Extrait de "Traité du Saint-Esprit" de Mgr Gaume :
« Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon : Michael et angeli ejus prseliabantur cum Dracone. » Le dogme à croire est à peine proposé, qu'un des archanges les plus brillants, Lucifer, pousse le cri de la révolte : « Je proteste. On veut nous faire descendre ; je monterai. On veut abaisser mon trône ; je l'élèverai au-dessus des astres. Je siégerai sur le mont de l'alliance, aux flancs de l'Aquilon. C'est moi, et non un autre, qui serai semblable au Très-Haut (Is., xiv, 13, 14). » Une partie des anges répète : « Nous protestons (telle est la première origine du protestantisme. En ce sens, il peut se flatter de n'être pas d'hier). »
À ces mots, un archange, non moins brillant que Lucifer, s'écria : « Qui est semblable à Dieu ? qui peut refuser de croire et d'adorer ce qu'il propose à la foi et à l'adoration de ses créatures ? Je crois et j'adore (Quis ut Deus ?). » La multitude des célestes hiérarchies répète : « Nous croyons et nous adorons. »
Aussitôt punis que coupables, Lucifer et ses adhérents, changés en horribles démons, sont précipités dans les profondeurs de l'enfer, que leur orgueil venait de creuser (S. Th., in Sentent., lib. II. dist. 6, art. 2. — II Petr , II , 4).
Effrayante sévérité de la justice de Dieu ! Quelle en est la cause, et d'où vient qu'il y a eu miséricorde pour l'homme et non pour l'ange ? La raison en est dans la supériorité de la nature angélique. Les anges sont irrévertibles, tandis que l'homme ne l'est pas. « C'est un article de la foi catholique, dit saint Thomas, que la volonté des bons anges est confirmée dans le bien, et la volonté des mauvais obstinée dans le mal. La cause de cette obstination est non dans la gravité de la faute, mais dans la condition de la nature. Entre l'appréhension de l'ange et l'appréhension de l'homme, il y a cette différence, que l'ange appréhende ou saisit immuablement par son entendement, comme nous saisissons nous-mêmes les premiers principes que nous connaissons. L'homme, au contraire, par sa raison, appréhende ou saisit la vérité d'une manière variable, allant d'un point à un autre, ayant même la possibilité de passer du oui au non. D'où il suit que sa volonté n'adhère à une chose que d'une manière variable, puisqu'elle conserve même le pouvoir de s'en détacher et de s'attacher à la chose contraire. Il en est autrement de la volonté de l'ange. Elle adhère fixement et immuablement (Pars I, q. LXIV, art. 2, corp. ; et 1a 2a, q. LXXXV, art 2, ad 3). »
Nous connaissons l'existence, le lieu et le résultat de l'épreuve ; mais quelle en fut la nature ? En d'autres termes : Quel est le dogme précis, dont la révélation devint la pierre d'achoppement pour une partie des célestes intelligences ? L'examen de cette question sera l'objet des chapitres suivants.
Décrété de toute éternité, le dogme de l'Incarnation du Verbe fut, à son heure, proposé à l'adoration des anges. Les uns acceptèrent humblement la supériorité qu'il créait en faveur de l'homme ; les autres, révoltés de la préférence donnée à la nature humaine, protestèrent contre le divin conseil. Telle est la pensée d'un grand nombre de docteurs illustres. À tous égards, elle mérite l'attention du théologien et du philosophe. Le premier y trouve la solution des plus hautes questions de la science divine. Au second, elle explique, et elle explique seule, le caractère intime de la lutte éternelle du bien et du mal. Trois propositions incontestables nous semblent, d'ailleurs, en démontrer la justesse. Le mystère de l'Incarnation fut l'épreuve des anges : si 1°, ils ont eu connaissance de ce mystère ; si 2°, ce mystère était de nature à blesser leur orgueil et à exciter leur jalousie ; si 3°, le Verbe incarné est l'unique objet de la haine de Satan et de ses anges.
Écoutons les docteurs établissant cette triple vérité.
« Dès le commencement de leur existence, dit saint Thomas, tous les anges connurent de quelque manière le mystère du règne de Dieu accompli par le Christ, mais surtout à partir du moment où ils furent béatifiés par la vision du Verbe : vision que n'eurent jamais les démons, car elle fut la récompense de la foi des bons anges (P. I, q. LXIV, art. 1, ad. 4). »
Que tous les anges, sans exception, aient eu dès le premier instant de leur création une certaine connaissance du Verbe éternel, la raison s'élève jusqu'à le comprendre. Le Verbe est le soleil de vérité qui éclaire toute intelligence sortant de la nuit du néant : il n'y en a pas d'autre. Miroirs d'une rare perfection, les anges ne purent pas ne point réfléchir quelques rayons de ce divin soleil, dont ils étaient les images les plus parfaites. Mais, bien qu'ils eussent la conscience d'eux-mêmes et des vérités dont ils étaient en possession, ces rayons étaient encore voilés, et ils devaient l'être.
