Considérez que ce n'est pas seulement par rapport à cette foule presque innombrable d'infidèles, qui occupent plus des deux tiers de la terre, que le nombre de ceux qui seront sauvés est petit, c'est encore par rapport à cette grande multitude de Fidèles, qui se perdent dans la bonne Religion.
Il est peu de vérités dans le Christianisme plus clairement, et plus solidement établies que celle-ci.
Entrez par la porte étroite, nous dit le Fils de Dieu ; car celle qui conduit à la perdition est large et spacieuse, et le nombre de ceux qui y passent est grand ; mais que celle qui conduit à la vie est étroite, et qu'il y a peu de gens qui en trouvent l'entrée ! (Matth. 7, 13-14)
Plusieurs sont appelés, dit-il ailleurs, mais de ceux mêmes qui sont appelés, il y en a peu qui soient élus. Il répète la même chose et en mêmes termes dans un autre endroit. Cette terrible vérité que le Sauveur répétait si souvent à ses Disciples, ayant porté quelqu'un d'eux à lui faire cette demande : Seigneur, le nombre de ceux qui seront sauvés est-il si petit ? Le Fils de Dieu, de peur de trop effrayer ceux qui l'écoutaient, sembla vouloir éluder la question, se contentant de dire pour toute réponse : Mes enfants, la porte du Ciel est étroite, faites tous vos efforts pour y entrer.
L'Apôtre plein de l'esprit de son Maître, compare indifféremment tous les Chrétiens à ceux qui courent dans la lice. Ils courent tous, dit-il, mais il n'y en a qu'un qui remporte le prix de la course ; comparant ceux qui seront sauvés à celui qui remporte le prix. Et pour nous faire bien entendre, que c'est des Fidèles qu'il parle, il apporte l'exemple des Israélites : Vous n'ignorez pas, mes Frères, dit-il, que nos Pères ont tous été sous la même Nuée, et qu'ils ont tous passé la Mer Rouge, qu'ils ont tous été baptisés par le ministère de Moïse dans la Nuée, et dans la Mer ; qu'ils ont mangé tous la même viande mystérieuse, et qu'ils ont bu tous le même breuvage mystérieux. Ils buvaient au reste de la pierre mystérieuse qui les suivait et cette pierre était Jésus-Christ (I Cor. 10). Toutes ces merveilles ne se faisaient que pour les conduire dans la Terre de promission ; et combien pensez-vous qu'il y en eut qui y arrivèrent ; De plus de six cent mille homme, qui étaient sortis de l'Égypte, il n'y eut que Caleb, Josué, qui eurent le bonheur d'entrer dans cette Région fortunée.
Isaïe compare le nombre des Élus à ce petit nombre d'Olives qui restent sur les Oliviers après la récolte, à ce peu de Raisins qui échappent à la diligence des vendangeurs.
Outre les oracles formels, et les fréquentes comparaisons dont l'Écriture se sert, pour nous convaincre de cette vérité terrible, elle nous met encore devant les yeux certains exemples qui nous la font mieux sentir.
De tous les Habitants de l'Univers, une seule famille échappée aux eaux du Déluge ; de cinq grandes Villes, qui sont consumées par le feu du ciel, il n'y a que quatre personnes qui se sauvent de l'incendie ; de tant de Paralytiques, qui attendaient autour de la Piscine, il n'y en avait qu'un chaque fois qui fût guéri ; Il y avait plusieurs veuves en Israël au temps d'Élie, disait le Sauveur du monde, néanmoins ce Prophète ne fut envoyé qu'à une veuve de Sarepta. Il y avait plusieurs Lépreux en Israël au temps du Prophète Élisée, et pas un d'eux ne fut guéri, mais seulement Naaman.
De toutes les vérités de notre Religion, il n'en est point de plus effrayante, cependant, en est-on beaucoup touché ?
Quand il serait vrai, que de dix-mille personnes il ne devrait y en avoir qu'un seul de damné, je devrais encore trembler, et craindre que je ne fusse ce malheureux. Hélas ! peut-être de dix mille à peine s'en trouvera-t-il un seul de sauvé ; et je vis en repos ! et je ne crains rien ! Mais n'ai-je point d'autant plus sujet de craindre, que je crains moins ? Ma sureté là-dessus ne peut être qu'un effet de mon erreur, et de mon aveuglement, qui me cachant le danger où je suis, me met hors d'état, ou de m'en tirer, ou de le prévenir.
