tu jouiras de sa vue et tu l’auras comme protecteur. » Frappé de l’air inspiré de Cécile, Valérien lui répond: « Si tu veux que j’ajoute foi à tes paroles, montre-moi cet ange ; si je le reconnais vraiment pour un ange, je suivrai ton conseil ; mais si tu aimes un homme autre que moi, je vous percerai tous deux de mon glaive. — Fais-toi chrétien, reprend Cécile, et tu verras mon ange. » Valérien se fait baptiser, et de retour auprès de sa virginale épouse, il voit à ses cotés Fange du Seigneur tout radieux et tenant entre ses mains deux couronnes mêlées de lis et de roses ; il les dépose sur les fronts de Cécile et de Valérien, en leur disant : « Gardez ces couronnes en conservant votre cœur sans tache, et votre corps sans souillure, je vous les ai apportées du paradis.» Sur ces entrefaites, le frère de Valérien, Tiburce, encore païen, entre dans l’appartement ; il sent une délicieuse odeur de lis et de roses ; il soupçonne un mystère qu’il veut éclaircir. « Fais-toi chrétien, lui dit Valérien, et l’ange du Seigneur t’expliquera d’où viennent les fleurs dont le parfum t'a saisi. » Tiburce se fait instruire, reçoit le baptême, et à son tour, presque journellement, il jouit d’apparitions angéliques. Quelque temps après, les deux frères sont arrêtés et conduits au martyre ; saint Maxime leur compagnon voit les anges recueillir leurs âmes et les emporter au ciel. (Act. SS. Ap. Tom. II, p. 204-208) Ainsi que je l’ai dit de sainte Agnès, les actes de sainte Cécile font partie du patrimoine de la piété chrétienne ; un catholique ne se permettra jamais d’y toucher. Leur antiquité incontestable les rend dignes de toute créance ; et puis ils ont un caractère intrinsèque de vérité qui subjugue. On n’invente pas des choses aussi suavement belles, aussi divinement pures.
Ces interventions des anges en faveur des saintes Agnès et Cécile sont typiques ; elles ne sont pas les seules que l’on puisse mentionner. Dans le récit du martyre de sainte Martine, les anges manifestent à plusieurs reprises leur secourable présence. Lorsque les satellites du préteur viennent arrêter sainte Fusca de Ravenne, ils la trouvent en prière avec son ange tout radieux à ses côtés, et ne peuvent supporter le regard menaçant de l’esprit céleste. Tandis que l’on procède à l’embaumement du corps de sainte Agathe, un jeune homme habillé richement se présente, entouré d’une troupe d’enfants qui dépassaient la centaine, tous très beaux de visage et vêtus de blanc ; il remet une inscription en marbre pour être déposée près du corps de la sainte ; il attend que l’on ferme le tombeau, puis se retire avec son cortège, sans que personne ait jamais pu dire ni qui il était, ni d’où il venait, ni quels étaient tous ces enfants. On demeure convaincu que c’était un ange, chef d’une troupe angélique, qui venait assister aux obsèques de la sainte. (Act. SS. Feb. Tom. I, p. 623-624)

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Saint Sisoës est fréquemment visité par les anges ; ils veulent l’emmener au ciel, mais il leur demande le temps de faire pénitence. — Saint Siméon Stylite avait un ange familier dont le visage brillait comme le soleil ; il parut publiquement à ses funérailles. — Saint Euthyme voyait souvent des anges l’assister au saint Sacrifice ; son âme, à la vue de saint Gérasime son disciple, fut emportée au ciel par une troupe angélique. — Saint Siméon Stylite le jeune reçoit des esprits célestes le don des miracles et la puissance sur les démons ; son ange familier l’avertit du moment de sa mort.
C’est ainsi que les déserts de la Thébaïde et les laures de l’Orient recevaient la visite des esprits angéliques.

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Paulin rapporte le trait suivant dans la vie de saint Ambroise. « Il y avait à Milan un arien, disputeur acrimonieux, sectaire inconvertissable à la foi catholique. Étant entré dans l’église où prêchait saint Ambroise, il vit, c'est lui-même qui en rendit témoignage, un ange debout à côté du saint évêque, et lui soufflant à l’oreille les instructions qu’il adressait au peuple. Cette vision le convertit, et il se mit à défendre la foi qu’il s’acharnait précédemment à attaquer. »
Au rapport de saint Nil, saint Jean Chrysostome était fréquemment favorisé de la vue des anges que Dieu avait constitués les gardiens de son église. Il les contemplait notamment durant l'acte du saint Sacrifice, et ne pouvait taire à ses intimes l’admiration que lui causait ce spectacle. « Il disait qu’aussitôt que le prêtre avait mis la main à l'oblation sainte, de nombreux esprits ou puissances angéliques descendaient du ciel, ornés de vêtements éblouissants, et pieds nus, les yeux attentifs, le visage incliné, rangés autour de l’autel, assistaient jusqu'à la fin du vénérable sacrifice en grand respect et sans faire aucun mouvement ; au moment de la communion, ils escortaient dans la nef les évêques, prêtres et diacres qui distribuaient les saintes espèces, les soutenant et leur donnant des forces. »
Un phénomène angélique très remarquable arriva pendant l’épiscopat du même saint ; le voici tel qu’il est raconté par l’historien Socrate. Gainas, roi des Goths ariens, assiégeait Constantinople où commandait l'empereur Àrcadius. La ville était dégarnie de ses troupes que l’on avait dû envoyer en Orient. Gainas crut qu’il en viendrait à bout par un coup de main tenté la nuit. Quelle ne fut pas sa surprise, quand se glissant au pied des remparts, il les vit couronnés de guerriers d’une stature gigantesque ! Il se retira, effrayé. Il voulut revenir à la charge les nuits suivantes, et se retrouva en face des mêmes mystérieux adversaires. Il dut abandonner son projet. On ne douta pas que ces défenseurs, inconnus des habitants, n’aient été des anges. Ce fait, dans son étrangeté, parait acquis à l’histoire ; car Sozomène en fait également mention.
Si les anges emportent au ciel les âmes des pieux solitaires, ils rem plissent avec allégresse le même office vis-à-vis des saints évêques. À la mort de saint Martin éclatent de tous côtés des symphonies angéliques ; elles viennent jusqu’aux oreilles de son ami saint Séverin de Cologne. Saint Benoît voit l’âme de saint Germain de Capoue monter au ciel dans un cortège d’anges. Ces bienheureux esprits convoquent aux obsèques de saint Mélaine, évêque de Rennes ses collègues des églises voisines, à savoir saint Aubin d’Angers, saint Victor du Mans, saint Lo de Coutances, et un saint Mars ou Marc dont le siège est inconnu. (AcL SS. Jan. Tom. I, p. 332.)
Heureux temps, où les évêques étaient tous des saints, tous familiers avec les anges !

