Je descendrai en esprit dans l'enfer ; je le verrai plein d'âmes, et j'en rencontrerai plusieurs qui sont damnées pour un seul péché, ou de pensée, ou de parole, ou d'action. Puis, je considérerai que tous ces réprouvés ont été des hommes comme moi, et beaucoup des chrétiens comme moi, qu'ils ont participé aux mêmes sacrements et au même sacrifice, qu'ils ont été nourris des mêmes enseignements, de la lecture des mêmes bons livres que moi ; que peut-être en un temps ils furent remarquables par leur sainteté et leur union avec Dieu. Mais peu à peu ils se relâchèrent, et vinrent à tomber en un péché mortel. Par un juste jugement de Dieu, la mort les surprit dans cet état, et ils furent très justement condamnés, parce que, comme dit l'apôtre saint Jaques, celui qui tombe en un seul péché, en transgressant un précepte, mérite d'être puni éternellement aussi bien que celui qui en viole plusieurs, par la raison qu'il offense l'infinie Majesté qui nous ordonne de les observer tous avec la même fidélité (JAC. II, 10).
Je comparerai ce péché avec les miens, qui sont si nombreux, et j'avouerai que j'ai mérité l'enfer plus que ces âmes, moi qui ai commis tant de fois ce péché, et bien d'autres encore. Oh ! combien justement Dieu aurait pu permettre que la mort me frappât lorsque je commis ma première faute, sans me donner le temps d'en faire pénitence ! Quel motif vous a déterminé, ô mon Dieu, à m'attendre plus que les autres ? Pourquoi ne m'avez-vous pas précipité comme eux dans les enfers ? Je confesse que je méritais d'être dans leur compagnie, mais puisque votre Majesté m'a si miséricordieusement attendu, je me propose avec le secours de votre grâce d'expier toutes mes fautes par une rigoureuse et sincère pénitence.
(Extrait de Méditations sur les mystères de notre sainte foi par le V. P. Louis Du Pont)
Reportez-vous à Le nombre de ceux qui seront sauvés est très-petit, selon ce que la Foi nous enseigne, et Je comparerai mes péchés aux péchés d'Adam.