mercredi 14 juillet 2021

Preuves classiques de l'existence de Dieu



Elles sont multiples. La plus simple — qui ferait croire à l'évidence de l'existence de Dieu, tant cette preuve est courante et familière — c'est celle qui découle d'un principe premier : « Tout ce qui est et qui n'est pas par soi, est nécessairement par un autre. » Comme tous les principes premiers, celui-ci est évident et ne nécessite aucune démonstrations ; le moins doué des hommes, s'il est normal, en saisit aussitôt la vérité.
Or, point n'est besoin d'avoir fait de longues études pour se rendre compte que rien, absolument rien de tout ce qui existe, n'existe par soi. La conclusion qui s'impose alors tout naturellement à l'esprit qui réfléchit, c'est que tout ce qui existe, existe par un autre. Cet autre, — autre que tous ceux que nous voyons, qui, eux, n'existent pas par soi — les hommes l'appellent Dieu. Par Dieu, ils entendent donc l'Être qui existe par soi, qui a créé et qui fait exister tout ce qui est sans être par soi.
Une autre preuve, qui demande à peine un peu plus de réflexion, c'est la preuve par la contingence des êtres. La voici après quelques explications indispensables.

La philosophie du sens commun enseigne qu'il y a deux sortes d'êtres, l'Être nécessaire et l'être contingent.

L'Être nécessaire, c'est celui qui n'a besoin de rien ni de personne, aussi bien pour exister que pour agir. Son existence, il la tient de lui-même ; aussi possède-t-il l'être en plénitude. De plus, pour agir, l'Être nécessaire ne dépend de rien ni de personne.

L'être contingent, au contraire, est un être totalement dépendant, aussi bien pour être que pour agir. L'être qu'il possède et qui le fait exister, lui a été communiqué ; et pour agir, il est encore dépendant et a besoin du concours d'autres êtres.

Malheureusement, alors que nous avons l'expérience des êtres contingents, puisque tous les êtres qui nous entourent sont, comme nous, des êtres contingents, nous n'avons aucune expérience de l'Être nécessaire. De là provient la difficulté que certains esprits éprouvent à l'admettre. « Et lui, d'où vient-il ? » nous objectent-ils.

Cette difficulté n'est qu'apparente. Elle provient, comme je viens de le dire, du fait que nous n'avons aucune expérience de l'Être nécessaire. Nous ne pouvons que le concevoir intellectuellement. Son existence et sa raison d'être ne sont découvertes que par notre intelligence.

Après ces explications, voici le raisonnement que l'on fait en partant de la contingence des êtres.

Tous les êtres connus, tous sans exception, sont des êtres contingents ; des êtres qui ont dépendu d'autres êtres pour exister et qui, pour agir, dépendent encore d'autres êtres.

Or, il n'est pas possible de remonter à l'infini dans une série d'êtres qui dépendent les uns des autres. De toute nécessité, il faut quitter la lignée des êtres contingents (qui dépendent les uns des autres) et admettre à leur origine un Être nécessaire. Celui-ci, possédant l'être par lui-même, et le possédant en plénitude, pourra l'avoir transmis à ceux qui ne l'avaient pas et ainsi expliquer et leur existence et leur activité. Cet Être nécessaire, c'est Dieu.

Pour aider les personnes qui ne seraient pas habituées à saisir un raisonnement abstrait, et qui ne comprendraient pas la raison pour laquelle elles doivent nécessairement quitter la série des êtres contingents et admettre à l'origine un Être nécessaire, voici une simple comparaison aussi fantastique qu'imagée.

Dans une foire aux attractions, quelque part en Russie, la curiosité qui attire les visiteurs est en plein air, dans un champ.
Il s'agit d'un lustre suspendu à une chaîne dont on ne voit pas l'extrémité. Le charlatan athée, qui présente cette curiosité, prétend avoir résolu le problème de l'Être nécessaire, figuré par le crochet fixe qui soutient généralement les lustres, en allongeant indéfiniment la chaîne à laquelle il a suspendu le sien.
Du fait, on ne voit pas le bout de la chaîne qui se perd dans un nuage, que d'aucuns pensent artificiel.

— « Où donc ces diables ont-ils pu accrocher leur chaîne ? » se demandent intrigués les visiteurs crédules. Et le présentateur de répondre :
— Nulle part ! Nous avons résolu le problème du crochet en allongeant indéfiniment la chaîne ! »

Cette réponse ne peut contenter que les badauds des foires, pas les personnes sensées. Ces dernières, même si elles ne comprennent pas encore l'astuce, savent qu'il y en a une. En effet, qu'est-ce qui retient le lustre suspendu ?
— La chaîne.
— Non ! Ce n'est pas la chaîne, c'est son premier maillon, celui du bas. Et la preuve que c'est bien lui qui soutient le lustre ? Coupez-le, et le lustre tombera. C'est donc bien lui qui le retient.
— Mais le premier maillon est, lui-même, retenu par le second, qui l'est par le troisième et ainsi de suite jusqu'à l'extrémité que l'on n'aperçoit pas.
— Et le dernier maillon, tout en haut, par quoi est-il retenu ?
— ...

N'en doutons pas ! Le dernier maillon est nécessairement retenu par quelque point fixe qui, tenu lui-même par ailleurs, explique la suspension de tous les maillons de la chaîne et du lustre.


Jamais on ne réussira à supprimer l'Être nécessaire, même en multipliant à l'infini les êtres contingents. Croire cette suppression possible équivaudrait à croire que l'on pourrait peindre sans peindre, à condition d'allonger indéfiniment le manche du pinceau, ou que l'on pourrait faire rouler un train sans locomotive à condition d'augmenter indéfiniment le nombre des wagons. Oui, répétons-le et soyons-en bien persuadés, la multiplication des êtres contingents ne peut que retarder la découverte de l'Être nécessaire, mais, en aucune façon, elle ne peut le supprimer.

Par le seul fait que les êtres contingents existent, ils affirment l'existence d'un Être nécessaire, sans lequel ils n'existeraient pas non plus. Eh bien, c'est par une réflexion semblable, souvent faite inconsciemment, que les hommes sont arrivés tout normalement à la connaissance de l'existence de Dieu.

Qui n'a pas entendu, par exemple, le dialogue suivant, aussi simple que probant :

— « D'où viennent les poules ?
— Des œufs.
— Et la première poule ?
— Du premier œuf.
— Non, puisqu'il n'y avait pas de poule pour le pondre !
— Alors ?
— Alors ? Nigaud, la première poule vient de Dieu, l'Être nécessaire. »

Extrait de Oui, c'est évident, Dieu existe vraiment, Père Noël Barbara, Ed. Fort dans la Foi.


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