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Le glorieux archange Saint Michel prête main-forte à saint Jean de Réomai qui exorcise une possédée, enchaîne le démon qui la tourmente, et le force à quitter la place. Sous l'aspect d'un jeune guerrier qui brandit un glaive, il délivre le bienheureux Bernard Toloméi des infestations des démons, qui la nuit viennent ruiner les murs en construction de son monastère. Il se montre au bienheureux Ferdinand de Portugal avec la croix d’une main et de l’autre une balance, et le console dans la dure prison où il gémit en pays infidèle.
Arrêtons-nous en cette énumération. Mais comment oublier l'intervention de saint Michel en faveur de notre France, quand il suscite Jeanne d’Arc pour voler à la délivrance de ses provinces envahies par l’Anglais ? Jeanne d’Arc, jeune pastourelle entend des voix ; elle est visitée, comme il convient à une vierge, par sainte Marguerite et sainte Catherine ; mais aussi, future guerrière, elle est animée d’un souffle héroïque par saint Michel, le prince des célestes milices, et par les anges, ces soldats de Dieu. Écoutons comment en son langage naïf, limpide et robuste, elle raconte leurs approches. « Je l’ai vu, lui saint Michel et les anges, aussi clairement que je vous vois vous mes juges, et je crois d’une foi aussi ferme ce qu’il a dit et fait que je crois à la passion et à la mort de Jésus-Christ Notre-Seigneur. Il me disait avant tout que je devais être une bonne enfant. Il me racontait la grande pitié qui était au royaume de France, et comment je devais me hâter d’aller secourir mon roi... »
N’est-il pas ravissant ce colloque de l’archange avec la pastourelle ? Dira-t-on que Jeanne d’Arc est une visionnaire ? Ce n’est pas une vision creuse que celle qui transforme une fille des champs en héroïne capable de commander les armées ! La Pucelle va jusqu’au bout de sa mission avec une imperturbable confiance ; elle délivre Orléans, elle fait sacrer le roi à Reims ; ce que lui a dit saint Michel s'accomplit à la lettre. L’épée invisible de l'archange a flamboyé autour de Jeanne. Bientôt, de son îlot des côtes normandes, où il a pris pied sur notre sol et conclu une alliance avec notre patrie, saint Michel verra les rivages mêmes de la France purgés de leurs envahisseurs.

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Saint Benoît, à n’en pas douter, était familier avec les visions angéliques, comme on l'a vu par celle dont il fut favorisé à la mort de saint Germain de Capoue. Marc son disciple, dans le poème qu’il a consacré à sa mémoire, rapporte qu’en allant de Subiaco vers le mont Cassin, il était escorté, tandis que trois corbeaux voletaient devant lui, par deux guides mystérieux que l’on tient avoir été des anges. Dans une grande famine qui dévasta la Campanie, des mains inconnues, au moment où les vivres commençaient à manquer au monastère, déposèrent au seuil deux cents mesures d’excellent froment. Saint Grégoire, qui rapporte ce dernier fait dans ses Dialogues, y relate plusieurs touchants épisodes d’interventions angéliques. Au décès de saint Étienne, abbé de Riéti, plusieurs virent de leurs yeux entrer dans sa cellule une troupe d’anges ; et ceux-là même qui ne les virent pas se sentirent saisis d’une religieuse terreur. Même phénomène se produit à deux reprises, à la précieuse mort de sainte Romula : la seconde fois les anges forment deux chœurs, comme si des hommes et des femmes alternaient les louanges de Dieu. Vers la même époque, saint Hilaire, abbé de Galéati, jouit de la familiarité d’un ange qui lui indique l'emplacement où il doit construire un monastère, le protège contre les fureurs du roi Théodoric, et finalement l'invite aux joies célestes.
Les rudes moines bretons conversent également avec les esprits angéliques. Saint Gongall est en voyage, il arrive à la porte d’un certain Bégan, et il voit les anges aller et venir sur le toit de sa demeure. Il soupçonne un mystère, et se fait présenter les enfants de la maison ; parmi eux se trouve un élu de Dieu, il s'appelle Cronan, on l'emploie à la garde des troupeaux. Saint Congall l’emmène au monastère de Benchor. S’étant formé à cette sainte école, Cronan devenu grand, fonde lui-même un monastère ; le prince du pays où il s’est établi veut le chasser à main armée ; mais en approchant de la retraite de l’homme de Dieu, il voit des anges planant au-dessus des arbres qui la couvrent ; il s’arrête interdit, et loin de molester Cronan, il lui assigne une ample dotation dans ses domaines. (Act. SS. Jan. Tom. I, p. 47-48)

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Saint Meinrad, fondateur d’Einsiedeln, est un jour assailli par une telle multitude de démons, qu’ils obscurcissent la lumière, et font autour de lui une nuit ténébreuse ; il prie et voit une clarté poindre du côté de l’Orient, c’est un ange qui s’approche de lui et le délivre.

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Ainsi les anges ne veillaient pas seulement sur les monastères, mais sur les armées chrétiennes. Ils entouraient aussi de leur sollicitude quasi maternelle les humbles et les petits, témoin leur intervention en ce même XIIe siècle auprès de saint Isidore le laboureur. Ce saint homme était aux gages d’un maître, auquel on rapporta malicieusement qu’il négligeait le soin de ses champs. Le maître voulut s’assurer par ses yeux si le fait était exact ; il se rendit à l’improviste, là où Isidore était occupé au labour. Et il vit, à sa grande surprise, l’attelage du saint encadré de deux autres attelages de bœufs tout blancs conduits par des inconnus ; et tous trois poussaient l'ouvrage avec une grande vigueur. Soudain les deux attelages adjoints disparurent, et il ne resta plus que le saint tout seul conduisant ses bœufs. Le maître demeura stupéfait, il comprit qu’il y avait là un fait d’ordre surnaturel, et plus que jam ais donna toute sa confiance à son saint intendant. D'après une très vieille peinture, la femme d'Isidore, sainte elle-même, eût été témoin du prodige. Saint Isidore est le patron de la ville de Madrid ; les Bollandistes déclarent que ses actes ont tous les caractères d’une parfaite authenticité. La scène si charmante du saint laboureur, poussant la charrue entre deux anges qui labourent avec lui, a tenté le pinceau des peintres qui l'ont justement popularisée.

