samedi 11 février 2017

Jésus glorifié veut glorifier sa Mère



Extrait des exercices préparatoires à la consécration à la Sainte Vierge Marie par le Père Dayet :


Combien d’années, après son départ et la descente de l’Esprit-Saint, Jésus laissa-t-il Marie sur la terre ? Aucun texte sacré ne nous le fait connaître. Le nom de la Vierge disparaît des Écritures. Retirée auprès de l’apôtre Jean, cette dernière phase de sa vie fut la phase à dominance contemplative, comme le laisse entendre le silence même des pages inspirées. La vigilance du disciple bien-aimé la délivrait de tout souci temporel. Sa messe lui apportait le réconfort du Pain eucharistique et remettait chaque fois sous ses yeux le souvenir de la divine institution, intimement liée à l’immolation sanglante du Calvaire. Qui, plus que Marie, pouvait pénétrer ce mystère de douleur et d’amour ? Qui pouvait plus profondément découvrir l’identité absolue du sacrifice de l’autel avec celui de la croix ? Elle revivait alors les heures du Vendredi Saint, mais c’était dans une action de grâce d’extase ; car son Fils n’avait plus à souffrir et les trésors de sa Rédemption se déversaient sur le monde. Elle-même augmentait de plus en plus ses mérites par ce sacrement de l’Eucharistie, le seul qui convenait à son âme encore voyageuse ici-bas. Quelle merveille de grâce ! Recevoir le Verbe fait pain, Elle, la Mère du Verbe fait chair ! Recevoir sacramentellement Celui qu’elle a conçu spirituellement et corporellement !

Sans doute aimait-elle aussi se remémorer au long des jours les années d’intimité de Nazareth, ce long temps que Jésus lui avait consacré avant de se donner aux autres. Tous ces souvenirs demeuraient vivants dans son cœur ; mais le fait de sa présence à Jérusalem ramenait irrésistiblement ses pensées aux Mystères de la Résurrection, de l’Ascension et de la Pentecôte, qui célébraient le triomphe de son Fils et soutenaient en ce moment la marche de l’Église.

Marie, d’ailleurs, ne pouvait qu’être maternellement attentive à cette chrétienté de la capitale, déjà aux prises avec les autorités juives et si heureuse de son assistance. Par Jean, elle connaissait et suivait l’avance de la prédication apostolique en Judée, en Samarie, et au-delà. Combien elle dut admirer et louer la force d’âme du saint diacre Étienne, le premier martyr ! Avec quelle ferveur elle implorait la conversion de Saul de Tarse, le plus acharné des persécuteurs ! Elle remerciait le Seigneur de savoir les apôtres dans la jubilation, après avoir été emprisonnés et battus de verges pour l’amour de leur Maître. Plus tard, quand s’étendra la persécution, elle sera là pour consoler et soutenir les amis de son Fils. Après la fondation de l’Église d’Antioche, elle livrera aux Évangélistes, à Luc en particulier, le fidèle compagnon de Paul, les plus intimes secrets de son cœur, le récit de l’Annonciation, son cantique du Magnificat, et tant de détails qu’elle était seule à connaître.

Tout cela n’arrêtait pas sa contemplation, mais la surélevait bien plutôt, et l’étendait sur toutes les âmes qui viendront boire, dans la suite des temps, à la source évangélique. Jésus, cependant, ne pouvait tarder davantage à l’appeler à lui. Nous aimons, selon la Tradition la plus ancienne, la voir partir de ce monde en cette ville de Jérusalem, à jamais sanctifiée par la mort et la Résurrection de son Fils. Les apôtres, pour la plupart, s’étaient dispersés à travers les nations ; saint Jean, son prêtre et son confident, demeurait fidèlement auprès d’elle, en la maison de Gethsémani, sans doute avec quelques parents et chrétiens dévoués. C’est lui qui aurait pu nous décrire ces journées d’attente paisible qui précédèrent sa dormition ; ou bien nous dire en termes clairs qu’il l’avait vue, ainsi que d’autres personnes présentes, s’en aller corporellement, vivante, immortelle, et non ressuscitée. Il a préféré le silence, se contentant en son Apocalypse de soulever un coin du voile comme nous allons le voir, en laissant à l’Église le soin de définir en son temps ce mystérieux départ. Il a fallu des siècles.

Notre génération a été l’heureuse bénéficiaire de la Définition dogmatique, faite par S.S. Pie XII, le matin du 1er novembre 1950, sur la place Saint-Pierre de Rome. Elle a pu entendre directement, ou par les ondes, ces solennelles et infaillibles paroles : « ... Nous prononçons, Nous déclarons et Nous définissons comme un dogme divinement révélé que Marie, Mère Immaculée de Dieu et Vierge perpétuelle, au terme de sa vie terrestre, a été élevée avec son corps et son âme dans la gloire du Ciel ».

C’est bien à dessein que, dans cette Définition, aucune mention n’est faite de la mort ni de la résurrection de la Très Sainte Vierge. De même, dans la nouvelle messe de l’Assomption, le Souverain Pontife a fait supprimer l’allusion à la mort de Marie que nous lisions à la Secrète. Et l’Introït de cette messe n’est plus le Gaudeamus omnes in domino, commun à plusieurs autres messes du Missel, mais le Signum magnum apparuit in coelo du XIIe chapitre de l’Apocalypse, qui nous met de suite en présence de la grandiose vision de saint Jean, exilé à Pathmos (cette vision de la « femme » dans l’Apocalypse semble au P. Jugie, A. A., la grande preuve scripturaire du Dogme défini. Voir son article dans l’Année théologique, 1951, pp. 97-116). L’apôtre revoit et contemple, dans la Jérusalem céleste, Marie en corps et en âme, parée de tout ce qu’il y a de lumineux dans notre firmament.

