La Madeleine à la veilleuse (Georges de La Tour) |
Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :
Combien l'examen de notre conscience est important.
De tous les moyens qui peuvent contribuer à notre avancement, il en est peu de plus efficaces, et qui soient plus universellement recommandés que l'examen de la conscience ; et tous les maîtres de la vie spirituelle veulent qu'on s'y appliqua chaque jour. Saint Chrysostôme, sur ces paroles du Psalmiste : Excitez-vous à la componction dans vos lits, est d'avis qu'on fasse cet examen tous les soirs avant que de se coucher ; et il en donne deux raisons également solides : la première, afin que le lendemain on soit plus disposé à se garantir des fautes que l'on a commises le jour précédent ; car si on les examine bien le soir, si on en conçoit une vive douleur, et si on se propose fermement de s'en corriger, comme on doit le faire dans l'examen, il est constant que ce sera un frein qui empêchera que le lendemain on n'y retombe. La seconde raison qu'il en donne, c'est que ce sera encore une garde de circonspection et de retenue pendant tout le jour ; parce que la pensée que ce jour-là même il faudra se rendre exactement compte de chaque action, fera qu'on sera davantage sur ses gardes, et qu'on aura plus d'attention sur soi-même.
Un grand seigneur, dit saint Chrysostôme, qui observe l'ordre dans ses affaires, ne laisse passer aucun jour sans voir le compte de son maître d'hôtel, de peur de lui donner occasion d'être moins attentif, et de s'embrouiller dans ses comptes. Voilà, conclut ce saint docteur, la règle que nous devons suivre ; il faut que nous comptions tous les jours avec nous-mêmes, de crainte que la négligence et l'oubli ne mettent du désordre dans nos comptes. Saint Éphrem et saint Jean Climaque ajoutent que comme des marchands bien soigneux tiennent registre des pertes et des gains de chaque jour ; et que, lorsqu'ils trouvent qu'ils ont fait quelque perte, ils tâchent aussitôt de la réparer ; nous devons aussi examiner chaque jour les gains et les pertes que nous faisons dans l'affaire de notre salut, afin que, remédiant aussitôt à nos pertes, nous empêchions par là qu'elles n'augmentent, et qu'elles ne viennent à consommer les fonds de notre fortune. Saint Dorothée remarque un autre avantage considérable que l'on tire de l'examen de conscience, c'est, dit-il, qu'en s'accoutumant à le bien faire tous les jours, et en se reprochant chaque jour ses fautes, on empêche que le vice ne prenne racine dans le cœur, et que les mauvaises habitudes ne s'y fortifient.
Tout cela doit nous donner une haute estime de cette pratique, nous la faire considérer comme un moyen très-efficace pour notre avancement ; et nous rendre si exacts à faire notre examen deux fois chaque jour, que rien ne soit capable de nous faire omettre un exercice si saint ; ou si quelque occupation indispensable nous empêche d'y vaquer dans le temps marqué, il faut faire en sorte d'y satisfaire au premier moment que nous aurons de libre. La maladie même qui nous dispense de l'oraison, ne nous dispense ni de l'examen particulier, ni de l'examen général : il faut donc tenir pour maxime infaillible, qu'on ne doit jamais se dispenser de cet examen, pour quelque raison que ce soit. Le malade au reste a toujours assez de matière pour fournir à son examen particulier, soit en se conformant à la volonté divine dans la maladie et dans les douleurs que Dieu lui envoie, et dans les remèdes qu'il est obligé de prendre, et qui sont quelquefois plus fâcheux que le mal même ; soit en souffrant avec patience la privation de plusieurs choses qui pourraient lui manquer ; soit en s'abandonnant entièrement entre les mains de Dieu, pour vivre ou pour mourir, selon qu'il plaira à la providence d'en ordonner.
Écouter Faire la volonté de Dieu : pourquoi et comment ? avoir la foi.
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