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L’ordre des frères-prêcheurs est appelé à bon droit l'ordre angélique, en raison de la blanche livrée que lui donna la sainte Vierge. La vie de saint Dominique, son glorieux fondateur, renferme plusieurs traits ravissants, dénotant un commerce habituel avec les esprits célestes. Un premier trait se réfère au séjour du saint à Rome. « Il était allé visiter les sœurs de Saint-Sixte ; il se faisait tard, il se mit en devoir de rentrer à son couvent de Sainte-Sabine sur l'Aventin. On voulut le retenir, mais il dit : Le Seigneur veut que je m’en aille, il nous enverra son ange. Prenant avec lui frère Tancrède et frère Odon, il sortit. À la porte, ils trouvèrent un très beau jeune homme, en tenue de route, un bâton à la main, qui se mit à marcher devant eux. Le saint fit passer ses compagnons entre leur guide et lui-même, en sorte qu’il marchait le dernier. Ils arrivèrent au couvent dont les portes étaient closes. Le jeune homme se dirigea vers l’un des battants de la porte principale qui s’ouvrît de lui-même ; il entra, introduisit les deux frères et le saint, ressortit et la porte se trouva close comme précédemment. Frère Tancrède interrogea le saint : Quel est ce jeune homme qui nous a accompagnés ? Le saint répondit : Mon fils, c’est un ange que Dieu a envoyé à notre garde. »
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Nul doute que saint Dominique n’ait eu durant sa vie bien d’autres rapports avec les anges, qui sont restés inconnus. Un ange lui annonce sa précieuse mort en lui disant : Viens, mon bienaimé, viens aux joies éternelles.
L’un de ses premiers successeurs comme maître général des frères-prêcheurs, saint Raymond de Pennafort, était, dit son historien, si familier avec les anges, à cause de sa grande pureté et sainteté, que l’un de ces bienheureux esprits venait souvent l’éveiller quand était arrivée l’heure de la prière.
Personne n’ignore la grâce insigne conférée à saint Thomas d’Aquin par le ministère des anges. Il venait de repousser une malheureuse qui avait tendu des embûches à sa chasteté ; il avait prié Dieu avec larmes de le préserver à tout jamais du vice impur ; il s’était endormi. Durant son sommeil, il vit deux anges qui lui serraient les reins d’une ceinture, en l’assurant que sa prière était exaucée. Or, la douleur qu’il ressentit à ce moment fut si vive qu’il poussa de grands cris. Il confia plus tard à frère Raynald son compagnon la faveur qu’il avait reçue ; et près de mourir, il déclara à son confesseur la merveilleuse immunité dont Dieu l’avait gratifié. En elle-même, la vision paraît avoir été imaginative ; mais l’action exercée par les anges fut incontestablement physique, puisque le saint témoigna par de hauts cris la douleur qu’il ressentait.
Le séraphique saint François fut un grand ami des anges. D’après les chroniques franciscaines, un mystérieux étranger déclara à sa mère qu’elle ne le mettrait au monde que dans une étable ; puis, quand il fut né, un mendiant non moins énigmatique le prit des bras de sa nourrice et annonça ses hautes destinées. Donnant sous réserve ces deux traits légendaires, je m’arrête à deux faits capitaux qui dominent la vie du patriarche d’Assise : la concession de l’indulgence de la Portioncule et l’impression des stigmates, dans lesquels intervient le ministère des anges. (Act. SS. Oct. Tom. II, p. 557-558)
A six cents pas d’Assise se trouvait une petite église appelée Notre-Dame des Anges ; on disait y avoir souvent entendu des concerts angéliques. Elle était presque ruinée, au moment où François commençait sa vie nouvelle d’absolue pauvreté ; il la répara de ses propres mains. Elle lui devint très chère ; les bénédictins du Mont-Subasio, auxquels elle appartenait, l’abandonnèrent au sublime Poverello, avec le domaine exigu, portioncula, qui l'entourait. Une nuit, saint François reçut un avertissement céleste de s’y rendre ; il y trouva Notre-Seigneur et Notre-Dame entourés d'une multitude d'anges qui couvraient les champs d’alentour. C’est alors que le Sauveur du monde invita son serviteur à lui demander quelque grâce : et le saint implora de sa divine bonté l’indulgence dite de la Portioncule qui fut ratifiée par les souverains pontifes. L’apparition miraculeuse, qui y donna naissance, a été consignée dans des relations très graves, et a pris place dans les offices de l’Église. Les Bollandistes la considèrent comme incontestable, dans la longue et savante dissertation qu’ils lui consacrent. (Loco citato, p. 879-919)
Il faut en dire autant de l’impression des stigmates sur le mont Alverne. Le fait lui-même est placé sous la haute et solennelle garantie de l’Église, puisqu’elle a institué une fête pour en célébrer la mémoire. La manière dont il s’est accompli n’est pas moins déterminée avec précision. Ainsi que l’a raconté saint Bonaventure reproduisant des relations antérieures, le saint priant en haut de la montagne, vit descendre du ciel et s’arrêter à quelque distance de lui dans les airs un séraphin qui semblait cloué à une croix ; il avait six ailes de flamme, dont deux se dressaient au-dessus de sa tête, deux palpitaient à ses côtés, et deux couvraient ses pieds. Tandis que l’homme séraphique contemple cette vision, le cœur navré de douleur et d’amour, il reçoit les sacrés stigmates à ses pieds, à ses mains et à son côté. Le séraphin crucifié les lui a gravés en traits brûlants ; et il redescend lui-même de la montagne comme un crucifix vivant. (Loco citato, p. 048-652.)
Les faits angéliques abondent dans la postérité spirituelle de ce grand saint ; il est impossible même de les mentionner rapidement. — Saint Bonaventure, encore jeune, reçoit la communion de la main des anges. — La vie de sainte Marguerite de Cortone, écrite par son confesseur, offre une suite presque ininterrompue d’apparitions angéliques ; qu’il suffise d’en citer une. La nuit précédant la fête de sainte Claire, un ange ayant six ailes, apparut à l’héroïque pénitente et lui donna sa bénédiction ; celle-ci produisit dans son âme un tel incendie d’amour, qu'un rire d’allégresse éclatait malgré elle sur ses lèvres, et ce phénomène se reproduisit plusieurs fois dans la nuit. (...) La bienheureuse Humiliane de Cerchis, Florentine, veuve du tiers ordre, était éclairée la nuit par un ange, et il l'a nourri une fois d’un pain tout blanc et odoriférant.

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Au seuil du quatorzième siècle, nous trouvons le candide et vraiment angélique saint Nicolas de Tolentino ; des Ermites de Saint-Augustin. Ses parents soupirent après une postérité qui a été jusqu’alors refusée à leurs vœux : un ange les avertit de faire un pèlerinage au tombeau de saint Nicolas ; ils y vont, et obtiennent de Dieu l’enfant de bénédiction qui reproduit les vertus et la puissance thaumaturgique de son patron le grand évêque de Myre. Les démons s’acharnent contre lui, les anges le consolent. Six mois avant son précieux décès, chaque nuit, avant l’heure de matines, il entend des oreilles de son corps, corporalibus auribus, un concert angélique d’une harmonie exquise : et il en est si délecté qu’il s’écrie : Je désire la dissolution de mon corps pour être avec Jésus-Christ.

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Tous ceux qui sont tant soit peu versés dans la vie des saints connaissent sainte Christine de Stumbel, dite l'admirable. Autant de fois elle est harcelée, battue, mise à mal par les démons, autant de fois elle est secourue, consolée, guérie par les anges. Elle jouit souvent de leur vue, et entend leurs exhortations suaves et efficaces ; parfois elle est soulagée physiquement par eux, mais sans les voir.

