PRATIQUE DE L'EXAMEN DE CONSCIENCE, MANIÈRE DE BIEN FAIRE SON EXAMEN DE CONSCIENCE
Points principaux de l'examen de conscience
L'examen de conscience consiste en cinq points principaux :
1° Rendre grâces à Dieu des bienfaits qu'on en a reçus ;
2° Demander à Dieu la grâce de bien connaître tous ses péchés ;
3° Examiner avec soin sa conscience ;
4° Demander à Dieu le pardon des péchés qu'on a commis, et en concevoir une sincère douleur ;
5° Prendre une ferme résolution de se corriger.
PREMIER POINT
ACTIONS DE GRÂCES DES BIENFAITS DE DIEU
Jetez un coup d'œil sur les bienfaits de Dieu, afin qu'à la vue de ses bienfaits, mis en opposition avec vos offenses, vous soyez couvert de confusion, et plus sensiblement touché de votre Ingratitude, comme autrefois David, à la voix du prophète Nathan. Pénétrez-vous d'une vive reconnaissance pour tous les biens dont Dieu vous a comblé, et en particulier pour la grâce qu'il vous a faite de vous ménager, dans le sacrement de pénitence, un remède à toutes vos infirmités.
ACTE DE RECONNAISSANCE
Quelles obligations ne vous ai-je pas, ô mon Dieu, de m'avoir ménagé, après ma disgrâce, les moyens d'une réconciliation parfaite ? C'était peu de m'avoir purifié dans les eaux sacrées du baptême, vous me préparez encore un bain salutaire, dans celles de la pénitence, pour laver toutes mes iniquités ; c'est pour cela que vous avez communiqué à votre Église, en la personne de vos apôtres, le pouvoir de remettre les péchés : Accipite Spiritum Sanction : quorum remiseritis peccata, remittentur eis (Joan. 20, 22). Quelle bonté dans vous, d'avoir établi, en faveur des pécheurs, un tribunal de grâces toujours ouvert ! Pourrais-je être insensible à une marque si éclatante de votre amour ? C'est moi qui me suis éloigné de vous par le mépris que j'ai fait de votre sainte loi ; et c'est vous qui faites les premières démarches. Père de miséricorde, Dieu de bonté, soyez-en éternellement béni. Agréez que je me réfugie dans l'asile que vous m'offrez ; mais ne permettez pas que j'abuse, par une nouvelle ingratitude, de cette ressource de salut. Non, ce n'est point le respect humain, ni la coutume, ni la crainte de passer pour une âme négligente sur son salut, qui m'amène à vos pieds ; c'est le regret d'avoir mérité votre disgrâce. Eh ! Seigneur, peut-on vivre tranquille, quand on pense qu'on est votre ennemi, et qu'on a offensé le meilleur de tous les pères ?
SECOND POINT
INVOCATION DU SECOURS DE DIEU POUR CONNAÎTRE SES PÉCHÉS
Demandez à Dieu la grâce de connaître les péchés dont vous êtes coupable ; car il est bien difficile que plusieurs n'échappent à votre souvenir, vu la facilité avec laquelle souvent on les commet, et le peu d'exactitude qu'on apporte, en faisant tous les jours l'examen de sa conscience. Mais ne vous bornez pas ù demander à Dieu cette connaissance sèche et stérile de l'état de votre âme : priez-le de vous découvrir toute ta malice et la grièveté du péché.
PRIÈRE AU SAINT-ESPRIT,
POUR LUI DEMANDER LA GRÂCE DE CONNAÎTRE SES PÉCHÉS
Esprit saint, source de lumière, daignez me communiquer un rayon de votre divine intelligence, afin que rien n'échappe à l'exacte recherche que je vais faire de mes iniquités. Ô vous, qui m'avez créé, et qui devez être mon juge, vous connaissez sans doute le fond de mon cœur. Montrez-m'en tous les replis aussi distinctement que je les connaîtrai un jour, quand, au sortir de cette vie, il me faudra paraître devant vous pour subir votre jugement ; car il s'agit de le prévenir, ce jugement rigoureux ; et, si je manquais aujourd'hui d'exactitude et de droiture dans la recherche et l'aveu de mes désordres, vous réformeriez, à votre tribunal, l'injustice d'une révision trop favorable. Faites-moi donc connaître et les pensées secrètes, et les désirs déréglés, et les actions criminelles, et les omissions de mes devoirs, et les scandales que j'ai causés. Éclairez-moi, Dieu de vérité ; ne souffrez pas que l'amour que j'ai pour moi me séduise et m'aveugle : ôtez le voile qu'il me met devant les yeux, afin que rien ne m'empêche de me faire connaître, autant qu'il est nécessaire, à celui qui tient ici votre place.