Créés dans l'état de grâce, les anges ne jouirent pas, dès l'origine, de la vision béatifique. Ils ne connurent donc qu'imparfaitement le règne de Dieu par le Verbe. Que ce Verbe adorable, par qui tout a été fait, serait le trait d'union entre le fini et l'infini, entre le Créateur et la création tout entière, et qu'ainsi il établirait glorieusement le règne de Dieu sur l'universalité de ses œuvres : telles furent les connaissances rudimentaires des esprits angéliques. C'était en germe le mystère de l'Incarnation ou de l'union hypostatique du Verbe avec la créature ; mais rien de plus (il faut en dire autant d'Adam lui-même, et pour les mêmes raisons. S. Th., 2 2ae, q. II, art. 7, corp., etc. ; et q. I, p. xciv, art. 1, corp.).
Expliquant les paroles du maître : « Les anges, dit un savant disciple de saint Thomas, ont une double connaissance du Verbe, une connaissance naturelle et une connaissance surnaturelle.
« Une connaissance naturelle, par laquelle ils connaissent le Verbe dans son image, resplendissant dans leur propre nature. Cette première connaissance, éclairée de la lumière de la grâce et rapportée à la gloire de. Dieu et du Verbe, constituait la béatitude naturelle dans laquelle ils furent créés. Toutefois, ils n'étaient pas encore parfaitement heureux, puisqu'ils étaient capables d'une plus grande perfection, et qu'ils pouvaient la perdre, ce qui, en effet, eut lieu pour un grand nombre.
« Une connaissance surnaturelle ou gratuite, en vertu de laquelle les anges connaissent le Verbe par essence et non par image. Celle-là ne leur fut pas donnée au premier instant de leur création, mais au second, après une libre élection de leur part (Viguier, ch. III, § 11, vers. 6, p. 79). »
Prêtons maintenant l'oreille à Suarez, par la bouche de qui, dit Bossuet, parle toute l'école : « Il faut tenir pour extrêmement probable le sentiment qui croit que le péché d'orgueil, commis par Lucifer, a été le désir de l'union hypostatique : ce qui l'a rendu dès le principe l'ennemi mortel de Jésus-Christ. J'ai dit que cette opinion est très-vraisemblable, et je continue de le dire. Nous avons montré que tous les anges, dans l'état d'épreuve, avaient eu révélation du mystère de l'union hypostatique qui devait s'accomplir dans la nature humaine. Il est donc infiniment croyable que Lucifer aura trouvé là l'occasion de son péché et de sa chute (De Malig. Ang., lib. VII, cap. xiii, n° 13 et 18). »
Une des gloires théologiques du concile de Trente, Catharin, soutient hautement la même opinion. Avec d'autres commentateurs, il explique ainsi le texte de saint Paul : Et lorsqu'il l'introduisit de nouveau dans le monde, il dit : Que tous ses anges l'adorent (Hebr. I, 6) : « Pourquoi ce mot de nouveau, une seconde fois ? Parce que le Père éternel avait déjà introduit une première fois son Fils dans le monde, lorsque, dès le commencement, il le proposa à l'adoration des anges et leur révéla le mystère de l'Incarnation. Il l'introduisit une seconde fois, lorsqu'il l'envoya sur la terre pour s'incarner effectivement. Or, à cette première introduction ou révélation, Lucifer et ses anges refusèrent à Jésus-Christ leur adoration et leur obéissance. Tel fut leur péché.
« En effet, suivant la doctrine commune des Pères, le démon a péché par envie contre l'homme ; et il est plus probable qu'il a péché avant que l'homme fût créé. Or, il ne faut pas croire que les anges aient porté envie à la perfection naturelle de l'homme, en tant que créé à l'image et à la ressemblance de Dieu. Dans cette supposition, chaque ange aurait eu la même raison, et même une plus forte, de jalouser les autres anges. Il est donc plus vraisemblable que le démon a péché par l'envie de la dignité à laquelle il a vu la nature humaine élevée dans le mystère de l'Incarnation (Opusc, de gloria Beator., apud Vasquez, pars I, q. LXIII, disp. 233). »
Au chapitre suivant, de nouvelles autorités viendront confirmer le sentiment de l'illustre théologien.