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Je réserve pour la fin sainte Françoise Romaine. Sa caractéristique est la présence continuelle d’un ange à ses côtés. Elle est représentée ainsi dans sa grande statue monumentale qui figure à Saint-Pierre de Rome. Bans l’oraison de sa fête, l’Église remercie Dieu de ce que, parmi d’autres dons de la grâce, il l’a gratifiée d’un commerce familier avec un ange, et demande, par ses mérites et son intercession, que ses enfants entrent un jour dans la société des anges. Il est impossible de trouver une plus formelle déclaration, que l’Église a cru et croit à l’intervention visible d'un ange dans la vie de sainte Françoise Romaine. Et pourtant cet ange est resté invisible à tous autres yeux qu’aux siens.
Mais sainte Françoise a déclaré d’une manière si affirmative à son confesseur qu’un ange était sans cesse à ses côtés, elle a détaillé d’une manière si précise les services qu’il lui rendait, que l’Église jugeant la sainte saine d'esprit et grandement éclairée de Dieu, s’est rendue à son témoignage et a refusé de croire à une hallucination dont elle aurait été obsédée. Une hallucination n’éclaire pas, ne console pas, ne fortifie pas ; or, l’ange familier communiquait à sainte Françoise de pénétrantes lumières, l’inondait de consolations divines, lui infusait de surnaturelles énergies. Mais entrons dans le détail de l’assistance des anges vis-à-vis de cette sainte. Car, outre son ange gardien, elle en eut trois successivement qui remplirent vis-à-vis d'elle différents offices. Ils correspondent à ces trois phases de la vie spirituelle qu’on nomme, dans le langage mystique, la phase purgative, la phase illuminative et la phase unitive. Ce ne sont pas des dénominations arbitraires ; elles marquent trois états d’âme nettement caractérisés. Pour parvenir à l’union divine, l’âme a besoin premièrement d’être purifiée, secondement d’être éclairée ; elle ne s’élève au troisième degré qu’autant qu’elle a franchi heureusement les deux premiers.
Sainte Françoise eut donc tout d’abord un ange correcteur. Il resta invisible, mais il marquait sa présence par des coups et soufflets qu’il infligeait à Françoise, soit qu'elle fût seule, soit même quelle se trouvât en société. Et s’il corrigeait ainsi l’innocente brebis de Dieu, c’était pour des fautes bien légères : parce qu’elle n’osait pas révéler à son confesseur les secrètes faveurs dont Dieu la comblait, ou parce qu’elle craignait de s’opposer à une conversation tenue en sa présence où la vanité avait trop de part. Qu’on n’aille pas d’ailleurs s’imaginer une pluie de soufflets tombant sur Françoise ; ces corrections furent relativement rares, mais l’ange, qu’on me pardonne cette expression, n’y allait pas de main morte.
Après l'ange correcteur, vint l’ange illuminateur. Celui-là était continuellement visible. Françoise le reçut de Dieu en des circonstances bien touchantes : elle avait perdu un innocent enfant nommé Évangéliste ; une nuit, ce bienheureux enfant lui apparut, et lui présenta un ange lequel devait désormais se tenir à ses côtés. C’était un ange du second chœur céleste, à savoir un archange ; il représentait par sa taille un enfant de neuf ans, l’âge d’Évangéliste dont il tenait la place près de sa mère ; il portait la tunicelle des sous-diacres ; il était si rayonnant qu’à peine laissait-il voir ses traits, toutefois Françoise était admise à les contempler quand elle parlait de lui à son père spirituel ou bien quand elle était aux prises avec les démons. Le saint archange la soutenait alors en lui découvrant son visage, et si l'assaut devenait plus furieux, il secouait sa blonde chevelure, et les étincelles qui en jaillissaient chassaient les esprits infernaux. Si la sainte avait commis quelque imperceptible faute, il éveillait sa conscience en disparaissant quelques instants ; il ne la frappa jamais, comment l’eût-il frappée puisqu’il lui tenait lieu de son enfant ? Françoise parfois indiquait à ses intimes amies la présence de son compagnon céleste, en faisant mine de lui poser sa main sur la tête.
À cet ange succéda l’ange de la période unitive. Il prit place aux côtés de Françoise, alors qu'après la mort de son mari elle entra, pour y consommer sa vie sainte, au monastère fondé par elle de la Tour des Miroirs, Il était du quatrième chœur, le premier de la seconde hiérarchie céleste, qu’on nomme le chœur des Puissances ; il jetait un rayonnement plus intense que le premier, et son vêtement était la dalmatique des diacres ; il chassait les démons, non plus en secouant sa chevelure, mais par la seule fixité de son regard. Ce nouveau compagnon céleste tenait dans sa main gauche trois petits rameaux d’or, pareils à ceux du palmier ; et de la main droite il tirait des feuilles de ces rameaux une sorte de soie qu’il enroulait autour de son cou et dont il faisait des pelotes ; et jamais il n’interrompait cette occupation. Trois ans après sa venue, le 15 août 1439, sept mois environ avant la mort de la sainte, il commença un autre genre de travail. « Comme l’artiste qui prélude, dit un récent historien de la sainte, tend ses cordes sur la cithare, range dont la splendeur était éblouissante parut tendre et fixer sur un métier les fils d’or tirés des trois palmes. Puis d’une voix infiniment douce et suave, il dit à la sainte : « Voici que je vais tisser trois sortes de toiles : l’une de cent filets dans sa trame, l’autre de soixante, la troisième de trente. » Par laquelle parabole, l’ange faisait allusion aux fruits, et diverses perfections des trois états de la sainte : virginité, mariage, viduité. Quant au nombre de filets, 190, il correspondait exactement au nombre de jours que la bienheureuse devait encore passer sur la terre. C’était en quelque sorte la vie de Françoise que l'ange tissait sous ses yeux, et chaque jour la navette d’or courait plus légère entre les fils dorés (Sainte Françoise Romaine, par Mme la comtesse de Rambuteau, p. 277). » Quand la sainte fut sur le point de mourir, il se tenait au chevet de son lit, et mettait une rapidité extraordinaire à achever sa dernière toile. Elle morte, tout était fini ; et il emporta son âme au paradis, pour la présenter à Dieu avec les mérites de sa vie sainte qu’il avait si persévéramment recueillis et ourdis.
Sainte Françoise eut encore la vision d’autres anges ; ainsi ce fut l’archange Raphaël qui l’accompagna et la réconforta dans sa terrible descente aux abîmes infernaux. On peut donc dire qu’aucune existence ne fut plus traversée que la sienne par l’entrelacement des deux mondes angélique et diabolique. Ce qui se produisit visiblement autour d’elle se reproduit, quoique dans une proportion plus restreinte et d’une manière invisible, dans l’existence de tout chrétien.

