dimanche 1 août 2021

Avantages que produit la crainte de Dieu


Job rétabli dans sa propérité

Afin que nous connaissions encore mieux le mérite de cette crainte salutaire, et que nous nous efforcions toujours de plus en plus de la conserver dans notre cœur, nous détaillerons ici quelques-uns des avantages qu'elle procure. Premièrement cette crainte, loin de nous faire perdre la confiance et d'abattre notre courage, ne sert au contraire qu'à le fortifier, et à nous relever, lorsque nous sommes faibles ; parce que semblable à l'humilité, elle porte celui qui en est bien pénétré, à se défier de lui-même, et à mettre toute sa confiance en Dieu. Au commun des hommes la hardiesse donne des forces, et la peur les rend faibles ; mais ici c'est la hardiesse qui rend les hommes faibles, et la crainte de Dieu au contraire leur donne des forces, suivant ces paroles du Sage : C'est dans la crainte de Dieu que consiste la confiance et la force :  parce que celui qui craint véritablement Dieu, ne voit rien d'ailleurs qu'il puisse craindre ; toutes les oppositions des mondains lui paraissent trop méprisables, pour s'en faire un sujet d'appréhension : Celui qui craint le Seigneur, dit l'Écriture, n'aura peur de rien, il ne craindre rien, parce que le Seigneur est son espérance.
Un autre avantage est que la crainte de Dieu ne cause aucun chagrin, aucune amertume : elle ne fait aucune peine à l'esprit, elle ne lui cause aucun embarras, elle lui inspire au contraire une douce tranquillité et une joie pure. La crainte qu'ont quelquefois les gens du monde de perdre leurs biens ou leur honneur, et la crainte servile de la mort et de l'enfer, causent véritablement des inquiétudes, du chagrin et de la douleur ; mais cette crainte filiale que des Chrétiens bien nés ont de plaire à leur souverain Père, entretient leur âme dans une joie sainte, et attendrit continuellement leur cœur par les actes d'amour de Dieu qu'elle leur fait continuellement produire. Ne permettez pas, Seigneur, lui dit-on alors, que rien ne me sépare jamais de vous... Faites, ô mon Dieu ! que je meure mille fois plutôt que de vous offenser. La crainte de Dieu, dit l'Écriture, est la gloire même, et le comble de toute sorte de gloire : c'est la joie même, et l'accomplissement de toute sorte de joie... La crainte de Dieu réjouira le cœur : elle donnera du plaisir et de la joie, elle fera vivre longtemps... Celui qui craint, sera heureux à la fin de ses jours, et il sera béni au jour de sa mort.
Voyez avec quelle abondance de paroles, et avec quelle variété d'expressions le Sage parle ici de la joie et de la satisfaction que porte avec soi la crainte de Dieu. Ce n'est pas une crainte qui nous fasse trembler, comme des esclaves qui craignent le châtiment ; c'est une crainte qui naît de l'amour : plus on aime Dieu, plus aussi on craint de l'offenser et de lui déplaire. C’est ainsi que plus un enfant bien né aime son père, plus il s'applique à prévenir ses désirs ; et que plus une femme vertueuse a de tendresse pour son mari, plus elle s'attache à lui plaire, et plus elle est attentive à éviter ce qui pourrait lui faire la moindre peine.
En un mot, toutes les louanges que l’Écriture Sainte donne aux humbles, et tous les avantages qu'elle leur attribue, elle les donne également à ceux qui ont la crainte du Seigneur, et presque dans les mêmes termes. Car si elle dit que Dieu arrête ses regards sur les humbles et sur les pauvres, elle dit aussi, que les yeux du Seigneur veillent sur ceux qui le craignent : si elle dit qu'il élève les humbles, et qu'il les comble de biens, elle dit pareillement que sa miséricorde éclate de race en race sur ceux qui le craignent, et que ceux qui craignent Dieu, seront grands auprès de lui en toutes choses.
Enfin, tout ce que le Sage dit de l'excellence de la sagesse, il l'applique presque toujours à la crainte de Dieu, en disant que la crainte de Dieu est la véritable sagesse. Job parle aussi dans les mêmes termes de cette crainte salutaire : la crainte de Dieu, dit-il, est la sagesse même. Ainsi nous voyons que tout ce qui s'est dit de la sagesse, nous pouvons aussi avec autant de raison le dire de la crainte de Dieu. Il y a encore plus ; car le Sage dit que la consommation de la sagesse est de craindre Dieu : et dans un autre endroit, après s'être écrié : Que celui-là est grand qui a trouvé la sagesse et la science ! il ajoute aussitôt : Mais il n'est pas plus grand que celui qui craint le Seigneur... La crainte Dieu excelle par-dessus toute chose... Heureux l'homme, à qui il est donné d'avoir la crainte de Dieu ! À qui pourra-t-on comparer celui qui l'a véritablement dans le cœur ?

(Abrégé de la Pratique de la Perfection Chrétienne)


Reportez-vous à De la crainte de Dieu : et que cette crainte salutaire est un souverain remède contre les tentations d'impureté, De la crainte de Dieu, Méditation sur la crainte de Dieu, et De la reformation de la crainte.