Qu'on dise qu'un Vaisseau a péri, combien de gens sont en peine ? Et quoiqu'il y ait plus de dix mille Bâtiments en Mer, la nouvelle du naufrage d'un seul fait craindre tous ceux qui négocient. Et quoi ! nous savons que de tous ceux qui vivent à présent sur la terre, très peu arriveront au port du salut éternel, que la plupart seront un triste naufrage ; qui m'a dit que je ne serai pas du nombre de ces malheureux ? Si le Fils de Dieu avait dit, que tous les Chrétiens seront sauvés, et qu'il l'eût dit aussi distinctement qu'il a dit que les Élus seront en petit nombre ; vivrions-nous dans une plus grande sécurité sur l'affaire de notre salut ? nous convenons que tout est plein d'écueils, que nous sommes en grand danger de nous perdre, nous sommes cependant tranquilles ; qui nous rassure ? Avons-nous moins à craindre, pour être moins sur nos gardes ? Et pour avoir été moins sensibles à notre perte, en serons-nous moins malheureux ?
Hélas ! quand nous n'aurions d'autre sujet de craindre que cette fatale sécurité, que cette étrange insensibilité où nous vivons, n'y en aurait-il pas encore trop pour nous faire trembler sur notre sort ?
On n'y pense pas ; et à quoi est-ce donc que l'on pense, si l'on ne pense pas à l'éternité ? Est-ce qu'on ne la croit pas ? Mais peut-on la croire sans la craindre ? Peut-on la craindre sans y penser ?
D'où nous peut venir cette prétendue intrépidité, cette assurance si grande dans un si grand danger ? Les plus grands Saints ont craint pour leur salut ; Saint Paul lui-même a tremblé, et nous ne craignons rien. Car se pourrait-il que nous craignissions véritablement, et que nous ne changeassions pas de conduite ? Je crains d'être damné en vivant aussi mal que je fais ; et je n'en vis pas mieux ?
Qu'on craigne sur Mer un naufrage, on sacrifie tout pour sauver sa vie ; on jette dans la Mer, et presque sans regret ce qu'on a de plus précieux. On ne balance point à perdre en un moment les fruits des plus longs travaux ; mais s'agit-il du salut éternel ? on aime mieux tout risquer, que de se priver de la moindre chose.
Hélas ! si une maladie contagieuse se répand dans une Ville, chacun appréhende pour soi, que de remèdes ! que de préservatifs ! on se prive des plus honnêtes divertissements ; les jeux, les assemblées ne sont plus de saison ; on s'interdit tout commerce, on se condamne à une affreuse solitude. Mon Dieu ! pourquoi tant de précautions ? C'est qu'on craint la mort ; et ne craignons-nous point d'être damnés, sachant que la plupart du monde se damne ? Est-ce qu'un malheur éternel n'est pas à craindre ? La multitude court à la perdition, peut-être n'y aura-t-il qu'un seul de sauvé dans ma famille, et je ne prends pas tous les moyens possibles pour être cet heureux prédestiné ! et pour assurer mon salut, je ne puis me résoudre à un jour de retraite, à éviter certains dangers, à user de quelques précautions, à prendre des mesures justes ; quelle stupidité ! Est-ce que nous comptons sur la bonté de notre vocation, sur la sainteté de notre état, sur les talents que Dieu nous a donnés, sur les moyens qu'il nous présente ? Hélas ! qui fût jamais mieux appelé que Saül à la Royauté, que Judas à l'Apostolat ? Cependant Saül a été réprouvé ; Judas s'est perdu à la suite même de Jésus-Christ, et à la vue de ses miracles.
Salomon le plus sage des hommes nous a laissé un grand sujet de douter de son salut : un grand nombre de Héros Chrétiens parvenus à une vertu presque consommée ; par une trop grande assurance de leur salut, se sont enfin malheureusement perdus, et ont été damnés avec tous leurs prétendus mérites, et il n'y aura rien à craindre pour moi ?