Le soleil l’enveloppe comme d’un manteau ; la lune est placée sous ses pieds ; douze étoiles forment couronne autour de la tête. Ce SIGNE merveilleux n’est-il pas la description symbolisée de son Assomption de créature immaculée et immortelle ? Une pareille splendeur ne nous laisse-t-elle pas entendre qu’elle fut la plus glorieuse qui puisse lui convenir ? La Divinité de son Fils est son vêtement de gloire. Tous les élus, ses enfants, l’entoureront à jamais de leur vivante couronne. Représenté par la lune qui reçoit sa clarté du soleil, notre monde inférieur apparaît sous ses pieds, pour nous dire qu’elle l’a traversé en pureté et beauté, dans le rayonnement de son Fils, sans avoir connu nos misères et notre fin charnelle. Si l’on peut, d’ailleurs, parler de mort au sujet de la Vierge, on doit dire qu’au Calvaire elle l’avait expérimentée en la Personne de Jésus Rédempteur. Le glaive de la Passion transperçait alors son âme de Mère Corédemptrice. Désormais, la Rédemption étant entièrement accomplie, l’entrée de Marie dans la grâce sans l’ombre du péché appelait son entrée dans la gloire sans l’attouchement de la mort. La Définition dogmatique de Pie XII, portant uniquement sur sa glorification en corps et en âme à la fin de sa vie terrestre, laisse la voie ouverte à cette interprétation reposante. Ainsi le plan de revanche sur le démon apparaît total et sans restriction, au moins dans un membre de l’humanité rachetée (Le P. Roschini, directeur du Marianum, pense que désormais le nombre des théologiens, se déclarant en faveur de l’immortalité de Marie, ira croissant. Voir l’Ami du Clergé, N° 38, 20 sept. 1951 ; et N° 32, 12 août 1954. Dans le N° 38, page 562, l’Ami rapporte le petit fait suggestif de la photographie d’une prière à Marie dans son Assomption, avec une correction autographe de Pie XII, supprimant les paroles relatives à la mort de la Vierge) .

Que dire à présent de l’accueil fait par Jésus à sa Mère, quand les anges la virent élevée au-dessus de leurs hiérarchies les plus hautes dans le Ciel de la Trinité ? C’est lui, ce Fils bien-aimé, qui la présente, la livre à son Père pour être mise éternellement en possession de la béatitude des trois Personnes, dans la vision face à face. C’est lui qui la fait asseoir à ses côtés sur le même trône : Adstitit Regina a dextris tuis (Ps. 131, 8), pour son Couronnement de gloire.

Y eut-il un rite sensible de cette Intronisation et de ce Couronnement, puisque Jésus couronnait ici, comme homme, la tête glorifiée de sa Mère ? Sans doute, une bénédiction, une consécration, une imposition de ses mains adorables, comme le pense Mgr Gay. « Quant à dire, ajoute cet auteur mystique, l’ampleur, la grâce, l’incomparable beauté de ce geste du Christ, l’expression que prit alors son visage, toute son attitude enfin au moment où il servit d’organe aux trois Personnes divines pour couronner sa Mère, ni le plus sublime génie de l’art ne l’a rêvé, ni la plus haute contemplation des plus grands saints n’a pu l’entrevoir. Ce fut dans le ciel tout entier la cause d’un vrai transport, mais cela reste pour nous indescriptible et ineffable ; et il faut en dire autant de l’attitude et de la physionomie de la sainte Vierge ». Quelle exaltation de son humilité d’esclave du Seigneur au matin de l’Annonce angélique, et combien son cantique du Magnificat est admirablement placé sur nos lèvres dans l’Évangile de la nouvelle messe d’Assomption !

La voilà Souveraine bienheureuse de la Cour céleste et « Toute-Puissance-Suppliante » auprès de son Fils, en faveur de ses enfants de la terre. Constamment occupée de nous, elle prépare ainsi notre place, la place de nos âmes au moment de notre mort ou de notre sortie du Purgatoire, la place de nos corps eux-mêmes au jour de la résurrection générale. Nous participerons alors entièrement à sa béatitude, selon le degré de nos mérites.

Faisons confiance à cette toute-puissante intercession, nous surtout qui, par notre Consécration, permettons à Marie d’exercer sur nos âmes et sur nos corps toute son action de mère et de Maîtresse. Laissons-la nous former, nous transformer, nous appeler, nous attirer, en ne lui offrant – redisons-le encore – que dépendance amoureuse et persévérante docilité. Remercions-la de nous avoir conduits tout au long de ces Mystères que nous venons de méditer. C’est elle qui les avait commencés, c’est elle qui les clôture ; mais sa mission ne sera terminée que lorsqu’elle verra tous ses enfants réunis autour d’elle dans le Ciel de l’Agneau, comme une couronne de joie ajoutée à sa couronne de gloire. Jésus, Sagesse éternellement glorieuse et triomphante en son Humanité et en sa Mère, le sera aussi dans ses élus : et ce sera le Règne qui ne connaîtra plus aucune des ombres et des vicissitudes d’ici-bas.

Laissons-nous soulever par l’espérance vers cette récompense d’un bonheur sans fin.



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