dimanche 26 août 2018

Dévotion aux Saints Anges : Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins



Extrait de "La Dévotion aux neuf Chœurs des Saints Anges" de M. Boudon :



La transverbération de Sainte Thérèse d'Avila
La première hiérarchie est composée des Séraphins, des Chérubins et des Trônes : elle reçoit immédiatement les lumières de Dieu, et c'est par elle qu'elles sont communiquées aux deux autres hiérarchies.
Les Séraphins excellent dans le pur amour de Dieu seul ; aussi leur nom ne veut dire qu'incendie, ardeur. Tous les Anges sont admirables dans le divin amour ; mais les Séraphins y sont incomparables. Tous ces Esprits angéliques aiment grandement ; mais l'amour des Séraphins dit une ferveur d'amour sans comparaison (l'on excepte toujours la très-sainte Vierge, la Reine du saint amour) : l'amour séraphique dit un amour excessif, qui brûle et porte des incendies partout où il se rencontre. Le grand saint Denis en rapporte huit propriétés, qu'il compare à celles du feu. Le feu est toujours dans le mouvement ; les esprits des Séraphins sont continuellement dans une tendance ineffable vers Dieu. Le feu agit toujours ; les Séraphins sont toujours occupés de Dieu seul, sans jamais s'occuper, non pas même pendant le moindre instant, d'eux-mêmes, ni d'aucune chose créée. Le feu est inflexible ; l'amour des Séraphins est immuable, rien ne peut le contrarier. Le feu a beaucoup de chaleur ; l'amour des Séraphins est tout plein d'ardeur. Le feu demeurant feu, ne perd jamais sa lumière ; la force de l'amour séraphique demeure toujours en son entier. Le feu est pénétrant ; l'amour des Séraphins ne se contente pas d'une union commune avec Dieu, mais ils désirent la plus intime et la plus étroite. Le feu, non-seulement pénètre ce qui est combustible, mais il le pénètre en toutes ses parties ; l'amour séraphique se plonge, se perd et s'abîme en la Divinité, par une glorieuse transformation. Le feu échauffe et purge ; les Séraphins portent l'amour et la clarté dans tous les Chœurs des Anges inférieurs.
On attribue spécialement aux Chérubins la science, comme l'amour aux Séraphins : ils ne sont pas seulement appelés les savants de la belle science du ciel, mais saint Grégoire assure qu'ils en ont la plénitude. La divine lumière leur donne des connaissances admirables, et les saintes clartés dont ils sont remplis, rejaillissent avec abondance sur les autres hiérarchies. Ils sont représentés chez le prophète Ézéchiel sous une figure sensible, qui a des yeux de toutes parts, parce que ces Esprits sont tout de lumière et de clarté.
Les Trônes sont appelés de la sorte, par rapport aux trônes des souverains de la terre, parce que comme les trônes matériels sont élevés de terre, de même ces Trônes célestes sont dans une élévation très-sublime, proche de la gloire de la majesté de Dieu ; avec cette différence, que les grands de la terre sont assis, se tiennent fermes, et se reposent dans leurs trônes ; mais au contraire, les Trônes du ciel prennent leur fermeté et tout leur repos du Souverain du paradis. On ne laisse pas de dire, assure saint Bernard, que Dieu est assis sur ces Esprits de paix ; et c'est pourquoi on les appelle Trônes ; mais Dieu, ajoute ce Père, n'y serait pas assis, s'ils ne l'étaient eux-mêmes : de là vient cette paix incompréhensible qu'ils possèdent, qui surpasse tout ce que l'on en peut penser. Il faut dire de plus, que comme les rois se font porter quelquefois dans leur chaire royale, de même Dieu, en quelque manière, porte son esprit par ses Anges, et le communique aux Anges inférieurs et aux hommes : comme les rois donnent leurs jugements sur leurs trônes, c'est aussi du milieu de ces Trônes que Dieu prononce ses ordres ; c'est là que les Dominations les apprennent ; c'est là que ses divins jugements et ses conseils se manifestent.

Après cela, disons qu'il faut aimer, à quel prix que ce soit, les Trônes, les Chérubins et les Séraphins ; et s'il est bien juste d'avoir du respect et de l'amour pour tous les Anges, il faut pour ceux-ci avoir des respects nonpareils, et des amours extraordinaires. Le Seigneur, dit l'Écriture, a choisi sa demeure dans la paix. Portez donc, dans le temps des guerres, vos dévotions vers les Trônes, pour obtenir cette paix que le monde ne peut donner ; priez-les pour l'avoir avec vous-même, avec Dieu et avec votre prochain ; mais souvenez-vous que la paix de Dieu n'est pas comme le monde l'estime ; car souvent ce qui fait la paix avec Dieu, nous fait une forte guerre avec les hommes. Si je plaisais aux hommes, disait le grand Apôtre, je ne serais plus serviteur de Jésus-Christ. Il y a certaines gens, des prédicateurs, des supérieurs, des personnes en charge dans l'Église, qui ont si grande peur de déplaire aux créatures, et qui veulent tellement les contenter ; qui craignent si fort la censure du monde, et le jugement que l'on peut faire d'eux ; qui sont dans une telle frayeur des contradictions, qu'ils laissent faire la guerre à Dieu par le péché et par l'infidélité dans les emplois de ceux qui sont sous leur charge. C'est cette paix que le Fils de Dieu proteste hautement n'être pas venu apporter en terre : aussi cet aimable Sauveur y a toujours été un signe de contradiction ; on ne l'y a pu souffrir, et enfin il lui en a coûté sa divine vie.

Pour être établi fortement dans cette paix divine, que tous les diables et les hommes ne peuvent troubler, il faut, en peu de mots, ne craindre rien, et n'espérer rien d'aucune créature vivante. Ce peu de paroles renferme une paix qui surpasse tout sentiment. Disons encore: croyez uniquement Dieu, espérez uniquement en Dieu, aimez uniquement Dieu seul ; ne croyez jamais au monde, ni à ses discours, à ses maximes : n'espérez jamais rien du monde, ni de ses honneurs, ni de ses plaisirs, ni de ses biens : n'aimez jamais le monde, et vous voilà dans une profonde paix. Ne faites plus d'état de toutes les choses créées ; ne les regardez jamais que dans leur néant ; ne désirez jamais avoir aucune part ni dans l'estime, ni dans le cœur de qui que ce soit ; que les bons sortent de votre cœur, aussi-bien que les autres ; ne faites aucune exception ; soyez prêt à souffrir de toutes les créatures, sans réserve de vos plus intimes, aussi-bien que de vos ennemis ; ne croyez pas qu'on vous puisse faire tort ; soyez dans un entier abandon à la divine Providence, pour entrer dans toutes les voies les plus affligeantes, soit extérieures, soit intérieures ; ne faites pas de réserve pour aucune croix ; n'ayez plus aucun désir ; perdez-les tous dans le bon plaisir divin ; que Dieu seul vous suffise, vous voilà dans une paix du paradis. Souvenez-vous ici que le trouble de la partie inférieure peut bien compatir avec la paix qui réside dans le fond de l'âme, et qui même quelquefois nous est cachée : ainsi il arrive que nous ne sommes jamais mieux en bien des rencontres, que lorsque nous pensons être le plus mal. Le diable nous donne une fausse paix, qui tôt ou tard n'empêche pas l'inquiétude et le trouble. Au reste, si la paix est le don des dons, et si notre Seigneur se sert des bienheureux Trônes pour ordonner, il n'y a plus à douter qu'on ne doive avoir pour ces Esprits de paix une dévotion toute singulière. Je dis de même pour les Chérubins, puisque ce sont les Anges des plus belles lumières du paradis, et qui savent mieux nous instruire dans la belle science des Saints. L'on dit, et il est vrai, que nous en savons plus que nous ne faisons ; que dans les voies de la vertu, il y a plus de lumière que de pratique : cependant il est aussi vrai que la parfaite lumière est rare ; et vous auriez de la peine à le croire. Ô non, je ne parle pas ici de la lumière de ces savants, qu'ils ont puisée seulement dans leurs livres : l'on n'ignore pas que dans notre siècle elle est très-commune ; mais de celle des Saints, que l'on rencontre plus facilement dans quelque pauvre frère Convers, dans quelque simple femmelette bien mortifiée, que parmi les doctes. Ô qu'il est rare, non-seulement d'aimer le mépris, l'abjection, la pauvreté, le renoncement de soi-même, la vie cachée et inconnue ; mais encore d'être bien persuadé de l'excellence de ces choses ! L'on en parlera bien dans l'occasion, par la lecture que l'on en a faite, par les conférences que l'on a entendues ; mais ce ne sera pas par une entière persuasion de l'esprit : ou si l'âme est touchée de ces vérités, ce n'est que fort superficiellement. C'est aux pieds de Jésus-Christ crucifié, que s'apprend cette science ; et cela, non pas tant par le raisonnement de l'oraison, du discours ou de la méditation, que par une vive lumière surnaturelle qui est donnée, et qui n'est guère donnée qu'aux pauvres, qu'aux abjects, qu'aux personnes fort humiliées. Peu de personnes, parmi même celles qui font profession de dévotion, apprennent cette grande leçon de l'école de Dieu : qu'il est bon qu'on ne sache pas même si nous sommes au monde, d'y être entièrement inconnus, ou de n'y être connus que pour être crucifiés, et y passer pour l'opprobre des hommes ; qu'il n'y a rien de plus grand que d'y être foulés aux pieds ; que la grande consolation est d'y souffrir de terribles croix à l'intérieur et extérieur ; que tout ce qui y est n'est rien. À peine verrez-vous des directeurs, qui n'estimant plus que Dieu seul, que Jésus crucifié, et étant fortement persuadés qu'il n'y a rien sur la terre, ni honneurs, ni plaisirs, ni richesses qui méritent l'occupation d'une âme chrétienne, aident les âmes à marcher par les sûres voies du néant. S'il s'en rencontre quelques-uns, à même temps tout l'enfer conspire contre eux ; il en donne des frayeurs ; on les craint sans en savoir la cause ; il en fait courir mille bruits, il tâche de les rendre suspects ; mille autres directeurs, ou prédicateurs, ne font pas tant de peur aux diables, que l'un de ces gens-là. Un démon forcé par l'autorité de l'Église, avoua que l'homme de la terre qu'il craignait le plus, était le saint homme, le père Jean de la Croix, parce que, disait cet esprit de l'enfer, il enseigne d'aller à Dieu seul par le chemin du rien : aussi l'on vit bientôt les effets de la rage de ces esprits diaboliques par les calomnies qu'ils lui suscitèrent, par les informations que firent ses supérieurs contre sa vie, et par le mauvais traitement qu'il en reçut.

Comme les Chérubins sont les sacrés ministres des lumières de Dieu, les Séraphins le sont de son amour. Quiconque donc aspire au pur amour, doit avoir une liaison très-particulière, et des amours extraordinaires pour ces aimables Esprits. Les Saints qui ont le plus excellé dans le pur amour, en ont reçu des assistances prodigieuses, comme saint François et sainte Thérèse. Ce fut un Séraphin, comme il a été dit, qui imprima à saint François les plaies du Sauveur ; ce fut un Séraphin qui transperça amoureusement d'une flèche sacrée le cœur généreux de la grande Thérèse. Tous les grands amants du Fils de Dieu, ceux mêmes qui ont été les premiers des plus grands Saints, n'ont point de plus grande gloire dans le ciel, que celle d'être élevés dans le Chœur de ces Esprits tout d'amour. C'est à leur heureuse compagnie, que les âmes les plus éminentes peuvent aspirer. Feu monsieur Gallemant, homme tout apostolique, et l'un des premiers supérieurs du saint ordre des Carmélites en France , disait que cet ordre était destiné pour remplir le Chœur des Séraphins, s'il faisait bon usage de l'éminence de sa grâce. L'on a vu dans les apparitions miraculeuses, dont la sainte Vierge a favorisé le vénérable Jean de la Croix, cette Reine des Anges, qui tenant un paquet, ou comme un livre d'une blancheur merveilleuse, posé sur la tête d'un Séraphin, le donnait à sainte Thérèse , et à cet homme de Dieu qui paraissait à ses pieds. Or ce paquet marquait assez la règle du Carmel : il était posé sur la tête d'un Séraphin, pour apprendre que ceux qui la devaient observer, étaient obligés de vivre comme des Séraphins en terre : aussi ce Séraphin paraissait sans couronne, à raison qu'il représentait des personnes qui sont encore, dans la voie: l'on en voyait au-dessus de couronnés, pour faire voir en même temps, qu'après cette vie, ces Séraphins de la terre participeraient aux couronnes des Séraphins du ciel, et rempliraient les sièges des Esprits apostats de ce Chœur, qui en ont été malheureusement précipités.




Reportez-vous à Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels, Converser intérieurement avec les saints Anges, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Neuvaine à Saint Michel, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Chapelet à Saint Michel Archange, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Litanie de Saint Gabriel Archange et Litanie de Saint Raphaël Archange.