AUTRE PRIÈRE POUR DEMANDER À DIEU
LA GRÂCE DE CONNAÎTRE SES PÉCHÉS
Je sais, ô mon Dieu, que je suis pécheur, et que je vous ai beaucoup offensé ; mais, de moi-même, je ne puis découvrir ni le nombre, ni l'énormité de mes péchés. Seigneur, éclairez mes ténèbres. Faites-moi connaître présentement toutes les fautes dans lesquelles je suis tombé. Je ne demande à les connaître que pour les pleurer devant vous, pour les détester, et pour me corriger à l'avenir. Donnez-moi toute l'horreur et la contrition que j'en dois avoir.
TROISIÈME POINT
EXAMEN DE CONSCIENCE
Examinez-vous avec soin sur les péchés commis depuis votre dernière confession, et sur les fautes mêmes que vous aurez pu y commettre ; mais faites cet examen sans inquiétude : on a satisfait à ses obligations sur ce point, quand on a tâché, de bonne foi et de son mieux, d'y satisfaire ; il faut pour cela une recherche de ses péchés, faite avec la même application et le même soin, qu'on apporterait dans les choses de la vie, où l'on a intention et intérêt de ne pas se tromper.
EXAMEN GÉNÉRAL DES PÉCHÉS
POUR LES CONFESSIONS ORDINAIRES
PÉCHÉS DANS LA RÉCEPTION DES SACREMENTS
Confessions précédentes. (Dans l'examen), défaut de recueillement, d'exactitude ; (dans la contrition), défaut de regret du passé, de ferme propos pour l'avenir... Sans la demander à Dieu... Sans l'exciter en soi, en se pénétrant des motifs ; (dans la confession), défaut de sincérité ; (dans la pénitence), défaut d'attention... Omission par oubli, ou négligence... Délai trop long, hors du temps marqué...
Communions. Manque des dispositions nécessaires, etc.
PÉCHÉS ENVERS DIEU
Contre la foi. Négligence à s'instruire de la religion ; à écouter les instructions... Doutes ou pensées contraires à la foi volontaires... Danger de perdre la foi encouru par des livres, discours, compagnies impies... Dissimulation de sa foi par respect humain.
Contre l'espérance. Manque de confiance en Dieu, ou désespoir et défiance de la divine miséricorde, ou découragement volontaire... Présomption de la bonté de Dieu, ou de ses propres forces.
Contre la charité. Résistance volontaire aux inspirations du ciel... Négligence à empêcher le mal quand on le doit et qu'on le peut... Respect humain, qui fait omettre le bien ou faire le mal... Oubli de Dieu, ou aversion, ou indifférence pour lui... Défaut de soumission à la conduite de sa Providence... Oubli de ses bienfaits, négligence à lui en rendre grâces... Préférence de la créature, du monde et des plaisirs... Partage de son cœur entre Dieu et quelque autre chose qu'on ne doit pas aimer, ou n'aimer que pour Dieu... Amour du prochain non pour l'amour de Dieu.
Contre la religion. Omission du rapport de ses actions à Dieu ; des actes de foi, d'espérance et de charité ; de la fréquentation des sacrements ; des pratiques journalières d'obligation (offrande de son cœur à Dieu, prières du matin et du soir, examen de conscience suivi d'un acte de contrition) ; des devoirs de religion, pour sanctifier les dimanches et fêtes (offices, messe, vêpres, sermon, prône, catéchisme, lecture de piété), ou défaut d'intention, et négligence dans la manière de les remplir... Défaut de respect à l'Église et dans les prières, inattention, postures immodestes, vue égarée, pensées étrangères, paroles inutiles, distractions et ris volontaires, scandales... Violation des saints jours par des crimes, par le travail, ventes ou achats, par les jeux, les divertissements, les compagnies qui détournent du service de Dieu... Profanation des choses saintes... Impiété ; mépris des personnes consacrées à Dieu, railleries sur la religion, la piété, la vertu ; dérisions contre ceux qui la pratiquent... Superstitions, foi aux songes, foi à la bonne aventure... Blasphèmes... Vœux téméraires ou indiscrets... Serments ou jurements vrais, mais sans nécessité, faux, vains, où le nom de Dieu est pris en vain, c'est-à-dire employé sans nécessité... Mots grossiers, ou espèces de jurements... Mensonges...