Un autre membre du concile de Trente, le très-savant évêque de Foggia, Naclantus, s'exprime ainsi : « Dès le principe, Lucifer, et Adam lui-même connurent le Christ, au moins par la lumière de la foi ou d'une révélation particulière, comme le Créateur, le Seigneur et l'Océan de tous les biens. Mais, égarés par leur propre faute, ils détournèrent les yeux de la lumière ; et, comme s'ils ne l'avaient pas connu pour le Seigneur et pour l'auteur de toute grâce et de toute félicité, ils refusèrent de se soumettre à lui. Ils le méprisèrent même de la manière la plus impie ; c'est ce que l'Écriture appelle ne pas le connaître. Quant à Lucifer, la chose est évidente. Non-seulement il prétendit s'élever par lui-même jusque dans le ciel, mais encore tuer le Christ, envahir son trône et marcher son égal (Enarrat. in epist. ad Eph.t cap. I, p. 49, in-fol.). »
Afin d'établir que la haine du Verbe incarné fut le péché de Lucifer, et qu'elle n'a encore d'autre but que de le combattre, Naclantus montre qu'à son tour, le Verbe incarné n'a d'autre pensée que de combattre Satan et de détruire son œuvre. Le Christ est venu pour détruire les œuvres du diable. En effet, le Christ meurt, et la tête de Satan est écrasée, et lui-même chassé de son empire. Le Christ descend aux enfers, et Satan est dépouillé ; les armes et les trophées dans lesquels il mettait sa confiance, lui sont enlevés. Le Christ triomphe, et Satan, nu et prisonnier, est livré au mépris du monde et laissé en exemple à ses partisans (Enarr. in Epist. ad Eph.t XI, p. 100). »
Le même enseignement se trouve, mais d'une manière bien plus explicite, dans le grand théologien espagnol Viguiero. Partant du texte de saint Thomas (Part, I, q. LXIII, art. 3 ; et De malo, q. XVIII, art. 3, ad 4), il dit : « Lucifer, considérant la beauté, la noblesse, la dignité de sa nature et sa supériorité sur toutes les créatures, oublia la grâce de Dieu, à laquelle il était redevable de tout. Il méconnut, de plus, les moyens de parvenir à la félicité parfaite que Dieu réserve à.ses amis. Enflé d'orgueil, il ambitionna cette félicité suprême, et le ciel des cieux, partage de la nature humaine qui devait être unie hypostatique-ment au Fils de Dieu. Il envia cette place qui, dans l'Écriture, est appelée la droite de Dieu, jalousa la nature humaine et communiqua son désir à tous les anges dont il était naturellement le chef.
« Comme, dans les dons naturels, il était supérieur aux anges, il voulut l'être aussi dans Tordre surnaturel. Il leur insinua donc de le choisir pour médiateur ou moyen de parvenir à la béatitude surnaturelle, au lieu du Verbe incarné, prédestiné de toute éternité à cette mission. Tel est le sens de ses paroles : Je monterai dans le ciel ; je placerai mon trône au-dessus des astres les plus élevés. Je siégerai sur la montagne de l'alliance, aux flancs de l'Aquilon. Je monterai sur les nuées ; je serai semblable au Très-Haut (Is., xiv, 13, 14).
« Au même instant, les bons anges, se souvenant de la grâce de Dieu, principe de tous les biens, et connaissant par la foi la passion du vrai médiateur, le Verbe incarné, auquel les décrets éternels avaient réservé la place et l'office de médiateur, dont Lucifer voulait s'emparer, ne voulurent point s'associer à sa rapine. Ils lui résistèrent ; et, grâce au mérite de la passion du Christ prévue, ils vainquirent par le sang de l'Agneau. C'est ainsi que la gravitation vers Dieu, que, dès le premier instant de leur création, ils avaient commencée, partie par inclination naturelle, partie par impulsion de la grâce, librement, mais imparfaitement, ils la continuèrent en pleine et parfaite liberté.
« Quant aux mauvais anges, il y en eut de toutes les hiérarchies et de tous les ordres, formant en tout la troisième partie du ciel. Éblouis, comme Lucifer, de la noblesse et de la beauté de leur nature, ils se laissèrent prendre au désir d'obtenir la béatitude surnaturelle, par leurs propres forces et par le secours de Lucifer, acquiescèrent à ses suggestions, applaudirent à son projet, portèrent envie à la nature humaine, et jugèrent que l'union hypostatique, l'office de médiateur, et la droite de Dieu, convenaient mieux à Lucifer qu'à la nature humaine, inférieure à la nature angélique.