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La vie de Jean de Dieu, si remarquable par les infestations diaboliques dont elle est sillonnée, l’est peut-être encore plus par les secours angéliques dont elle est fortifiée. Citons quelques-uns de ces traits d’une saveur vraiment exquise. Un matin, le saint dut aller puiser de l’eau fort loin pour le service de son hôpital : quelle n’est pas sa surprise au retour de trouver les chambres balayées, les lits faits, les ustensiles de ménage nettoyés ! Il questionna les malades qui tous, tout d'une voix, lui répondirent que c’était lui-même, et personne autre, qui avait à son habitude fait le ménage matinal. Alors le saint, comprenant le mystère, dit à ses chers malades : « Le bon Dieu, mes frères, aime bien les pauvres, puisqu'il envoie ses anges pour les servir (d'autres fois la bilocation ne parait pas comporter cette explication. Jean de Dieu ne sait pas qu’il est en deux places. Or il arrive le plus ordinairement que le saint a conscience de sa bilocation, donc il y est personnellement pour quelque chose, dans quelle mesure ?). » Il reconnut par là qu’un ange avait pris ses traits et fait son ouvrage : ce qui prouve que parfois les esprits angéliques sont les auteurs des bilocations que l’on rencontre dans la vie des saints. L’historien de saint Jean de Dieu estime que l’ange dont il est ici question, n'était autre que l’ange des guérisons mystérieuses, l’archange Raphaël.
En une autre circonstance, Jean de Dieu avait chargé sur ses épaules un pauvre qui n’avait pas la force de se traîner jusqu’à l’hôpital ; il portait de plus un sac plein d’aumônes ; il marcha pendant quelque temps avec entrain, mais, à un moment donné, rompu de fatigue, il tomba en pleine rue sous son double fardeau. À ce même moment, un habitant de la ville, s’approchant de la fenêtre (c’était pendant une nuit froide et pluvieuse), entendit le bon saint qui s’accablait lui-même de reproches. Puis tout à coup, ô prodige ! il aperçut un homme d'une grande beauté, qui s’offrit à remettre le pauvre sur les épaules de Jean de Dieu, et qui prenant la main de celui-ci comme pour lui servir de guide, lui dit : « Frère Jean, Dieu m’a envoyé près de toi pour te venir en aide. C'est moi qui suis chargé de noter soigneusement sur un registre tout ce que tu fais pour l’amour de Dieu en faveur des pauvres. — Si je fais quelque chose de bien, reprit humblement le saint, c’est Dieu qui me donne de le faire. Mais vous, mon frère, qui donc êtes-vous ? — Je suis, reprit l’inconnu, l’archange Raphaël que le Seigneur a spécialement député à ta garde et à celle de tes compagnons. »
Quelques jours après, le saint faisait une distribution de secours aux indigents ; le pain vint à manquer. Aussitôt parut, à la vue de beaucoup de ceux qui étaient présents, l’archange Raphaël, vêtu d’un costume semblable à celui de Jean de Dieu, et porteur d’une corbeille pleine de pains. Le saint le reconnut pour être celui qui l’avait relevé de sa chute nocturne ; l’archange lui dit amicalement : « Frère Jean, nous sommes du même ordre, reçois ces pains que Dieu t'envoie pour tes pauvres. » Et il disparut, laissant le bon saint tout consolé. L’historien de sa vie conclut : c’est ainsi qu'un sayon grossier couvre parfois les hommes qui sont les égaux des anges.
D’autres fois Jean de Dieu se trouva éclairé la nuit par une lumière miraculeuse ; deux flambeaux, que le vent soufflant en tempête ne put éteindre, marchèrent devant lui à la descente d’une montagne, où les ténèbres l’avaient surpris ramassant du bois pour les pauvres. À sa précieuse mort, l’archange Raphaël se tenait près de son lit, avec saint Jean l’Évangéliste et la sainte Vierge elle-même. Sans doute aussi que d’autres anges ou saints étaient là. Car les domestiques entendirent un bruit de pas nombreux, dans son humble cellule, comme de gens qui en sortaient. Ils y pénétrèrent, le saint était mort, mais une odeur paradisiaque remplissait le réduit de l’ami de l’ange des malades et des pauvres.

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Le royaume de Naples au xviu0 siècle fut puissamment édifié par la haute sainteté d’une humble tertiaire franciscaine, sainte Marie Françoise des Cinq-Plaies. Elle naquit le 25 mars 1715, et mourut le 6 octobre 1791. Elle eut pour directeur le bienheureux François-Xavier-Marie Bianchi, de la Congrégation, des clercs réguliers de Saint-Paul dits Barnabites. Elle l’avait en très haute vénération, et disait de lui en se jouant : « Nous avons un saint Néri, nous aurons un saint Bianchi : après le saint noir, le saint blanc. »
Les rapports entre ces deux âmes furent tout surnaturels : avant d’en détailler quelques surprenantes particularités, je donne sur sainte Marie Françoise l’extrait suivant des petits Bollandistes.
« Marie Françoise avait une tendre dévotion pour les saints anges. Aussi fut-elle, durant tout le cours de sa vie, favorisée de l’assistance visible de son ange gardien : c’est lui qui l’instruisit de la doctrine chrétienne, lui qui la protégea dans tous les périls spirituels et temporels. Parce qu’elle était habituellement malade, il plut au Seigneur de la confier d’une manière spéciale à l'archange Raphaël. En 1789, il lui apparut avec un éclat de beauté extraordinaire ; cette vue causa une telle surprise à Marie Françoise qu’elle n’avait plus de souffle pour parler ; la voyant dans ce saisissement, l’archange lui annonça qu’il était envoyé vers elle pour guérir sa plaie du côté ; en effet le lendemain elle se trouva guérie (c’était une plaie mystérieuse, ou profond stigmate). Il l’assista de même dans une autre circonstance, où une veine de la poitrine s’était dilatée ; ce qui l'empêchait de faire le moindre mouvement. Un jour, le Bienheureux Bianchi se trouvait avec elle, lorsqu’il sentit un parfum tout céleste ; il lui en demanda la raison, et elle lui apprit que l’archange Raphaël était au milieu d’eux. »
Voici maintenant ce que le bienheureux Bianchi déposa sous la foi du serment au procès de canonisation de cette sainte âme ; la gravité d’un pareil témoignage n’échappera à personne. « L’amour du Saint-Sacrement était en elle si héroïque et si ardent, son désir de communier si extraordinaire, que Dieu daigna plusieurs fois la consoler par le ministère des anges pendant mes messes et avec les sacrifices que je consommais, jusqu’à la faire participer au précieux Sang qui était dans le calice ; l’archange Raphaël, avant m a communion, emportait le calice de l’autel, et le faisait boire à la servante de Dieu dans sa maison (où la retenait la maladie). Quelquefois elle en buvait très peu, à peine trois gouttes. Une fois qu’elle en but près de la moitié, je reconnus par moi-même l'absence très manifeste et très visible d'une partie du précieux Sang, et j’en fus extrêmement surpris. Lorsque je la questionnai sur ce point, elle me répondit : Mon Père, si ce n’eût été l’archange Raphaël qui m’avertit que le sacrifice devait s’achever, je l’aurais tout bu. D’autres fois la chose se passait autrement. Elle recevait par ministère angélique la petite portion d’hostie consacrée que je mettais dans le calice selon le rite de notre mère la sainte Église. Je ne m'en aperçus que très rarement, ne sentant pas sur ma langue et dans le palais cette portion d’hostie ; j'interrogeais alors la servante de Dieu qui m’assurait que le Seigneur avait daigné la lui donner (Analecta juris Pont. IIe série, p. 2612). » Tout cela est bien admirable ; les choses divines ne sont pas astreintes aux réglementations d’ici-bas. Rien n’est un obstacle pour Dieu, quand il veut s’unir à une de ses créatures désireuse de le posséder. N'oublions pas que c’est un saint, âme extraordinairement éclairée, qui parle d’une sainte et qui raconte ce dont il a été témoin et partie.

