mercredi 27 février 2019

LE DIABLE, SES PAROLES, SON ACTION DANS LES POSSÉDÉS D'ILLFURT, d'après des documents historiques : Perte du Ciel et peines de l'Enfer



Extrait de "LE DIABLE, SES PAROLES, SON ACTION DANS LES POSSÉDÉS D'ILLFURT (Alsace), d'après des documents historiques" :



Délivrance de Joseph
M. Spies prit alors le petit Joseph sur les genoux et lui posa diverses questions. Tantôt la réponse était juste ; souvent la réplique était : « Tu n'as pas besoin de le savoir. » Dans ce cas il s'agissait de choses sur lesquelles Satan n'aimait pas répondre. « Qu'avez vous fait de Voltaire, quand il est arrivé chez vous ? »
— « Oh ! nous l'avons fameusement bien reçu, nous sommes allés au-devant de lui en cropsession, (mot employé pour procession), mais nous l'avons bien tenu. Quand il est arrivé à la porte de l'enfer, il a été saisi de frayeur et a fait mine de s'en retourner ; mais il n'a pas pu nous échapper et nous l'avons forcé de passer par le trou et d'aller dans le feu, »
Lorsque Thiébaut était à Schiltigheim, sa mère le conduisit un jour au cimetière de l'endroit à proximité de Saint-Charles. Il y avait justement un enterrement protestant. L'enfant quitta sa mère et se faufila à travers la foule jusqu'à la tombe et se tint auprès du pasteur en donnant les marques d'un vif contentement. Après la cérémonie il retourna à Saint-Charles avec sa mère. Le même soir pendant la crise il s'écria :
« L'homme qu'on a enterré aujourd'hui est chez nous en enfer ». « Pourquoi cela ? » lui demanda-t-on. Il a renié la foi, répondit-il, il a été d'abord un sale puant (catholique), mais dans ses dernières années il s'est fait protestant ». Tous les assistants étaient pleins de terreur à cette effrayante révélation.
Tandis que M. Spies tenait toujours le petit Joseph sur les genoux, il mit un petit morceau de soie derrière la tête de l'enfant, de manière à ce que celui-ci ne pût ni le voir ni le sentir. Aussitôt le malade cria : « Enlève donc ce chiffon, il me brûle ! » Et il essaya de se détacher de M. Spies.
« — Ce n'est pas un chiffon, dit M. Spies, je l'enlèverai seulement quand tu m'auras dit ce qu'il y a dessus.
— « Il n'y a rien dessus, enlève-le, il me brûle ! »
— « Tu as beau te défendre, je ne l'enlèverai pas, jusqu'à ce que tu m'aies dit ce qu'il y a dessus »
— Il y a l'image de la Grande Dame ! » s'écria-t-il avec fureur. — De fait c'était l'image de la Sainte Vierge peinte sur soie.
Là-dessus il demanda à diverses reprises : « Enlève également ce que tu as dans ta poche, ça me brûle ! » — Il faisait allusion à un petit crucifix que M. Spies portait sur lui et que le malade ne pouvait nullement voir. Le possédé ajouta qu'il s'y trouvait également des reliques. C'était encore vrai. Même les médailles que M. Spies portait suspendues au cou incommodaient et brûlaient le démon.
M. le Professeur Lachemann lui demanda un jour :
« Que dis-tu des Congrégations et des Congréganistes de la sainte Vierge ? »
Pas de réponse. Puis il demanda en allemand : « Où se trouve l'image de la Sainte Vierge dans la chapelle de notre pensionnat de Saint-HippoIyte ? »
Le petit se tut encore. Le professeur insista et enfin il dit avec impatience :
« Toi, tu es avec les calotins, tu brailles toujours dans l'étable à porcs à gauche ».
À cette indication précise les assistants demandèrent au Frère de Marie ce qu'il voulait dire. Il leur répondit que le démon venait d'indiquer la place qui lui était assignée à la chapelle du pensionnat — qu'effectivement il était à gauche des élèves pour la surveillance. Tous en furent surpris.

