vendredi 4 octobre 2019

Comment un saint Frère, après avoir lu, dans la légende de saint François, le chapitre des sacrés et saints Stigmates, pria Dieu avec tant de ferveur de lui faire connaître les paroles secrètes du Séraphin, que le Saint vint enfin les lui révéler lui-même




Saint François recevant les Stigmates
(Vespéral du XIIIe siècle)


Une autre fois, un pieux et saint frère lisant, dans la légende de saint François, le chapitre de sacrés et saints Stigmates, se mit à penser avec une grande anxiété d'esprit quelles pouvaient être ces paroles secrètes que le Saint avait entendues de la bouche du Séraphin, et qu'il n'avait jamais voulu répéter à personne pendant sa vie. Il se dit alors en lui-même : « Saint François a refusé de faire connaître ces paroles pendant qu'il vivait ; mais, maintenant qu'il est mort, peut-être les révèlerait-il si on l'en sollicitait avec ferveur. » Et dès lors il se mit à prier Dieu et le bienheureux François qu'il leur plût de faire cette révélation. Enfin voici comment il fut exaucé, après avoir persévéré huit ans dans cette demande.
Un jour, qu'après le repas, il avait récité les Grâces dans l'église, il s'y retira seul à l'écart et se mit en prière, implorant Dieu et saint François avec larmes et avec plus de ferveur encore qu'à l'ordinaire. Mais en ce moment un frère vient l'appeler et lui commande, de la part du Gardien, de l'accompagner à la ville pour quelque affaire du couvent. Le pieux frère, ne doutant pas que l'obéissance ne fût plus méritoire devant Dieu que la prière, obéit aussitôt et suivit le frère qui le demandait. Alors, pour l'en récompenser, Dieu lui accorda ce que de longues années de prières n'avaient encore pu lui obtenir.
Au moment où les deux frères sortaient du couvent, ils rencontrèrent deux religieux étrangers qui paraissaient venir de loin. L'un d'eux était jeune encore ; l'autre, âgé et maigre ; et tous deux étaient mouillés et couverts de boue. Touché de compassion à la vue de ces voyageurs, l'obéissant frère dit à son compagnon : « Frère bien-aimé, si l'affaire pour laquelle nous sortons pouvait se remettre un peu, vous voyez que ces étrangers ont besoin d'une charitable réception ; je vous prierais donc de me permettre d'aller d'abord au couvent pour leur laver les pieds ; je les laverais à ce frère âgé qui en a plus grand besoin, vous rendriez le même service au jeune frère, et nous repartirions ensuite pour nos affaires. » Le frère consentit à la bienveillante proposition de son compagnon. Tous deux rentrèrent aussitôt, reçurent charitablement les étrangers et les conduisirent à la cuisine, près du feu, afin qu'ils pussent s'y réchauffer et se sécher. Huit frères se trouvaient alors autour du foyer. Lorsque les voyageurs se furent un peu réchauffés, les deux frères, selon qu'ils en étaient convenus, les tirèrent à part pour leur laver les pieds. Au moment où le pieux et obéissant frère lavait ceux du vieillard et retirait la boue dont ils étaient couverts, tout à coup il voit les sacrés et saints Stigmates. Aussitôt, plein d'étonnement et de joie, il les embrasse affectueusement et s'écrie : « Oui, ou bien vous êtes Jésus-Christ lui-même, ou vous êtes saint François. » À ces paroles, les frères qui étaient autour du foyer se lèvent précipitamment, accourent et contemplent avec un respect mêlé de frayeur ces plaies à jamais glorieuses. Le vieillard, cédant à leurs prières, leur permet de les examiner, de les toucher et de les baiser ; et, les voyant au comble de l'étonnement et de la joie, il leur dit : « Ne doutez pas et ne craignez pas, ô mes bien chers frères et mes enfants ! je suis votre père saint François, celui à qui Dieu a donné de fonder les trois Ordres. Il y a huit ans que ce frère, qui me lave les pieds, me prie de lui révéler les paroles secrètes que le Séraphin m'a dites au moment où il me donna les Stigmates, et que je n'ai jamais voulu répéter pendant ma vie. Aujourd'hui, en particulier, il m'en a prié avec plus de ferveur que jamais ; et maintenant, pour le récompenser de sa persévérance et de l'obéissance dont il a fait preuve, en quittant les douceurs de la contemplation, Dieu m'envoie lui révéler en votre présence ce qu'il désire connaître. »
À ces mots saint François, se tournant vers ce frère, lui dit : « Sache donc, mon très-cher frère, que, me trouvant, sur la montagne de l'Alverne, entièrement absorbé dans le souvenir de la Passion du Sauveur, lui-même vint imprimer sur mon corps les Stigmates que je porte, et il me dit : « Pour que tu sois mon gonfalonier, je t'ai donné les Stigmates qui sont les marques de ma Passion. Et de même que, le jour de ma mort, je suis descendu aux Limbes, et qu'en vertu de mes plaies, j'en ai retiré toutes les âmes qui s'y trouvaient pour les conduire ensuite au Paradis ; quand tu auras quitté la terre, tous les ans, le jour de l'anniversaire de ta mort, je t'accorde aussi de pouvoir descendre au Purgatoire, et, par la vertu de tes Stigmates, d'en retirer toutes les âmes de tes trois Ordres, des Mineurs, des Sœurs et des Continents, et même de tous les autres qui auront eu pour toi une grande dévotion et que tu trouveras dans ce lieu d'expiation ; tu les introduiras toi-même au Paradis. » Voilà les paroles que je n'ai jamais voulu répéter pendant ma vie. »
À ces mots, saint François et son compagnon disparurent. Dans la suite, les huit frères racontèrent à un grand nombre de leurs compagnons l'apparition dont ils avaient été témoins et la révélation qui avait été faite en leur présence.



(Extrait des Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise, par M. l'Abbé A. Riche)




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