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L’admirable Romaine, Anna-Maria Taïgi, eut de fréquents rapports avec les anges. Un de ses pieux historiens, le P. Gabriel Bouffier, nous dit trop brièvement : « Son ange gardien se montrait quelquefois à elle d’une manière sensible, et il l’aidait dans les soins du ménage et dans les soucis de sa famille. »
Le saint Curé d’Ars a eu certainement des visions, où les anges eurent leur part ; son humilité a tout caché, hormis les deux traits suivants. Une nuit, il vit à son grand saisissement, debout à ses côtés, un personnage mystérieux qui lui parlait doucement... Une autre nuit, « je ne dormais pas, dit-il, j’étais assis sur mon lit, pleurant mes pauvres péchés ; j'entendis une voix bien douce qui murmurait à mon oreille, In te Domine speravi, non confundar in æternum. Cela m’a un peu encouragé, mais comme le trouble durait encore, la même voix reprit plus distinctement, In te Domine speravi, non confundar in æternum. » Un chrétien comprendra tout ce qu’il y a de beauté en ce saint homme pleurant ses pauvres péchés, tout ce qu’il y a d’exquise douceur dans la voix qui le console.

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On peut recueillir de nombreux phénomènes extra-naturels de la vie de la servante de Dieu Marie-Agnès-Claire Steiner, réformatrice des Clarisses, née le 29 août 1813, morte le 24 août 1862, dont l’existence admirable a été retracée par le R. P. de Reuss, de l’ordre de Saint-François.
Non seulement les démons la harcelaient personnellement, mais ils s’en prenaient aux saintes filles qui vivaient avec elle ; ils leur apparaissaient sous des formes bestiales avec des hurlements affreux, ils faisaient mine de vouloir les étouffer la nuit.
Quant à la vénérable mère, ils la battaient ; mais elle les chassait honteusement, et même les battait avec une petite baguette bénite surmontée de la statue de saint Michel. Elle avait beaucoup de dévotion à ce glorieux archange ; elle mérita de le voir, en 1847, au-dessus de Saint-Pierre et du Vatican, qui défendait l’Église menacée ; elle priait parfois la sainte Vierge qu’elle daignât envoyer à son aide le capitaine des armées angéliques. Les anges lui rendaient sensiblement bien des services.
Tandis qu’elle commença la réforme à Pérouse, chaque nuit une sonnette qu'agitait une main invisible éveillait les sœurs pour les matines. Dans les années qui précédèrent sa bienheureuse mort, les anges la visitèrent par troupes à plusieurs reprises ; et les sœurs qui étaient avec elle entrevirent quelque chose de ces mystérieuses approches à une splendeur formant comme un baldaquin au-dessus de leur mère, en même temps qu’elles entendaient un bruit de pas et des voix mélodieuses et que la chambre se remplissait d’une odeur paradisiaque.
Une sœur a déposé, comme il suit, de la mort de la sainte réformatrice : « Voyant ses derniers moments approcher, je me transportai au Calvaire pour contempler Jésus mourant ; et, tandis que j’arrêtais mon regard sur la mère agonisante, je la vis fermer doucement les yeux et la bouche, et je connus qu’elle expirait. Au même moment, je vis le Sauveur entouré de gloire et d’un nombreux cortège d’anges s’avancer de l'extrémité du lit, et aller à la rencontre de l’âme de la mère qui, sous la forme d’une petite et blanche nuée, fut affectueusement embrassée par Jésus et pressée sur son sein (la servante de Dieu, Marie-Agnès-Claire Steiner, tertiaire franciscaine cloîtrée, puis réformatrice des Clarisses, par le R. P. de Reuss, passim, p. 235). »

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Voici maintenant un trait de familiarité charmante avec les anges, qui nous les rappellera servant d’intermédiaires entre sainte Rose de Lima et son amie la pieuse dame d’Uzatégui. Nous trouvons ce trait dans la relation de la vie de la vénérable mère Chappuis, morte en odeur de sainteté au monastère de la Visitation de Troyes l’an 1875, relation écrite par les religieuses de ce monastère.
« À l’arrivée de notre mère à Troyes, sœur Thérèse Bourgeat était supérieure dans cette ville d’une maison des Filles de Saint-Vincent de Paul ; elle fut attirée vers notre mère ; leurs âmes se comprirent, se lièrent d’une étroite amitié, et, d’après le témoignage de la sœur Thérèse, elles étaient en rapports continuels par l’intermédiaire de leurs bons anges. Celui de notre vénérée mère était soigneux de lui envoyer sœur Thérèse quand elle en avait besoin, et il s’acquittait si fidèlement de la commission que bientôt on la voyait arriver au parloir où elle était attendue ; et notre mère lui disait en souriant le motif de son appel. » Le plus souvent cet appel était transmis par l’ange sous forme d’une sorte d’impulsion intérieure sur le sens de laquelle sœur Thérèse ne pouvait pas se tromper, et à laquelle elle n’avait garde de résister. Parfois cette impulsion, cette douce obsession devenait quasi sensible, témoin le fait suivant d’une naïveté caractéristique. « Un jour que sœur Thérèse faisait les confitures des pauvres malades, la sœur qui l’aidait dans cette besogne l’entendait dire : « Tout à l’heure, oui je vous en prie, laissez-moi donc finir, encore un petit moment. — Mais ma mère, dit la sœur présente, à qui parlez-vous donc ainsi ? — Au bon ange de la mère Marie de Sales (Chappuis) qui ne me laisse pas de repos que je ne sois allée à la Visitation. » Et elle s’y rendit promptement. « Ah ! vous voilà donc enfin, » dit notre mère en la voyant venir. Quand sœur Thérèse eut connaissance de l’affaire assez importante dont il s’agissait, « c’est donc pour cela, dit-elle, que votre bon ange me pressait si fort. » Nous tenons, ajoutent les religieuses, ces détails de sœur Clémentine, compagne de sœur Thérèse (Relation, p. 72. — Les religieuses elles-mêmes priaient le bon ange de la vénérable mère, et celle-ci se rendait à l’indication de son ange. En 1844, elle attesta qu'elle avait vu passer sur Paris l’ange exterminateur ; et peu après arrivèrent les troubles de 1848). »

