Parabole du serviteur ingrat |
Une autre circonstance qui aggrave beaucoup mes péchés, ce sont les rechutes dans ceux-là mêmes que Dieu m'a pardonnés, non pas une fois, mais plusieurs. J'engage, pour ainsi parler, une lutte entre l'homme et le Tout-Puissant ; je l'offense, et il me pardonne ; puis je l'offense de nouveau, comme s'il ne m'avait pas pardonné. J'imite en cela, selon la parole de l'apôtre saint Pierre, le chien qui retourne à son vomissement, et le pourceau qui, après avoir été lavé, se vautre de nouveau dans la fange (II Petr., II, 23 ; Prov., XXVI, 11). Je mériterais que Dieu me rejetât à jamais loin de lui, qu'il me plongeât dans le cloaque de l'enfer, et me livrât les pieds et les mains liés au pouvoir des démons exécuteurs de sa justice. Car tel fut le sort du serviteur ingrat, débiteur de dix mille talents, qui, après avoir obtenu la remise de sa dette, continua d'offenser son maître.
Malgré le nombre de mes infidélités, plein de confiance en la patience et en la miséricorde infinie de mon Dieu, je veux encore une fois retourner à lui sincèrement, et lui dire, prosterné à ses pieds : Seigneur, usez de patience envers moi ; avec votre secours, je vous paierai toute la dette de mes péchés, et si cette fois encore vous me pardonnez, je vous promets de ne plus vous offenser (Matth., XVIII, 26).
(Extrait de Méditations sur les mystères de notre sainte foi par le V. P. Louis Du Pont)
Reportez-vous à Je comparerai mes péchés aux péchés d'Adam et De la grièveté des péchés, parce qu'ils sont contraires à la raison.