Méditation
Pour la fête de Saint André, Apôtre
(30 novembre)
Ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié leur chair avec ses passions et ses désirs déréglés.
I. PRÉLUDE. — Représentons-nous saint André au moment où, apercevant la croix qui lui était préparée, il s’écria : « Je vous salue, croix précieuse, etc. »
II. PRÉLUDE. — Obtenez-moi, saint Apôtre, la grâce d'estimer, d’aimer la croix de mon divin Sauveur, et de m'y laisser attacher selon son bon plaisir.
I. Point. — La croix est précieuse aux yeux des vrais disciples de Jésus.
L’estime et l'amour de la croix sont les sujets de méditation que présente naturellement la fête d'un Saint dont tous les désirs ne tendaient qu'à être crucifié avec son divin Maître. Le cœur de saint André avait goûté cette maxime si opposée à la nature, que pour être heureux, il ne faut jamais être sans souffrir : je dois m’efforcer de la goûter ainsi que lui, puisque le cœur de mon Sauveur veut m'unir à ses sentiments, à ses affections et à ses volontés : Quelles sont donc les considérations qui doivent me faire chérir la souffrance ?
Elles sont en grand nombre : en souffrant, je puis satisfaire pour mes péchés, réparer l'injure qu'ils ont faite à mon Dieu, et acquérir cette entière pureté de cœur que Jésus veut trouver dans ses véritables disciples. En souffrant, j'accomplis la volonté du Père céleste, je me conforme à mon divin Modèle, je m'unis étroitement à son Cœur, et je détruis en moi le règne de la concupiscence, pour y substituer celui du saint amour. En souffrant, je puis attirer sur ceux qui me sont chers des grâces nombreuses et puissantes, et obtenir aux pécheurs des moyens de conversion. Car la souffrance est le moyen par lequel Jésus-Christ a sauvé le monde, et c’est aussi par la souffrance que ses disciples doivent continuer son œuvre. Oh ! que la croix doit donc me sembler précieuse, et combien je dois être empressée de l’accueillir de quelque côté qu’elle me vienne !
II. Point. — La croix parait aimable aux vrais disciples de Jésus.
La croix n'est pas seulement estimable à cause de précieux avantages qu'elle procure aux âmes fidèles ; elle est encore infiniment aimable aux cœurs épris de l'amour de Jésus. Comme elle est le lit de souffrance sur lequel ce divin Sauveur a rendu le dernier soupir, et que c’est en l'arrosant de son sang qu’il nous a donné la preuve la plus forte et la plus touchante de sa tendresse, ses véritables amis n'aspirent qu'à s’y attacher à leur tour, afin d’aimer leur divin Maître du même amour dont ils en ont été aimés, et de lui rendre souffrances pour souffrances, vie pour vie. Ce fut ce sentiment qui inspira à saint André, lorsqu'il vit la croix sur laquelle il devait mourir, ces paroles où se peignait si bien son cœur :
« Je vous salue, croix précieuse, qui avez été consacrée par le corps de mon Dieu, et ornée de ses membres comme de riches pierreries.... Je m'approche de vous dans de vifs transports de joie ! Ô croix salutaire qui avez été embellie par les membres du Seigneur, je vous ai ardemment aimée ; il y a longtemps que je vous désire et que je vous cherche : enfin mes vœux sont accomplis, recevez-moi dans vos bras, en me tirant du milieu des hommes, et présentez-moi à mon Maître. Que celui qui s'est servi de vous pour me racheter puisse me recevoir par vous. »
Ces sentiments ont été ceux de tous les saints : sont ils les miens ? suis-je empressée de m’attacher à la croix de mon adorable Époux ? sais-je du moins recevoir de bon cœur et supporter avec patience les légères souffrances, les petites contrariétés par lesquelles son amour veut me donner quelque conformité avec lui ?
COLLOQUE avec Jésus crucifié. — Lui offrir l'amour et les mérites de saint André et ceux de tous les saints qui ont chéri et embrassé la croix. — M'humilier de me trouver dans des dispositions si différentes de celles de ces grands modèles. — Supplier le Cœur de mon bon divin Maître de me donner l'amour des souffrances, la joie dans les épreuves et cet amour fort et généreux qui ne se nourrit que de travaux et de sacrifices.
RÉSOLUTIONS. — Accepter de bon cœur tous les sujets de peine, de contrariété, d'affliction que le Cœur de Jésus me ménagera aujourd'hui. — M’imposer quelques pratiques de mortification, surtout intérieure:
Bouquet spirituel. — Cœur de Jésus, immolé pour moi sur la croix, faites que je vous aime du même amour dont vous m’avez aimé.
PRIÈRE. — Recevez, Seigneur... (Prière de Saint Ignace de Loyola)
Extrait de "Méditations sur les principaux mystères de la Très Sainte Vierge, et pour les fêtes des Saints..." (Imprimatur, 1840).
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