Extrait des "Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise", par M. l'Abbé A. Riche :
Mort et Ascension de Saint François (Giotto) |
Se sentant près de terminer sa carrière ; voyant, comme un autre saint patriarche Jacob, ses enfants dévoués entourer son lit, baignés de larmes et accablés de tristesse, à la pensée du père tendrement aimé qui allait les quitter, le Saint demanda : « Où est mon fils premier-né ? venez, mon fils, que mon âme vous bénisse avant de quitter la terre. » Frère Bernard, n'osant croire que c'était à lui que ces paroles s'adressaient, dit tout bas à Frère Élie, vicaire de l'Ordre : « Père, présentez-vous à la droite du Saint pour qu'il vous bénisse. » Et Frère Élie s'étant approché, saint François, qui avait perdu la vue à force de pleurer, posa la main droite sur sa tête, et dit : « Cette tête n'est pas celle de mon fils premier-né. » Alors Frère Bernard se présentant à la gauche du Saint, celui-ci étendit les bras en forme de croix ; puis, posant la main droite sur la tête de Frère Bernard et la gauche sur celle de Frère Élie, il dit au premier : « Que Dieu le Père répande sur vous, par la vertu du Christ, ses bénédictions spirituelles et célestes ; vous êtes le premier-né, le premier élu de ce saint Ordre ; c'était à vous à donner l'exemple et à suivre le premier Jésus-Christ dans sa pauvreté évangélique ; aussi, non-seulement vous avez donné libéralement et sans réserve, pour son amour, tout ce que vous possédiez, mais vous-même, vous vous êtes offert à Dieu, dans cet Ordre, en sacrifice agréable. Daigne donc Notre-Seigneur Jésus-Christ vous combler de ses éternelles bénédictions ; recevez aussi celles de son pauvre petit serviteur, et que toutes, elles vous accompagnent partout et toujours. Que celui qui vous bénira soit lui-même rempli de bénédictions, et que celui qui vous aura maudit n'échappe jamais au châtiment. Soyez le premier parmi vos frères, et que tous vous obéissent. Recevez le pouvoir d'admettre dans l'Ordre ceux que vous en jugerez dignes ; qu'aucun frère n'ait la supériorité sur vous, et qu'il vous soit permis d'aller ou de demeurer partout où il vous plaira. »
Les frères n'oublièrent pas ces paroles de saint François ; après sa mort, ils aimèrent et respectèrent Frère Bernard comme leur vénérable père. Lorsqu'il fut lui-même sur le point de mourir, une foule d'entre eux se rendit à son couvent, et du nombre se trouvait le divin Frère Égide. Dès qu'il aperçut Frère Bernard, ce bon frère s'écria, plein d'allégresse : « Sursum corda ! Frère Bernard, Sursum corda ! » Aussitôt Frère Bernard ordonna à l'un des religieux qui se trouvaient près de lui de disposer, pour Frère Égide, un endroit propre à la contemplation, et il fut obéi. Lorsqu'il vit approcher sa dernière heure, il se leva, et, se faisant soutenir par quelques-uns des frères, il dit à ceux qui l'entouraient : « Ô mes bien-aimés Frères ! je n'aurai pas la force de vous parler longtemps ; considérez seulement que cet état de religion dans lequel j'ai vécu, vous y vivez aussi, et que ce bonheur que je ressens maintenant, vous aussi vous pouvez l'éprouver. Oui, mon âme est si heureuse en ce moment, que je ne voudrais pas, au prix de mille mondes comme celui où nous vivons, avoir servi un autre maître que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Maintenant je m'accuse, en présence du Sauveur Jésus et devant vous, de toutes les fautes que je pourrais avoir commises. Ô mes très-chers Frères ! je vous en conjure, aimez-vous les uns les autres. » Après ces paroles et quelques autres pieuses exhortations, Frère Bernard se fit replacer sur son lit ; alors son visage devint si resplendissant et rayonnant d'une joie si vive, que tous les frères en étaient dans l'admiration. C'est dans l'ivresse de cette félicité que la très-sainte âme de Frère Bernard passa, couronnée de gloire, de la vie présente à la vie bienheureuse des anges.
Reportez-vous à Prière à Saint François d'Assise, pour demander le mépris du monde et un ardent amour pour Jésus-Christ, ou une grâce quelconque, Saint François d'Assise et le combat spirituel, Un saint Frère franciscain reconnaît, dans une étonnante vision, un de ses compagnons mort quelque temps auparavant, Comment un saint Frère, après avoir lu, dans la légende de saint François, le chapitre des sacrés et saints Stigmates, pria Dieu avec tant de ferveur de lui faire connaître les paroles secrètes du Séraphin, que le Saint vint enfin les lui révéler lui-même, De la Charité à l'égard du prochain : Du mérite et de l'excellence de cette vertu, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur les Vices et les Vertus, la Crainte de Dieu, la Patience, l'Oisiveté, et le dégoût des choses temporelles, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur la Chasteté, les Tentations et l'Oraison, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur la sainte Prudence spirituelle, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur les bonnes et les mauvaises Paroles, En quoi consiste la perfection chrétienne : pour l'acquérir il faut combattre, et pour sortir victorieux de ce combat, quatre choses sont nécessaires, Exemple de la grande puissance de Frère Junipère contre les démons, La Couronne franciscaine, Comment un noble chevalier fut assuré de la mort et des sacrés et saints Stigmates de saint François, pour lequel il avait une grande dévotion, Comment saint François commanda à Frère Léon de laver une pierre, Auspicato Concessum, Lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Léon XIII, sur le Tiers-Ordre de Saint François, De la terrible vision que Frère Léon eut en songe, Comment saint François guérit un lépreux de l'âme et du corps ; parole que l'âme de ce lépreux lui adressa en montant au Ciel, Comment le Frère Pacifique fut ravi en extase et vit dans le ciel le trône de Lucifer réservé à Saint François, et Comment Saint François voulait que le Serviteur de Dieu montrât toujours un visage joyeux.