Malheur au monde dans ses occupations, car il est tout attaché à ce qui passe ; et ce qui ne finira jamais, ne l'occupe point. Nous le savons de la propre bouche d'un Dieu, qu'il n'y a qu'une chose nécessaire, donc tout le reste ne l'est pas : et c'est cette unique chose nécessaire que le monde néglige, et c'est le reste à qui il donne toutes ses attentions. Vraiment c'est bien ici qu'il faut crier, Au monde renversé ; car c'est un étrange renversement de ne point s'appliquer à l'unique chose nécessaire, et de n'avoir de l'empressement que pour ce qui ne l'est pas. N'est-ce pas pour cela que la divine parole nous avertit que le nombre des fous est infini ? Car si l'on considère bien ce qui se passe dans le monde, on le verra tout plein de ces insensés.
Que l'on aille de ville en ville, de village en village, de Province en Province, de Royaume en Royaume, vous y trouverez des gens dont l'esprit, la mémoire et la volonté sont pleins de pensées, du souvenir et de l'affection des choses temporelles. L'attachement aux honneurs, aux plaisirs et aux richesses est l'esprit dominant de la terre : c'est où tendent les soins, les inquiétudes, les recherches et les poursuites de la plupart des hommes. La joie du monde est dans leur possession, sa tristesse dans leur privation. Tous cherchent leur intérêt, nous dit l'Apôtre, et cet intérêt ne regarde que la vie présente. C'est cet intérêt qui règne dans toutes les conditions, dans les grands et les petits, parmi les Magistrats et leurs Officiers, les Marchands et les Artisans, les Laboureurs et les Vignerons, et enfin dans les personnes de toutes sortes d'états.
Saint Jean Chrysostôme déplorant ce malheur du siècle, qui pense si peu à l'éternité, et tant à la terre, dit qu'il voudrait avoir une voix qui se fit entendre dans toutes les parties du monde, pour crier avec le Prophète : Ô enfants des hommes, jusqu'à quand aurez-vous le cœur pesant ? Pourquoi aimez-vous la vanité, et cherchez-vous le mensonge ? C'est la terre et ce qui s'y passe qui donne le branle et le mouvement à toutes les entreprises. C'est ce qui fait le sujet des maux publics, des guerres qui désolent les Royaumes, et des maux des particuliers, les procès, les divisions et les querelles. C'est l'amour des biens de la terre, qui fait faire des voyages aux Marchands, et aller d'un bout du monde à l'autre : c'est ce qui leur fait exposer leurs vies à mille dangers, se priver des personnes qui leur sont plus chères, et de la douceur de leur patrie. Si l'on ouvrait les lettres des Postes, on les verrait pleines de nouvelles et d'affaires de la terre.
Ceux qui sont les sérieux dans le grand monde, qui éclatent davantage, qui y sont dans la plus haute estime, sont ceux qui sont le plus dans l'empressement des affaires, qui y sont les plus désoccupés du Créateur, et les plus occupés des créatures. La sagesse du monde consiste à amasser des biens, à en acquérir tous les jours de plus en plus, à bâtir des maisons, à dresser des jardins, à conduire des fontaines, et les faire venir de loin ; et tout d'un coup il faut mourir sans qu'il en reste rien. Les plaisirs du monde sont de tenir bonne table, de faire une idole de son ventre, ou d'attacher à des cartes, comme parle un serviteur de notre seigneur, un esprit immortel, qui n'est fait que pour être éternellement à Dieu. Si l'on se met au jeu, ajoute-t-il, ce n'est pas pour passer le temps, mais pour le perdre. Ha ! si ces gens voyaient les heures qui roulent sur leurs têtes, comme elles passent, et s'en vont dedans l'éternité, criant vengeance, creuses et vides qu'elles sont, ou pleines d'inutilités ! Si après le jeu on pénétrait dans leurs âmes, oh ! qu'on les verrait faibles, sans aucune bonne pensée, sans aucun sentiment de dévotion ! L'ardeur du jeu a tout tari ; elles ont perdu toutes leurs forces à ne rien faire. Grand Dieu, si nous devons payer à votre justice jusqu'à un moment mal employé, où trouveront ces personnes de quoi satisfaire pour tant d'heures si honteusement prodiguées ? Mais que répondront-elles à votre redoutable Tribunal aux plaintes de tant de pauvres qui ont souffert dans leurs besoins, après avoir dissipé si malheureusement leur argent ? Que diront-elles aux justes reproches de leurs créanciers que l'on ne payait point ; des artisans, des ouvriers, et même de leurs serviteurs ?