« Après cet instant, dont la durée nous est inconnue, de libre et complète élection, le Dieu tout-puissant communiqua aux bons anges la claire vision de son essence, et condamna au feu éternel les mauvais, avec Lucifer, leur chef, auquel il dit : Tu ne monteras pas, mais tu descendras, et tu seras traîné dans l'enfer (Is. XIV, 1). Aussitôt les bons anges, ayant Michel et Gabriel à leur tête, exécutèrent l'ordre de Dieu, et commandèrent à Lucifer et à ses partisans de sortir du ciel, où ils prétendaient rester. Malgré eux, il fallut obéir.
« Par ce qui précède, il est évident : 1° que Lucifer n'a pas péché en ambitionnant d'être égal à Dieu. Il était trop éclairé pour ignorer qu'il est impossible d'égaler Dieu, puisqu'il est impossible qu'il y ait deux infinis. De plus, il est impossible qu'une nature d'un ordre inférieur devienne une nature d'un ordre supérieur, attendu qu'il faudrait, pour cela, qu'elle s'anéantît. Il n'a pu avoir un pareil désir, attendu encore que toute créature désire, avant tout et invinciblement, sa conservation. Aussi le prophète Isaïe ne lui fait pas dire : Je serai égal, mais : Je serai semblable à Dieu.
« Il est évident, 2° que Lucifer a péché en désirant d'une manière coupable la ressemblance avec Dieu. Il ambitionna d'être le chef des anges, non-seulement par l'excellence de sa nature, privilège dont il jouissait, mais en voulant être leur médiateur pour obtenir la béatitude surnaturelle : béatitude qu'il voulait acquérir lui-même par ses propres forces. C'est ainsi qu'il désira l'union hypostatique, l'office de médiateur et la place réservée à l'humanité du Verbe, comme lui convenant mieux qu'à la nature humaine, à laquelle il savait que le Verbe devait s'unir. Vouloir s'en emparer était donc de sa part un acte de rapine. Aussi Notre-Seigneur Jésus-Christ l'appelle voleur (Joan., x. — Viguier, cap. III, § 11, vers. 15, p. 96, 97). »
Ruard, Molina et d'autres théologiens éminents professent la même doctrine d'une manière non moins absolue, absolute. Bien avant eux le célèbre Rupert avait exprimé le même sentiment. Sur ces paroles du Sauveur : Il fut homicide dès le commencement, et vous voulez accomplir les désirs de votre Père, il dit : « Le Fils de Dieu parle ici de sa mort. Ainsi, rien n'empêche d'entendre par cet homicide primitif, l'antique haine de Satan contre le Verbe. Cette haine, antérieure à la naissance de l'homme, Satan brûle de la satisfaire. Pour en venir à bout, il emploie tous les moyens de faire mettre à mort ce même Verbe de Dieu, actuellement revêtu de la nature humaine.
« Cela est d'autant plus vrai, que Notre-Seigneur ajoute : Et il ne se tint pas dans la vérité ; ce qui eut lieu avant la création de l'homme. En effet, à l'instant même où, s'élevant contre le Fils, qui seul est l'image du Père, il dit dans son orgueil : Je serai semblable au Très-Haut, il devint homicide devant Dieu, sauf à le devenir devant les hommes, en faisant mourir par la main des Juifs l'objet éternel de sa haine... Ces paroles, il ne se tint pas dans la vérité, signifient qu'il n'a pas continué d'aimer Celui qui est la vérité, le Fils de Dieu. En effet, demeurer dans la vérité est la même chose qu'aimer la vérité, et demeurer ou se tenir dans le Christ est la même chose qu'aimer le Christ. Satan est donc homicide dès le commencement, parce qu'il a toujours eu pour la vérité, qui est le Verbe, une haine indicible (Comment in Joan., lib. VII, ad illa : Ille erat homicida, n° 242 à 224). »
Ce remarquable témoignage peut se résumer ainsi : avant sa chute, Lucifer connaissait les adorables personnes de la Sainte-Trinité, et il les aimait (voir S. Thom., pars I, q. LXIII, art. 1, ad 3). Trop grandes étaient ses lumières pour lui permettre d'être jaloux de Dieu, moins encore d'avoir la prétention de le devenir. Alors il se tenait dans la vérité. Mais, quand il sut que le Verbe devait s'unir à la nature humaine, afin de la diviniser, et, en la divinisant, l'élever au-dessus des anges, au-dessus de lui-même, Lucifer : alors il ne se tint pas dans la vérité. L'orgueil entra en lui ; l'orgueil amena la révolte ; la révolte, la haine ; la haine, la chute.
