Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :
Moyen non moins efficace de bien faire ses actions : faire en particulier chaque action comme si elle devait être la dernière de notre vie.
Un dernier moyen que les saints nous enseignent pour bien faire nos actions, c'est de les faire toutes, comme si celle que nous faisons devait être la dernière de notre vie. Saint Bernard (Bern. in spec. Monach), parlant de la manière dont un religieux doit se comporter dans tout ce qu'il fait, dit : qu'à chacune de ses actions il doit se dire à lui-même : si tu devais mourir maintenant, ferais-tu cela ? Saint Basile (Basil, inst. ad fîlium spir.) nous donne aussi le même conseil, quand il dit : Ayez toujours votre dernière heure devant les yeux ; quand vous vous lèverez le matin, doutez si vous irez jusqu'au soir ; et lorsque vous vous coucherez le soir, ne vous assurez pas de revoir le lendemain : c'est de cette façon que vous viendrez à bout de vous réprimer sur toutes sortes de vices.
Thomas à Kempis en dit autant, et presque dans les mêmes termes. Saint Antoine (Ant. Abbat. hor.) tenait aussi le même langage à ses disciples, pour les encourager à la vertu et à la perfection. Et en effet peut-il y avoir un meilleur moyen pour nous porter à bien faire les choses, que de croire que chaque jour est le dernier de notre vie ? Si nous pouvions nous bien mettre cela dans l'esprit, nous ferions certainement nos actions d'une autre manière, et avec bien plus de perfection. Avec quelle ferveur un prêtre ne dirait-il point la messe, s'il croyait que ce dût être la dernière action de sa vie, et qu'il ne lui restât plus de temps ensuite pour faire aucune bonne œuvre, et pour mériter ! Quelle application ne mettrait-on pas à bien faire son oraison, si l'on était persuadé que ce fût la dernière, et qu'on ne trouverait plus le temps de demander pardon à Dieu de ses péchés !
C'est pour cela que l'on dit ordinairement, qu'il n'y a point de lieu où l'on apprenne mieux à prier Dieu que sur la mer. Quand on a la mort devant les yeux, on se sent tout autrement animé de ferveur, que lorsqu'elle paraît éloignée.
On raconte d'un saint religieux, qui avait accoutumé de se confesser tous les jours avant que de dire la messe, qu'étant tombé malade, son supérieur qui vit que la maladie était mortelle, l'en avertit, et lui dit qu'il fallait qu'il se confessât comme pour mourir. « Dieu soit béni et loué, répondit le malade, levant les yeux et les mains au Ciel ; il y a plus de trente ans que je me confesse tous les jours comme si je devais mourir un moment après ; je n'ai donc besoin à présent que de me réconcilier, comme pour me préparer, à dire la messe. » C'est ainsi que nous en devons user dans toutes nos actions ; confessons-nous, et communions chaque fois, comme si nous devions mourir aussitôt après ; de cette sorte il ne sera pas nécessaire à l'heure de la mort de nous confesser comme pour mourir, mais seulement de nous réconcilier, comme on fait quelquefois un moment avant la communion, pour se mettre en état d'en retirer plus de fruit, et de recevoir plus dignement le corps de Jésus-Christ. Si nous apportions cette précaution, la mort nous trouverait toujours préparés, et ne nous surprendrait jamais : c'est là le meilleur secret pour se préserver du malheur d'une mort subite. Bienheureux, dit. Jésus-Christ (Matth. 24. 46.), le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera faisant son devoir de cette sorte ! C'est ainsi que se conduisait Job : Depuis que je combats en cette vie, dit-il (Job. 14. 14 et 15. et 1. 12. Mor. c. 20. Bon. de prof. rel. I. z. c. 17.), j'attends tous les jours que mon changement arrive : vous m'appellerez. Seigneur, et je vous répondrai. Oui, appelez-moi quand il vous plaira, à quelqu'heure et en quelque lieu que ce soit, je serai toujours prêt à répondre à votre voix.