L'occupation des Dames est après des cheveux, à se regarder dans un miroir, en des ajustements, à parler de leurs jupes, de leurs habits, des modes. Il y en a, dit le serviteur de Dieu, que nous venons de citer, qui font vanité de la nudité de leurs gorges, et il se trouvera telle femme qui aura damné plus d'âmes par ses appas étudiés, que plusieurs Saints n'en ont gagné par beaucoup de travaux. Ô cieux ! ô terre ! dites-nous : Est-il possible que celles qui mettent les âmes en Enfer, puissent prétendre un Paradis ?
Combien y en a-t-il qui disent qu'ils ne savent que faire, qui passent leur vie dans l'oisiveté, qui est la cause, dit l'Écriture, de beaucoup de maux, et qui en a été appelée avec justice l'école et l'académie ? Le Saint-Esprit nous enseigne que l'oisiveté a été l'une des causes de l'iniquité de Sodome, et ensuite de sa totale ruine : mais les travaux de ceux qui font plus de bruit dans le monde, ne sont, comme parle le Prophète Isaïe, que des toiles d'araignées. Tous ces honneurs où ils ont été élevés, tous cet amas de biens qu'ils ont acquis, ne sont rien en effet ; ce sont des choses qui leur deviennent inutiles à leur mort, et comme des toiles d'araignées auxquelles ils se sont occupés toute leur vie ; et l'on peut dire de leurs années, pour parler avec le Psalmiste, qu'elles sont semblables à l'araignée. Ces gens que l'on appelle dans le siècle les gens d'affaires, ces gens toujours occupés, qui à peine ont le loisir de penser à Dieu ; semblables à l'araignée qui s'ôte les entrailles dans son travail, ils emploient tout leur esprit et toutes leurs forces. Et comme le travail de l'araignée des jours et des nuits, et dans les maisons des Rois, de même que dans celles des plus chétives personnes, se termine à prendre des mouches, aussi tous leurs travaux se réduisent à rien.
C'est de la manière cependant que se passent les choses parmi ce que le monde a de plus illustre, parmi la Noblesse et les plus grands Seigneurs ; c'est de la sorte que l'on emploie le temps qui est quelque chose de si précieux. Quels regrets, lorsque la valeur en sera connue, et que l'on verra le mauvais usage que l'on en aura fait ! S. Jean dans son apocalypse dit qu'il vit un Ange debout sur la mer et sur la terre, qui leva la main au ciel, et qui jura par celui qui vit dans les siècles des siècles, qui a créé le ciel et ce qui est dans le ciel, la terre et ce qui est dans la terre, la mer et ce qu'il a dans la mer, qu'il n'y aurait plus de temps. Il faut que cette nouvelle soit étrangement terrible, puisque le Fils de Dieu l'annonce avec un jurement si solennel ; car c'était lui qui parlait par cet Ange.
Ô quelle chose effroyable de n'avoir plus de temps pour travailler à son salut ! Que ne voudraient point faire toutes les personnes qui sont en l'autre vie, où elles découvrent d'une manière inexplicable l'inutilité, la vanité, le rien de tous les emplois, que le monde appelle les grandes affaires. Ah ! si elles pouvaient avoir quelques moments d'une infinité qu'elles ont perdu si malheureusement !
Elles découvrent pour lors la grandeur de Dieu, et ensuite le prix de son sang ; et elles connaissent que le temps qui est donné aux hommes depuis le péché d'Adam, lui a coûté ce sang adorable, lui a coûté sa vie ; qu'une goutte de ce sang vaut plus que tout l'or, tout l'argent, tous les trésors de la terre, plus que toutes les Couronnes et les Empires, plus que tout le monde et les millions de mondes, plus que toutes les vies des Anges et des hommes ; et que cependant le temps est le prix de ce sang. Ah ! il est donc vrai, perdre un moment de ce temps est plus que de perdre toutes ces choses, si on les avait en sa possession. Perdre un moment de ce temps est un larcin d'un bien d'une valeur infinie. Mais si les hommes condamnent à la mort un voleur pour avoir dérobé quelque somme d'argent, quel jugement doivent attendre ceux qui ont dérobé à notre Sauveur ce qui lui a coûté sa vie ?