Hélas ! le seul manque de cette crainte salutaire me doit faire tout craindre ; en matière de salut éternel, c'est être déjà comme perdu, que de ne pas appréhender de se perdre. Est-il quelque chose au monde que je doive plus appréhender, que de périr éternellement ?
Mon divin Rédempteur, qui avez donné tout votre Sang pour me sauver, et qui daignez me faire voir le danger où je suis, ne permettez pas que je périsse ! Et quoi, mon Dieu, serai-je du nombre des réprouvés ! Cette pensée me fait frémir, je sais cependant que plusieurs sont damnés après avoir eu cette pensée.
Il est vrai, Seigneur, que j'ai suivi la foule jusqu'à présent ; j'ai marché par la voie large ; mais, mon Dieu, je suis bien résolu de marcher désormais par le chemin étroit, et de faire tous mes efforts par la porte étroite. Qu'on se précipite en foule dans les Enfers ; quand il ne devrait y avoir qu'un seul sauvé dans cette Ville, je veux que ce soit moi, et j'espère de l'être, mon doux Jésus, avec le secours de votre grâce, puisque je sais que ce ne sera que par ma faute, si je suis assez malheureux pour être damné : quoique les grâces que vous m'avez faites jusqu'ici n'aient eu nul effet, j'ai tout sujet d'espérer, que celle que vous me faite à présent sera efficace. Oui, mon Dieu, quelque petit que soit le nombre de ceux qui seront sauvés, je veux, quoiqu'il m'en coûte, je veux être de ce petit nombre ; et les sentiments que vous me donnez, m'assurent que vous voulez vous-même que j'en sois.
(Extrait de Retraite spirituelle pour un jour de chaque mois)
Reportez-vous à Seconde Méditation sur le petit nombre des Élus : Le nombre de ceux qui seront sauvés est très-petit, selon ce que la raison même nous apprend, Deuxième Motif de Contrition : La Justice de Dieu, Employez bien la liberté que Dieu vous donne, et concevez une horreur de la séparation éternelle de Dieu, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur le salut, Sermon sur l'Enfer, par M. J.-M.-B. Vianney, Du jugement et des peines des pécheurs, Extrait du Sermon sur la Mort de Saint Robert Bellarmin, Personne n'est-il revenu de l'Enfer ?, Méditation sur l'affaire du salut, Méditation sur l'exemple de la multitude, et La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés.
Il est peu de vérités dans le Christianisme plus clairement, et plus solidement établies que celle-ci.
Entrez par la porte étroite, nous dit le Fils de Dieu ; car celle qui conduit à la perdition est large et spacieuse, et le nombre de ceux qui y passent est grand ; mais que celle qui conduit à la vie est étroite, et qu'il y a peu de gens qui en trouvent l'entrée ! (Matth. 7, 13-14)
Plusieurs sont appelés, dit-il ailleurs, mais de ceux mêmes qui sont appelés, il y en a peu qui soient élus. Il répète la même chose et en mêmes termes dans un autre endroit. Cette terrible vérité que le Sauveur répétait si souvent à ses Disciples, ayant porté quelqu'un d'eux à lui faire cette demande : Seigneur, le nombre de ceux qui seront sauvés est-il si petit ? Le Fils de Dieu, de peur de trop effrayer ceux qui l'écoutaient, sembla vouloir éluder la question, se contentant de dire pour toute réponse : Mes enfants, la porte du Ciel est étroite, faites tous vos efforts pour y entrer.
L'Apôtre plein de l'esprit de son Maître, compare indifféremment tous les Chrétiens à ceux qui courent dans la lice. Ils courent tous, dit-il, mais il n'y en a qu'un qui remporte le prix de la course ; comparant ceux qui seront sauvés à celui qui remporte le prix. Et pour nous faire bien entendre, que c'est des Fidèles qu'il parle, il apporte l'exemple des Israélites : Vous n'ignorez pas, mes Frères, dit-il, que nos Pères ont tous été sous la même Nuée, et qu'ils ont tous passé la Mer Rouge, qu'ils ont tous été baptisés par le ministère de Moïse dans la Nuée, et dans la Mer ; qu'ils ont mangé tous la même viande mystérieuse, et qu'ils ont bu tous le même breuvage mystérieux. Ils buvaient au reste de la pierre mystérieuse qui les suivait et cette pierre était Jésus-Christ (I Cor. 10). Toutes ces merveilles ne se faisaient que pour les conduire dans la Terre de promission ; et combien pensez-vous qu'il y en eut qui y arrivèrent ; De plus de six cent mille homme, qui étaient sortis de l'Égypte, il n'y eut que Caleb, Josué, qui eurent le bonheur d'entrer dans cette Région fortunée.