La pensée d'avoir perdu le Ciel pour toujours est pour Satan une peine indescriptible. Plus d'une fois, il cria par la bouche des malheureux enfants ! « Oh ! que c'est beau là-haut, que c'est beau ! Si seulement j'avais le bonheur de voir un instant cette gloire, comme je serais heureux ! »
Une autre fois il dit : « Ah ! que le ciel est beau ! Si je pouvais le voir un jour ! Mais non ! jamais je ne le verrai ! »
À la question de M. Tresch pourquoi il manifestait un tel désir, il répondit en gémissant : « Je suis forcé de le faire par les trois qui sont plus forts que moi ! »
Après que Thiébaut eût été transféré dans l'établissement de Saint-Charles à Schiltigheim, il resta calme et tranquille les trois premiers jours. Au soir du quatrième jour cependant le démon se manifesta de nouveau dans son corps : « Je suis là, s'écria-t-il tout à coup, et je suis furieux ! » Les Soeurs lui demandèrent alors qui il était : « Je suis le Prince des Ténèbres. »
— « Où est ta demeure ? En enfer ?
— « En enfer ! Oui !
— « Ne voudrais-tu pas aller au Ciel ?
— « Si, mais il n'y a plus pour moi d'espoir d'y arriver !
— « Qui t’a chassé du Ciel ?
— « Michel, le salaud, Michel avec son glaive !
— « Que ferais-tu pour pouvoir y arriver de nouveau ?
— « Je ramperais des milliers d'années sur des pointes d'aiguilles ; je me glisserais sur des lames aiguisées !
— « Mais pourquoi donc en as-tu été chassé ?
— « Je voulais être le premier !
— « Quel est ton nom ?
— « Cela ne te regarde pas ! »
Et il ajouta qu'il était un Prince de l'Enfer, Commandant d'une légion de diables dans les airs et que, si ces démons avaient des corps comme les hommes, on ne verrait plus la lumière du jour, tellement ils sont nombreux. On lui demanda un jour s'il ne voulait pas voir le Bon Dieu. — « Oh si, je voudrais le voir » — « Alors adore-le » — Non, jamais, fut sa réponse, je ferai n'importe quoi jusqu'à la fin du monde, mais jamais je ne l'adorerai. »
Il attesta que l'Église catholique enseigne la vérité au sujet de l'Enfer, mais fit cependant remarquer : « Le feu de l'Enfer n'est pas ce que vous vous imaginez. Vous ne pouvez pas vous en faire une idée. Il est beaucoup plus chaud, plus brûlant, on y souffre d'une façon atroce. »
En parlant de l'Enfer, il disait ordinairement qu'il désirait être anéanti par Dieu.
Questionné sur la langue qu'on parle en Enfer, il commençait d'habitude par être très loquace, parlait avec une rapidité vertigineuse et baragouinait un mélange de latin et d'italien incompréhensible ; seul le mot « Victoria », souvent répété, était à comprendre. Puis il disait en allemand : « Voilà la langue que nous parlons en ces lieux. »
— « Quels lieux ? demanda M. Tresch, est-ce en Enfer ?
— « Oui, en Enfer, répondit-il. »
Au soir du 28 mars 1868, le possédé raconta la Passion de Jésus-Christ. Parlant de l'agonie au jardin des Olives, il s'écria subitement : « Vrai, tu as bien chaud, affreusement chaud ; tu es baigné de sueur pour les péchés des hommes ! » — Il avoua également avoir été présent au Crucifiement, avoir excité les Juifs à torturer leur Maître et avoir compté les coups qui pleuvaient sur la Victime.
Après cette scène l'un des assistants lui demanda quel était l'aspect de l'Enfer.
— « Il n'est pas beau ! » répondit-il. Comme on lui demandait d'autres détails plus amples, le démon se montra ennuyé et dit ; « Cela ne te regarde pas ; fais en sorte d'y venir et alors tu l'apprendras ! »
Satan cherchait à faire de la propagande. C'est ainsi qu'il offrit un jour 100 francs à un visiteur, s'il voulait se mettre à son service. Il fit même au père Burner une offre de 1.000 francs s'il consentait à le suivre. Il dit également à M. Tresch : « Je possède de nombreux sacs d'or et d'argent ; je te les ferai trouver.
— « Bien, je suis d'accord, répliqua M. Tresch, je les donnerai à l'église ou je les distribuerai aux pauvres.
— « Non, non, pas comme ça. Ce n'est pas là mon intention ! » protesta le Malin.
Ne croirait-on pas entendre le même démon qui, tentant Notre-Seigneur dans le désert, Lui disait « Je vous donnerai tout cela, si en vous prosternant devant moi vous m'adorez ! »
Le prince de l'Enfer plein d'un immense orgueil, doublé de jalousie haineuse, éternellement malheureux, n'a pas de désir plus vif que d'entraîner tous les hommes à son service.



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