jeudi 27 janvier 2022

Quand Don Bosco voyageait à travers la France : Miracle à Cannes



Le 10 avril 1883, don Bosco célèbre la messe dans l'église Saint-François-de-Sales de Lyon. Comme il se relève après son action de grâces un petit enfant de chœur s'approche de lui :
— Vous ne me reconnaissez pas, mon père ?
— Si bien ! C'est toi qui viens de me servir la messe.
— Mais, autrement, vous ne vous souvenez pas de moi ? C'est pourtant moi, votre petit Jean.
— Jean ? Ah oui ! Nous portons le même nom. Mais quel Jean es-tu ?
— Jean Courtois. Vous ne vous rappelez pas ?
Il y a deux ans, à la gare de Cannes. Vous étiez déjà dans le train et le chef de gare allait donner le signal du départ, lorsque maman m'a poussé dans ma petite voiture et vous a demandé de me bénir.
— J'y suis maintenant. Tu étais paralysé, n'est-ce pas ?
— Oui, j'étais incapable de faire un pas. Comme le train se mettait en marche, vous vous êtes penché à la fenêtre du compartiment et vous m'avez crié : « Qu'est-ce que c'est que cela ? Tu n'as pas honte de te faire voiture par ta mère. Lève-toi et sers-toi de tes jambes ! »
— Et alors ?
— Alors, je me suis levé. Je suis descendu de ma voiturette ; je pouvais marcher. Depuis ce moment-là je suis complètement guéri. Dire que je vous revois et que je peux enfin vous remercier ! J'attendais toujours.
— Remercie la Sainte Vierge, mon petit Jean. C'est elle qui t'a guéri, pas moi !
— Ah, mon père ! dit le sacristain, interrompant la conversation, l'église est pleine, et tout le monde veut vous parler. C'est tout juste si les gens ne défoncent pas la porte de la sacristie. Que faut-il faire ?
— Faites-les entrer, un par un, soupire don Bosco.
Le défilé dure des heures. Chacun a quelque chose à demander (...)

Tous les gémissements de la terre assaillent le pauvre prêtre, et toujours il écoute attentivement, il réconforte, il encourage à bien prier, promet son intercession près de Marie Auxiliatrice.
Cela depuis deux mois.
Depuis l'arrivée de don Bosco en France, le 13 février, à Nice, des milliers d'affligés de tous genres l'entourent sans répit. À Nice, à Cannes, à Marseille, partout. Dans les rues d'Avignon, la foule le met presque en danger. Les ardents Provençaux lui tailladent sa ceinture, lui déchirent sa soutane, lui coupent des mèches entières de cheveux. Il arrive à la gare avec un air d'oiseau déplumé et s'effondre, presque sans connaissance, sur un banc de la salle d'attente.
Il est venu en France pour mendier. D'immenses soucis lui pèsent sur les épaules. On a pu consacrer l'église Saint-Jean à Turin, en décembre, mais les travaux du Sacré-Cœur à Rome sont interrompus ; les missions de l'Amérique du Sud absorbent des sommes fantastiques.
De plus, la santé de don Bosco est extrêmement défaillante. Il souffre depuis longtemps de maux d'estomac, il a des crachements de sang, des crises d'asthme, ses jambes enflées et toujours enfermées dans des bas de caoutchouc lui permettent difficilement de se déplacer. Il avance courbé d'un pas mal assuré ; il a les cheveux tout gris, les joues creuses et décharnées ; seuls ses grands yeux foncés conservent le même éclat.

(Don Bosco, l'Apôtre des Jeunes, G. Hünermann)


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