Je réserve pour la fin de cette revue contemporaine un fait qui est placé sous la haute garantie de l’Église. Le 23 juillet 1894, N. S.-P. le Pape Léon XIII daignait, à la requête du supérieur général des Lazaristes, instituer une fête en l’honneur de la médaille miraculeuse. En même temps, la Sacrée Congrégation des Rites approuvait un office avec des leçons qui relatent les circonstances dans lesquelles la médaille fut proposée à la vénération des fidèles. « La sainte Vierge, y est-il dit, daigna apparaître à une pieuse personne nommée Catherine Labouré, de la communauté des Filles de la Charité ; elle lui donna l’ordre de pourvoir à ce qu’une médaille fut frappée en l’honneur de l’immaculée Conception. » Ainsi l’apparition est authentiquée par Rome et devient l’objet d’un office public. Or, comment eut lieu cette apparition ? Ce fut un ange qui conduisit la jeune sœur aux pieds de la très sainte Vierge. Écoutons ce récit d’une ravissante simplicité, dicté par la sœur elle-même sur les injonctions de ses supérieurs.
Le 18 juillet 1830, veille de la fête de saint Vincent de Paul, elle s’était couchée comme à l’ordinaire.
« Vers onze heures et demie, elle s’entend appeler par son nom de sœur Labouré, accentué trois fois de suite ; pendant ce temps, s’éveillant tout à fait, elle entr’ouvre son rideau du côté d’où part la voix ; qu’aperçoit-elle ? Un jeune enfant, d’une beauté ravissante ; il peut avoir de quatre à cinq ans, il est habillé de blanc, et de sa chevelure blonde, aussi bien que de toute sa personne, s’échappent des rayons lumineux qui éclairent tout ce qui l’entoure : — Venez, dit-il d’une voix mélodieuse, venez à la chapelle, la sainte Vierge vous attend. — Mais, pensait en elle-même sœur Catherine (qui couchait dans un grand dortoir), on va m’entendre, je serai découverte... — Ne craignez pas, reprit l’enfant, répondant à sa pensée, il est onze heures et demie, tout le monde dort, je vous accompagne. »
« À ces mots, ne pouvant résister à l’invitation de l’aimable guide qui lui est envoyé, sœur Catherine s’habille à la hâte et suit l’enfant, qui marchait toujours à sa gauche, portant des rayons de clarté partout où il passait ; et partout aussi les lumières étaient allumées, au grand étonnement de la sœur.
Sa surprise redoubla en voyant la porte s’ouvrir dès que l’enfant l'eut touchée du bout du doigt, et en trouvant l’intérieur de la chapelle tout illuminé, « ce qui disait-elle, lui rappelait la messe de minuit ». L’enfant la conduisit jusqu’à la balustrade de la communion ; elle s'y agenouilla, pendant que son guide céleste entrait dans le sanctuaire, où il se tint debout sur la gauche.
« Les moments d’attente semblaient longs à sœur Catherine ; enfin, vers minuit, l'enfant la prévient en disant : « Voici la sainte Vierge, la voici ! » — Au même instant, elle entend distinctement du côté droit de la chapelle un bruit léger, semblable au frôlement d’une robe de soie. Bientôt une dame, d’une grande beauté, vient s’asseoir dans le sanctuaire, à la place occupée ordinairement par le directeur de la communauté, au côté gauche. Le siège, l’attitude, le costume, c’est-à-dire une robe blanche un peu jaune avec un voile bleu, rappelaient la représentation de sainte Anne que l’on voit dans un tableau placé au-dessus. Cependant ce n’était pas le même visage, et sœur Catherine était là, luttant intérieurement contre le doute. — Soudain le petit enfant, prenant la voix d’un homme, parla très fortement et fit entendre des paroles sévères, lui demandant si la Reine du ciel n’était pas maîtresse d’apparaitre à une pauvre mortelle sous telle forme qu’il lui plaisait. — À ces mots, toute hésitation cesse, et, ne suivant plus que le mouvement de son cœur, la sœur se précipite aux pieds de la sainte Vierge, posant familièrement les mains sur ses genoux, comme elle eût fait avec sa mère. »
Suivit un long et familier colloque entre la Reine du ciel et l’humble sœur. « Je ne saurais dire, expliqua-t-elle, combien de temps je suis restée auprès de la sainte Vierge ; ce que je sais, c’est qu’après m’avoir parlé longtemps, elle s’en est allée disparaissant comme une ombre qui s’évanouit... M’étant relevée, je retrouvai l’enfant à la place où il était avant l’apparition ; il me dit : elle est partie ; et se mettant de nouveau à ma gauche, il me reconduisit de la même manière qu’il m’avait amenée, répandant une clarté céleste... Je crois que cet enfant était mon ange gardien, parce que je l’avais beaucoup prié pour qu’il m’obtînt la faveur de voir la sainte Vierge... Revenue à mon lit, j’entendis sonner deux heures, et je ne me suis pas rendormie (La Médaille miraculeuse, par M. Aladel, 10e édition, p. 67-72). »

L'aimable ministère des anges, chargés de nous conduire à Dieu, est tout entier renfermé dans cette touchante et très douce apparition. Ces esprits bienheureux revêtent volontiers une forme enfantine, qui caractérise mieux l’innocence immaculée de leur être et la simplicité toute divine de leur nature ; ils nous rappellent ainsi que, selon la parole du Sauveur, il faut revenir à la ressemblance des enfants, pour entrer dans le royaume des cieux.

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Un jour que sainte Françoise portait son petit fils Girolamo, tout à coup Satan lui apparaît ; l'enfant, tout comme elle, voit l'horrible spectre, et se débat entre les bras de son aïeule. Celle-ci le marque du signe de la croix, m ais sans réussir à calmer sa frayeur. Alors l’ange familier s’incline devant la sainte, en lui tendant ses deux bras» Françoise lui remet l’enfant, et, chose merveilleuse, on voit le petit être suspendu en l’air sans soutien apparent, puis doucement porté et déposé dans son berceau. Il n’a plus peur, il sourit à l’archange qui le caresse comme une mère, et semble l’envelopper dans les rayons émanant de sa belle chevelure d’or.
Sainte Lidwine obtint un jour qu’une de ses amies vit son ange familier. — « Tenez-vous, lui dit-elle, dans une posture respectueuse, il va vous apparaître. » — Et il se montra à cette femme, le visage tout rayonnant, les vêtements blancs comme neige. — « Ange mon frère, dit alors Lidwine, je vous prie de permettre à ma sœur de contempler un instant la beauté de vos yeux. » — Et l’ange fixa la pieuse amie d’une manière si douce et si gracieuse, qu’elle en fut hors d’elle-même, et que pendant plusieurs jours elle ne fit que pleurer sans pouvoir prendre aucune nourriture. (Act. SS. Ap., t. II, p. 317.)
Ces anecdotes touchantes démontrent à mon sens la réalité extérieure de ces apparitions. — Disons en terminant que cette faveur d’un ange familier continuellement visible fut accordée à plusieurs saintes et saints : notamment au bienheureux Dalmace Monier, de l’ordre de Saint-Dominique, et, plus près de nous, à la vénérable Anne de Xainctonge, fondatrice des Ursulines en Bourgogne au XVIIe siècle.
J’ai déjà discuté l’apparition du séraphin à sainte Thérèse : elle eut un effet physique, la transverbération de son cœur ; mais il semble qu’elle l'ait eu par une sorte de répercussion, car, dit la sainte, la douleur fut principalement spirituelle. Il est aussi à remarquer que le corps même de la sainte ne fut pas transpercé à l’endroit du cœur ; le cœur seul se trouva directement atteint. Il y a là quelque chose de mystérieux, démontrant que les phénomènes divins relèvent de lois particulières. (...) Il n’est pas possible à mon sens d’admettre que la seule imagination de la sainte ait pu produire la merveilleuse et très authentique transverbération de son cœur. Un tel phénomène relève de Dieu et d’une opération surnaturelle. Aussi bien la sainte ne put-elle vivre désormais, le cœur transpercé, sans un miracle.