Après cela peut-on dire qu'il reste quelque peu de bon sens au monde et aux sages du monde, aux beaux Esprits du siècle ? Sachez encore, ô hommes, et nous en avons déjà remarqué quelque chose, qu'il n'y a point de moment dans le temps, dans lequel nous ne puissions acquérir la possession d'un Dieu. Ô hommes sans jugement, revenez à vous : insensés, devenez enfin sages. Voilà une affaire de grande conséquence, et elle est d'un conséquence infinie : ce que Dieu a préparé à ceux qui l'aiment, est ce que l'œil n'a point vu, ni l'oreille entendu, ni le cœur de l'homme conçu ; car c'est lui-même qui se veut donner avec toutes ses grandeurs incompréhensibles. c'est pour ce bien infini que le temps nous est donné, et vous l'employez tout aux choses viles et basses d'une vie qui disparaît comme l'ombre.
Rentrez dans vous-mêmes, et considérez quelle part Dieu a dans tous vos désirs, tous vos desseins, tous vos emplois. Il faut s'acquitter des devoirs de son état. Les personnes destinées à l'étude doivent étudier, les Magistrats doivent s'appliquer à rendre la justice ; les Artisans, les Laboureurs, les Vignerons doivent travailler. Les pères et les mères, les maîtres doivent prendre soin de leurs enfants, de leurs familles, de leurs valets. Les serviteurs sont obligés à servir. Ce n'est pas ce que l'on blâme, mais c'est le peu de vue que l'on a de Dieu dans toutes ces choses. Les besoins de la vie présente demandent que l'on y pense, il est vrai ; mais comment penser si peu à ce qui doit arriver dans l'éternité ?
Il y a vingt-quatre heures dans le jour ; combien en donne-t-on pour penser sérieusement à l'éternité et au grand Dieu de l'éternité ? Le monde est toujours le monde, c'est-à-dire, toujours un aveugle et un insensé : il ne manque pas de répondre que l'on a tant d'affaires, et nous l'avons déjà écrit, que l'on n'en a pas le loisir. Peut-on dire quelque chose de plus ridicule ? Ces affaires pourtant n'empêchent pas qu'on n'ait le loisir de manger, de boire, de dormir, et de prendre les autres besoins nécessaires pour le corps : et après tout on n'en a pas pour se sauver, pour acquérir une éternité de gloire, ou éviter une éternité de peines.
Il y a plus, dans le temps même que l'on destine pour penser à Dieu, ou l'on s'en oublie, ou l'on y pense mal, ou même on l'offense. Voyez les gens du monde ; leur pauvre esprit pendant leurs prières n'est plein que de pensées de la terre ; il y est tout rampant, lors même qu'il veut s'élever au Ciel. Leur coeur qui y est attaché, ne permet pas à leur esprit de s'en désoccuper : mais s'ils s'occupent de Dieu, oserait-on le dire ? ils le font avec moins d'attention qu'aux moindres de leurs affaires. Que l'on parle aux pauvres de leur salut, c'est ce qui leur fait peu d'impression ; qu'on leur parle de leurs misères, ils sont dans la dernière sensibilité. Nous écrivons ces vérités dans un temps où ces misères sont extrêmes, où l'on voit quantité de pauvres couchés dans les places, accablés de faim, de maladies, et proches de la mort ; et nous nous sommes souvent étonnés de n'en trouver pas presqu'un seul qui demandât les Sacrements, et qui se mît en peine de l'autre vie, pendant qu'ils crient, qu'ils gémissent, qu'ils pleurent sur leurs besoins.