ENVERS LE PROCHAIN
En pensées... Soupçons désavantageux, ou jugements téméraires... Pensées de mépris pour sa personne... Réflexions malignes sur ses défauts... Haine, aigreur, aversion... Ressentiment ou souvenir des injures, et désir de vengeance, etc.
(Il faut déclarer si ces sentiments ont été volontaires, s'ils ont duré, s'ils ont paru au dehors, si on les a communiqués à quelqu'un, si c'est en matière grave ou légère, à l'égard de quelles personnes, supérieures ou non.)
En paroles. Calomnies, ou médisances en paroles, en chansons, par écrit, faites, entendues sans les arrêter quand on le pouvait.
(Il faut dire par quel motif on les a faites, à l'égard de quelles personnes, consacrées à Dieu, constituées en dignité, ou autres ; et devant combien de personnes ; si elles sont en chose légère ou de conséquence, et préjudiciables aux biens ou à la réputation d'autrui)...
Discours contre la charité ; rapports faits mal à propos, soit vrais, soit faux ; mauvais conseils...
(Il faut dire s'ils ont eu des suites, s'ils ont été des semences de division ou causes de dommage)...
Flatterie, faux témoignage... Déclaration du secret, ou des fautes d'autrui... Injures en paroles outrageantes, reproches des défauts, imprécations ou malédictions, en se souhaitant du mal, ou aux autres, et à quelles personnes. (Parents, maîtres, etc.).
En actions. Injuste détention du bien d'autrui... Infidélités ou tromperies au jeu, et dans les marchés... Scandale, mauvais exemple ; approbation du mal, par des applaudissements, ou même parle silence ; complicité, par tolérance ou dissimulation, d'un mal qu'on doit ou qu'on peut empêcher ; participation aux vols, ou aux fautes d'autrui ; occasion donnée au prochain d'offenser Dieu, en l'empêchant de s'acquitter de ses devoirs, et en le détournant du bien.
En omission. Négligence à restituer... À réparer des médisances... À se réconcilier... À saisir les occasions que Dieu fait naître d'aider le prochain, principalement par rapport à son salut... À s'acquitter de ses devoirs à l'égard de tous.
Envers les supérieurs. (Parents, maîtres, ou ceux qui tiennent leur place.) Manque d'estime, de respect, d'amour, d'obéissance, de fidélité, de déférence, d'assistance temporelle ou spirituelle, et de reconnaissance.
Envers les inférieurs. (Domestiques, etc.) Manque d'instruction, de bon exemple, de correction, de justice, de condescendance, de douceur et de charité.
Envers les égaux. (Frères, sœurs, condisciples) et même envers tous. Manque de complaisance, d'égards, de prévenance, de support et de patience.
ENVERS SOI-MÊME
Par orgueil. Ambition ou recherche des honneurs, ou désir immodéré de la gloire, des distinctions... Orgueil ou estime et opinion trop avantageuse de soi-même, fierté, hauteur, mépris des autres, discours avantageux de soi... Vanité ou désir de paraître, de plaire, d'attirer l'estime pour des qualités ou des avantages frivoles et étrangers à celui qui s'en prévaut (Naissance, richesses, habits, etc.). Vaine complaisance pour soi (Figure, voix, talents, vertus, bonnes-œuvres, etc.)... Présomption ; trop de confiance en ses lumières ; préférence de son jugement ; attache à son propre sens ; opiniâtreté, entêtement... Vaine gloire de quelque succès, ou avantage reçu de Dieu, sans le lui rapporter... Amour-propre ou amour pour soi, qui fait qu'on se recherche en tout, qu'on ne parle que de soi, qu'on ne s'occupe que de soi, de sa personne, ou des autres par rapport à soi et pour son intérêt personnel ; susceptibilité et sensibilité d'amour-propre ; dissimulation et excuses de ses fautes... Hypocrisie ou fausse apparence de piété ; modestie affectée.
Par avarice. Avarice ou trop d'attache aux biens de la vie... Trop d'inquiétude pour l'avenir... Dureté à l'égard des pauvres, en ne leur faisant pas l'aumône selon son pouvoir Refus du nécessaire à soi-même ou aux autres.
