mardi 29 mars 2022

Dieu est partout avec toutes ses grandeurs



Cette vérité est une suite de celle dont nous venons de parler dans le Chapitre précédent ; car si Dieu est partout tout ce qu'il est, il faut nécessairement qu'il y soit avec toutes ses grandeurs, et toutes ses perfections infinies, qui non seulement sont inséparables, mais qui ne sont qu'une même chose avec son essence. Dieu ne possède aucune grandeur en lui-même, qu'il ne rende présente au moins considérable de ses ouvrages. Partout c'est un Dieu fécond qui produit son semblable de sa propre substance ; et puisqu'il produit il est Père, et puisque celui qu'il produit est de sa substance propre, il est son Fils. Tous les deux, le Père et le Fils (deux personnes qui ne sont qu'un Dieu) en produisent une troisième qui leur est égale, parce que se voyant l'une et l'autre parfaites et infiniment aimables, il est impossible qu'elles ne s'aiment infiniment. Elles produisent donc un amour infini, et c'est le Saint Esprit, qui est Dieu comme le Père et comme le Fils. Dans ce mystère suradorable de la Trinité, il n'y a qu'une seule essence divine, et cette seule essence est toute entière dans chacune des trois Personnes. Ainsi, toutes trois son Dieu, puisqu'elles ont toutes la nature divine ; et chacune des trois est Dieu, parce qu'elle a autant la divinité comme les deux autres : mais elles ne sont toutes trois qu'un même Dieu, parce qu'elles n'ont toutes trois qu'une même divinité. Les trois personnes divines sont donc un seul Dieu.
Mais ce seul Dieu en trois personnes est dans la terre, aussi bien que dans le ciel. En quelque lieu que nous puissions être, le Père Éternel y engendre son Fils, et le Père et le Fils y produisent le Saint-Esprit. Ainsi, de cette manière le Paradis est notre Terre, ou notre Terre devient un Paradis. Que nous serions heureux si nos yeux étaient ouverts, et que nous y vissions toujours, comme nos Anges, la face du Père, avec le Fils et le Saint-Esprit. Cependant la foi donne ce privilège au Chrétien.
Nous sommes donc dedans l'être infini de Dieu, dedans l'essence et la substance divine, dedans les propriétés incommunicables, et les attributs personnels de la glorieuse Trinité. Nous puisons notre vie dedans la vie vivante, qui est vie au Père, vie au Fils, vie au Saint-Esprit. Ce Dieu qui est, et qui ne reçoit d'aucun, et partant dont les perfections vont à l'infini, puisqu'il n'y a rien qui puisse lui assigner des bornes, est dans mon être, qui pénètre jusqu'au plus profond de mes artères, et il n'y a rien de si caché qu'il ne remplisse. Ô si la vue d'un objet excellent nous ravit à nous-mêmes, et nous enlève l'esprit et le cœur, où est ici notre foi ? et la vue surnaturelle qu'elle nous doit donner des grandeurs et des beautés infinies de l'être suradorable qui est au dedans de nous, et qui est partout, ne doit-elle pas emporter toutes nos affections dans une heureuse désoccupation des créatures, qui, devant cette haute Majesté, ne sont pas des atomes, et dont les premières et les plus élevées dans le monde sont moins que rien en sa divine présence. Certes une âme séraphique pénétrée de la vue des grandeurs de Dieu, assurait qu'ensuite son âme était comblée de honte lorsqu'elle considérait qu'elle pouvait encore penser aux créatures, et à plus forte raison qu'elle était encore dans le pouvoir d'y engager ses affections : et cette lumière produisait deux grands effets en elle, le premier un saint mépris du siècle et de tout ce que le siècle estime et recherche, voyant dans un grand jour que toutes ces choses n'étaient qu'une vraie vanité, et qu'elles n'étaient que des néants ; le second un respect inexplicable pour la suprême Majesté de Dieu.
Mais quelle douce pensée pour un véritable Chrétien, lorsque considérant que si Dieu est partout avec toutes ses grandeurs, il y est donc avec sa toute-puissance ! Quel repos ensuite dans son cœur, sachant que toutes les créatures de la terre et tous les démons de l'enfer sont entièrement assujettis à cette puissance qui est sans limites ! Que peut-il donc craindre ? Quand il verrait la terre crouler dessous ses pieds, il demeurerait assuré au milieu de ses ruines, parce qu'il est appuyé sur un Dieu tout-puissant. Sa paix, pour parler avec un Prophète, est abondante comme les eaux d'une rivière, et rien n'est capable de l'ébranler.
Si Dieu est partout avec toutes ses grandeurs, il y est donc avec ses bontés divines, et qui ne peuvent s'expliquer. Quelle consolation de savoir, que si nous avons au-dedans de nous un Dieu tout-puissant, nous l'y avons aussi infiniment bon, et qui veut bien nous permettre de l'y regarder comme Père ; et un Père devant qui tous les autres ne doivent pas porter ce nom, ses bontés surpassant infiniment tous les amours et toutes les tendresses de tous les pères et de toutes les mères ensemble : mais un Père qui est encore infiniment riche en miséricorde, pour donner le remède à tous nos maux.
Si Dieu est partout avec toutes ses grandeurs et ses perfections, il y est avec sa sagesse qui gouverne toutes choses, qui dispose de toute en des manières admirables ; et qui fait que les plus grands maux deviennent de très-grands biens à ceux qui l'aiment. Il y est avec une Providence qui accable ses chétives créatures sous ses bienfaits. Il étend, dit l'Écriture, ses ailes sur elles, ainsi qu'un aigle sur ses petits, et il les porte sur ses épaules. Il les porte même comme une mère dans son sein. Il assure que leurs noms sont écrits dans ses mains, et qu'il ne les oubliera jamais ; qu'il répandra sur elles ses bénédictions, et qu'elles seront bénies en toutes choses. Il veille sur leur garde avec des soins admirables, et il tient compte jusqu'au moindre de leurs cheveux. Quel moyen après cela de ne pas mettre toute sa confiance en une si douce providence ? Quel moyen de ne s'y pas reposer dans une parfaite tranquillité ?
Mais le Chrétien, bien loin de se servir de la lumière de la foi, qui lui faisant voir Dieu au dedans de lui-même, et partout avec toutes ses grandeurs et ses perfections, lui donnerait des pensées si douces, qu'elles seraient capables d'effacer l'image même des tristesses les plus désolantes, ne s'occupe que de la terre, devient tout terrestre, et vie ainsi malheureusement sujet à la malédiction qui lui a été donnée à raison du péché.

(Dieu présent partout, par M. H-M Boudon)


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