dimanche 4 mars 2018

Méditation pour le troisième Dimanche de Carême : Jour de persévérance








LE TROISIÈME DIMANCHE DU CARÊME

Jour de persévérance


PRATIQUE

Commencez la journée par vous humilier profondément devant Dieu, dans la vue de votre inconstance. Demandez-lui pardon de tant de promesses et de résolutions que vous n'avez pas soutenues. Malgré cette vue de votre inconstance, ne vous désistez pas pour cela de faire aujourd'hui de fortes résolutions d'être à Dieu sans réserve, et de le servir, de l'aimer, de fuir le mal et de pratiquer le bien jusqu'au dernier soupir de votre vie ; et ne passez point d'heure sans renouveler vos promesses et sans demander à Dieu la persévérance.


MÉDITATION

Lorsque le fort-armé, dit Jésus-Christ, garde sa maison, tout ce qu'il possède est en paix. (Luc, 11)


1er point. Le Sauveur est lui-même ce fort-armé, attentif à garder sa maison, qui est notre âme ; il l'habite, la protège et la défend contre tous ses ennemis. Nous l'y attirons par la prière, nous l'y conservons par l'amour, la fidélité et la persévérance dans les bonnes œuvres ; mais nous l'en chassons par notre inconstance. Il y a une persévérance chrétienne, et une persévérance finale. La première est l'ouvrage de l'homme, avec la grâce de Dieu ; la seconde est l'ouvrage de Dieu seul. Celle-ci consiste à ne jamais se relâcher, et à si bien conserver le fort-armé, que nous ne l'obligions jamais à nous abandonner : car le démon prendrait sa place, et il nous ôterait toutes les armes qui faisaient notre force, c'est-à-dire la crainte de Dieu, son amour et les autres vertus, et il nous assujettirait à sa tyrannie. Ce ne sont point les commencements que Dieu couronne, mais la fin. Cette persévérance finale est une grâce que Dieu tient entre ses mains ; rien ne doit plus nous faire sentir notre faiblesse et notre dépendance et nous retenir dans la crainte et l'humiliation. Conservez fidèlement Jésus-Christ dans votre cœur pendant votre vie ; c'est une assurance, du moins morale, qu'il sera avec vous au moment de votre mort. Gémissez, travaillez, priez en tremblant, comme si tout dépendait de Dieu ; travaillez en espérance et avec confiance, comme si tout dépendait de vous.


Lorsque l'esprit impur est sorti d'un homme, dit encore Jésus-Christ, il va par des lieux arides ; et comme il n'y trouve pas le repos qu'il cherche, il se dit à lui-même : Je retournerai dans la maison d'où je suis sorti.


2e point. Réfléchissez sur l'inconstance du cœur de l'homme et sur le peu de fonds qu'on doit faire sur ses plus fortes résolutions. Dans un jour de dévotion, vous vous êtes senti tout ardent, et prêt à promettre et à tout entreprendre pour Dieu, et vous vous croyez alors inébranlable. Après une humble et sincère confession, après une communion fervente, le fort-armé était chez vous comme dans sa maison, et tout y était en paix, parce que vous aviez soin de le conserver par la pratique des bonnes œuvres et par l'éloignement de tout ce qui pouvait introduire la moindre souillure dans votre cœur et dans vos sens. Vous vous êtes insensiblement relâché; vous avez affaibli votre grâce, et votre ennemi s'est fortifié. Ce fort-armé, que vous avez si mal cultivé, n'y trouvant plus ses délices ni son repos, n'y a plus fait ressentir sa divine présence comme auparavant. L'ennemi profitant de cette lâcheté, vous a livré de rudes assauts, vous y avez succombé ; et il s'est établi chez vous, et il demeurera peut-être jusqu'à ce qu'il vous ait causé une fin malheureuse. Voilà les justes et terribles menaces de Jésus-Christ. Défiez-vous donc de votre faiblesse et de votre inconstance : prévoyez ces malheurs, et mettez tout en usage pour obtenir et pour acquérir la persévérance.