Par envie. Envie ou déplaisir du bien d'autrui et joie du mal qui lui arrive. Jalousie du mérite d'autrui, refus de le reconnaître ou de lui donner des éloges, ou envie des récompenses qui lui sont dues... Chagrin ou dépit de la préférence que l'on fait d'un autre ou de ses avantages... Désir de le décrier ou supplanter Désir de ce qu'il possède.
Par gourmandise. Gourmandise ou excès et avidité dans le boire et dans le manger, surtout en des choses nuisibles à la santé
(Il faut dire aussi si on y a excité les autres.)
Friandise ou recherche des choses les plus délicates Sensualité dans le boire et dans le manger aux repas, ou même hors des repas, en mangeant sans règle et sans besoin... Manquement aux abstinences et aux jeûnes ordonnés par l'Église, ou manque d'y suppléer en cas de dispense légitime.
Par colère. Mouvements de colère, d'humeur non réprimés... Emportement, vivacité, impatience à laquelle on s'est laissé aller, sans se retenir... Paroles injurieuses, querelles, coups et autres effets qui ont pu s'ensuivre... Refus de pardonner et de contribuer de sa part à la réconciliation... Occasion donnée aux autres de s'emporter... Sujets d'impatience donnés à ses parents ou à ses maîtres.
Par paresse. Paresse ou négligence des choses qui sont de devoir, d'obligation ; crainte de la peine qu'il faut prendre pour les remplir ; amour excessif du repos... Fainéantise ou amour du désœuvrement ; aversion pour l'occupation ; fuite du travail, surtout de ce lui de son état... Nonchalance ou manque de soin, d'ordre, de propreté, en laissant toutes choses à l'abandon... Oisiveté ou perte de temps, en ne faisant pas un bon emploi du temps, en négligeant de s'appliquer à ses devoirs, ou à ses études, en s'abandonnant aux divertissements permis à contre-temps, ou même à des jeux défendus... Indolence au lit, en donnant trop de temps au sommeil, ou en se laissant aller à ces délais réfléchis qu'inspire une mollesse efféminée... Négligence ou inattention et défaut d'exactitude pour s'instruire des devoirs de son état, et s'en acquitter, pour mortifier ses passions, détruire son défaut dominant, fuir les occasions et mettre en usage les moyens de se corriger.
Par luxure. Occasions ; curiosité ; mauvais livres ; lettres ou billets suspects ; mauvaises compagnies ; liaisons pernicieuses ; assemblées dangereuses ; bals, spectacles, mascarades, etc. ; jeux indécents.
(Il faut dire si on s'est exposé à l'occasion de pécher, ou si on l'a donnée aux autres.)
Pensées, désirs, paroles ou entretiens ; chansons, regards, actions, modes, ajustements et manières immodestes ; libertés, complaisances, familiarités contraires à la décence.
Nota. Nous avons un peu détaillé l'examen ci-dessus, pour les personnes peu instruites, dont le nombre augmente chaque jour, ainsi que pour la plupart des personnes du monde, dont les examens sont d'autant plus superficiels, que leur conduite est moins régulière et moins réfléchie.
QUATRIÈME POINT
DOULEUR D'AVOIR OFFENSÉ DIEU,
DE QUI ON IMPLORE LE PARDON DE SES PÉCHÉS
Présentez-vous devant la divine majesté, avec confusion, et comme un coupable chargé du poids de ses iniquités. Formez les actes de contrition et de résolution qui suivent, dans le plus profond de votre cœur, sans vous contenter de les prononcer de bouche ; et pénétrez-vous-en, y ajoutant de vous-même ce que la grâce vous suggérera : surtout, tâchez de retourner à Dieu, par un motif plus noble que celui de la crainte ; produisez un sentiment de repentir par le motif de l'amour le plus tendre.
ACTE DE CONTRITION, OU DE REGRET ET DE DOULEUR DU PASSÉ
Quel sujet de confusion pour moi, ô mon Dieu, de tomber toujours dans les mêmes fautes, si souvent, si facilement, et après vous avoir tant de fois promis de ne plus les commettre ? Comment ai-je pu pécher, en votre présence, pour si peu de chose, connaissant combien le péché vous déplaît et abusant même de vos bienfaits pour vous offenser !