Mais si l'on considère bien ce qui arrive et aux riches et aux pauvres, entre le grand nombre d'hommes qui meurent tous les jours, combien s'en trouvera-t-il qui puissent dire au jugement de Dieu, qu'ils ont donné autant d'attention à l'affaire de leur salut, qu'ils ont fait à un procès s'ils en ont eu, ou qu'ils auraient fait s'il leur en était arrivé ? Que l'on prenne garde à l'application que l'on a, quand l'on assiste au saint Sacrifice de la Messe, ou aux Offices divins, ou à celle que l'on donne à un procès, aux soins que l'on en prend dans l'examen des difficultés, dans la recherche des raisons pour le gagner, dans le choix des Avocats et des Procureurs, dans la sollicitation des Juges, dans les amis que l'on emploie, dans les peines que l'on se donne, n'ayant aucun égard ni aux saisons fâcheuses, ni à toutes les autres incommodités que l'on est obligé de souffrir ; parce que, dit-on, c'est pour un procès de conséquence. Ha Dieu ! quelle différence entre ces soins et ceux que l'on prend dans le temps que l'on destine pour penser à la grande affaire du salut ! mais quelle confusion au Jugement de Dieu, après un dérèglement si épouvantable, et que l'on ne pourrait jamais se figurer, si l'expérience n'en ôtait tout lieu d'en douter. S'il arrive parmi les gens du commun la perte d'un écu, on en sera plus touché, on y pensera davantage qu'à la perte de Dieu par un péché mortel. Si cette perte arrive par un enfant, on le châtiera ; par un domestique, on fera grand bruit. Que les enfants et domestiques offensent Dieu, ou l'on gardera le silence, ou l'on se contentera de dire, Cela n'est pas bien, sans s'en mettre beaucoup en peine.
Mais ce qui est encore plus terrible, c'est de remarquer à la mort l'occupation des gens du monde. On a encore l'esprit tout rempli des affaires de la terre, lorsqu'il la faut quitter : on ne parle, on y pense, on est dans l'inquiétude pour les affaires des enfants, des familles, on y donne ordre, on craint qu'elles ne réussissent pas bien, pendant que l'on pense faiblement à ses propres affaires, et qui sont d'une conséquence infinie, que l'on ne pense point du tout à ces affaires éternelles pour ses enfants et pour ses familles. Cependant y-a-t-il temps où l'on doive ouvrir les yeux, si ce n'est à la mort, et on les a encore fermés.
Considérons de plus en plus le malheur du monde dans ses occupations, et tremblons de crainte de le voir non seulement désoccupé de Dieu, dans le temps qu'il destine pour s'en occuper, mais encore dans l'offense même de sa Majesté infinie. Les irrévérences qui se commettent dans les Églises, les Maisons d'oraison, en y causant, en y manquant de respect, et qui ne sont que trop ordinaires, sont bien capables de nous en donner de l'horreur. C'est ce qui nous a pressé d'en donner un Traité entier au public, sous le titre des horreurs des profanations des Églises, dans lequel la divine Providence nous en a fait parler amplement.
Nous avons parlé du scandale des femmes. Il faut encore dire ici qu'elles le portent jusqu'au pied des Autels. Quand l'Apôtre leur ordonne d'être vêtues modestement, c'est particulièrement lorsqu'elles prient ; et il enseigne que toute femme qui prie Dieu sans être voilée, se déshonore elle-même ; qu'elle le doit faire à cause des Anges, soit des Esprits célestes qui sont présents parmi les Fidèles, soit des Prêtres. Il traite cela comme une vérité qui ne peut être contestée. Il en fait Juges les Corinthiens à qui il écrit. C'est dans sa première Épître au chapitre onzième. Il déclare que si quelqu'un soutient le contraire, que ce n'est point sa coutume, ni celle de l'Église de Dieu ; c'est-à-dire de contester sur ce sujet, ni de permettre aux femmes d'être sans voiles. Que les femmes et leurs partisans répondent à l'Apôtre, sous prétexte des coutumes du monde : qu'ils apprennent qu'elles sont contraires à la coutume de l'Église de Dieu, et aux coutumes mêmes des femmes païennes.