Saint François de Borgia disait que le meilleur exercice d'un religieux était de se mettre vingt-quatre fois le jour dans la position d'un homme qui va mourir ; et qu'il se trouvait alors bien disposé lorsqu'il se disait souvent chaque jour : Je dois mourir aujourd'hui. Que chacun donc rentre en soi-même, et s'examine sérieusement là-dessus ; si vous sentez que vous n'êtes pas dans l'état où vous voudriez être, s'il fallait mourir, faites tout votre possible pour vous y mettre ; imaginez-vous que vous demandez à Dieu encore quelques jours pour vous préparer à la mort, et qu'il vous les accorde ; profitez bien du délai qu'il vous donne ; et essayez de vivre pendant ce temps-là, comme si vous deviez mourir un moment après. Heureux celui qui est tel pendant la vie, qu'il désire d'être à l'heure de la mort !
Les saints remarquent sur ce sujet (Aug. in Ps. 144. Greg. Hom.), que c'est par un effet particulier de sa miséricorde, que Dieu nous a caché l'heure de notre mort, afin que nous fussions toujours prêts ; car si on savait le temps où elle, doit venir, cette assurance donnerait occasion de se relâcher davantage, et de pécher avec plus de confiance : puisque tout incertain que l'on est de son heure, on ne laisse pas que de vivre avec beaucoup de nonchalance et de tiédeur, que ne ferait-on point, si on la croyait fort éloignée ? Saint Bonaventure dit que Dieu a voulu nous laisser dans l'incertitude sur l'heure de notre mort, afin que nous ne fassions aucun cas des choses présentes ; que voyant qu'à toute heure et à tout moment nous pouvons les perdre, nous ne nous y attachions en aucune sorte, et que nous n'aspirions qu'à celles que nous posséderons toujours, lorsque nous les aurons une fois acquises. Insensé que vous êtes (Lc 12, 20) ! dit le Fils de Dieu au riche avare ; cette nuit on vous redemandera votre âme, et toutes les riches ses que vous avez amassées à qui seront-elles ?
Un dernier moyen que les saints nous enseignent pour bien faire nos actions, c'est de les faire toutes, comme si celle que nous faisons devait être la dernière de notre vie. Saint Bernard (Bern. in spec. Monach), parlant de la manière dont un religieux doit se comporter dans tout ce qu'il fait, dit : qu'à chacune de ses actions il doit se dire à lui-même : si tu devais mourir maintenant, ferais-tu cela ? Saint Basile (Basil, inst. ad fîlium spir.) nous donne aussi le même conseil, quand il dit : Ayez toujours votre dernière heure devant les yeux ; quand vous vous lèverez le matin, doutez si vous irez jusqu'au soir ; et lorsque vous vous coucherez le soir, ne vous assurez pas de revoir le lendemain : c'est de cette façon que vous viendrez à bout de vous réprimer sur toutes sortes de vices.
Thomas à Kempis en dit autant, et presque dans les mêmes termes. Saint Antoine (Ant. Abbat. hor.) tenait aussi le même langage à ses disciples, pour les encourager à la vertu et à la perfection. Et en effet peut-il y avoir un meilleur moyen pour nous porter à bien faire les choses, que de croire que chaque jour est le dernier de notre vie ? Si nous pouvions nous bien mettre cela dans l'esprit, nous ferions certainement nos actions d'une autre manière, et avec bien plus de perfection. Avec quelle ferveur un prêtre ne dirait-il point la messe, s'il croyait que ce dût être la dernière action de sa vie, et qu'il ne lui restât plus de temps ensuite pour faire aucune bonne œuvre, et pour mériter ! Quelle application ne mettrait-on pas à bien faire son oraison, si l'on était persuadé que ce fût la dernière, et qu'on ne trouverait plus le temps de demander pardon à Dieu de ses péchés !
C'est pour cela que l'on dit ordinairement, qu'il n'y a point de lieu où l'on apprenne mieux à prier Dieu que sur la mer. Quand on a la mort devant les yeux, on se sent tout autrement animé de ferveur, que lorsqu'elle paraît éloignée.