Laissez-vous toucher, ô mon Dieu, par les regrets d'un cœur véritablement contrit, d'un cœur plus touché de ses fautes par le déplaisir que vous en avez reçu, que pour la punition qu'elles ont méritée ; car est-il une plus grande peine que celle d'avoir déplu à un Dieu infiniment bon et digne d'être infiniment aimé ? Je sais qu'il n'est rien de plus terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant : quel est l'homme qui pourra soutenir cette formidable sentence ? Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel ? (Matth. 24) Mais je suis encore plus pénétré de la crainte de vous perdre que de la rigueur de vos supplices. Oui, cette patience à m'attendre, cette facilité à me pardonner, cette disposition à me combler de nouvelles grâces m'attendrit de la plus vive reconnaissance ; et malgré l'excès de vos bontés et de mes ingratitudes, ma douleur est si faible qu'à peine fait-elle impression sur mon âme. Où en suis-je, ô mon Dieu !
Oh ! si mes regrets pouvaient égaler mes fautes ! Suppléez à ma douleur, Sauveur, agonisant dans le jardin des olives ; mettez dans mon cœur une goutte de cette mer d'amertume, dont votre âme fut alors inondée. Que je sois triste de mon péché, et triste jusqu'à la mort. Que votre miséricorde, qui m'inspire le désir et la résolution de laver mes péchés dans les eaux de la pénitence, vous engage à produire en moi les dispositions nécessaires à ce sacrement.
Pardon, ô mon Dieu, pour tout le mal que j'ai commis et que j'ai fait commettre : pardon pour tout le bien que je n'ai pas fait, ou que j'ai mal fait : pardon pour tous les péchés que je connais, et que je ne connais pas. Je les déteste et je les désavoue, et je voudrais réparer ; au prix de ce que j'ai de plus cher, le malheur de vous avoir offensé. Je n'avais pas compris jusqu'ici la grandeur de mes fautes, la malice du péché, l'amertume qu'il entraîne après lui ; mais à présent que je reconnais toutes vos amabilités, qu'il ne me reste plus de ma passion que le regret de l'avoir suivie, je n'aspire plus qu'à mériter ma grâce par un sincère repentir.
CINQUIÈME POINT
RÉSOLUTION DE SE CORRIGER
Il ne suffit pas d'avoir le regret de ses fautes passées, il faut encore faire un ferme propos pour l'avenir ; et c'est là le point essentiel.
ACTE DE RÉSOLUTION, OU DE FERME PROPOS POUR L’AVENIR
Vous nous l’avez promis, Seigneur, par la bouche de vos prophètes, que celui qui fera l'aveu de ses péchés, et qui y renoncera véritablement, en recevra le pardon. En vertu de cette parole infaillible, je viens vous demander grâce : car me voilà, autant que je puis juger de mon cœur, dans une disposition parfaite pour quitter le péché, et vous sacrifier tout ce que j'ai de plus cher, plutôt que de vous déplaire.
Hé quoi ! Seigneur, parce que vous êtes bon, et que vous ne mettez point de bornes à vos miséricordes ; parce que vous m'avez donné, dans le sacrement de pénitence, un moyen toujours efficace et présent de me réconcilier avec vous, sera-t-il dit que j'abuserai de vos bienfaits, pour vous offenser impunément ? Il n'en sera pas ainsi ; ô Dieu, qui voyez mes plus secrètes pensées, je vous prends à témoin, de la résolution où je suis de quitter le péché, d'éviter les occasions du péché, de travailler efficacement à détruire en particulier l'habitude du péché.
(On spécifie, devant Dieu, le péché dont on veut se corriger.)
Je l'ai promis et je le promets encore au pied de ce sacré tribunal, où, malgré mes infidélités, vous voulez me faire grâce. Je graverai votre sainte loi au fond de mon cœur ; et on m'arrachera plutôt la vie que de me faire départir de la ferme résolution où je suis de vous servir avec fidélité. Le monde sera surpris de mon changement ; il voudra me rengager dans mes premiers désordres ; mes passions se soulèveront encore, et il m'en coûtera de les réprimer ; mais je soutiendrai hautement la parole que je vous donne, malgré les persécutions des libertins et les répugnances de la nature. Juravi et statui custodire judicia justitioe tuoe. (Ps. 118) Plus de pensées, plus de paroles et d'actions contraires à la pudeur ou à la charité ; plus d'impatiences, de jurements, de mouvements de colère ; plus d'irrévérences dans les lieux saints ; plus de langueur dans votre service, ou d'omission dans mes devoirs ; plus d'attache à mes sentiments, à mes commodités et aux plaisirs : plutôt mourir, ô mon Dieu, plutôt expirer ici, devant vous, que de vous déplaire.
(Extrait de Manuel du Pénitent ou conduite pour la Contrition)