Isaïe compare le nombre des Élus à ce petit nombre d'Olives qui restent sur les Oliviers après la récolte, à ce peu de Raisins qui échappent à la diligence des vendangeurs.
Outre les oracles formels, et les fréquentes comparaisons dont l'Écriture se sert, pour nous convaincre de cette vérité terrible, elle nous met encore devant les yeux certains exemples qui nous la font mieux sentir.
De tous les Habitants de l'Univers, une seule famille échappée aux eaux du Déluge ; de cinq grandes Villes, qui sont consumées par le feu du ciel, il n'y a que quatre personnes qui se sauvent de l'incendie ; de tant de Paralytiques, qui attendaient autour de la Piscine, il n'y en avait qu'un chaque fois qui fût guéri ; Il y avait plusieurs veuves en Israël au temps d'Élie, disait le Sauveur du monde, néanmoins ce Prophète ne fut envoyé qu'à une veuve de Sarepta. Il y avait plusieurs Lépreux en Israël au temps du Prophète Élisée, et pas un d'eux ne fut guéri, mais seulement Naaman.
De toutes les vérités de notre Religion, il n'en est point de plus effrayante, cependant, en est-on beaucoup touché ?
Quand il serait vrai, que de dix-mille personnes il ne devrait y en avoir qu'un seul de damné, je devrais encore trembler, et craindre que je ne fusse ce malheureux. Hélas ! peut-être de dix mille à peine s'en trouvera-t-il un seul de sauvé ; et je vis en repos ! et je ne crains rien ! Mais n'ai-je point d'autant plus sujet de craindre, que je crains moins ? Ma sureté là-dessus ne peut être qu'un effet de mon erreur, et de mon aveuglement, qui me cachant le danger où je suis, me met hors d'état, ou de m'en tirer, ou de le prévenir.
Qu'on dise qu'un Vaisseau a péri, combien de gens sont en peine ? Et quoiqu'il y ait plus de dix mille Bâtiments en Mer, la nouvelle du naufrage d'un seul fait craindre tous ceux qui négocient. Et quoi ! nous savons que de tous ceux qui vivent à présent sur la terre, très peu arriveront au port du salut éternel, que la plupart seront un triste naufrage ; qui m'a dit que je ne serai pas du nombre de ces malheureux ? Si le Fils de Dieu avait dit, que tous les Chrétiens seront sauvés, et qu'il l'eût dit aussi distinctement qu'il a dit que les Élus seront en petit nombre ; vivrions-nous dans une plus grande sécurité sur l'affaire de notre salut ? nous convenons que tout est plein d'écueils, que nous sommes en grand danger de nous perdre, nous sommes cependant tranquilles ; qui nous rassure ? Avons-nous moins à craindre, pour être moins sur nos gardes ? Et pour avoir été moins sensibles à notre perte, en serons-nous moins malheureux ?
Hélas ! quand nous n'aurions d'autre sujet de craindre que cette fatale sécurité, que cette étrange insensibilité où nous vivons, n'y en aurait-il pas encore trop pour nous faire trembler sur notre sort ?
On n'y pense pas ; et à quoi est-ce donc que l'on pense, si l'on ne pense pas à l'éternité ? Est-ce qu'on ne la croit pas ? Mais peut-on la croire sans la craindre ? Peut-on la craindre sans y penser ?
D'où nous peut venir cette prétendue intrépidité, cette assurance si grande dans un si grand danger ? Les plus grands Saints ont craint pour leur salut ; Saint Paul lui-même a tremblé, et nous ne craignons rien. Car se pourrait-il que nous craignissions véritablement, et que nous ne changeassions pas de conduite ? Je crains d'être damné en vivant aussi mal que je fais ; et je n'en vis pas mieux ?
Qu'on craigne sur Mer un naufrage, on sacrifie tout pour sauver sa vie ; on jette dans la Mer, et presque sans regret ce qu'on a de plus précieux. On ne balance point à perdre en un moment les fruits des plus longs travaux ; mais s'agit-il du salut éternel ? on aime mieux tout risquer, que de se priver de la moindre chose.