D'ailleurs, pour peu qu'elle réfléchisse, la raison elle-même se persuade sans peine que l'épreuve des anges a dû consister dans la foi au mystère de l'Incarnation. D'abord, le péché des anges a été un péché d'envie : c'est un point incontestable de renseignement catholique. Entre tous les Pères, écoutons seulement saint Cyprien, parlant de l'envie : « Qu'il est grand, frères bien-aimés, s'écrie-t-il, ce péché qui a fait tomber les anges ; qui a fasciné ces hautes intelligences, et renversé de leurs trônes ces puissances sublimes ; qui a trompé le trompeur lui-même ! C'est de là que l'envie est descendue sur la terre. C'est par elle que périt celui qui, prenant pour modèle le maître de la perdition, obéit à ses inspirations, comme il est écrit : C'est par la jalousie du démon que la mort est entrée dans le monde (Opusc. de zelo et livore). »
Ensuite, la jalousie des anges n'a pu avoir que deux objets : Dieu ou l'homme. À l'égard de Dieu, vouloir être semblable à Dieu, égal à Dieu, considéré en lui-même, et abstraction faite du mystère de l'Incarnation, est un désir que l'ange n'a pu avoir : « Ce désir, dit saint Thomas, est absurde et contre nature ; et l'ange le savait (Pars I, q. LXIII, art. 3, corp. ; id Petav. de Ang., cap. XI, n°22). » L'homme a donc été l'objet de la jalousie de Lucifer. « C'est par la jalousie qu'il eût contre l'homme, dit saint Irénée, que l'ange devint apostat et ennemi du genre humain (Lib. IV ; Adv. hoeres., cap. LXXVIII). » Mais, ainsi que nous l'avons va, l'ange n'avait aucune raison d'envier la dignité naturelle de l'homme. Cette dignité consiste dans la création à l'image et à la ressemblance de Dieu. Or, l'ange lui-même est fait à l'image dé Dieu, et même d'une manière plus parfaite que l'homme (S. Aug., De Trinit., lib. XII ; cap. VII). Une seule chose élevait l'homme au-dessus de l'ange et pouvait exciter sa jalousie : c'est l'union hypostatique.
Si le dogme de l'Incarnation, considéré en lui-même, suffit pour expliquer la chute de Lucifer ; il l'expliqué mieux encore, envisagé dans ses relations et dans ses effets. D'une part, ce mystère est le fondement et la clef dé tout le plan divin, aussi bien dans l'ordre de la nature que dans celui de la grâce. D'autre part, il exigeait des anges, pour être accepté, le plus grand acte d'abnégation : acte sublime en rapport avec la sublime récompense qui devait le couronner.
Descendue de Dieu, toute la création matérielle, humaine et angélique, doit remonter à Dieu ; car le Seigneur a tout fait pour lui et pour lui seul (Prov., xvi 4 et Is., XLII, 8). Mais une distance infinie sépare le créé de l'incréé. Pour la combler, un médiateur est nécessaire, et, puisqu'il est nécessaire, il se trouvera. Formant le point de jonction et comme la soudure du fini et de l'infini, ce médiateur sera le lien mystérieux qui unira toutes les créations entre elles et avec Dieu (S. Aug., Soliloq., cap. vi).
Quel sera-t-il ? Évidemment celui qui, ayant fait toutes choses, ne peut laisser son ouvrage imparfait : ce sera le Verbe éternel. À la nature divine il unira hypostatiquement la nature humaine, dans laquelle se donnent rendez-vous la création matérielle et la création spirituelle. Grâce à cette union, dans une même personne, de l'Être divin et de l'être humain, du fini et de l'infini, Dieu sera homme, et l'homme sera Dieu. Ce Dieu-homme deviendra la déification de toutes choses, principe de grâce et condition de gloire, même pour les anges, qui devront l'adorer comme leur Seigneur et leur maître (S. Iren., Adv. Haeres., lib. III, cap. VIII, et Corn. a Lap., in Epist. ad Eph., ap. I, 10).
Un homme-Dieu, une vierge-mère, l'élévation la plus haute de l'être le plus bas, la nature humaine préférée à la nature angélique, l'obligation d'adorer, dans un homme-Dieu, leur inférieur devenu leur supérieur ! À cette révélation, l'orgueil de Lucifer se révolte, sa jalousie éclate. Dieu l'a vu. Rapide comme la foudre, la justice frappe le rebelle et ses complices, dans ces dispositions coupables qui, en éternisant leur crime, éternisent leur châtiment. Tel est le grand combat dont parle saint Jean.
Le ciel en fut le premier théâtre : la terre en sera le second.
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