Mais ô l'horreur des horreurs, les femmes par le luxe de leur habits, et ce qui est infiniment effroyable, par leurs nudités, portent l'abomination de désolation dans le lieu saint. Elles s'y font voir, non pas seulement parées comme des Temples, pour parler avec le Prophète Roi, mais souvent beaucoup mieux que les Saints Autels, et elles y paraissent comme des Idoles, dont les démons se servent pour attirer les yeux et les cœurs des hommes ; en cela pires que les Démons mêmes qui tremblent en la présence de Dieu qu'elles outragent avec tant d'insolence. Maudites créatures, créatures vraiment de malédiction, qui viennent disputer à un Dieu, jusque dans sa propre maison, en sa propre présence, la conquête des cœurs pour lesquels il a donné tout son sang, et pour lesquels il réside dans des anéantissements incompréhensibles sous les espèces du divin Sacrement, et à qui il donne encore tous les jours son sacré corps ! Il y a même des lieux où ces malheureuses femmes se trouvent dans les Églises aux dernières Messes que l'on y célèbre, et où c'est le rendez-vous de ce qu'on appelle le beau monde ; et qui font des Temples du grand Dieu, un lieu infâme. Je n'oserais pas parler de la sorte, si saint Jean Chrysostôme ne l'avait écrit. C'est sur elles que la convoitise des yeux s'arrête, et les désirs du cœur. Elles regardent, et elles sont regardées ; et le grand Dieu des éternités est négligé, est délaissé, est offensé. Nous lisons dans la vie d'une sainte personne, que soupirant amèrement dans une Église, où elle voyait une de ces femmes parées, notre Seigneur lui fit connaître que dans peu elle serait damnée ; et elle mourut peu après.
Hélas ! nous offensons Dieu, misérables que nous sommes, en plusieurs manières : les Églises sont les lieux pour nous réconcilier avec ce Dieu de miséricorde, et par nos irrévérences nous en faisons un lieu de vengeance. Il y a des mères qui y apportent leurs enfants, et qui y badinent avec eux ; on les fait servir aux démons, en ce qu'ils donnent des occasions de distractions ; quand ils sont plus âgés, ils courent dans la Maison de Dieu, ils y jouent, ils s'accoutument de bonne heure aux profanations, qu'ils y continuent dans le progrès de leur vie. On y fait peu de réflexion, et à leur égard et à l'égard des personnes âgées, on n'oserait prendre le parti de Dieu ; à la moindre chose qui nous choque, on ne se tait pas. On voit Dieu traité avec irrévérence dans sa propre Maison, on garde le silence. Ce qui fait dire à saint Jean Chrysostôme, qu'il s'étonne comme les foudres du Ciel ne tombent pas pour écraser, et ceux qui commettent ces irrévérences, et ceux qui ne tâchent pas de les empêcher.
Continuons à gémir sur la désoccupation de Dieu et du salut dans les jours destinés pour s'y appliquer. On travaille les jours ordinaires, et dans les travaux on pense peu que la gloire de Dieu en doit être la fin. C'est pour cela que nous sommes créés, que nous sommes au monde ; c'est le motif que nous devons avoir en toutes sortes de choses. Il y a des jours de Dimanches et de Fêtes dans lesquels on cesse de vaquer aux travaux extérieurs, pour vaquer avec plus de loisir à l'affaire précieuse du salut et au Dieu du salut : et ces jours sont employés souvent aux divertissements. C'est un abus contre lequel saint Basile, saint Augustin, saint Grégoire de Naziance, saint Cyrille, saint Jean Chrysostôme, et les autres Pères ont écrit fortement. Et les Conciles des premiers temps aussi bien que ceux des derniers y ont défendu les spectacles, les danses et les chansons.
C'est de la manière que l'on passe sa vie dans le siècle, c'est ce qu'on appelle le monde, et ce que l'on fait, en disant qu'il faut faire comme les autres. Mais le Saint-Esprit dit par le Prophète Michée : Malheur à ceux qui s'occupent de choses inutiles. On doit convenir que le monde est bien malheureux. C'est ce que les infidèles ont même connu, et ont déploré au milieu de toutes leurs ténèbres. C'est cependant dans cette sorte de vie, si désoccupée du Ciel, de l'éternité, de Dieu, et si occupée du temps, de ce qui se passe, des affaires du siècle, que l'on élève les enfants, dont on leur remplit l'esprit et le cœur, les entraînant dans le malheur de leurs pères et mères.
(Extrait de Le malheur du Monde, par M. Henri-Marie Boudon)
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qui s'est observé dans un Ordre Religieux durant le premier siècle
depuis son établissement, doit être regardé comme meilleur que tout ce
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