Hélas ! si une maladie contagieuse se répand dans une Ville, chacun appréhende pour soi, que de remèdes ! que de préservatifs ! on se prive des plus honnêtes divertissements ; les jeux, les assemblées ne sont plus de saison ; on s'interdit tout commerce, on se condamne à une affreuse solitude. Mon Dieu ! pourquoi tant de précautions ? C'est qu'on craint la mort ; et ne craignons-nous point d'être damnés, sachant que la plupart du monde se damne ? Est-ce qu'un malheur éternel n'est pas à craindre ? La multitude court à la perdition, peut-être n'y aura-t-il qu'un seul de sauvé dans ma famille, et je ne prends pas tous les moyens possibles pour être cet heureux prédestiné ! et pour assurer mon salut, je ne puis me résoudre à un jour de retraite, à éviter certains dangers, à user de quelques précautions, à prendre des mesures justes ; quelle stupidité ! Est-ce que nous comptons sur la bonté de notre vocation, sur la sainteté de notre état, sur les talents que Dieu nous a donnés, sur les moyens qu'il nous présente ? Hélas ! qui fût jamais mieux appelé que Saül à la Royauté, que Judas à l'Apostolat ? Cependant Saül a été réprouvé ; Judas s'est perdu à la suite même de Jésus-Christ, et à la vue de ses miracles.
Salomon le plus sage des hommes nous a laissé un grand sujet de douter de son salut : un grand nombre de Héros Chrétiens parvenus à une vertu presque consommée ; par une trop grande assurance de leur salut, se sont enfin malheureusement perdus, et ont été damnés avec tous leurs prétendus mérites, et il n'y aura rien à craindre pour moi ?
Hélas ! le seul manque de cette crainte salutaire me doit faire tout craindre ; en matière de salut éternel, c'est être déjà comme perdu, que de ne pas appréhender de se perdre. Est-il quelque chose au monde que je doive plus appréhender, que de périr éternellement ?
Mon divin Rédempteur, qui avez donné tout votre Sang pour me sauver, et qui daignez me faire voir le danger où je suis, ne permettez pas que je périsse ! Et quoi, mon Dieu, serai-je du nombre des réprouvés ! Cette pensée me fait frémir, je sais cependant que plusieurs sont damnés après avoir eu cette pensée.
Il est vrai, Seigneur, que j'ai suivi la foule jusqu'à présent ; j'ai marché par la voie large ; mais, mon Dieu, je suis bien résolu de marcher désormais par le chemin étroit, et de faire tous mes efforts par la porte étroite. Qu'on se précipite en foule dans les Enfers ; quand il ne devrait y avoir qu'un seul sauvé dans cette Ville, je veux que ce soit moi, et j'espère de l'être, mon doux Jésus, avec le secours de votre grâce, puisque je sais que ce ne sera que par ma faute, si je suis assez malheureux pour être damné : quoique les grâces que vous m'avez faites jusqu'ici n'aient eu nul effet, j'ai tout sujet d'espérer, que celle que vous me faite à présent sera efficace. Oui, mon Dieu, quelque petit que soit le nombre de ceux qui seront sauvés, je veux, quoiqu'il m'en coûte, je veux être de ce petit nombre ; et les sentiments que vous me donnez, m'assurent que vous voulez vous-même que j'en sois.
(Extrait de Retraite spirituelle pour un jour de chaque mois)
Reportez-vous à Seconde Méditation sur le petit nombre des Élus : Le nombre de ceux qui seront sauvés est très-petit, selon ce que la raison même nous apprend, Deuxième Motif de Contrition : La Justice de Dieu, Employez bien la liberté que Dieu vous donne, et concevez une horreur de la séparation éternelle de Dieu, Catéchisme du Saint Curé d'Ars : Sur le salut, Sermon sur l'Enfer, par M. J.-M.-B. Vianney, Du jugement et des peines des pécheurs, Extrait du Sermon sur la Mort de Saint Robert Bellarmin, Personne n'est-il revenu de l'Enfer ?, Méditation sur l'affaire du salut, Méditation sur l'exemple de la multitude, et La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés.