Quels sont les sentiments qui doivent nous animer en ce jour ?
Quel cœur parmi nous serait assez flétri par les passions, assez enivré du monde pour n'avoir pas senti se réveiller en ce jour quelque rayon de l'espérance et de la joie chrétienne, à la vue de ce beau ciel entr'ouvert dans cette fête à nos regards, à la vue des splendeurs immortelles qu'il fait briller sur nos têtes ? Certes il serait trop insensible l'enfant chrétien pour qui cette solennité si touchante passerait sans rien dire à son cœur, sans y réveiller l'amour de la patrie céleste ; il serait trop insensible s'il ne se sentait pas enflammé de quelque désir au moins de mêler un jour dans le ciel sa voix à la voix des prophètes, de contempler l'auguste sénat des apôtres et toute l'armée triomphante des martyrs les palmes à la main, et la troupe innocente des vierges jetant à l'envi les lis et les roses sur les pas de l'agneau : pour moi, je ne puis m'empêcher, au souvenir de cette gloire si belle et ce ces joies si pures ; de verser quelques larmes sur mon exil, et je m'écrie volontiers : ô Dieu ! que vous êtes grand, magnifique et admirable dans vos Saints ! Heureux et mille fois heureux ceux que vous avez choisis pour habiter dans vos tabernacles ! Heureux et mille fois heureux ceux que vous enivrez des délices de votre maison !
Vous proposez-vous de prendre quelque résolution en ce jour ?
La faiblesse et la légèreté naturelle de notre âge nous exposeraient trop au malheur de voir les pieux sentiments que cette fête nous inspire passer avec la solennité qui les a fait naître, si nous ne cherchions à les fixer profondément dans nos cœurs, et à en recueillir les fruits par de solides résolutions. La félicité que Dieu donne à ses saints a ravi nos cœurs, et nous voulons désormais travailler à l'obtenir. Après avoir admiré leur bonheur et chanté leur triomphe, nous voulons imiter leur vertu pour conquérir leur gloire : les Saints sont autant de vainqueurs qui ont mis sous leurs pieds le démon, le monde et l'enfer, et leurs faiblesses et leurs passions ; ces diadèmes qui décorent leur front ont été mérités par des victoires ; ces palmes qui brillent dans leurs mains ont été cueillies dans les combats. Puisque Dieu nous l'ordonne, puisque l'exemple des Stanislas et des Gonzague, et de tant de jeunes saints qui ont embelli notre âge des plus aimables vertus, nous y invite, nous aussi nous combattrons avec courage, et peut-être un jour nous aussi nous triompherons avec gloire ! Le combat des Saints n'a duré qu'un jour, et leur triomphe est éternel : combattons, combattons comme eux ; la vie n'est qu'un jour ; et déjà du haut des demeures célestes, les Saints nous regardent, applaudissent à nos premiers efforts, et nous montrent les palmes et les couronnes qui nous attendent.
(Manuel des petits séminaires)
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