vendredi 4 mars 2016

Méditation pour le vendredi de la troisième semaine de Carême



Le Christ et la Samaritaine (Michelangelo Anselmi)



LE VENDREDI DE LA TROISIÈME SEMAINE DE CARÊME


Jour de grâce



PRATIQUE


Prenez la généreuse résolution de ne commettre contre la grâce aucune infidélité, quelque petite qu'elle puisse être, et d'y répondre sans délai. Efforcez-vous de trouver et de mériter cette grâce en tout. Dans les souffrances, dans les mépris et dans les contradictions, faites toutes vos bonnes œuvres, soit prières, soit lectures, soit observances, soit actions de charité, avec tant de pureté d'intention, que vous ne perdiez rien des grâces qui y sont attachées.



MÉDITATION


Jésus vint dans une ville de Samarie, nommée Sichar, prés de l'héritage que Jacob donna à son fils Joseph, où il y avait un puits que l'on appelait la fontaine de Jacob. Jean, 8.


1er Point. Jésus-Christ se fait une loi de rechercher le pécheur. Il arrive le premier au puits de Jacob, et il attend avec patience. Enfin, la pécheresse arrive, et il lui demande à boire. La grâce prévient ici pour se faire désirer dans la suite ; elle demande pour donner. La Samaritaine refuse d'abord de lui donner à boire ; mais Jésus, résolu de la gagner, lui dit d'un ton plein de douceur : Si vous connaissiez Je don de Dieu et celui qui vous parle, vous lui auriez peut-être demandé vous-même à boire, et il vous aurait donné d'une eau vive. Cette femme opiniâtre dissimule encore, et elle ne se rend pas. N'est-ce point ici votre conduite à l'égard de la grâce ? Elle a peut-être parlé mille fois au fond de votre cœur, pour rompre une attache qui vous empêchait d'être à Dieu ; vous vous êtes retranché, comme elle, sur votre prétendue faiblesse et sur la difficulté du travail, sans penser que rien n'est impossible à l'homme chrétien avec la grâce. La Samaritaine dit à Jésus-Christ : Seigneur, donnez-moi de cette eau.

2e Point. Cette pécheresse, après plusieurs résistances, ne peut plus résister à cette grâce qui la sollicite, et elle commence à demander de cette eau vive et surnaturelle, qui fait que l'on ne sent plus d'altération qui inquiète. Concevez une haute estime de cette eau vivifiante de la grâce. Comprenez que vous ne pouvez rien sans elle; souhaitez-la avec ardeur ; demandez-la avec une profonde humilité. Dites à Dieu : Seigneur, mon âme sent son extrême pauvreté ; enrichissez-la de ce don précieux ; mon âme n'a été que trop altérée des eaux empoisonnées et corrompues qui se trouvent dans les citernes des pécheurs, et qui, loin d'étancher sa soif, ne l'ont que trop augmentée ; donnez-moi de cette eau vive de la grâce, qui me désaltère pour toujours des plaisirs sensuels. Mais il ne faut pas se contenter de la demander avec ardeur, il faut encore travailler et ne point s'effrayer de la rigueur du travail qu'elle exige ; quelque affreux qu'il paraisse à la mollesse, la grâce saura bien l'adoucir. Écoutez la grâce, travaillez avec la grâce, et vous emporterez tout ce que vous voudrez sur votre esprit et sur votre cœur.



SENTIMENTS


Parlez à mon âme, ô mon divin Sauveur, avec cette éloquence si douce et si touchante avec laquelle vous avez bien voulu parler à la Samaritaine. Faites couler avec abondance dans mon âme cette eau céleste et vivifiante qui la désaltère de tous les plaisirs des sens, et qui ne lui laisse que la soif de l'amour divin, et de la gloire promise à ceux qui sont fidèles à votre grâce. Eau vivifiante, arrosez, rafraîchissez mon âme, étanchez pour toujours sa soif ; laissez-lui seulement celle qui faisait dire au prophète : Mon âme a soif du Dieu vivant. Mais surtout, ô mon Dieu, accordez-moi la grâce de la persévérance finale, c'est la grâce des grâces, et la véritable source d'eau vive qui porte les élus à l'éternité bienheureuse.



SENTENCES


Nous vous exhortons, vous qui nous aidez, à ne point recevoir la grâce de Dieu en vain (2 Cor. 6).

La grâce du Saint-Esprit ne s'accommode point de délais et de nos remises (Div. Aug. L. 2. in Luc).



RÉFLEXIONS


Jésus conduit à Hérode


Pilate sachant que le Sauveur était Galiléen, le renvoie à Hérode. Ce mauvais prince fut ravi de tenir Jésus-Christ entre ses mains. Il y avait longtemps qu'il souhaitait de le voir : le grand bruit que faisaient ses miracles excitait en lui ce désir, non pas pour profiter de ses divines leçons, mais il voulait repaître sa curiosité criminelle de quelque prodige nouveau qui lui fît plaisir. Il fut extrêmement surpris de voir Jésus dans une si pitoyable situation, lui que le peuple venait de recevoir avec pompe et comme le Messie : il lui fit plusieurs interrogations. Jésus garda le silence. Hérode, frustré dans son attente, traita Jésus-Christ comme un fou : il le fit revêtir, par dérision, d'une robe blanche, et l'exposa aux insultes de ses soldats, qui lui firent mille outrages sanglants et le reconduisirent ainsi à Pilate. Cette grandeur suprême ainsi déguisée, dit un pieux docteur (Thomas à Kemp. n. 8), est exposée au mépris d'une canaille insolente ; cette beauté ravissante et incomparable est défigurée par des infâmes ; cette sagesse toute divine est traitée de folie par des fous et des insensés ; cette source de grâces et de bénédictions est chargée de malédictions par des impies ; et l'innocence même est cruellement outragée par des criminels. Quel douloureux et quel touchant spectacle !



PRIÈRE


Dieu de puissance et de bonté, qui atteignez d'un terme à l'autre avec force, et qui disposez tout avec une douceur et une suavité admirable, éloignez de nous toute délicatesse-et toute lâcheté ; augmentez notre zèle et notre ferveur ; donnez nous votre grâce, afin que, nous acquittant de ces jeûnes corporels, nous fassions aussi jeûner notre âme de ses désirs charnels et de ses passions déréglées. Faites que ce double jeûne apaise votre colère et nous fasse mériter vos grâces dans cette vie mortelle, et la gloire dans la vie éternelle. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ, votre fil et notre seigneur.






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