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De même quand saint Stanislas à deux reprises est communié de la main des anges, l’imagination ne peut expliquer ce phénomène. Il paraît également bien impossible qu’elle ait été le siège des surprenantes merveilles qui surabondent dans la vie de Benoîte de Laus, d’Agnès de Langeac, et a fortiori de sainte Marie Françoise des Cinq-Plaies. L’ange conduisant la sœur Catherine Labouré aux pieds de la sainte Vierge, et lui servant de flambeau durant la nuit, rappelle exactement l'ange de sainte Françoise Romaine, et se présente lui aussi avec les caractères d'une apparition dont la réalité physique est indéniable.

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Qui n’a admiré au Louvre le fameux tableau de Murillo, appelé vulgairement la Cuisine des Anges ? Un frère cuisinier, saint Diégo, est ravi en extase : le voici à gauche du tableau, soulevé de terre, les mains jointes, les jambes repliées comme quelqu'un que l’influx divin a surpris à genoux ; une lumière intérieure transpire de sa face amaigrie et plaquée de bistre, elle enveloppe sa tête et son corps comme d'une auréole. Les Anges le suppléent dans son office : il y en a de grands à larges ailes, qui vont à l’eau, mettent le couvert, font chauffer la marmite sur le fourneau qui rougeoie ; puis de petits, joufflus et espiègles, avec des ailes ébauchées comme des ailes de pigeon, qui se jouent avec des tomates et des concombres. Sur ces entrefaites entre dans la cuisine par une porte de gauche le prieur du couvent suivi de deux gentilshommes, et un bon frère y pénètre par une porte du fond. Tous sont ébahis en voyant cette chose étrange ; le cuisinier ravi au ciel, et les anges du ciel faisant sa cuisine. — Le pinceau divinement réaliste de Murillo s’est joué dans cette scène, il en a inventé les détails et agrémenté l'ordonnance. Il n'a pas inventé le fait lui-même, qui est tiré de la légende de saint Diégo, comme le labour des anges est pris authentiquement de la vie de saint Isidore.

Mais j’en ai dit assez sur l’assistance des anges.

Elle ressort clairement de ces pages qui réjouiront, je l’espère, les âmes chrétiennes. J’ose le dire, il n’est pas un vrai chrétien, vivant de la foi, qui un jour ou l’autre, n’ait senti en soi-même et autour de soi l’influence bienfaisante des anges : par je ne sais quel éclair soudain qui en un instant dissipé les ténèbres de l’esprit, par une allégresse intérieure qui chasse la tristesse et rassérène le cœur, par une rencontre providentielle, par la solution inespérée d’une affaire épineuse, par l’écartement d’un danger imprévu. En ces moments, on a la sensation d’être subitement entouré d’effluves de chaude lumière, d’être porté et mis à couvert par des mains invisibles. Ce sont les bons anges de Dieu qui rem plissent leur office vis-à-vis des créatures faibles et ignorantes que nous sommes. Ils y apportent la condescendance d’êtres supérieurs, la charité d’amis fidèles, le dévouement et l’empressement de serviteurs de Dieu qui honorent en nous la filiation divine.
Quoi d’étonnant, si parfois, eux les discrets amis, ils parlent plus clairement à notre imagination par des songes et visions ; et même s’ils prennent une apparence sensible pour se montrer à nos yeux ! C’est Dieu qui permet quand bon lui plait, pour des motifs relevant de sa sagesse et de sa bonté, ces phénomènes exceptionnels. La sainte Écriture en mentionne un bon nombre qui ne laissent aucun doute sur leur réalité ; la vie des saints ne fait qu’ajouter des anneaux à la chaîne scellée dans les livres inspirés.
Cette doctrine des saints anges est une excellente réfutation des erreurs du spiritisme. Il y a, égarées dans le spiritisme, des âmes de bonne foi, que le matérialisme repousse autant que le surnaturel les attire. Qu’elles viennent à nous ; elles trouveront au foyer de l’Église, Jésus-Christ, suprême Médiateur, et les anges médiateurs subordonnés à lui. Là tout est noble, pur, élevé et élevant, digne de Dieu qui se communique à l’homme, digne de l’âme hum aine qui est faite pour Dieu.
Que les partisans trompés du spiritisme veuillent bien peser attentivement les considérations que voici. Les phénomènes divins et angéliques doivent être irréprochables : ils supposent une intervention de l’infinie sagesse et de l’infinie bonté : toute incohérence, toute note licencieuse et bouffonne, décèle une origine suspecte. Ils doivent s’imposer d’autorité : s’ils témoignent d’une condescendance, ils n’impliquent pas une déchéance : une familiarité insinuante et rampante ne leur convient nullement. Ils inspirent tout d’abord une terreur sainte, qui bientôt se résout en joie, en confiance, en sécurité, alors que les phénomènes opposés débutent par une joie malsaine, sorte d’enivrement factice, que suit de près un malaise insurmontable et un profond dégoût.
Enfin les phénomènes divins et angéliques sont à l’état d’exception. Dieu ne dérange pas à tout propos l’ordre mondial, qui comporte des intermédiaires purement spirituels entre les êtres humains et lui-même Esprit infini. L'influence de ces agents spirituels s’exerce, comme se répand la lumière, comme vibrent les fluides, sans bruit ni secousse» en sorte qu’aux esprits distraits elle peut passer inaperçue. En réalité, elle nous enveloppe de tous côtés comme une atmosphère vivifiante, qui nous transmet le rayonnement de l’éternelle lumière. Si parfois il plait à Dieu que se soulève un coin du voile cachant les réalités invisibles, par une intervention plus directe d’un esprit angélique, par sa présence manifestée à l’imagination et aux sens, c’est pour nous réveiller de notre inattention, pour nous forcer à considérer le mystère qui nous entoure, et dans lequel nous sommes plongés comme à notre insu. D’après saint Augustin, Dieu ne se propose pas un autre but que celui-là en opérant des miracles, en envoyant aux hommes des apparitions et des visions.
Grâce à cette disposition providentielle, l’existence du monde invisible est affirmée, mais en même temps la ligne de démarcation entre lui et le monde visible est maintenue. Au contraire, dans la doctrine des spirites, les notions sont confondues et les frontières effacées ; les phénomènes qu’ils provoquent à l’état endémique constituent une intrusion anormale et violente des esprits dans les régions corporelles ; ils sont excessifs, troublants, sans dignité ; et le charme exquis du mystère s’évanouit chez eux dans la banalité monotone et désespérante de communications sans but et sans portée.
En résumé, ici comme ailleurs, la doctrine catholique tient le juste milieu, qui est celui de la vérité, entre deux erreurs extrêmes : l’erreur de ceux qui nient l’existence du monde invisible, ou qui révoquent en doute la possibilité d’entrer en relation avec lui ; et l’erreur de ceux qui confondent entre eux les deux mondes spirituel et corporel, et se croient exempts d'illusions en sollicitant des communications journalières avec les esprits. La vérité, c'est que les deux mondes existent, mais profondément distincts l’un de l’autre ; que, dans l'état ordinaire des choses, le monde invisible exerce une influence constante, mais toute spirituelle, sur le monde visible ; que par exception les esprits composant le monde supérieur peuvent se manifester, et se manifestent quelquefois à l’imagination et aux sens des créatures hum aines ; que Dieu permet, quand il lui plaît, ces manifestations pour la justification de la foi de son Église et pour la consolation de ses serviteurs.




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