Extrait de "La Couronne de l'année chrétienne et méditations sur les principales et plus importantes vérités de l’Évangile de Jésus-Christ" :
Voilà qu'on portait à la sépulture le corps d'un défunt, hors les portes de la Ville. (En Saint Luc, chap. 7)
1. Considérez qu'on portait le corps de ce défunt hors de la Ville, suivant la coutume de ce temps-là ; pour signifier que le monde tâche toujours d'ôter de devant ses yeux la mémoire de la mort, à cause qu'elle est ennuyeuse et triste à ceux qui mettent tout leur bonheur dans les voluptés qui mettent tout leur bonheur dans les voluptés et dans les vanités de cette vie.
Ô mort que ton souvenir est amer à celui qui a toutes choses à souhaiter dans le monde ! (Eccli. 41) mais néanmoins que ce souvenir lui serait salutaire, s'il voulait y faire attention pour dégager son cœur de toutes les affections de la terre, et le rendre soigneux des choses de son salut.
Souvenez-vous donc de cet Arrêt de mort qui a été prononcé contre tous les hommes, et par conséquent contre vous, et voyez ce que vous désirez faire, pour vous disposer à son exécution.
2. Considérez qu'une des choses pourquoi on se laisse aller si facilement au péché, c'est qu'on ne se souvient pas qu'il faut mourir ; on se flatte des espérances d'une longue vie, pendant laquelle on ne pense qu'à se procurer des biens, des honneurs, des contentements, et cela bien souvent aux dépens de sa conscience, et toujours avec un notable préjudice de son salut.
C'est donc avec grande raison que le Saint-Esprit vous dit par la bouche du Sage : Souvenez-vous dans toutes vos actions de votre dernière fin, et vous ne pècherez plus. (Eccli. 7) Oui, lorsque le monde étale ses pompes et ses vanités pour séduire ; lorsque la chair vous sollicite par ses attraits pour vous corrompre ; lorsque le Démon vous tente par ses malheureuses suggestions pour vous perdre ; souvenez-vous qu'il vous faut mourir, et pensez à ce que vous voudriez avoir fait à l'heure de votre mort.
3. Considérez qu'encore que le souvenir de la mort soit triste et amer aux pécheurs, il est néanmoins plein de consolation pour les Justes : car qu'est-ce que mourir à celui qui a fidèlement servi Dieu, sinon jeter le dernier soupir d'une vie pleine de misères, pour en commencer une autre bien plus heureuse et qui ne doit jamais finir ? qu'est-ce que mourir à une personne fidèle, sinon (comme dit un grand Saint) fermer pour un moment les yeux du corps au monde et à la terre, pour ouvrir aussitôt ceux de l'âme aux splendeurs éternelles du Paradis, et pour voir à découvert les grandeurs et les perfections infinies de Dieu.
Dites donc avec cet Ancien, Que mon âme meure de la mort des Justes ! (Num. 23) mais pour rendre ce souhait efficace, et pour vous rendre digne de mourir de la mort des Justes, il faut que vous viviez comme ils ont vécu ; voyez s'il y a quelque chose en vous qui ne soit pas conforme à cette vie, afin que vous y apportiez le remède.
Reportez-vous à La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, La précieuse mort de Saint Philippe Benizi, Exercice pour la bonne mort, Méditation sur le Jugement de Dieu, Méditation sur la pensée de la mort, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Méditation sur la crainte de la mort, Méditation pour le quinzième Dimanche d'après la Pentecôte : Voici que l'on portait à la sépulture le corps d'un défunt, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire (Méditation pour le 31 octobre) et Méditation pour le quatorzième Dimanche d'après la Pentecôte : Choisissez aujourd'hui quel Maître vous voulez servir.