SENTIMENTS

Que j'ai lieu de m'humilier et de gémir, ô mon Dieu ! en voyant mon inconstance et mes infidélités sans nombre ! Je vous ai mille fois promis de vaincre mes passions, de vous servir avec plus d'ardeur et de me détacher de toutes les créatures qui pouvaient être un obstacle à l'union parfaite que je devais contracter avec vous. Vous êtes entré en moi comme un fort-armé, pour me protéger et me défendre, et vous avez pris possession de mon âme. Mais, hélas ! ces heureux moments de ferveur n'ont pas duré, et je vous ai contraint à sortir de mon cœur. Ah ! je connais à présent ma faiblesse et mon inconstance, et j'en suis humilié et confus. Dieu de force, soutenez-moi, fortifiez-moi, montrez souvent à mon âme, et les couronnes préparées à ceux qui persévèrent, et les châtiments terribles réservés à ceux qui se relâchent et qui retombent après la pénitence ; afin qu'attirée par vos promesses et intimidée par vos menaces, elle vous serve enfin constamment par amour, et qu'elle persévère ainsi dans les bonnes œuvres jusqu'à la mort.


SENTENCES

Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé, dit Jésus-Christ (Matth., 10).

Il est inutile de faire le bien, si on se désiste avant de mourir. C'est en vain qu'on court avec vitesse, si on s'arrête avant de parvenir au terme de la course.


RÉFLEXIONS

Jésus accusé


Caïphe, ravi de tenir à son tribunal l'objet de son envie, et ne respirant que le sang de celui qui voulait le donner librement pour le salut de tous les hommes, l'interroge, pour avoir occasion de le perdre par ses réponses. Pendant les accusations les plus injustes et les plus outrageantes, Jésus, qui voulait être un homme de douleurs, gardait un rigoureux silence. Pour le lui faire rompre, il le conjure par le nom de Dieu de lui dire s'il est le Christ et le fils de Dieu. Jésus, qui n'avait garde de taire cette importante vérité, quoiqu'elle dût lui coûter la vie, rompit le silence, et avoua qu'il l'était.
Caïphe, qui n'attendait que cet aveu pour le condamner, s'abandonne à sa fureur, déchire ses habits en prononçant à haute voix que Jésus était un blasphémateur digne de mort et qu'on n'avait pas besoin de témoins. Le cœur de Jésus-Christ devait être percé de la plus vive douleur, pendant qu'on lui faisait un crime de sa divinité et un sacrilège digne de mort. Il souffrait cependant avec une patience héroïque, gardait le silence, quoiqu'il pût se défendre et prouver sa divinité. Et nous, disciples de ce Dieu souffrant, nous nous récrions à la moindre injustice, et trop sensible à ce qui nous touche et nous afflige, nous nous emportons dès qu'on nous attaque : plaintes, murmures, impatiences, emportements, tout éclate, et nous cherchons à nous venger ; cependant notre Sauveur a souffert sans se plaindre la plus effroyable injustice, non pas dans un faible point d'honneur, mais dans son innocence, sa réputation et sa vie ; et ce Jésus, si injustement accusé, n'est pas seulement un homme, mais un Dieu.


PRIÈRE

Regardez-nous, ô Dieu tout-puissant ! d'un œil favorable ; profondément humiliés aux pieds de votre majesté, nous reconnaissons notre néant et notre faiblesse. Seigneur, que votre bras tout-puissant nous protège et nous défende, afin que nous puissions résister aux attaques de nos ennemis, persévérer dans votre crainte et votre amour jusqu'au dernier soupir de notre vie, et mériter ainsi les récompenses que vous avez promises aux victorieux. Nous vous en prions par Jésus-Christ, votre Fils.




Écoutez ce sermon pour le troisième Dimanche de Carême.


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