On raconte d'un saint religieux, qui avait accoutumé de se confesser tous les jours avant que de dire la messe, qu'étant tombé malade, son supérieur qui vit que la maladie était mortelle, l'en avertit, et lui dit qu'il fallait qu'il se confessât comme pour mourir. « Dieu soit béni et loué, répondit le malade, levant les yeux et les mains au Ciel ; il y a plus de trente ans que je me confesse tous les jours comme si je devais mourir un moment après ; je n'ai donc besoin à présent que de me réconcilier, comme pour me préparer, à dire la messe. » C'est ainsi que nous en devons user dans toutes nos actions ; confessons-nous, et communions chaque fois, comme si nous devions mourir aussitôt après ; de cette sorte il ne sera pas nécessaire à l'heure de la mort de nous confesser comme pour mourir, mais seulement de nous réconcilier, comme on fait quelquefois un moment avant la communion, pour se mettre en état d'en retirer plus de fruit, et de recevoir plus dignement le corps de Jésus-Christ. Si nous apportions cette précaution, la mort nous trouverait toujours préparés, et ne nous surprendrait jamais : c'est là le meilleur secret pour se préserver du malheur d'une mort subite. Bienheureux, dit. Jésus-Christ (Matth. 24. 46.), le serviteur que le maître, à son arrivée, trouvera faisant son devoir de cette sorte ! C'est ainsi que se conduisait Job : Depuis que je combats en cette vie, dit-il (Job. 14. 14 et 15. et 1. 12. Mor. c. 20. Bon. de prof. rel. I. z. c. 17.), j'attends tous les jours que mon changement arrive : vous m'appellerez. Seigneur, et je vous répondrai. Oui, appelez-moi quand il vous plaira, à quelqu'heure et en quelque lieu que ce soit, je serai toujours prêt à répondre à votre voix.
Saint François de Borgia disait que le meilleur exercice d'un religieux était de se mettre vingt-quatre fois le jour dans la position d'un homme qui va mourir ; et qu'il se trouvait alors bien disposé lorsqu'il se disait souvent chaque jour : Je dois mourir aujourd'hui. Que chacun donc rentre en soi-même, et s'examine sérieusement là-dessus ; si vous sentez que vous n'êtes pas dans l'état où vous voudriez être, s'il fallait mourir, faites tout votre possible pour vous y mettre ; imaginez-vous que vous demandez à Dieu encore quelques jours pour vous préparer à la mort, et qu'il vous les accorde ; profitez bien du délai qu'il vous donne ; et essayez de vivre pendant ce temps-là, comme si vous deviez mourir un moment après. Heureux celui qui est tel pendant la vie, qu'il désire d'être à l'heure de la mort !
Les saints remarquent sur ce sujet (Aug. in Ps. 144. Greg. Hom.), que c'est par un effet particulier de sa miséricorde, que Dieu nous a caché l'heure de notre mort, afin que nous fussions toujours prêts ; car si on savait le temps où elle, doit venir, cette assurance donnerait occasion de se relâcher davantage, et de pécher avec plus de confiance : puisque tout incertain que l'on est de son heure, on ne laisse pas que de vivre avec beaucoup de nonchalance et de tiédeur, que ne ferait-on point, si on la croyait fort éloignée ? Saint Bonaventure dit que Dieu a voulu nous laisser dans l'incertitude sur l'heure de notre mort, afin que nous ne fassions aucun cas des choses présentes ; que voyant qu'à toute heure et à tout moment nous pouvons les perdre, nous ne nous y attachions en aucune sorte, et que nous n'aspirions qu'à celles que nous posséderons toujours, lorsque nous les aurons une fois acquises. Insensé que vous êtes (Lc 12, 20) ! dit le Fils de Dieu au riche avare ; cette nuit on vous redemandera votre âme, et toutes les riches ses que vous avez amassées à qui seront-elles ?
Reportez-vous à Méditation sur la pensée de la mort, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Méditation sur le rapport des actions à Dieu, De ce que nous devons faire pour acquérir tous les jours une plus grande pureté d'intention, De la droiture et de la pureté d'intention que nous devons avoir dans toutes nos actions, En quoi consistent la bonté et la perfection de nos actions, La perfection consiste en des choses aisées, Autre moyen de bien faire ses actions, Pour bien faire ses actions, ne penser qu'au jour présent et Parle, Seigneur, ton serviteur écoute !